Notes
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Universidad autónoma metropolitana-Iztapalapa (UAMI), México, Mexique.
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Programa de psicología educativa, Universidad pedagógica nacional, México, Mexique.
Correspondance : Juana Juárez Romero, Psicología social Ed. H-120, Av. San Rafael Atlixco 186, Col. Vicentina, Iztapalapa, 09340 Mexique.
<juana@xanum.uam.mx>
Histoire, mémoire collective et identités
1S’agissant d’une nation, il existe toujours des événements qui, avec le passage du temps, se transforment en mythes d’origine qui dotent de sens l’horizon temporel : le passé, le présent et le futur des peuples. Ces mythes cumulent, dans leur expression, l’indication d’un site d’origine et l’utopie que l’on souhaite atteindre. Généralement, un tel lieu se trouve mis en relation avec la recherche de liberté, d’équité, de prospérité ou de justice, en somme, avec un état groupal désiré (Arciga, 2004). Les récits correspondants fournissent la perspective qui permet de savoir d’où l’on vient et où l’on désire aller. En outre, ils permettent de définir la culture des habitants, établissant, en conséquence, les façons d’être des personnes et des groupes, dessinant leurs qualités, leurs capacités et leurs aspirations. Dans les mythes, se concentre l’essence de l’identité des groupes.
2À force d’être répétée, la légende extraordinaire des origines prend une influence telle qu’on tend à l’interpréter comme le « destin » d’un peuple. Dans le même sens, l’histoire joue un rôle important dans les sociétés modernes : elle cherche à revêtir un caractère objectif et documenté des origines des sociétés, et elle est parvenue, au dire de certains auteurs, à construire des explications et des récits qui jouent le rôle qu’ont joué les mythes dans les sociétés primitives (Villoro, 1982). L’histoire offre le point de départ d’une société et des relations entre les groupes qui la composent, ainsi que des qualités et des défauts qui l’accompagnent. Ainsi, histoire et mémoire, chacune à sa manière, rendent compte des événements, circonstances, personnages et conditions, qui célèbrent les transformations qu’a suscitées une communauté pour atteindre de meilleures conditions de vie (Arciga, 2007). De sorte que les histoires et les récits sont les principaux outils avec lesquels un groupe humain cherche à transcender sa propre histoire pour comprendre son passé, concevoir son présent et se projeter dans l’avenir.
3L’histoire, comme on sait, est diffusée dans les sociétés modernes au moyen de documents, de livres, de symboles, de célébrations civiques, afin de produire cohésion, articulation et la permanence des idéaux qui furent exaltés aux origines. Ainsi, origines, symboles et lieux de mémoire perdurent à travers des processus, présents dans l’histoire et dans la mémoire collective. C’est dans ces dernières que nous trouvons les traces, qui dotent de sens et qui nourrissent une définition de l’identité collective d’un peuple.
4Il est important de reconnaître que les processus de communication utilisés, aussi bien par les groupes sociaux (ou, si l’on préfère, les communautés) que par ceux qui détiennent le pouvoir, afin de transmettre le passé et de préserver l’identité, varient dans leur finalité, mais non dans leur forme. Tandis que les communautés cherchent à conserver leurs croyances et leurs valeurs, les groupes au pouvoir cherchent à imposer une origine, une identité, une histoire. Cependant, au-delà de la différence des fins, les moyens, auxquels ont recours les uns et les autres (comme la répétition, les récits, les rituels, la préservation de symboles, par exemple), se proposent également de donner continuité à une mémoire vive, à caractère collectif. On relève, dans les deux cas, des processus identitaires, dont les règles obéissent, certes, à des logiques distinctes, mais qui font, de l’origine et de sa commémoration, un point de référence essentiel.
Le moment fondateur
5Les pratiques sociales de commémoration et, plus fondamentalement, l’identité, ont, comme déclencheur, le moment primordial, ce moment dont la collectivité convient pour se constituer. À propos de ce moment fondateur, Augé (1992, p. 50) dit que « les récits de fondation sont […] des récits qui intègrent les génies du lieu et les premiers habitants dans l’aventure commune du groupe en mouvement ». Ce premier moment est, de quelque manière, anticipateur ; en lui se dessine ou se dispose ce qui doit advenir, puisque c’est ainsi que s’opère la fondation. Là, se rencontrent le passé, le présent et le futur : les sociétés savent d’où elles viennent et, de ce fait, gardent présent un moment premier, un événement initial, un moment fondateur, lequel est plus significatif qu’empirique ou vérifiable ; il se livre comme une sensation, il est plus émotionnel que rationnel, parce qu’on peut difficilement l’expliquer, et c’est pour cela aussi qu’on le commémore (Fernández Christlieb, 2002).
6L’événement qu’une collectivité revendique comme étant son moment fondateur est passablement arbitraire. C’est que le moment, dit fondateur, se reconnaît bien après qu’il se soit produit. Cette reconnaissance intervient a posteriori, s’établit sur le parcours du chemin commun, se construit en se fondant sur les besoins des groupes, pour lesquels la consolidation du point de départ produit la cohésion de la communauté. Le passé se construit toujours à partir du présent. À partir de là, les origines deviennent des souvenirs communs, qui entraînent des commémorations. La mémoire récupère ces moments à des fins identitaires, mais, aussi, pour mettre en perspective le présent, parce que c’est en eux que les groupes parviennent à reconnaître leur passé (Jodelet, 1992). Il en va ainsi avec les mythes mexicains (Florescano, 1999) : l’identité des groupes a une forte composante de légende, qui oriente leur mémoire.
Une idée de la mémoire
7Notre identité se trouve parcourue par des discours et des récits, qui proviennent autant de la mémoire collective que de l’histoire nationale. D’où l’intérêt de préciser un peu, ici, la relation de la mémoire avec l’histoire.
8La mémoire collective (concept introduit par Maurice Halbwachs, dans les années 1920) s’inscrit dans des cadres sociaux, comme l’espace et le temps, où les événements, qui sont dignes d’être maintenus pour être ensuite communiqués, se rassemblent et prennent sens. Ces cadres sociaux sont symboliques, significatifs dans la mesure où ils sont établis collectivement et se trouvent stipulés par les collectivités : une date et un lieu paraissent intéressants aux gens si cela leur « dit » quelque chose, si cela les interpelle, leur communique quelque sens (Halbwachs, 1925). Dans le cas contraire, ce seraient simplement des dates et des lieux éloignés, sans aucun intérêt, qui resteraient étrangers et incommunicables.
9Ainsi, les lieux prennent sens en fonction de ce qui y a coexisté, de ce qui y a été éprouvé et déposé, comme si c’étaient des réceptacles, permettant d’abriter des événements significatifs jusqu’à leur récupération postérieure, en vue de la célébration ou du récit. Le Zócalo de Mexico en constitue le prototype, car on y trouve représentés les divers éléments de toute société moderne : « Chaque jour, les diverses composantes de ce plan idéal convergent et se croisent sur la place : le pouvoir (et le contre-pouvoir, ce qui dans ce cas revient au même), le souvenir, la religion et le commerce ; les militaires, les manifestants, les indigènes, les hommes d’affaire et les vendeurs ambulants, sans oublier les clients, les curieux et les humbles artisans qui louent depuis toujours leurs services au coin de la cathédrale. Ne s’agit-il pas alors d’une cognition incarnée, matérialisée, qui met en scène une diversité de représentations » ? (Rouquette, 2002, p. 81). Tel est bien le sens des lieux de mémoire auxquels fait allusion Pierre Nora, celui des statues et des plaques commémoratives signalant que « les lieux portent des souvenirs ». En fait de temps, c’est dans l’espace que les groupes cherchent à retrouver ou à reconstruire leurs souvenirs, et le temps s’y prête, dans la mesure où « nous le représentons comme un milieu continu qui n’a pas changé et qui est demeuré tel quel entre l’hier et l’aujourd’hui, de telle sorte que nous pouvons trouver l’hier dans l’aujourd’hui » (Halbwachs, 1950b, p. 122). Le temps, dans ce cas, n’est pas linéaire, il n’est pas chronologique, c’est un temps rempli de sens et de signification, celui qui vaut la peine d’être commémoré. Les dates n’ont aucun sens par elles-mêmes, il est nécessaire de les en doter.
10La mémoire, outre le fait d’être située dans des cadres, compte, aussi, avec des instruments qui servent à son élaboration. Le plus perfectionné et central est le langage, car c’est avec lui que se construisent, se maintiennent et se transmettent les contenus et les significations de la mémoire collective (Vygotski, 1930 ; Halbwachs, 1950a). C’est pour cela que Moscovici (1981/1985, p. 373) affirme que « Le langage semble un excellent véhicule de transmission des traces mnésiques d’une génération à l’autre. Les symboles qu’il charrie sont immédiatement reconnus et compris, et ceci dès la première enfance. En outre, en amont du langage, nous disposons des mythes et des religions qui rassemblent et conservent durant des millénaires des idées et des rites très anciens. En aval, on observe le milieu monumental du groupe qui comprend tous les lieux de célébration des grands événements (la naissance du Christ, la Révolution, la victoire des ennemis, etc.) ». En ce même sens, Blondel (1928) affirmait que « le langage est l’espace social des idées » (p. 77), qu’il est une « chose sociale » (p. 79), un sujet pour la collectivité.
11Pour communiquer les significations, on doit recourir au langage, cette création culturelle, qui nous permet de nous entendre sur quelque chose : « les hommes qui vivent en société se servent de mots dont ils comprennent le sens : c’est la condition de la pensée collective », chaque mot compris se voit « accompagné de souvenirs, et il n’y a pas de souvenirs auxquels nous ne puissions faire correspondre de mots » (Halbwachs, 1950a, p. 279).
La mémoire et l’histoire
12Considérons, à présent, la relation entre mémoire et histoire. Lorsqu’il s’agit d’aborder les événements du passé, il est, en effet, d’emblée nécessaire, à des fins disciplinaires, de distinguer les deux. Alors que la mémoire collective raconte les choses vues de l’intérieur et qu’elle est un courant continu de pensée qui se construit dans la vie même du groupe, l’histoire, au contraire, le fait depuis l’extérieur et évolue vers des formes de pensée artificielles et schématiques, pour donner une impression de séquentialité (Halbwachs, 1950a ; Le Goff, 1977). Ainsi, les limites de la mémoire sont diffuses, alors que celles de l’histoire sont clairement établies ; de même, à la différence de l’histoire, laquelle s’établit sur des faits et des événements, la mémoire se fonde sur la signification des modes de vie et sur la tradition, d’où la formule d’Halbwachs : « l’histoire, tableau d’événements ; les mémoires collectives, foyer de traditions » (1950a, p. 74). D’un autre côté, la mémoire s’attache à ce qui demeure pour chaque groupe, tandis qu’à l’histoire incombe ce qui change (Corcuera, 1997). En somme, on peut dire que, dans la mémoire collective, cohabitent plusieurs versions du passé, construites à travers la discussion permanente et la communication des significations, la confrontation des vécus, ce qui lui donne un caractère multiple et varié. En regard, l’histoire positiviste, centrée sur les faits, alimente l’histoire officielle et tend à se présenter comme la version unique et « autorisée » du devenir de la société, ce qui se voit bien lorsqu’on considère les livres scolaires de différents pays et de différentes époques (Ferro, 1981).
13Ce n’est pas seulement cette construction conceptuelle récente qui entrelace la mémoire et l’histoire. Le font, également, les récits qui participent à la création des identités, notamment les identités nationales. Les narrations enchaînent le passé au présent, et c’est pourquoi Wundt (1911) suggère que la véritable compréhension de la psychologie des peuples exige une lecture transversale de leur histoire, seule façon, selon lui, d’observer les patrons, les significations et les symboles qui traversent le temps. La mémoire maintient, en effet, sa continuité par le biais des pratiques sociales, ces formes répétées de commémoration qui actualisent une partie du passé et qui sont, également, alimentées par l’histoire.
L’espace de concurrence : l’identité
14La mémoire collective et l’histoire fonctionnent comme des médiateurs entre la culture et l’identité des groupes (Haas, Jodelet, 1999). Pour Rosa et coll., « l’identité ethnico-nationale remplit des fonctions psychosociales comme celle de s’identifier à une cause et celle de renforcer l’unité » (2000, p. 391). Elle suppose donc la mise en œuvre d’un souvenir sélectif, à partir duquel on oublie les événements négatifs, pour obtenir une reconstruction positive du passé national. Il s’ensuit que l’identité est impossible sans la mémoire, puisqu’elle est, justement, la reconnaissance du même dans le devenir du temps. On entrecroise les souvenirs et les reconstructions des événements pour créer une structure cohérente, dans laquelle on trouve une image qui fonde l’identité.
15Le fait de recourir à des mythes et des souvenirs collectifs apparaît fondamental, pour configurer et garantir la constitution de l’identité nationale (Smith, 1997). Elizabeth Jelin (2002) a montré que, dans le cas de l’Amérique latine en particulier, il existe une période très significative pour la mise en place de la notion de commémoration, couvrant la seconde moitié du XIXe siècle et les débuts du XXe, et qui correspond à l’implantation et la consolidation de l’État-nation.
16Revenons à Smith, qui caractérise l’identité ethnique et l’identité nationale comme étant, l’une et l’autre, d’ordre culturel, c’est-à-dire résultant de processus historiques, subjectifs et symboliques. Il se réfère, ainsi, à l’identité, non comme à un processus uniforme qui perdurerait à travers les générations, mais comme à un sentiment de continuité qui présente, pour chaque génération, l’« unité culturelle de la population », constituée par les souvenirs partagés des événements passés de l’histoire de ce groupe et par « les notions que cultive chaque génération sur le destin collectif de ce groupe et de sa culture » (Smith, 1997, p. 23).
17Ainsi, le souvenir et la commémoration des événements sont plus qu’une simple répétition ; ils sont, en bien des cas, des schèmes, des patrons, doués de significations et de valeurs, qui apparaissent pertinents, qui ont un sens et qui orientent une population donnée. Ces patrons font perdurer les souvenirs. Les narrations et les récits qu’ils modèlent, établissent des hiérarchies entre les groupes, assoient les notions d’ordre, de valeur des groupes et jusqu’aux qualités des habitants d’une nation, tout comme celles de leurs dirigeants (Smith, 1997, 1998 ; Juárez, 2010).
18La nation résulte de diverses forces psychologiques : « idées, croyances, sentiments, instincts, etc. » (Znaniecki, 1944), qui constituent un mode collectif de classification, à partir duquel il devient possible de structurer le monde. Tout cela fournit une identité nouvelle à ceux qui y participent, celle de « nationaux ». Ces derniers acquièrent ainsi un ensemble de droits et d’obligations, des traditions et des coutumes et, finalement, un récit partagé des origines (Balibar, 1988). Mythes d’origine, symboles, lieux de mémoire constituent, par là, des aspects centraux de ce qui est retenu de la formation de la nation, de son identité et de la construction de l’identité de ses habitants. Ces aspects n’impliquent pas seulement la constitution de traits identitaires stables et solides, mais, aussi, la coexistence de multiples versions du passé, qui aident à redéfinir, constamment, l’identité à partir des nécessités du présent.
19Récapitulons : les identités nationales tendent à être collectives, dans la mesure où elles cherchent à intégrer tous les membres d’une « communauté imaginée » (Anderson, 1993) ; elles sont définies et, en ce sens, « pensées », par les majorités qu’expriment les groupes politiques, lesquels supposent la capacité de proposer un horizon de destinée et, par suite, la nécessite de construire des récits, qui articulent l’origine, la trajectoire et le destin des groupes (Florescano, Malvido, 1982). Elles définissent aussi le passé, le présent et l’avenir et, avec tout cela, elles parviennent à produire la cohésion entre les habitants d’un pays ; finalement, elles sont de nature idéologique, en ce sens qu’elles proposent des idéaux de justice, de liberté et d’égalité, principes qui président au sentiment général de notre époque, organisant le monde et ses relations (Juárez, 2004, 2006).
Le singulier, le général et le variable en histoire
20L’importance des mythes d’origine, le souvenir qu’on en a, ainsi que les symboles et les lieux de mémoire, par lesquels se caractérisent une nation et ses membres, constituent les axes d’investigation de l’étude rapportée dans cet article. Trois concepts, proposés par Rouquette (2003), pour l’analyse de la « matière socio-historique », nous serviront pour éclairer les résultats de cette recherche, à savoir la singularité, la généralité et la variété (voir aussi Juárez, Rouquette, 2007).
21La singularité s’exprime à partir de l’identification du ou des aspects, qui ne sont pas partagés par les populations comparées à l’égard d’un objet de représentation. En l’occurrence, il s’agit d’identifier si la représentation sociale d’un événement donné s’exprime avec des caractéristiques différentes dans les diverses populations. Ainsi, par exemple, l’indépendance du Mexique est reconnue comme un événement unique et important pour l’ensemble de la société mexicaine. Cependant, les lectures faites de cet événement peuvent différer, se distinguer ; par exemple : « depuis lors, la classe indigène a été subordonnée », on a connu les conséquences de la « domination des créoles » ou « l’énorme poids acquis par la religion » à partir de cet événement, etc. Le degré d’importance, accordé à l’Indépendance du Mexique, par la population en général, ne fait aucun doute, mais ce même événement a plus d’une interprétation.
22De son côté, la généralité renvoie à la possibilité d’identifier des éléments de représentation qui entretiennent un lien étroit entre eux, et jouissent d’un consensus élevé au sein de plusieurs populations, prises dans le même ensemble. De cette manière, il est possible de déterminer quels sont les aspects qui sont transversaux aux groupes et, ainsi, d’identifier le niveau d’homogénéité des symboles ou des événements qui constituent la trame d’une interprétation significative du passé.
23Pour sa part, une représentation singulière peut rendre compte de modulations spécifiques, de l’existence de variations entre une population et une autre ou bien entre une génération et une autre. Elle nous rappelle que les objets de la pensée sociale ont une grande capacité adaptative, qui leur permet de durer, pour autant qu’ils s’actualisent en se donnant des références contemporaines.
24Avec ces deux concepts, la singularité et la généralité, il est possible, au-delà d’une simple analyse statistique, d’évaluer, sous un angle plus qualitatif, les caractéristiques de l’information recueillie.
Méthodologie
25Ce travail a été entrepris en 2004, et poursuivi en 2007, avec l’objectif d’identifier les mythes d’origine, les symboles et les lieux de mémoire associés au Mexique et au Mexicain. À cet effet, on a construit deux questionnaires fermés, explorant ces divers aspects, et différant seulement l’un de l’autre par l’inducteur utilisé : Mexique dans un cas, Mexicain dans l’autre. L’objectif était d’étudier dans quelle mesure ces inducteurs évoquaient des mémoires historiques et collectives différentes. Il se trouve que l’année 2010 a été une année de célébration et de commémoration, à propos des 200 ans de l’Indépendance et des 100 ans de la Révolution mexicaine, ce qui nous a fourni un contexte quasi expérimental précieux, nous permettant de nous demander si et comment les célébrations du bicentenaire de l’Indépendance et du centenaire de la Révolution, affectaient les mythes d’origine, les symboles et les lieux de mémoire associés à Mexique et à Mexicain. Ceci devrait permettre de déterminer le niveau de particularité et de généralité de chaque inducteur, et d’observer leur éventuelle variation, à trois moments distincts, 2004, 2007 et 2010.
26Pour l’élaboration du questionnaire fermé, on a, d’abord, procédé à des entrevues et des épreuves d’association avec des étudiants de psychologie sociale et des représentants de la population en général (voir Juarez, 2010). L’information, une fois systématisée, a permis d’identifier des catégories, à partir desquelles ont été construits les questionnaires qui portaient sur les mythes d’origine, les symboles, les personnages, les lieux de mémoire et les principales dates du calendrier civique. Dans chaque questionnaire, les options de réponse étaient les mêmes ; seule, variait la forme de l’inducteur. On demandait, par exemple, dans un cas : « Quel est le symbole qui caractérise le mieux le Mexique ? » et, dans l’autre : « Quel est le symbole qui caractérise le mieux le Mexicain ? ».
Populations
27On a appliqué le questionnaire à deux types de population : des étudiants de la licence en psychologie sociale et des employés administratifs et techniques de l’Université autonome metropolitana, site d’Iztapalapa (200 questionnaires en 2004, 100 en 2007 et 200 en 2010). Les principales caractéristiques de différenciation, entre ces deux populations, sont l’âge et le niveau scolaire. Ces variables paraissaient a priori pertinentes pour l’étude, puisqu’elles pouvaient permettre de repérer l’existence de différences générationnelles ou de différences dues au niveau d’information.
Procédure
28Une fois systématisées les réponses à chacun des questionnaires, on a identifié, à partir du pourcentage observé, les principaux éléments à l’intérieur de chacune des catégories suivantes : fait historique d’origine, symboles, et lieux de mémoire. Étant donné qu’on n’a pas constaté de différences significatives entre les groupes interrogés, pour chacune des années d’enquête, que ce soit en fonction de l’âge ou en fonction du niveau scolaire, on a décidé de réaliser une analyse longitudinale, en considérant, pour chaque année, un seul échantillon, composé des deux populations.
29Les résultats ont été analysés à l’aide du coefficient de corrélation linéaire de Pearson (r). On cherche à connaître le degré de concentration ou, au contraire, de dispersion, de l’évolution d’une tendance entre deux périodes. Le but de la méthode est d’établir cette variation en pourcentage. Pour cela on compare le changement réel entre l’événement le plus récent en un temps fa, contre l’événement le moins récent en un autre temps fb, en prenant comme base l’événement le moins récent, au temps fb.
30Une fois obtenues les valeurs figurant sur les tableaux de résultats, il est possible d’identifier les niveaux de particularité, généralité et variabilité de Mexique et de Mexicain, ce qui permet de déterminer le degré de liaison entre les deux dimensions correspondant à ces inducteurs.
Résultats
31Examinons, d’abord les corrélations entre les réponses aux inducteurs, que nous appellerons, donc, ici, dimensions, en relation avec chacune des variables considérées, à savoir les lieux de mémoire, les symboles et les mythes d’origine.
32L’étude nous a, d’abord, permis d’identifier les lieux de mémoire, qui conviennent le mieux, selon les personnes interrogées, pour caractériser le Mexique et le Mexicain
33On observe (tableau 1) une corrélation positive modérée en 2004, plus élevée en 2007, et plus élevée encore en 2010 ; toutes ces corrélations sont significatives. Ces corrélations indiquent qu’il n’y a pas de différence importante, qui distingue les réponses attachées au Mexique de celles attachées au Mexicain. Ainsi, les lieux de mémoire considérés se trouvent largement partagés sur les deux dimensions, c’est-à-dire qu’ils sont reconnus comme des lieux, qui permettent de symboliser aussi bien le Mexique que le Mexicain.
Corrélations entre les « lieux de mémoire » selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
Corrélations entre les « lieux de mémoire » selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
34Cependant, et bien qu’il y ait apparemment peu de différences, il est important de signaler que, durant la phase des entretiens, on a pu constater que les lieux de mémoire, associés au Mexique, sont reconnus comme des lieux ayant une forte signification dans l’histoire du pays, et pour lesquels se maintient une double lecture. Ainsi, le Zócalo, par exemple, où sont établis des édifices nationaux importants (la Présidence de la République, le Templo Mayor et la Cathédrale métropolitaine), mais qui est, également, reconnu comme un espace public que s’approprient les citoyens, que ce soit pour manifester et contester ou pour célébrer (voir Rouquette, 2002). Lors de la phase exploratoire de l’étude, on a recueilli des phrases comme : « […] pour parler du Mexique, je présenterais des endroits comme le Zócalo, parce que c’est là qu’il y a la présidence et c’est là aussi que les Mexicains célèbrent l’Indépendance du Mexique » (employé), ou bien « […] je présenterais les pyramides… lesquelles ? Je ne sais pas… il y en a beaucoup dans tout le pays… » (étudiant) ; « […] les pyramides sont davantage qu’un musée… » (étudiant), « ce sont des lieux festifs où beaucoup de Mexicains se rendent en famille… » (employé).
35Examinons, à présent, l’analyse qualitative des lieux de mémoire, à partir de leurs niveaux de singularité, généralité et variété (tableau 2).
Niveaux de singularité, généralité et variété des lieux de mémoire associés aux dimensions Mexique et Mexicain
Niveaux de singularité, généralité et variété des lieux de mémoire associés aux dimensions Mexique et Mexicain
36On voit, ici, les principaux lieux de mémoire rattachés au Mexique et au Mexicain. On peut observer que le Zócalo apparaît au centre des deux caractérisations. Cependant, il est également possible d’identifier une singularité, dans le cas du Mexique, à savoir la mention des pyramides de Teotihuacan, qui renvoie à l’aspect ethnique de la nation, bien que cette mention ne soit pas écrasante par rapport à celle qui est associée au Mexicain. On n’enregistre pas, non plus, de variation importante entre les années considérées.
37Le patron observé, dans ce premier groupe de données, s’inverse lorsqu’on analyse la deuxième variable étudiée, les symboles, qui caractérisent le mieux le Mexique et le Mexicain (tableau 3).
Corrélations entre les « symboles » selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
Corrélations entre les « symboles » selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
38Ici, les corrélations, faiblement négatives (mais non significatives), en 2004 et 2007, indiquent une singularité, qui différencie clairement les symboles utilisés pour caractériser le Mexique de ceux utilisés pour caractériser le Mexicain. La corrélation positive faible, mais significative, en 2010, bien que suggérant une moindre différence entre les symboles, permet, cependant, de reconnaître le même patron de singularité pour les trois années étudiées, plus nettement pour les deux premières années.
39Les deux premières lignes montrent le patron, qui organise les symboles, faisant apparaître une différence claire entre les symboles reconnus comme étant ceux, qui caractérisent le mieux le Mexique, et ceux qui caractérisent le mieux le Mexicain.
40Considérons, à présent, l’analyse qualitative des symboles identifiés, à partir des niveaux de singularité, généralité et variété (tableau 4).
Niveaux de singularité, généralité et variété des symboles associés aux dimensions Mexique et Mexicain
Niveaux de singularité, généralité et variété des symboles associés aux dimensions Mexique et Mexicain
41On peut voir que les données de 2004 et de 2007 sont consistantes entre elles : chaque dimension ou inducteur se caractérise par un symbole particulier, qui rend singulières les réponses associées au Mexique et au Mexicain. En contrepartie, pour 2010, le Drapeau disparaît et se réaffirme la présence de la Guadalupana, comme étant le symbole qui caractérise le mieux le Mexique, image placée, selon les chroniques, par Don Miguel Hidalgo y Costilla sur un étendard qu’il a brandi pour proclamer le début du mouvement d’indépendance en 1810 (le drapeau national n’apparaît pas avant 1821). L’image de la Guadalupana constitue un référent essentiel pour les Mexicains, bien que, dans ce cas, elle apparaisse associée au pays, sans doute en suite de l’intense propagande diffusée, en 2010, à l’occasion des festivités de l’Indépendance du Mexique. On a ainsi des phrases comme : « Pour décrire le Mexique… j’utiliserais une image avec le drapeau, la Vierge de Guadalupe, l’écu national, par exemple » (étudiant). « Le drapeau national nous identifie et nous représente dans le monde entier » (ouvrier). Par rapport à la Vierge de Guadalupe, nous trouvons : « […] elle est notre patronne, la mère de tous les Mexicains, parce que quand il y a des problèmes, peu importe combien tu as d’argent, on compte tous sur elle » (Employé).
42Considérons, enfin, le tableau 5, correspondant aux événements historiques, qui caractérisent le mieux l’origine du Mexique et celle du Mexicain. Dans ce cas, on retrouve le patron constaté dans le groupe de données précédent. On observe, en effet, une différence entre les événements ou mythes d’origine, utilisés pour expliquer le point de départ du pays, du Mexique (l’Indépendance et la Révolution), et le mythe d’origine, qui sert à expliquer la naissance et les qualités du Mexicain (La Conquête).
Corrélations périodiques des « faits historiques », selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
Corrélations périodiques des « faits historiques », selon qu’ils sont associés à « Mexique » ou à « Mexicain », en 2004, 2007 et 2010 (* p < .05)
43Les liaisons observées, ici, sont une corrélation négative faible (et non significative) en 2004, une corrélation positive faible en 2007 et une corrélation positive élevée en 2010, ces deux dernières significatives. On observe, ainsi, une différence entre les faits historiques, associés à l’origine du Mexique et ceux qui sont associés à l’origine du Mexicain, pour les années 2004 et 2007 (plus nette pour 2004 et moins évidente pour 2007) : autrement dit, il existe une singularité selon laquelle certains événements historiques particuliers servent à caractériser le Mexique, alors que d’autres sont employés pour caractériser le Mexicain. En revanche, la corrélation positive élevée de 2010 semble indiquer qu’à cette date il n’existe pas une différence claire entre les origines historiques, associées au Mexique et au Mexicain. On y reviendra dans la discussion.
44Parmi les phrases recueillies, qui se rapportent à la Conquête, retenons : « La conquête a mis fin à tout ce qui existait » (commerçant ambulant) ; « c’est de là que viennent la violence et l’agression qui nous caractérisent » (ouvrier) ; « après ça les Aztèques ont été soumis par les Espagnols, puis est venu le métissage et nous sommes apparus… comme si nous avions hérité du pire des deux… » (employée qualifiée). Au contraire, lorsqu’il s’agit de l’Indépendance, on relève : « Après avoir été beaucoup humiliés, pendant trois siècles, finalement avec l’Indépendance nous sommes libérés des Espagnols » (commerçants ambulants) ; « À partir de là on a appris à être libres… ça a été une bonne chose pour les Mexicains, l’Indépendance » (ouvriers). À propos de la Révolution, on trouve : « c’est quand les gens ont fait leur révolution, parce que les riches nageaient dans l’opulence alors qu’il y avait beaucoup de pauvreté, surtout dans les campagnes » (commerçants ambulants) ; « […] elle nous a libérés de la misère dans laquelle on nous avait laissés » (ouvrier) ; « […] c’est là que les pauvres se sont révélés et on voit tout ce qu’ils ont réussi à faire, il y a eu de mauvaises choses comme toujours, mais je crois que de là sont venues surtout des bonnes choses » (employée qualifiée).
45Quant au niveau de singularité, de généralité et de variabilité des événements historiques en question, on a (tableau 6) :
Niveau de singularité, généralité et variété des faits historiques associées au Mexique et au Mexicain
Niveau de singularité, généralité et variété des faits historiques associées au Mexique et au Mexicain
46Comme le résultat obtenu à propos des symboles, les données de 2004 et 2007, pour les origines historiques, sont consistantes et mettent en évidence le caractère singulier de chacune des dimensions étudiées : Mexique et le Mexicain. On observe, aussi, qu’en 2010, du fait sans doute de la commémoration de l’Indépendance et de la Révolution, la perception des événements, par les populations interrogées, se trouve modifiée et la singularité de chacun d’eux se perd.
Discussion
47Les observations réalisées, grâce aux questionnaires et aux entrevues, nous ont permis de déterminer les événements reconnus comme fondateurs et que les récits et les chroniques ont répartis et rendus singuliers : ceux qui servent pour caractériser le Mexique, dont la nature et la signification, sont positives (Indépendance et Révolution), par opposition à celui qui sert pour caractériser le Mexicain, dont la nature et la signification sont négatives (la Conquête). Le niveau de généralité enregistré dans la population pour les deux dimensions permet de soutenir cette idée. En apparence, ces deux entités événementielles fonctionnent comme un système d’opposition et de complémentarité.
48Nous constatons, également, que la description des origines par l’histoire officielle et que les symboles (comme le drapeau national) se mêlent et s’entrelacent avec les autres traits de la mémoire commune (la Vierge de Guadalupe). En somme, les moments fondateurs sont exploités de différentes manières et selon des temps multiples. Ils sont les récits inauguraux que l’on retrouve dans le discours historique, mais aussi dans les récits de la mémoire collective. La Conquête, comme événement, a été racontée de manière négative et, cependant, on la rapporte comme un succès fondateur de notre passé. De la même manière, l’indépendance du pays se présente comme ce point d’inflexion où s’est forgée la patrie, où le Mexique a obtenu son indépendance et où ont été symboliquement rompues les chaînes de l’oppression, ce qui entraîne une valorisation positive ; et c’est pourtant dans cette geste que le curé Miguel Hidalgo a utilisé l’image de la Vierge de Guadalupe pour invoquer son appui. La Révolution a été un autre épisode marquant pour le discours historique et pour la mémoire. C’est un événement, qui est revendiqué comme ayant permis des avancées politiques et sociales pour des couches jusqu’alors opprimées et mises à l’écart de la société.
49On constate que les significations, transmises par les discours oraux ou écrits et véhiculées par les symboles, perdurent et maintiennent la possibilité d’expliquer, non seulement le passé, mais aussi l’état de choses présent, comme l’inégalité sociale. Ainsi, la Conquête demeure un épisode qui explique l’origine et le tempérament, en apparence soumis, des Mexicains, alors que l’Indépendance apparaît comme une origine propre du pays, bénéfique pour son développement, expliquant sa forme actuelle et présentant la Révolution comme une lutte nécessaire, justifiée.
50Quant aux lieux de mémoire, le Zócalo est un espace social, un lieu chargé de signification. Aujourd’hui même, c’est un espace politique et social de grande importance. C’est le site sur lequel on aime se rendre, pour savoir ce qui s’est passé au centre même du pays, de la nation. Le passé et le présent se manifestent, ici, avec toute leur charge symbolique. On reconnaît, d’un autre côté, l’importance qui est accordée aux pyramides de Teotihuacan, comme symbole du Mexique et, en même temps, comme héritage et espace de rassemblement des Mexicains.
51Quant aux symboles de mémoire, le drapeau mexicain est exhibé lors de chaque célébration officielle, à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Il représente une composante identitaire du Mexicain, qui doit le saluer à chaque fois qu’il le voit et qui en orne sa maison, chaque mois de septembre, parce qu’on a répété, durant des décennies, que septembre est le mois de la patrie, célébration, qui place le drapeau en son centre. La Vierge de Guadalupe, de son côté, est pratiquement un symbole d’ordre national. Il n’est pas rare d’entendre dire qu’au Mexique « nous ne sommes pas tous catholiques, mais qu’il est indéniable que nous sommes tous guadalupanos ». On peut le vérifier chaque 12 décembre : des pèlerins innombrables viennent, de diverses régions du pays, jusqu’à l’enceinte où est conservée l’image de la Vierge de Guadalupe. C’est un jour qui, étant donnée l’affluence qui se maintient au long des années, peut être considéré comme un jour de célébration nationale.
52La présente étude montre, ainsi, l’importance de la mémoire historique et collective des origines et, plus particulièrement, le poids des symboles et des lieux de mémoire, qui donnent corps à une nation et dotent ses habitants d’une identité. Finalement, on peut observer qu’en suite des commémorations et de la propagande diffusée, tout au long de l’année 2010, les symboles et les événements d’origine ont changé dans la perception de la population en général, au point de bousculer la logique de leur articulation, telle qu’on avait pu la reconnaître dans les années 2004 et 2007. Durant ces campagnes de célébration du Centenaire et du Bicentenaire, des images de diverses régions du pays ont été largement présentées, montrant des paysages naturels spectaculaires, des monuments historiques, des symboles, comme la Vierge de Guadalupe ou le Drapeau ou, encore, des produits artisanaux, tous accompagnés de la même phrase : « C’est cela le Mexique ». Il faut souligner que les habitants, eux-mêmes, apparaissaient très rarement dans ces images, comme si le Mexique était uniquement une entité géographique, culturelle et historique, sans population. Cette campagne, issue de l’initiative privée, fut accompagnée du programme intitulé « Iniciativa México », qui avait comme objectif d’identifier et de récompenser le Mexicain ou le groupe de Mexicains (cinq au plus), porteurs d’une initiative originale ou exceptionnelle, pour le développement du pays. Ce programme promouvait ainsi l’idée que tous les Mexicains ne sont pas de « bons Mexicains », et que ces derniers sont exceptionnels. Cette campagne et l’action conduite à travers ce programme correspondent bien à ce que l’on a observé dans la présente étude, à savoir la séparation entre les images du pays et celles des citoyens. Il n’est pas sans intérêt de signaler que les messages gouvernementaux, relatifs à l’Indépendance et à la Révolution, exaltaient aussi bien les symboles civiques que religieux (par exemple, le message consacré à l’Indépendance du Mexique présentait l’image d’Hidalgo, accompagné de l’étendard de la Vierge de Guadalupe). Ainsi, l’année 2010 peut être considérée comme une année particulière, qui a rendu possible le mélange des symboles et des attributs traditionnellement associés aux origines du Mexique et du Mexicain.
Bibliographie
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Notes
-
[*]
Universidad autónoma metropolitana-Iztapalapa (UAMI), México, Mexique.
-
[**]
Programa de psicología educativa, Universidad pedagógica nacional, México, Mexique.
Correspondance : Juana Juárez Romero, Psicología social Ed. H-120, Av. San Rafael Atlixco 186, Col. Vicentina, Iztapalapa, 09340 Mexique.
<juana@xanum.uam.mx>