Grâce à la publication récente de trois manuscrits importants datant de la première moitié des années 1950 et sans doute rédigés sur trois ou quatre ans à peine (entre 1952 et 1955), nous disposons désormais d’une meilleure connaissance des premiers travaux réalisés par Foucault lors de ses années de formation intellectuelle, qui sont aussi ses premières années d’enseignement (à Lille et à Paris). Ces travaux se caractérisent à la fois par la grande diversité de leurs objets (l’analyse existentielle, la phénoménologie, l’anthropologie) et par l’élaboration d’une série de problématiques communes qui permettent de dessiner leur cohérence d’ensemble. Ainsi, il est possible d’affirmer que le rapport avec la phénoménologie, voire le rapport entre phénoménologie et psychologie, tisse un lien entre le manuscrit sur Binswanger et celui consacré à Husserl tandis que la question anthropologique, relativement absente de ce dernier, offre au contraire une articulation possible et intéressante entre les réflexions consacrées à l’analyse existentielle (qui butent en quelque sorte sur la problématique de l’homme) et celles qui sont engagées dans le cours de 1954-1955, tout entier orienté vers l’examen approfondi de cette question, mais dans une perspective complètement différente, d’ordre historico-philosophique, qui donne ainsi un premier aperçu de la démarche archéologique mise en œuvre lors de la décennie suivante, en particulier dans Les Mots et les Choses. L’objectif de notre étude est de mieux comprendre dans quelles conditions le manuscrit d…