Couverture de BUPSY_531

Article de revue

Risque accidentel de mort chez l'adulte et résilience psychologique : étude comparative exploratoire clinique et projective

Pages 213 à 224

Notes

  • [*]
    GR 3P (Groupe de recherche en psychopathologie clinique et projective - Axe prévention), Laboratoire Interpsy EA4432- Université de Lorraine.
  • [**]
    Service de pharmacologie-toxicologie, CHU de Caen (14).
  • [***]
    Institut Régional de Médecine Physique et de Réadaptation de Nancy – laboratoire de Rédaptation et d’Appareillage IFRH–IFR25.
  • [****]
    Psychologue clinicienne neuropsychologue à l’Institut régional de médecine physique et de réadaptation de Nancy.
    Correspondance : Claude de Tychey, Laboratoire Interpsy – Université de Lorraine, Campus Lettres et sciences humaines, 23 bd Albert 1er, 54015 Nancy Cedex.
    <claude.de-tychey@univ-lorraine.fr>
  • [1]
    Article issu d’une communication au Congrès mondial sur la résilience, Paris (7-10 juin 2012). Recherche financée par la Maison des sciences de l’Homme Lorraine, Axe 5.
  • [2]
    Ces deux personnes ont signé un formulaire de consentement éclairé pour participer à cette recherche exploratoire.

Objectifs et problématique théorico-clinique

1Nous examinons dans cet article [1] la problématique de la résilience pour des adultes confrontés accidentellement à un risque de mort. Nous poursuivons plusieurs objectifs.

2Nous nous attachons d’abord à préciser le modèle psychanalytique de la résilience que nous défendons. Puis, nous présentons deux situations cliniques contrastées d’adultes exposés au même risque accidentel de mort, et manifestant après la survenue du traumatisme, respectivement, une résilience et une décompensation symptomatique associée à une souffrance majeure. Nous analysons, dans un dernier temps, de manière qualitative précise, en fonction des hypothèses théoriques posées en amont, à la fois les caractéristiques internes du fonctionnement intrapsychique de l’individu et les dimensions externes de l’environnement susceptibles de rendre compte de la construction d’une résilience dans un tel contexte et de son échec.

À propos du modèle psychanalytique de la résilience : rappels conceptuels

3Depuis cette dernière décennie plusieurs théoriciens de la résilience (Lecomte, 2004 ; Cyrulnik, 2006 ; Ionescu, 2011) soutiennent une extension de ce concept en l’appliquant aux micro-traumatismes et aux situations de souffrances plus ordinaires, que nous traversons dans notre dynamique existentielle ou que nous subissons dans la période actuelle de crise économique sociétale (que nous dénommerons stress multidimensionnels pour les différencier du concept de traumatisme). Nous ne partageons pas cette position et soutenons que le terme de résilience doit être réservé à une résistance à des traumatismes majeurs, générateurs d’effondrement chez un grand nombre de personnes qui les subissent.

4Définir ce qui constitue un véritable traumatisme, par opposition à une épreuve ou à un stress, n’est pas nécessairement une entreprise aisée. Évaluer précisément, dans le cadre d’un dispositif de recherche, les processus intrapsychiques mis en œuvre par l’individu pour réussir ou non à y faire face et à l’élaborer, nous est apparu tout aussi malaisé. Il existe des situations d’agonie psychique internes, dues à un afflux d’excitations pulsionnelles et d’affects intenses inélaborables. Leur objectivation, dans le cadre d’une recherche, reste très difficile, même si elle reste possible. Elles peuvent être appréhendées, selon nous, plus habituellement dans le cadre d’une cure psychanalytique. Dans un contexte de recherche, les cliniciens français, impliqués dans le champ de la santé et partisans des méthodologies qualitatives (Santiago-Delefosse, Rouan, Giami, Georgiou, 2001 ; Santiago-Delefosse, 2002) soutiennent, cependant, l’idée que des méthodologies de recherche qualitatives, inspirées, à la fois, de la psychanalyse (entrevues de modèles associatifs) et des principes de la théorie ancrée (Glaser, Strauss, 1967 ; Strauss, Corbin, 1990/1998), permettent, à partir de l’analyse fine d’entretiens cliniques et de ce qui se joue dans la relation transféro-contre transférentielle, d’atteindre les composantes profondes inconscientes et essentielles du fonctionnement intrapsychique, mises en œuvre dans de telles situations.

5Nous défendons, cependant, une option méthodologique différente. Nous pensons que pour pouvoir appréhender, d’une part, l’état de résilience ou de non résilience, d’autre part, les processus et facteurs mis en jeu pour faire face au traumatisme, il faut conjuguer une méthodologie plurielle, qui pourra paraître lourde à certains. Cette dernière doit nous permettre d’approcher simultanément, à la fois, la sphère comportementale consciente et ses avatars (par entretien et passation d’échelles-questionnaires symptomatiques), ainsi que les processus intrapsychiques défensifs et de symbolisation, mobilisés pour fonder la résilience, ce que permet l’interprétation psychanalytique d’une épreuve projective, comme le test de Rorschach (Chabert, 1983, 1987 ; Roman, 2009 ; Tychey, 2012).

6Mais la méthodologie de mesure de la résilience et de ce qui permet l’ajustement ne doit pas occulter, dans le cadre d’un dispositif de recherche, le choix de la nature du traumatisme privilégié pour sélectionner les sujets que nous étudierons et comparerons. Il existe de nombreuses sources de traumatismes, plus ou moins facilement objectivables. Nous avons fait le choix de faire référence à une situation plus facilement opérationnalisable. Nous avons estimé plus légitime d’opérationnaliser la nature du traumatisme par l’intensité de la violence externe et du risque réel de mort auquel il peut nous confronter (Lebigot, 2005), mettant nécessairement à l’épreuve l’intégrité, à la fois physique et psychique, du sujet qui y est exposé. Elle place, en effet, chaque sujet face à une subjectivation du risque de néantisation impossible au départ, qui fait, forcément, effraction dans la fonction de pare-excitation de son Moi. Il n’est pas paradoxal pour autant de parler de résilience possible, après le débordement initial de l’appareil psychique (synonyme du premier temps d’apparition du premier affect non élaborable : l’effroi). La temporalité qui suit peut permettre (ou non), au fonctionnement intrapsychique, de mobiliser des mécanismes de défenses et des capacités à faire face (coping) adaptées pour affronter l’intensité des affects de déplaisir, en diminuer la charge et générer des stratégies mentales et comportementales adaptatives. La confrontation à un risque accidentel réel de mort servira, donc, de premier critère de sélection de nos sujets.

Définition de l’état de résilience par rapport à la non résilience

7On peut définir la résilience comme la capacité à résister à l’effondrement dans une situation traumatique. La non résilience se traduirait par une désorganisation pouvant prendre différentes formes d’expression symptomatique. Pour la fonder, nous nous appuierons sur le modèle de la personnalité normale et pathologique conceptualisé dans une perspective psychanalytique structurale par Jean Bergeret, dès 1974, qui demeure encore, actuellement, une référence pour de nombreux cliniciens. Dans cette perspective, être résilient signifie être capable de résister au traumatisme en restant « normal », c’est-à-dire sans présenter une décompensation marquée par une invalidation symptomatique durable, quel que soit le choc initial créé par la survenue du traumatisme. Être résilient c’est donc, selon nous, être capable de résister à des événements potentiellement traumatiques sans s’effondrer et en poursuivant sa route sans inconfort interne et sans désadaptation externe, au moment où ces évènements se produisent. Ce n’est donc pas retrouver un équilibre après s’être effondré (avoir décompensé) dans le modèle psychanalytique de Bergeret, par la voie mentale (dépression, accès aigu d’angoisse, délire), comportementale (délinquance, hétero ou auto-agression) ou somatique (survenue d’une maladie grave ou durable). Pour ces sujets, le terme de résilience est inapproprié (car ils n’ont pas résisté au trauma) et, à notre avis, totalement inutile. Le terme de restauration (en américain, recovery), de Mancini et Bonanno (2006) serait, ici, beaucoup plus indiqué, pour rendre compte de leur trajectoire ou, en reprenant le modèle de Bergeret de (re)compensation-stabilisation de leur structure de personnalité initialement mise à mal par le traumatisme… Born et Boet (2001), dans la clinique du judiciaire, parlent, de manière pertinente, de « désistance », pour rendre compte de la trajectoire existentielle de sujets qui cessent d’être délinquants (disparition de leurs symptômes d’externalisation). Mais nous ne pouvons suivre Born, Glowacz et Buzitu (2012), lorsqu’ils utilisent, récemment, le terme de résilience secondaire pour rendre compte « du rebond personnellement et socialement positif de ces personnes ». Ici, à nouveau, le terme nous semble inapproprié, dans la mesure où ces sujets n’ont pas résisté au départ, et celui de restauration ou stabilisation de leur structure plus adéquat pour éviter les confusions sémantiques. Nous rejoignons volontiers, B. Cyrulnik (2012, p. 192), lorsqu’il aborde les limites linguistiques du concept de résilience en écrivant : « la première limite concerne notre manière de concevoir le traumatisme et son éventuelle résilience ».

8Un autre problème central est celui de l’impact temporel du traumatisme et de la durée de la perturbation – souffrance transitoire ou non, qu’il peut générer. Résister implique, pour Bonanno (2004), être capable de récupérer très rapidement (c’est-à-dire revenir à un fonctionnement psychique proche ou équivalent du fonctionnement psychique antérieur à la survenue de l’évènement potentiellement traumatique). Ionescu (2012) discute, de manière intéressante, cette position, en l’opposant à celle de Lepore et Revenson (2006) : « Ces derniers considèrent en effet que même si le retour au fonctionnement antérieur est lent, les personnes respectives peuvent être considérées comme résilientes en raison de la récupération ». Ionescu (2012) semble adhérer au point de vue de Lepore et Revenson (2006), qui dénoncent, dans la conception de Bonanno (2004), avec ce qui serait un mythe, l’absence de souffrance « La souffrance est inévitable après un traumatisme. Le fait de ne pas souffrir dans ces conditions est pathologique ». Nous ne partageons pas cette lecture de la position de Bonanno (2004), faite par Ionescu (2012) et Lepore-Revenson (2006). Résister ne signifie pas que l’individu ne souffre pas, mais que cette souffrance est suffisamment contenue par les mécanismes de défense pour que la charge des affects de déplaisir, qui lui sont liés, soit atténuable suffisamment pour ne pas entrainer de désorganisation immédiate durable, et puisse, dans un second temps, assez rapidement commencer à être mentalisée dans le cadre d’un processus d’élaboration, qui, lui, va prendre du temps, mais préserver l’individu en même temps d’un effondrement.

9Être résilient n’est pas, selon nous, résister à des situations, certes plus ou moins chargées de stress, mais, à notre avis, non équivalentes à un traumatisme. Ce serait donner une extension abusive, illégitime, au concept de traumatisme. Ainsi, parler de résilience lorsqu’on ne s’énerve pas en ayant perdu les clefs de sa voiture (Patterson, 1995) ou lorsqu’on surmonte les souffrances quotidiennes de la vie ordinaire (Lecomte, 2004) ne nous apparait nullement légitime, car ces évènements n’entrainent ni le même potentiel d’effraction dans l’enveloppe du Moi, ni la même charge d’affects de déplaisir, ni les mêmes conséquences sur le plan physiologique, cérébral et défensif, que, par exemple, la confrontation directe ou indirecte au réel du risque de mort (Lebigot, 2005), pour illustrer, selon nous, ce qui correspondrait vraiment à une situation traumatique à vivre facilement objectivable. Peut-être convient-il de rappeler que, pour la psychologie clinique psychanalytique, dont nous nous revendiquons, devient traumatique tout ce qui dépasse nos possibilités défensivo-adaptatives en faisant effraction dans le Moi. Les sources de violence subie majeures, renvoyant à la réalité externe, en sont un bon exemple, mais nullement le seul exemple, car il existe des sources de violences internes aussi importantes, liées à des conflits internes et à des excitations sexuelles inélaborables (n’oublions pas que Freud (1905) a conceptualisé le traumatisme initialement à partir de la fantasmatique sexuelle et de la clinique de l’hystérie).

10Être résilient, à nos yeux, n’est pas davantage maintenir une adaptation externe de surface, au prix d’un inconfort interne majeur. Serge Tisseron (2007) a dénoncé avec vigueur cette forme de « pseudo-résilience », liée notamment, selon lui, à un recours intensif au clivage. Même si certains (Bourguignon, 2000) prétendent qu’il y a toujours un prix à payer pour être résilient (ce qui peut, selon nous, se discuter, car, en théorie, ce qui est traumatique peut être complètement ou très largement élaboré). Nous pensons que le problème principal qu’a à gérer le sujet résilient est l’élaboration réussie ou non, ou pseudo réussie, de l’intensité des charges d’affects de déplaisir (angoisse dépression, affects agressifs). Leur non élaboration conduit à la décompensation symptomatique. Leur pseudo-élaboration est consécutive au recours rigide à certains mécanismes de défense, notamment ceux qui ont pour fonction, au départ, de nous protéger du trop-plein de charge d’affects, en la séparant des représentations auxquelles ils peuvent être associés, ce qui interdit leur élaboration. Nous pensons, en particulier, à trois d’entre eux : le clivage, l’isolation et l’inhibition, qui constituent le moteur de certaines pseudo adaptations en clinique, connues sous le nom de personnalité comme si (adaptation conformiste permanente sans authenticité relationnelle) et personnalité alexithymique ou opératoire (personnalité souvent socialement adaptée, mais dans l’incapacité d’éprouver des affects, dont ils se protègent et de décoder les affects exprimées par les autres).

11Il convient, aussi, de rester conscient qu’être résilient n’est pas être invulnérable, car il faut toujours situer cette résistance dans une temporalité incertaine, susceptible de provoquer, ultérieurement, des désorganisations en cas de rencontre avec de nouveaux évènements traumatiques, dont la charge peut réactiver celles des évènements passés non complètement élaborés. La résilience n’est donc certes pas absolue dans sa durée, en fonction du temps, ce qui a conduit plusieurs auteurs (dont nous ne faisons pas partie) à défendre le modèle d’une résilience partielle (touchant certains secteurs du développement et pas d’autres) qui, à nos yeux, présente l’inconvénient majeur de ne pas permettre d’établir une limite claire entre le normal (selon les termes de Bergeret, l’adaptation, à la fois, à sa réalité interne et à la réalité externe) et le pathologique (à partir de quel seuil symptomatique, d’intensité, de fréquence et de durée des symptômes devient-il illégitime de parler de résilience, car la frontière entre les deux devient, alors, très complexe à définir ?).

Hypothèses théoriques sur les fondements de la résilience

12Quels sont, maintenant, dans une perspective psychodynamique, les facteurs impliqués dans le processus résilient ? Ils ont été conceptualisés à plusieurs reprises (Lighezzolo, Tychey 2004 ; Tychey, Lighezzolo, 2006 ; Tychey, 2012 ; Tychey et coll., 2012). Ils sont reliés à des dimensions renvoyant, à la fois, à la réalité externe et au fonctionnement intrapsychique du sujet.

13– Au niveau de la réalité externe, nous faisons l’hypothèse (H1) que la qualité de l’étayage externe (Cyrulnik, 2001 ; Anaut, 2006, 2010 ; Delage, 2010), apportée par l’entourage, doit favoriser la résistance au traumatisme, alors que son absence doit générer la non résilience.

14– Au niveau de la réalité interne, nous avancerons la conjecture (H2) qu’un fonctionnement mental riche identifiée, d’abord, par la souplesse des mécanismes de défense et des capacités à faire face, dès lors adaptatives, qu’elle va mobiliser face au traumatisme. Un bref rappel théorique, relatif au concept de capacité à faire face, qui appartient plutôt au champ de la psychologie de la santé est, ici, nécessaire. Lazarus et Folkman (1984) définissent la capacité à faire face comme « l’ensemble des efforts cognitifs et comportementaux toujours changeants que déploie l’individu pour répondre à des demandes internes et/ou externes spécifiques ». Des recherches plus récentes mettent l’accent sur cette dimension changeante/évolutive de la capacité à faire face, Skinner, Edge, Altman et Sherwood (2003) nous expliquent que lorsque l’individu est confronté à un traumatisme, il devient un véritable compositeur de génie. Il compose sans cesse avec différents types de capacité à faire face, réduisant ou amplifiant les effets des traumatismes vécus, non seulement sur le fonctionnement à court terme, mais aussi sur le fonctionnement à plus long terme, comme un musicien travaillerait l’exécution et l’interprétation de sa composition musicale, en faisant évoluer l’intensité sonore ou le rythme de celle-ci. Mais il y a des mélodies plus appropriées que d’autres pour décrire une émotion ou une situation. De même, il existe des stratégies de capacité à faire face plus efficaces pour aider l’individu à aller de l’avant, pendant que d’autres seraient susceptibles d’entraver ce processus, même si un manque de consensus divise actuellement les chercheurs sur la hiérarchisation de ces stratégies. Historiquement, les tentatives de hiérarchisation des catégories de capacité à faire face ont conduit à les considérer comme une manifestation du fonctionnement du Moi ou de la personnalité. Ces hiérarchies comprennent, le plus souvent, un ordre implicite ou explicite, en fonction de leur maturité ou efficacité.

15Chabrol et Callahan (2004, p. 226) affirment qu’« en amont des mécanismes de coping (conscients), il y aurait des mécanismes de défense (inconscients), qui influencent les premiers ». Ils citent la capacité à faire face centrée sur l’évitement et l’émotion comme étant la moins efficace, la capacité à faire face centrée sur la tâche étant considéré, a contrario, comme la plus opérante et, donc, le plus favorable pour entamer un processus résilient. Le déni, comme le blâme sont posés comme inadaptés dans cette conception pour affronter la détresse psychique.

16Nous adhérons, ici, au modèle théorique des liens entre mécanismes de défenses et stratégies de capacités à faire face, suggéré par Chabrol et Callahan (2004), à savoir celui de l’interdépendance entre ces deux types de mécanismes avec, en amont, les mécanismes de défenses qui, selon qu’ils seront secondarisés ou souples ou, au contraire, peu secondarisés ou rigides, détermineront l’activation de stratégies comportementales en termes de capacités à faire face respectivement adaptées ou inadaptées.

17Le deuxième paramètre, associé à la qualité du fonctionnement mental, est la richesse de l’espace imaginaire, car elle permet d’échapper à une réalité trop intrusive (Bergeret, 1986).

18Le troisième facteur, encore plus essentiel, de la qualité de la mentalisation, est déterminé par la qualité des processus de symbolisation. Il existe un grand nombre de définitions de la mentalisation et du terme de symbolisation qui vient fonder une de ses dimensions les plus essentielles (Tychey, Diwo, Dollander, 2000). À notre connaissance, il y a un défaut de consensus entre les auteurs face à ce terme. Certains insistent sur le fait qu’il s’agit d’un processus, d’autres estiment qu’au final c’est un résultat (à l’image de la polémique relative à la définition de la résilience !). Nous adhérons, pour notre part, au modèle de Bergeret, pour qui la symbolisation est, à la fois (et sans doute d’abord), un processus (de transformation de l’excitation pulsionnelle ou sexuelle en représentation) et un résultat (elle marque l’achèvement possible ou non du travail d’élaboration, à travers la qualité de la représentation construite). Elle doit faciliter la structuration de la résilience et son absence doit précipiter une décompensation, marquée par une invalidation symptomatique isolée ou plurielle. Il nous faut apporter, au lecteur, des précisions sur la manière dont la qualité de la symbolisation, comme résultat (symbolisation réussie ou non), peut être vue et considérée comme réussie ou non dans une épreuve comme le test de Rorschach. L’ouvrage princeps, qui a démontré l’intérêt de coder la qualité de symbolisation des pulsions sexuelles et agressives, à travers les contenus projetés dans le test de Rorschach, est déjà ancien (Cassiers, 1968). Cet auteur a distingué, dans le test de Rorschach, des contenus neutres (réponses cotées A, mais n’entrant pas dans le calcul du niveau de symbolisation), ne comportant aucune dimension sexuelle ou agressive (exemple : la réponse banale chauvesouris à la planche 5). Ce type de réponse n’est pas codé sur le plan de la symbolisation. En revanche, tout contenu comportant une valence sexuelle (phallique masculine ou féminine maternelle) ou agressive fait l’objet d’une évaluation précise et reçoit une note B+, C+, avec une quantification de +2 points pour tout B+, en cas de symbolisation très élaborée, exprimée par une capacité d’élaborer le contenu latent de la planche et de la découpe perceptive privilégiée par le sujet, de + 1 point pour tout C+ témoignant, au niveau de la représentation, d’un niveau acceptable de symbolisation. Les contenus présentant une dimension crue révèlent, pour Cassiers (1968), un échec du travail d’élaboration mentale et une faillite importante (pour les réponses les plus crues cotées E et valant – 2 points sur le plan quantitatif) ou effective de la symbolisation (pour les réponses cotées D et valant – 1point). Pour établir la liste des contenus renvoyant à ces quatre niveaux de symbolisation, du plus catastrophique au plus élaboré, Cassiers a utilisé des critères précis, facilitant le travail d’évaluation de chacun de ces niveaux et, du coup, autorisant, au niveau de la recherche, une bonne fidélité intercoteur. Le rationnel théorique, sous-tendant chacune de ces codifications, nous a semblé particulièrement défendable. En effet, Cassiers utilise deux critères précis pour l’évaluation du niveau de symbolisation de chaque contenu à valence sexuelle ou agressive, projeté par les sujets au test de Rorschach. Une réponse est d’autant plus élaborée, au niveau symbolique, que la représentation construit une distance plus importante par rapport à l’excitation pulsionnelle qui l’a générée et (ou) qu’elle comporte une condensation de significations (pulsionnelles) supplémentaires, venant se surajouter à la dimension, par exemple sexuelle, initiale devant être élaborée. À titre illustratif, nous choisirons la séquence suivante, illustrant à la fois la capacité à entrer en résonance avec le contenu latent de la planche et la capacité réussie (ou non) du sujet à élaborer, de manière symbolique, la dimension sexuelle phallique, inhérente au détail supérieur de la planche à symbolique sexuelle la plus marquée, en l’occurrence la planche 6 du test de Rorschach. Au niveau le plus bas (catégorie E) Cassiers (1968) place, par exemple, la réponse « un sexe, un pénis », qui est une expression crue directe sans aucune élaboration de l’excitation pulsionnelle sexuelle initiale. La réponse « un organe », sans en préciser la nature, témoigne d’une distance un peu plus importante, mais qui demeure réduite par rapport à l’excitation pulsionnelle initiale (réponse cotée D dans la grille de Cassiers car elle reste très proche du corps), mais qui peut renvoyer, quand même, potentiellement, à des réalités anatomiques surajoutées, autres que la réalité sexuelle, du fait de l’indétermination du terme utilisé par le sujet. Une distance plus grande et une surdétermination plus importante de signification surajoutées serait condensée, pour la même découpe, par la réponse « un bâton », cotée C. Cette dernière ne concerne plus directement le corps et ne renvoie plus directement à la réalité sexuelle phallique, mais la reflète de manière transparente. Des significations symboliques supplémentaires se surajoutent dans cette réponse, notamment, une dimension agressive (car un bâton peut servir à frapper), ainsi qu’une dimension de dépendance (car un bâton peut servir d’appui pour se déplacer). Un niveau encore plus élevé d’élaboration symbolique (niveau B) s’exprimerait, par exemple, pour Cassiers (1968), à travers la réponse « un totem ». Cette dernière exprime une distance beaucoup plus considérable encore par rapport à l’excitation sexuelle et au corps. La représentation, construite ici, évoque, de manière très élaborée la puissance phallique, mais comporte, en plus, une dimension de religiosité et de sacralisation non présente dans les trois réponses évoquées précédemment. La même logique détermine la codification des réponses à valence sexuelle féminine ou maternelle, ainsi que celle des contenus à valence pulsionnelle agressive. Cassiers calcule, ensuite, un indice d’élaboration symbolique des pulsions (IES), qui oscille entre un idéal de symbolisation permanente réussi (correspondant à une moyenne sur un continuum, allant de + 2 (autrement dit de réponses, dans le Rorschach, qui seraient toutes cotées B, ce qui est, bien sûr, impossible à trouver dans la réalité, mais les sujets bien mentalisés peuvent se rapprocher de ce niveau) et une symbolisation complètement déficitaire de – 2 (protocoles Rorschach ne comportant que des contenus crus cotés E) ou encore inexistante (lorsque le protocole Rorschach ne comporte que des réponses factuelles, sans aucune valence pulsionnelle sexuelle ou agressive), comme on le retrouve, parfois, dans la clinique des fonctionnements opératoires sévères. Cassiers (1968) a réalisé un travail quantitatif de validation assez monumental de son IES, puisqu’il a comparé des groupes de sujets psychiatriques psychopathes à des sujets psychotiques et une population tout venant, composée majoritairement de sujets névrotiques. Les résultats sont édifiants et différencient nettement les trois groupes avec un indice IES moyen facile à calculer (somme pondérée des réponses B, C, D, E /somme totale non pondérée de ces mêmes réponses). Ce dernier met en évidence que la pathologie de l’agir (dominante dans le contexte psychopathique) est caractérisée par un IES moyen inférieur à la valeur de + 0,5 point. La finesse clinique discriminative de cette approche de la symbolisation a été démontrée, sur le plan empirique, ultérieurement, par d’autres auteurs. En effet, l’indice d’élaboration symbolique des contenus (IES) projetés au test de Rorschach et codés selon la méthode de Cassiers (1968), permet de différencier des enfants agressifs en difficulté scolaire de leur homologues de même âge ne présentant pas ces particularités (Burnel et coll., 1991). Le même indice permet de différencier les adolescents suicidaires de leurs homologues de même âge tout venant (Diwo, 1997) ou encore des adultes dépressifs chroniques, passant à l’acte sur le plan suicidaire, de sujets ayant le même statut clinique, mais sans passage à l’acte (Tychey, Cahen, Sagnes, 1990, 1991).

Méthodologie utilisée pour mettre à l’épreuve ces hypothèses

Choix de la méthode des cas uniques contrastés

19Widlöcher recommande, dans deux textes de référence (1990, 1999), le recours à la méthode des cas uniques, chaque fois que le chercheur doit explorer un champ nouveau de la manière la plus exhaustive possible, à l’aide d’hypothèses plurielles. Nous nous trouvons précisément dans ce cas de figure, sachant que le choix de deux cas cliniques très contrastés devrait nous permettre de mettre davantage à l’épreuve les déterminants du processus résilient et de son échec.

Choix des outils

20Nous avons fait le choix d’utiliser des instruments de mesure de nature très différente, renvoyant, à la fois, au registre conscient du comportement observable et au registre des processus impliqués dans le fonctionnement intrapsychique qui les sous-tendent. Cette multiplication d’outils était indispensable (nous le précisions dans la version révisée), car nous avions une double contrainte. D’une part, recourir à des outils (principalement les échelles et les questionnaires), pour s’assurer du niveau de résilience du sujet, ce qui implique de pouvoir évaluer, de manière précise, l’absence de perturbation symptomatique mentale, comportementale ou somatique. D’autre part, il nous fallait pouvoir évaluer précisément, avec une autre méthodologie (test de Rorschach principalement et Brief Cope secondairement) les processus intrapsychiques impliqués dans la structuration et venant fonder un état de résilience ou de non résilience.

Mesure du niveau de résilience

21Au vu de notre conceptualisation théorique de la résilience, cette mesure se révèle particulièrement complexe. Elle nécessite un nombre d’outils pluriels et une méthodologie, qui pourra paraître lourde au lecteur. Outre la mesure du niveau de résilience par une échelle, il nous importe de nous assurer que le sujet ne présente aucune perturbation mentale, comportementale ou somatique. Ce qui impliquera de mesurer précisément, à partir d’autres échelles, son niveau d’anxiété, de dépression, de stress post traumatique et d’un éventuel deuil compliqué. Parallèlement, le sujet non résilient, outre son score à l’échelle de résilience, devrait présenter une ou plusieurs perturbations dans les sphères que nous venons de mentionner. Pour aborder toutes ces dimensions, outre l’entretien clinique, il était indispensable de recourir à plusieurs instruments de mesure :

  • l’évaluation du niveau global de résilience a été réalisée à l’aide de l’échelle de résilience pour adultes de Wagnild et Young (1993), dans la traduction française, réalisée par Ionescu (2011) ;
  • la présence ou l’absence d’invalidation symptomatique a été évaluée par : 1o l’échelle d’anxiétéétat et trait de Spielberger, dans la validation française de Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1993) ; 2o l’inventaire de dépression de dépression BDI II de Beck (1996) ; 3o l’inventaire de deuil compliqué de Prigerson, dans la validation française de Gana et coll. (2004) ; 4o l’échelle de mesure des séquelles de stress post traumatique Traumaq de Damiani et Pereira-Fradin (2006).

Mesure des facteurs et processus impliqués dans la construction réussie ou non de la résilience, permettant d’opérationnaliser nos deux hypothèses théoriques

22H1 : le facteur externe essentiel de structuration de la résilience, à savoir la qualité de l’étayage fourni par l’environnement sera appréciée par l’entretien clinique et les scores obtenus au questionnaire FAD, mesurant le fonctionnement familial, dans la version française validée par Hendrick (2003).

23H2 : le fonctionnement mental interne, qui constitue un processus essentiel dans la construction de la résilience, a été évalué dans ses dimensions plurielles :

  • la souplesse ou rigidité des mécanismes de défense, ainsi que leur caractère, secondarisé ou non, est évaluée par le test de Rorschach, selon la perspective psychanalytique de repérage des défenses, défendue par l’École de Paris ;
  • son corollaire, le caractère adaptatif ou non des capacités de faire face utilisées est apprécié par le caractère adaptatif ou non des capacités de faire face mobilisées grâce au questionnaire Brief Cope, dans sa validation française de Muller et Spitz (2003) ;
  • la richesse ou la pauvreté de l’espace imaginaire, déployé pour lutter contre la réalité intrusive, a été apprécié par le nombre de réponses kinesthésiques projetées au test de Rorschach ;
  • la qualité de la symbolisation a été évaluée grâce au test de Rorschach, en utilisant la grille d’analyse des contenus, mise au point par Cassiers (1968) et utilisée, par ailleurs, par l’École de Paris.

Présentation clinique brève des deux sujets [2]

Présentation du sujet résilient

24Thomas, 47 ans, vit en concubinage avec sa compagne et les deux enfants issus du couple. Sportif professionnel, il est victime d’un accident de scooter, ayant été percuté par une voiture avec tiers responsable. Les conséquences de l’accident ont été une fracture du quart inférieur de la jambe gauche, quatre fractures du coccyx et du plateau vertébral supérieur de L1, une nécrose cutanée. Au moment de l’accident, il présentait une perte de substance osseuse tibiale de cinq centimètres. Du fait de ses blessures, il a été alité un mois durant. Suite à cet accident, il ne peut exercer de la même manière son activité professionnelle. Thomas est diplômé d’un brevet d’études professionnelles dans son domaine et ne présente aucune perturbation psychologique cliniquement observable après son accident.

Présentation brève du sujet non résilient

25Rosa est une femme de 54 ans. Elle est veuve depuis le suicide de son époux, il y a une quinzaine d’années. Rosa est mère de sept enfants, dont le plus jeune s’est suicidé un an plus tôt. Elle est victime d’un accident de voiture, alors qu’elle était accompagnée de sa plus jeune fille. Les séquelles sont nombreuses : six fractures au niveau du bassin et des chevilles, présence d’une symptomatologie post-traumatique importante, sans perte de connaissance ni lésions cérébrales. Rosa n’a pas fait d’études supérieures. Avant son accident, elle travaillait dans une petite entreprise de fruits biologiques.

Analyse des données cliniques au regard des hypothèses posées

26L’analyse des données psychologiques recueillies confirme, d’abord, le tableau clinique immédiatement observable quant à la résilience pour Thomas, et la non résilience pour Rosa.

Analyse comparative des données cliniques de Thomas et Rosa

Mesures du niveau de résilience

27– Thomas obtient, à l’échelle de résilience de Wagnild et Young, un score de 149, correspondant à un niveau de résilience élevé, alors que le score de Rosa (131 points) est beaucoup plus faible.

28– Thomas ne présente aucune perturbation post traumatique, au vu de l’ensemble de ses scores à l’échelle Traumaq, alors qu’un constat rigoureusement inverse peut être dressé pour Rosa : note de 4/5 à l’échelle A, intensité forte des réactions physiques et psychiques lors de l’accident ; note de 4/5 à l’échelle C, dénotant l’intensité des troubles du sommeil ; note de 4/5 à l’échelle D, liée à l’intensité de l’anxiété et du sentiment d’insécurité ; note de 5/5 à l’échelle H, traduisant l’intensité de la dépression (renforcée par le score de 26, obtenu par Rosa, à l’échelle de dépression du BDI-II où Thomas obtient 5 points, ce qui est synonyme d’absence d’affects dépressifs) ; note de 4/5, à l’échelle J, exprimant l’intensité de la dégradation de la qualité de vie pour Rosa.

29– Thomas ne présente aucune perturbation dans ses scores à l’échelle d’anxiété Trait/État de Spielberger (notes T très faibles de 35 aux deux sous-échelles), contrairement à Rosa, qui a une note T de 48 pour l’anxiété État, qui est moyenne et une note T de 57 pour l’anxiété Trait élevée. La même remarque peut être faite pour les scores à l’échelle de deuil compliqué de Prigerson, où le score obtenu par Rosa est très élevé (119 points), ce qui signifie un deuil compliqué grave, qui ne saurait nous surprendre, étant donnée la double perte, très traumatique (suicide), passée et récente qu’elle a subie.

Évaluation des facteurs et processus impliqués dans la structuration de la résilience au regard de nos hypothèses

30H1. La qualité de l’étayage externe reçu différencie bien Thomas de Rosa et confirme les données cliniques déjà fournies sur ce plan lors de l’entretien clinique réalisé avec eux. En effet, les scores obtenus au FAD par Thomas sont normatifs pour la plupart des dimensions de ce questionnaire. Il faut même signaler un score élevé, supérieur à la moyenne, pour la dimension d’expression affective dans la famille, alors que le score obtenu par Rosa, à cette échelle, est très inférieur à la norme, ce qui traduit la difficulté à exprimer ses sentiments à ses proches.

31H2. Même si des marques traumatiques comparables de la confrontation à un traumatisme majeur sont visibles chez les deux (point déjà mis en évidence dans des publications antérieures explorant l’interface test de Rorschach/risque de syndrome post traumatique ; voir Sloan, Arsenault, Hilsenroth, 2002 ; Arnon, Maoz, Gazit, Klein, 2011) et ont un impact sur le fonctionnement défensif, notamment à travers l’inhibition massive des processus de pensée lors de la passation du test de Rorschach (voir leur faible nombre total identique de réponses à ce test : 12), la nature des réponses fournies par les deux est très différente. La souplesse et le caractère plus secondarisé des défenses de Thomas sont attestés, chez lui, par l’absence de refus aux planches du Rorschach. On voit, en effet, immédiatement, que l’impact du traumatisme est beaucoup plus fort, puisqu’il crée une fracture, une discontinuité des processus de pensée, lourde de conséquences, allant jusqu’à engendrer une altération se traduisant par une discontinuité du fonctionnement même de la pensée chez Rosa, qui, contrairement à Thomas, pour trois planches du test (P6, P7, P9) fournit trois refus, c’est-à-dire se retrouve dans l’impossibilité de donner la moindre interprétation à ces taches. La rigidité du fonctionnement défensif de Rosa est également apparente par l’impossibilité de déploiement d’un espace imaginaire kinesthésique. La souplesse défensive plus grande se traduit, aussi, par la beaucoup plus grande sensibilité de Thomas aux différentes caractéristiques du matériel de test qu’on lui présente, alors qu’une majorité des réponses de Rosa est déterminée par les seules caractéristiques formelles de la tache d’encre.

32De manière parallèle, les scores des deux sujets à l’échelle de capacité à faire face sont bien différenciateurs. Les notes de Thomas en matière de capacité à faire face centrée sur le soutien émotionnel (7/8) et instrumental (8/8) sont en effet élevées (ce qui va faciliter, chez lui, la possibilité de recevoir un étayage externe pour amorcer le processus résilient), contrairement à Rosa, qui, aux mêmes échelles, a des scores respectivement très faibles (2/8) ou moyens (4/8). Il faut, en outre, relever qu’au même questionnaire Brief Cope, Rosa, contrairement à Thomas, multiplie les stratégies de capacité à faire face inadaptées. Elle présente un score élevé de capacité à faire face centrée sur le blâme, témoin de l’importance de la culpabilité non élaborée (7/8 contre 4/8 score moyen pour Thomas) et un score faible de capacité à faire face centrée sur l’acceptation (2/8), alors que, chez Thomas, il s’inscrit dans la moyenne supérieure (6/8).

33La qualité de l’espace imaginaire, mis en place pour lutter contre une réalité traumatique intrusive, différencie bien également les deux sujets. Elle s’exprime, au test de Rorschach, principalement par la capacité du sujet à mettre en mouvement des humains, des animaux ou des objets fabriqués par l’homme ou appartenant à la nature. Malgré le petit nombre de réponses fournies, cette qualité est présente chez Thomas. Elle est attestée par le fait que le quart de ses réponses (3/12) met en scène des animaux ou des humains en mouvement et que le mouvement est projeté, dans un second temps, lors de la phase d’enquête relative aux localisations des réponses, pour deux autres réponses supplémentaires. La dimension du lien et de l’interaction positive avec l’autre est préservée, comme l’atteste la réponse fournie à la planche 3 : « deux femmes… Elles se tiennent par les deux mains… ». Le test de Rorschach de Rosa est, au contraire, marqué par une désertification totale de l’espace imaginaire, puisqu’il ne comporte aucune réponse déterminée par le mouvement, ce qui manifeste soit une pauvreté structurée au départ de cet espace imaginaire, soit une impossibilité d’accès à cet espace imaginaire interne, en raison de l’impact du traumatisme et de la souffrance inélaborable, associée aux affects qui seraient réactivés si elle s’autorisait à plonger dans son monde interne.

34La qualité de la symbolisation est également bien meilleure chez Thomas, lorsqu’on fait une analyse, à la fois qualitative et quantitative, des capacités d’élaboration symbolique, à travers les contenus projetés au test de Rorschach, à partir de la grille de Cassiers (1968).

35Sur un plan qualitatif, Rosa est en échec total (deux refus) pour symboliser le maternel aux planches 7 et 9. Elle parvient, certes, à symboliser le féminin aux planches 8 et 10, à travers la réponse « fleur ». Mais elle demeure en échec total pour symboliser le masculin et la puissance phallique à la planche du test qui l’évoque (planche 4), où elle voit « une bestiole avec une drôle de forme indéterminée » (réponse factuelle ne traduisant aucune élaboration du contenu latent de puissance phallique propre à cette planche). Cette incapacité est, selon nous, à mettre en relation avec la double perte non symbolisée, due au décès par suicide de son mari, puis de son plus jeune fils. Thomas, au contraire, est, à la fois, capable de symboliser le féminin (réponse « femmes » à la planche 3 et « bouquet de fleurs » à la planche 10). La symbolisation de la puissance phallique est d’une tout autre qualité chez lui à la même planche 4, où il voit « un animal imaginaire… il a des énormes chaussures, des bottes de sept lieux et il y a une queue ici comme un loup… ». En appliquant strictement la codification de Cassiers (1968) dans sa grille, cette réponse témoigne d’une symbolisation multiforme remarquable puisqu’elle condense plusieurs significations associant élaboration du contenu latent de puissance phallique de la planche « animal imaginaire… il a des énormes chaussures », (réponse cotée B dans la grille), redoublement de l’élaboration du phallique : « il a une queue » (réponse cotée B également dans la grille), intégration simultanée d’un contenant : bottes (réponse cotée B dans la grille) et de la puissance phallique : bottes « de sept lieux » (réponse cotée B dans la grille) pour, au final, parvenir à une très bonne symbolisation de la pulsionnalité agressive, à travers la réponse « comme un loup » (cotée également B dans la grille de Cassiers). Il y a, d’un autre côté, à plusieurs reprises, chez Thomas, d’autres symbolisations de qualité de la pulsionnalité agressive (réponses cotées B dans la grille), comme, par exemple, à la planche 3, « deux personnages en face à face » ou, à la planche 8, « on pourrait voir deux animaux en face à face ». Au contraire, la symbolisation de la pulsionnalité agressive est pratiquement inélaborable chez Rosa et, lorsqu’elle s’exprime, c’est sur un mode cru, complètement déficitaire : planche 3 « le rouge du sang » (réponse cotée E dans la grille).

36L’analyse du niveau de symbolisation global, à partir d’une codification de l’ensemble des contenus projetés par Rosa et Thomas au Rorschach, confirme largement les constats qualitatifs que nous venons d’opérer. En effet, l’indice global d’élaboration symbolique des contenus (IES), à partir de l’échelle de Cassiers, allant de ?2 à ?2, est très élevé chez Thomas (+1,46) et très faible chez Rosa (+0,40).

Discussion – conclusion

37Les variables que nous avons privilégiées dans ce travail exploratoire, pour rendre compte des déterminants impliqués dans la résilience psychologique, à savoir qualité de l’étayage externe et qualité de la mentalisation, appréciées par des indicateurs multifactoriels, apparaissent pertinentes. La multiplicité d’outils de nature différente, permettant d’approcher, principalement, la sphère comportementale consciente et ses avatars, nous est apparue indispensable pour pouvoir évaluer précisément la présence ou non d’une résilience affective, en fonction des critères de résilience définis dans notre conceptualisation théorique. Le choix d’analyser, de manière approfondie, un outil projectif comme le test de Rorschach, analysé dans la perspective psychanalytique de l’École de Paris, a été tout aussi indispensable pour cerner les processus intrapsychiques fondamentaux, selon nous, venant étayer la possibilité d’une résilience. Nous restons, cependant, conscients des limites d’une analyse qualitative, qui ont été judicieusement posées par d’autres, notamment Santiago-Delefosse (2002, p. 22), quand elle déclare « les études qualitatives prétendent à une validité mais à condition de bien préciser que cette validité se fait au cas par cas et en lien avec la vérité d’un sujet et/ou d’une situation ». Pour pouvoir généraliser les constats que nous avons opérés ici, il importerait, au niveau de notre recherche future, de les vérifier sur un échantillon plus important, en comparant, après la survenue du traumatisme, un groupe de sujets résilients à un groupe de sujets non résilients.

38Il serait également utile d’étudier (Bustany, 2012) les interrelations entre l’impact du traumatisme à niveau intrapsychique, comme nous l’avons fait ici, et son retentissement au niveau neurobiologique (par des dosages du cortisol et de ses métabolites) et au niveau cérébral (caractéristiques de l’activité de l’hippocampe et de l’amygdale), afin de mieux saisir les interfaces et interdépendances entre le registre neurobiologique somatique et le registre psychologique et ainsi, peut-être, contribuer à réduire une autre limite de l’analyse qualitative subjective, soulignée par Santiago-Delefosse (2002, p. 27) : « ne pas pouvoir expliquer d’une manière scientifique le passage du psychologique au biologique pour expliquer la naissance de la maladie telle que définie par le médical ».

39Nous souhaitons, également, insister, sur le plan de la recherche future, sur la nécessité d’effectuer simultanément, à la fois, une étude transversale (évaluation du niveau de résilience à un moment donné T, identique en temporalité, après la survenue du traumatisme), une étude prospective longitudinale, destinée à estimer l’évolution de la résilience en fonction des dispositifs de prise en charge des patients, ainsi qu’une démarche rétrospective, visant à examiner l’histoire de vie du sujet. En effet, l’analyse qualitative comparative, que nous avons opérée, met clairement en évidence que l’échec de résilience de Rosa ne saurait nullement être relié au seul traumatisme accidentel qu’elle a subi. Ce dernier en a certainement réactivé d’autres, sans doute plus importants et non élaborés, comme le montrent ses résultats à l’échelle de deuil compliqué. Le double décès par suicide, très ancien, de son mari et celui plus récent de son plus jeune fils, a, selon nous, eu un impact traumatique antérieur qui l’a probablement fragilisée, à la fois, sur un plan neurobiologique, neurocérébral et psychologique (générant, notamment, une sidération du fonctionnement psychique) et on peut faire l’hypothèse que cet impact est réactivé ou amplifié par le nouveau traumatisme physique subi récemment. Sur un plan théorico-clinique, il serait assurément pertinent d’engager une discussion sur les différences produites par des traumatismes cumulatifs (Rosa), comparées à celles générées par des « petits tracas quotidien » et celle liée à un traumatisme unique (Thomas), qui ne s’inscrit donc pas dans une histoire de vécu d’événements traumatiques. Selon nous, les petits soucis quotidiens ne sont pas traumatiques, car ils ne suffisent pas, à eux seuls, à provoquer une effraction dans notre barrière de pare-excitation. Les travaux réalisés par Côté (1996) montrent qu’un traumatisme subi par une action intentionnelle malveillante a un effet désorganisateur plus important qu’un traumatisme subi accidentellement. Le premier ébranle, selon cet auteur, davantage l’individu qui la subit que le second. Il fissurerait plus profondément notre confiance en l’humain et nous obligerait, bien souvent, à un travail plus difficile de reconstruction de nos identifications et de notre Idéal du Moi. Les traumatismes cumulés, notamment lorsqu’il s’agit, comme chez Rosa, d’expériences de pertes, auront nécessairement, pour les spécialistes francophones de la clinique du deuil et de ses complications (Hanus, 1994 ; Bacqué, 2003), un effet déstructurant plus important qu’un traumatisme unique. Pour ces auteurs, il est, en effet, très malaisé de s’engager dans un nouveau travail de deuil lorsque le ou les précédents n’ont pas été élaborés, ce qui est manifestement le cas chez Rosa, ce qui va réduire d’autant plus les possibilités d’élaboration de son fonctionnement intrapsychique.

40Notre travail comparatif montre, aussi, qu’on on ne peut jamais dire que deux sujets ont le même type de traumatisme, même si la nature et la gravité du traumatisme semblent proches, car la capacité de résilience est également tributaire du nombre et du type de traumatismes antérieurs survenus dans leur vie, qui exercent un effet cumulatif se rajoutant à l’effet du traumatisme vécu dans l’ici et maintenant, ainsi que de la subjectivation que le sujet va pouvoir en faire. Ce qui rend la recherche dans le champ de la résilience plus malaisée et suggère l’intérêt, à côté des études de cohortes, qui présenteront toujours des hétérogénéités importantes intra-groupe, d’engager des études cliniques plus qualitatives de cas, seules à même d’appréhender et d’évaluer finement ces différences individuelles.

41Au final, cette étude a non seulement des implications théorico cliniques, par rapport aux recherches futures, en suggérant la pertinence des variables psychologiques privilégiées ici pour les mettre à l’épreuve sur une cohorte plus importante, mais elle montre, également, tout l’intérêt d’une évaluation psychologique multidimensionnelle approfondie sur le plan de l’amélioration de la prise en charge. Dans le cas de Rosa, cette dernière devrait s’efforcer, à la fois, de panser les blessures physiques et psychologiques post-traumatiques, liées à l’accident qui lui est survenu, mais ne pas rester centrée sur ce seul traumatisme. L’objectif prioritaire pourrait être de l’accompagner au mieux dans le difficile travail de deuil passé et récent, associé aux deux suicides de proches, dont elle est actuellement dans l’impossibilité de symboliser la perte, parallèlement au rétablissement d’étayages externes, qui lui font actuellement défaut.

Bibliographie

Références

  • Anaut (Marie).– Résiliences familiales ou familles résilientes ?, Reliance, 1, 2006, p. 14-17.
  • Anaut (Marie).– Les processus de résilience familiale : pistes de réflexions et axes de travail avec les familles, dans Delage (M.), Famille et résilience, Paris, Odile Jacob, 2010, p. 17-30.
  • Arnon (Zahi), Maoz (Gady), Gazit (Tali), Klein (Ehud).– Rorschach indicators of PTSD : A retrospective study, Rorschachiana, Journal of the International society for the Rorschach, 32, 2011, p. 5-26.
  • Bacqué (Marie-Frédérique).– Deuil et santé, Paris, Odile Jacob, 2003.
  • Beck (Aaron).– Manuel du BDI-II, Paris, ECPA, 1996.
  • Bergeret (Jean).– La personnalité normale et pathologique, Paris, Dunod, 1974.
  • Bergeret (Jean).– Abrégé de psychologie pathologique, Paris, Masson, 1986.
  • Bonanno (George).– Loss, trauma and human resilience : Have we underestimated the human capacity to thrive after extremely aversive events, American psychologist, 59, 1, 2004, p. 20-28.
  • Born (Michel), Boët (Sylvie).– Délinquance, désistance et résilience à l’adolescence, dans Manciaux (M.), La résilience, résister et se construire, Genève, Médecine et hygiène, 2001, p. 113-116.
  • Born (Michel), Glowacz (Fabienne), Buzitu (Rachel).– Résilience, désistance et résilience secondaire, du moins au plus : questions à partir de deux cas d’abus sexuel, Communication au 1er Congrès mondial sur la résilience, Paris, juin 2012.
  • Bourguignon (Odile).– Facteurs psychologiques contribuant à la capacité d’affronter les traumatismes chez l’enfant, Devenir, 12, 2, 2000, p. 77-92.
  • Bruchon-Schweitzer (Marilou), Paulhan (Isabelle).– Le manuel du STAI-Y de CD Spielberger, adaptation française, Paris, ECPA, 1993.
  • Burnel (Francis), Helleringer (Marianne), Heydel (Agnes), Kahn (Muriel), Tychey (Claude de).– Capacités d’élaboration symbolique et agressivité manifeste : approche comparée par le test de Rorschach chez des enfants de 8 à 12 ans, Revue de neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 39, 2, 1991, p. 99-104.
  • Bustany (Pierre).– Neurobiologie de la résilience, dans Cyrulnik (B.), Jorland (G.), Résilience, connaissances de base, Paris, Odile Jacob, 2012, p. 45-64.
  • Cassiers (Léon).– Le psychopathe délinquant, Bruxelles, Dessart, 1968.
  • Chabert (Catherine).– Le test de Rorschach en clinique adulte : interprétation psychanalytique, Paris, Dunod, 1983.
  • Chabert (Catherine).– La psychopathologie à travers le test de Rorschach, Paris, Dunod, 1987.
  • Chabrol (Henri), Callahan (Stacey).– Mécanismes de défense et coping, Paris, Dunod, 2004.
  • Côté (Louis).– Les facteurs de vulnérabilité et les enjeux psychodynamiques dans les réactions post traumatiques, Santé mentale au Québec, 21, 1, 1996, p. 209-228.
  • Cyrulnik (Boris).– Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob, 2001.
  • Cyrulnik (Boris).– Parler d’amour au bord du gouffre, Paris, Odile Jacob, 2006.
  • Cyrulnik (Boris).– Limites de la résilience, dans Cyrulnik (B.), Jorland (G.), Résilience, connaissances de base, Paris, Odile Jacob, 2012, p. 191-204.
  • Damiani (Carole), Pereira-Fradin (Maria).– Manuel d’utilisation du Traumaq, Paris, ECPA, 2006.
  • Delage (Michel).– Famille et résilience, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • Diwo (Rosine).– Événement de vie, mentalisation, somatisation et tentatives de suicides : approche comparée de l’adolescence, thèse de doctorat en psychologie, Université de Nancy 2, décembre 1997.
  • Freud (Sigmund).– Trois essais sur la théorie de la sexualité, Paris, Presses universitaires de France, 1905.
  • Gana (Kamel), Lesquoy (Anne), Pariset (Claire), Tychey (Claude de), Bacqué (Marie Frédérique).– L’échelle de Prigerson : un dispositif d’évaluation préventive des complications du deuil, dans Tychey (C. de), La prévention des dépressions, Paris, L’harmattan, 2004, p. 290-309.
  • Glaser (Barney), Strauss (Anselm).– The discovery of Grounded Theory, Chicago, Aldine, 1967.
  • Hanus (Michel).– Les deuils dans la vie, Paris, Maloine, 1994.
  • Hendrick (Stephan).– Étude du fonctionnement familial, de la qualité de vie et de la détresse symptomatique sur une population non clinique belge francophone, Rapport de recherche (non publié), Université de Mons-Hainaut, Service de psychologie clinique (Belgique), 2003.
  • Ionescu (Serban).– Traité de résilience assistée, Paris, Presses universitaires de France, 2011.
  • Ionescu (Serban).– Origine et évolution du concept de résilience, dans Cyrulnik (B.), Jorland (G.), Résilience, connaissances de base, Paris, Odile Jacob, 2012, p. 19-32.
  • Lazarus (Richard), Folkman (Suzan).– Stress, appraisal, and coping, New York, Springer, 1984.
  • Lebigot (François).– Traiter les traumatismes psychiques, Paris, Dunod, 2005.
  • Lecomte (Jacques).– Guérir de son enfance, Paris, Odile Jacob, 2004.
  • Lepore (Stephen), Revenson (Tony).– Resilience and post traumatic growth : Recovery, resistance and reconfiguration, dans Calhoun (L. G.), Tedeschi (R. G.), Handbook of post traumatic growth. Research and practice, Mahwah, Lawrence Erlbaum, 2006, p. 26-46.
  • Lighezzolo (Joëlle), Tychey (Claude de).– La résilience : se (re)construire après le traumatisme, Paris, In press, 2004.
  • Mancini (Antony), Bonanno (Georges).– Resilience in the face of potential trauma : Clinical practice and illustrations, Journal of clinical psychology, 62, 8, 2006, p. 971-985.
  • Muller (Laurent), Spitz (Elisabeth).– Évaluation multidimensionnelle du coping : validation du Brief Cope sur une population française, L’encéphale, 29, 6, 2003, p. 507-518.
  • Patterson (Jerry).– Promoting resilience in family experiencing stress, Pediatric clinics of North America, 42, 1, 1995, p. 47-63.
  • Roman (Pascal).– Le Rorschach en clinique de l’enfant et de l’adolescent, Paris, Dunod, 2009.
  • Santiago-Delefosse (Marie).– Psychologie de la santé : perspectives qualitatives et cliniques, Sprimont, Mardaga, 2002.
  • Santiago-Delefosse (Marie), Rouan (Georges), Giami (Alain), Georgiou (Alain).– Les méthodes qualitatives en psychologie, Paris, Dunod, 2001.
  • Skinner (Ellen), Edge (Kathleen), Altman (Jeffrey), Sherwood (Hayley).– Searching for the structure of coping : A review and critique of category systems for classifying ways of coping, Psychological bulletin, 129, 2, 2003, p. 216-269.
  • Sloan (Peter), Arsenault (Lary), Hilsenroth (Marc).– Use of the Rorschach in the assessment of war related stress in military personnel, Rorschachiana. Yearbook of international society, 25, 2002, p. 86-122.
  • Strauss (Anselm), Corbin (Juliet).– Basis of qualitative research : Grounded Theory procedures and techniques, Newburry park, C.A., Sage, 1990/1998.
  • Tisseron (Serge).– La résilience, Paris, Presses universitaires de France, 2007.
  • Tychey (Claude de), Cahen (Thérèse), Sagnes (Laurence).– Capacités d’élaboration symbolique des pulsions et passage à l’acte suicidaire : approche comparée à l’aide du test de Rorschach, Psychologie médicale, 22, 8, 1990, p. 744-749.
  • Tychey (Claude de), Cahen (Thérèse), Sagnes (Laurence).– Dépression et risque suicidaire : approche comparée par le test de Rorschach, Revue européenne de psychologie appliquée, 41, 3, 1991, p. 181-188.
  • Tychey (Claude de), Diwo (Rosine), Dollander (Marianne).– La mentalisation : approche théorique et clinique projective à travers le test de Rorschach, Bulletin de psychologie, 53, 3, 2000, p. 469-480.
  • Tychey (Claude de), Lighezzolo (Joëlle).– La résilience au regard de la psychologie clinique psychanalytique, dans Cyrulnik (B.), Duval (P.), Résilience et psychanalyse, Paris, Odile Jacob, 2006, p. 127-154.
  • Tychey (Claude de), Lighezzolo (Joëlle), Claudon (Philippe), Garnier (Salomé), Demogeot (Nadine).– Resilience, mentalization and the developmental tutor : A psychoanalytic and projective approach, Rorschachiana.
  • Journal of the international society for the Rorschach, 33, 2012, p. 49-77.
  • Tychey (Claude de).– Le Rorschach en clinique de la dépression adulte, Paris, Dunod, 2012.
  • Wagnild (Gail), Young (Heather).– Development and psychometric evaluation of the Resilience Scale, Journal of nursing measurement, 1, 2, 1993, p. 165-178.
  • Widlöcher (Daniel).– Le cas au singulier, Nouvelle revue de psychanalyse, 42, 1990, p. 285-302.
  • Widlöcher (Daniel).– La méthode du cas unique, Monographies de psychopathologie, 1, 1999, p. 191-200.

Date de mise en ligne : 25/06/2014.

https://doi.org/10.3917/bupsy.531.0213

Notes

  • [*]
    GR 3P (Groupe de recherche en psychopathologie clinique et projective - Axe prévention), Laboratoire Interpsy EA4432- Université de Lorraine.
  • [**]
    Service de pharmacologie-toxicologie, CHU de Caen (14).
  • [***]
    Institut Régional de Médecine Physique et de Réadaptation de Nancy – laboratoire de Rédaptation et d’Appareillage IFRH–IFR25.
  • [****]
    Psychologue clinicienne neuropsychologue à l’Institut régional de médecine physique et de réadaptation de Nancy.
    Correspondance : Claude de Tychey, Laboratoire Interpsy – Université de Lorraine, Campus Lettres et sciences humaines, 23 bd Albert 1er, 54015 Nancy Cedex.
    <claude.de-tychey@univ-lorraine.fr>
  • [1]
    Article issu d’une communication au Congrès mondial sur la résilience, Paris (7-10 juin 2012). Recherche financée par la Maison des sciences de l’Homme Lorraine, Axe 5.
  • [2]
    Ces deux personnes ont signé un formulaire de consentement éclairé pour participer à cette recherche exploratoire.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.91

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions