Notes
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[1]
L’Institut psychanalytique de Francfort, fondé en 1929 notamment par Heinrich Meng, Erich Fromm, Frieda Fromm-Reichmann et Karl Landauer, collabore activement avec l’Institut de recherche sociale jusqu’à l’arrivée des nationaux-socialistes au pouvoir.
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[2]
Le dialogue entre Horkheimer et K. Landauer a été étudié dans Wolfgang Bock, Dialektische Psychologie. Adornos Rezeption der Psychoanalyse, Wiesbaden, Springer Fachmedien Wiesbaden, 2018, p. 159-190. Voir aussi Agnès Grivaux, Raison, délire et critique. Psychanalyse et critique de la raison chez Adorno et Horkheimer [thèse de doctorat], p. 163-177.
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[3]
Pour une introduction générale en français sur cette question, voir Katia Genel, Autorité et émancipation. Horkheimer et la Théorie critique, Paris, Payot, 2013, p. 109 sq.
-
[4]
Dans la correspondance avec Horkheimer, Adorno semble marquer une préférence pour Fenichel par rapport à Simmel, qu’il trouve trop « orthodoxe » dans son rapport à Freud. Voir la lettre d’Adorno du 9 novembre 1944 dans Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, Briefwechsel, Band II (1938-1944), Frankfurt/M., Suhrkamp, 2004, p. 346-347.
-
[5]
Lettre de Simmel à Horkheimer du 8 mai 1939, dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 16 : Briefwechsel 1936-1940, Frankfurt/M., Fischer, 1995, p. 603.
-
[6]
Lettre de Horkheimer à Simmel du 21 avril 1939, dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 16, op. cit., p. 585-586.
-
[7]
Ernst Simmel (dir.), Anti-semitism: A Social Disease, New York, International Universities Press, 1946.
-
[8]
Simmel, « Anti-Semitism and Mass-Psychopathology », in Ernst Simmel (dir.), Anti-semitism : A Social Disease, op. cit., p. 33-78.
-
[9]
Pour une présentation efficace de ce texte, voir Samuel Salzborn, Antisemitismus als negative Leitidee der Moderne. Sozialwissenschaftliche Theorien im Vergleich, Frankfurt/M., Campus, 2010, p. 80-96. Le numéro 5 de la revue Prismes consacré à la Théorie critique de l’antisémitisme (publication prévue en 2023) propose une traduction de ce texte, ainsi que de celui d’Otto Fenichel, issu du même volume de 1946.
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[10]
Dans le cas du mythe antisémite médiéval de la « profanation d’hostie », Simmel montre par exemple que les Juifs sont accusés de ce que les chrétiens font eux-mêmes lorsqu’ils mangent l’hostie (lors de la communion).
-
[11]
« On ne devrait pas oublier que tous ces peuples qui rivalisent aujourd’hui dans la haine des Juifs ne sont devenus chrétiens que dans des temps historiques tardifs, souvent poussés à cela par une contrainte sanglante. On pourrait dire qu’ils sont tous ‘mal baptisés’ ; sous un léger vernis de christianisme ils sont restés ce qu’étaient leurs ancêtres, qui s’adonnaient à un polythéisme barbare. Ils n’ont pas surmonté leur rancune envers la nouvelle religion qui leur avait été imposée, mais ils l’ont déplacée sur la source d’où leur vint le christianisme. Le fait que les Évangiles racontent une histoire qui se passe entre Juifs et ne traite à vrai dire que de Juifs leur a facilité un tel déplacement. Leur haine des Juifs est au fond la haine des chrétiens » (Sigmund Freud, L’Homme Moise et la religion monothéiste (1939), trad. par C. Heim, Paris, Gallimard, 1986, p. 185).
-
[12]
Ici aussi, nous renvoyons aux différentes contributions dans le numéro 5 de la revue Prismes, qui paraîtra en 2023.
-
[13]
Voir Adorno, Bermerkungen zu ‘The Authoritarian Personality’ und weitere Texte, édité et traduit de l’anglais par E.-M. Ziege, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp Verlag, 2019. Ce texte va bientôt être publié dans une traduction française.
-
[14]
Lettre de Horkheimer à L. Löwenthal du 31 octobre 1942 dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 17 : Briefwechsel 1941-1948, Frankfurt/M., Fischer, 1996, p. 365-377 (ici p. 367). La traduction ci-dessus est empruntée à Martin Jay, L’Imagination dialectique. L’École de Francfort, 1923-1950 (1973), trad. E. E. Moreno et A. Spiquel, Paris, Payot, 1989, p. 127-128.
-
[15]
Le texte est une reprise d’une conférence donnée par Adorno en 1944 à San Francisco, Adorno, « La révision de la psychanalyse » (1946), in T. W. Adorno, Le Conflit des sociologies. Théorie critique et sciences sociales, trad. P. Arnoux, J.-O. Bégot, G. Felten, F. Nicodème, Paris, Payot, 2016, p. 45-68.
-
[16]
Katia Genel, Autorité et émancipation, op. cit., p. 175.
-
[17]
Rappelons que, dans ce débat, Fromm prétend lui aussi incarner la position la plus « critique » (et la plus progressiste), en ce qu’il dépasserait (en les sociologisant et les historicisant) le conservatisme sous-jacent aux concepts freudiens.
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[18]
Pour reprendre la fameuse formulation d’Adorno. Adorno, « La révision de la psychanalyse » (1946), art. cit., p. 61.
1 Depuis sa prise en main par le philosophe Max Horkheimer (1895-1973) en 1931, l’Institut de recherche sociale de Francfort a noué une relation théorique, empirique et institutionnelle [1] étroite avec la psychanalyse, qui a été complètement intégrée au programme pluridisciplinaire de la première Théorie critique. L’histoire de ce lien est cependant complexe et marquée par des crises répétées, surtout dans les années 1930-1940, lors desquelles la question des rapports entre critique marxienne de l’économie politique, sociologie, anthropologie, psychanalyse, mais aussi politique et droit fait régulièrement l’objet de débats au sein de l’Institut.
2 Dans la première partie des années 1930, c’est la sociopsychologie du marxiste et analyste Erich Fromm (1900-1980) qui est déterminante pour la Théorie critique. En témoigne notamment le rôle directeur de ce dernier pour les Études sur l’autorité et la famille (1936), ouvrage dans lequel il déploie une véritable « caractérologie » de l’autoritarisme, promise à un bel avenir. À partir de 1935, Max Horkheimer prend cependant progressivement ses distances avec Fromm et sa critique « sociologisante » de Sigmund Freud, sous l’influence de son analyste Karl Landauer (1887-1945) [2] et de Theodor W. Adorno (1903-1969) : c’est le début de la « querelle du révisionnisme », qui va opposer dans les années à venir Horkheimer, Adorno et Herbert Marcuse, d’un côté, à Fromm et Karen Horney, de l’autre [3].
3 Après l’arrestation et la déportation de K. Landauer en 1943, Ernst Simmel (1882-1947) et Otto Fenichel (1897-1946) seront les psychanalystes les plus proches de l’Institut [4]. Né en 1882 à Breslau, psychiatre de formation, socialiste et juif, Simmel devient en 1925 président de la société psychanalytique de Berlin et ouvre en 1927 une clinique psychanalytique au château de Tegel (il y accueillera Freud pendant le traitement de son cancer). En 1934, il doit fuir le nazisme avec sa famille, après avoir dû en novembre 1933 démissionner du directoire de la société psychanalytique allemande. C’est en Californie que ses rapports avec Horkheimer vont s’intensifier. Dès 1939, le psychanalyste cherche à lancer un travail collectif sur la question de l’antisémitisme, qu’il considère comme l’arme la plus « dangereuse et la plus efficace » du moment « au sein de la lutte de classes [5] ». Pour cela, il espère d’abord l’appui de la société psychanalytique états-unienne, mais en vain. Lorsque Horkheimer lui envoie une première ébauche d’un vaste projet d’études sur la question antisémite [6], il est ravi et lui fait tout de suite part de son hypothèse principale, qui restera directrice pour son futur travail : selon lui, l’antisémitisme doit être compris comme un « délire de masse ».
4 Simmel et Fenichel participeront tous deux directement ou indirectement aux recherches sur l’antisémitisme menées par l’Institut en exil. Cette réflexion commune entre Théorie critique et psychanalyse se matérialise notamment dans l’ouvrage collectif dirigé par Simmel, intitulé Anti-Semitism: A Social Disease et paru en 1946. Ce livre important, qui donne à lire quelques interventions d’un colloque de juin 1944 organisé par la société psychanalytique de San Francisco, rassemble notamment des textes de Horkheimer, Adorno, Simmel, Fenichel, Else Frenkel-Brunswik et R. Nevitt Sanford [7]. Il s’agit d’un « classique » de la recherche sur l’antisémitisme de l’après-guerre, qui a connu une réception massive chez les psychanalystes et les sociologues. C’est particulièrement le cas du texte de Simmel, « Antisémitisme et psychopathologie de masse [8] ».
5 Dans cet article qui a fait date [9], ce dernier présente sa théorie psychanalytique de l’antisémitisme dans le cadre d’une réflexion sur l’autodestruction de la « civilisation » (au sens freudien du terme) : l’antisémitisme serait à la fois un produit de et une réaction contre celle-ci, qui mènerait à sa fin. L’auteur commence par réfuter la thèse – courante à l’époque – selon laquelle l’antisémitisme constituerait une « névrose de masse » : la formation d’un collectif d’individus névrotiques serait en effet plus qu’improbable. Ses études cliniques suggéreraient plutôt que les antisémites ont des personnalités « normales », bien « adaptées ». Simmel propose ainsi une hypothèse alternative : l’antisémitisme ne devrait-il pas être considéré comme une forme de « psychose » ? Sur un plan individuel, le psychotique se caractérise par une tendance à la régression vers un « narcissisme primaire » lui permettant de compenser ses échecs face à la réalité. Les causes de cette régression sont, selon Simmel, un manque de maturité du moi, lié à un surmoi qui n’a pas intériorisé le pouvoir parental et se trouve ainsi « déplacé » vers l’extérieur. Dans ce contexte, le moi ne peut pas s’orienter à l’égard de la réalité et ne peut plus différencier la réalité psychique de la réalité extérieure, ce qui mène au délire. Dans un deuxième temps de sa réflexion, Simmel s’appuie sur les réflexions de Gustave Le Bon (Psychologie des foules, 1895), et surtout, de Freud (Psychologie des masses et analyse du moi, 1921) pour penser l’antisémitisme comme un phénomène de « masse ». C’est là qu’il fait le lien avec la psychose. L’antisémite n’est certes pas psychotique individuellement. Il ne le devient que dans la masse (et de manière temporaire). Dans un contexte de crise, la masse offre en effet au moi une possibilité de se « sauver » en gardant un certain contact avec la réalité tout en ayant l’illusion de regagner un certain pouvoir d’action : l’individu s’y sent puissant, il se laisse aller à ses pulsions, il n’est plus responsable. Selon Simmel, on peut parler d’une formation pathologique du collectif, parce que celui-ci pousse l’individu à évacuer de manière non sublimée ses pulsions destructrices sur des cibles vulnérables (comme les Juifs), sous la direction d’un « leader » ou d’une « idée » qui « remplacent » le surmoi des individus. Le rapport ambivalent des individus de la masse antisémite à l’autorité est résolu par une dissociation : l’amour va vers le leader et les autres membres du in-group, la haine vers les Juifs. Cette théorie est par la suite développée à travers une analyse psychanalytique des accusations typiquement antisémites dont sont victimes les Juifs ; Simmel peut montrer en quoi les mécanismes de projection et la paranoïa (inséparable de la psychose) sont à l’œuvre dans les accusations médiévales de profanation d’hostie ou de meurtres rituels. À chaque fois, l’antisémite chrétien persécute le Juif parce qu’il se sent agressé par lui. Mais c’est en réalité toujours un trait spécifiquement chrétien qu’il hait chez le Juif [10]: l’auteur reprend ici à son compte certaines thèses formulées par Freud dans L’Homme Moise et la religion monothéiste (1939) [11].
6 Une partie de ces réflexions résonnent avec les travaux sur l’antisémitisme de l’Institut en exil, que ce soit le fragment sur les « Éléments de l’antisémitisme » de la Dialectique de la raison (1944-1947) ou les études sociopsychologiques empiriques, qui donneront lieu aux cinq volumes des Studies in Prejudice, dont le plus connu reste les Études sur la personnalité autoritaire (1950) [12]. Le discours prononcé par Horkheimer en décembre 1947 à Los Angeles, et publié en 1948 dans l’International Journal of Psychoanalysis témoigne ainsi de l’influence des travaux de Simmel sur la Théorie critique dans les années 1940. Le genre spécifique qu’est l’éloge funèbre explique cependant pourquoi le directeur de l’Institut n’évoque pas tous les désaccords que lui et Adorno pouvaient avoir à l’encontre d’une explication strictement psychologique de l’antisémitisme telle que celle développée par Simmel. Pour apprécier le degré de ces divergences, il suffit de feuilleter les « Remarques » d’Adorno sur la Personnalité autoritaire, rédigées en 1947, dans lesquelles le philosophe marque de manière répétée sa distance avec l’approche psychanalytique (notamment dans sa dimension métapsychologique), tout en continuant à lui emprunter bon nombre de concepts [13]. Le rapport complexe du cercle interne de l’Institut à la « philosophie » freudienne est ainsi bien résumé par la lettre de Horkheimer d’octobre 1942 à Leo Löwenthal, qui demandait au premier d’expliciter la position officielle de la Théorie critique à l’égard de la psychanalyse :
Notre dette envers Freud et ses premiers collaborateurs est vraiment très grande. Sa pensée est l’une de ces Bildungsmächte sans lesquelles notre propre philosophie ne serait pas ce qu’elle est. […] Quand cela est nécessaire, nous devons nous référer de façon orthodoxe aux premiers écrits de Freud. Avec l’ensemble de concepts liés à la notion de pulsion de mort, nous avons affaire à des catégories (au sens allemand du terme) anthropologiques. Même là où nous ne sommes pas d’accord avec l’interprétation que Freud en donne et l’usage qu’il en fait, il faut reconnaître que ce qui était ainsi visé objectivement par ces concepts l’était à juste titre, et qu’ils montrent à quel point Freud était capable de sentir ce qui était vraiment important. […] Freud fut capable de se séparer objectivement de sa propre création, la psychanalyse, alors que Fromm et Horney reviennent à la psychologie du « bon sens » traditionnel et appliquent même un psychologisme réducteur à la culture et à la société [14].
8 Dans l’article de 1947-1948 qui est ici donné à lire pour la première fois dans une traduction française, la complexité de ce rapport à la psychanalyse est largement évacuée. À bien des égards, « Ernst Simmel et la philosophie freudienne » est d’abord un texte de combat, un document appartenant à la « querelle du révisionnisme », au même titre que celui d’Adorno sur « La révision de la psychanalyse » (1946) [15]. En s’appuyant sur une certaine « orthodoxie » freudienne représentée par Simmel et en défendant son « matérialisme » naturaliste, il s’agit ici pour Horkheimer de contrer la tendance « révisionniste » à l’œuvre dans la « néo-analyse ». Contrairement à cette dernière (ou du moins à l’interprétation qu’il en a), le philosophe refuse de « rabattre l’antagonisme entre individu et société sur les conflits entre exigences du moi et pression du milieu », réduction qui aboutit selon lui à faire perdre à la psychanalyse sa « substance critique [16] ».
9 De manière quelque peu aventureuse, Horkheimer construit dans ce texte de 1948 un grand mouvement « philosophique » matérialiste et émancipateur allant des Lumières du xviiie siècle à la Théorie critique, en passant par le marxisme et la psychanalyse (représentée ici par Freud et Simmel). L’idée est de situer, à travers la mise en place de ce récit historique, la psychanalyse « révisionniste » de Fromm ou K. Horney du côté des anciens révolutionnaires qui auraient « retourné leur veste », de ceux qui justifieraient directement ou indirectement (par leur « positivisme ») l’ordre existant après avoir voulu le remettre radicalement en question. En rejouant les luttes internes de l’hégélianisme de gauche de la seconde moitié du xixe siècle (ce n’est pas un hasard s’il y est fait allusion à Heinrich Heine) et en se plaçant du côté de l’aile « radicale » tout en réaffirmant une position « orthodoxe » [17], le texte de Horkheimer témoigne d’une difficulté qui travaillera la Théorie critique pendant toute la « querelle du révisionnisme ». Lui et Adorno tenteront de la résoudre « dialectiquement » : en proclamant que Freud a raison, même là où il a tort [18].
Notes
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[1]
L’Institut psychanalytique de Francfort, fondé en 1929 notamment par Heinrich Meng, Erich Fromm, Frieda Fromm-Reichmann et Karl Landauer, collabore activement avec l’Institut de recherche sociale jusqu’à l’arrivée des nationaux-socialistes au pouvoir.
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[2]
Le dialogue entre Horkheimer et K. Landauer a été étudié dans Wolfgang Bock, Dialektische Psychologie. Adornos Rezeption der Psychoanalyse, Wiesbaden, Springer Fachmedien Wiesbaden, 2018, p. 159-190. Voir aussi Agnès Grivaux, Raison, délire et critique. Psychanalyse et critique de la raison chez Adorno et Horkheimer [thèse de doctorat], p. 163-177.
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[3]
Pour une introduction générale en français sur cette question, voir Katia Genel, Autorité et émancipation. Horkheimer et la Théorie critique, Paris, Payot, 2013, p. 109 sq.
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[4]
Dans la correspondance avec Horkheimer, Adorno semble marquer une préférence pour Fenichel par rapport à Simmel, qu’il trouve trop « orthodoxe » dans son rapport à Freud. Voir la lettre d’Adorno du 9 novembre 1944 dans Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, Briefwechsel, Band II (1938-1944), Frankfurt/M., Suhrkamp, 2004, p. 346-347.
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[5]
Lettre de Simmel à Horkheimer du 8 mai 1939, dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 16 : Briefwechsel 1936-1940, Frankfurt/M., Fischer, 1995, p. 603.
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[6]
Lettre de Horkheimer à Simmel du 21 avril 1939, dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 16, op. cit., p. 585-586.
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[7]
Ernst Simmel (dir.), Anti-semitism: A Social Disease, New York, International Universities Press, 1946.
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[8]
Simmel, « Anti-Semitism and Mass-Psychopathology », in Ernst Simmel (dir.), Anti-semitism : A Social Disease, op. cit., p. 33-78.
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[9]
Pour une présentation efficace de ce texte, voir Samuel Salzborn, Antisemitismus als negative Leitidee der Moderne. Sozialwissenschaftliche Theorien im Vergleich, Frankfurt/M., Campus, 2010, p. 80-96. Le numéro 5 de la revue Prismes consacré à la Théorie critique de l’antisémitisme (publication prévue en 2023) propose une traduction de ce texte, ainsi que de celui d’Otto Fenichel, issu du même volume de 1946.
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[10]
Dans le cas du mythe antisémite médiéval de la « profanation d’hostie », Simmel montre par exemple que les Juifs sont accusés de ce que les chrétiens font eux-mêmes lorsqu’ils mangent l’hostie (lors de la communion).
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[11]
« On ne devrait pas oublier que tous ces peuples qui rivalisent aujourd’hui dans la haine des Juifs ne sont devenus chrétiens que dans des temps historiques tardifs, souvent poussés à cela par une contrainte sanglante. On pourrait dire qu’ils sont tous ‘mal baptisés’ ; sous un léger vernis de christianisme ils sont restés ce qu’étaient leurs ancêtres, qui s’adonnaient à un polythéisme barbare. Ils n’ont pas surmonté leur rancune envers la nouvelle religion qui leur avait été imposée, mais ils l’ont déplacée sur la source d’où leur vint le christianisme. Le fait que les Évangiles racontent une histoire qui se passe entre Juifs et ne traite à vrai dire que de Juifs leur a facilité un tel déplacement. Leur haine des Juifs est au fond la haine des chrétiens » (Sigmund Freud, L’Homme Moise et la religion monothéiste (1939), trad. par C. Heim, Paris, Gallimard, 1986, p. 185).
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[12]
Ici aussi, nous renvoyons aux différentes contributions dans le numéro 5 de la revue Prismes, qui paraîtra en 2023.
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[13]
Voir Adorno, Bermerkungen zu ‘The Authoritarian Personality’ und weitere Texte, édité et traduit de l’anglais par E.-M. Ziege, Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp Verlag, 2019. Ce texte va bientôt être publié dans une traduction française.
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[14]
Lettre de Horkheimer à L. Löwenthal du 31 octobre 1942 dans Horkheimer, Gesammelte Schriften, Band 17 : Briefwechsel 1941-1948, Frankfurt/M., Fischer, 1996, p. 365-377 (ici p. 367). La traduction ci-dessus est empruntée à Martin Jay, L’Imagination dialectique. L’École de Francfort, 1923-1950 (1973), trad. E. E. Moreno et A. Spiquel, Paris, Payot, 1989, p. 127-128.
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[15]
Le texte est une reprise d’une conférence donnée par Adorno en 1944 à San Francisco, Adorno, « La révision de la psychanalyse » (1946), in T. W. Adorno, Le Conflit des sociologies. Théorie critique et sciences sociales, trad. P. Arnoux, J.-O. Bégot, G. Felten, F. Nicodème, Paris, Payot, 2016, p. 45-68.
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[16]
Katia Genel, Autorité et émancipation, op. cit., p. 175.
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[17]
Rappelons que, dans ce débat, Fromm prétend lui aussi incarner la position la plus « critique » (et la plus progressiste), en ce qu’il dépasserait (en les sociologisant et les historicisant) le conservatisme sous-jacent aux concepts freudiens.
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[18]
Pour reprendre la fameuse formulation d’Adorno. Adorno, « La révision de la psychanalyse » (1946), art. cit., p. 61.