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Article de revue

Les conversions dans l'élite juive strasbourgeoise sous la Restauration

Pages 131 à 139

NOTES

  • [1]
    Notamment connu pour sa traduction en allemand du Précis élémentaire d’Instruction religieuse et morale à l’usage des enfants d’Élie Halévy. Cf. Béatrice Philippe, « Élie Halévy », in Henri Loyrette (dir.), La Famille Halévy 1760-1960, Paris, Fayard, 1996, pp. 54-65.
  • [2]
    Ce texte est publié dans Notes et documents relatifs à la vie et à l’œuvre du Vénérable Libermann, t. 1, Paris, 1929, pp. 41-49.
  • [3]
    David, Paul Drach, Lettre d’un rabbin converti aux israélites ses frères, Paris, Beaucé-Rusant, 1827, pp. 289-290.
  • [4]
    Cf. Philippe E. Landau, « Se convertir à Paris au xixe siècle », Paris, Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/1, 2002, pp. 27-43 ; Christine Piette, Les Juifs de Paris (1808-1840). La marche vers l’assimilation, Québec, Presses de l’université de Laval, 1983, pp. 150-155.
  • [5]
    Au sujet des écoles israélites, consulter : Robert Anchel, Napoléon et les Juifs, Paris, PUF, 1928, pp. 542-544 ; Léon Kahn, Histoire des écoles communales et consistoriales israélites de Paris, Paris, Durlacher, 1884 ; Monique Nahon, « L’école consistoriale élémentaire de Paris, 1819-1833 », Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/2, 2002, pp. 26-45.
  • [6]
    David Paul Drach, De l’harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, Mellier, t. 1, 1844, p. 36.
  • [7]
    David Singer publie en 1820 Des Consistoires israélites en France (Paris, Delaunay), alors qu’Olry Terquem prône des réformes dans ses Lettres tsarphatiques. Sur Olry Terquem, consulter Philippe E. Landau, « Olry Terquem (1782-1862). Régénérer les juifs et réformer le judaïsme », Revue des études juives, t. 160, janvier-juin 2001, pp. 169-187.
  • [8]
    Archives nationales (désormais AN), F 19/12514. Écoles israélites, 1816-1832.
  • [9]
    Information tirée du Rapport sur l’état de l’école depuis sa création, Strasbourg, 1824. Cf. les archives du Consistoire israélite du Bas-Rhin (désormais CIBR), registre 46, Comité des écoles israélites de Strasbourg, 1821-1826.
  • [10]
    Voir Jean Letourneur, Cahiers Libermann, livret 2, Chevilly, 1967, p. 81.
  • [11]
    CIBR, registre 47, Comité des écoles, 1825-1832.
  • [12]
    Dictionnaire des conversions, t. 33, Paris, Migne, 1852, p. 1121.
  • [13]
    Ibid., p. 696.
  • [14]
    Sur l’abbé Bautain, voir Paul Poupard, Un essai de philosophie chrétienne au xixe siècle : L’abbé Louis Bautain, Paris, Desclée, 1961 et Jean-Luc Hiebel et Luc Perrin (dir.), Louis Bautain, l’abbé-philosophe de Strasbourg (1796-1867), Strasbourg, ERCAL Publications, 1999.
  • [15]
    Philosophie du Christianisme. Correspondance religieuse de Louis Bautain, Paris, 1835, p. XLIII.
  • [16]
    Lire l’étude de Xavier Thévenot, « Conversion chrétienne et changement psychique », in Compter sur Dieu, Paris, Cerf, 1993, pp. 273-294.
  • [17]
    Voir Frédéric Gugelot, « De Ratisbonne à Lustiger. Les convertis à l’époque contemporaine », Paris, Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/1, 2002, pp. 8-25.
  • [18]
    Sur David Drach, consulter Paul Catrice, L’Harmonie entre l’Église et la Synagogue d’après la vie et les œuvres de Paul Drach, ancien rabbin et orientaliste chrétien, Lille, 1978.
  • [19]
    David Drach, Lettre d’un rabbin…, op. cit., p. 41.
  • [20]
    Notes et documents…, op. cit., p. 38.
  • [21]
    Philosophie du Christianisme, op. cit., p. XXXVII.
  • [22]
    Sur Jacob Libermann, consulter Paul Coulon et Paule Brasseur (dir.), Libermann (1802-1852). Une pensée et une mystique, Paris, Cerf, 1988.
  • [23]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., pp. 54-56.
  • [24]
    Notes et documents…, op. cit., p. 38.
  • [25]
    Philosophie du Christianisme, op. cit., p. LXV.
  • [26]
    Notes et documents…, op. cit., pp. 38 et 39.
  • [27]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. XXXV.
  • [28]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., p. 50, et Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. LXV.
  • [29]
    Sur ce sujet, voir Jean-René Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées à l’époque romantique, Paris, Klincksieck, 1962.
  • [30]
    David Drach, op. cit., p. 36.
  • [31]
    David Drach, Lettre d’un rabbin converti …, op. cit., p. 26.
  • [32]
    Olry Terquem, Septième lettre d’un israélite français à ses coreligionnaires, Paris, Béraud, p. 20.
  • [33]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. LXIII.
  • [34]
    Ibid., p. CVIII.
  • [35]
    Sur cette question, Michaël Graetz, Les Juifs en France au xixe siècle, Paris, Seuil, 1989.
  • [36]
    Notes et documents…, op. cit., p. 39.
  • [37]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. XLVII.
  • [38]
    Jean-Luc Blaquart, « Nos traditions de conversion, approche philosophique et théologique », in Emmanuel Godo (dir.), La Conversion religieuse, Paris, Imago, 2000, p. 17.
  • [39]
    Il se peut que Xavier Morel ne soit autre que Samson Libermann. Sa mère s’appelait Hindel et était fille de Lévi, tout comme celle de Samson Libermann. De plus, Morel est médecin et a pour prénom de baptême le même que Samson. Libermann est parfaitement informé des mésaventures de son « ami » puisqu’il se trouve à Paris en 1823. Sur ce récit, consulter Ignace-Xavier Morel, La Vérité sur l’arrestation de Madame la Duchesse de Berry, Paris, Levasseur, 1836, p. 13.
  • [40]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., p. 76.
  • [41]
    AN, F/7/9430. Police administrative. Lettre de David Drach au préfet de Police, 27 novembre 1824.
  • [42]
    Voir Philippe E. Landau, « Le cas étrange de Simon Deutz (1802-1844) », Revue des études juives, tome 164, janvier-juin 2005, pp. 213-234.
  • [43]
    Archives de la Congrégation du Saint-Esprit, boîte 12-B.II.
  • [44]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., pp. LXXIV et LXXVI.
  • [45]
    Ibid., p. LIII.
  • [46]
    Voir Paul Catrice, op. cit., pp. 801-829.
  • [47]
    Sur Notre-Dame de Sion, consulter François Delpech, « Notre-Dame de Sion et les Juifs », in Sur les Juifs, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1983, pp. 321-373.
  • [48]
    Nous utilisons ici un concept développé par Paul Coulon, « Relecture historique et théologique de l’itinéraire d’un fondateur missionnaire : François Libermann », Mémoire spiritaine, n° 15, 2002, p. 38.
  • [49]
    David Drach, Le Pieux hébraïsant, Paris, Gaume, 1853, p. XIV.
  • [50]
    Archives du Vatican, Secrétairerie d’État, Affaires étrangères, IIe section. Note présentée à la Sainteté de Notre Seigneur le Pape Grégoire XVI par David Drach, 1831.
  • [51]
    La Vérité israélite, 1861, p. 327.

1Au printemps 1823, Samson Libermann, secrétaire distingué du comité de l’école primaire israélite de Strasbourg [1], envoie discrètement à l’évêque de Metz sa Lettre de quelques Israélites au Clergé de France dans laquelle il suggère la conversion massive des Juifs [2]. Plus tard, l’ex-rabbin David Drach, originaire lui aussi de Strasbourg et converti au catholicisme, témoigne avec fierté des conversions qui touchent la communauté, précisant que « c’est surtout dans la classe éclairée des Juifs qu’il y a de fréquentes conversions. [...] En France, je pourrais encore nommer un assez grand nombre de médecins, d’avocats, de savants... [3] ».

2Dans son zèle, David Drach surestime un phénomène récent. Depuis la chute de l’Empire, une soixantaine de conversions à peine ont été célébrées au total pour une population israélite de 65 000 âmes [4]. Mais certaines, il est vrai, concernent des personnalités : le banquier Louis d’Eichthal (1820), le polytechnicien Mathis Mayer-Dalmbert (1821), le docteur Samson Libermann (1825) puis ses frères, Théodore Ratisbonne (1827) et plusieurs autres encore, souvent apparentés à des notables consistoriaux natifs d’Alsace. Et si, à Paris, ces baptêmes passent inaperçus – à l’exception de celui de David Drach –, ils bouleversent la minorité strasbourgeoise attachée à la tradition et encore victime des préjugés locaux.

3Autrement dit, alors que le régime de la Restauration ne remet pas en cause une émancipation acquise plus d’un quart de siècle auparavant, que les Juifs nés pendant la Révolution ont atteint leur objectif d’intégration – militaires, avocats et médecins en tête –, une frange très faible des leurs, de surcroît diplômée et promise à un bel avenir, choisit d’abandonner le judaïsme. Quel sens donner à cette désertion d’une partie de l’élite juive sous la Restauration, un phénomène unique au xixe siècle ?

Défections en série chez les notables engagés dans l’œuvre de « régénération »

4Suite à un échange avec le ministre des Cultes de l’époque, le Consistoire central prend conscience en 1812 que la régénération des Juifs, inséparable du projet émancipateur, passe par l’éducation des enfants et l’apprentissage des métiers utiles. Fort du soutien du grand rabbin Abraham de Cologna, il demande alors au consistoire de Paris d’envisager la création d’une école primaire pour les enfants de 6 à 12 ans [5]. Peu d’enfants juifs sont encore scolarisés en effet et beaucoup de parents refusent de les envoyer dans des écoles publiques alors soumises à une forte emprise catholique ; il revient donc à chaque consistoire de créer une école primaire. En Alsace, la question est d’autant plus cruciale que les préjugés n’y ont pas disparu ; David Drach l’évoque au sujet de son frère Simon, élève à l’école de dessin de Strasbourg où ses camarades « le poursuivaient au sortir de la classe, l’accablant d’injures, de coups de pierres et, qui pis est, lui frottant les lèvres avec du lard [6]. »

5Le projet d’école parisienne, resté en suspens jusqu’à l’automne 1818 faute de moyens financiers, aboutit en juillet 1819 seulement. La commission scolaire comprend de nombreux réformistes comme Olry Terquem, Mathis Dalmbert et David Singer ; David Drach est choisi pour diriger l’établissement. L’on y étudie la langue hébraïque et la Bible en même temps que le français, le calcul et la géographie, mais le choix des manuels et l’orientation religieuse des enfants ne cessent d’opposer les conservateurs aux réformistes. À la fin de 1820, Mathis Dalmbert, David Singer et Olry Terquem démissionnent, mais alors que ces deux derniers se bornent à critiquer le conservatisme consistorial, Mathis Dalmbert abandonne le judaïsme en 1821 [7], suivi deux ans plus tard par David Drach.

6À l’époque, l’Alsace abrite près de 79 % des Juifs de France et Strasbourg est la deuxième communauté de France après Paris, avec plus de 1 500 âmes. En 1820, Jacob Meyer y assume les responsabilités de grand rabbin tandis qu’Auguste Ratisbonne préside l’institution consistoriale, laquelle décide à son tour, en août, de créer une école primaire [8]. Mais l’établissement affronte aussitôt des difficultés : les écoles clandestines qui propagent un enseignement uniquement religieux résistent, et les instituteurs conservateurs accablent de reproches les responsables du comité cantonal et les administrateurs de l’école moderne, tous jeunes adultes acquis aux bienfaits de l’émancipation et pour qui l’éducation est le seul moyen de régénérer le judaïsme. Tout en défendant le culte, le grand rabbin Jacob Meyer collabore néanmoins à cette œuvre aux côtés de laïcs déjà assimilés comme le secrétaire du comité, Samson Libermann, l’avocat David Mayer et le négociant Albert Dreyfus [9].

7Samson Libermann et David Mayer sont membres du comité jusqu’au printemps 1825 et rien ne laisse deviner qu’ils songent à se convertir depuis plusieurs années. Pourtant, l’un comme l’autre y réfléchissent depuis 1821 ; dès 1824, Libermann suit assidûment les cours du grand vicaire de Strasbourg, Léopold Liebermann [10]. Le 31 janvier 1825, lors d’une réunion du comité des écoles, il annonce qu’il abandonne ses fonctions car il va « habiter à la campagne [11] ». Le 15 mars, lui et son épouse abjurent et il devient le maire de la petite ville d’Illkirch. Mayer et Dreyfus se convertissent à leur tour quelques mois plus tard.

8Après leur défection, Isidore Goschler et Théodore Ratisbonne les remplacent au comité, dont leurs pères sont déjà des membres actifs. Pourtant, avec leur ami nancéen Jules Loewel, ils sont déjà attirés par le christianisme, comme le reconnaît Théodore Ratisbonne : « Mon père désirait que je me chargeasse de la direction des écoles juives du Consistoire. Il en coûtait beaucoup à ma foi naissante […] [12] ». Isidore Goschler vit l’expérience plus douloureusement encore : « Plus je les voyais, écrit-il, plus je vivais avec eux [les Juifs] et fréquentais la Synagogue, plus aussi je me sentais intérieurement entraîné vers l’Église… [13] ». Sous l’influence de Jules Loewel qui poursuit ses études de droit à Strasbourg, Ratisbonne et Goschler fréquentent à partir de 1824 les cours de philosophie de l’abbé Louis Bautain [14]. C’est ainsi que les trois jeunes hommes s’éloignent du judaïsme et finissent par l’abjurer pour le catholicisme, tout en œuvrant à l’émancipation des Juifs.

9En l’espace de quatre années, cinq membres respectés du comité de l’école israélite de Strasbourg abandonnent donc la communauté. Pourtant, à les en croire, ils n’ont pas été déçus par la tâche accomplie au service de leurs coreligionnaires. Selon Théodore Ratisbonne, « le soin des écoles israélites [le] captivait presque entièrement; le succès de cette œuvre surpassa [leur] espérance… [15] »

Quel sens donner à ces conversions ?

10Contrairement aux convertis des générations suivantes, ceux de la Restauration n’appartiennent pas tous à des milieux sécularisés. Les frères Libermann et David Drach ont une parfaite connaissance du judaïsme. Ils ne se situent pas non plus aux marges de la communauté comme le prouve leur engagement dans les œuvres scolaires. Dans ces conditions, comment ces jeunes gens instruits et promis à jouer un rôle dirigeant dans les institutions israélites ont-ils pu abandonner la foi de leurs pères ? Quelles sont leurs motivations profondes ?

11Les récits autobiographiques fournissent des éléments d’explication, même si, en figeant son expérience dans l’écrit, le converti donne une interprétation manichéenne de son histoire, toujours structurée autour de la conversion : auparavant, il vivait dans l’erreur ; depuis, il est un être nouveau, prêt à affronter le présent et l’avenir [16]. Nous disposons, en l’occurrence, des cinq récits de David Drach, Isidore Goschler, Jacob et Samson Libermann, Théodore Ratisbonne, tous de jeunes adultes (entre 25 et 35 ans) d’origine alsacienne, tous engagés dans la vie communautaire, tous convertis au terme d’un cheminement d’une durée moyenne de trois années. Selon l’historien Frédéric Gugelot, la conversion peut trouver son origine dans trois raisons qui, souvent, se combinent : une quête intellectuelle devenant quête spirituelle, un attrait pour la religion dominante et la haine de soi [17]. Ce schéma s’applique assez bien aux cinq cas qui nous occupent.

12Un temps agnostiques (à l’exception de David Drach et de Jacob Libermann), tous sont bien en quête d’une vérité spirituelle qu’ils ne parviennent pas à découvrir dans le judaïsme. C’est en voulant restituer le texte hébreu du Pentateuque d’après la version grecque des Septante que David Drach commence à subir l’influence des Pères de l’Église [18]. Dès lors il considère que toutes les prophéties juives « aboutissent au centre commun qui n’est, et ne peut être, que N. S. Jésus Christ [19] ». Les autres convertis, eux, recherchent leur voie dans un monde qu’ils jugent par trop matérialiste. Séduits d’abord par la philosophie des Lumières, ils s’éloignent du judaïsme sans conserver pour autant leur enthousiasme initial pour les idées de Voltaire et de Rousseau. Ainsi Samson Libermann, qui, comme Drach, fit des études talmudiques poussées, ne peut-il plus avoir foi en un Dieu « devenu inconnu [20] » alors que Théodore Ratisbonne condamne « tout ce que le dix-huitième siècle a produit de plus séduisant et de plus monstrueux » puisqu’il ne peut plus croire en « un Dieu sourd et muet ». Sa vie lui paraît « un poids et une scène ridicule [21] ». Jacob Libermann, étudiant à l’École rabbinique de Metz, est plongé dans le désarroi par la lecture de Voltaire, puis par celle de l’Émile et de la Profession de foi du vicaire savoyard de Rousseau [22], texte qui impressionne également Jules Loewel. Croire et non plus savoir, tel est l’objectif de ces jeunes gens qui abandonnent leur judaïsme, comme si l’objectif de « régénération » des Juifs, inséparable de la pensée du xviiie siècle, était désormais sans intérêt.

13David Drach et Samson Libermann poursuivent leur quête dans la solitude. Plus Drach travaille sur les Septante, plus il se sent attiré par la pensée de saint Jérôme, de saint Justin et d’Origène [23]. La lecture du Nouveau Testament « fit tressaillir [son ami Samson] de ravissement [24] », et le décide à se plonger dans les œuvres de Bossuet. En revanche, c’est l’abbé Louis Bautain qui réussit à conquérir Théodore Ratisbonne et ses deux confrères, convaincus d’atteindre enfin aux réponses qu’ils attendaient. Commentant les écrits saints, Louis Bautain initie Ratisbonne « aux mystères de l’homme et de la nature » tandis qu’aux yeux de Goschler ce maître est « parole de science et de vérité [25] ». Jacob Libermann, fragilisé par ses propres doutes mais aussi par les conversions de Drach et de son frère, délaisse ses études rabbiniques et gagne Paris pour entreprendre son catéchuménat en 1826.

14Ceux d’entre eux qui connaissent bien la religion juive la rejettent avec une violence particulière. Pour le docteur Libermann, les fêtes juives sont des « cérémonies arides » et les pratiques « ne disent rien, ni au cœur ni à l’esprit ». Mais, comme son ami Drach, il dénonce surtout « les subtilités et les absurdités » du Talmud qui auraient dénaturé le judaïsme primitif [26]. Isidore Goschler et Théodore Ratisbonne, issus, eux, d’un milieu aux convictions superficielles, dénoncent également le caractère rigide du judaïsme. Ratisbonne déclare d’ailleurs : « la Synagogue était comme une barrière entre Dieu et moi [27] ». S’ils adhèrent à l’œuvre de la régénération par l’éducation, ils fustigent le conservatisme du rabbinat qui est un frein à l’assimilation complète des Juifs. Jacob Libermann stigmatise « l’esprit de fanatisme » des rabbins alors que son frère juge le judaïsme « antisocial » par la faute des « sectaires de Moïse » qui, en contrôlant la communauté, continuent à avilir et dégrader les Juifs.

15Les chants, le faste et la grandeur des offices, sans oublier la beauté des édifices catholiques, les impressionnent et les encouragent dans la voie de la conversion. David Drach se souvient : « La moindre cérémonie du culte catholique me faisait éprouver des émotions que je n’avais jamais ressenties […] » ; Théodore Ratisbonne retrouve la paix de l’âme lorsqu’il entend pour la première fois « les cantiques sacrés, dont les religieux accords retentissaient dans [son] âme comme un doux écho de la prière et de l’amour [28] ». Comparé aux célébrations chrétiennes, le judaïsme leur semble bien mesquin. Nul doute que ces facteurs d’ordre esthétique ont compté dans leur choix puisqu’ils n’ont pas été attirés par le protestantisme. Mais il est vrai aussi que l’Église de la Restauration est déterminée, après les ravages des Lumières et de la Révolution, à reconquérir les âmes [29].

16Les convertis de cette période sont-ils pour autant animés par la haine de soi ? Drach note que, malgré les acquis juridiques, les Juifs sont toujours regardés « comme une race de parias [30] ». Pour lui, l’israélite reste encore « l’esclave aveugle des rêveries des rabbins [31] » et il conteste la réalité de sa promotion dans la société française, ce qui suscite la perplexité d’Olry Terquem, pourtant lui aussi critique à l’égard des institutions consistoriales : « Sortis, il y a à peine une génération, de la fange accumulée sur nos têtes pendant des siècles, comment peut-on exiger que nous soyons déjà parvenus aux sommités de l’édifice social [32] ? » Isidore Goschler reconnaît franchement vouloir échapper « à la défaveur attachée au nom de Juif [33] » par la conversion, mais ses amis comme Samson Libermann se bornent à rejetter les traditions juives auxquelles « le temps et la raison ont fait justice ».

17Tous répondent en tout cas par la négative à la question de Jules Loewel : « Croyons-nous pouvoir relever la Synagogue par le Judaïsme [34] ? ». Ce point est essentiel. Dans le premier quart du xixe siècle, la minorité juive ne connaît encore qu’un seul mode d’affirmation identitaire : l’adhésion religieuse et communautaire. L’élite intellectuelle ne prend véritablement son essor, à la périphérie de la société juive, qu’après la révolution de Juillet, et dans la capitale [35]. À Strasbourg, les pressions religieuses sont trop fortes pour que des jeunes esprits puissent à la fois rejeter officiellement le judaïsme de condition et continuer d’œuvrer pour les leurs. Pour le docteur Libermann, le judaïsme est désormais incompatible avec le modèle français : « Nous ruminions [Libermann et ses deux amis] toutes sortes de plans et de projets de réforme, mais tous les trois nous entrevîmes qu’il n’y avait de civilisation possible que par le christianisme, et que toute réforme qui n’eût pour but d’amener les Juifs au sein de l’Église n’avait aucune portée [36] ». Devenir catholique n’est jamais perçu par David Drach comme une trahison mais au contraire comme un retour au judaïsme primitif. Le baptême, aux yeux de Théodore Ratisbonne, signifie la régénération : « je passais du Judaïsme au Christianisme, de la Synagogue à l’Église, de Moïse à Jésus-Christ, de la mort à la vie [37] ». Dans l’esprit des convertis, l’assimilation religieuse est donc bien une façon de parachever le travail de régénération : la conversion fait du Juif de naissance un homme nouveau, intégré à la majorité et partageant désormais son avenir, sa culture et ses traditions.

Drames familiaux et communautaires

18La conversion, une fois rendue publique, produit des drames au sein des familles et vaut condamnation de la part des anciens coreligionnaires. Le néophyte meurt en effet deux fois, pour ses proches et la communauté. Le converti disparaît en tant que Juif au profit de la société environnante [38]. Les retombées de la conversion de David Drach, la première et la plus remarquée, traduisent bien ces passions et ces enjeux. À peine annonce-t-il à sa femme son abjuration qu’elle lui fait une « scène terrible », quitte le domicile conjugal et s’enfuit avec ses trois enfants en Angleterre. Selon le témoignage d’un autre converti nommé Xavier Morel [39], l’ancien rabbin est persécuté par « ses beaux-frères et d’autres juifs [qui] venaient insulter à son affliction jusque dans sa propre demeure [40] ». Son beau-frère, Simon Deutz, est le plus violent. Il le provoque dans la rue et n’hésite pas à faire des scandales, prêt, dit-il, à « monter à l’échafaud [41] ». Pourtant en 1828, quand Deutz à son tour décide d’abjurer, il s’adresse à Drach. Les rancœurs sont oubliées [42] !

19Il est fréquent que les parents prennent le deuil aussitôt informés de la conversion de leur enfant. Les familles Drach et Libermann, par exemple, ont fait ce geste cruel. Samson Libermann se souvient que son père, le rabbin de Saverne, s’est « soumis à tout le cérémonial d’usage parmi les Juifs orthodoxes […] lorsqu’un de leurs proches parents quitte la religion [43]. » Lorsque Jacob, le dernier fils à pouvoir assurer la tradition rabbinique dans la famille, se convertit, le rabbin lui envoie alors une « lettre foudroyante » pour le maudire.

20Pourtant le converti ne cède pas à la pression familiale. Isidore Goschler se fait violence pour ne pas succomber aux larmes paternelles. Il fuit la demeure familiale et entreprend des études ecclésiastiques au séminaire de Molsheim où, par deux fois, sa mère vient le supplier de revenir au judaïsme : « Isidore, je n’ai plus de fils ! Isidore, pourquoi n’es-tu plus mon fils [44] ? ». Goschler refuse dès lors de la recevoir ! Théodore Ratisbonne subit des pressions plus fortes encore, car sa conversion compromet la renommée familiale. Alerté par des rumeurs, le père de Théodore exige de celui-ci la vérité. Une fois instruit par son fils de son désir de se faire chrétien, il réfléchit d’abord « comme pour se demander si j’étais encore son fils », puis pleure en déclarant que « de tous les maux qu’ils avaient éprouvés dans sa vie, c’était là le plus grand et le plus irréparable [45] ». Au comité de l’école consistoriale, c’est la stupeur et l’indignation : « La Synagogue tout entière commençait à s’agiter contre moi » : Ratisbonne est accusé d’avoir ensorcelé les enfants ; les parents réclament sa démission…

21Le choc est d’autant plus grand pour les familles que les convertis entrent souvent dans les ordres. Si David Drach ne se destine pas à la prêtrise, c’est parce qu’il espère reconquérir sa femme et refuse de divorcer. Mais, lorsqu’il récupère ses trois enfants, il les confie à des institutions catholiques qui font de son fils un chanoine titulaire à Notre-Dame de Paris et de ses filles des religieuses [46]. Samson Libermann et son épouse font de même avec leurs enfants ; leurs filles Caroline et Théodora seront religieuses. Quant aux anciens membres du comité de l’école, ils entrent au séminaire de Molsheim et sont ordonnés prêtres. Isidore Goschler enseigne la philosophie aux étudiants du petit séminaire de Strasbourg ; Théodore Ratisbonne devient vicaire à la cathédrale de sa ville, puis fonde, avec son frère Alphonse, la congrégation de Notre-Dame de Sion, chargée de gagner les Juifs au catholicisme [47]. Jacob Libermann, pour sa part, rejoint la congrégation des spiritains.

22Les convertis ont-ils pour autant tourné le dos au peuple d’Israël ? Le projet régénérateur est-il désormais abandonné ? Deux attitudes en fait se dessinent, de prosélytisme auprès de leurs anciens coreligionnaires, d’évangélisation à l’égard des païens [48].

23À l’instar de l’apôtre Pierre, David Drach et les frères Ratisbonne continuent à s’adresser à leurs anciens coreligionnaires afin qu’ils (re)trouvent le vrai chemin. Drach consacre son existence à publier des écrits destinés à démontrer la vérité du christianisme à travers les sources juives. Son ouvrage Le Pieux hébraïsant, qui contient les principales prières chrétiennes, est destiné aussi bien aux étudiants en théologie qu’à ses « chers frères selon la chair, désireux de prendre connaissance de la belle religion de Jésus-Christ [49] ». Il élabore d’ailleurs pour le pape Grégoire XVI un programme rigoureux pour les convertis d’origine juive afin qu’ils ne soient pas de « tièdes catholiques [50] ». Si Drach participe à quelques conversions, en particulier à celles des trois autres frères Libermann, son rôle reste limité car il n’est qu’un laïc. Ce n’est pas le cas de Théodore Ratisbonne qui, selon Olry Terquem, souffre de « baptisalgie [51] » !

24Jacob Libermann, comme l’apôtre Paul, préfère, lui, se consacrer aux idolâtres, participant pleinement au vaste mouvement missionnaire qui caractérise le xixe siècle. « Faites-vous nègres avec les nègres » devient alors sa consigne lorsqu’il s’adresse aux missionnaires envoyés à Dakar et au Gabon en 1847. Il ne s’intéressera jamais en revanche à ses anciens coreligionnaires.

25Mais, en choisissant d’agir ainsi dans le monde, tous, à leur façon, continuent l’œuvre de la régénération commencée dans le judaïsme et accomplie, selon eux, dans le christianisme. Toutefois, il faut y insister, ce comportement au sein de l’élite reste marginal. Il est à coup sûr un symptôme du malaise de la première génération judéo-alsacienne née avec l’Émancipation. Faut-il y voir un signe d’une crise identitaire face à l’entrée dans la modernité ?


Date de mise en ligne : 01/07/2008

https://doi.org/10.3917/aj.401.0131

NOTES

  • [1]
    Notamment connu pour sa traduction en allemand du Précis élémentaire d’Instruction religieuse et morale à l’usage des enfants d’Élie Halévy. Cf. Béatrice Philippe, « Élie Halévy », in Henri Loyrette (dir.), La Famille Halévy 1760-1960, Paris, Fayard, 1996, pp. 54-65.
  • [2]
    Ce texte est publié dans Notes et documents relatifs à la vie et à l’œuvre du Vénérable Libermann, t. 1, Paris, 1929, pp. 41-49.
  • [3]
    David, Paul Drach, Lettre d’un rabbin converti aux israélites ses frères, Paris, Beaucé-Rusant, 1827, pp. 289-290.
  • [4]
    Cf. Philippe E. Landau, « Se convertir à Paris au xixe siècle », Paris, Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/1, 2002, pp. 27-43 ; Christine Piette, Les Juifs de Paris (1808-1840). La marche vers l’assimilation, Québec, Presses de l’université de Laval, 1983, pp. 150-155.
  • [5]
    Au sujet des écoles israélites, consulter : Robert Anchel, Napoléon et les Juifs, Paris, PUF, 1928, pp. 542-544 ; Léon Kahn, Histoire des écoles communales et consistoriales israélites de Paris, Paris, Durlacher, 1884 ; Monique Nahon, « L’école consistoriale élémentaire de Paris, 1819-1833 », Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/2, 2002, pp. 26-45.
  • [6]
    David Paul Drach, De l’harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, Mellier, t. 1, 1844, p. 36.
  • [7]
    David Singer publie en 1820 Des Consistoires israélites en France (Paris, Delaunay), alors qu’Olry Terquem prône des réformes dans ses Lettres tsarphatiques. Sur Olry Terquem, consulter Philippe E. Landau, « Olry Terquem (1782-1862). Régénérer les juifs et réformer le judaïsme », Revue des études juives, t. 160, janvier-juin 2001, pp. 169-187.
  • [8]
    Archives nationales (désormais AN), F 19/12514. Écoles israélites, 1816-1832.
  • [9]
    Information tirée du Rapport sur l’état de l’école depuis sa création, Strasbourg, 1824. Cf. les archives du Consistoire israélite du Bas-Rhin (désormais CIBR), registre 46, Comité des écoles israélites de Strasbourg, 1821-1826.
  • [10]
    Voir Jean Letourneur, Cahiers Libermann, livret 2, Chevilly, 1967, p. 81.
  • [11]
    CIBR, registre 47, Comité des écoles, 1825-1832.
  • [12]
    Dictionnaire des conversions, t. 33, Paris, Migne, 1852, p. 1121.
  • [13]
    Ibid., p. 696.
  • [14]
    Sur l’abbé Bautain, voir Paul Poupard, Un essai de philosophie chrétienne au xixe siècle : L’abbé Louis Bautain, Paris, Desclée, 1961 et Jean-Luc Hiebel et Luc Perrin (dir.), Louis Bautain, l’abbé-philosophe de Strasbourg (1796-1867), Strasbourg, ERCAL Publications, 1999.
  • [15]
    Philosophie du Christianisme. Correspondance religieuse de Louis Bautain, Paris, 1835, p. XLIII.
  • [16]
    Lire l’étude de Xavier Thévenot, « Conversion chrétienne et changement psychique », in Compter sur Dieu, Paris, Cerf, 1993, pp. 273-294.
  • [17]
    Voir Frédéric Gugelot, « De Ratisbonne à Lustiger. Les convertis à l’époque contemporaine », Paris, Archives Juives. Revue d’histoire des Juifs de France, n° 35/1, 2002, pp. 8-25.
  • [18]
    Sur David Drach, consulter Paul Catrice, L’Harmonie entre l’Église et la Synagogue d’après la vie et les œuvres de Paul Drach, ancien rabbin et orientaliste chrétien, Lille, 1978.
  • [19]
    David Drach, Lettre d’un rabbin…, op. cit., p. 41.
  • [20]
    Notes et documents…, op. cit., p. 38.
  • [21]
    Philosophie du Christianisme, op. cit., p. XXXVII.
  • [22]
    Sur Jacob Libermann, consulter Paul Coulon et Paule Brasseur (dir.), Libermann (1802-1852). Une pensée et une mystique, Paris, Cerf, 1988.
  • [23]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., pp. 54-56.
  • [24]
    Notes et documents…, op. cit., p. 38.
  • [25]
    Philosophie du Christianisme, op. cit., p. LXV.
  • [26]
    Notes et documents…, op. cit., pp. 38 et 39.
  • [27]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. XXXV.
  • [28]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., p. 50, et Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. LXV.
  • [29]
    Sur ce sujet, voir Jean-René Derré, Lamennais, ses amis et le mouvement des idées à l’époque romantique, Paris, Klincksieck, 1962.
  • [30]
    David Drach, op. cit., p. 36.
  • [31]
    David Drach, Lettre d’un rabbin converti …, op. cit., p. 26.
  • [32]
    Olry Terquem, Septième lettre d’un israélite français à ses coreligionnaires, Paris, Béraud, p. 20.
  • [33]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. LXIII.
  • [34]
    Ibid., p. CVIII.
  • [35]
    Sur cette question, Michaël Graetz, Les Juifs en France au xixe siècle, Paris, Seuil, 1989.
  • [36]
    Notes et documents…, op. cit., p. 39.
  • [37]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., p. XLVII.
  • [38]
    Jean-Luc Blaquart, « Nos traditions de conversion, approche philosophique et théologique », in Emmanuel Godo (dir.), La Conversion religieuse, Paris, Imago, 2000, p. 17.
  • [39]
    Il se peut que Xavier Morel ne soit autre que Samson Libermann. Sa mère s’appelait Hindel et était fille de Lévi, tout comme celle de Samson Libermann. De plus, Morel est médecin et a pour prénom de baptême le même que Samson. Libermann est parfaitement informé des mésaventures de son « ami » puisqu’il se trouve à Paris en 1823. Sur ce récit, consulter Ignace-Xavier Morel, La Vérité sur l’arrestation de Madame la Duchesse de Berry, Paris, Levasseur, 1836, p. 13.
  • [40]
    David Drach, De l’harmonie…, op. cit., p. 76.
  • [41]
    AN, F/7/9430. Police administrative. Lettre de David Drach au préfet de Police, 27 novembre 1824.
  • [42]
    Voir Philippe E. Landau, « Le cas étrange de Simon Deutz (1802-1844) », Revue des études juives, tome 164, janvier-juin 2005, pp. 213-234.
  • [43]
    Archives de la Congrégation du Saint-Esprit, boîte 12-B.II.
  • [44]
    Philosophie du Christianisme…, op. cit., pp. LXXIV et LXXVI.
  • [45]
    Ibid., p. LIII.
  • [46]
    Voir Paul Catrice, op. cit., pp. 801-829.
  • [47]
    Sur Notre-Dame de Sion, consulter François Delpech, « Notre-Dame de Sion et les Juifs », in Sur les Juifs, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1983, pp. 321-373.
  • [48]
    Nous utilisons ici un concept développé par Paul Coulon, « Relecture historique et théologique de l’itinéraire d’un fondateur missionnaire : François Libermann », Mémoire spiritaine, n° 15, 2002, p. 38.
  • [49]
    David Drach, Le Pieux hébraïsant, Paris, Gaume, 1853, p. XIV.
  • [50]
    Archives du Vatican, Secrétairerie d’État, Affaires étrangères, IIe section. Note présentée à la Sainteté de Notre Seigneur le Pape Grégoire XVI par David Drach, 1831.
  • [51]
    La Vérité israélite, 1861, p. 327.

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