Couverture de BEO_068

Article de revue

La correspondance de Sévère d’Antioche et de Philoxène de Mabboug avec les chrétiens d’al-Ḥīra (Ḥirta de Noʿman)

Implications d’ordre doctrinal, institutionnel et politique

Pages 247 à 260

Notes

  • [1]
    Trimingham 1979, p. 192-195.
  • [2]
    Shahîd 1995, p. 706-709. Cet article nous est l’occasion de rendre hommage à ce savant fécond, récemment disparu, dont l’œuvre érudite mais malheureusement inachevée a largement contribué à éclairer l’histoire de la chrétienté arabe ancienne.
  • [3]
    Toral-Niehoff 2010, 2014. Ces études actualisent, notamment pour la sociologie d’al-Ḥīra et son histoire religieuse, la monographie classique de G. Rothstein (Rothstein 1899) dont dépendaient encore, en français, les notices du Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques (Aigrain 1924, s. v. « Arabie ») et de l’Encyclopédie de l’Islam dans sa deuxième édition (Shahîd 1975 et 1986).
  • [4]
    Wood 2010.
  • [5]
    Menze 2008.
  • [6]
    L’ouvrage du savant belge A. De Halleux demeure la synthèse la plus complète sur ce théologien et homme d’action, aux plans dogmatique et historique, comme à celui de la tradition manuscrite de cet écrivain ecclésiastique majeur de la chrétienté de langue syriaque (De Halleux 1963). Les nombreux travaux postérieurs portent essentiellement sur l’édition, la traduction de ses œuvres et leur portée doctrinale ; notice commode de Rillet 1990. Pour la période du patriarcat sévérien (512-518), cf. Honigmann 1951, p. 66-67 ; Alpi 2009, en particulier t. 1, p. 204-205.
  • [7]
    Siège épiscopal de son contemporain et autre père de l’Église syriaque, Jacques de Saroug ; cf. Honigmann 1951, p. 52-53.
  • [8]
    Dillemann 1963, p. 131, 180-181.
  • [9]
    Stein & Palanque 1949, p. 95-98 ; Greatrex 1998, p. 111-112. Les chefs d’armée Hypatios, neveu de l’empereur, Patrice et Aérobinde hivernent à Hiérapolis en 503-504.
  • [10]
    Maraval 2016, p. 249-250.
  • [11]
    De Halleux 1963, p. 13 sq. ; Fiey 1968, p. 132-134 ; Rillet 1990, p. 2023-2024.
  • [12]
    Procope de Césarée, De bello Persico, II, 5, 29. Sur l’équivalence, en grec et en syriaque, des termes barbare et arabe ou bédouin (saracène), cf. Kugener 1907 ; Fowden 1999, p. 1-5 et n. 1, 65.
  • [13]
    Maraval 1985, p. 349-350.
  • [14]
    Fowden 1999, p. 60-140.
  • [15]
    En 515, l’Euphratésie est divisée en Euphratésie septentrionale (chef-lieu : Hiérapolis) et Euphratésie méridionale (chef-lieu : Résafa) ; Honigmann 1951, p. 102-103.
  • [16]
    De Halleux 1963 ; Rillet 1990, p. 2023-2024.
  • [17]
    Présentation générale, Allen & Hayward 2004 ; sur la période du patriarcat effectif (512-518), Alpi 2009 ; pour une synthèse récente, avec un rappel de la bibliographie essentielle, Alpi 2020.
  • [18]
    Alpi 2016.
  • [19]
    Winkler 2019, p. 120-121.
  • [20]
    Les synodes de Bet Lapaṭ (484) et de Séleucie-Ctésiphon (486) passent pour les étapes principales de cette définition théologique ; cf. ainsi Winkler 2019, p. 121.
  • [21]
    Actes des synodes orientaux, p. 275 ; Fiey 1968, p. 203-204.
  • [22]
    Rothstein 1899 ; Shahîd 1975, p. 478-479 ; Shahîd 1986, p. 636-638 ; Toral-Niehoff 2010, 2014.
  • [23]
    Voir « Alamundarus 2 » dans Jones, Martindal & Morris 1980, p. 40-43.
  • [24]
    Le meilleur se trouve à la John Rylands Library de Manchester (syr. 59, f. 99v-107v) et l’authenticité de la lettre a été désormais bien établie par De Halleux 1963, p. 203-208.
  • [25]
    Plutôt répandue, semble-t-il, chez les agriculteurs sédentaires araméens que parmi les pasteurs et caravaniers arabes. Pour un tableau de la situation plurielle du christianisme d’al-Ḥīra, cf. Toral-Niehoff 2010, p. 336-340.
  • [26]
    Épisode connu comme « guerre d’Anastase » (502-506), au cours de laquelle périt Nuʿmān II.
  • [27]
    De Halleux 1963, p. 57.
  • [28]
    Sévère d’Antioche, Lettres, no 23, p. 216-217.
  • [29]
    Fiey 1968, p. 230-243 ; Morony 1987.
  • [30]
    Théodore le Lecteur, Historia ecclesiastica, Sive tripartita (CPG 7502).
  • [31]
    Théodore le Lecteur, Historia ecclesiastica, p. 147, l. 19-25. Les autres relations de l’épisode, toutes grecques et chalcédoniennes, dépendent de Théodore. Cf. Alpi 2009, t. 1, p. 252, n. 83 et t. 2, p. 20.
  • [32]
    Honigmann 1951, p. 68, contraDe Halleux 1963, p. 97, n. 36.
  • [33]
    Trimingham 1979, p. 193. Shahîd lui-même, avec des nuances, peine à l’admettre (Shahîd 1995, p. 706-707).
  • [34]
    Alpi 2009, t. 1, p. 253, n. 89.
  • [35]
    Shahîd 1995, p. 706-709.
  • [36]
    Alpi 2009, t. 1, p. 252 et n. 85-86.
  • [37]
    Toral-Niehoff 2014, p. 336-337.
  • [38]
    Dans le fond religieux perse ou arabe, mais aussi chrétien, comme l’atteste par exemple la Hiérarchie céleste du Pseudo-Denys (CPG 6600). Pour l’angélologie du substrat païen, cf. ainsi Cumont 1915 ; sur le culte christianisé de Saint Michel, cf. Hannah 1999.
  • [39]
    Il s’agit d’une localité proche d’al-Ḥīra, à 10 jours de voyage au sud-est selon Shahîd (Shahîd 1995, p. 727), ou seulement 10 jours au sud-ouest, pour Trimingham (Trimingham 1979, p. 195). Ne pas confondre avec la ville homonyme fondée en Palestine omeyyade.
  • [40]
    La conférence dérive sur le domaine religieux, à l’annonce du massacre perpétré à Najran, en Arabie méridionale, par le roi juif de Ḥimyar, Yūsuf. Cette tragédie suscite l’émotion de Siméon de Bet Aršam, comme celle de féaux chrétiens de Munḏir, apparemment coreligionnaires du plénipotentiaire romain. Pour un dernier état de la question de cet épisode et de ses répercussions, cf. Beaucamp et al. 2010 ; sur la conférence elle-même et sa portée, Brelaud 2016, p. 9-12.
  • [41]
    Toral-Niehoff 2014, p. 339.
  • [42]
    Sur le bilinguisme arabe/syriaque d’al-Ḥīra, cf. Toral-Niehoff 2014, p. 339.
  • [43]
    Bet Aršam est son lieu de naissance, proche de Ctésiphon, on ne lui connaît pas de siège défini.
  • [44]
    Shahîd 1995, p. 727.
  • [45]
    Winkler 2019, p. 124.

1 Plus d’un siècle avant le tournant de l’Islam, dans les années 500/520 apr. J.-C., un épisode a marqué les rapports de la chrétienté arabe de Mésopotamie, sous suzeraineté sassanide, avec celle de l’Empire romain d’Orient (ou byzantin), contribuant à définir la première, telle que la découvriront les conquérants musulmans. Il s’agit des relations entretenues ou projetées par le patriarche miaphysite Sévère d’Antioche et l’évêque métropolitain Philoxène de Mabboug, autre figure majeure du parti antichalcédonien, avec les chrétiens de la région d’al-Ḥīra (Ḥirta de Noʿman), en territoire perse. La question a déjà été évoquée, notamment par John Spencer Trimingham [1] ou Irfan Shahîd [2], mais il semble intéressant de la reprendre dans l’esprit et à la lumière de recherches plus récentes, ainsi celles d’Isabel Toral-Niehoff sur al-Ḥīra [3], de Philip Wood sur le christianisme araméen [4] ou de Volker L. Menze sur les débuts de l’Église syriaque orthodoxe (dite « jacobite ») [5]. Ces deux derniers travaux établissent en particulier que les adversaires du symbole dyophysite de Chalcédoine n’ont pas seulement constitué une dissidence christologique, par rapport de l’Église impériale romaine, mais qu’ils ont souvent promu aussi une forme de foi alternative à celle-ci, reconnue par le pouvoir et propre à servir sa politique vis-à-vis de l’adversaire ou du partenaire sassanide. Dans un premier temps, seront présentés les acteurs en présence, puis les pièces du dossier, enfin sera proposée une interprétation sur trois niveaux : controverse théologique ; géo-politique ; institutions ecclésiastiques.

Les acteurs : Philoxène de Mabboug, Sévère d’Antioche, les princes lakhmides d’al-Ḥīra et leurs sujets chrétiens

2 Philoxène de Mabboug [6] (né dans le dernier tiers du ve siècle – † 523 apr. J.-C.) était depuis 485 l’évêque métropolitain de la province romaine ou éparchie d’Euphratésie, qui s’étendait le long du fleuve éponyme, sur sa rive droite, au nord certes séparée du territoire sassanide par l’éparchie d’Osrhoène, le pays syriaque d’Édesse (Urhoy, aujourd’hui Ūrfa) et de Baṭnān (Saroug, aujourd’hui Suruç) [7], mais en étroit contact avec la Mésopotamie intérieure. La cité de Hiérapolis (en syriaque Mabboug, aujourd’hui Manbiğ) se trouvait en effet sur l’axe reliant Séleucie-Ctésiphon, la capitale perse de Babylonie, à Antioche, celle du diocèse romain d’Orient, par Nisibe, Édesse et Bérée (aujourd’hui Alep). À plusieurs reprises, Hiérapolis/Mabboug fut donc le point de rassemblement des forces romaines à l’assaut des Perses : déjà en 363, lors de l’expédition malheureuse de l’empereur Julien [8] ; de même, pendant la guerre d’Anastase (502-506) [9] ; sous Justinien, la ville retrouvera d’ailleurs cette position stratégique, comme place forte des généraux Bouzès et Bélisaire (540-545) [10]. Par ses origines, Philoxène était lui-même en phase avec cet arrière-pays de confins romano-sassanides où il avait forcément dû garder des attaches. En effet, il avait vu le jour en Adiabène, à Taḥal, dans le Bet Garmaï, près de l’ancienne Karka (aujourd’hui Kirkūk). Natif de langue araméenne, il avait étudié la théologie à la célèbre École des Perses d’Édesse, où s’étaient transportés les docteurs orientaux de Nisibe, après la cession de leur ville aux Perses par Jovien (363). Sa culture religieuse plongeait donc ses racines dans le fonds oriental, nonobstant une carrière ecclésiastique accomplie au sein de l’Église impériale romaine. De son nom syriaque originel, il s’appelait ܐܟܣܢܝܐ (Aksenio), dont le grec Φιλόξενος (Philoxène) ou Ξεναίας (Xénaias) constitue en réalité l’adaptation [11].

3 Le Sud de la province euphratésienne et son prolongement méridional en territoire perse, sur les deux rives du fleuve, constituaient aussi une zone où nomadisaient les tribus arabes fédérées aux deux empires rivaux et qui allaient partiellement s’y sédentariser. De là provient l’appellation de « plaine barbare » (βαρβαρικὸν πεδίον) que l’historien Procope réserve à ce vaste secteur géographique [12]. La christianisation progressive de ces nomades saracènes tenait au rayonnement exercé par le sanctuaire de saint Serge établi à Résafa et à leur vénération pour les reliques qu’il abritait de ce martyr militaire, confesseur sous Dioclétien [13]. Sous l’égide des métropolites de Hiérapolis/Mabboug, un modeste poste fortifié de la frontière méridionale devint donc, entre les ive et vie siècles, un centre de pèlerinage très fréquenté, en même temps qu’un point d’ancrage des nomades de la zone au christianisme et à l’Empire romain [14]. À l’aube du vie siècle, avant que Résafa ne devînt métropole d’une province nouvelle, issue de la partition de l’Euphratésie (515) [15], Philoxène se trouvait donc en situation privilégiée pour assurer le contact avec les tribus arabes.

4 Sa position théologique doit être soulignée. Philoxène s’oppose résolument au concile œcuménique de Chalcédoine (451) qui proposait de définir le Christ en une personne et selon deux natures, divine et humaine (dyophysisme). Mais il se montre l’adversaire non moins intransigeant de la doctrine contraire, condamnée au concile d’Éphèse (431), comme de nouveau à Chalcédoine, qui conçoit le Christ en deux personnes, divine et humaine, selon une conception héritée des théologiens d’Antioche Nestorius et Théodore de Mopsueste. Il adhère, au contraire, à la définition du Christ en une personne et une nature (μία φύσις), aujourd’hui qualifiée de miaphysisme[16].

5 D’une génération plus jeune que Philoxène, Sévère d’Antioche (v. 465-538) se situe sur la même ligne théologique et devint, dans le premier tiers du vie siècle, le principal chef de file du courant antichalcédonien et antinestorien [17]. Pour lui, la doctrine de Chalcédoine (451) ne représente d’ailleurs qu’un retour clandestin du nestorianisme condamné au concile d’Éphèse (431). Après l’Incarnation de Dieu en Jésus-Christ, il n’y a pour lui qu’une seule nature (μία φύσις) car nature (φύσις) et personne (οὐσία) sont concepts équivalents. Ses écrits nous sont accidentellement conservés en traduction syriaque mais il s’agit bien d’un Grec de culture et de formation. Devenu patriarche d’Antioche (512-518) par la grâce de l’empereur Anastase, il est déposé quand l’Église d’Empire devient résolument chalcédonienne avec Justin Ier (518), puis Justinien (527), et il doit se réfugier en Égypte, où il meurt après vingt ans d’exil (518-538). Remarquable homme politique et administrateur, il se considéra toujours comme un patriarche en exercice, même après sa chute, ne cessant de se montrer sensible au plurilinguisme de son ressort (grec/syriaque, et arabe sur les marges), bien qu’il ne pratiquât lui-même que le grec et le latin [18].

6 Philoxène et Sévère sont les principaux théologiens antichalcédoniens de l’époque, mais aussi antinestoriens. Or, dans l’Empire sassanide, où le mazdéisme est le culte d’État, pour ne pas continuer à subir de persécutions comme agents de l’ennemi romain, chez qui le christianisme était devenu la religion officielle, les chrétiens se sont constitués en Église indépendante, au concile réuni en 410 à Séleucie-Ctésiphon par le roi des rois Yazdegerd Ier[19]. Dans le courant du ve siècle, ils adoptent la christologie antiochienne de Nestorius, ou plutôt celle de Théodore de Mopsueste, précisément condamnée à Éphèse en 431, et encore une fois à Chalcédoine en 451, de façon à sceller leur spécificité et à manifester ainsi leur loyauté vis-à-vis du souverain sassanide. Une série de synodes locaux vont aller en ce sens [20], tandis que les persécutions cessent de frapper cette Église, devenue en quelque sorte « officielle » en Perse. Dès le premier synode de Séleucie-Ctésiphon (410), est attesté un évêque Hušaʿ (Osée) d’al-Ḥīra [21].

7 Sous l’autorité de ses émirs ou princes du clan nasride, la tribu arabe des Lakhmides s’est dans le même temps constituée en entité politique vassale de la Perse sassanide. Pour le compte de celle-ci, les Lakhmides assurent la police du désert frontalier et fournissent une force supplétive au roi des rois dans ses opérations militaires contre les Romains, aussi bien que contre leurs propres fédérés arabes. Au début du ve siècle, sous les règnes d’Imruʾ al-Qays II (380-404) et de Nuʿmān Ier (405-418), ils se sont sédentarisés à al-Ḥīra, localité située au sud-est de l’actuelle Nağaf et désignée en syriaque sous l’appellation de Ḥirta de Noʿman (ܕܢܘܥܡܢ ܚܝܪܬܐ) : le « campement » de Nuʿmān. Il s’agit d’un véritable royaume inféodé (ou fédéré) à l’Empire du roi des rois sassanide. Ce dernier investit l’héritier de la dynastie nasride, désigné dans les sources grecques par les titres de « roi » (βασίλευς) ou de « phylarque » (φυλάρχος). Le royaume jouit de l’autonomie politique, bien sûr, mais aussi diplomatique, moyennant l’assistance militaire apportée au monarque perse [22].

8 Au plan religieux, les phylarques nasrides mènent donc leur propre politique. Leur dynastie demeure païenne jusqu’à la fin du vie siècle, même s’ils peuvent conclure des alliances matrimoniales avec des clans arabes christianisés. Le christianisme de l’Église de Perse est toléré parmi les sujets et quelques clans vassaux des Nasrides, qui combattent dans leur armée, sont devenus chrétiens dès le ve siècle. C’est naturellement le christianisme perse, celui qui a adopté la christologie dite nestorienne (des deux personnes en Jésus-Christ), qui est dominant. Il est constitué localement en Église, dont on a vu que l’évêque assistait déjà au synode de 410 à Séleucie-Ctésiphon. Ce dernier dépend du catholicos d’Orient, installé dans la capitale sassanide. À l’inverse, le christianisme de l’Église impériale (romaine ou byzantine) tombe sous le coup de la même interdiction que dans tout l’Empire sassanide, mais la diffusion du dogme miaphysite, qui peut paraître dissident par rapport à la doctrine chalcédonienne officielle chez les Romains, complique la donne politique et religieuse, d’autant plus que la guerre reprend entre ceux-ci et les Sassanides en 502-506.

9 Trois souverains lakhmides marquent la période. Tout d’abord Nuʿmān II (499-503) : en 502, ce phylarque (φυλάρχος) marche sur Édesse pour soutenir l’offensive du roi des rois Kawādh, qui attaque plus au Nord, à Āmid (aujourd’hui Dyarbakir), mais ses vassaux chrétiens refusent d’investir la ville sainte qui abrite le mandylion, le portrait miraculeux de Jésus conservé dans Édesse et qui garantissait l’inviolabilité de la cité. Nuʿmān doit se contenter de guerroyer en Osrhoène et en Euphratésie où il trouve la mort dans un affrontement avec des Arabes ghassanides au service des Romains. Abū Yaʿfūr (503-504) semble avoir recueilli le pouvoir à la mort de Nuʿmān. Ce n’est pas un Nasride ; il appartient à un clan collatéral et christianisé. Or, dans les sources, il porte le simple titre grec de stratèlatès (στρατηλάτης), soit l’équivalent du latin magister militiae ou de « chef d’état-major ». On peut supposer que la succession de Nuʿmān n’était pas simple, peut-être en raison de la minorité de son fils Munḏir ou à cause de la défection de ses vassaux chrétiens. Le roi des rois sassanide Kawādh aura préféré sans doute lui confier le pouvoir par interim. Héritier légitime, Munḏir III b. Nu‘mân II (506 [?]-554), parvient cependant au trône, à une date indéterminée. C’est le plus glorieux souverain nasride, un implacable adversaire des Romains. Il a épousé une chrétienne mais reste réputé pour son paganisme [23].

Le dossier : trois documents

10 C’est dans ce contexte, où les oppositions et controverses religieuses propres au christianisme et les rapports internationaux conflictuels entre les deux empires romain et sassanide, comme le souci de la cohésion interne de chacun de ceux-ci, se trouvent étroitement imbriqués, que trois documents méritent une nouvelle lecture et surtout d’être considérés globalement.

Une lettre de Philoxène à Abū Yaʿfūr

11 Un document syriaque, conservé dans plusieurs collections de manuscrits [24], révèle l’existence d’une correspondance échangée entre Philoxène et Abū Yaʿfūr, en qualités respectives de métropolite et de stratèlatès, donc forcément en 503-504, soit en temps de guerre entre Perses et Romains. Il s’agit d’une lettre donnée en réponse par le métropolite d’Euphratésie à deux questions d’Abū Yaʿfūr portant l’une sur la nature du Christ, l’autre sur la validité des baptêmes conférés par des « hérétiques », soit des officiants chrétiens chalcédoniens ou nestoriens. Philoxène y condamne évidemment le dogme des deux natures du Christ, ce qui de son point de vue vaut aussi comme censure de la doctrine des deux personnes. On sait qu’Abū Yaʿfūr b. ‘Alqama lui-même est chrétien, issu d’une branche lakhmide collatérale dont le christianisme est bien attesté dans les sources documentaires. Il pose ainsi des questions et reçoit des réponses techniques. Il faut comprendre qu’en dirigeant (même provisoire) d’al-Ḥīra, il se trouve confronté à la diffusion de la doctrine miaphysite [25] et qu’il doit savoir s’il doit condamner ses adhérents comme agents des Romains, alors même que prévaut un état de guerre entre les deux empires [26]. Philoxène intervient, quant à lui, comme l’interlocuteur le mieux qualifié, en raison de ses origines, de sa culture sémitique et de la position géographique de son siège. Il est aussi une référence théologique majeure en milieu syriaque. Mais, le fait qu’Abū Yaʿfūr s’adresse à lui sur la question miaphysite semble indiquer également que sa juridiction ecclésiastique s’étend aussi, de quelque façon, sur les fidèles de cette doctrine, au-delà des frontières de sa province ou éparchie d’Euphratésie, au-delà même des frontières de l’Empire romain et du diocèse d’Orient. Les partisans miaphysites d’al-Ḥīra n’y sont sans doute pas encore constitués localement en Église (au contraire des chrétiens dits nestoriens) et c’est Philoxène qui fait donc office de leur évêque naturel, en termes théologiques et disciplinaires. D’ailleurs, d’après d’autres écrits plus tardifs du métropolite, il paraît que le patriarche chalcédonien Flavien d’Antioche (498-512), prédécesseur chalcédonien et adversaire de Sévère, a pu dénoncer Philoxène en haut lieu, pour intelligence avec l’ennemi, et que celui-ci était en mauvais termes avec les généraux romains qui tenaient quartier à Hiérapolis/Mabboug en 502-503 [27].

Lettre de Sévère d’Antioche (datable entre 518 et 538)

12 Abū Yaʿfūr disparaît de la scène après 504/6 (?) et Philoxène meurt en 523, déposé de son siège métropolitain sous Justin (518) et déporté à Gangres, en Paphlagonie. Les relations entre des instances ecclésiastiques de l’Empire romain et la chrétienté d’al-Ḥīra semblent cependant perdurer, malgré le contexte de guerres récurrentes entre Romains et Perses. L’atteste le fragment d’une lettre de Sévère d’Antioche, écrite après sa propre déposition de 518, adressée Aux prêtres, archimandrites Jonathan, Samuel et Jean devenus stylites et au reste de l’Église de la cité d’Anbār et de l’Église de irta de Noʿman[28]. Ce fragment a été consigné dans une collection de définitions dogmatiques par un scribe jacobite médiéval qui a eu accès à la lettre entière : il en a gardé ce qui l’intéressait (une formule théologique) ; avec le reste du texte, il a composé le lemme qui nous donne des noms et les circonstances de la rédaction de ce document en plus grande partie disparu.

13 On sait que Sévère continue à administrer et à diriger ses fidèles, en tant que patriarche d’Orient, même après sa déposition de 518. Le fragment dont nous disposons montre qu’il exerce aussi son autorité pastorale dans des territoires sassanides, toujours en contexte d’affrontements entre Perses et Romains. Anbār, résidence de ses premiers destinataires n’est autre que la cité sassanide de Pērōz Šāpūr [29], sur l’Euphrate, au nord de Séleucie-Ctésiphon, une place militaire importante qui protège la capitale perse en verrouillant la vallée du fleuve. Plus au sud, se situe Ḥirta de Noʿman, la résidence des Lakhmides d’al-Ḥīra. Dans l’une et l’autre localité se trouvent donc des affidés miaphysites de Sévère, groupés en communautés organisées au plan institutionnel : deux Églises ; des monastères dirigés par des archimandrites. Ces communautés, qui disposent de modèles et d’intercesseurs spirituels (des stylites), se placent ainsi sous le magistère de Sévère d’Antioche. Le contexte international demeure pourtant celui d’un affrontement romano-perse pratiquement ininterrompu. À la « guerre d’Anastase » (502-506), a succédée une paix armée, puis la reprise des hostilités sous Justinien (522-532). La supposée « paix perpétuelle » de 532 sera bientôt après rompue et, de part et d’autre, les incursions pillardes des fédérés arabes, lakhmides (côté sassanide) et ghassanides (côté romain), ne cesseront pas, jusqu’à la seconde « guerre de Justinien » de 540. La lettre de Sévère montre cependant que s’exerce une autorité patriarcale, certes dissidente après 518, mais qui transcende les frontières géographiques et les circonstances politiques.

Le témoignage de Théodore le Lecteur

14 Un curieux épisode rapporté à la période du patriarcat sévérien (512-518) mais dont la relation fut rédigée plus tard se trouve consigné dans l’Historia ecclesiastica où Théodore le Lecteur, après avoir compilé, en grec, les trois Histoires ecclésiastiques de Socrate, Sozomène et Théodoret [30], poursuivait par lui-même pour la séquence des années 439-527. Son livre est perdu ; il ne reste que des fragments, dont celui-ci qui mentionne l’étrange mission de deux évêques mandatés par Sévère auprès du phylarque (φύλαρχος) des Saracènes (Σαρακηνοί) Alamoudaros (Ἀλαμούδαρος), pour le gagner à la doctrine de l’unique nature de Jésus-Christ :

15

Comme les deux envoyés de Sévère s’efforçaient d’enseigner au phylarque des propositions contraires aux vrais dogmes, il machina un coup de théâtre pour réfuter ce qu’on lui disait. Il fit semblant d’avoir reçu une lettre lui annonçant que l’archange Michel était parvenu au terme de sa vie. Les envoyés s’écriant que c’était impossible : « Comment, dit le phylarque, si le Christ n’était pas en deux natures, a-t-il pu subir la croix comme Dieu seul, alors qu’un ange ne peut même pas souffrir ni mourir ? » Couverts de honte, les partisans de Sévère se retirèrent sans même prendre congé [31].

16 Théodore est un clerc chalcédonien intransigeant, lecteur à Sainte-Sophie de Constantinople, d’où son titre (Θεόδωρος ἀναγνώστης). Engagé personnellement, sous Justin Ier, dans la campagne de répression des miaphysites, il aurait été chargé de la garde de Philoxène en son exil de Gangres [32]. Quoi qu’il en soit, il paraît particulièrement informé des enjeux théologiques et politiques du débat sous Anastase. Si la validité de son témoignage a été généralement contestée, en dernier lieu par Trimingham [33], à la lumière de ce que l’on a rappelé plus haut, il semble toutefois que l’on puisse l’interpréter positivement.

17 Le phylarque (φύλαρχος) des Saracènes Alamoudaros (Ἀλαμούδαρος) ici désigné n’est autre qu’al-Munḏir III b. Nuʿmān II (506[?]-554), investi du pouvoir sur les Lakhmides par le roi des rois sassanide Kawādh, après l’effacement d’Abū Yaʿfūr. L’objection plaisante qu’il est censé opposer aux deux évêques envoyés par Sévère constitue en fait un lieu commun de la polémique contre la doctrine d’une seule nature de Jésus-Christ (miaphysisme). On la retrouve ailleurs [34], mais elle peut venir aussi bien de chalcédoniens dyophysites, que de partisans de la doctrine de deux personnes en Jésus-Christ (les réputés nestoriens). Théodore le Lecteur, qui est un écrivain chalcédonien engagé, adversaire de Sévère, interprète le propos prêté à Munḏir dans un sens dyophysite chalcédonien, mais le phylarque a bien pu le reprendre de ses conseillers nestoriens de l’Église officielle en Perse.

18 Il est parfaitement avéré que Munḏir n’a jamais été chrétien et il est très difficile d’envisager, avec Shahîd, qu’il aurait pu l’être au début de son règne pour revenir ensuite au paganisme [35]. On a de nombreux témoignages de son paganisme persistant, même s’il a épousé une chrétienne, Hind, à l’affiliation doctrinale d’ailleurs indéterminée [36]. Surtout, la dynastie nasride et l’État lakhmide lui-même tirant l’essentiel de leurs ressources du pillage de l’Empire romain (et au premier chef de ses établissements monastiques), on voit mal qu’il soit brusquement devenu chrétien chalcédonien. En revanche, comme on l’a vu avec Abū Yaʿfūr, le souverain lakhmide est confronté au problème d’une seconde confession chrétienne dans ses États, avec la présence de miaphysites, stimulée semble-t-il par l’implantation de monastères [37]. Comment les traiter ? – Les persécuter, en tant que fidèles liés à la chrétienté de l’Empire romain, ou les tolérer, comme dissidents de celle-ci, au risque de susciter le trouble chez les chrétiens d’obédience réputée nestorienne qui constituent, quant à eux, une Église chrétienne officielle en territoire perse ? Il relève des prérogatives du gouvernant de s’informer de ces questions, comme l’on fait Abū Yaʿfūr et Kawādh lui-même. Il n’est donc pas impossible que Munḏir ait eu vent de l’argument fondé sur l’immortalité des anges et qu’il s’y soit montré sensible, d’autant que les anges sont très présents dans l’imaginaire religieux oriental [38].

19 Début 524, une conférence romano-perse eut lieu à Ramla, en présence de Munḏir, pour traiter de la question de la restitution de prisonniers [39]. Plusieurs ecclésiastiques figuraient parmi les plénipotentiaires romains, dont l’évêque miaphysite Siméon de Bet Aršam [40]. D’autre part, Munḏir avait été invité par le catholicos Silas († 523), pontife de l’Église de Perse (nestorienne officielle) à présider ès qualités une disputation entre miaphysites et nestoriens [41]. Comme gouvernant, il s’est donc trouvé très impliqué dans l’actualité religieuse, marqué par les controverses internes au christianisme. Avant 518, il a pu parfaitement repousser l’ouverture de Sévère, qui représentait au demeurant, en 512-518, l’Église officielle de l’Empire des Romains, avec des arguments que lui auront soufflés ses informateurs nestoriens. Qui seraient ces deux évêques, envoyés de Sévère, nécessairement au fait des questions orientales et certainement locuteurs de syriaque, voire d’arabe [42] ? – On a vu que Philoxène de Mabboug avait été peu auparavant le correspondant d’Abū Yaʿfūr et la proximité géographique de son siège, là encore, le désigne comme un candidat probable. L’évêque Siméon de Bet Aršam, d’origine persane lui aussi [43], qui semble en 524 assez familier de Munḏir, était sans doute son collègue [44].

Les enseignements à tirer de la conjonction de ces trois documents

20 Le rapprochement n’est pas entièrement nouveau mais nous pouvons essayer de pousser la question plus à fond. Il convient en effet de distinguer trois niveaux d’analyse.

Au plan dogmatique

21 Contrairement aux précédents commentateurs, il faut bien garder à l’esprit que se trouvent confrontées trois théologies, et non seulement deux, sur le théâtre d’al-Ḥīra : 1) le chalcédonisme dyophysite ; 2) l’antichalcédonisme miaphysite ; 3) l’antichalcédonisme réputé nestorien. Les arguments opposés à l’une d’elle peuvent venir de l’une ou de l’autre des positions adverses. C’est ainsi que la réponse de Munḏir aux évêques sévériens, interprétée comme chalcédonienne dans la tradition byzantine, était bien plus vraisemblablement inspirée par des conseillers locaux, soit par des réputés nestoriens. La question controversée du supposé christianisme du phylarque lakhmide tombe ainsi d’elle-même.

Au plan géopolitique

22 L’antichalcédonisme réputé nestorien est en effet celui de l’Église de Perse : il est officiellement reconnu par le pouvoir sassanide et donc par celui des Nasrides d’al-Ḥīra.

23 Le chalcédonisme demeure banni d’al-Ḥīra, au contraire, en tant que doctrine officielle de l’Église de l’Empire des Romains. Mais quand est-il exactement la doctrine officielle ? – Entre 481 et 518, alors que prévaut l’Hénotique, ce n’est pas si sûr. Cet édit promulgué par l’empereur Zénon en 482, dans un souci d’unité des Églises, interdisait en fait toute référence explicite au concile de Chalcédoine. Il est révoqué par Justin Ier en 518. Après cette date, s’impose en effet le dogme chalcédonien dans l’Empire romain mais, à partir des années 530, Justinien cherchera des accommodements pratiques qui vont laisser quelque marge aux miaphysites pour déployer leur influence en Orient. Cette chronologie importe absolument pour estimer la politique religieuse nasride.

24 L’antichalcédonisme miaphysite est donc alternatif : dissident par rapport à l’Église officielle de l’Empire romain, il aurait vocation se voir accorder une reconnaissance légale à al-Ḥīra, tout en se heurtant nécessairement à l’Église officielle locale. La situation se complique ensuite, quand sa position dans l’Empire romain n’est plus strictement dissidente. C’est le cas, à l’époque du pontificat effectif de Sévère (512-518). La réaction hostile prêtée à Munḏir ne manque donc pas de logique.

25 De fait, il y a risque permanent que l’installation d’une chrétienté miaphysite à al-Ḥīra et en Perse ne serve de toute façon, un jour ou l’autre, la politique romaine dont la ligne religieuse n’est pas toujours arrêtée et peut varier selon les circonstances et les lieux. Jusqu’à quel point cette doctrine est-elle vraiment dissidente par rapport à Constantinople ? D’où les interrogations d’Abū Yaʿfūr en pleine guerre. La mission des évêques sévériens se situe aussi dans une période de tension. Enfin, la lettre de Sévère à Anbār et al-Ḥīra intervient à l’approche de la reprise des hostilités (522) ou après celle-ci. On comprend que le pouvoir romain ait alors tenté d’instrumentaliser la dissidence miaphysite. Justinien ne manquera pas de jouer, plus ou moins discrètement, cette carte lui aussi.

Au plan institutionnel

26 Quand ils n’ont pas fait allégeance au roi des rois sassanide, on relève une tendance récurrente des chrétiens de l’espace oriental à se placer sous l’autorité dogmatique et disciplinaire du titulaire du siège d’Antioche, qui porte d’ailleurs le titre officiel de « Patriarche des Églises d’Orient ». Mais jusqu’où va cet Orient ? S’agit-il simplement du diocèse romain d’Orient ? On retrouve ici le même problème de la limite à l’Est que l’État romain n’a jamais pu résoudre, et qui a justement conduit, au ve siècle, l’Église de Perse à devoir marquer sa différence dogmatique.

27 Inversement, la direction spirituelle et la gestion disciplinaire de l’Orient antiochien sont extrêmement difficiles à assurer, en raison de la distance géographique, comme des disparités culturelle et linguistique. Sévère eut tendance à confier la gestion de telles affaires à Philoxène et, partant, celui-ci à étendre son autorité spirituelle, voire disciplinaire, au-delà de l’Euphrate. La question de l’institution future, dans l’Église jacobite médiévale, d’un prélat délégué du patriarche en Mésopotamie, le maphrien, doté d’une grande autonomie juridictionnelle et disciplinaire [45], se trouve ici déjà posée implicitement.

28 Une vue synoptique et une mise en contexte des trois documents analysés, qui se situe d’ailleurs dans une tranche chronologique assez homogène, puisqu’ils se rapportent aux années 503-538, révèlent une certaine logique politique des dirigeants d’al-Ḥīra, confrontés à la diffusion de la christologie miaphysite, dont les rapports avec l’adversaire romain leur paraissent difficiles à définir. Avec Sévère et Philoxène, cette doctrine s’accorde plus ou moins avec la politique impériale de Constantinople et les avances de ces prélats antichalcédoniens ne sauraient alors rencontrer l’adhésion des Lakhmides, fidèles à l’alliance sassanide. Incontestablement, les périodes de répression chalcédonienne, ainsi sous Justin Ier (518-525), vont favoriser l’accueil des miaphysites par les souverains nasrides, au contraire, et la fondation de monastères de cette obédience dans leur territoire, en prélude à la constitution d’une seconde Église locale, parallèlement à l’Église officielle des chrétiens réputés nestoriens. Il faut souligner toutefois que ces phases brutales ne durent pas si longtemps et que l’Empire romain pourra chercher aussi à tirer un parti officieux de ces dissidents utiles. En interne, l’implantation de cette autre Église en Mésopotamie doit appeler des adaptations institutionnelles, dans la période suivante, dont on pressent déjà la nécessité au vie siècle.

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Notes

  • [1]
    Trimingham 1979, p. 192-195.
  • [2]
    Shahîd 1995, p. 706-709. Cet article nous est l’occasion de rendre hommage à ce savant fécond, récemment disparu, dont l’œuvre érudite mais malheureusement inachevée a largement contribué à éclairer l’histoire de la chrétienté arabe ancienne.
  • [3]
    Toral-Niehoff 2010, 2014. Ces études actualisent, notamment pour la sociologie d’al-Ḥīra et son histoire religieuse, la monographie classique de G. Rothstein (Rothstein 1899) dont dépendaient encore, en français, les notices du Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques (Aigrain 1924, s. v. « Arabie ») et de l’Encyclopédie de l’Islam dans sa deuxième édition (Shahîd 1975 et 1986).
  • [4]
    Wood 2010.
  • [5]
    Menze 2008.
  • [6]
    L’ouvrage du savant belge A. De Halleux demeure la synthèse la plus complète sur ce théologien et homme d’action, aux plans dogmatique et historique, comme à celui de la tradition manuscrite de cet écrivain ecclésiastique majeur de la chrétienté de langue syriaque (De Halleux 1963). Les nombreux travaux postérieurs portent essentiellement sur l’édition, la traduction de ses œuvres et leur portée doctrinale ; notice commode de Rillet 1990. Pour la période du patriarcat sévérien (512-518), cf. Honigmann 1951, p. 66-67 ; Alpi 2009, en particulier t. 1, p. 204-205.
  • [7]
    Siège épiscopal de son contemporain et autre père de l’Église syriaque, Jacques de Saroug ; cf. Honigmann 1951, p. 52-53.
  • [8]
    Dillemann 1963, p. 131, 180-181.
  • [9]
    Stein & Palanque 1949, p. 95-98 ; Greatrex 1998, p. 111-112. Les chefs d’armée Hypatios, neveu de l’empereur, Patrice et Aérobinde hivernent à Hiérapolis en 503-504.
  • [10]
    Maraval 2016, p. 249-250.
  • [11]
    De Halleux 1963, p. 13 sq. ; Fiey 1968, p. 132-134 ; Rillet 1990, p. 2023-2024.
  • [12]
    Procope de Césarée, De bello Persico, II, 5, 29. Sur l’équivalence, en grec et en syriaque, des termes barbare et arabe ou bédouin (saracène), cf. Kugener 1907 ; Fowden 1999, p. 1-5 et n. 1, 65.
  • [13]
    Maraval 1985, p. 349-350.
  • [14]
    Fowden 1999, p. 60-140.
  • [15]
    En 515, l’Euphratésie est divisée en Euphratésie septentrionale (chef-lieu : Hiérapolis) et Euphratésie méridionale (chef-lieu : Résafa) ; Honigmann 1951, p. 102-103.
  • [16]
    De Halleux 1963 ; Rillet 1990, p. 2023-2024.
  • [17]
    Présentation générale, Allen & Hayward 2004 ; sur la période du patriarcat effectif (512-518), Alpi 2009 ; pour une synthèse récente, avec un rappel de la bibliographie essentielle, Alpi 2020.
  • [18]
    Alpi 2016.
  • [19]
    Winkler 2019, p. 120-121.
  • [20]
    Les synodes de Bet Lapaṭ (484) et de Séleucie-Ctésiphon (486) passent pour les étapes principales de cette définition théologique ; cf. ainsi Winkler 2019, p. 121.
  • [21]
    Actes des synodes orientaux, p. 275 ; Fiey 1968, p. 203-204.
  • [22]
    Rothstein 1899 ; Shahîd 1975, p. 478-479 ; Shahîd 1986, p. 636-638 ; Toral-Niehoff 2010, 2014.
  • [23]
    Voir « Alamundarus 2 » dans Jones, Martindal & Morris 1980, p. 40-43.
  • [24]
    Le meilleur se trouve à la John Rylands Library de Manchester (syr. 59, f. 99v-107v) et l’authenticité de la lettre a été désormais bien établie par De Halleux 1963, p. 203-208.
  • [25]
    Plutôt répandue, semble-t-il, chez les agriculteurs sédentaires araméens que parmi les pasteurs et caravaniers arabes. Pour un tableau de la situation plurielle du christianisme d’al-Ḥīra, cf. Toral-Niehoff 2010, p. 336-340.
  • [26]
    Épisode connu comme « guerre d’Anastase » (502-506), au cours de laquelle périt Nuʿmān II.
  • [27]
    De Halleux 1963, p. 57.
  • [28]
    Sévère d’Antioche, Lettres, no 23, p. 216-217.
  • [29]
    Fiey 1968, p. 230-243 ; Morony 1987.
  • [30]
    Théodore le Lecteur, Historia ecclesiastica, Sive tripartita (CPG 7502).
  • [31]
    Théodore le Lecteur, Historia ecclesiastica, p. 147, l. 19-25. Les autres relations de l’épisode, toutes grecques et chalcédoniennes, dépendent de Théodore. Cf. Alpi 2009, t. 1, p. 252, n. 83 et t. 2, p. 20.
  • [32]
    Honigmann 1951, p. 68, contraDe Halleux 1963, p. 97, n. 36.
  • [33]
    Trimingham 1979, p. 193. Shahîd lui-même, avec des nuances, peine à l’admettre (Shahîd 1995, p. 706-707).
  • [34]
    Alpi 2009, t. 1, p. 253, n. 89.
  • [35]
    Shahîd 1995, p. 706-709.
  • [36]
    Alpi 2009, t. 1, p. 252 et n. 85-86.
  • [37]
    Toral-Niehoff 2014, p. 336-337.
  • [38]
    Dans le fond religieux perse ou arabe, mais aussi chrétien, comme l’atteste par exemple la Hiérarchie céleste du Pseudo-Denys (CPG 6600). Pour l’angélologie du substrat païen, cf. ainsi Cumont 1915 ; sur le culte christianisé de Saint Michel, cf. Hannah 1999.
  • [39]
    Il s’agit d’une localité proche d’al-Ḥīra, à 10 jours de voyage au sud-est selon Shahîd (Shahîd 1995, p. 727), ou seulement 10 jours au sud-ouest, pour Trimingham (Trimingham 1979, p. 195). Ne pas confondre avec la ville homonyme fondée en Palestine omeyyade.
  • [40]
    La conférence dérive sur le domaine religieux, à l’annonce du massacre perpétré à Najran, en Arabie méridionale, par le roi juif de Ḥimyar, Yūsuf. Cette tragédie suscite l’émotion de Siméon de Bet Aršam, comme celle de féaux chrétiens de Munḏir, apparemment coreligionnaires du plénipotentiaire romain. Pour un dernier état de la question de cet épisode et de ses répercussions, cf. Beaucamp et al. 2010 ; sur la conférence elle-même et sa portée, Brelaud 2016, p. 9-12.
  • [41]
    Toral-Niehoff 2014, p. 339.
  • [42]
    Sur le bilinguisme arabe/syriaque d’al-Ḥīra, cf. Toral-Niehoff 2014, p. 339.
  • [43]
    Bet Aršam est son lieu de naissance, proche de Ctésiphon, on ne lui connaît pas de siège défini.
  • [44]
    Shahîd 1995, p. 727.
  • [45]
    Winkler 2019, p. 124.
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