La juridiction se trouve au cœur des transformations du pouvoir que connut l'institution ecclésiastique dans la chrétienté latine à la fin du Moyen Âge. Saisir le concept de juridiction dans sa réalité médiévale suppose, en premier lieu, de se défaire de l'analyse tripartite des pouvoirs qui est héritée de la philosophie politique des Lumières. C'est une définition englobante de la juridiction qui prévalait au Moyen Âge. Cette notion incluait en effet les différentes facettes du gouvernement : le pouvoir de légiférer et d'administrer, mais également celui de rendre la justice et de concéder des grâces. Juristes et théologiens donnèrent une définition extensive de la juridiction qui permettait de justifier la hiérarchie ecclésiastique et, de ce fait, la primauté pontificale. Depuis la réforme grégorienne dans la seconde moitié du xie siècle, l'affirmation d'un droit proprement ecclésiastique se trouvait au fondement de l'autorité pontificale. À partir du xiiie siècle, les papes firent du procès un véritable mode de gouvernement. Aussi la juridiction se trouvait-elle liée à l'essor de la souveraineté pontificale, à travers le double processus de juridicisation et de judiciarisation que connut l'Église latine.
Dans les années 1430-1440, un conflit d'autorité survint au sommet de la hiérarchie ecclésiastique, entre le concile général et la papauté. Le concile qui se tint à Bâle de 1431 à 1449 contestait la légitimité du pape nouvellement élu et la primauté que celui-ci revendiquait sur l'assemblée…