Couverture de CACT_056

Article de revue

Participation et engagement dans les quartiers populaires

Pages 71 à 76

Notes

  • [1]
    Braconnier C., Dormagen J.-Y., 2007, La démocratie de l’abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieux populaires, Gallimard, Paris.
  • [2]
    Gaxie D., 1978, Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique, Le Seuil, Paris.
  • [3]
    Miano L. (dir.), 2017, Marianne et le garçon noir, Pauvert, Paris.
  • [4]
    Référence au roman de Marie N’Diaye intitulé Trois femmes puissantes, paru en 2009 aux éditions Gallimard.

1Cahiers de l’action : Dans ce numéro coordonné par l’INJEP et le GRDR, il est question d’engagement des jeunes issus des quartiers populaires. Comment définiriez-vous cet engagement, quelles sont ses singularités ?

2En fait, la question me semble en soulever une autre – préalable : Qui définit l’engagement, les sciences sociales ou les acteurs sociaux par leur pratique ? Ou, pour le dire autrement, la sociologie peut-elle définir a priori ce qu’est l’engagement, pour ensuite s’employer à le rechercher sur des terrains différents, quitte à constater son absence ; ou bien, au contraire, doit-elle, à chaque fois, repartir des enquêtes pour comprendre a posteriori ce que font les acteurs sociaux, sans chercher à mesurer leurs pratiques effectives à l’aune d’une définition préalable, indépendante du contexte ?

3La première option expose à l’ethnocentrisme : si on se représente l’engagement à partir de sa seule expérience, alors on risque de déplorer l’absence d’engagement chez les autres. C’est vrai en termes de générations (certains soixante-huitards ont eu l’impression que la politique, c’était 68, et que depuis il n’y a pas eu grand-chose ou rien de bien), mais aussi de classes (les classes moyennes ne reconnaissent pas toujours les formes d’engagement des classes populaires). À l’opposé de cet ethnocentrisme, la deuxième option présente aussi un risque : si tout est affaire de contexte, alors il n’y a que des singularités : on ne pourra jamais comparer. Il faut donc, comme souvent en sciences sociales, et tout particulièrement quand on parle des classes populaires, naviguer entre les deux logiques. Autrement dit, on peut faire un va-et-vient entre l’enquête empirique et l’analyse théorique ; l’une interrogeant l’autre, tour à tour. En effet, d’un côté, les définitions de l’engagement permettent de se poser des questions sur le terrain et, d’un autre côté, les entretiens et les observations permettent d’interroger en retour ces définitions. Je crois donc qu’il faut aujourd’hui, pour éviter de projeter des catégories construites à partir d’autres contextes, s’appuyer sur les enquêtes dans ces quartiers pour redéfinir l’engagement tel qu’il s’y joue.

4CA : Plusieurs auteurs évoquent une progressive dépolitisation des jeunes, qui tendent à s’inscrire dans des processus d’individuation et des engagements de plus courte durée. Selon vous, le discours sur la dépolitisation des jeunes s’applique-t-il aux quartiers populaires ? Si tel est le cas, quelles en seraient les raisons ?

5Prenons un exemple simple : l’abstention électorale. On sait qu’elle est plus forte dans les quartiers populaires, comme le montrent bien les travaux de Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen dans La démocratie de l’abstention[1]. L’inégal rapport à la politique, selon la classe, est connu depuis longtemps ; songeons à l’ouvrage publié en 1978 par Daniel Gaxie, dont le titre est éloquent : Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique[2]. La surreprésentation des classes populaires parmi les abstentionnistes éclaire leur sous-représentation politique ; mais, en retour, on peut penser que, pour ces catégories, l’abstention résulte pour une part du fait de ne pas se sentir représentées. On sait aussi que, de la même manière, les jeunes votent moins, tandis que les vieux votent plus. En conséquence, le poids électoral relatif des retraités est considérable : leur voix compte davantage. Mais si les jeunes participent moins aux scrutins, c’est aussi parce qu’ils ont le sentiment de moins compter. Dans cet éloignement du politique, l’âge redouble la classe. Il est d’ailleurs significatif qu’on dise simplement les « jeunes » pour parler en fait des jeunes de classes populaires.

6Cela dit, le recul du vote touche l’ensemble de la population, en France comme dans beaucoup d’autres pays. Et ce n’est pas tout : plus généralement, les formes classiques de vie politique, à commencer par les partis, perdent en importance. C’est même le clivage entre droite et gauche que beaucoup de partis politiques, à la suite des sondages d’opinion, remettent aujourd’hui en cause… Résultat de cette désaffection pour la politique, tout se passe comme si les « élites » en avaient le monopole. C’est pourquoi on parle, banalement, de « crise de la représentation » ; il serait toutefois plus juste de parler de « crise de la politique »… Reste alors, comme pour l’engagement, à s’interroger sur le sens du mot « politique ». Qu’est-ce que la politique ? Il y a les formes classiques – de l’élection à la manifestation. Mais il y a aussi l’implication dans la vie locale : le quartier est une échelle de mobilisation qui a plus de réalité pour les habitants des quartiers populaires. C’est particulièrement vrai quand la politique officielle est perçue comme abstraite, la vie du quartier apparaît beaucoup plus concrète. Quand la représentation semble éloignée, la vie associative (quel qu’en soit l’objet) se présente comme une sorte de politique de proximité. Car la politique, c’est tout simplement la vie de la cité.

7CA : Quel impact l’affaiblissement de l’État social et des services publics a-t-il sur l’engagement ? Constate-t-on une plus grande prise en charge politique et collective des problématiques des quartiers populaires par les habitants eux-mêmes ? Cet affaiblissement renforce-t-il au contraire des logiques de stratégies individuelles ?

8Nous vivons désormais dans un monde néolibéral : le recul de l’État providence en est le signe le plus éclatant. Il ne faut pas confondre ce néolibéralisme avec le libéralisme : en fait, nous sortons progressivement d’une société qui reposait sur l’opposition entre le public et le privé, où le public se confondait avec l’État, et l’État avec la politique, au risque d’étouffer la société civile. Loin de lui être extérieur, de s’en retirer ou d’en corriger les effets, l’État néolibéral est aujourd’hui étroitement imbriqué dans le marché dont il est le prolongement. Le problème, c’est que la fin du monde libéral ne suffit pas à faire émerger dans le « nouveau monde » ce qu’on appelle la société civile. Il y a même le risque que, dans ce monde néolibéral, l’effort permanent que tout un chacun fournit pour faire fructifier son « capital humain », c’est-à-dire non seulement ses ressources économiques, mais aussi toutes ses valeurs (sociales, intellectuelles, physiques, émotionnelles, etc.), ne laisse guère de place au « commun ». C’est bien pourquoi il faut valoriser le collectif : en faire ou en refaire une valeur. Car la privatisation de nos vies n’est pas la seule option, et il n’est pas sûr que ce soit la plus gratifiante…

9Bien entendu, il y a quand même une vie associative et, bien sûr, il y a aussi une vie de quartier. Mais toutes les tentatives de « fêtes des voisins » ne sont-elles pas le signe que la constitution de cette communauté ne va pas de soi et que le voisinage ne permet pas forcément l’éclosion d’une vie collective ? Certes, il ne faut pas noircir le tableau. On peut dire en réalité que coexistent deux logiques opposées, parfois chez les mêmes personnes, dans le rapport au quartier : d’un côté, les stratégies individuelles qui visent à en sortir pour s’en sortir, de l’autre, au contraire, il y a un fort attachement au quartier que redouble le sentiment de subir ensemble l’injustice du stigmate, de la discrimination ou de la ségrégation ; c’est un sentiment d’appartenance. Ce partage d’expérience est un moteur qu’il ne faut pas sous-estimer. Pour prendre un exemple qui me concerne directement : enseigner ou étudier à l’université Paris 8, c’est bien sûr subir des conditions peu confortables, mais c’est aussi les partager. Beaucoup d’entre nous en tirons une force : c’est le sentiment d’arriver à faire quelque chose ensemble, malgré tout.

10CA : L’un des enjeux principaux des associations de quartier est la mise à disposition d’un local. Ce local détermine très fortement la facilité avec laquelle les personnes engagées pourront proposer leurs activités. Dans quelle mesure le défaut d’accès autonome à l’espace peut-il constituer un obstacle à l’engagement ?

11L’espace est traversé par les rapports de domination – qu’il s’agisse de classe, de sexe ou de race. Au passage, je sais que le mot fait souvent sursauter en France ; je parle bien évidemment d’assignation, en l’occurrence raciale, comme pour la classe ou le sexe. Quand je parle de race, il s’agit donc, non pas de différences en soi (biologiques), mais de traitements (sociaux) différents, en l’occurrence de racialisation (qui produit des différences). Mais l’espace ne se contente pas de refléter ces rapports de domination : il contribue à les produire. Il suffit de songer à la ségrégation : le mot apartheid (à part) dit bien l’inscription dans l’espace de la discrimination. L’assignation sociale à une place est aussi spatiale : c’est l’assignation à un lieu.

12Mais il y a aussi l’absence de lieu propre. Je songe au texte célèbre de Virginia Woolf : Une chambre à soi (on pourrait dire plutôt : « Un lieu à soi »). C’est un plaidoyer féministe : l’écrivain a besoin d’un espace à soi ; or les femmes n’en disposant pas, elles ne peuvent devenir écrivaines. Il ne s’agit pas seulement de littérature. Il en va de même pour l’engagement : comment exister collectivement sans espace collectif ? Il y a la maison, l’école, éventuellement le travail, mais où se retrouver en dehors de ces cadres ? C’est d’autant plus vrai qu’on reproche aux jeunes des quartiers populaires d’être dans la rue – au pied des immeubles.

13Mais où pourraient-ils être, s’ils n’ont pas d’espace propre ? Bien sûr, il y a les centres commerciaux ; mais cet espace public marchand fait miroiter un fantasme de consommation qui rappelle aux classes populaires leur place subalterne dans l’ordre économique. Un espace à soi représente à la fois une condition pratique (c’est un lieu de réunion) et une reconnaissance symbolique (c’est l’affirmation d’une existence). Ne pas avoir même un lieu de réunion, c’est non seulement être confronté à un problème d’organisation, mais c’est aussi être exposé à un déni de reconnaissance.

14CA : S’agissant des jeunes hommes résidant dans les quartiers populaires pour qui l’accès à l’espace est objet de tensions, à la fois en raison de contrôles de police fréquents mais aussi en raison de la suspicion qui pèse sur leur présence dans l’espace public ; l’engagement peut-il être plus difficile ? Comment permettre l’engagement lorsque leur accès à l’espace est limité ?

15Effectivement, il y a une dimension de genre, et il est important de ne pas réduire le genre au féminin. Toutefois, à l’inverse, cette logique ne concerne pas seulement les jeunes hommes. C’est dans l’écart entre les sexes que se joue le genre. En réalité, la présence des garçons et des filles, dans l’espace public, n’a pas le même sens. Les premiers, parce qu’ils sont jugés menaçants, peuvent être menacés par le harcèlement policier ; les secondes n’y ont pas forcément leur place non plus : elles ne sont pas censées « traîner » dans la rue. C’est le vieux partage entre l’espace domestique et l’espace public : les hommes ont accès à celui-ci, quand les femmes sont cantonnées à celui-là. Reste qu’aujourd’hui, dans les classes populaires, l’espace public est problématique tant pour les hommes que pour les femmes, même si c’est différemment. Or c’est l’espace public qui est la condition de possibilité d’une vie collective qui ne se réduise pas à la famille, à l’école et au travail.

16CA : Quelle est votre lecture du militantisme féminin actuel dans les quartiers populaires ? En vous appuyant sur cette lecture, est-il possible d’affirmer que le genre influence l’engagement ? En change-t-il les modes et les pratiques ? Constitue-t-il une stratégie politique pour ces jeunes femmes engagées dans les quartiers populaires ?

17Faute d’avoir mené moi-même des travaux sur ce sujet, je serai prudent. Je ferai d’abord l’hypothèse qu’on assiste à un changement de perspective. Depuis le début des années 2000, avec l’apparition du mot « tournantes », qui a contribué à un regard culturaliste sur les violences sexistes et sexuelles (comme si les banlieues populaires avaient le monopole du viol), puis avec la célébration officielle du mouvement Ni putes ni soumises (qui mènera Fadela Amara au gouvernement, sous Nicolas Sarkozy), on nous a expliqué que les femmes des quartiers populaires sont des victimes, à la fois en termes de genre et de sexualité : un autre nom envisagé pour NPNS au moment de sa création, c’était Ni voilées ni violées… Bref, au moment où les femmes, dans la société française, étaient décrites comme émancipées, on ne montrait celles des quartiers que pour autant qu’elles subissaient la domination masculine.

18S’intéresser à l’engagement de celles-ci, c’est renverser la perspective. Bien sûr, il ne s’agit pas d’oublier les dominations multiples, en termes de genre et de sexualité mais aussi de classe et de race, qui pèsent sur elles, mais c’est faire place à ce qu’on appelle d’un mot anglais, agency, qui se traduit malaisément par «capacité d’agir» ou «agentivité» comme on dit plutôt au Canada. Un deuxième point me paraît important : s’intéresser à l’engagement des femmes en tant que telles ne suppose pas qu’il s’agisse forcément de féminisme ni qu’on évalue sa réalité à l’aune du féminisme attendu des femmes qui s’engagent. D’abord les femmes ne s’engagent pas seulement entre femmes, ensuite l’engagement au féminin n’est pas nécessairement féministe ; il peut même être antiféministe, comme le montrent les mouvements antiavortement ou antigenre.

19CA : La perception de l’expression du genre chez les jeunes femmes des quartiers populaires n’est jamais neutre. Quelle influence les représentations qui pèsent sur ces jeunes femmes ont-elles sur leur engagement ? Ces représentations qui portent essentiellement sur les tensions entre masculinité et féminité jouent-elles un rôle dans l’expression de leur engagement ? L’investissement de ces jeunes femmes affecte-t-il ces représentations ? A-t-il tendance à les conforter ou permet-il de proposer un changement de paradigme ?

20La figure du « garçon arabe » avait un envers : la « beurette », étudiée par la sociologue Nacira Guénif il y a déjà plus de vingt ans. Autant lui était menaçant, autant elle était rassurante. Le garçon n’était pas « intégré », la fille l’était. Il échappait à la discipline scolaire, elle était l’élève modèle. Or, depuis, quelque chose a changé. Sans doute les filles ont-elles mieux joué le jeu de l’école que les garçons ; elles n’en ont pas moins découvert qu’elles restaient exposées à la discrimination – de l’orientation scolaire à la vie professionnelle. Elles apparaissaient moins dociles, dès lors que leur colère commençait à se faire entendre.

21À partir de là, les filles ne sont plus apparues si rassurantes. Bien sûr, on a continué de dire que le voile était le signe de leur religion, mais aussi de leur oppression ; mais, sans craindre la contradiction, on a commencé à voir les jeunes femmes voilées, non seulement comme des instruments manipulés par les islamistes, mais également comme des rebelles dangereuses – autrement dit, comme des sujets politiques, et non plus uniquement comme des objets. Dans les quartiers populaires, l’écart s’est donc réduit, et dans les perceptions et sans doute dans les conduites, entre les sexes. D’ailleurs, on n’oppose plus aussi facilement le « garçon noir » (pour reprendre le titre de Leonora Miano [3]) à sa version féminine.

22Ces remarques m’amènent à souligner un autre point, qui est à la fois théorique et méthodologique. Les banlieues, singulièrement les jeunes des cités et les femmes des quartiers, sont les objets d’une prolifération de discours : on en parle tout le temps, mais jusqu’à récemment on ne les entendait pas parler. En conséquence, la sociologie se donnait pour tâche prioritaire de donner la parole à celles et à ceux qui en sont privés. Cela s’accompagnait souvent d’une perspective implicite opposant la sphère publique à cette réalité sociale : la première déformant la seconde, le travail sociologique consistait alors à écarter l’écran de fumée des discours médiatico-politiques.

23Or il importe de prendre en compte le fait que ces acteurs sociaux ont conscience des discours qui les visent et prétendent les définir. Ne pouvant les ignorer, ils et elles se définissent en fonction de ce qu’on raconte à leur propos : pour s’y conformer, pour le rejeter, ou pour le re-signifier. Les jeunes hommes, réputés violents, et les jeunes femmes, dont la sexualité est soumise à des injonctions contradictoires, construisent en conséquence leur subjectivité par rapport à celles-ci. Autrement dit, la sphère publique traverse l’intimité de femmes et d’hommes qui n’y ont pas forcément accès.

24CA : Dans le cas des luttes contre les violences policières, comment expliquer que soient visibilisées les figures individuelles directement concernées, telles que les mères ou les sœurs notamment, plutôt que la dimension collective desdites luttes ?

25Il se passe en effet quelque chose de remarquable. Comme l’a montré une enquête du Défenseur des droits, ce sont les jeunes hommes arabes ou noirs qui sont, beaucoup plus que les autres, l’objet de contrôles au faciès. Pourtant, dans le combat contre les violences policières, les visages militants qui émergent sont ceux de femmes : Amal Bentounsi, Assa Traoré, Ramata Dieng. Effectivement, en l’occurrence, ce sont souvent des sœurs dont les frères sont morts victimes de ces violences. Comment le comprendre ?

26D’abord, c’est sans doute l’effet de la différence de genre déjà évoquée : les filles sont souvent mieux dotées, scolairement, que les garçons ; elles sont donc mieux armées pour le combat médiatique. Je pense, par exemple, à Sihame Assbague. Ensuite, on peut imaginer que les personnes racisées qui se mobilisent, conscientes du soupçon de sexisme qui pèse sur elles, trouvent ainsi le moyen de le déjouer par avance, voire de le retourner. Enfin, c’est un peu la figure noble d’Antigone qui veut enterrer ses frères, quitte à s’opposer à Créon – donc à l’État.

27Certes, on peut se dire que leur visibilité contribue à invisibiliser le caractère collectif de ces luttes. On pourrait aussi penser que leur rôle de sœur dévouée n’entre que trop dans des stéréotypes de genre compatibles avec l’imaginaire médiatique. Toutefois, pour ma part, je vois surtout l’efficacité de cette féminisation des figures de proue. Elles rappellent que les jeunes qui meurent sous les coups de la police ne sont pas de purs individus désaffiliés ; ils sont pris dans des liens sociaux, en particulier familiaux. Au lieu de présenter ces garçons comme étrangers à la vie commune, c’est une manière de les rendre familiers à tout le monde.

28Quant aux femmes, loin d’apparaître surtout comme des sœurs éplorées, elles se révèlent plutôt des « femmes puissantes [4] ». C’est donc tout le contraire d’une figure comme La Liberté guidant le peuple sur les barricades, de Delacroix. On sait qu’il s’agit d’une allégorie, puisque cette femme est à moitié nue ; et cette représentation n’était possible que parce que, dans la réalité, les femmes n’étaient pas censées jouer un rôle politique. Ces femmes engagées sont bien réelles. À mon sens, elles ne masquent pas la lutte collective ; elles la symbolisent, tout en en faisant partie, à part entière. Comment ne pas s’en réjouir ?


Date de mise en ligne : 18/12/2020

https://doi.org/10.3917/cact.056.0071

Notes

  • [1]
    Braconnier C., Dormagen J.-Y., 2007, La démocratie de l’abstention. Aux origines de la démobilisation électorale en milieux populaires, Gallimard, Paris.
  • [2]
    Gaxie D., 1978, Le cens caché. Inégalités culturelles et ségrégation politique, Le Seuil, Paris.
  • [3]
    Miano L. (dir.), 2017, Marianne et le garçon noir, Pauvert, Paris.
  • [4]
    Référence au roman de Marie N’Diaye intitulé Trois femmes puissantes, paru en 2009 aux éditions Gallimard.

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