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Article de revue

Proposition d’une version française de l’Inventaire de conservation des ressources (ICR)

Pages 807 à 822

Notes

Introduction

1Au cours des trente dernières années, la théorie de la conservation des ressources d’Hobfoll (1989) s’est imposée peu à peu comme une alternative majeure au modèle transactionnel de Lazarus et Folkman (1984) pour saisir les déterminants du stress perçu. Si Hobfoll ne remet pas en cause l’existence des processus d’évaluation primaire et secondaire du stress, tels que proposés par le modèle transactionnel, il considère néanmoins que ses auteurs ont une conception trop individualiste de ces évaluations pour véritablement apprécier l’intensité du stress ressenti et les réactions des individus. En effet, pour Hobfoll, si des situations sociales et environnementales provoquent des pertes de ressources pour un individu, alors, les processus d’évaluation auront peu d’impact sur l’apparition de formes de stress, comparativement à l’influence directe des pertes subies (Hobfoll, 2001). Cette conception théorique a conduit au développement d’un questionnaire susceptible d’évaluer les pertes, menaces et gains de ces ressources dans une culture occidentale (COR-E, Conservation of Resources - Evaluation ; Hobfoll, Lilly, Jackson, 1992 ; Hobfoll, Lilly, 1993). L’objectif de notre recherche est, ici, double. D’une part, proposer une version française de la COR-E : l’inventaire de conservation des ressources (ICR) et, d’autre part, préciser leur classification en fonction des quatre grandes catégories de ressources, issues des travaux d’Hobfoll. Pour ce faire, nous présentons les résultats de trois études.

Le modèle de conservation des ressources (Hobfoll, 1988, 1989, 2001)

2L’idée de base de ce modèle est que les individus sont motivés pour obtenir, garder et protéger les ressources qu’ils estiment, et que tout événement ayant des conséquences sur leur perte, perçue ou réelle, produira un état de stress psychologique (Hobfoll, 1988, 1989, 2001). Chaque individu cherche ainsi à développer ses ressources et à en acquérir de nouvelles, ce qui lui procure un sentiment de bien-être et de satisfaction. Lorsque celles-ci sont atteintes ou menacées, il développe des réactions de stress et tente de réduire les pertes de ressources éventuelles. Le stress psychologique est alors défini comme une réaction face à un environnement dans lequel il existe, soit une menace de perte des ressources, soit une perte effective des ressources, soit encore un manque de gain face à un investissement.

3Les ressources constituent l’élément indispensable dans la compréhension des mécanismes de stress. Hobfoll (1988, 1989) les définit comme toute chose que les individus estiment pour leur valeur intrinsèque, qui sont assimilables à des moyens pour atteindre des buts désirables ou pour protéger d’autres ressources. Il en distingue quatre types : les ressources matérielles (object resources), les ressources sociales (conditions), les ressources personnelles (personal characteristics) et les ressources énergétiques (energies).

4Les ressources matérielles correspondent aux différents objets qu’un individu peut posséder (maison, voiture, vêtements, meubles…). Elles sont, non seulement, importantes pour leur utilité directe, mais, également, pour leur valeur sociale et le statut qu’elles confèrent. Par exemple, une grande maison permet, non seulement de vivre confortablement, mais reflète aussi le statut social de ses propriétaires. Les ressources sociales renvoient aux conditions et statuts sociaux (mariage, emplois…), ainsi qu’à l’environnement social (aide extérieure apportée, santé de l’entourage…), l’idée étant que l’environnement dans lequel évolue un individu lui offrirait des conditions optimales pour avoir une vie satisfaisante et se protéger des situations aversives. Les ressources personnelles recouvrent des caractéristiques personnelles et psychologiques. Elles incluent, à la fois, des compétences personnelles (compétences professionnelles, assurance…) et des traits de personnalité (optimisme, espoir, sens de l’humour…). Enfin, les ressources énergétiques (temps, argent, connaissances…) sont prises en compte, non pas pour leur valeur intrinsèque, mais, plutôt, pour leur importance dans l’acquisition de nouvelles ressources. Ainsi, avoir du temps n’est pas valorisé en soi, mais permet de réaliser des actions en vue de conserver ses ressources ou d’en acquérir de nouvelles (avoir du temps pour se reposer, avoir du temps pour ses amis…).

5À l’idée de base du modèle, Hobfoll (2001) ajoute deux principes. Le premier est la primauté des pertes. Selon Hobfoll, les pertes et les gains ont un impact différent : à proportion égale, les pertes ont un impact plus négatif que les gains n’ont un impact positif. Les individus sont, alors, plus motivés pour réduire les pertes que pour engranger des ressources. Même si les pertes ont un retentissement plus important, les gains vont néanmoins permettre de se protéger de certaines conséquences des pertes subies. De plus, les gains permettent d’augmenter la quantité de ressources à disposition, ce qui est valorisé en soi et peut participer au maintien ou au développement du sentiment de réussite (Hobfoll, Freedy, 1993 ; Hobfoll, Shirom, 2001). Ainsi, la perte de ressources est associée au stress psychologique et la promesse de gains futurs ne peut totalement compenser ni les pertes encourues ni le stress subi.

6Le second principe est l’investissement des ressources, selon lequel les ressources disponibles doivent être investies et utilisées afin d’en préserver d’autres, de récupérer celles qui sont perdues et d’en acquérir de nouvelles. Les individus sont, ainsi, dans une posture proactive : ils ne subissent pas passivement les situations (stressantes ou non) et les effets qu’elles peuvent avoir sur leur réservoir de ressources, mais développent des stratégies leur permettant d’optimiser leur capital de ressources ou d’empêcher son érosion.

7Pour autant, des spirales de pertes peuvent s’enclencher lorsque l’individu se met à consommer plus de ressources pour compenser des pertes passées ou prévenir l’effondrement d’autres ressources. Ces spirales seront d’autant plus dramatiques pour l’individu que son capital initial de ressources sera limité. En situation de stress extrême, comme les catastrophes naturelles ou industrielles, les individus qui subissent des pertes disposent de moins de ressources pour faire face aux menaces ou pertes de ressources consécutives (Hobfoll, Freedy, Green, Solomon, 1996). Ces enchaînements d’événements sont susceptibles d’engendrer un épuisement des individus et des moyens à disposition, ainsi qu’une incapacité à faire face.

8À l’inverse, les individus peuvent connaître des spirales de gains. En effet, les individus disposant de nombreuses ressources sont plus enclins à en acquérir de nouvelles par des investissements judicieux, elles-mêmes leur permettant d’en obtenir d’autres. Toutefois, comme les pertes ont la primauté sur les gains (premier principe), la spirale des pertes est plus rapide et plus intense que celle des gains.

9Ce modèle a été testé et validé empiriquement, tant dans le domaine de la santé (maladies chroniques, impacts des catastrophes naturelles et industrielles), que dans le monde du travail (motivation, burnout). Les lecteurs souhaitant plus d’informations sur les recherches actuelles, conduites dans le cadre du modèle de conservation des ressources, pourront se reporter à trois publications majeures : deux revues de la littérature sur le modèle de conservation des ressources et ses applications (Halbesleben, Neveu, Paustian-Underdahl, Westman, 2014 ; Holmgreen, Tirone, Gerhart, Hobfoll, 2017), ainsi qu’une méta-analyse sur 66 études (n=48 528) traitant du burnout au travail (Park, Jacob, Wagner, Baiden, 2014).

L’inventaire de conservation des ressources (COR-E)

Construction de l’inventaire original (COR-E)

10Pour éprouver les principes de sa théorie, Hobfoll et ses collègues (Hobfoll, Lilly, Jackson, 1992 ; Hobfoll, Lilly, 1993) ont développé un outil de mesure des ressources et de leur fluctuation (perte, menace de perte et gain) : l’inventaire de conservation des ressources (COR-E : Conservation Of Resources - Evaluation).

11Afin de constituer cette liste de ressources, la méthode des focus groups, ou entretiens de groupe focalisés, a été retenue. Les premiers groupes, aux États-Unis d’Amérique, étaient constitués d’étudiants, de résidents issus de différentes communautés et, enfin, de psychologues, qui ont élaboré des listes de ressources ayant de la valeur pour eux. Par la suite, une cinquantaine de groupes restreints, composés d’étudiants, de groupes religieux, de patients hospitalisés et de résidents communautaires, ont pu ajouter, enlever, diviser ou réunir certaines ressources. Le processus a été arrêté lorsqu’un consensus stable est apparu sur une liste de 74 ressources, sans que de nouvelles ressources soient ajoutées, après un choix précédent de suppression par plusieurs groupes ou vice-versa. Une deuxième étude, réalisée en un temps limité de trois heures, auprès de psychologues néerlandais, a permis de retrouver 56 des 74 ressources. Hobfoll (1998) en a alors conclu que cette liste avait une certaine pertinence inter-culturelle sans, bien sûr, nier la possibilité de particularités attachées à chaque culture, qu’il reste à examiner empiriquement.

12Le but était de créer une liste de ressources qui soit partagée, de manière stable, par des individus appartenant à une même sphère culturelle. Les auteurs ne prétendaient pas être exhaustifs dans leur recueil, mais, plutôt, adopter une approche compréhensive, c’est-à-dire phénoménologique, en privilégiant l’émergence d’un sens partagé, consensuel et fondé sur les ressentis expérientiels des individus au sein de groupes restreints (Mucchielli, 1992).

Présentation de l’inventaire original (COR-E)

13L’inventaire de conservation des ressources [1] (Hobfoll, Lilly, Jackson, 1992 ; Hobfoll, Lilly, 1993) est constitué d’un ensemble de 74 ressources, recouvrant les quatre catégories présentées précédemment : ressources matérielles, sociales, personnelles et énergétiques. Son objectif est d’évaluer la fluctuation de la disponibilité de ces ressources sur une période donnée (par exemple, au cours des six derniers mois) ou à partir d’un événement spécifique (par exemple, depuis votre entrée à l’université, depuis le tremblement de terre…). Il est important de souligner qu’il ne s’agit pas d’évaluer la disponibilité actuelle de chaque ressource proposée ou la quantité de ressource disponible, mais uniquement d’indiquer les changements éventuels que les individus ont perçus.

14Ainsi, pour chaque ressource, l’individu peut indiquer, soit qu’il n’est pas concerné (par exemple, la ressource « santé de mes enfants » ne vise pas les personnes qui n’en ont pas) ou qu’il n’y a pas eu de changement dans la disponibilité de cette ressource, soit qu’il y a eu un changement et, dans le cas d’un changement, il doit préciser l’intensité de la perte et de la menace de perte et du gain. En effet, il est possible d’indiquer, à la fois, perte et gain pour une même ressource. Par exemple, si, au cours des six derniers mois, l’individu a perdu son emploi et qu’il en a retrouvé un autre, il indiquera, à la fois, « perte » et « gain » pour la ressource « avoir un emploi ». Selon Hobfoll, il est crucial que les individus puissent s’exprimer sur ces trois catégories (pertes, menaces et gains). En effet, proposer une échelle unique (comme, par exemple, une échelle de Likert, allant de perte à gain) conduirait les individus à « moyenner » leur expérience.

15Précisons, ici, que la COR-E a été élaborée comme une liste de ressources. Les quatre catégories de ressources proposées par Hobfoll permettent d’identifier le type de ressources en question et non de déterminer des facteurs de l’échelle. En effet, les structures de corrélation relatives aux pertes, menaces et gains ne sont pas stables suivant les groupes humains qui répondront. Les regroupements des types de pertes ou de gains dépendent donc, en partie, des moments dans les cycles de vie et d’une perspective développementale (Hobfoll, Lilly, 1993). Nous sommes plutôt pour considérer, d’une part, que ce sont des agrégats de ressources, ayant une unité conceptuelle, qui déterminent l’intensité des pertes, gains et menaces au sein de leur catégorie de rattachement et, d’autre part, que la variation d’une ressource dans une catégorie n’est pas forcément corrélée avec la variation des autres ressources de cette même catégorie (par exemple, on peut avoir une perte de revenu, mais pas de temps libre, dans la catégorie ressource énergétique). Ces quatre catégories de ressources sont, donc, des variables latentes formatives, composées et déterminées, en partie, par la variation des 74 ressources de l’ICR (forme A des variables formatives selon Bollen, Diamantopoulos, 2017).

Utilisation de la COR-E dans la littérature

16Bien que la théorie de conservation des ressources ait rencontré un vif succès, il n’en est pas de même pour la COR-E dont l’utilisation reste assez confidentielle, du moins dans sa version complète (Halbesleben et coll., 2014). Si certaines études ont utilisé la COR-E pour évaluer la fluctuation des ressources des participants, la plupart se sont plutôt inscrites dans le cadre théorique général de ce modèle, tout en utilisant d’autres outils, afin d’évaluer certaines ressources. Par exemple, Feldman, Davidson et Margalit (2015) ont cherché à évaluer la fluctuation de trois ressources personnelles, après une intervention auprès d’une population d’étudiants israéliens. Pour cela, ils n’ont pas utilisé la COR-E, mais des échelles adaptées en hébreu, permettant de cibler les ressources étudiées : l’espoir a été appréhendé par le State Hope Scale (SHS ; Snyder et coll. 1996), l’optimisme par le Life Orientation Test (LOT ; Scheier, Carver, 1985) et le sentiment d’auto-efficacité personnelle par la New General Self-Efficacy Scale (NGSE ; Chen, Gully, Eden, 2001).

17Néanmoins, on peut recenser plusieurs études ayant utilisé tout ou partie de la COR-E. Si très peu l’ont utilisée dans son intégralité (par exemple, Wells, Hobfoll, Lavin, 1999), la plupart de celles qui y ont eu recours l’ont adaptée, afin de n’en utiliser qu’une partie. En effet, celle-ci correspond à un inventaire de ressources, qu’il est possible d’adapter selon les objectifs de l’étude. On peut, ainsi, distinguer trois types d’adaptation de son utilisation. Tout d’abord, certaines études n’ont cherché qu’à évaluer les pertes subies par les participants et n’ont, donc, utilisé que la partie de la COR-E évaluant les pertes, laissant de côté les menaces et les gains (par exemple, Monnier, Cameron, Hobfoll, Gribble, 2002). Ensuite, d’autres études n’ont porté que sur une ou plusieurs catégories de ressources, et non les quatre proposées par Hobfoll, comme, par exemple, Ironson et ses collègues (1997), qui ont utilisé les ressources matérielles et personnelles, mais n’ont pas pris en compte les ressources sociales et énergétiques. Enfin, certaines études ont utilisé la COR-E de façon abrégée, en sélectionnant certains items correspondant à un même domaine. Dans certains cas, il s’agit simplement de réduire le nombre d’items en conservant les quatre catégories de ressources : Ehrlich et ses collègues (2010) ont, par exemple, sélectionné 40 items de la COR-E évaluant les ressources matérielles, sociales, personnelles et énergétiques. Dans d’autres cas, les auteurs réduisent le nombre d’items et ne conservent que certaines parties de l’échelle. S’intéressant au stress économique, Ennis, Hobfoll, Schröder (2000) ont utilisé 23 items de la COR-E, relatifs aux pertes de ressources matérielles et financières. Hobfoll, Johnson, Ennis et Jackson (2003) utilisent, quant à eux, ces mêmes 23 items, mais en évaluent les pertes, menaces et gains. Dans leur étude sur la santé psychique d’universitaires, Davidson et coll. (2010) ont, eux aussi, utilisé la COR-E de façon abrégée, en ne prenant en compte que 12 items relatifs aux ressources personnelles, sociales et énergétiques. Enfin, Goldfarb et Ban-Zur (2017) ont évalué les pertes et gains pour 22 items de la COR-E, correspondant à des ressources matérielles, sociales et énergétiques. Quant aux ressources personnelles, elles ont été sasies par le biais d’échelles spécifiques : le sentiment de contrôle par l’échelle de Pearlin et Schooler (1978), la résilience par la Connor-Davidson Resilience Scale (CD-RISC) de Connor et Davidson (2003) et l’optimisme par la LOT de Scheier et Carver (1985).

18Ces éléments ne sont, bien évidemment, pas exhaustifs, mais ils permettent d’illustrer les différentes façons dont la COR-E a été utilisée dans la littérature.

Étude 1 : Élaboration de la version française de l’inventaire de conservation des ressources (ICR) et catégorisation des 74 ressources

19L’objectif de cette première étude était d’élaborer une version française de la COR-E et de proposer une classification de ses 74 ressources. Comme stipulé par Hobfoll (1989), les ressources peuvent être regroupées en quatre catégories distinctes. Néanmoins, aucune de ses publications ne fait état d’une catégorisation explicite des 74 ressources proposées dans la COR-E. Pour ce faire, nous avons procédé en trois phases.

Traduction de la COR-E en français

20Afin d’élaborer l’Inventaire de conservation des ressources (ICR), version française de la COR-E, les 74 items de l’inventaire original ont, tout d’abord, été traduits par trois enseignants-chercheurs en psychologie, de façon indépendante. Nous avons choisi cette méthode, dite traditionnelle, couramment utilisée pour l’adaptation d’outils de mesure (Besson, Haddadj, 2003, cités par Lourel, Gueguen, Mouda, 2007 ; Epstein, Osborne, Elsworth, Beaton, Guillemin, 2015), du fait que la COR-E ne comporte aucune phrase ou paragraphe complet, mais seulement des termes uniques ou expressions hors contexte. Les trois traductions obtenues concordent sur la formulation de 71 items sur 74. Les trois items ayant généré un désaccord ont été discutés avec un enseignant agrégé en anglais, anglophone de langue maternelle.

Phase 1 : catégorisation « novice »

21Dans un premier temps, nous avons demandé à trois juges extérieurs à l’étude, enseignants-chercheurs en psychologie, de classer les 74 ressources dans les quatre catégories. Pour ce faire, un descriptif du modèle de conservation des ressources leur était fourni, ainsi qu’une définition des quatre types de ressources. Nous avons élaboré ces définitions en réalisant une synthèse des définitions proposées par Hobfoll dans ses différentes productions scientifiques (Hobfoll, 1989, 1998 ; Hobfoll, Lilly, 1993 ; Hobfoll, Schumm, 2009). Une fois recueillies les classifications de ces trois juges, la concordance inter-juges a été vérifiée en calculant le coefficient PRL (Proportional Reduction in Loss ; Cooil, Rust, 1994 ; Rust, Cooil 1994). La méthode PRL permet de calculer la fiabilité de catégorisations de données (qualitatives ou quantitatives) obtenues sur la base d’accords interjuges. Tenant compte des erreurs de mesure possibles, liées à une mauvaise catégorisation, c’est une mesure plus fiable qu’une simple proportion d’accord inter-juges pris deux à deux et qui s’interprète sur la même base qu’un alpha de Cronbach (Rust, Cooil, 1994). Cette méthode est fondée, d’une part, sur la proportion d’accord interjuges, qui correspond à la division du nombre d’accord interjuges deux à deux par le nombre maximum d’accords possible et, d’autre part, sur le coefficient obtenu dans la table de correspondance PRL (Rust, Cooil, 1994) en fonction de la proportion d’accord interjuges obtenus et du nombre de catégories du classement.

22Nous obtenons ainsi un coefficient PRL de 0,95. Directement comparable à un alpha de Cronbach, ce coefficient nous indique une excellente fiabilité de cette catégorisation, puisque l’on considère généralement une valeur de 0,70 comme acceptable (Rust, Cooil, 1994).

Phase 2 : catégorisation « experte »

23Dans un deuxième temps, nous avons confronté le classement ainsi obtenu avec notre propre catégorisation (dite « experte »), réalisée par deux juges indépendants. Si ces deux classements se sont révélés concordants pour la majorité des 74 ressources, une divergence a tout de même été constatée pour sept d’entre elles (coefficient PRL des classifications experte versus novice = 0,93). Ces divergences étaient principalement dues à des confusions entre les ressources sociales et les ressources énergétiques.

Phase 3 : catégorisation de S. E. Hobfoll, auteur de la COR-E

24Enfin, dans un troisième temps, nous avons sollicité le Professeur S. E. Hobfoll, afin qu’il réalise lui aussi cette classification et nous éclaire sur ces divergences constatées. Les remarques du Professeur Hobfoll nous ont, alors, alertés sur trois points. Premièrement, les ressources énergétiques incluent l’argent et l’endurance. Elles n’ont d’existence que pour pouvoir être échangées en ressources sociales ou matérielles. Deuxièmement, les ressources relatives au fait de subvenir aux besoins des enfants (« pouvoir offrir des extras à mes enfants », « pourvoir aux besoins essentiels de mes enfants ») font penser au thème de l’argent. Toutefois, ces ressources entrent dans la catégorie des besoins primaires essentiels pour chacun, c’est-à-dire de pouvoir assurer la subsistance de ses enfants, ce qui est, alors, le propre des ressources matérielles. Enfin, troisièmement, les ressources sociales font référence au degré de sollicitude de l’environnement social. Elles incluent, par conséquent, l’aide extérieure dans le travail ou le quotidien (« aide dans mon activité professionnelle », « aide dans mon quotidien », par exemple), les personnes ressources (« personnes dont je peux apprendre »), la santé des personnes qui m’entourent. Il y a l’idée d’un environnement qui offrirait un support, une condition optimale pour pouvoir avoir une vie satisfaisante et se protéger des situations aversives.

25En suite de ses remarques, un classement définitif a été établi. Il comporte 11 ressources matérielles, 28 ressources sociales, 19 ressources personnelles et 16 ressources énergétiques. Le détail des items par catégorie est présenté dans l’annexe 1.

Étude 2 : Test de l’inventaire de conservation des ressources (ICR)

26L’objectif de cette deuxième étude était de tester l’ICR, version française de la COR-E, auprès d’un groupe d’étudiants, afin, d’une part, de vérifier la bonne compréhension des items et d’évaluer le temps approximatif de passation et, d’autre part, d’étudier sa sensibilité et sa validité.

Méthode

Matériel

l’ICR

27La traduction française, présentée dans l’étude 1, a été utilisée. Les sujets devaient répondre aux trois parties de l’inventaire, permettant d’évaluer les pertes, les menaces de pertes et les gains pour chacune des 74 ressources. Pour chacune de ces 74 ressources, les sujets devaient indiquer dans quelle mesure ils avaient subi des pertes, menaces et gains depuis la rentrée universitaire, en se positionnant sur une échelle de réponse en cinq points. Ils cochaient « 0 » s’ils n’avaient pas connu de changement pour cette ressource ou si elle ne les concernait pas, ou bien indiquaient l’intensité de la perte, menace ou gain ressentie, de « 1 » (intensité légère) à « 4 » (intensité très importante).

28L’objectif n’est pas d’évaluer la disponibilité actuelle de chaque ressource proposée, mais d’indiquer les changements éventuels que les sujets ont perçus. Les sujets répondent aux 74 ressources une première fois pour les pertes, une deuxième fois pour les menaces et, enfin, une troisième fois pour les gains. L’addition des scores des 74 items de chaque partie permet d’obtenir trois scores totaux correspondant à un niveau d’intensité perçue de pertes, menaces et gains. Ces scores sont tous les trois compris entre 0 et 296.

Les échelles de détresse psychologique

29Afin d’étudier la validité convergente, nous avons évalué la détresse psychologique par le biais de l’anxiété et de la dépression, à l’instar d’Hobfoll et Lilly (1993). Les symptômes anxieux ont été évalués au moyen de l’échelle standardisée STAI-Y dans sa forme état (State-Trait Anxiety Inventory, Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg, Jacobs, 1983), adaptée et validée sur une population française par Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1993). La consigne a été contextualisée sur la sphère universitaire : « Pour chaque phrase proposée, veuillez entourer la réponse qui correspond le mieux à ce que vous ressentez lorsque vous êtes dans votre sphère universitaire (cours, travail personnel, travail en groupe, révision, examen) ». Il s’agit de répondre à 20 questions au moyen d’une échelle de Likert en 4 points, allant de 1 à 4. Les scores totaux peuvent donc varier de 20 à 80.

30Quant aux symptômes dépressifs, ils ont été appréhendés par l’échelle CES-D (Center for Epidemiologic Studies. Depression scale, Radloff, 1977), validée en France par Führer et Rouillon (1989). Celle-ci est constituée de 20 items, évalués sur une échelle de Likert en 4 points, allant de 0 à 3. Les scores totaux peuvent donc varier de 0 à 60.

Procédure

31Tous les étudiants ont répondu à l’ensemble des questionnaires lors d’un des cours magistraux à la fin du premier semestre, soit trois mois après le début de l’année universitaire. Une fois la passation terminée, un temps d’échange était prévu, afin de recueillir leurs remarques et commentaires sur l’ICR. Cette étude leur était présentée en leur précisant qu’ils étaient libres d’y participer ou non. S’ils ne souhaitaient pas participer, ils avaient la possibilité soit de partir soit de rester et faire autre chose en rendant un questionnaire vierge. De plus, la première page du questionnaire rappelait le caractère non obligatoire de leur participation.

Participants

32Notre échantillon était constitué de 82 étudiants non redoublants, inscrits en première année de licence (L1) de psychologie à l’université de Lorraine (87,1 % de femmes et 12,9 % d’hommes). Ils sont âgés de 18 à 40 ans (M=19,7 ; ET=3,08), majoritairement célibataires (85,4 %), sans enfant (98,8 %) et sans activité professionnelle (86,6 %).

33Parmi ces 82 étudiants, 42,7 % sont catégorisés comme déprimés selon le seuil fixé par la CES-D (>16) et 53,6 % présentent un niveau élevé (34,1 %) ou très élevé (19,5 %) d’anxiété-état selon les seuils de la STAI-Y. Ces niveaux de détresse psychologique sont dans la fourchette haute des résultats d’études scientifiques sur la santé des étudiants (Estingoy, Fort, Normand, Lerond, D’Amato, 2013 ; Strenna, Chahraoui, Vinay, 2009 ; Spitz, Costantini, Baumann, 2007).

34Le choix d’une population d’étudiants nous a semblé tout à fait pertinent, car l’entrée à l’université représente une étape de la vie, qui entraîne de nombreux changements dans le quotidien. Il s’agit de quitter l’univers très cadré du lycée pour passer à un mode de fonctionnement plus autonome, mais, pour certains, il s’agit également de quitter leur région ou leur cocon familial et leurs amis, ce qui implique un bouleversement dans leurs habitudes de vie.

Résultats

Homogénéité

35L’homogénéité est un critère psychométrique classiquement étudié lors de la validation d’échelle, afin d’identifier ou vérifier sa structure factorielle. Néanmoins, l’ICR étant une liste de ressources, nous n’avons aucune attente quant à la structure de l’outil : sa structure factorielle n’a donc pas été analysée, du fait qu’il ne peut exister ici de variables latentes réflectives stables sous-jacentes à ces ressources.

Sensibilité

36Les principaux résultats descriptifs (indicateurs de centralité et de dispersion) pour les trois scores totaux d’intensité de ressources sont présentés dans le tableau 1 (« Avant recodage »). Rappelons, tout d’abord, que ces trois scores totaux reflétant l’intensité des pertes, menaces ou gains, peuvent théoriquement varier de 0 à 296. On remarque, au premier abord, une forte dispersion des réponses pour les trois scores d’intensité, rendant ainsi délicate l’interprétation de la moyenne. Les quartiles sont alors plus pertinents pour apprécier la capacité de cette échelle à discriminer les sujets.

Tableau 1

Statistiques descriptives pour les scores totaux, avant et après recodage

Tableau 1
Avant recodage Après recodage Scores d’intensité : [0 ; 296] Nombre de ressources : [0 ; 74] Pertes Menaces Gains Pertes Menaces Gains (IP) (IM) (IG) (NP) (NM) (NG) Données manquantes 2 18 22 2 18 22 Moyenne 26,7 26,7 28,0 15,0 15,5 14,9 Ecart-type 22,9 22,9 30,3 10,8 10,7 13,0 [min ; max] [0 ; 109] [0 ; 111] [0 ; 142] [0 ; 50] [0 ; 47] [0 ; 59] Quartiles Q1 10,3 10,0 11,3 7,0 9,0 6,0 Q2 (médiane) 21,5 20,5 18,5 13,0 12,5 12,0 Q3 35,0 34,0 31,8 19,8 21,5 20,8

Statistiques descriptives pour les scores totaux, avant et après recodage

37Si les scores totaux d’intensité observés varient de 0 à 109 pour les pertes, 111 pour les menaces et 142 pour les gains, les scores médians restent faibles (aux alentours de 20). Globalement, la plupart des étudiants ne déclarent pas de changement ou ne sont pas concernés par les ressources proposées, la modalité « 0 » ne permettant pas de distinguer ces deux cas de figure.

38Au regard des 222 distributions observées item par item (3 x 74 ressources), on remarque qu’elles sont globalement plutôt bimodales, avec une prépondérance de la modalité « 0 ». Pour autant, 10 % de l’échantillon obtient un score d’intensité supérieur à 57 pour les pertes, et à 63 pour les menaces et les gains.

Validité

Validité de contenu

39Pour la validité de contenu, nous considérons que celle-ci est assurée, d’une part, par la procédure de construction de l’échelle initiale, qui consistait en la réalisation de focus groups jusqu’à parvenir à une liste stable de 74 ressources et, d’autre part, par la forte proportion d’accord interjuges lors de la classification des ressources (étude 1).

Validité convergente

40Afin d’étudier la validité convergente, nous avons examiné les corrélations entre les trois scores totaux d’intensité obtenus à l’ICR et les scores d’anxiété et de dépression (tableau 2). Comme attendu, les scores d’intensité de pertes de ressources (IP) et de menaces de pertes (IM) sont positivement corrélés avec les scores d’anxiété et de dépression, tandis que le score total relatif à l’intensité des gains (IG) ne l’est pas.

Tableau 2

Corrélations entre ressources et détresse psychologique avant et après recodage (* p< 0,05 ; ** p< 0,001)

Tableau 2
Avant recodage Après recodage IP IM IG NP NM NG Anxiété (a = 0,91) 0,53 ** 0,62 ** -0,01 0,56 ** 0,65 ** -0,16 Dépression (a = 0,89) 0,48 ** 0,53 ** 0,01 0,46 ** 0,55 ** 0,15 Intensité pertes (IP) / Intensité menaces (IM) 0,84 ** / Intensité gains (IG) 0,13 0,17 / Nombre de pertes (NP) / Nombre de menaces (NM) 0,84 ** / Nombre de gains (NG) 0,29 * 0,30 * /

Corrélations entre ressources et détresse psychologique avant et après recodage (* p< 0,05 ; ** p< 0,001)

Retours d’expérience

41Aucun item n’a suscité question ou incompréhension. En revanche, les participants ont émis des réserves quant à la durée de passation et aux modalités de réponse. Ainsi, ils ont estimé majoritairement que la passation était longue et fastidieuse. En effet, tel que proposé par Hobfoll, cet outil nécessite d’évaluer trois fois les 74 ressources sur une échelle de Likert en 5 points, une fois pour les pertes, une autre pour les menaces et une dernière pour les gains (dans cet ordre). Le temps nécessaire pour compléter ces trois parties variait, selon les individus, de 15 à 45 m. Une forte proportion de sujets (26,8 %) n’a pas complété l’ensemble des trois parties : seuls, deux sujets n’ont pas complété la partie sur les pertes de ressources, tandis que 18 n’ont donné aucune réponse pour la partie relative aux menaces de pertes et 22 pour la partie évaluant les gains. À ces non-réponses intégrales, s’ajoutent celles des sujets qui n’ont pas répondu à la totalité des items. Pour les modalités de réponse, il était demandé aux participants de distinguer des niveaux d’intensité faible, modéré, important ou très important de perte, menace et gain. Beaucoup ont indiqué qu’il n’était pas aisé de se positionner sur cette échelle et qu’il aurait été préférable de pouvoir répondre par oui ou non.

42En suite de cette étude, nous avons décidé de modifier la présentation de l’inventaire et ses modalités de réponse. Pour les modalités de réponse, nous avons fait le choix de ne plus demander aux sujets de distinguer 4 niveaux d’intensité de perte, menace et gain. Nous avons opté pour une réponse en oui ou non, l’idée étant d’évaluer si les individus ont ou non connu des pertes, menaces ou gains. Les trois scores totaux obtenus reflètent ainsi le nombre total de ressources perdues, menacées ou gagnées, et peuvent donc théoriquement varier de 0 à 74.

43Dans la version originale, les participants indiquent la modalité « 0 » dans deux cas de figure : s’ils ne sont pas concernés par la ressource et s’ils n’ont pas connu de changement pour cette ressource. Or, il nous semble important de pouvoir distinguer ces deux cas. Nous proposons donc deux modalités de réponse distinctes.

44Pour la présentation de l’inventaire, un tableau unique est proposé, afin de ne présenter qu’une seule fois les 74 ressources. La consigne a été adaptée à cette nouvelle présentation. Cette version adaptée de l’ICR est présentée dans son intégralité en annexe 1, et sera testée dans l’étude 3.

45Afin de justifier cette adaptation de la version initiale, nous nous appuyons sur deux éléments. Le premier repose sur le retour des participants, qui ont estimé que la passation de l’inventaire en trois parties était longue et fastidieuse et que les modalités de réponse proposées n’étaient pas aisées à utiliser. De plus, les distributions item par item étant majoritairement bimodales, une transformation des modalités de réponse nous a semblé pertinente. Le second renvoie aux propriétés psychométriques de l’outil, par son lien avec la dépression et l’anxiété. En effet, les données relatives à la COR-E ont été recodées, passant ainsi d’une échelle de Likert ordinale en 5 points à des modalités de réponse nominales en oui ou non. Étaient recodées en « oui » les modalités 1 à 4 de l’inventaire initial. L’addition des réponses à chacun des 74 items permet donc d’obtenir trois scores totaux, correspondant, non plus à un niveau d’intensité de perte, menace ou gain, mais au nombre total de ressources perdues, menacées ou gagnées. D’un point de vue descriptif, on observe après recodage (tableau 1 : « Après recodage ») que le nombre total de ressources perdues varient de 0 à 50, celui des menaces de 0 à 47 et celui des gains de 0 à 59. Les scores médians restent néanmoins faibles (entre 12 et 13 ressources sur 74). Globalement, la plupart des étudiants ne déclarent pas de changement ou ne sont pas concernés par les ressources proposées. Après recodage, on observe les mêmes liens que précédemment entre le nombre total de ressources perdues, menacées ou gagnées et les scores d’anxiété et de dépression (tableau 2), à savoir que le nombre total de pertes (NP) et de menaces de pertes (NM) est positivement corrélé avec les scores d’anxiété et de dépression, tandis que le nombre total de gains (NG) ne l’est pas.

Étude 3 : Validation de l’inventaire de conservation des ressources

46Dans le but de tester cette nouvelle version de l’inventaire de conservation des ressources (ICR), nous avons réalisé une étude auprès d’autres étudiants en première année de licence de psychologie (L1), afin, d’une part, de vérifier la bonne compréhension des nouvelles modalités de passation et, d’autre part, d’étudier la sensibilité de l’inventaire et sa validité convergente.

Méthodologie

Matériel

47L’ICR, tel que présenté au paragraphe « Retours d’expérience », a été utilisé afin d’évaluer la fluctuation des 74 ressources. Èlaboré sous forme d’un tableau unique, il permet de présenter les 74 ressources en une seule fois (annexe 1). Les réponses d’un sujet étaient cotées « 1 » si celui-ci cochait la case et « 0 » s’il ne la cochait pas. Pour chaque sujet, il est possible d’identifier le nombre de ressources qui ne le concernent pas et le nombre de ressources pour lesquelles il a connu ou non un changement. De plus, trois scores peuvent être calculés : le nombre total de ressources qu’il déclare perdues, menacées et gagnées. Ces trois scores totaux peuvent également être calculés pour chacune des quatre catégories de ressources. La détresse psychologique a été évaluée par le biais de l’anxiété et la dépression, en utilisant les mêmes outils que lors de l’étude 2.

Procédure

48Tous les étudiants ont répondu à l’ensemble des questionnaires, lors d’une séance de travaux dirigés à la fin du premier semestre, soit trois mois après le début de l’année universitaire. Une fois la passation terminée, un temps d’échange avait été prévu, afin de recueillir leurs remarques et commentaires sur l’ICR.

49Tout comme dans l’étude 2, cette étude leur était présentée en leur précisant qu’ils étaient libres d’y participer ou non. La première page du questionnaire rappelait le caractère non obligatoire de leur participation.

Participants

50Notre échantillon était constitué de 247 étudiants non redoublants, inscrits en L1 de psychologie à l’université Rennes 2 (87,4 % de femmes et 12,9 % d’hommes). Ils sont âgés de 17 à 27 ans (M=18,7 ; ET=1,19), majoritairement célibataires (85,4 %), sans enfant (99,6 %) et sans activité professionnelle (83,4 %). Parmi ces 247 étudiants, 56,7 % sont catégorisés comme déprimés, selon le seuil proposé par la CES-D (>16) et 54,3 % présentent un niveau élevé (31,2 %) ou très élevé (23,1 %) d’anxiétéétat, selon les seuils proposés par la STAI-Y.

Résultats

Sensibilité

51Les principaux résultats descriptifs (indicateurs de centralité et de dispersion) pour les nombres totaux de ressources perdues, menacées ou gagnées, sont présentés dans le tableau 3. Rappelons, tout d’abord, que ces trois scores totaux peuvent théoriquement varier de 0 à 74. On remarque, au premier abord, une forte dispersion des réponses pour les trois scores, rendant ainsi délicate l’interprétation de la moyenne, tout comme dans l’étude 2. Les quartiles sont alors plus pertinents pour apprécier la capacité de cette échelle à discriminer les sujets.

Tableau 3

Statistiques descriptives pour les trois scores totaux de ressources

Nombre total
Pertes (NP)
Nombre total
Menaces (NM)
Nombre total
Gains (NG)
Données manquantes000
Moyenne7,56,215,3
Écart-type6,85,68,9
[min ; max][0 ; 37][0 ; 28][0 ; 56]
QuartilesQ1229
Q2 (= médiane)6415
Q3111020

Statistiques descriptives pour les trois scores totaux de ressources

52Si les nombres totaux de ressources perdues varient de 0 à 37, menacées de 0 à 28 et gagnées de 0 à 56, les scores médians restent faibles (aux alentours de 10 pour les pertes et menaces, et de 20 pour les gains). Néanmoins, 10 % des étudiants interrogés déclarent avoir perdu plus de 15 ressources depuis la rentrée universitaire et en avoir gagné plus de 26.

53Enfin, pour les cinq ressources relatives aux enfants (items 14, 18, 36, 40, 71), plus de 97 % des participants déclarent ne pas être concernés, ce qui est cohérent avec les caractéristiques de l’échantillon. D’un point de vue psychométrique, ces items ne sont donc pas du tout sensibles ici. Pour les cinq ressources relatives à l’activité professionnelle (items 26, 30, 45, 49 et 64), entre 50 et 75 % des participants déclarent ne pas être concernés.

54Les résultats mettent également en évidence un changement des ressources disponibles depuis le début de l’année universitaire. Pour 24 des 69 ressources (soit 74, desquelles on soustrait les 5 relatives aux enfants), plus de la moitié des étudiants déclarent avoir connu des changements depuis leur entrée à l’université, que ce soit en gains, menaces ou pertes. En revanche, pour 14 de ces 69 ressources, moins d’un quart déclarent des changements.

Validité convergente

55Afin d’étudier la validité convergente, nous avons examiné les corrélations entre les trois scores totaux obtenus à l’ICR et les scores d’anxiété et de dépression (tableau 4). Comme nous l’attendions, les scores totaux relatifs aux pertes de ressources et menaces de pertes sont positivement corrélés avec les scores d’anxiété et de dépression. À la différence de l’étude 2, les gains vont ici de pair avec une moindre déclaration de symptômes anxio-dépressifs.

Tableau 4

Corrélations entre les scores de ressources et ceux de détresse psychologique (** p< 0,001)

NPNMNGA
Nombre total pertes (NP)/
Nombre total menaces (NM)0,22 **/
Nombre total gains (NG)-0,31 **-0,09/
Anxiété (A) (a = .930)0,48 **0,34 **-0,26 **/
Dépression (D) (a = .890)0,57 **0,42 **-0,32 **0,69**

Corrélations entre les scores de ressources et ceux de détresse psychologique (** p< 0,001)

Retours d’expérience

56Globalement, cette nouvelle version de l’ICR a été bien comprise par les étudiants : aucun item n’a suscité question ou incompréhension. Contrairement à l’étude 2, nous n’avons eu aucun retour indiquant un temps de passation trop long.

Discussion

57L’objectif de cet article était de proposer une adaptation française de la COR-E. Les trois études présentées permettent d’aboutir à l’inventaire de conservation des ressources (ICR), dont la présentation a été modifiée par rapport à la version originale. Le format proposé et la taxonomie des items par classe de ressources permettent une passation plus rapide : au lieu d’avoir sept pages dans la version originale, l’ICR tient en deux pages et il est maintenant possible d’utiliser uniquement les items appartenant aux catégories souhaitées.

58L’ICR permet d’obtenir trois scores par sujet : le nombre total de ressources déclarées perdues, menacées et gagnées. Il est également possible d’obtenir, pour chacune des ressources proposées, la proportion de sujets se déclarant non concernés par cette ressource et la proportion de sujets ayant connu un changement dans la disponibilité de cette ressource.

59Ceci permet donc d’envisager cet inventaire comme une liste de ressources adaptable et modulable. Il est alors possible de l’utiliser dans son intégralité, de n’utiliser qu’une ou plusieurs catégories de ressources (matérielles, sociales, personnelles et énergétiques), de ne s’intéresser qu’à un ou plusieurs processus (pertes, menaces et gains) et, enfin, d’en adapter les items en supprimant ou en ajoutant certaines ressources, selon son contexte d’utilisation. Par exemple, le choix des types de ressources, de leurs items peut être considéré sous l’angle du lieu de contrôle (ressources internes ou externes à l’individu), mais aussi de leurs rapports plus ou moins étroits avec la survie des individus ou de leur bien-être (Diener, Fujita, 1995 ; Holmgreen, Tirone, Gerhart, Hobfoll, 2017). Ainsi, l’on peut s’intéresser essentiellement à des ressources clés internes, qu’elles soient personnelles ou énergétiques, comme la vitalité, la santé, l’estime de soi, l’optimisme, dans le cadre d’études sur la variation du bien-être subjectif ou bien il est possible de se centrer sur des ressources externes nécessaires à la survie, comme la nourriture, avoir un toit, des vêtements, ressources qu’Hobfoll qualifie de ressources primaires. Les ressources secondaires, comme le support social, l’appartenance à une communauté, l’accès à un emploi rémunérateur, protègent et stabilisent alors les liens avec ces ressources primaires. Enfin, des ressources tertiaires, relatives à l’accomplissement de soi, au statut social, à l’accès au crédit bancaire, culturellement plus marquées, renforcent la possibilité d’acquérir des ressources secondaires et primaires (Hobfoll, Lilly, 1993). Cette possible stratification en ressources internes / externes ou bien en ressources primaires, secondaires et tertiaires, est donc une des façons d’envisager un usage partiel des items de l’ICR.

60Il est aussi tout à fait possible d’envisager une liste partielle de ressources de l’ICR dans une perspective idiosyncrasique proche de celle d’Hobfoll et Lilly, c’est-à-dire à travers des entretiens individuels ou collectifs, pour ne retenir qu’une liste spécifiquement adaptée à la population visée, éventuellement complétée par de nouvelles ressources. Le pourcentage de ressources à supprimer et de nouvelles ressources à inclure, pourra constituer un indicateur de la validité de contenu de l’outil auprès de différents groupes francophones. Néanmoins, dans ce dernier cas, se posera toujours la question de leur catégorisation par des experts en psychologie.

61L’ICR dispose de bonnes qualités psychométriques pour sa sensibilité, sa validité de contenu et sa validité convergente, évaluée par ses liens avec l’anxiété et la dépression. Comme attendu, les scores totaux de pertes de ressources et de menaces de pertes sont positivement corrélés avec les scores d’anxiété et de dépression, tant dans l’étude 2 que dans l’étude 3. En revanche, le score total relatif aux gains est négativement corrélé aux scores d’anxiété et de dépression dans l’étude 3, alors qu’il ne l’était pas dans l’étude 2. Ces résultats vont dans le sens du premier principe de la théorie de conservation des ressources, à savoir que les pertes ont plus d’impact négatif, c’est-à-dire renforcent la détresse psychologique, que les gains n’ont d’impact positif, à savoir diminuent la détresse psychologique. L’évaluation de la fidélité test-retest de la version française reste, en revanche, à réaliser. Hobfoll et Lilly (1993) l’évaluent, selon les études, entre 0,55 et 0,67 pour la COR-E. Enfin, la structure factorielle n’a pas été analysée, du fait qu’il ne peut exister ici de variables latentes réflectives stables sous-jacentes à ces ressources.

62Pour autant, la modélisation par équations structurales des quatre variables latentes formatives (ressources matérielles, personnelles, sociales et énergétiques) est théoriquement envisageable. L’objectif serait alors d’apprécier, d’une part, la redondance de ces variables formatives au regard d’indicateurs réflectifs conceptuellement comparables et, d’autre part, d’évaluer le poids et la colinéarité de chaque item de ressource dans la détermination de leur variable latente respective (Bollen, 2011 ; Sarstedt, Ringle, Hair, 2017). Les indicateurs réflectifs restent, dans ce cas, à construire. Cela pourrait être des items uniques évaluant le sentiment général d’avoir connu des pertes et des gains, dans les quatre registres de ressources, au cours d’un certain laps de temps. Cette procédure peut aussi conduire à mieux choisir les items de ressources dans un contexte social spécifique. En effet, s’il apparaît, comme ici, que les ressources relatives aux enfants ne semblent pas pertinentes pour les étudiants, la contribution à leur variable latente formative sera probablement faible. La suppression de ces items, dans une étude ultérieure, est alors possible, si le taux de personnes ayant des enfants reste comparable. Néanmoins, ces analyses nécessitent la construction de modèles structuraux avec des échantillons plus importants que les nôtres.

63Enfin, la critique essentielle adressée à l’ICR (comme à la COR-E) serait que, seuls, les processus de fluctuation des ressources sont évalués, sans tenir compte ni de la quantité de ressources disponibles, ni de l’importance accordée à chacune de ces ressources. Afin de pallier ce problème, Dudek et ses collègues (Dudek, Koniarek, Szymczak, 2007 ; Dudek, Gruszczyńska, Koniarek, 2006) ont ajouté, dans l’adaptation polonaise de la COR-E, une première partie visant à évaluer l’importance des ressources. La version polonaise de l’outil (KSZ) comporte deux parties : la première vise à évaluer l’importance pour l’individu de chacune des 40 ressources proposées, la seconde permet d’évaluer l’intensité des pertes et des gains (mais pas des menaces). Les deux scores totaux de perte et de gain sont alors obtenus par la pondération de l’intensité par l’importance (importance x intensité). C’est une évolution envisageable de l’ICR, où l’importance de la ressource pour l’individu serait un modérateur de l’effet de la fluctuation des ressources.

64Ce travail reste, néanmoins, à vérifier sur d’autres populations. En effet, la principale limite des études 2 et 3 est d’avoir porté exclusivement sur un échantillon d’étudiants inscrits en première année de psychologie. Ce choix s’explique par notre souhait de traduire la COR-E, afin de l’utiliser, dans un premier temps, dans une étude portant sur la santé des étudiants, puis auprès de différents publics. Cette première étape visait ainsi à établir un outil utilisable, en vérifiant la compréhension des items et la faisabilité de la passation. Pour cela, une population d’étudiants de première année nous a semblé pertinente et plus accessible : il ne nous a pas paru judicieux de tester la première version de l’outil, impliquant de répondre 3 fois aux 74 ressources, auprès d’une autre population (salariés ou demandeurs d’emploi). Rappelons, ici, que le temps de passation de cette première version pouvait aller jusqu’à 45 minutes. Néanmoins, une autre étude, dont le traitement des données est en cours, a été réalisée en partenariat avec des conseillers d’orientation psychologues auprès d’étudiants de première année issus de différentes filières : les premiers résultats ne nous indiquent pas de différences majeures entre ces filières quant à la fluctuation des ressources, évaluée par le biais de l’ICR.

Conclusion

65L’ICR met à disposition des chercheurs francophones un outil d’évaluation de la fluctuation des ressources, directement en lien avec la théorie d’Hobfoll. Il présente l’avantage d’être adaptable au contexte et à la population de leur étude. Ces premiers résultats requièrent de nouvelles études sur la validité empirique prédictive de l’ICR, notamment dans le cadre de la prévention du stress et des troubles anxio-dépressifs.

66Cet inventaire pourrait parfaitement être utilisé pour suivre certaines populations à risque et, éventuellement, identifier les plus vulnérables et leur proposer un suivi, afin de prévenir des spirales de pertes. Cela pourrait être le cas pour des situations de fragilité, comme le chômage de longue durée, l’entrée à l’université (par exemple, dans le cadre des Bureaux d’aide psychologique universitaire), l’instabilité professionnelle ou encore des situations de vulnérabilité et de stress aigu, comme dans le cas des catastrophes naturelles, industrielles et économiques.

Remerciements

Les auteurs souhaitent remercier Mme Ewa Mulak-Maerten pour son aide dans la compréhension de la version polonaise de la COR-E.

Annexe 1

Inventaire de conservation des ressources (ICR) ; consigne adaptée aux étudiants

67Vous trouverez ci-dessous une liste de 74 ressources. Nous voudrions savoir dans quelle mesure la disponibilité de ces ressources a changé pour vous depuis la rentrée universitaire de cette année. Vous ne devez pas évaluer la disponibilité actuelle de chaque ressource proposée : il s’agit d’indiquer les changements éventuels que vous avez perçus.

68Pour chaque ressource proposée, merci de cocher :

  • non concerné : si la ressource proposée ne vous concerne pas (par exemple : si vous n’avez pas d’enfants, vous cochez « non concerné » pour la ressource 18 « santé de mes enfants »).
  • pas de changement : si vous n’avez remarqué aucun changement pour cette ressource depuis que vous êtes entré(e) à l’université.
  • perte réelle : si la disponibilité de cette ressource a diminué pour vous depuis la rentrée universitaire (par exemple : diminution des revenus, perte du statut social, …).
  • menace de perte : si vous avez le sentiment que cette ressource est menacée mais que sa perte n’est pas encore effective (par exemple : votre emploi peut être menacé mais vous l’avez toujours).
  • gain : si la disponibilité de cette ressource a augmenté pour vous depuis que vous êtes entré(e) à l’université (par exemple : plus de temps libre, amélioration des relations avec mon conjoint, augmentation du temps de sommeil …).

69Précision : depuis votre entrée à l’université, vous pouvez avoir connu plusieurs changements pour une même ressource. Par exemple, si vous avez perdu votre emploi et que vous en avez retrouvé un autre, vous devez cocher à la fois « perte » et « gain » pour la ressource « avoir un emploi ».

tableau im3
Non concerné Pas de changement Perte Menace Gain 1 Avoir un moyen de transport personnel (voiture, vélo …) 2 Sentiment de réussite 3 Temps de sommeil 4 Etre heureux en ménage / vie de couple satisfaisante 5 Disposer de vêtements en quantité suffisante 6 Sentiment d’avoir de la valeur pour autrui 7 Stabilité familiale 8 Avoir du temps libre 9 Disposer de plus de vêtements que ce dont j’ai besoin 10 Etre fier(e) de moi 11 Se sentir proche d’un ou plusieurs membres de ma famille 12 Avoir du temps pour travailler 13 Sentiment d’accomplir mes buts 14 Bonnes relations avec mes enfants 15 Temps passé avec des êtres aimés 16 Outils / instruments nécessaires à mon travail 17 Espoir 18 Santé de mes enfants 19 Résistance, endurance face à l’adversité 20 Posséder les appareils ménagers nécessaires au quotidien 21 Sentiment que mes succès futurs dépendent de moi 22 Avoir un quotidien stimulant 23 Santé personnelle 24 Avoir un logement qui convient à mes besoins 25 Tendance à l’optimisme 26 Statut professionnel / ancienneté professionnelle 27 Nourriture en quantité et qualité suffisantes 28 Avoir un logement plus grand que ce dont j’ai besoin 29 Avoir le sens de l’humour 30 Emploi stable 31 Intimité avec mon (ma) conjoint(e) ou partenaire 32 Disposer de meubles en quantité suffisante 33 Sentiment d’avoir le contrôle sur ma vie 34 Avoir un rôle de leader 35 Capacité à bien communiquer 36 Pourvoir aux besoins essentiels de mes enfants 37 Sentiment d’avoir une vie paisible 38 Etre reconnu pour ce que je fais (actions, réalisations) 39 Capacité à organiser mes activités 40 Pouvoir offrir des extras à mes enfants 41 Sens de l’engagement 42 Se sentir proche ou intime avec au moins un(e) ami(e) 43 Disposer d’argent pour des petits à-côtés, des extras 44 Autodiscipline 45 Etre compris par mes supérieurs ou employeurs
tableau im4
Non concerné Pas de changement Perte Menace Gain 46 Avoir des économies, de l’argent de côté pour les imprévus 47 Avoir la motivation suffisante pour mener à bien mes projets 48 Santé du conjoint(e) ou partenaire 49 Bénéficier du soutien de mes collègues de travail 50 Avoir des revenus suffisants 51 Sentiment de savoir qui je suis 52 Progrès dans mes études ou dans l’acquisition des compétences nécessaires à mon travail 53 Disposer de suffisamment d’argent 54 Sentiment d’être indépendant 55 Avoir des relations de camaraderie, d’amitié 56 Posséder des avantages financiers (propriétés, actions, …) 57 Sentiment de savoir où je vais dans ma vie 58 Affection de la part des autres 59 Stabilité financière 60 Sentiment que ma vie a un sens, un but 61 Avoir des sentiments positifs envers moi-même 62 Personnes dont je peux apprendre 63 Avoir de l’argent pour les moyens de transport 64 Aide dans mon activité professionnelle 65 Disposer d’assurance(s) médicale(s) adéquate(s) 66 Implication dans la vie de ma communauté religieuse 67 Sécurité financière pour ma retraite 68 Aide dans les tâches ménagères 69 Loyauté de mes ami(e)s 70 Argent pour des projets d’évolution personnelle (reprise d’études, création d’une entreprise, …) 71 Aide pour m’occuper de mes enfants 72 Implication dans des associations ou organisations avec des personnes ayant les mêmes centres d’intérêts 73 Disposer d’une aide financière si besoin 74 Santé de ma famille, de mes ami(e)s proches

70Classification des 74 ressources :

Catégorie de ressourcesItems
11 ressources matérielles1, 5, 9, 16, 20, 24, 27, 28, 32, 36, 40
28 ressources sociales4, 6, 7, 11, 14, 15, 18, 26, 30, 31, 34, 38, 42, 45, 48, 49, 52, 55, 58, 59, 62, 64, 66, 68, 69, 71, 72, 74
19 ressources personnelles2, 10, 13, 17, 21, 25, 29, 33, 35, 37, 39, 41, 44, 47, 51, 54, 57, 60, 61
16 ressources énergétiques3, 8, 12, 19, 22, 23, 43, 46, 50, 53, 56, 63, 65, 67, 70, 73

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Date de mise en ligne : 19/09/2018.

https://doi.org/10.3917/bupsy.557.0807

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