Notes
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Université Lille 3 – URECA (EA 1059).
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Université de Reims – LPA (EA 2073).
Correspondance : Gérald Delelis, Université Lille 3, UFR de Psychologie, BP 60149, F-59653 Villeneuve d’Ascq Cedex, France.
<gerald.delelis@univ-lille3.fr>
Introduction
1Depuis près de quinze ans, l’étude de la régulation des états affectifs connaît un essor considérable dans la littérature sur la psychologie sociale des émotions. La variabilité des terminologies utilisées rend, néanmoins, ardue la compréhension du phénomène. Tout comme pour les émotions, on distingue la régulation des affects (Larsen, Priznic, 2004), la régulation des humeurs (Parkinson, Totterdell, Briner, Reynold, 1996 ; Thompson, 1994), la régulation du stress ou du coping (Lazarus, 1966, 1993 ; Lazarus, Folkman, 1984a), la régulation des émotions (Gross, John, 2002 ; Gross, Muñoz, 1995 ; Gross, Thompson, 2007) ou encore la régulation des défenses psychologiques (Freud, 1926/1995). La régulation des affects constituerait, selon Gross et Thompson (2007), la catégorie sur-ordonnée regroupant l’ensemble de ces processus de régulation.
2Nous porterons, ici, notre attention sur les divergences et similitudes de deux conceptions : la régulation des émotions selon Gross (1998a, 2002 ; Butler, Gross, 2004 ; Gross, Muñoz, 1995) et la régulation du stress ou le coping selon Lazarus (1966 ; Lazarus, Folkman, 1984a).
La régulation des émotions
3Le modèle de régulation des émotions, proposé par Gross et ses collaborateurs, s’appuie sur un modèle d’émergence des émotions, selon lequel l’émotion serait suscitée par une stimulation interne ou externe inattendue, provoquant une rupture de la continuité des transactions entre le sujet et son milieu (Gross, Muñoz, 1995 ; Gross, Thompson, 2007). Gross et Muñoz (1995) distinguent deux catégories de stratégies de régulation de l’émotion : celles qui prennent pour cible les antécédents de la réponse émotionnelle – c’est-à-dire les données en entrée du processus de traitement émotionnel – et celles qui consistent à modifier au moins l’une des trois composantes – physiologique, cognitive et motrice – de la réponse émotionnelle, après qu’elle ait été générée. Sur la base de cette dichotomie, Gross (1998a, 1998b) propose l’existence de cinq modes distincts de régulation des émotions intervenant de manière séquentielle, les quatre premiers consistant à agir sur les antécédents de la réponse émotionnelle – c’est-à-dire pendant le processus d’émergence de la réponse – et la cinquième consistant à agir sur cette réponse elle-même.
4La séquence de régulation de l’émotion débuterait donc pendant le processus d’émergence de la réponse et, d’abord, par la possibilité de sélectionner les situations auxquelles la personne fait face (1. sélection de la situation). Ensuite, à défaut, cette personne pourrait tenter de modifier la situation de manière à influencer l’impact émotionnel de celle-ci sur elle (2. modification de la situation). Face à une situation, sur laquelle la personne n’a que peu de contrôle, elle aurait, encore, la possibilité d’infléchir ses émotions, en sélectionnant les stimuli sur lesquels son attention se concentre (3. déploiement attentionnel). Elle pourrait, enfin, manipuler le traitement cognitif des informations auxquelles elle est exposée (4. réévaluation cognitive).
5C’est à ce stade, et en fonction de l’évaluation de la situation menée par l’individu, qu’émergerait la réponse émotionnelle.
6Une cinquième étape (5. suppression expressive) serait alors centrée sur les conséquences de cette réponse émotionnelle – c’est-à-dire la modification d’au moins une des composantes de la réponse émotionnelle (Gross, 1998a ; Gross, John, 2003).
7Ces cinq modes de régulation peuvent être automatiques ou contrôlés, conscients ou non (Gross, Richards, John, 2006). En outre, la régulation des émotions consisterait à atténuer – régulation négative – ou à accentuer – régulation positive – le ressenti émotionnel (Gross et coll., 2006).
8Gross (2001, 2002) a particulièrement porté son attention sur deux stratégies de régulation émotionnelle spécifiques, communément employées dans la vie quotidienne : l’une, centrée sur les antécédents de la réponse – la réévaluation cognitive –, l’autre, centrée sur les conséquences de la réponse – la suppression expressive.
9La suppression expressive serait plus tardive dans la séquence émotionnelle. Elle consisterait en une modulation des aspects comportementaux des tendances d’actions émotionnelles et aurait comme effet une inhibition de l’expression comportementale des émotions, négatives comme positives (Gross, 1998a), sans, toutefois, amoindrir le ressenti négatif ou accroître le ressenti positif. Le recours à cette stratégie devrait requérir des efforts de la part des personnes pour gérer leurs tendances d’actions et nécessiterait, ainsi, l’utilisation de ressources cognitives, qui pourraient, dans le cas contraire, être employées à optimiser la performance dans les contextes psychosociaux, dans lesquels les émotions sont apparues (voir John, Gross, 2007). Cette stratégie, mise en œuvre chroniquement, pourrait donc générer des sentiments négatifs concernant le soi, une réduction du bienêtre psychologique, l’aliénation de l’individu vis-à-vis d’autrui et, par-là, favoriser l’émergence de troubles émotionnels (Gross, John, 2003 ; John, Gross, 2004). Gross et John (2003) montrent, ainsi, à travers cinq études, que l’utilisation privilégiée de la stratégie de réévaluation cognitive ou de suppression expressive, aurait des effets opposés sur le fonctionnement affectif et interpersonnel, de même que sur le bien-être des personnes, la réévaluation ayant des effets positifs et la suppression, des effets négatifs (voir, toutefois, Gross et Thompson, 2007, pour une discussion nuançant cette affirmation).
10En outre, dans la mesure où de nombreux travaux ont conduit à montrer un effet du sexe dans le domaine de l’expression des émotions (voir Brody, Hall, 1993 ; Fischer, 2000), l’impact du sexe a également été étudié dans le cadre spécifique de la régulation émotionnelle. Les hommes auraient davantage recours à la suppression que les femmes (Christophe, Antoine, Leroy, Delelis, 2009). Ils seraient moins enclins à ressentir des affects négatifs et, par conséquent, à les rapporter dans des mesures auto-évaluatives (Gross, John, 2003).
Le coping ou gestion émotionnelle
11Un autre courant de recherche à l’origine des conceptions contemporaines de la régulation des affects concerne les stratégies de gestion du stress. Le stress est défini comme résultant de transactions personne-environnement, évaluées comme excédant les ressources, dont la personne dispose (Lazarus, Folkman, 1984a). Lazarus et Folkman (1984a, 1984b) se sont intéressés aux activités cognitives et motrices – dites de coping – mises en œuvre en situations de stress, pour donner ou redonner, à ces transactions, un caractère favorable pour la personne. Le coping représente, ainsi, l’ensemble organisé des efforts cognitifs et comportementaux, que fournissent les personnes pour anticiper et détecter des agents de stress potentiels ou pour aménager (par exemple, prévenir, minimiser ou contrôler) la demande née des transactions entre elles-mêmes et leur environnement (Lazarus, Folkman, 1984a). Le coping apparaît, donc, nécessaire, lorsque cette demande – interne, externe ou le conflit entre les deux – est perçue comme outrepassant les ressources individuelles, autrement dit, lorsqu’elle est évaluée comme représentant une menace, une douleur ou une perte (Aspinwall, Hill, Leaf, 2002 ; Lazarus, Folkman, 1984a ; Miller, Kaiser, 2001 ; voir aussi Zeidner, Endler, 1996).
12Lazarus et Folkman (1984a, 1984b) proposent une théorie dynamique du coping, lequel, selon eux, n’est pas nécessairement une caractéristique générale et stable des personnes, mais est, au contraire, un processus plutôt flexible, spécifique aux problèmes rencontrés et orienté vers la réalité – contrairement aux mécanismes de défense. Ils proposent une classification dichotomique des activités de coping (voir aussi Folkman, Lazarus, 1985 ; Graziani, 2001 pour une synthèse).
13Un premier ensemble de stratégies disponibles oriente les efforts individuels dans des actions directes, visant à modifier la relation personne environnement – stratégies d’approche de l’agent du stress, dirigées vers l’environnement et vers le problème ayant suscité l’émotion. Les personnes agissent, ici, pour altérer la source du stress, réduire les exigences de la situation et accroître les ressources de l’organisme pour y faire face. Ainsi, de manière générale, ces stratégies sont centrées sur le problème et sont, plutôt, mises en œuvre lorsque la situation est perçue comme contrôlable (Folkman, 1984). Lazarus et Folkman (1984a) distinguent deux catégories de stratégies de ce type : 1° des actions directes, pour affronter et modifier le problème et 2° des activités qui visent à résoudre le problème, notamment par la recherche d’informations et l’élaboration de plans d’action. Dans tous les cas, le coping, centré sur le problème, participe à la réduction de l’écart entre l’état des transactions personne-environnement et l’état recherché (ou espéré) de ces transactions. La réduction de cet écart aura, pour conséquence, une réduction du stress occasionné.
14Un second ensemble de stratégies disponibles oriente les efforts individuels vers la régulation de leur détresse psychologique – stratégies visant à la réduction et/ou à la régulation des réponses émotionnelles, provoquées par l’agent de stress, dirigées vers soi. Ces stratégies sont dirigées, essentiellement, vers soi et sont centrées sur les émotions ressenties. Elles sont mises en œuvre lorsque des difficultés sont perçues pour ce qui concerne l’altération de la situation (situation non contrôlable). Lazarus et Folkman (1984a) distinguent cinq catégories de stratégies de coping centrées sur l’émotion : la minimisation de la menace, la réévaluation positive de la situation, l’auto-accusation, l’évitement-fuite de l’élément stresseur et la recherche de soutien social émotionnel. Ce sont ces recherches sur le coping centré sur l’émotion, qui ont le plus servi d’arrière-plan à la modélisation contemporaine des processus de régulation des affects.
15Bruchon-Schweitzer, Cousson et coll. (1996 ; Cousson, Bruchon-Schweitzer et coll., 1996) proposent, toutefois, l’existence d’un troisième ensemble de stratégies : la recherche de soutien social, visant à obtenir l’aide, les encouragements et/ou la sympathie d’autrui. Or, le soutien social peut remplir, selon les situations, l’une et/ou l’autre des fonctions du coping, à savoir modifier le problème et/ou l’état émotionnel. De ce point de vue, la recherche de soutien social ne constitue pas tout à fait un type parallèle de moyens de coping, mais une catégorie de stratégies s’inscrivant dans le modèle dichotomique de Lazarus et Folkman (1984a, 1984b) ayant, néanmoins, pour spécificité, d’impliquer un médiateur social.
16Selon Gross et coll. (2006), ces deux formes importantes de régulation des affects que sont la régulation émotionnelle et le coping se recouvrent en partie. Les activités de coping sont orientées, par définition, vers les situations blessantes ou menaçantes et ne recouvrent, de fait, que partiellement le fonctionnement, les cibles et les buts de la régulation émotionnelle (John, Gross, 2007, pour une discussion).
17Des recherches et modèles récents mettent l’accent, notamment, sur le rôle des comparaisons sociale et du coping positif, alliant maîtrise des demandes et recherche de sens (voir Aspinwall, Taylor, 1997 ; Buunk, Gibbons, 1997 ; Schwarzer, Knoll, 2002 ; Hartmann, 2008 pour une revue). Il n’empêche que, d’un point de vue pragmatique, la majorité des recherches sur le coping ont porté exclusivement sur les réponses comportementales, émotionnelles et cognitives des individus confrontés à des situations négatives stressantes et menaçantes (le coping réactionnel). Celles, portant sur la régulation émotionnelle, sont plus vastes, incluant les situations de valence hédonique positive et négative et permettent d’explorer ce que les individus font, généralement, face à un stimulus émotionnel (John, Gross, 2007). Les résultats, issus des recherches sur la régulation émotionnelle sont donc plus globaux et devraient permettre de mieux apprécier les mises en œuvre de stratégies de coping, plus spécifiques des situations rencontrées.
18Le coping diffère, ensuite, de la régulation émotionnelle, en ce qu’il est centré, de manière prédominante, sur la réduction des affects négatifs, alors que la régulation émotionnelle est mise en œuvre, également, en situations émotionnelles positives, apportant, en cela, aux chercheurs, des informations complémentaires, mais ne permettant, de fait, qu’une approche partielle des réactions en situations négatives (voir Fredrickson, 2000).
19Le coping porte sur des fenêtres temporelles plus vastes (humeurs) que la régulation émotionnelle (voir, par exemple, Schwarzer, Knoll, 2002). Or, la question d’un fonctionnement similaire ou différent pour les réponses, pour ce qui touche les réactions physiologiques et les comportements, par exemple, des individus confrontés à un épisode émotionnel ou faisant l’expérience plus longue d’un état d’humeur demeure ouverte.
20Enfin une différence de taille entre le coping et la régulation émotionnelle est que les activités de coping incluraient des actions non émotionnelles, effectuées pour atteindre des objectifs, eux aussi, parfois, non émotionnels (comme accroître ses efforts pour remporter une victoire, travailler davantage ou plus dur pour réussir un examen ou obtenir un poste, etc.), alors que la régulation émotionnelle, parce qu’elle consiste en une influence sur la nature des émotions, le vécu de celles-ci et leur expression, serait intéressée seulement par, et orientée vers les émotions, indépendamment de la situation dans laquelle celles-ci apparaissent (Gross, John, 2003 ; John, Gross, 2007).
21Ainsi, si la suppression expressive semble être liée à plusieurs aspects du faire coping – tel que mesuré par la COPE, dans la recherche de Gross et John, 2003 –, la réévaluation cognitive ne l’est pas ou l’est nettement moins : ce n’est ni un évitement de la situation ni une modification concrète de celle-ci ni, encore, une distraction à l’égard de celle-ci ; c’est un ensemble d’efforts réalisés pour la transformer cognitivement. En conséquence, la question des interrelations entre ces stratégies de régulation émotionnelle et de coping se pose clairement, en prenant en compte les différences individuelles selon le sexe des individus.
22L’objectif principal de cette recherche est d’étudier dans quelle mesure les stratégies de régulation émotionnelle et les stratégies de coping sont liées. Nous supposons que les premières (générales) peuvent permettre de prédire les secondes (plus spécifiques). Plus précisément, nous supposons que la suppression expressive sera liée négativement à l’utilisation de stratégies de coping, centré sur le support social et le problème, et positivement à l’utilisation d’une stratégie de coping centré sur les émotions (Gross, John, 2003, étude 4 ; Gross et coll., 2006 ; John, Gross, 2007). La réévaluation cognitive devrait, quant à elle, être positivement liée avec le coping centré sur le problème et la recherche de support social et négativement avec le coping centré sur les émotions (voir, aussi, Cousson et coll., 1996 ; Vitaliano, Russo, Carr, Maiuro, Becker, 1985).
23De manière secondaire, nous supposons que les hommes supprimeront davantage leur expression émotionnelle que les femmes, mais ne différeront pas pour ce qui est de l’utilisation de la réévaluation cognitive (John, Gross, 2003 ; Christophe et coll., 2009). Ils devraient, également, obtenir des scores de coping inférieurs (Vitaliano et coll., 1985) ou identiques (Cousson et coll., 1996) à ceux des femmes.
Méthode
Participants
24Cent soixante-treize participants – 61 étudiants et 112 étudiantes de première et de deuxième année de licence en sciences humaines et sociales, mention psychologie – âgés de 18 à 20 ans (m = 18,79 ; ? = 0,78), ont été sollicités pour prendre part à cette recherche, en complétant un questionnaire. L’anonymat et la confidentialité de leurs réponses étaient garantis.
Matériel et procédure
25Les participants étaient invités à compléter un questionnaire, présenté comme un moyen d’évaluer plusieurs facteurs impliqués, lorsque les individus sont confrontés à une expérience émotionnelle. Ce questionnaire, incluait une série d’échelles mesurant leurs stratégies de régulation émotionnelle et leurs stratégies de coping. Après avoir complété ce questionnaire, les participants indiquaient, également, leur sexe et leur âge.
Stratégies de régulation émotionnelle
26En réponse à la consigne suivante : « À propos de ce que vous exprimez généralement, entourez pour chacune des propositions suivantes la réponse qui correspond le plus à ce que vous pensez faire », les participants complétaient une version française du questionnaire de régulation émotionnelle (Emotion regulation questionnaire, ERQ ; Gross, John, 1998, 2003 ; version française : Christophe et coll., 2009).
27Ce questionnaire de régulation émotionnelle est constitué de dix items, répartis en deux sous-dimensions indépendantes (r = .11 ; p < .001 ; Christophe et coll., 2009). Six items – Lorsque je veux ressentir plus d’émotions positives (comme la joie ou l’amusement), je me force à penser à quelque chose de différent ; Quand je veux ressentir moins d’émotions négatives (comme la tristesse ou la colère), je me force à penser à quelque chose de différent ; Lorsque je suis confronté(e) à une situation stressante, je m’arrange pour penser à cette situation de manière à ce que cela m’aide à rester calme ; Lorsque je veux ressentir plus d’émotions positives, je change ma façon de voir la situation ; Je contrôle mes émotions en changeant la façon de voir la situation dans laquelle je suis ; Quand je veux ressentir moins d’émotions négatives, je change ma façon de voir la situation – permettent d’évaluer dans quelle mesure les répondants utilisent la stratégie de réévaluation (alpha = .76). Les quatre autres items – Je garde mes émotions pour moi ; Quand je ressens des émotions positives, je fais attention de les cacher ; Je contrôle mes émotions en les cachant ; Lorsque je ressens des émotions négatives, j’évite de les exprimer – permettent d’évaluer dans quelle mesure ils utilisent la stratégie de suppression (alpha = .72).
28Les participants répondent en utilisant des échelles en sept points (de 1 = pas du tout d’accord à 7 = tout à fait d’accord). Un score de réévaluation et un score de suppression peuvent, ensuite, être définis pour chaque participant, en calculant la moyenne de leurs réponses aux items, correspondant à chacune de ces stratégies. Les scores moyens, selon le sexe, pour une population française sont, pour la suppression expressive, mmasculin = 3,64 (? = 1,31) et mféminin = 3,12 (? = 1,36), et pour la réévaluation cognitive, mmasculin = 4,07 (? = 1,26) et mféminin = 4,17 (? = 1,26) (Christophe et coll., 2009).
Stratégies de coping
29Les stratégies de coping des participants ont été évaluées à l’aide de la Ways of coping checklist (WCC ; Folkman, Lazarus, 1980 ; Vitaliano et coll., 1985 ; version française de Cousson et coll., 1996), en utilisant la consigne suivante : « À propos de vos réactions face à vos émotions, indiquez comment vous faites face en général à vos émotions en cochant la réponse qui correspond le mieux à votre façon de réagir ».
30Bien qu’elle soit plus générale que la COPE (Carver, Scheier, Weintraub, 1989), nous avons utilisé, ici, la WCC, qui exploiter plus fidèlement, selon nous, la conception transactionnelle du coping (Cousson et coll., 1996), et qui est, en outre, généralement stable d’un sexe à l’autre. Ainsi, même si le coping est un ensemble d’efforts momentanés et non une disposition stable (Paulhan, 1992), la stabilité de résultats, offerte par l’utilisation de la WCC, permet d’employer cet outil avec une consigne ne faisant pas référence à un « état » en lien avec une situation spécifique. Étudier le coping, en dehors d’une situation ciblée, peut permettre d’éviter les différences individuelles, parfois observées, tout en dépassant, à la fois, le problème de la diversité des événements sur lesquels les participants se fondent pour répondre et le problème de la possibilité, perçue ou non, de contrôler ces événements. En outre, cet usage se justifie, dans notre étude, dans la mesure où il s’agissait de mettre en évidence, tout comme c’est le cas pour la régulation émotionnelle, les stratégies les plus fréquemment employées par les participants et non des stratégies actualisées (voir la bonne fidélité test-retest de la WCC ; Cousson et coll., 1996). Selon Lazarus (1990, cité par Cousson et coll., 1996), ce sont bien, d’ailleurs, les stratégies habituelles utilisées, qui risquent d’avoir – sur la santé, par exemple – l’impact le plus fort.
31La WCC est constituée de 27 items, répartis en trois dimensions. Dix items permettent de mesurer le coping centré sur le problème : J’établis un plan d’action et je le suis ; Je me bats pour ce que je veux ; Je change positivement ; Je prends les choses une par une ; Je me concentre sur un aspect positif qui pourrait apparaître après ; Je sors plus fort(e) de la situation ; Je change des choses pour que tout puisse bien finir ; J’essaye de ne pas agir de manière précipitée ou de suivre la première idée ; Je trouve une ou deux solution(s) au problème ; Je sais ce qu’il faut faire, aussi je redouble d’efforts et je fais tout mon possible pour y arriver.
32Neuf items permettent de mesurer le coping centré sur l’émotion : Je souhaite que la situation disparaisse ou finisse ; Je souhaite pouvoir changer ce qui arrive ; Je me sens mal de ne pouvoir éviter le problème ; J’espère qu’un miracle se produira ; Je me sens coupable ; Je pense à des choses irréelles ou fantastiques pour me sentir mieux ; J’essaye de tout oublier ; Je souhaite pouvoir changer d’attitude ; Je me critique ou sermonne.
33Huit items permettent de mesurer le coping centré sur la recherche de soutien social : Je parle à quelqu’un de ce que je ressens ; Je sollicite l’aide d’un professionnel et je fais ce qu’on me conseille ; Je demande des conseils à une personne digne de respect et je les suis ; Je discute avec quelqu’un pour en savoir plus au sujet de la situation ; Je contiens (garde pour moi) mes émotions ; Je parle avec quelqu’un qui pourrait agir concrètement au sujet du problème ; J’essaye de ne pas m’isoler ; J’accepte la sympathie et la compréhension de quelqu’un.
34Chaque item est couplé avec une échelle en quatre points (non, plutôt non, plutôt oui, oui). Les réponses des participants, pour chaque dimension, sont additionnées pour définir un score de coping centré sur le problème, un score de coping centré sur l’émotion et un score de coping centré sur la recherche de soutien social. Les moyennes, observées à la WCC, pour une population française, varient selon le sexe des répondants, respectivement pour le coping centré sur le problème mmasculin = 28,04 (? = 5,71) et mféminin = 27,79 (? = 6,78), pour le coping centré sur l’émotion mmasculin = 20,22 (? = 5,49) et mféminin = 21,70 (? = 5,60), et pour le coping centré sur le soutien social mmasculin = 25,45 (? = 5,04) et mféminin = 20,15 (? = 4,76) (Cousson et coll., 1996).
Résultats
Utilisation des stratégies de régulation émotionnelle et de coping selon le sexe
35Pour ce qui concerne les stratégies de régulation émotionnelle, les scores de suppression expressive sont de mmasculin = 3,615, ? = 1,287 et mféminin = 3,509, ? = 1,156 et les scores de réévaluation cognitive sont de mmasculin = 4,442, ? = 1.015 et mféminin = 4,181, ? = 0,919. Aucun effet du sexe des participants ne s’est révélé significatif : respectivement F(1,171) < 1 pour la suppression et F(1,171) = 2,962, ns pour la réévaluation.
36Contrairement aux études de Gross et John (2003) ou Christophe et coll. (2009), les scores de réévaluation cognitive et de suppression expressive des hommes ne diffèrent pas, ici, de ceux des femmes.
37S’agissant des stratégies de coping, les scores des participants, pour le coping centré sur le problème, ne diffèrent pas des scores moyens, observés pour une population française (Cousson et coll., 1996) : respectivement mmasculin = 28,049 (? = 5,14) et mféminin = 28,464 (? = 4,58). En revanche, les scores de coping centré sur l’émotion – respectivement mmasculin = 23,246 (? = 4,68) et mféminin = 23,688 (? = 4,79) – sont au-dessus de ces moyennes de référence (p < .0001). Il en va de même des scores de coping centré sur la recherche de soutien social des participantes, mféminin = 21,161 (? = 3,1), t(111) = 3,453, p = .0008 et à l’inverse ceux des participants sont inférieurs à ces moyennes, mmasculin = 21,393 (? = 3,07), t(60) = – 10,31, p < .0001. En outre, les scores des participantes et des participants pour les trois types de coping ne diffèrent pas les uns des autres (voir Cousson et coll., 1996), tous F(1.171) < 1.
Interrelations entre les stratégies de régulation émotionnelle et de coping
38Des analyses de régressions multiples, considérant le score de réévaluation cognitive et le score de suppression expressive (stratégies rapidement mises en œuvre dans la séquence émotionnelle), comme facteurs explicatifs, conformément à la procédure utilisée par Gross et John (1998, 2003) et les scores de coping centré sur le problème, de coping centré sur les émotions et de coping centré sur la recherche de soutien social (observables en suite de la séquence émotionnelle proprement dite), comme variables dépendantes, ont été réalisées (tableau 1).
Implications des stratégies de régulation émotionnelle pour les stratégies de coping
Implications des stratégies de régulation émotionnelle pour les stratégies de coping
39L’utilisation habituelle de la stratégie de réévaluation cognitive est associée positivement à l’utilisation des stratégies de coping centré sur le problème et la recherche de soutien social. La configuration est inversée pour l’utilisation de la stratégie de suppression expressive. La stratégie de coping centré sur l’émotion n’est pas significativement liée à l’utilisation de l’une ou l’autre des stratégies de régulation émotionnelle.
40La configuration générale observée pour les interrelations entre les stratégies de régulation émotionnelle et de coping reste valable pour les participantes, mais pas pour les participants, pour lesquels la réévaluation est seulement corrélée avec le coping centré sur le problème et la suppression, au coping centré sur la recherche de soutien social.
41En outre, la distinction, faite par Carver, Scheier et coll. (1989), entre le soutien social de type émotionnel et instrumental a été explorée ici, en scindant les huit items en cause, en items relatifs au type émotionnel (par exemple, « J’accepte la sympathie et la compréhension de quelqu’un ») et au type instrumental (par exemple, « Je demande des conseils à une personne digne de respect et je les suis »). Pour les participants de sexe masculin, des analyses de régression multiple montrent qu’il n’y a aucune implication particulière des stratégies de régulation émotionnelle, dans l’utilisation de l’un ou l’autre type. Pour les participantes, elles montrent, en revanche, que le lien négatif, observé entre suppression expressive et recherche de soutien social, est dû à la seule absence de recherche de soutien instrumental, t(111) = – 3,824, p = .0002, et que le lien positif, entre réévaluation cognitive et coping centré sur la recherche de soutien social est, quant à lui, dû à la seule recherche de soutien émotionnel, t(111) = 2,376, p = .0193.
Discussion et conclusion
42L’objectif principal de cette recherche était d’explorer les interrelations entre les stratégies de régulation émotionnelle, telles qu’évaluées par l’ERQ (Gross, John, 2003) et les stratégies de coping, telles qu’évaluées par la WCC (Folkman, Lazarus, 1980). Il s’agissait, également, de vérifier dans quelle mesure le sexe des personnes intervient dans ces interrelations.
43Un premier constat est que, pour ce qui touche aux liens entre régulation émotionnelle et coping, si les deux stratégies de régulation émotionnelle ont bien une incidence – opposée – sur les stratégies de coping centré sur le soutien social et le problème (Gross, John, 2003 ; John, Gross, 2007), elles n’en ont pas sur la stratégie de coping centré sur les émotions. Ce résultat est, à la fois, surprenant et logique. Il est surprenant dans la mesure où, selon Gross et coll. (2006), la régulation émotionnelle est précisément dirigée vers les émotions, alors que le coping pourrait l’être à d’autres activités, non directement liées à celles-ci. Or, ici, l’utilisation de la réévaluation cognitive et l’utilisation de la suppression expressive ont un effet sur les deux formes de coping, qui ne sont pas nécessairement, de fait, centrées sur les émotions. Ce résultat est, toutefois, parfaitement logique, en ce sens que la distinction, avancée par ces mêmes chercheurs, entre coping et régulation émotionnelle, met l’accent sur le fait que les stratégies de coping sont des efforts réalisés par les personnes (Lazarus, Folkman, 1984a), autrement dit, des actions observables, des issues comportementales, et surviennent, ainsi, après les activités moins contrôlées de régulation émotionnelle. Le coping centré sur les émotions pourrait, donc, porter sur ce qui n’a pas été modifié par les stratégies de régulation émotionnelle – ce qui n’a pas été réévalué ni n’a fait l’objet d’une suppression expressive, peut-être parce que trop déstabilisant, trop bouleversant – et qui dépend des vécus émotionnels précis, dont les personnes font l’expérience. Privilégier la réévaluation mènerait, ainsi, les personnes à tenter de modifier la source du stress (gestion du problème) en s’aidant d’autrui (soutien social), alors qu’une utilisation privilégiée de la suppression expressive les mènerait à réfréner, aussi, une confrontation au problème et une recherche d’autrui.
44Un deuxième résultat général est que les participants, qu’ils soient de sexe masculin ou féminin, utilisent dans la même mesure, les stratégies de réévaluation et de suppression (Christophe et coll., 2009). Il en va de même pour l’utilisation des stratégies de coping centré sur le problème, l’émotion et la recherche de soutien social (Cousson et coll., 1996).
45Un troisième constat est que le sexe des personnes modifie – modérément – les résultats observés. Il intervient dans les relations qu’entretiennent régulation émotionnelle et coping, notamment, pour ce qui concerne la recherche de soutien social (émotionnel et instrumental). L’utilisation de la réévaluation cognitive semble mener les femmes à se confronter au problème, de même qu’à rechercher du soutien social spécifiquement émotionnel, alors que l’utilisation de la suppression expressive semble les conduire à éviter cette confrontation au problème, y compris en évitant les conseils et l’aide matérielle (soutien social instrumental) d’autrui.
46La question des relations, que régulation émotionnelle et coping entretiennent, reste posée, quant au type particulier de soutien social, que les personnes recherchent. De fait, ce soutien – ou support – social peut prendre plusieurs formes (Buunk, 1990 ; Buunk, Hoorens, 1992 ; Cohen, Wills, 1985 ; pour une revue voir par exemple Stroebe et Stroebe, 1996). De quelle manière l’utilisation privilégiée de la réévaluation cognitive ou de la suppression expressive a-t-elle un impact sur le recours à un coping centré sur la recherche de soutien social, selon le type de soutien social, dont il est question ?
47L’utilisation des stratégies de régulation émotionnelle semble bien liée aux stratégies de coping, que les personnes mettront en place, lorsqu’elles sont confrontées à des situations émotionnelles. L’ERQ est, en ce sens, un outil simple d’utilisation, court et pertinent pour estimer ces aspects. Il est, cependant, nécessaire de prendre en considération le sexe des personnes, mais, aussi, vraisemblablement, leurs vécus émotionnels spécifiques (anxiété, dépression, stress perçu), car les liens observés entre régulation émotionnelle et coping ne sont, évidemment, pas figés. Ils dépendent, vraisemblablement, des caractéristiques intrinsèques (âge, sexe, culture, etc.) du sujet, mais, également, de ses apprentissages précoces, en termes de régulation émotionnelle, liés à son histoire personnelle et à son parcours de vie. L’absence de différences entre les femmes et les hommes, quant à l’utilisation de la réévaluation cognitive et la suppression expressive, pourrait être liée à l’homogénéité de l’âge de notre population, composée ici d’étudiant(e)s de 18 à 20 ans. Une étude transversale, ayant comme critères principaux l’âge et le sexe, pourrait être utile pour déterminer si les apprentissages sociaux, survenant durant le parcours de vie des personnes, affectent, bel et bien, le recours à des stratégies de régulation émotionnelle différentes.
48Même s’il semble, en première lecture, que privilégier chez les personnes le recours automatique (par apprentissage, par exemple) à la réévaluation cognitive et, en parallèle, réfréner la pratique de suppression expressive, pourrait permettre à celles-ci de s’orienter vers des conduites adaptées et à un bon fonctionnement de santé (voir, par exemple, Gross, John, 2003 ; Gross et coll., 2006), des recherches supplémentaires doivent être menées, avant d’affirmer ces liens (voir Gross, Thompson, 2007). En tous cas, la pratique thérapeutique pourrait, à terme, trouver en cet outil qu’est l’ERQ un auxiliaire précieux, en matière à la fois de prévention et d’intervention, notamment dans des situations, où les épisodes de vie, générant une vulnérabilité accrue des personnes, sont récurrents et dans des situations, dans lesquelles les personnes doivent faire face à des troubles et/ou phases de traitement chroniques. L’efficience de ces stratégies sur le bien-être, la qualité de vie physique et psychologique des patients et de leurs proches est, toutefois, à considérer avec précaution, en prenant, par exemple, en compte les caractéristiques situationnelles et personnelles (par exemple, le statut – patient, proche, soignant –, les attentes sociales liées au sexe, le niveau socio-éducatif, socio-économique, etc.), ainsi que l’histoire médicale du patient (par exemple, le type de pathologie, le degré ou stade de l’atteinte, le type de traitements, etc.) (Christophe, 2009).
49Enfin, et dans le même ordre d’idées, des recherches devront, plus généralement, explorer plus avant les liens entre l’utilisation de ces stratégies de régulation émotionnelle et les conduites effectives, personnelles tout autant que sociales, de personnes faisant l’expérience d’un bouleversement émotionnel, tant négatif que positif, en prenant en considération les dimensions subjective, comportementale, physiologique, relationnelle et socio-affective.
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Notes
-
[*]
Université Lille 3 – URECA (EA 1059).
-
[**]
Université de Reims – LPA (EA 2073).
Correspondance : Gérald Delelis, Université Lille 3, UFR de Psychologie, BP 60149, F-59653 Villeneuve d’Ascq Cedex, France.
<gerald.delelis@univ-lille3.fr>