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Article de revue

Échelle d'inquiétude, échelle de croyances religieuses et superstitieuses : quels liens ?

Pages 135 à 148

Notes

  • [1]
    Le QDI a déjà été utilisé en français, mais la traduction ne figure pas dans la publication de Dugas, Letarte, Rhéaume, Freeston, Ladouceur (1995), ni dans la version pour adolescents (Gosselin et coll., 2002).
  • [2]
    On peut noter que cet item, renvoyant à l’image donnée de soi, est au conditionnel et non au futur comme les autres.

1Un certain nombre de croyances, relevant de la pensée magico-religieuses, perdurent dans nos sociétés et semblent même progresser ces derniers temps. Un sondage TNS Sofres, réalisé en 2008, indique, par exemple, que 41 % des Français se déclarent superstitieux. Y aurait-il un lien entre les échelles de croyances religieuses, de croyances superstitieuses et l’échelle mesurant la tendance à s’inquiéter au quotidien ? C’est à cette question qu’on se propose de répondre dans l’étude suivante.

2La définition de la religion est problématique ; il s’agit d’un fait social et culturel difficilement réductible. La religion renvoie à un dogme et à un ensemble de croyances et de pratiques ritualisées, partagées par un groupe (Beit-Hallahmi, Argyle, 1997). Sans chercher à en résumer toute la complexité, il est possible de se référer à l’idée que la religion repose sur la « reconnaissance, par l’homme, d’un pouvoir ou d’un principe supérieur de qui dépend sa destinée et à qui obéissance et respect sont dus ; [et à l’] attitude qui résulte de cette croyance, en conformité avec un modèle social et qui peut constituer une règle de vie […] » (Rey, 1985). La religion pourrait ainsi favoriser l’acceptation de l’absence de contrôle individuel des événements et situations, en permettant aux croyants de disposer d’une réponse culturelle (et cultuelle) à leurs inquiétudes existentielles (Greenberg, Arndt, Schimel, Pysczynki, Solomon, 2001 ; Greenberg, Solomon, Pysczynki, 1997).

3La superstition, dont la définition n’est pas consensuelle, peut être considérée comme le renvoi à un ensemble de croyances, dans des déterminants mystiques ou fantastiques externes du destin individuel (Adorno, Frenkel-Brunswick, Levinson, Sanford, 1950). À la différence de la religion, la superstition, dans sa version traditionnelle et populaire, peut offrir l’illusion de contrôler les situations et événements de la vie quotidienne. En permettant d’établir un lien de causalité entre des faits, des mots, des objets ou des événements, qui sont, en réalité, sans relation de contingence, la superstition est dotée d’une fonction adaptatrice et permet de répondre au manque de contrôle effectif ou au sentiment d’impuissance, en renforçant le contrôle perçu et en réduisant l’angoisse découlant d’un sentiment d’impuissance (Askevis-Leherpeux, 1989 ; Randall, Desrosiers 1980 ; Rudski, 2004 ; Sosis, Strickland, Haley, 1980). Le recours à la superstition permet, de ce fait, d’entretenir une illusion de contrôle.

4Le sentiment de perte de contrôle se trouve, quant à lui, à l’origine de la tendance à l’inquiétude (Lachance, Ladouceur, Dugas, 1999). Dans la recherche suivante, on se propose d’examiner les liens entre différentes échelles référant, d’une part, à la tendance à s’inquiéter, à propos de différentes situations quotidiennes et, d’autre part, aux croyances religieuses (sur la vie après la mort et l’existence de Dieu) et aux croyances superstitieuses, dites traditionnelles, renvoyant à des présages de malheur.

Les liens entre croyances superstitieuses et religieuses

5La superstition peut être définie comme l’ensemble des croyances s’écartant des normes dominantes dans les communautés religieuses et scientifiques (Askevis-Leherpeux, 1988). Elle renvoie, alors, à des croyances considérées comme infondées, par opposition à la science, mais, également, à l’écart avec les dogmes religieux et, surtout, avec les pratiques et rites admis par l’institution. Certaines pratiques religieuses peuvent, en effet, s’apparenter à des superstitions et poursuivent des buts pragmatiques dans une recherche de satisfaction d’intérêts personnels (Champion, 1993). La persistance des croyances superstitieuses semble tenir à des causes motivationnelles et à cette fonction adaptatrice. Des études montrent, également, que l’attitude superstitieuse, relevant du besoin de faire face au sentiment de perte de contrôle sur la situation ou sur la source de menace, permet de diminuer le stress éprouvé (Case, Fitness, Cairns, Stevens, 2004 ; Hergovich, 2001 ; Irwin, 2000 ; Jahoda, 1969 ; Keinan, 1994, 2002 ; Shapiro, Schwartz, Astin, 1996).

6Il existe, dans la littérature, une confusion entre les références à la superstition, à la pensée magique, au paranormal ou au surnaturel. La pensée magique semble être à l’origine des croyances superstitieuses et au paranormal. Cette pensée renvoie, en effet, à la recherche de liens symboliques et signifiants entre les choses et événements (Schweder, 1977). La confusion ontologique, propre à la pensée magique, consiste, par exemple, dans le fait d’assigner des attributs mentaux à des entités physiques et biologiques, comme les liquides ou les plantes, et de leur attribuer une volonté. À l’inverse, il peut s’agir de doter des entités mentales, la pensée et l’esprit, par exemple, d’attributs physiques, comme le fait de pouvoir exercer une action sur des objets (Lindeman, Aarnio, 2007 ; Lindeman, Saher, 2007).

7Quant à la distinction entre paranormal et superstition, elle tient, pour une part, aux objets évoqués, le paranormal renvoyant aux capacités humaines psychiques particulières, à la sorcellerie et aux fantômes (Rice, 2003), alors que la superstition, dans une vision que l’on peut considérer comme réductrice, porte davantage sur les rituels, amulettes et présages (Keinan, 2002). Le point commun entre les phénomènes superstitieux et paranormaux résiderait dans le recours à la pensée magique.

8Le champ de la superstition recouvre, de fait, l’étude de systèmes de croyances très hétérogènes. Les études sur la superstition permettent de distinguer quatre domaines différents (Askevis-Leherpeux, 1978, 1981) : les croyances occultes ou quasi-religieuses, les superstitions dites pures, traditionnelles, généralement liées à la culture du pays (comme la croyance au trèfle à quatre feuilles porte-bonheur), les erreurs scientifiques (par exemple, de fausses croyances sur les lois de l’hérédité) et les controverses scientifiques renvoyant aux pseudosciences (comme la graphologie ou l’astrologie). Les croyances paranormales pourraient relever de ce dernier type de croyances superstitieuses.

9Croyances superstitieuses, religieuses et pratiques mises en œuvre par les individus, entretiennent des liens complexes. Dans une étude sur les croyances New Age, une corrélation entre les superstitions traditionnelles et le questionnement existentiel (incluant la religion) est mise en évidence (Sjöberg, Wahlberg, 2002), mais la corrélation n’existe pas si la religion est envisagée d’un point de vue utilitaire (orientation qualifiée d’extrinsèque), comme un moyen assurant un rôle de guide. D’autres études ne trouvent pas de relations entre croyances superstitieuses et religiosité (Jones, Russel, Nickel, 1977). Pourtant, le lien entre fréquence de la présence à l’église et occurrence de la superstition est avéré par ailleurs (Buhrmann, Zaugg, 1983). Une position élevée sur une échelle de croyance religieuse peut, ainsi, s’accompagner d’une légère tendance à être superstitieux et à croire au paranormal (Rudski, 2003). Une corrélation entre les croyances religieuses et cette forme particulière de croyances superstitieuses, que constituent les croyances paranormales, s’observe (Orenstein, 2002), ce lien étant inversé si l’on considère la fréquentation de l’église. La corrélation n’existerait que chez les croyants qui ne sont pas des pratiquants réguliers (McKinnon, 2003). On constate ainsi que, chez les catholiques pratiquants et les athées, les croyances au paranormal ou dans l’astrologie sont rares. Elles sont, en revanche, plus fréquentes chez les croyants non pratiquants ou les individus agnostiques sans religion (Boy, Michelat, 1986 ; Michelat, 2001). Cela pourrait s’expliquer par le fait que les pseudosciences permettent, aux individus, de disposer d’explications facilement compréhensibles du monde (Shermer, 1997), se substituant aux explications religieuses ou scientifiques. On observe, d’ailleurs, depuis les années 1990, un recul des croyances religieuses ou de la profession d’athéisme, notamment chez les jeunes, au profit de croyances superstitieuses (Schumaker, 1990 ; Persinger, Makarec, 1990).

La mesure des croyances religieuses et superstitieuses

10Religion et superstition sont des objets complexes, dont l’opérationnalisation ne va pas de soi. Tout choix est réducteur. Dans la littérature anglo-saxonne, les croyances superstitieuses et religieuses sont considérées comme deux sous-dimensions des croyances au paranormal (Tobacyk, Milford, 1983 ; Tobacyk, Miller, Jones, 1984). Le paranormal est ici défini comme l’ensemble des phénomènes inexplicables par la science actuelle, mais explicables, seulement, par une révision majeure des principes de base de la science ou par ce qui est incompatible avec des perceptions normatives, des croyances et des attentes, par rapport à la réalité (Tobacyk, Pirttilä-Backman, 1992) et pourrait, d’un point de vue théorique, s’apparenter au dernier type de croyances superstitieuses, les controverses scientifiques, mentionnées par Askévis-Leherpeux (1988).

11Parmi les différentes échelles, l’échelle révisée de croyance paranormale de Tobacyk, RPBS (2004) fait référence. Sept dimensions la composent : la religion traditionnelle, les pouvoirs psychiques (par exemple, la télépathie), la sorcellerie, la superstition, le spiritisme (incluant la réincarnation), les formes de vie extraordinaires (comme la vie sur d’autres planètes) et les prémonitions (prédictions du futur par des moyens paranormaux). Si certaines dimensions sont corrélées avec des comportements comme la pratique des jeux de chance, ce n’est pas le cas des dimensions renvoyant à la religion, aux formes de vie extraordinaires ou à la sorcellerie (Tobacyk, Wilkinson, 1991). Ce résultat montre l’hétérogénéité des domaines étudiés. L’échelle a fait l’objet de révisions relatives au nombre de facteurs et à leur caractère orthogonal ou oblique (Lawrence, De Cicco, 1997 ; Lawrence, Roe, Williams, 1997 ; Tobacyk, Thomas, 1997). Une autre critique porte sur la sensibilité à l’âge et au genre de ses dimensions (Lange, Harvey, Houran, 2000). L’étude suivante se réfèrera à la crédibilité accordée aux croyances religieuses et superstitieuses de l’échelle de Tobacyk (items relatifs à la vie après la mort et à l’existence de Dieu). Ce choix est, bien sûr, réducteur, alors que les études sur la religion distinguent souvent différentes dimensions : connaissances et croyances religieuses ; expériences, comportement et pratiques religieuses ; sentiment religieux et religiosité (Tarakeshwar, Stanton, Pargament, 2003). Sans prétendre à un examen exhaustif des dimensions de la croyance religieuse ou superstitieuse, l’objectif de l’étude suivante consiste à privilégier l’examen de liens entre des sous-échelles de croyance et l’échelle d’inquiétude.

L’inquiétude et sa mesure

12L’inquiétude se définit comme un phénomène cognitif portant sur des événements incertains, perçus négativement et qui s’accompagnent d’anxiété (MacLeod, Williams, Békérian, 1991). L’inquiétude excessive et non réaliste, à propos de différentes circonstances de la vie, est considérée comme pathologique si elle n’est plus contrôlable, si elle « entraîne une souffrance cliniquement significative ou altère le fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants ». Elle devient, alors, la caractéristique centrale du trouble d’anxiété généralisé, TAG (Diagnostic and Statistic Manuel for Mental Disorders, DSM-IV ; American Psychiatric Association, 1994). Pour illustrer ce trouble, on peut prendre l’exemple d’une mère de famille très fatiguée, au sommeil perturbé, souffrant de tensions musculaires, gênée dans son fonctionnement quotidien, envahie, depuis longtemps, par des inquiétudes hypothétiques et exagérées à propos de ses enfants. Ces inquiétudes s’apparentent à un fonctionnement superstitieux ; comme si le fait d’imaginer des événements aux conséquences dramatiques permettait de s’en protéger (Dugas, Leblanc, Savard, Gaudet, Turcotte, 2004).

13Il est important de distinguer deux types d’inquiétude (Ladouceur, Dugas, Freeston, Léger, Gagnon, Thibodeau, 2000). Le premier type a trait aux situations problématiques actuelles et/ou aux conséquences qui peuvent en découler (par exemple, des conflits interpersonnels et/ou professionnels). Le second type émerge de situations problématiques qui pourraient éventuellement se produire (par exemple, la possibilité qu’un membre de la famille soit impliqué dans un accident grave).

14À côté de cette conception clinique de l’inquiétude, d’autres recherches partent du constat que l’inquiétude est un phénomène fréquent de la vie quotidienne, qui concerne, également, des personnes bien adaptées (Tallis, Eyzenck, Mathews, 1992). L’inquiétude non pathologique est, alors, définie par ses diverses conséquences pour les individus et par son contenu. Cette forme d’inquiétude est, ainsi, à l’origine d’un inconfort émotionnel, d’une tendance à exagérer les problèmes et à envisager de façon pessimiste les événements à venir (Tallis, Davey, Capuzzo, 1994). Elle est, également, révélatrice des hypothèses et des croyances que les individus adoptent sur le monde en général et sur eux-mêmes, sur leur capacité à résoudre les problèmes et à se protéger de certaines situations (Gosselin, Cloutier, Vaillancourt, Lemay, Perron, Ladouceur, 2006). La réalité recouverte par les deux formes d’inquiétude, pathologique et non pathologique, est mesurée par des outils validés comme distincts. La mesure de l’inquiétude pathologique repose sur l’élaboration d’outils prenant en compte la sévérité du problème, comme, par exemple, le questionnaire d’inquiétude Penn State ou « Penn State Worry Questionnaire, PSWQ » (Meyer, Miller, Metzger, Borkovec, 1990), qui porte sur la durée, la fréquence, l’intensité et le caractère incontrôlable du processus d’inquiétude. Des versions canadiennes et françaises du questionnaire de Penn State sont disponibles (Gana, Martin, Canouet, Trouillet, Meloni, 2002 ; Gosselin, Tremblay, Dugas, Ladouceur, 2002).

15Le questionnaire des domaines d’inquiétude, QDI, ou « Worry Domains Questionnaire » (Tallis et coll., 1992) permet, quant à lui, de mesurer, chez l’adulte, l’inquiétude non pathologique, dite normale. Il repose sur la théorie d’Eysenck, selon laquelle la fréquence et la durée des épisodes d’inquiétude s’explique par le stockage en réseau, en mémoire à long terme, sous forme de nœuds interconnectés de ses différentes dimensions. Dans le QDI, cinq domaines d’inquiétude sont étudiés : les relations sociales, le manque de confiance, le manque de but pour l’avenir, l’incompétence dans le travail et l’argent (annexe 1). Le sixième domaine, relatif aux considérations sociopolitiques, trop sujet à la désirabilité sociale et moins corrélé avec les autres, n’est pas retenu dans la version finale. Les cinq dimensions d’inquiétude sont corrélées, même si la dimension de l’argent est moins associée aux autres. Il est possible de calculer un score global, en additionnant les scores obtenus aux cinq sous-échelles (Tallis et coll., 1992). Le QDI est corrélé avec d’autres mesures de l’inquiétude, comme le questionnaire d’inquiétude de Penn State (PSWQ) ou des mesures de stratégies d’adaptation face au stress. Cette échelle a été validée dans différents pays (Stöber, 1998 ; Tallis, Davey, Bond, 1994 ; Van Rijsoort, 1999). L’étude suivante privilégiera l’utilisation du QDI, centré sur différents domaines de la vie quotidienne, plutôt que celle du PSWQ, qui porte davantage sur l’aspect clinique invasif de l’inquiétude et semble, de ce fait, moins adapté à une population tout venant.

Quelles relations entre religion, superstition et inquiétude ?

16Certaines études créditent la religion d’un pouvoir apaisant. La religion pourrait apporter une aide aux personnes inquiètes et perturbées par les problèmes quotidiens (Holman, 1949). Elle semble pouvoir exercer un effet bénéfique sur la santé mentale et prémunir de l’anxiété et de la dépression, notamment, chez les personnes âgées (Koenig, 2006), même si une méta-analyse montre qu’il faut nuancer ces effets (Smith, Mc Cullough, Poll, 2003). En effet, d’une part, ce sont les jeunes retraités croyants, qui ont moins de risques d’être dépressifs que les autres classes d’âge et, d’autre part, les effets bénéfiques de la religion, chez les personnes âgées, sont médiatisés par d’autre variables, comme la santé des individus (Helm, Hays, Flint, Koenig, Blazer, 2000). Plus précisément, il semble que ce sont, surtout, les pratiques religieuses, en tant que facteur collectif, qui influencent la survie des personnes âgées (Strawbridge, Cohen, Shema, Kaplan, 1997). Les études, menées auprès d’une population plus jeune, vont dans le même sens et mettent en évidence un effet protecteur de la religion. Les stratégies d’adaptation religieuse semblent pouvoir protéger des effets d’événements négatifs et de la dépression (Bjorck, Thurman, 2007). D’autres recherches mentionnent le fait que les événements négatifs induisent moins d’inquiétude, lorsque la dimension spirituelle est importante pour l’individu ; les croyances religieuses permettent, alors, de générer des émotions positives (Micléa, Macavei, 2006). Plus précisément, c’est l’orientation religieuse qui semble influer sur la santé mentale. Il existerait une relation positive entre l’orientation religieuse intrinsèque, sincère, fondée sur la recherche de finalité, et la santé (Ventis, 1995). En ce qui concerne la superstition, ses relations avec la dimension affective sont rapportées dans de nombreuses études (Frazer, 1890/1977 ; Malinowski, 1954 ; Zusne, Jones, 1989). Ainsi, le lien entre croyances superstitieuses ou paranormales et anxiété, mauvais ajustement et émotivité, est établi depuis longtemps (Adorno et coll., 1950 ; Emme 1940 ; Maller, Lundeen, 1933), mais n’est pas retrouvé dans toutes les recherches (Jones et coll., 1977). La superstition semble cependant associée à l’instabilité émotionnelle et à l’anxiété – si l’on se réfère à la dimension de personnalité, qualifiée de « névrosisme », mesurée dans le questionnaire du « Big Five » (Nandrino, Reveillère, Sailly, Moreel, Beaune, 2003 ; Wiseman, Watt, 2004 ; Wolfradt, Oubaid, Straube, Bischoff, Mischo, 1999 ; Zebb, Moore, 2003).

17Les liens entre superstition et inquiétude peuvent s’opérer, notamment, via la tendance des individus à développer des croyances erronées à propos des inquiétudes. Certaines croyances, fondées sur l’idée que des actes mentaux affectent les événements, renvoient à la pensée magique. C’est le cas de la croyance que s’inquiéter peut empêcher le malheur d’arriver ou diminuer le risque que quelque chose de grave ne se produise. Cette croyance erronée repose sur un contrôle superstitieux des événements futurs (Borkovec, Lyonfields, 1993 ; Brown, O’Leary, Barlow, 2001 ; Freeston, Rhéaume, Letarte, Dugas, Ladouceur, 1994 ; Gosselin et coll., 2003, 2006).

18D’autres études signalent le lien entre la situation sociale et psychologique fragile des individus et leur adhésion aux croyances superstitieuses. Ainsi, dans certaines situations d’incertitude, relative à l’insertion dans le monde du travail, à la crainte du lendemain, le recours aux croyances superstitieuses peut fournir un dérivatif (Boy, Michelat, 1986 ; Michelat, 2001). Dans un autre domaine, chez les athlètes, les comportements superstitieux observés contribuent, également, à réduire l’inquiétude, à donner confiance et offrent une stratégie d’adaptation (Neil, 1980).

19La recherche suivante se propose d’examiner les liens entre l’échelle d’inquiétude, QDI, et les sous-échelles de croyances religieuses et superstitieuses, tirées du RPBS. Elle repose sur l’hypothèse que l’inquiétude, éprouvée à propos de différentes situations de la vie quotidienne, devrait être corrélée positivement avec la crédibilité accordée à des croyances superstitieuses évoquant des présages de malheur, et que cette tendance à l’inquiétude ne devrait pas être corrélée avec les croyances religieuses relative à la vie après la mort et à l’existence de Dieu.

Méthode

Participants

20L’échantillon était composé de 140 femmes et de 130 hommes, âgés en moyenne de 19 ans (? = 1), titulaires à 9 % d’un baccalauréat professionnel, à 41 % d’un baccalauréat technologique et à 50 % d’un baccalauréat général, tous étudiants, préparant un diplôme universitaire de technologie, dans la région française Champagne-Ardenne, et volontaires pour participer à la recherche.

Mesures

21Les dimensions de croyances religieuses et superstitieuses sont mesurées sur une échelle de type Likert en 5 points (variant de -2 « pas du tout » à +2 « tout à fait »), à l’aide des sept items de l’échelle révisée de croyance paranormale, RPBS, de Tobacyk (2004). Les quatre items renvoyant à la religion traditionnelle, portent sur l’existence de l’âme, de Dieu, du diable, de l’enfer et du paradis. Les trois items de superstition ont trait à des présages de malheur : les chats noirs, le nombre 13 et le fait de briser un miroir.

22Quant à la tendance à l’inquiétude, elle est mesurée à l’aide des 25 items du questionnaire des domaines d’inquiétude, QDI de Tallis et coll. (1992). Les participants répondaient à la question générale « je suis inquiet à l’idée que… », à l’aide d’une échelle de Likert en 5 points, allant de « pas du tout inquiet » à « extrêmement inquiet ».

23Tous les items ont fait l’objet d’une double traduction, réalisée par deux experts et privilégiant le sens [1]. Ils ont, ensuite, été pré-testés, lors d’entretiens semi-directifs qui ont permis de vérifier que leur formulation était satisfaisante.

Procédure

24Les données ont été recueillies auprès d’étudiants volontaires pour participer à la recherche, lors d’une passation collective par groupes d’environ vingt-cinq étudiants, au début du cours d’études et recherches commerciales. Les étudiants étaient libres de refuser de remplir les questionnaires. Ils répondaient, dans un premier temps, au questionnaire de croyances religieuses et superstitieuses (on leur indiquait qu’on souhaitait recueillir leur opinion sur différents sujets), ils fournissaient ensuite quelques renseignements sociodémographiques, avant de remplir le questionnaire des domaines d’inquiétude (annexe 1).

Résultats

Validation de la mesure de dimensions distinctes de croyances et de l’échelle d’inquiétude

25Pour valider la fiabilité des échelles de mesure, la procédure utilisée est la suivante : des indicateurs sont calculés, alpha de Cronbach (noté ?) et rhô de Jorëskog (noté ?), puis, en observant les communautés, il est vérifié que la dimension latente (superstition, religion ou inquiétude) partage, au moins, 50 % de la variance de chaque item. L’utilisation de modélisations structurelles, par le maximum de vraisemblance, permet l’usage de tests, pour établir les validités discriminantes des différentes échelles (tests du ?2 sur des modèles emboîtés). Enfin, chaque échelle est validée par un modèle d’équations structurelles. Pour ces derniers, en plus du ?2, les indicateurs les plus courants sont retenus : ?2/ddl, GFI, CFI et RMSEA (les analyses ont été réalisées à l’aide du logiciel AMOS 7.0). Les premières étapes d’une validation transculturelle des échelles d’inquiétude et de des sous-échelles de croyance sont ainsi effectuées, mais leur stabilité temporelle reste à vérifier.

26Dans un premier temps, il importe d’établir la distinction entre les deux dimensions des croyances, la dimension religieuse et la dimension superstitieuse. Une analyse factorielle, avec rotations (orthogonale, avec Varimax, et oblique, avec Oblimin, réalisée avec XLSTAT) et un test de validité discriminante entre les dimensions « religion » et « superstition » permettent de considérer que la variable latente « croyance » est composée de deux traits distincts (différence de ?2(1) = 102,25, p < .0001). La fiabilité de la dimension religion (? = 0,86 ; ? = 0,91), ainsi que celle de la dimension superstition (? = 0,77 ; ? = 0,87) sont validées. Pour ces deux dimensions, la validité convergente est vérifiée. La corrélation entre ces deux dimensions, superstition et religion, est de 0,30. La variable de croyance, composée des deux dimensions religion et superstition corrélées, est validée (?2/dl = 2,4 ; GFI = 0,94 ; RMSEA = 0,07 ; CFI = 0,96).

27Par ailleurs, le score global moyen des réponses sur la dimension superstition (m = - 0,6 ; ? = 1,13) traduit une légère tendance à rejeter les croyances superstitieuses. Le score global moyen, sur la dimension religion (m = 0,07 ; ? = 1,27) traduit, quant à lui, l’absence de prise de position tranchée.

28Dans un second temps, il importait d’examiner la validité des dimensions de premier ordre du questionnaire des domaines d’inquiétude (Tallis et coll., 1992), transposé dans le contexte francophone.

29En ce qui concerne la dimension de l’inquiétude liée au manque de but pour l’avenir, si la fiabilité, avec cinq items, est satisfaisante (? = 0,75 ; ? = 0,83), la communauté, pour l’item I 8 (relatif à la difficulté de concentration), n’est pas satisfaisante (0,30). La fiabilité sur les quatre autres items est satisfaisante (? = 0,74 et ? = 0,84) et toutes les communautés sont supérieures à 0,50. L’item I 8, qui ne fait pas référence à l’avenir, semble relever d’une dimension différente et n’est donc pas conservé. La validité convergente de ce construit, avec les quatre items conservés, est vérifiée (?2/dl = 4,63 ; GFI = 0,97 ; RMSEA = 0,06 ; CFI = 0,95).

30En ce qui concerne la dimension de l’inquiétude liée aux relations sociales, si la fiabilité, avec cinq items, est satisfaisante (? = 0,71 ; ? = 0,82), la communauté, pour l’item I 4 (relatif à la désapprobation familiale), n’est pas satisfaisante (0,19). La formulation de l’item I 4, centré sur la famille, semble trop restrictive pour le conserver dans la mesure d’une dimension plus large. La fiabilité, sur les quatre autres items, est satisfaisante (? = 0,75 ; ? = 0,85) et toutes les communautés sont supérieures à 0,50, sauf pour l’item I 16 (relatif au maintien des relations sociales), qui sera, cependant, conservé, avec une communauté de 0,44. La validité convergente de ce construit, avec les quatre items conservés, est vérifiée (?2/dl = 1,18 ; GFI = 0,99 ; RMSEA = 0,06 ; CFI = 0,99).

31En ce qui concerne la dimension de l’inquiétude liée au manque de confiance, si la fiabilité, avec cinq items, est satisfaisante (? = 0,77 ; ? = 0,85), la communauté, pour l’item I 15 (relatif à la désapprobation sociale), n’est pas satisfaisante (0,34). Cet item renvoie à autrui, alors que tous les autres commencent par le pronom personnel « je ». La fiabilité, pour les quatre autres items, est satisfaisante (? = 0,78 ; ? = 0,86) et toutes les communautés sont supérieures à 0,50, sauf pour l’item I 2 (relatif au manque d’assurance), qui est conservé avec une communauté de 0,41. La validité convergente de ce construit, avec les quatre items conservés, est vérifiée (?2/dl = 1,04 ; GFI = 0,99 ; RMSEA = 0,06 ; CFI = 0,99).

32En ce qui concerne la dimension de l’inquiétude face à l’argent, si la fiabilité, avec cinq items, est satisfaisante (? = 0,82 ; ? = 0,88), les communautés, pour l’item I 7 (relatif aux restrictions des vacances et voyages) et pour l’item I 1 (relatif au manque possible d’argent), ne sont pas satisfaisantes (respectivement 0,26 et 0,36). L’item I 7 renvoie à l’idée particulière de vacances et de voyages, ce qui semble poser problème pour le conserver dans la mesure d’une dimension plus large. L’item I 1, formulé au futur, peut être en contradiction avec les affirmations formulées au présent des trois autres items, notamment pour des étudiants, qui peuvent se projeter dans un avenir où ils gagneront correctement leur vie, grâce à leur niveau d’études. La fiabilité, sur les trois autres items, est satisfaisante (? = 0,87 ; ? = 0,92) et toutes les communautés sont supérieures à 0,50. La validité convergente de ce construit, avec trois items, n’est pas effectuée (car le degré de liberté est égal à zéro), mais les communautés obtenues, lors de l’analyse factorielle, sont satisfaisantes.

33En ce qui concerne la dimension de l’inquiétude relative au travail, la fiabilité, avec cinq items, est douteuse (? = 0,67 ; ? = 0,79) et un seul item est doté d’une communauté supérieure à 0,5. Une analyse factorielle ne permet pas de déterminer un construit fiable avec au moins trois items. La variable latente « inquiétude au travail » regroupe des items relatifs à une inquiétude liée au travail fourni, mais les tensions et sources d’inquiétude peuvent provenir de bien d’autres causes que des seuls retards liés à l’organisation du travail. Les items demanderaient, certainement, à être adaptés au contexte de chômage, de menaces de pertes d’emploi et au vécu au sein des entreprises. Il faudrait sans doute, également, inclure, dans la mesure, les facteurs de stress au travail repérés, comme la pression et la charge mentale au travail, l’exposition au danger, le degré de satisfaction au sein de l’organisation et l’insécurité dans les relations internes à l’organisation (Le Floc’h, Clarisse, Testu, Kindelberger, 2005). La dimension travail semble peu appropriée pour des étudiants encore assez peu confrontés au monde professionnel et ne sera donc pas retenue pour la suite des analyses.

34La validité discriminante des quatre dimensions d’inquiétude conservées a été, également, examinée. Une analyse factorielle, avec rotation orthogonale ou oblique, ne permet pas de différencier les différentes variables latentes. Cependant, une procédure de tests du ?2 sur des modèles emboîtés, permet de valider le caractère discriminant des quatre dimensions. Tous les tests sont significatifs au seuil de .05 (tableau 1).

Tableau 1

Test de validité discriminante entre les différentes facettes de l’inquiétude

Tableau 1
Modèles ddl Différence de Chi 2 p< (H0) Avenir = Relations sociales (H1) Avenir × Relations sociales 1 4,67 .03 (H0) Confiance = Relations sociales (H1) Confiance × Relations sociales 1 17,99 .0001 (H0) Confiance = Avenir (H1) Confiance × Avenir 1 4,26 .04 (H0) Argent = Relations sociales (H1) Argent Relations sociales 1 14,19 .0001 (H0) Argent = Confiance (H1) Argent × Confiance 1 45,51 .0001 (H0) Argent = Avenir (H1) Argent × Avenir 1 10,76 .001

Test de validité discriminante entre les différentes facettes de l’inquiétude

35Même si elles sont proches, comme l’indiquent leurs corrélations (entre 0,76 et 0,92), les quatre dimensions de l’inquiétude peuvent être considérées comme des dimensions différenciées par les individus. Cette proximité entre les différentes dimensions de l’inquiétude n’est pas surprenante ; l’utilisation d’un score moyen d’inquiétude, par les auteurs (Tallis et coll., 1992), sous-tend l’hypothèse que les différentes facettes peuvent être analysées comme l’expression d’une inquiétude latente originelle (tableau 2).

Tableau 2

Corrélations entre les différentes facettes de l’inquiétude

Tableau 2
Corrélations Manque de but pour l’avenir Manque de confiance Relations sociales Argent Manque de but pour l’avenir 1 0,918 0,877 0,880 Manque de confiance 0,918 1 0,806 0,756 Relations sociales 0,877 0,806 1 0,858 Argent 0,880 0,756 0,858 1

Corrélations entre les différentes facettes de l’inquiétude

36L’inquiétude peut donc être appréhendée comme une dimension générique de second ordre, qui se reflète à travers différentes facettes. Il s’agit d’une variable de second ordre, reliée réflexivement aux dimensions de premier ordre, constituées par les inquiétudes relatives aux relations sociales, au manque de confiance, au manque de but pour l’avenir et à l’argent. La pertinence de cette variable d’inquiétude de second ordre est validée (?2/dl = 1,72 ; GFI = 0,87 ; RMSEA [0,05 ; 0,09] ; CFI = 0,93). Le GFI est sous le seuil de 0,90 habituellement utilisé, mais cet indicateur est moins robuste que le CFI ou le RMSEA (MacCallum, Hong, 1997). Le rapport des ?2, entre le modèle comprenant uniquement des variables latentes de premier ordre et le modèle comprenant une variable latente de second ordre, est de 0,97 (respectivement ?2 = 143,34 et ?2 = 147,80), ce qui indique que 97 % de la covariance entre les variables latentes de premier ordre est expliquée par la variable latente de second ordre.

37L’examen du modèle des relations entre les dimensions d’inquiétude et de croyances religieuses et superstitieuses permettra de vérifier la validité nomologique de l’échelle d’inquiétude. Les premières étapes de la validation transculturelle de l’échelle sont donc réalisées ; toutefois sa stabilité temporelle reste à confirmer (Vallerand, 1989).

Relations entre échelle d’inquiétude et sous-échelles de croyances religieuses et superstitieuses

38La recherche reposait sur l’hypothèse que la tendance à s’inquiéter ne serait pas liée, significativement, à la dimension de croyance religieuse, mais serait liée positivement à la dimension de croyances superstitieuses. Le modèle structurel hypothétique à valider est présenté dans le graphique 1.

Graphique 1

Graphique 1

Graphique 1

Modèle structurel hypothétique des relations entre tendance à l’inquiétude, croyances superstitieuses et croyances religieuses

39Les indicateurs, sous AMOS 7.0, permettent de considérer que le modèle hypothétique s’ajuste aux données recueillies (?2/dl = 1,47 ; GFI = 0,86 ; RMSEA [0,04 ; 0,07] ; CFI = 0,94). Le RMSEA est l’indicateur considéré comme le plus robuste (Steiger, 2000). De ce fait, ce modèle semble tout à fait acceptable. Il est donc possible d’analyser les liens structuraux du modèle hypothétique. Seul le coefficient normalisé, reliant l’inquiétude à la superstition est significatif (?1 = 0,23, p < 0,02), alors que le coefficient reliant l’inquiétude à la religion n’est pas significatif (?2 = -0,05). Afin de consolider ces résultats, un bootstrap avec 200 réplications a été effectué ; les mêmes tendances sont retrouvées. L’intervalle de confiance empirique du coefficient reliant l’inquiétude à la superstition est significativement différent de zéro (]0,09 ; 0,35[à 95 %), alors que celui du coefficient reliant l’inquiétude à la religion contient zéro (]-0,22 ; 0,12[à 95 %). Ces résultats vont dans le sens de l’hypothèse : les croyances religieuses ne sont pas liées significativement à l’inquiétude ; en revanche, la crédibilité, accordée aux croyances superstitieuses traditionnelles, va de pair avec la tendance à l’inquiétude. Ainsi, plus la tendance à l’inquiétude augmente, plus la croyance superstitieuse aux présages de malheur augmente.

Graphique 2

Graphique 2

Graphique 2

Modèle structurel validé des relations entre tendance à l’inquiétude, croyances superstitieuses et croyances religieuses (coefficients normalisés)

Discussion

40L’étude cherchait à mettre en évidence les relations entre différentes échelles et sous-échelles, mesurant, d’une part, l’inquiétude qui se reflète dans différents domaines de la vie quotidienne et, d’autre part, la crédibilité accordée à différentes croyances religieuses et superstitieuses. Elle reposait sur l’hypothèse que la tendance à s’inquiéter ne serait pas liée significativement aux croyances religieuses relatives à la vie après la mort et à l’existence de Dieu mais qu’elle serait liée, positivement, aux croyances superstitieuses aux présages de malheur.

41Les résultats confirment, tout d’abord, l’existence de deux dimensions de croyances distinctes, constituées par la religion et la superstition. Ces deux dimensions sont corrélées, mais assez faiblement. La crédibilité accordée aux croyances religieuses traditionnelles ne va donc pas, systématiquement, de pair avec celle accordée aux croyances superstitieuses, relatives aux mauvais présages.

42L’inquiétude relative aux domaines de la vie quotidienne est, quant à elle, validée comme une échelle de second ordre, avec différentes facettes de premier ordre. La dimension relative au travail n’a pas été retenue dans cette étude, car elle semblait peu pertinente pour l’échantillon étudié. Cette facette de l’inquiétude au travail mériterait, également, d’être reconsidérée, en prenant en compte d’autres aspects des contraintes au travail (Le Floc’h et coll., 2005). Toutefois, que cette facette soit ou non intégrée dans l’échelle d’inquiétude, la mesure de cette dernière reste valide, puisqu’il s’agit d’une dimension générique liée, réflexivement, aux facettes de premier ordre. Une procédure test-retest permettrait de vérifier la stabilité temporelle de l’échelle d’inquiétude transposée en français.

43Des entretiens, réalisés après la passation, ont permis de vérifier que les étudiants ne faisaient pas de rationalisation consciente, à propos des réponses aux deux questionnaires, mais, pour neutraliser ce problème, il pourrait être utile que l’ordre de passation des questionnaires fasse l’objet d’un contrôle.

44L’hypothèse relative aux liens entre la tendance à s’inquiéter dans la vie quotidienne et la crédibilité accordée à certaines croyances religieuses et superstitieuses est validée, avec les limites propres au protocole corrélationnel : la tendance à l’inquiétude n’est pas liée, significativement, à la crédibilité accordée aux croyances religieuses, mais est liée, positivement, à la crédibilité accordée aux croyances superstitieuses traditionnelles, renvoyant aux mauvais présages. Ces résultats sont d’autant plus intéressants que la population étudiée, dotée d’un niveau d’instruction supérieure, est peu sensible à la superstition (Askevis-Leherpeux, 1978 ; Grimmer, White, 1992 ; Peltzer, 2003 ; Tobacyk et coll., 1984). On peut, toutefois, se demander si c’est le recours à la superstition qui entretient l’inquiétude, via le sentiment de perte de contrôle, ou si c’est la tendance à l’inquiétude qui renforce la croyance à certaines superstitions, dans une tentative de restaurer le contrôle, en disposant d’explication aux événements malheureux. En serait-il de même avec des événements ou présages heureux ? Des études ultérieures permettront de préciser le sens de la relation entre les dimensions d’inquiétude et de superstition. Elles devront, également, prendre en compte le sentiment de perte de contrôle en le mesurant, afin de préciser son lien avec la tendance à l’inquiétude et les dimensions de croyance et examiner, plus précisément, les croyances erronées, à propos de l’inquiétude, car certaines renvoient à l’idée magique que les actes mentaux permettent de contrôler les événements.

45Les résultats de l’étude présente vont dans le sens de l’hypothèse ; cependant, pour vérifier leur généralisation, des études complémentaires devront être menées auprès d’échantillons représentatifs de l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. L’introduction de variables comportementales pourrait, également, permettre de préciser le lien entre les différentes formes de croyances (religieuses et superstitieuses) et l’inquiétude. Des recherches futures pourraient différencier les croyants pratiquants et non pratiquants et examiner si la pratique religieuse régulière possède un effet protecteur contre l’inquiétude, tout en étant négativement corrélée aux croyances superstitieuses. La pratique religieuse peut, également, constituer l’indice du sentiment d’appartenance à une communauté, dont on sait, par ailleurs, qu’il est doté d’un effet protecteur sur le bien-être psychologique. Pour compléter le niveau individuel de l’étude actuelle, il serait pertinent d’introduire, par la suite, le niveau groupal que les échelles d’orthodoxie permettent, par exemple, d’appréhender. Une autre étape consisterait à passer de l’étude corrélationnelle à l’étude expérimentale.

46La recherche réalisée a permis de préciser le lien entre l’inquiétude, ressentie dans différents domaines quotidiens et la crédibilité accordée à différents types de croyances sociales. Dans la relation complexe qu’entretiennent croyances religieuses et superstitieuses, nos résultats tendent à montrer que les croyances religieuses et superstitieuses ne concernent pas les mêmes individus. En effet, ces deux types de croyances répondent à des fonctions différentes. La religion, en s’en remettant à un principe supérieur, pourrait offrir un cadre idéologique et normatif, favorisant l’acceptation d’absence de contrôle individuel sur les événements et les situations de la vie quotidienne. D’un autre côté, en établissant des liens de causalité entre des événements sans relation de contingence, la superstition permet de renforcer le contrôle perçu (Sosis et coll., 1980 ; Randall, Desrosiers, 1980). Le sentiment de perte de contrôle semble être associé à la tendance à s’inquiéter. Les liens entre croyances superstitieuses et tendance à l’inquiétude pourraient donc être médiatisés par le sentiment de contrôle ou de perte de contrôle. On peut supposer que le recours à différents rituels superstitieux, en apportant une réponse pragmatique et en fournissant une illusion de contrôle, permet de moduler la tendance à s’inquiéter au quotidien (Keinan, 2002), à moins que le recours à des rituels superstitieux, n’offrant qu’une réponse momentanée au sentiment de perte de contrôle, n’entretienne la tendance à s’inquiéter… Les recherches futures viseront à préciser les liens entre illusion de contrôle, tendance à l’inquiétude et croyances superstitieuses.

47La prise en compte de la composante émotionnelle des attitudes pourrait, également, permettre de mieux comprendre les relations entre la tendance à s’inquiéter et les croyances religieuses ou superstitieuses. En effet, les résultats disponibles indiquent que la composante émotionnelle est associée à des images positives de la religion (Micléa, Macavei, 2006) et que la tendance à s’inquiéter s’accompagne de l’évitement d’images chargées d’affects négatifs (Lachance et coll., 1999). Les superstitions renvoyant aux présages de malheur sont, probablement elles-mêmes, porteuses d’affects négatifs. Si l’on s’intéressait à d’autres types de superstitions, comme celles relatives aux objets porte-bonheur, trouverait-on, alors, un lien négatif avec la tendance à s’inquiéter ?

48Les recherches suggèrent que la croyance religieuse favorise l’acceptation d’absence de contrôle sur les événements : en permettant aux croyants de donner des réponses au questionnement existentiel, la religion peut les protéger de la tendance à l’inquiétude (Wink, Dillon, 2005). Quant à la superstition, elle relève d’un processus sociocognitif d’adaptation au monde entretenant l’illusion qu’il est possible de contrôler le hasard en se comportant de façon particulière.

49L’étude réalisée a mis en évidence le lien entre croyances superstitieuses aux présages de malheur et tendance à s’inquiéter, dans laquelle intervient le sentiment de perte de contrôle. Habituellement, le recours à la superstition est perçu, dans les recherches, comme réduisant l’anxiété, mais certains rituels superstitieux peuvent alimenter, à leur tour, l’anxiété. Certains contextes anxiogènes et les difficultés sociales et économiques sont, parfois, perçus comme pouvant favoriser le recours à la superstition, mais il importe de prendre également en compte l’organisation sociocognitive des individus, la diversité des processus culturels et la variété des réactions d’un groupe social à l’autre.


Annexe 1

Questionnaire des domaines d’inquiétude (adapté du WDQ, Tallis et coll., 1992)

50« Je suis inquiet(e) à l’idée que… »

51Dimension des relations sociales :

52I 4 – Ma famille sera mécontente de moi ou désapprouvera ce que je ferai.

53I 16 – Je trouve difficile de maintenir des relations sociales stables.

54I 19 – Je suis peu séduisant(e).

55I 21 – Je peux perdre des amis proches.

56I 23 – Je ne suis pas aimé(e).

57Dimension du manque de confiance :

58I 2 – Je ne peux pas être sûr(e) de moi ou exprimer mes opinions.

59I 10 – Je manque d’assurance.

60I 15 – Les autres ne m’approuveront pas.

61I 18 – Je manque de confiance en moi.

62I 20 – Je pourrais paraître stupide [2].

63Dimension du manque de but pour l’avenir

64I 3 – Mes perspectives futures d’emploi ne sont pas bonnes.

65I 5 – Je ne réaliserai jamais mes ambitions.

66I 8 – Je ne suis pas capable de concentration.

67I 13 – Il se pourrait que la vie n’ait pas de but.

68I 22 – Je n’ai pas réalisé grand-chose.

69Dimension de l’incompétence au travail

70I 6 – Je ne tiendrai pas tout mon travail à jour.

71I 14 – Je ne travaille pas assez dur.

72I 17 – Je laisse du travail inachevé.

73I 24 – Je serai en retard à un rendez-vous.

74I 25 – J’ai fait des erreurs dans mon travail.

75Dimension de l’argent

76I 1 – Je pourrai manquer d’argent.

77I 7 – Mes problèmes financiers vont restreindre mes vacances et voyages.

78I 9 – Je n’ai pas les moyens d’acheter certaines choses.

79I 11 – Je n’ai pas les moyens de payer mes factures.

80I 12 – Financièrement, mes conditions de vie sont insuffisantes.

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Date de mise en ligne : 03/05/2013

https://doi.org/10.3917/bupsy.524.0135

Notes

  • [1]
    Le QDI a déjà été utilisé en français, mais la traduction ne figure pas dans la publication de Dugas, Letarte, Rhéaume, Freeston, Ladouceur (1995), ni dans la version pour adolescents (Gosselin et coll., 2002).
  • [2]
    On peut noter que cet item, renvoyant à l’image donnée de soi, est au conditionnel et non au futur comme les autres.

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