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Article de revue

Les Excerpta de libro Aristotelis Ethicorum secundum translationem de arabico in latinum

Pages 115 à 147

Notes

  • [1]
    J. B. Korolec, « Mittlerer Kommentar von Averroes zur Nikomachischen Ethik », Mediaevalia Philosophorum Polonorum, 31 (1992), p. 61-118 (p. 64-70). La consultation de nouveaux catalogues ne m’a pas permis d’allonger la liste produite par Korolec.
  • [2]
    Voir G. Antolín, Catálogo de los códices latinos de la Real Biblioteca del Escorial, vol. III, Madrid, 1913, p. 356-358.
  • [3]
    Voir notice n o 4315, in G. Milchsack, Die Gudischen Handschriften. Die lateinischen Handschriften, Wolfenbüttel 1913, p. 81-83.
  • [4]
    Voir Tabulae codicum manu scriptorum praeter graecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindobonensi asservatorum, Band II, Wien 1868, p. 211-212. Les principales études qui se rattachent à ce codex peuvent être consultées en ligne à l’adresse : http://db.onb.ac.at/cgi-bin/simader/literatur.cgi.
  • [5]
    Sur la traduction latine, par Hermann l’Allemand, du Commentaire d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, voir : M. Aouad – F. Woerther, « Le commentaire par Averroès du chapitre 9 du livre X de l’Éthique à Nicomaque : pédagogie de la contrainte, habitudes et lois », Mélanges de l’Université Saint-Joseph, 62 (2009), p. 353-380 (notamment p. 354-360).
  • [6]
    Voir Korolec, « Mittlerer Kommentar von Averroes zur Nikomachischen Ethik », p. 64-70. Parmi les manuscrits et les éditions de la Renaissance qui ont préservé la traduction latine, par Hermann l’Allemand, du Commentaire moyen d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque, Korolec distingue trois rédactions. La première rédaction serait représentée par quatre manuscrits et l’édition de 1483, et se diviserait elle-même en deux versions : la versio pura d’une part, conservée dans les manuscrits de Tolède (T) et de Saint-Omer (O), et la versio recognita d’autre part, contenue dans un manuscrit de Florence, un manuscrit du Vatican et l’édition de 1483 (laquelle reprend au manuscrit du Vatican des sous-titres insérés dans le commentaire lui-même), et qui aurait résulté d’une collation, postérieure à Hermann, de son texte avec une version arabe et aurait accentué la littéralité de la traduction. La deuxième rédaction, représentée par une autre partie de la tradition manuscrite, aurait été soumise à une division en chapitres complètement nouvelle et à des améliorations philologiques, mais sans recours à l’arabe. La troisième rédaction est conservée quant à elle dans les versions imprimées du xvie siècle et dépendrait de la seconde version de la première rédaction.
  • [7]
    Voir F. Woerther, « Les translittérations dans la version latine du Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque d’Averroès », Bulletin de Philosophie Médiévale, 56 (2014), p. 61-89 ; « Les fragments arabes du Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque d’Averroès » (en préparation) ; « Introduction », dans F. Woerther (éd., trad. et comm.), Averroès, Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque, livre X (à paraître).
  • [8]
    Il s’agit des cas suivants : ad EN II 1, 1103a 18-20 (apparet O, T, 1483, 1562 : appetet S, G, W) ; ad EN III 10, 1118a 23-1118b 1 (patens O, T, 1483, 1562 : potens S, G, W) ; ad EN III 11, 1118b 18-21 (et non [hébr. (p. 139). 578 ולא] O, T, 1483, 1562 : per quam S : per quem G, W) ; ad EN IV 1, 1120b 14 (et poetae qui amant O, T, 1483, 1562 : et a poete qui amant G : om. S) ; ad EN IV 3, 1125a 5 (aversio O, T, 1483, 1562 : adversio S, G, W) ; ad EN IV 5, 1126a 8-12 (reputantur O, T, 1483, 1562 : est S, G, W) ; ad EN VII 10, 1152a 31 (difficilis est enim in consuetudine O, T, 1483, 1562 : difficile enim est consuetudines G, W : difficilis est enim in consuetudines S) ; ad EN VIII 12, 1161b 33 (nutritione et O, T, 1483, 1562 : nutritione S, G, W).
  • [9]
    On n’a pas pris ici en compte les modifications ou suppressions de liens logiques ou des dixit, ni les changements qui peuvent être dus à des mélectures aléatoires. Les différences entre S, G et W d’une part, et les quatre témoins de la tradition du texte complet d’Averroès sont toutes reprises dans l’apparat critique du texte édité ci-dessous.
  • [10]
    La liste n’est pas exhaustive, et l’on se reportera à l’apparat critique du texte des Excerpta pour la totalité des écarts entre S, G, W et les témoins du texte complet d’Averroès.
  • [11]
    Au trois exemples cités ici, on peut ajouter : ad EN III 10, 1118a 23 – 1118b 1. coquinalium S, G, W : coquinalum O, T, 1483, 1562. Il n’est pas possible de décider si la leçon contra multitudinem dans S, G, W, contre la leçon in ultionem dans O, T, 1483, 1562 (ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5) est correcte, car la comparaison avec le texte grec d’Aristote (la version arabe pour ce passage n’a pas été conservée) indique qu’il se serait agi d’une addition de la part d’Averroès dans son Commentaire, et la version hébraïque de ce passage, qui est apparemment corrompue, n’offre pas de réponse décisive à cette question ; voir L.V. Berman (ed.), Averroes’Middle Commentary on Aristotle’s Nicomachean Ethics in the Hebrew Version of Samuel Ben Judah, Jerusalem 1999, p. 84, l. 562-565.

1Dans le cadre du projet qui consiste à réaliser l’édition critique de la version latine du Commentaire moyen d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, j’ai pu identifier, lors de l’étape de la recensio codicum – et à la suite de J. B. Korolec [1] – l’existence d’un recueil d’extraits tirés du Commentaire d’Averroès, conservé sous le titre Excerpta de libro Aristotelis Ethicorum secundum translationem de arabico in latinum, et qui a été préservé dans trois manuscrits :

  • S : El Escorial, Real Biblioteca de San Lorenzo, Q I 8, saec. xiv, fol. 149r, col. a, l. 23 - 150v, col. a, l. 5 [2]
  • G : Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Gud. Lat 10, saec. xv, fol. 174r, col. b, l. 44 - 176v, col. a, l. 13 [3]
  • W : Wien, Österreichische Nationalbibliothek, 3134, saec. xv, fol. 290v, l. 30 - 294r, l. 6 [4].

2Dans chacun des trois manuscrits, les Excerpta sont présentés – à l’instar des autres témoins qui ont conservé la totalité du Commentaire d’Averroès dans sa version latine – comme des extraits tirés de la traduction arabo-latine des Éthiques d’Aristote, alors qu’ils constituent en réalité une collection de passages issus de la traduction latine, réalisée par Hermann l’Allemand en 1240, du Commentaire d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque[5].

3Dans S, G et W, les Excerpta apparaissent au sein d’une constellation de textes communs qui sont, pour la très grande majorité d’entre eux, de – ou attribués à – Sénèque. On a reproduit dans le tableau ci-dessous le contenu de S, G et W (sans discuter la question de l’authenticité des traités signalés ici). Les nombres utilisés désignent le numéro d’ordre d’apparition de chacun des textes dans les trois manuscrits :

tableau im1
S G W Hildebertus Lavadinensis, Epitaphium Senecae 1 ps.-Seneca, De paupertate 2 Seneca, Epistulae 1 1 8 Seneca, De remediis fortuitorum 2 2 9 Seneca, De liberalibus artibus 3 3 10 Seneca, De quattuor virtutibus 4 4 11
tableau im2
Seneca [pater], [Declamationes] ad Novatum 5 5 12 Seneca, De questionibus naturalibus 6 6 13 Seneca, Proverbia 7 7 20 Seneca, De moribus 8 8 3 Seneca, De clementia ad Neronem 9 9 4 Excerpta de libro Ethicorum Aristotelis secundum translationem de arabico in latinum 10 10 14 Seneca, Epistula ad Paulum 15 Paulus apostolus, Epistula ad Senecam 16 Seneca, De ira 17 Seneca, De beneficiis 11 11 5 Seneca, De providentia dei ad Lucilium 12 12 6 Seneca, De constantia sapientis 13 Seneca, De beata vita ad Gallionem 13 14 7 Seneca, De tranquilitate animi ad Serenum 14 15 21 Seneca, Ad Paulinum de brevitate vite 15 16 22 Seneca, Consolatio ad Polybia 17 Seneca, Ad Novatum de speciebus et remediis ire 16 18 Seneca, Ad Marciam de consolatione filii sui 17 19 18 Seneca, Ad Helviam matrem de consolatione 18 20 19 Seneca, Ad Pollionem (Polybium) de consolatione 21 (2 e main) Seneca, De beneficiis 22 (3 e main) Fragm. Hebr. B 30 Han – Verschiedene : Babylonischer Talmud – Sota (Fragment) 23

L’édition des Excerpta

4Les Excerpta ont été ici édités à partir des trois témoins qui les ont conservés : S, G et W.

5Le texte ainsi obtenu a ensuite été collationné avec quatre témoins du texte complet de la version latine du Commentaire moyen d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque d’Aristote :

  • O : Saint-Omer, Bibliothèque municipale, 623, saec. xiii
  • T : Toledo, Biblioteca Capitular, 94.14, saec. xiii
  • 1483 : Aristotelis Opera latine… IV, Metaphysica, ethica, politica, œconomica cum commentariis Averrois, Venetiis, impendio industriaque Andrea Torresani de Asula Bartholomaeique de Blavis, 1483.
  • 1562 : Aristotelis opera cum Averrois Commentariis. Tertium volumen. Aristotelis Stagiritae Libri Moralem totam Philosophiam complectentes, cum Averrois Commentariis in Moralia Nicomachia Expositione et in Platonis Libros de Republica paraphrasi, Venetiis apud Iunctas, 1562 (reprint : Frankfurt am Main, Minerva, 1962).

6Le choix de ces quatre témoins n’est pas arbitraire, et s’est notamment inspiré de la classification qui a été proposée par J. B. Korolec [6]. Ces quatre témoins représenteraient en effet, d’après le chercheur polonais, trois des quatre étapes importantes dans la rédaction de la version latine de ce texte, à savoir les manuscrits les plus anciens O et T, où l’on trouverait ce que Korolec appelle la versio pura, l’édition de 1483, qui préserverait d’après Korolec la versio recognita, et celle de 1562, qui représente une troisième et dernière rédaction.

7Comme il s’agit d’établir ici une édition critique du recueil des Excerpta – c’est-à-dire de la version qui a été réalisée par l’excerpteur à partir du texte complet du Commentaire d’Averroès –, je me suis fondée en priorité sur les textes qui étaient conservés dans S, G et W, dans l’idée que ces manuscrits reflétaient le mieux la version originale réalisée par l’auteur des Excerpta.

8Partant, j’ai conservé les leçons de ces trois manuscrits, même dans les cas où les leçons des manuscrits et des éditions du texte complet d’Averroès dans sa version latine (O, T, 1483 et 1562) devaient de toute évidence être préférées pour que le texte d’Averroès, mais aussi celui d’Aristote, conserve son sens original. Les leçons de S, G et W ont donc toujours été gardées, y compris dans les cas suivants :

  • l’excerpteur a retranché les dixit qui scandent le Commentaire d’Averroès ;
  • l’excerpteur a supprimé des mots de liaison ;
  • l’excerpteur a modifié certaines articulations logiques ;
  • l’excerpteur a simplifié le texte d’Averroès ;
  • l’excerpteur a vraisemblablement commis une omission par homéotéleute ;
  • l’excerpteur a corrigé, ou mal recopié, certains mots.

9Il en résulte que le texte des Excerpta édité à partir de ces principes présentera souvent des écarts par rapport à la version du texte complet latin du Commentaire d’Averroès, tel qu’on l’aurait édité en prenant en considération les autres témoins de la tradition. L’apparat critique, qui indique notamment les leçons de O et T – que l’on a identifiés par ailleurs comme étant les témoins les plus fiables pour l’édition critique du texte complet du Commentaire d’Averroès [7] – permettront de comparer la version des Excerpta avec celle du texte d’Averroès, et de déterminer ainsi plus précisément le travail réalisé par l’excerpteur et le but qu’il cherche à atteindre avec ce texte.

10Dans le cas où la conservation des leçons de S, G et W rendait le texte illisible ou incompréhensible, je me suis reportée aux leçons des quatre témoins, en donnant toujours ma préférence à O et T [8].

11Afin de bien mettre en lumière le découpage de l’excerpteur, j’ai en outre fait figurer dans le texte latin édité :

  • d’une part, entre crochets, les livres et chapitres de l’Éthique à Nicomaque auquel se rapporte le Commentaire d’Averroès – qui suit de très près le texte d’Aristote dans son déroulement en livres et en chapitres –, dont chacun des passages est extrait ;
  • d’autre part, entre parenthèses et en chiffres romains suivis de la pagination Bekker, la succession des passages issus de chacun de ces chapitres.

Les manuscrits S, G et W

12Il importe tout d’abord de formuler quelques remarques sur les rapports qui existent entre S, G et W.

131. Les trois manuscrits S, G et W dérivent d’un modèle commun. Voir, par exemple :

  • ad EN I 10, 1100b 3-13. vilissimo S, G, W : vilioris O, T, 1483, 1562.
  • ad EN I 10, 1100b 22-25. ad S, G, W : ad infelicitatem neque si bone contingerint permutabunt ipsum ad O, T, 1483 : ad infelicitatem neque si bona contingerint permutabunt ipsum ad 1562.
  • ad EN III 11, 1118b 18-21. additionem S, G, W : additionem (ditionem O) et propter hoc dicitur de eis qui excedunt in hoc usque ad additionem O, T, 1483, 1562.

142. G et W dérivent d’un modèle commun. Voir, par exemple :

  • ad EN I 7, 1097b 7-11. sua sit vita O, T, G, W, 1483, 1562 : om. S.
  • ad EN I 7, 1098a 18-20. tempus parvum O, T, G, W, 1483, 1562 : tempore parvum S.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. prout dicitur de quibusdam quod sint angelici et divini G, W : om. S : prout dicimus de quibusdam hominum quod sint angelici et divini O, T 1483, 1562.

153. G et W sont indépendants l’un de l’autre (l’un n’a pas été copié sur l’autre). Voir, par exemple :

  • ad EN I 4, 1095b 10-13. quid expedit qui autem… a semetipso intelligit O, T, S, G, 1483, 1562 : om. W.
  • ad EN II 6, 1106b 28-36. rectum O, T, S, W, 1483, 1562 : om. G.
  • ad EN II 9, 1109a 24-29. et quando oportet O, T, S, W, 1483, 1562 : om. G.
  • ad EN II 9, 1109a 24-29. et ubi oportet O, T, S, G, 1483, 1562 : om. W.
  • ad EN III 5, 1114a 23-27. caeco O, T, S, W, 1483, 1562 : om. G.
  • ad EN IV 1, 1102b 11-14. ut parentes… qui amant metra sua O, T, S, G, 1483, 1562 : om. W.
  • ad EN IV 5, 1125b 31-1126a 3 : pro quibus est irascendum et O, T, S, W, 1483, 1562 : om. G.

16Autrement dit, le stemma obtenu est le suivant (où γ représente l’original des Excerpta, δ et ε deux apographes) :

figure im3
γ δ ε S G W

L’intervention de l’excerpteur

17Afin de caractériser l’intervention de l’excerpteur, il convient d’établir la liste des principales différences notables – c’est-à-dire celles qui engagent un changement de sens considérable – entre le consensus S, G et W d’une part, et les quatre témoins du texte complet d’Averroès pris ici en considération [9]. Il importera toutefois de rester vigilant et de ne pas attribuer à l’excerpteur la totalité des écarts que l’on aura ainsi identifiés. En effet, on ne dispose pas de l’original réalisé par l’excerpteur. De plus, il faut faire le départ entre ce qui, d’une part, relève de l’écart conscient, c’est-à-dire de l’émendation, de la modification, de la correction voulue effectivement par l’excerpteur, et ce qui, d’autre part, doit être jugé comme une faute commise soit par l’excerpteur lui-même, soit par des copistes ultérieurs du texte des Excerpta. Un raisonnement sera néanmoins rendu possible par la convergence ou la répétition de certaines « fautes » par rapport au texte complet du texte d’Averroès.

18Outre la suppression des dixit qui viennent scander le Commentaire d’Averroès dans sa version latine, l’insertion de nouvelles divisions (primi libri ; libri secundi…) et la modification (autem vs enim) ou l’abandon de certaines articulations logiques (autem, ideo, enim, igitur, vero…), les principaux écarts induisant des modifications de sens importantes, entre le consensus S, G et W d’une part, et les autre témoins du texte complet d’Averroès d’autre part, sont les suivants [10] :

191. ad EN I 3, 1095a 6-9. persecutor S, G, W : prosecutor O, T, 1482, 1562.

202. ad EN I 4, 1095b 10-13. directionis S, G, 1483, 1562 : discretionis O, T.

213. ad EN I 7, 1098a 18-20. bonum S, G, W : beatum O, T, 1483, 1562.

224. ad EN I 10, 1100b 3-13. haec enim S, G, W : haec enim accidentia O, T, 1483, 1562.

235. ad EN I 10, 1100b 3-13. felicitatem S, G, W : felicitatem et infelicitatem O, T, 1483, 1562.

246. ad EN I 10, 1100b 3-13. mentem S, G, W : entem O, T : et idem 1483, 1562.

257. ad EN I 10, 1100b 3-13. vilissimo S, G, W : vilioris O, T, 1483, 1562.

268. ad EN I 10, 1100b 3-13. simpliciter autem felicitatem attribuere S, G, W : et universaliter attribuere felicitatem O, T, 1483, 1562.

279. ad EN I 10, 1100b 3-13. contrarii S, G, W : contrario O, T, 1483, 1562.

2810. ad EN I 10, 1100b 3-13. circa rationem S, G : contra rationem W : circa O, T, 1483, 1562.

2911. ad EN I 10, 1100b 22-25. ad S, G, W : ad infelicitatem neque si bone contingerint permutabunt ipsum ad O, T, 1483 : ad infelicitatem neque si bona contingerint permutabunt ipsum ad 1562.

3012. ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5. operabilis S, G, W : operabitur semper ex rebus operabilibus O, T, 1483, 1562.

3113. ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5. ducis S, G, W : ducis exercitus O, T, 1483, 1562.

3214. ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5. contra multitudinem S, G, W : in ultionem O, T, 1483, 1562.

3315. ad EN II 1, 1103a 18-20. apparet O, T, 1483, 1562 : appetet S, G, W.

3416. ad EN III 5, 1114a 10. frequentia et unaquaque rerum… intendo quod G, W : om. S : frequentatio in unaquaque rerum… intendo quod O, T, 1483, 1562.

3517. ad EN III 7, 1115b 26-28. superfluit S, G, W : superfluit in bello O, T, 1483, 1562.

3618. ad EN III 10, 1118a 23-1118b 1. patens O, T, 1483, 1562 : potens S, G, W.

3719. ad EN III 10, 1118a 23-1118b 1. contactu ciborum S, G, W : contactu cibalium O, T : tactu cibalium 1483, 1562.

3820. ad EN III 11, 1118b 18-21. additionem S, G, W : additionem (ditionem O) et propter hoc dicitur de eis qui excedunt in hoc usque ad additionem O, T, 1483, 1562.

3921. ad EN IV 1, 1121a 27-30. avaro G, S, W : avaro propter causas quarum fecimus mentionem et O, T, 1483, 1562.

4022. ad EN IV 3, 1124a 10-12. vilioribus (cf. ar. p. 261. 12 : أبناء الناس) O, T, 1483, 1562 : melioribus S, G, W.

4123. ad EN IV 3, 1124a 23. magnanimus S, G, W : in ea magnus O, T, 1483, 1562.

4224. ad EN IV 3, 1124b 25-1125a 7. adversio S, G, W : aversio O, T, 1483, 1562.

4325. ad EN IV 5, 1126a 8-12. reputantur O, T, 1483, 1562 : est S, G, W.

4426. ad EN IV 5, 1126a 8-12. est S, G, W : et O, T, 1483, 1562.

4527. ad EN VII 1, 1145a 18-32. contrarium est virtus superexcellens naturam S, G, W : vero contrarium dicendum est quod sit virtus superexcellens naturam humanam O, T, 1483, 1562.

4628. ad EN VII 1, 1145a 18-32. hominibus S (in marg. animal est homo), G, W : et viri ferini vel lupini pauci sunt etiam O, T, 1483, 1562.

4729. ad EN VII 1, 1145a 18-32. quidem S, G, W : quidem etiam secundum O : quidem secundum T, 1483, 1562.

4830. ad EN VII 1, 1145a 18-32. nigri S, G, W : nigri sive O, T, 1483, 1562.

4931. ad EN VII 1, 1145a 18-32. contrarii S, G, W : contermini et etiam ex altera parte sclavi et eorum contermini O, T, 1483, 1562.

5032. ad EN VII 1, 1145a 18-32. infirmitatis O, T, 1483, 1562 : infirmitatis est S, G, W.

5133. ad EN VIII 3, 1156a 10-12. nolunt S, G, W : non volunt O, T, 1483, 1562.

5234. ad EN VIII 3, 1156a 19-24. dilectiones S, G, W : dilectiones autem O, T, 1483, 1562.

5335. ad EN VIII 3, 1156b 7-9. et volunt S, G, W : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona per suam similitudinem in virtute et volunt O : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona propter suam similitudinem in virtute et volunt T : isti enim volunt sibi invicem in virtute bonum propter suam similitudinem in virtute et volunt 1483, 1562.

5436. ad EN VIII 9, 1160a 21-23. offerunt O, T, 1483, 1562 : afferunt S, G, W.

5537. ad EN VIII 11, 1161a 11-14. quemadmodum S, G, W : quemadmodum visitat pastor O, T, 1483, 1562.

56L’observation de ces écarts permet de formuler trois remarques générales.

571) La première, c’est que, à quelques [11] exceptions près, S, G et W ne permettent pas d’accéder à des leçons nouvelles qui permettraient d’approcher un état du texte tel qu’il a été rédigé par Hermann. Dans les trois exemples suivants, les leçons de S, G et W semblent devoir être préférées afin d’assurer au texte d’Averroès une plus grande fluidité et une lecture plus aisée :

  • ad EN I 3, 1095a 6-9. persecutor (cf. ad 1095a 4 persecutor) S, G, W : prosecutor O, T, U, 1483, 1562.
  • ad EN IV 3, 1124a 23. magnanimus S, G, W : in ea magnus O, T, 1483, 1562.
  • ad EN IV 5, 1126a 8-12. est S, G, W : et O, T, 1483, 1562.

58Mais il est tout à fait envisageable que ces leçons soient le fruit d’une correction de l’excerpteur plutôt que des leçons correctes qui auraient figuré dans le modèle dont l’excerpteur a dépendu.

592) Deuxièmement, l’excerpteur propose des leçons qui sont la plupart du temps fautives :

  • ad EN I 7, 1098a 18-20. bonum S, G, W : beatum (cf. ar. p. 135. 15 : سعيداً) O, T, 1483, 1562.
  • ad EN I 10, 1100b 22-25. ad S, G, W : ad infelicitatem neque si bone contingerint permutabunt ipsum ad O, T, 1483 : ad infelicitatem neque si bona contingerint permutabunt ipsum ad 1562.
  • ad EN II 1, 1103a 18-20. apparet O, T, 1483, 1562 : appetet S, G, W.
  • ad EN III 10, 1118a 23-1118b 1. patens (gr. φαίνονται) O, T, 1483, 1562 : potens S, G, W.
  • ad EN IV 3, 1124a 10-12. melioribus S, G, W : vilioribus (cf. ar. p. 261. 12 :
    أبناء الناس) O, T, 1483, 1562.
  • ad EN IV 3, 1124b 25-1125a 7. adversio S, G, W : aversio O, T, 1483, 1562.
  • ad EN IV 5, 1126a 8-12. reputantur O, T, 1483, 1562 : est S, G, W.
  • ad EN VIII 9, 1160a 21-23. afferunt S, G, W : offerunt O, T, 1483, 1562.

603) L’excerpteur produit un texte qui résulte souvent d’une simplification de son modèle, soit en supprimant des mots qui lui paraissaient redondants ou superflus, soit en réduisant l’expression de son modèle :

  • ad EN I 10, 1100b 3-13. haec enim S, G, W : haec enim accidentia O, T, 1483, 1562.
  • ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5. operabilis S, G, W : operabitur semper ex rebus operabilibus O, T, 1483, 1562.
  • ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5. ducis S, G, W : ducis exercitus O, T, 1483, 1562.
  • ad EN III 7, 1115b 26-28. superfluit S, G, W : superfluit in bello O, T, 1483, 1562.
  • ad EN III 11, 1118b 18-21. additionem S, G, W : additionem (ditionem O) et propter hoc dicitur de eis qui excedunt in hoc usque ad additionem O, T, 1483, 1562.
  • ad EN IV 1, 1121a 27-30. avaro G, S, W : avaro propter causas quarum fecimus mentionem et O, T, 1483, 1562.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. contrarium est virtus superexcellens naturam S, G, W : vero contrarium dicendum est quod sit virtus superexcellens naturam humanam O, T, 1483, 1562.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. hominibus S (in marg. animal est homo), G, W : et viri ferini vel lupini pauci sunt etiam O, T, 1483, 1562.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. quidem S, G, W : quidem etiam secundum O : quidem secundum T, 1483, 1562.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. nigri S, G, W : nigri sive O, T, 1483, 1562.
  • ad EN VII 1, 1145a 18-32. contrarii S, G, W : contermini et etiam ex altera parte sclavi et eorum contermini O, T, 1483, 1562.
  • ad EN VIII 3, 1156b 7-9. et volunt S, G, W : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona per suam similitudinem in virtute et volunt O : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona propter suam similitudinem in virtute et volunt T : isti enim volunt sibi invicem in virtute bonum propter suam similitudinem in virtute et volunt 1483, 1562.
  • ad EN VIII 11, 1161a 11-14. quemadmodum S, G, W : quemadmodum visitat pastor O, T, 1483, 1562.

61L’observation des passages retenus par l’excerpteur indique que celui-ci a majoritairement puisé dans le livre I du Commentaire d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque ; puis, secondairement, dans les livres II, III, IV et V. Les passages présentés des extraits du livre VI sont en réalité tirés du livre VII ; les passages présentés comme des extraits du livre VII sont en réalité des passages du livre VII et du livre VIII. Peut-être faut-il en conclure – si la division en livres remonte bien à l’excerpteur et non à un lecteur postérieur – que le modèle à partir duquel l’excerpteur a travaillé était amputé du livre VI du Commentaire d’Averroès ?

62Thématiquement, les Excerpta se concentrent sur les sujets suivants :

63Livre i

  • Chap. 3 : La science propre à l’éthique suppose l’expérience ;
  • Chap. 4 : Le meilleur des hommes est celui qui comprend de lui-même ce qui est avantageux ;
  • Chap. 5 : Les hommes vulgaires sont ceux qui affirment que la fin de la vie est le plaisir ;
  • Chap. 7 : Les propriétés du bien ; le bien humain est de nature politique ; l’œuvre du bonheur se mesure à l’échelle d’une vie ;
  • Chap. 9 : Le bonheur est le plus grand bien ;
  • Chap. 10 : Le bonheur n’est pas un accident et il est inséparable de la vertu ;
  • Chap. 12 : Les plus hauts biens ;
  • Chap. 13 : La partie végétative de l’âme ne joue aucun rôle dans la réalisation du bien.

64Livre ii

  • Chap. 1 : Les vertus éthiques ne sont pas naturelles mais acquises à la suite d’une habituation ;
  • Chap. 2 : L’éthique consiste non seulement à savoir ce qu’est la vertu, mais aussi à devenir bon ;
  • Chap. 6 : Le mal est multiple, le bien est unique ;
  • Chap. 9 : Être vertueux consiste à atteindre le milieu, ce qui est une tâche difficile.

65Livre iii

  • Chap. 5 : L’homme est responsable des habitudes qu’il acquiert et qui deviennent, avec le temps, des dispositions ;
  • Chap. 7 : Insensibilité et témérité ;
  • Chap. 10 : Les objets sur lesquels portent la modération et l’absence de modération ;
  • Chap. 11 : Le désir naturel et l’excès.

66Livre iv

  • Chap. 1 : Libéralité, prodigalité et avarice ;
  • Chap. 2 : Ce qui se rapporte à Dieu, ce qui se rapporte aux hommes ;
  • Chap. 3 : Le magnanime ;
  • Chap. 5 : L’homme doux ;
  • Chap. 8 : Repos tranquille et consolation joyeuse sont nécessaires à l’homme ;
  • Chap. 9 : Il faut faire ce qui ne nous amènera pas à ressentir de la honte.

67Livre v

  • Chap. 4 : le juge ;
  • Chap. 9 : les hommes justes (l’équité).

68“Livre vi” (= Livre vii)

  • Chap. 1 : La bestialité ; l’homme divin.

69Livre vii

  • Chap. 10 : Le changement d’habitude.

70(Livre viii)

  • Chap. 1 : Nécessité de l’amitié pour l’homme ;
  • Chap. 3 : Amitié selon l’utile, selon le plaisir et l’amitié parfaite ;
  • Chap. 9 : La cité aspire à ce qui convient à tous ;
  • Chap. 10 : Le roi et le régime paternel ;
  • Chap. 11 : L’amitié du roi pour ses sujets ;
  • Chap. 12 : L’amitié croît à la faveur d’un lien durable.

71L’excerpteur a donc été guidé par la volonté de réunir des passages qui reflètent, peu ou prou, l’ensemble des sujets traités par Aristote dans l’Éthique, à deux exceptions près : le livre VI, qui traite des vertus dianoétiques, et notamment de la prudence, est entièrement ignoré, et le livre X, qui se concentre sur la question du plaisir et des rapports entre éthique et politique, a été laissé de côté. L’excerpteur a choisi de dédier une grande quantité de passages à la question du bien, mais en prenant soin toutefois de lui réserver un traitement plus pratique que théorique, en soulignant notamment la valeur politique du bien humain, et le rapport qu’il entretient avec l’acquisition et l’exercice des vertus. C’est d’ailleurs sur les conditions dans lesquelles on peut atteindre ces vertus éthiques que l’excerpteur insiste dans les livres II et III, en choisissant de n’évoquer qu’un éventail de dispositions éthiques assez restreint, qui semblent toutes renvoyer aux qualités d’un souverain dans le rapport qu’il entretiendrait avec ses sujets : insensibilité, témérité ; modération et absence de modération ; libéralité, prodigalité et avarice ; magnanimité et douceur ; sans compter l’équité, rapidement abordée (livre V). Après un court détour par la bestialité (livre VII), l’excerpteur achève sa collection d’extraits par l’évocation de l’amitié, de ses différentes espèces, et signale ce qui, dans un cadre politique, caractérise l’amitié du roi pour ses sujets.

72En d’autres termes, les passages réunis ici ressemblent à une sorte de vade-mecum qui aurait été composé entre 1240 (date à laquelle Hermann achève la traduction latine du Commentaire moyen d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque) et le xive siècle (date du plus ancien manuscrit contenant les Excerpta), à l’usage d’un souverain destiné à prendre connaissance des conditions dans lesquelles il convient d’exercer sur ses sujets un pouvoir bienveillant et éclairé. En l’état actuel de nos connaissances et de notre documentation, on ne peut avancer d’éléments plus précis sur le lieu ni le milieu dans lequel ces Excerpta ont été rédigés ; on ne peut pas non plus identifier en toute certitude le souverain auquel ils sont destinés. Les questions d’ordre plus théorique – si le bien est un ou multiple, la réfutation des thèses platoniciennes, l’examen des différentes opinions qui ont été avancées sur l’amitié, etc. – ne présentent aucun intérêt pour l’excerpteur.

Excerpta de libro Aristotelis Ethicorum secundum translationem de arabico in latinum

73Primi libria. [I 3] (i, 1394b 27-28) Vnusquisqueb hominum recte dirigit judicium circa rem in qua sciens fuerit. (ii, 1395a 2-3) Puer inexpertus est actionum quae debent esse in vita, scilicet non discernit rectum a nonc recto. (iii, 1095a 4-5) Puer persecutor est eorum ad quae ducit eum anima sua. (iv, 1095a 6-9) Et non differt ut sit qui est in hac dispositione puer aetate aut puer moribus. Defectus enimd sequens virum desyderii non est ex brevitate temporis. Nam si esset sic, non inveniretur senex persecutore desyderii, et propter hocf non proficiunt juvenesg per hanc cognitionem, sicuth nec proficiunt per eam completi quii non retinent se a delectationibus. [I 4] (i, 1095b 10-13) Optimus est omniumj qui a semetipso intelligitk quid expedit. Qui auteml ab altero hoc intelligit est in via directionism. Qui vero nec a semetipso intelligitn nec ab altero recipit, hic vir inutiliso. [I 5] (i, 1095b 19-20) Vulgares autem videmus propinquos servisp eligentes vitam pecudum in dicto suo quod finis vitae humanae sit voluptas. [I 7] (i, 1097b 7-11) Haec est proprietas boni perfecti, scilicet ut sit sufficiens in se, non egens secum alterius a se. Nonq intendo autem per dictum meumr quoniams bonum quaesitum est res sufficiens per se quoniam sufficiatt homini hoc bonum existenti solitario, id est quod vita sua sit vitau hominis separati solitarii, immo intendo equidemv ut vivat homow cum aliis, utputa filiis parentibus uxore et civibus. Est enimx natura civilis homo, id est non est possibilis eiy vita absque civium in civitate, aut necessaria aut melior. (ii, 1098a 18-20) Per actionem unam studiosam non acquiritur beatitudo : quemadmodum neque per unam yrundinemz neque per unam diem aeris temperatia pronosticatio estb veris, et sic etiamc non facit hominem bonumd dies una vitae suae neque tempus parvume, sed oportet ut operetur vita sua tota aut majorem partem sui opera beatitudinis. Erit itaque hocf

(a) primi libri G, W : om. O, T, S, 1483, 1562. (b) unusquisque S, G, W, 1483, 1562 : unusquisque quidem O, T. (c) a non O, T, S, G, 1483, 1562 : ante (?) W. (d) enim O, T, S, 1483, 1562 : est G, W. (e) persecutor (cf. ad 1095 a 4 persecutor) S, G, W : prosecutor O, T, 1483, 1562. (f) hoc O, T, S, 1483, 1562 : quod G, W. (g) juvenes O, T, S, W, 1483, 1562 : inveniens corr. juvenes G. (h) sicut O, T, S, 1483, 1562 : sic G, W. (i) qui O, T, S, 1483, 1562 : quod G, W. (j) omnium S, G, W : hominum O, T, 1483, 1562. (k) intelligit O, T, G, 1483, 1562 : intelliget S, W. (l) autem O, T, S, G, W, 1562 : aut 1483. (m) directionis S, G, 1483, 1562 : discretionis O, T. (n) quid expedit qui autem… a semetipso intelligit om. W. (o) recipit hic est vir inutilis T, S, W : recipit hoc est vir in ultimis corr. vir inutilis G : recipit hic vir inutilis est O : recipit hic vir est inutilis 1483, 1562. (p) servis S, G, W : servis et O, T, 1483, 1562. (q) non S, G, W : dixit non O, T, 1483, 1562. (r) meum T, S, G, W, 1483, 1562 : modum O. (s) quoniam O, S, G, W, 1483 : quod 1562. (t) quoniam sufficiat G, W : quid sufficiat S : quod sufficiat homini O, T, 1483, 1562. (u) sua sit vita om. S. (v) intendo equidem S, G : equidem intendo O, T, 1483, 1562 : vitendo equidem W. (w) ut vivat homo S, W : vivat homo G : ut vivat O, T, 1483, 1562. (x) enim O, S, G, W, 1483, 1562 : etenim T. (y) non est possibilis ei S, G, W : non est ei possibilis O, T, 1483, 1562. (z) yrundinem O, T, S, G, W : habitudinem 1483, 1562. (a) aeris temperati G, W : aeris temperanti S : temperati aeris O, T, 1483, 1562. (b) est O, T, S, G, W : est aeris 1483, 1562. (c) etiam O, T, S, G, W : autem 1483, 1562. (d) bonum S, G, W : beatum (cf. ar. p. 135. 15 : سعيداً) O, T, 1483, 1562. (e) tempus parvum O, T, G, W, 1483, 1562 : tempore parvum S. (f) itaque hoc S, G, W : itaque O, T, 1483, 1562.

Extraits du livre des éthiques d’Aristote d’après la traduction latine de l’arabe

74Extraits du livre I. [I 3] (i) Chacun des hommes oriente correctement son jugement dans le domaine où il est savant. (ii) L’enfant n’a pas l’expérience des actions qui doivent exister dans la vie, c’est-à-dire qu’il ne distingue pas ce qui est juste de ce qui ne l’est pas. (iii) L’enfant poursuit les choses vers lesquelles son âme le conduit. (iv) Et que celui qui est dans cette disposition soit enfant selon l’âge ou selon le caractère, cela ne fait pas différence. En effet, le défaut qui s’attache à l’homme de désir ne provient pas de la brièveté du temps <qu’il a vécu>. Car s’il en était ainsi, on ne trouverait aucun vieillard qui poursuive son désir, et, pour cette raison, les jeunes gens ne tirent pas profit de cette connaissance, de même que n’en tirent pas non plus profit les hommes âgés qui ne se tiennent pas éloignés des plaisirs. [I 4] (i) Le meilleur des hommes est celui qui comprend de lui-même ce qui est avantageux. Celui qui comprend cela avec <l’aide> d’un autre est sur la voie de la <bonne> direction. Mais celui qui ne comprend pas de lui-même ni avec <l’aide> d’un autre, cet homme-là est inutile. [I 5] (i) Or, nous voyons que les hommes vulgaires, qui sont proches des esclaves, choisissent la vie d’animaux lorsqu’ils disent que la fin de la vie humaine est le plaisir. [I 7] (i) Telle est la propriété du bien parfait, à savoir qu’il se suffit en lui-même et qu’il n’a pas besoin avec lui d’autre chose que lui-même. Or, je ne veux pas dire, en employant ce terme, que le bien recherché est une chose qui se suffit par elle-même, parce que ce bien suffit à l’homme qui vit solitaire, c’est-à-dire que sa vie serait la vie d’un homme isolé solitaire : au contraire, je veux dire que l’homme vivrait avec d’autres <hommes>, par exemple ses enfants, ses parents, sa femme et ses concitoyens. L’homme est en effet par nature politique, c’est-à-dire que sa vie n’est pas possible, ni nécessaire, ni meilleure loin de ses concitoyens dans une cité. (ii) Une seule action réalisée avec zèle ne suffit pas à faire atteindre le bonheur : de même qu’une seule hirondelle ou une seule journée de beau temps n’annoncent pas le printemps, de même, un seul jour dans la vie d’un homme ni une courte durée ne font pas de lui un homme de bien, mais l’œuvre du bonheur doit être réalisée pendant toute sa vie ou pendant la plus grande partie de celle-ci. C’est pourquoi cela se trouvera in vita completa. [I 9] (i, 1099b 11-13) Sed manifestum est quoniamg, si fuerunt hic resh aliquae quas largitur Deus hominibus, dignius est ut sit felicitas donata ab eoi ipsis, maxime cum sit praestantior rerum quae pertinentj hominibus. [I 10] (i, 1100b 3-13) Necessarium itaque est nek sit felicitas neque ejus contrarium exl accidentibus variabilibus vicissitudinariis frequenter et circam eosdem aliquosn in vita sua°. Haec enimp contingentia sunt casuq. Si ergo penesr ista sumamus felicitatems, inveniemust hominem unum etu eumdem multotiens inv vita sua felicem etw multotiensx infelicem. Attribuentes igitury felicitatem casui, ponemusz felicitatem stabilem humanam mentema ex speciebus felicitatis vilissimob animalium. Hujusmodi enim casualitates accidunt pluribus animalibusc. Simpliciter autem felicitatem attribuered ei quod accidite casu penitus estf absque rectitudine, eo quod bonitas et malitia non existunt ag casu, sed vita hominis in complemento sui indigeth bonitate casus. Dominium autem super felicitatem non est in bonitate casus, immo in actibus fientibus secundum exigentiam virtutis et contrarii horum actuum existunt contrariii felicitatis. Attestaturj autem huic sermoni quod diximus de felicitate, scilicet quod oportet ut sit stabilis et permanens. Circa rationemk nihil auteml casualiumm invenitur stabilitas nisin fuerit cum virtute. (ii, 1100b 18-19) Perpetuantur autem actus felicium, eo quod isti vivunt° per istos actus vita durabili continua tota vita sua. (iii, 1100b 22-25) Cumque sint hic res multaep contingentes casualiterq et similiterr diversae in magnitudine et parvitate, manifestum est quoniams parvae ex ipsis, sive in bonitate sive in malitia, vitam hominis non inclinantt neque versus felicitatem neque versus infelicitatem, intendou quod, quando malev ex dans une vie accomplie. [I 9] (i) Mais il est évident que, s’il y a eu des choses que Dieu donne aux hommes, il est plus digne que ce soit le bonheur qui leur ait été donné par lui, surtout parce que c’est la plus éminente des choses qui se rapportent aux hommes. [I 10] (i) C’est pourquoi il est nécessaire que le bonheur ni son contraire ne soient pas l’un des accidents variables et imprévisibles qui arrivent souvent aux mêmes personnes dans leur vie. En effet, ce sont là des événements dus au hasard. Si donc, en possession de cela, nous prenions le bonheur, nous trouverons qu’un seul et même homme est plusieurs fois heureux dans sa vie, et plusieurs fois malheureux. Attribuant donc le bonheur au hasard, nous établirons que le bonheur est la raison humaine, stable, parmi les espèces du bonheur pour le plus vil des animaux. En effet, les hasards de ce genre arrivent à la plupart des animaux. Or, simplement, attribuer le bonheur à ce qui arrive par hasard est très éloigné de la vérité, parce que le bien et le mal n’existent pas par hasard, mais que la vie de l’homme requiert, pour être parfaite, la bonne fortune. Or, ce qui commande le bonheur ne réside pas dans la bonne fortune, mais bien plutôt dans les actions qui sont réalisées selon ce qu’exige la vertu, et les <actions> contraires à ces actions sont le contraire du bonheur. Or, ce qui confirme ce propos, c’est ce que nous avons dit du bonheur, à savoir qu’il doit être stable et permanent. Or, dans le domaine de la raison (sic), aucune des choses qui surviennent par hasard ne présente de stabilité, à moins que la vertu n’y soit présente. (ii) Or, les actions des hommes heureux ne connaissent aucune interruption, parce que ceux-ci vivent au moyen de ces actions d’une vie durable et continue pendant toute leur vie. (iii) Puisqu’il y a de nombreuses choses qui surviennent par hasard, semblablement diverses en grandeur et en petitesse, il est évident que celles qui, d’entre elles, sont petites, soit en bien soit en mal, n’infléchissent pas la vie de l’homme ni vers le bonheur ni vers le malheur, je veux dire que, lorsque celles d’entre elles qui sont mauvaises ipsis contingunt felici, non permutant ipsum adw felicitatem completiorem. (iv, 1100b 29-30) Haec autemx accidentia inducunt super habentem eay anxietatem et impediuntz ipsum a multis actibus felicitatis. (v, 1100b 35-1101a 5) Secundum veritatem sapiens est quem videmus tolerare omne quod accidit ei exa infortuniis tolerantia decenti. Et operabilisb melius et decentius ad similitudinem circumspecti ducisc qui utitur exercitu suo contra multitudinemd inimicorum suorum optimo modo bellandi quacumque hora qui possibilis fuerite illa hora. (vi, 1101a 11-13) Neque beatus fit certissimef beatus, quando res virtuosas tempore parvo acceperit, sed cum continuerit tempore longo res decoras. (vii, 1101a 17-21) Occultum enim est nobis quidg futurum sit de rebus. Felicitatem ergo ponimus certissime finem modis omnibus et perfectumh. Et cumi ita sit, tuncj equidem nominamus ex vivis beatos illos quibus existunt res quarum fecimus mentionem in tempore suo praesenti etk existent in futuro. Non nominamusl eos beatos, nisi secundum quod homines tantum, non aliter. [I 12] (i, 1101b 28-30) Res autem quae praestantiores sunt laudatione Deus estm excelsusn et bonum est absolutum°, et hoc quoniam reliqua bonorum virtutis non referuntur nisi ad Deum et ad bonum. (ii, 1102a 2-4) Nos enim omnesp facimus quidem reliquas res omnes gratia ipsius et credimus de eo quodq est principium bonorum et causa ipsorum quoniam est res divina. [I 13] (i, 1102b 2-11) Partisr animae quaes bonum operatur et malum fere non manifestatur actio hora somni ut illiust. Etu dicitur quod non estv differentia inter felices et infelices in dimidio vitae ipsorum. Et hoc rectum est propterea quod somnus est otium animae illius de qua dicitur quod ipsaw est virtuosa aut vitiosa, nisi sintx quidam motuum ejus pertranseuntes in corpore paulatim ad vim rationalem vel rememorationem partis nutritive animey et fiant propter hocz fantasmata bonorum hora somni meliora fantasmatibus malorum.

(g) quoniam O, T, S, G, W, 1483 : quod 1562. (h) fuerunt hic res G, W : fuerunt hec res S : fuerint hic res O, T, 1483, 1562. (i) donata ab eo S, G, W : ab eo donata O, T, 1483, 1562. (j) quae pertinent O, T, S, 1483, 1562 : quae pertinet G : quoniam pertinet W. (k) necessarium itaque est ne S, G : necessarium attamen (?) itaque est ne W : est necessarium ne O, T, 1483, 1562. (l) ex O, T, S, G, W : ex rebus 1562, 1483. (m) et circa S, G, W : circa O, T, 1483, 1562. (n) eosdem aliquos S, G : ejusdem W : aliquos eosdem O, T, 1483, 1562. (o) sua om. W. (p) haec enim S, G, W : haec enim accidentia O, T, 1483, 1562. (q) casu S, G, W : a casu O, T, 1483, 1562. (r) penes O, T, S, G, W : ponentes 1483, 1562. (s) felicitatem S, G, W : felicitatem et infelicitatem O, T, 1483, 1562. (t) inveniemus T, S, G, W, 1483, 1562 : invenimus O. (u) unum et S, G, W : unum O, T, 1483, 1562. (v) in om. 1562. (w) et om. 1562. (x) in vita sua et multotiens om. S. (y) igitur O, T, S, G, 1483, 1562 : ergo W. (z) ponemus O, T, S, G, 1483, 1562 : pones W. (a) mentem S, G, W : entem O, T : et idem 1483, 1562. (b) vilissimo S, G, W : vilioris O, T, 1483, 1562. (c) animalibus S, G, W : animalium O, T, 1483, 1562. (d) simpliciter autem felicitatem attribuere S, G, W : et universaliter attribuere felicitatem O, T, 1483, 1562. (e) accidit O, T, S, G, W : accidit ex 1483, 1562. (f) est O, T, S, W, 1483, 1562 : om. G. (g) a O, T, W, G, 1483, 1562 : om. S. (h) in complemento sui indiget S : in complemento sui indigetur G, W : indiget in complemento sui O, T, 1483, 1562. (i) contrarii S, G, W : contrario O, T, 1483, 1562. (j) attestatur S, G, W : dixit attestatur O, T, 1483, 1562. (k) circa rationem S, G : contra rationem W : circa O, T, 1483, 1562. (l) nihil autem O, T, S, G, W, 1483 : autem nihil 1562. (m) casualium O, T, S, W, 1483, 1562 : casu G. (n) stabilitas nisi O, T, W, 1483, 1562 : stabilitas nec G : stabilitas circa stabilem nisi S. (o) vivunt T, S, G, W, 1483, 1562 : viverunt O. (p) res multae O, T, S, G, W : multae 1483, multae res 1562. (q) casualiter T, G, W, 1483 : causaliter O, S, 1562. (r) similiter S, G, W : sint O, T, 1483, 1562. (s) quoniam S, G, W : quod O, T, 1483, 1562. (t) non inclinant O, T, S, 1483, 1562 : non inclinat W : inclinavit G. (u) intendo O, T, S, G, W, 1483 : intendendo 1562. (v) male om. 1483, 1562.
(w) ad S, G, W : ad infelicitatem neque si bone contingerint permutabunt ipsum ad O, T, 1483 : ad infelicitatem neque si bona contingerint permutabunt ipsum ad 1562. (x) autem S, G, W : enim O, T, 1483, 1562. (y) habentem ea S, G, W : habentem O, T, 1483, 1562. (z) et impediunt O, T, G, W, 1483, 1562 : quare etiam dividunt S. (a) ex om. G, W. (b) operabilis S, G, W : operabitur semper ex rebus operabilibus O, T, 1483, 1562. (c) ducis S, G, W : ducis exercitus O, T, 1483, 1562. (d) contra multitudinem S, G, W : in ultionem O, T, 1483, 1562. (e) fuerit O, T, S, G, 1483, 1562 : fuerat W. (f) fit certissime S, G, W, 1483, 1562 : certissime fit O, T. (g) quid T, S, G, W, 1483, 1562 : quod O. (h) perfectum S, G, W : perfectam O, T, 1483, 1562. (i) et cum S, G, W : cum O, T, 1483, 1562. (j) tunc O, T, G, W, 1483, 1562 : ratio S. (k) et om. S. (l) nominamus S, G, W : nominamus autem O, T, 1483, 1562. (m) est O, T, S, W, 1483, 1562 : enim G. (n) excelsus T, S, G, W, 1483 : excessus O, 1562. (o) est absolutum G, W : absolute O, T, 1483, 1562 : est absolutio S. (p) omnes O, T, G, W, 1483, 1562 : omnis S. (q) quod O, T, W, 1483, 1562 : quid S, G. (r) partis S, G, W : partis autem O, T, 1483, 1562. (s) quae T, S, G, W : qua O, 1483, 1562. (t) ut illius om. G, W. (u) et S, G, W : et ideo O, T, 1483, 1562. (v) est om. G. (w) ipsa om. 1483, 1562. (x) nisi sint O, T, G, W, 1483, 1562 : non sit S. (y) rationalem vel rememorationem partis nutritive anime S, G, W, 1483, 1562 : rationalem in alio vel rememorationem partis nutritive anime O (in margine) : rationalem O, T. (z) hoc O, T, S, G, W, 1562 : hec 1483.

75surviennent à l’homme heureux, elles ne le font pas passer vers un bonheur plus parfait. (iv) Or, ces accidents induisent, sur celui qui les accueille, de l’angoisse, et l’empêchent de réaliser les nombreuses actions du bonheur. (v) L’homme sage selon la vérité est celui que nous voyons supporter avec noblesse toutes les infortunes qui lui arrivent. Et il est toujours capable de réaliser ce qui est meilleur et le plus convenable, à la ressemblance du chef prudent qui utilise son armée contre la multitude de ses ennemis, en employant la meilleure façon de faire la guerre à chaque moment, qui a été possible à ce moment-là. (vi) Et l’homme heureux ne devient très certainement pas heureux, une fois qu’il aura reçu des choses vertueuses en peu de temps, mais quand il aura fait durer les choses belles pendant longtemps. (vii) En effet, l’avenir des choses nous reste caché. Donc, nous établissons en toute certitude que le bonheur est la fin pour toutes les choses et qu’il est quelque chose de parfait. Et puisqu’il en est ainsi, alors nous appelons précisément heureux les <êtres> vivants pour qui existent les choses dont nous avons fait mention dans le moment présent et qui existeront dans l’avenir. Nous ne les appelons heureux que dans la mesure où ils sont des hommes, pas autrement. [I 12] (i) Or, il y a des choses qui sont trop supérieures pour être louées : Dieu est le Très-Haut et le bien est absolu, et cela, parce que le reste des biens de la vertu ne se rapporte qu’à Dieu et au bien. (ii) Nous réalisons tous en effet toutes les autres choses en raison de lui et croyons de lui qu’il est le principe des biens et leur cause, parce qu’il est une chose divine. [I 13] (i) Pour ce qui est de la partie de l’âme qui réalise le bien et le mal, son action n’est pour ainsi dire pas évidente au moment du sommeil, comme c’est le cas de la <partie végétative>. Et l’on dit qu’il n’y a pas de différence entre les hommes heureux et les hommes malheureux pendant la moitié de leur vie. Et cela est vrai, parce que le sommeil est une inaction de l’âme dont on dit qu’elle est vertueuse ou vicieuse, sauf qu’il existe certains de ses mouvements qui passent peu à peu à travers le corps pour parvenir jusqu’à la puissance rationnelle, ou remémoration de la partie nutritive de l’âme et que, pour cette raison, les rêves des vertueux sont, au moment du sommeil, meilleurs que les rêves des vicieux.

76Libri secundia. [II 1] (i, 1103a 18-20) Ex hocb fieri autem virtutum acquisitionemc per consuetudinem, scilicet per exercitationem in actibusd earum apparete, quoniam nulla virtutum moralium invenitur in nobis per naturam. Nullius rei per naturamf existentisg contrarium acquiriturh per assuetudinem. (ii, 23-26) Et si esset nobis aliquidi virtutum vel vitiorum naturaliter, tunc non esset nobis possibile acquirere oppositum per assuefactionem. Cumque sic sit, tunc virtutes non sunt in nobis secundum naturam neque praeter naturamj, dico involuntarie vel coactek, sed nos natil sumus ad earum receptionem et comprehensionem earum in nobis per assuetudinem. (iii, 1103a 31) Virtutesm inveniuntur inn nobis, postquam nos fecerimus eas multotiens. [II 2] (i, 1103b 26-29) Perscrutatio enim nostra° non est ut sciamus quidp est virtus tantum, sed ut operemurq et boni fiamus, aliter enim non esset in nobisr scientia ipsius utilitatiss. [II 6] (i, 1106b 28-36) Errare quidemt contingit multis modis. Error autemu et malum tenditv ad partem infinitatis, quemadmodum ipsum determinaverunt Putagoriciw. Bonum enimx est ex parte finitatis, intendo quod mala multa sunt, bonum autem unum, eo quod rectum, rectumy autem unum. Et propter hoc fit malum cito et faciliter, bonum autem tarde et difficulterz. Facillimum enim esta utb erret homo a proposito signoc, et difficillimum utd inveniat ipsum, et propter hoc erit additio et diminutio ex parte malitiae, mediocritas autem bonitas et virtus, intendo eo quod additio et diminutio errores sunt ex parte infiniti. Mediocritas autem recta est et una. Et propterea boni fiunt secundum modum unum boni, mali autem fiunt malie multis modisf. Et cum sic sit, virtus estg habitus electus vel voluntariush in mediatei existens. [II 9] (i, 1109a 24-29) Difficile est fierij virtuosumk, eo quod sumptio medii in unaquaque rerum difficilis est,

(a) libri secundi G, W : om. S. (b) ex hoc W : ex O, T, S, G, 1483 : et 1562. (c) acquisitionem correxi : acquisitione O, T, S, G, W, 1483, 1562. (d) actibus S, G, W : actionibus O, T, 1483, 1562. (e) apparet O, T, 1483, 1562 : appetet S, G, W. (f) nullius rei per naturam W : nullus est rei per naturam G : om. S : nullius enim rei per naturam O, T, 1483, 1562. (g) existentis O, T, S, G, 1483, 1562 : existet W. (h) acquiritur O, T, S, G, W : acquiretur 1483, 1562. (i) aliquid O, T, S, 1483, 1562 : aliud G, W. (j) neque praeter naturam om. 1562. (k) dico involuntarie vel coacte S, G, W : scilicet involuntarie O, T (supra involuntarie habent O et T vel coacte) : scilicet involuntarie vel coacte 1483, 1562. (l) nati S, G, W : naturati O, T, 1483, 1562. (m) virtutes S, G, W : virtutes autem O, T, 1483, 1562. (n) in om. 1562. (o) nostra S, G, W : nostra in ipso O, T, 1483, 1562. (p) quid T, S, G, W, 1483, 1562 : quod O. (q) operemur S, G, W : operemur eam O, T, 1483, 1562. (r) in nobis S, G, W : nobis in O, T, 1483, 1562. (s) utilitatis S, G, W : utilitas O, T, 1483, 1562. (t) quidem O, T, S, 1483, 1562 : quod G, W. (u) autem S, G, W : autem malum O, T, 1483, 1562. (v) et malum tendit O, T, S, G, W, 1483 : malum intendit 1562. (w) putagorici W : pythagorici O, T, 1483, 1562 : pictagorici S : pyctagoria G. (x) enim S, G, W : autem O, T, 1483, 1562. (y) rectum om. G. (z) difficulter O, T, S, G, W : difficiliter 1483, 1562. (a) enim est O, T, G, 1483, 1562 : est enim S, W. (b) ut O, T, S, 1483, 1562 : ubi G, W. (c) signo O, T, S, 1483, 1562 : signo suo G, W. (d) ut O, T, S, 1483, 1562 : ubi G, W. (e) mali om. G, W. (f) multis modis O, S, G, W, 1483, 1562 : modis multis T. (g) virtus est S, G, W : erit virtus O, T, 1483, 1562. (h) habitus electus vel voluntarius S, G, W : habitus electivus vel voluntarius O : habitus electivus voluntarius T : habitus vel electivus vel voluntarius 1483, 1562. (i) mediate S, G, W : mediocritate O, T, 1483, 1562. (j) fieri O, T, S, G, 1483, 1562 : fieri ut W. (k) virtuosum O, T, W, 1483, 1562 : virtuosus S, G.

77Extraits du livre II. [II 1] (i) Or, l’acquisition des vertus se fait par conséquent – cela est évident – au moyen de l’habitude, c’est-à-dire au moyen de l’exercice dans leurs réalisations, parce qu’aucune vertu morale ne se trouve en nous par nature. Le contraire d’aucune chose existant par nature n’est acquis au moyen de l’habitude. (ii) Et s’il existait en nous de façon naturelle quelque vertu ou quelque vice, alors il ne nous serait pas possible d’acquérir leur contraire par habituation. Puisqu’il en est ainsi, alors les vertus ne sont pas en nous selon la nature ni en dehors de la nature, je veux dire involontairement ou de manière contrainte, mais nous sommes nés pour les recevoir et les accueillir en nous par habitude. (iii) Les vertus se trouvent en nous, une fois que nous les avons réalisées de nombreuses fois. [II 2] (i) En effet, notre examen ne consiste pas en savoir seulement ce qu’est la vertu, mais aussi en ce que nous agissions et devenions bons : autrement, en effet, la science ne serait pour nous d’aucune utilité. [II 6] (i) L’erreur survient, il est vrai, de plusieurs façons. Or, l’erreur et le mal tendent vers le domaine de l’infini, comme l’ont établi les Pythagoriciens. En effet, le bien relève du domaine du fini, je veux dire que les maux sont nombreux, tandis que le bien est unique, parce qu’il est juste, et que ce qui est juste est unique. Et, pour cette raison, le mal se réalise rapidement et facilement, tandis que le bien se réalise lentement et difficilement. Il est en effet très facile pour un homme de manquer la cible qu’on lui tend, et il est très difficile qu’il la touche, et pour cette raison la croissance et la diminution relèvent du domaine du vice, tandis que le milieu est le bien et la vertu, je veux dire que la croissante et la diminution sont des erreurs qui relèvent du domaine de l’infini. Or, le milieu est juste et unique. Et pour cette raison les gens de bien deviennent bons selon le mode unique du bien, tandis que les vicieux deviennent vicieux de nombreuses façons. Et puisqu’il en est ainsi, la vertu est une disposition choisie ou volontaire, existant dans le milieu. [II 9] (i) Il est difficile de devenir vertueux, parce qu’atteindre le milieu dans chacune des choses est difficile, utpote medium circulil non quivism potest accipere, sed peritusn in hoc, et similiter irasci et dare pecuniam et expendere facile°, et ad quod unusquisque potens est. Verumtamenp facere hoc cuiq oportet et quantum oportet et quando oportetr et ubi oportets, non omnis est neque facile.

78Libri tertiit. [III 5] (i, 1114a 10) Acquirere facit exercitatiou et frequentia et unaquaque rerum ex rebus quae aguntur secundum quemcumque modum aguntur, intendo quodv frequentia acquirere facit habitum, per quem fit perseverantia in illo actu. (ii, 1114a 23-27) Nemo namque improperatw ei qui deformis fuerit naturaliter, improperat autem ei, et vituperat eum qui talis fuerit ex segnitiex et negligentia. Et sic se habet in aegritudine fientey per naturam. Nemoz improperat caecoa per naturam, autb causa aegritudinis autc plagae, sed potius miseretur. (iii, 1114b 1-3) Sid fuerit unusquisque hominum per aliquem modorum causa dispositionis suee et fuerit phantasiaf sequens sui dispositionemg, erit eth quodam modoi causa fantasiae suaej. [III 7] (i, 1115b 26-28) Quik nihil penitus timet neque terrae motus neque procellasl, hicm est amens et insensibilis ad dolorem, sicut narratur de Celtis. Ille vero quin superfluit° super res timorosas hicp est procax. [III 10] (i, 1118a 23-1118b 1) Castitasq et incastitas non inveniunturr nisi in hujusmodi delectationibus in quibus participat homo reliquis animalibus, et propter hoc fit ut sensus qui eas apprehendits proportioneturt servisu et feris. Et sunt sensus tactusv et gustus. Et patensw est de eis in re gustus, quod ipsi aut parum sunt utentes eo aut non utuntur eo penitus, et hocx quoniam discretioy saporumz esta quidem per sensum gustus, quomodo faciunt illi qui potus probantb et qui fercula coquine reddunt sapidac par exemple tout le monde ne peut pas trouver le milieu d’un cercle, seulement celui qui s’y connaît, et, de la même façon, se mettre en colère, donner et dépenser de l’argent, cela est facile, et tout le monde est capable de le faire. Mais faire cela pour celui qui convient, dans la quantité qui convient, quand il convient et où il convient, cela n’est pas du ressort de tout le monde et n’est pas facile.

(l) circuli O, T, S, W, 1483, 1562 : circulum G. (m) quivis O, T, S : quis 1483, 1562, G : quisque W. (n) peritus O, T, S, G, W : partem 1483, 1562. (o) facile S, G, W : facile est O, T, 1483, 1562. (p) verumtamen O, T, S, G, W, 1483 : verumtamen est 1562. (q) cui O, T, S, W, 1483, 1562 : cum G. (r) et quando oportet om. G. (s) et ubi oportet om. W. (t) libri tertii G, W : om. S. (u) exercitatio O, T, W, 1483, 1562 : exercitio S, G. (v) frequentia et unaquaque rerum… intendo quod G, W : om. S : frequentatio in unaquaque rerum… intendo quod O, T, 1483, 1562. (w) improperat O, T, G, W, 1483, 1562 : preparat S. (x) segnitie O, S, G, W, 1483 : signitie T : segnitia 1562. (y) aegritudine fiente O, T, S, 1483, 1562 : egritudinem fientem G, W. (z) nemo S, G, W : nemo nempe O, T, 1483, 1562. (a) caeco om. G. (b) aut O, T, G, 1483, 1562 : ut S : aut aut W. (c) aut S, G, W : aut causa O, T, 1483, 1562. (d) si S, G, W : si ergo O, T, 1483, 1562. (e) sue S, G, W : sui ipsius O, T, 1483, 1562. (f) phantasia S, G, W : phantasia sua O, T, 1483, 1562. (g) dispositionem O, T, S, G, W, 1562 : dispositione 1483. (h) et S, W : ex G : etiam O, T, 1483, 1562. (i) quodam modo om. 1483, 1562. (j) fantasiae suae O, T, S, 1483 : fantasiae G, W : phantasiae suae 1562. (k) qui O, T, G, W, 1483, 1562 : quid S. (l) procellas O, T, S, W, 1483, 1562 : procellam G. (m) hic O, T, S, G, W, 1483 : hoc 1562. (n) qui O, S, G, W, 1483, 1562 : que T. (o) superfluit S, G, W : superfluit in bello O, T, 1483, 1562. (p) hic om. 1483, 1562. (q) castitas S, G, W, 1483, 1562 : castitas igitur O, T. (r) inveniuntur O, T, S, 1483, 1562 : inventur G : invenitur W. (s) apprehendit S, G, W : apprehendunt O, T, 1483, 1562. (t) proportionetur S, G, W : proportionentur O, T, 1483, 1562. (u) servis O, T, S, G, W, 1562 : cervis 1483. (v) tactus O, T, S, G, W : et tactus 1483, 1562. (w) patens (gr. φαίνονται) O, T, 1483, 1562 : potens S, G, W. (x) hoc O, T, G, W, 1483, 1562 : hec S. (y) discretio O, T, S, G, W, 1483 : discrepatio 1562. (z) supra interlin. habent O et T vel primus gustus. (a) est om. G, W. (b) probant O, T, G, W, 1483, 1562 : probat S. (c) coquine reddunt sapida G : popine reddunt sapida S, W : coquinae sapida reddunt O, T, 1483, 1562.

79Extraits du livre III. [III 5] (i) L’exercice et la répétition favorisent l’acquisition, et chacune des choses parmi celles qui sont réalisées, est réalisée selon son mode, je veux dire que la répétition fait acquérir la disposition qui produira la permanence dans cette action. (ii) Car personne ne fait de reproches à celui qui est naturellement laid, tandis qu’on fait des reproches et des blâmes à celui qui se révèle tel par sa paresse et sa négligence. Et il en va ainsi de la maladie qui se produit pas nature. Personne ne fait de reproches à un aveugle par nature ou en raison d’une maladie ou d’une blessure, mais bien plutôt on le prend en pitié. (iii) Si chaque homme est, selon quelque mode, la cause de sa disposition et que son imagination suit sa propre disposition, il sera aussi d’une certaine façon la cause de son imagination. [III 7] (i) Celui qui ne craint rien du tout, ni les tremblements de terre ni les ouragans, celui-là est privé de raison et insensible à la douleur, comme ce qu’on raconte des Celtes. Mais celui qui excède <de courage> face à des situations qui font trembler, celui-là est téméraire. [III 10] (i) On ne trouve la modération et l’absence de modération que dans le genre de plaisirs que l’homme partage avec les autres animaux, et pour cette raison il se produit que le sens qui les saisit corresponde aux esclaves et aux bêtes sauvages. Et ce sont les sens du toucher et du goût. Et il est évident à leur sujet que, dans le domaine du goût, soit ils l’utilisent peu, soit ils ne l’utilisent pas du tout, et cela parce que la distinction des saveurs se fait précisément au moyen du sens du goût, de la façon dont procèdent ceux qui vérifient les boissons et qui donnent de la saveur aux plats cuisinés suis condimentis. Incastusd auteme fere non gaudet rebus istis metipsis, sed gaudet quidem eo quodf apprehendit tactug tantumh ex cibis et potibus et coitu. Et propter hoc optabat unus ex eisi, cum esset amator ferculorumj coquinaliumk ut esset gulal ejus inm longitudine faucium gruis ut prolongaretur delectatio in contactu ciborumn. (ii, 1118b 2-4) Et justum est° opinari a nobis, quoniamp sensus illeq opprobriosus est nobis, cum non sit nobisr secundum quods sumus homines, sed secundum quodt sumus animalia. Declinare igitur ad haec sensibilia etu vehementer diligere ea equidem de natura ferarum estv. [III 11] (i, 1118b 15-16) Pauciw sunt qui peccant in utendo desyderiis naturalibus. (ii, 1118b 18-21) Desyderiumx naturale non est nisi ad replendum quod diversificavit defectio et nony excedit ipsamz usque ad additionema quod sunt domini ventrum sive ventriculeb eo quod implent ventres suos amplius quam indigeant et in hac dispositione inveniuntur servi.

80Quarti libri c. [IV 1] (i, 1120b 11-14) Et d scimus quod illi qui non acquirunt divitias per semetipsos e sed occupant eas absque acquisitione largiores sunt aliis, eo quod non senserunt vexationem vel f anxietatem indigentiae in earum acquisitione neque etiam sunt g hae divitiae aliquod h opus ex operibus ipsorum, ut per i hoc ament eas, cum omnes homines ament opera sua, ut parentes qui natos suos amant j et poetae qui amant k metra sua l. (ii, 1121a 27-30) Scimus de ipso quoniam m multo melior est avaro n quoniam prodigus multis ° hominum proficit, avarus autem nemini neque p sibi ipsi q. (iii, 1121b 12-14) Avaritia est pestis r irremediabilis. avec leurs assaisonnements. Or, celui qui manque de modération ne se réjouit pour ainsi dire pas de ces choses mêmes, mais se réjouit précisément de ce qu’il saisit par le toucher seulement de ce qui relève de la nourriture, de la boisson et du coït. Et pour cette raison, l’un d’eux, qui était amateur de plats cuisinés, souhaitait que son cou soit de la longueur de la gorge d’une grue afin que le plaisir du contact avec la nourriture en soit prolongé. (ii) Et il est juste de penser, pour notre part, que ce sens est honteux à nos yeux, puisque nous en disposons non pas en tant que nous sommes des hommes, mais en tant que nous sommes des animaux. Fléchir devant ces choses sensibles et les aimer avec passion relèvent certainement de la nature des bêtes sauvages. [III 11] (i) Peu nombreux sont ceux qui commettent une erreur en éprouvant des désirs naturels. (ii) Le désir naturel ne vise rien d’autre que de remplir ce que le défaut a distingué et il ne l’excède pas jusqu’à l’excès parce qu’ils sont maîtres de leurs ventres ou de leur estomac ; parce qu’ils remplissent leurs ventres plus qu’ils n’en ont besoin, c’est précisément dans cette disposition que l’on trouve des esclaves.

(d) incastus S, G, W : dixit incastus O, T, 1483, 1562. (e) autem T, S, G, W, 1483, 1562 : autem aut O. (f) quod O, T, G, 1483, 1562 : quid S, W. (g) tactu G, W : tactum O, T, S, 1483, 1562. (h) tantum O, T, S, W, 1483, 1562 : tamen G. (i) eis S, G, W : ipsis O, T, 1483, 1562. (j) ferculorum O, T, S, G, 1483, 1562 : feculorum W. (k) coquinalium S, G, W : coquinalum O, T, 1483, 1562. (l) esset gula S, G, W : essent fauces O, T (supra fauces habent O et T vel gula) 1483, 1562. (m) in om. 1483, 1562. (n) contactu ciborum S, G, W : contactu cibalium O, T : tactu cibalium 1483, 1562. (o) est O, T, S, G, W : est nos 1483, 1562. (p) quoniam O, T, S, G, W, 1483 : quod 1562. (q) ille S, G, W : iste O, T, 1483, 1562. (r) cum non sit nobis O, T, W, 1483, 1562 : non cum sit nobis G : om. S. (s) quod S, G, W : quod nos O, T, 1483, 1562. (t) quod S, G, W : quod nos O, T, 1483, 1562. (u) et om. S. (v) equidem de natura ferarum est S, W : equidem natura ferarum est G : est equidem de natura ferarum O, T : equidem de natura ferarum 1483, 1562. (w) pauci S, G, W : pauci vero O, T, 1483, 1562. (x) desyderium S, G, W : desyderium vero O, T, 1483, 1562. (y) et non (hebr. [p. 139]. 578 ולא) O, T, 1483, 1562 : per quam S : per quem G, W. (z) ipsam O, T, S, 1483, 1562 : ipsa G, W. (a) additionem S, G, W : additionem (ditionem O) et propter hoc dicitur de eis qui excedunt in hoc usque ad additionem O, T, 1483, 1562. (b) ventrum sive ventricule G, W : venturum sive ventricule S : ventrium sive ventricole O, T, 1483 : ventrium sive ventriculi 1562. (c) quarti libri G, W : om. S. (d) et O, T, G, W, 1483, 1562 : id S. (e) semetipsos S, G, W : seipsos O, T, 1483, 1562. (f) vel S, G, W : et O, T, 1483, 1562. (g) etiam sunt G, W : enim sunt S : etiam fuerunt O, T, 1483, 1562. (h) aliquod O, T, S, G, W, 1483 : aliquid 1562. (i) per S, G, W : propter O, T, 1483, 1562. (j) amant O, T, S, G, W, 1562 : ament 1483. (k) et poetae qui amant O, T, 1483, 1562 : et a poete qui amant G : om. S. (l) ut parentes… qui amant metra sua om. W. (m) quoniam O, T, S, G, W, 1483 : quod 1562. (n) avaro G, S, W : avaro propter causas quarum fecimus mentionem et O, T, 1483, 1562. (o) prodigus multis O, T, S, W, 1483, 1562 : multis prodigus G. (p) neque O, T, S, G, 1483, 1562 : ut W. (q) ipsi S, G, W : metipsi O, T, 1483, 1562. (r) est pestis S, G, W : autem pestis est O, T : autem est pestis 1483, 1562.

81Extraits du livre IV. [IV 1] (i) Et nous savons que ceux qui ne gagnent pas d’argent par eux-mêmes mais l’acquièrent sans le gagner sont plus généreux que les autres, parce qu’ils n’ont pas ressenti le tourment ou l’angoisse du besoin de le gagner, et cet argent aussi n’est pas comme l’une de leurs œuvres, si bien qu’ils l’aiment pour cela, puisque tous les hommes aiment leurs œuvres, comme les parents qui aiment leurs enfants et les poètes qui aiment leurs vers. (ii) Nous savons de lui qu’il est bien meilleur que l’avare, puisque le prodigue est utile à de nombreux hommes, tandis que l’avare n’est utile à personne, ni à lui-même. (iii) L’avarice est une maladie pour laquelle il n’y a pas de remède. Et hujus causa est quoniam putatur de senectute et de omni debilitate quod habentem eas reddants avarum. [IV 2] (i, 1123a 9-10) Et hoc quoniam res pertinentes Deo et res pertinentes hominibus non sunt res unae heedemt. [IV 3] (i, 1123b 15-21) Cum itaque sit magnanimus, ydoneum seipsum reddens ad res magnas, emeritus ensu ad hoc et proprie ad res quae sunt in fine magnitudinis, necessarium est ut hoc sit in re una. Cum finis equidem sit in re unav et meritumw quidem est secundum ea bona quae ab extra sunt, etx est illa res una quae ab extra maxima earum, et est cum quo servitur Deo excelso, et quody desyderant qui sunt sublimium potestatumz et strenui in rebus quae sunt in fine venustatis. Quia autem currit hoc cursu honorificentia est. Ipsa enim excellentior est bonorum quae sunt ab extra. (ii, 1124a 7-8) Virtuti enimb perfectae non invenitur honor et reverentia aequalis ei et quantum meretur. (iii, 1124a 10-12) Quando autem honoraturc secundum exilia et a vilioribusd hominum, ignominia fit ei per hoc et vilipensioe. Est enimf aliud a suo merito. (iv, 1124a 23) Omnis virtuosi meritum potissimum honor est. (v, 1124b 6-9) Magnanimus quidem non est frequens ad discriminag, verumtamen, cum ceciderith magnanimusi existit in eisj vitamque suam parvipenditk, in debitum judicans ut superveniatl discriminim. (vi, 1124b 25-1125a 7) Facta ejus sunt pauca, sed eximia divulgata. Odit palam et amat palam. Latitare etenim timidin est. Plus° veritatip innititur quamq putationir, et palam ets loquitur et facit, parvipenditt etenim res. Etu propter hoc est severus et verax, nisi in rebus inv quibus indigeturw solatio et joco. Et interdum jocosus est multis hominum et eix quiy non potest commode vivere nisiz venando gratiam et amorem hominum. Etenim factum illud factum servorum est. Et propter hoca adulatores sunt quasi operarii conductitib sive mercenarii, et illi de gente minuta sunt adulatoresc. Neque admiratur quicquam, cum non sit aliquid respectu ejus eximium neque injuriarum ultiones meditatur in annos, cum non sit de natura magnanimi ut malorumd servet Et l’on pense que la cause en est la vieillesse ou toute faiblesse qui rend avare celui qui en est affecté. [IV 2] (i) Et cela, parce que les choses qui se rapportent à Dieu et les choses qui se rapportent aux hommes ne sont pas les mêmes et uniques choses. [IV 3] (i) C’est pourquoi, puisque le magnanime se rend lui-même propre aux grandes choses, méritant cela et d’une façon appropriée aux choses qui sont dans une extrême grandeur, il est nécessaire que cela réside en une seule chose, puisque l’extrême réside en une seule chose et que le mérite se rapporte précisément aux biens qui sont extérieurs, et que c’est cette chose unique qui est éloignée de la plus grande d’entre elles, et que c’est ce avec quoi l’on sert Dieu Très-Haut, et que c’est ce que désirent ceux qui ont les pouvoirs les plus élevés et qui luttent pour les choses qui sont les plus agréables. Or, celui qui réalise ce parcours, c’est l’honneur. En effet, il est le plus excellent des biens extérieurs. (ii) On ne trouve pas dans la vertu parfaite l’honneur et le respect qui lui convient, et comme il le mérite. (iii) Or, quand il est honoré pour de petites choses et par des hommes assez vils, il en ressent ainsi du dédain et du mépris. En effet, ce n’est pas ce qu’il mérite. (iv) Ce que mérite au plus haut point tout homme vertueux est l’honneur. (v) Le magnanime n’affronte certes pas souvent de situations critiques ; toutefois, s’il s’y trouve, le magnanime y réchappe et il dédaigne sa propre vie, jugeant qu’il se doit de survivre à la situation critique. (vi) Ses faits sont peu nombreux, mais éminents et connus. Il déteste ouvertement et aime ouvertement. En effet, se cacher est le propre d’un lâche. Il s’attache davantage à la vérité qu’à l’opinion, il parle et il agit ouvertement : en effet il dédaigne les choses. Et pour cette raison, il est sévère et véridique, sauf dans les situations qui requièrent la consolation ou la plaisanterie. Et il plaisante quelquefois avec beaucoup d’hommes et avec celui qui ne peut vivre convenablement qu’en recherchant la faveur et l’amour des hommes. En effet, c’est là un fait qui appartient aux esclaves. Et pour cette raison, les flatteurs sont comme des ouvriers loués ou des mercenaires, et les gens de cette faible envergure sont des flatteurs. Et il n’admire rien, puisqu’il n’y a rien, pour lui, qui soit important, et il ne pense pas à se venger des affronts pendant des années, puisqu’il n’est pas de la nature du magnanime de conserver la mémoire des maux memoriame aliquo modo, quin immof de natura ejus est dissimulatio eorum et adversiog ab ipsis. Neque de natura ejus esth ut narreti hominibus neque de se neque de aliis. Non enim ad hoc suam apponitj diligentiam, ut seipsum laudet neque ut alium vituperet. [IV 5] (i, 1125b 31-1126a 3) Qui irascitur ei cui est irascendum et pro quibus est irascendum, etk ut oportet et quando oportet et quantum oportetl, hic laudaturm. Et conveniensn est ut iste sit ipse mansuetus, cum mansuetudo laudetur, et hoc quoniam de natura mansueti est ut sit moderatus, non ulciscens° propter iram, sed est in hoc secundump quod ordinaverit intellectus, et est ejus exacerbatioq in mensura horae secundum quod mensuraverit intellectus. Et putaturr quod peccatum in mansuetudine sit quidem maxime in defectu, eo quod mansuetus non est amans vindictams, sed ignoscens et acceptans excusationemt culpae. (ii, 1126a 5-6) Qui enim non irascuntur cui irascendum, reputanturu insensibiles et incontristabilesv. (iii, 1126a 8-12) Et superfluitas estw contingens in omnibus istis, intendo ut irascaturx homo cui non oportet et ex quibus non oportet, et vehementius quam oportet, ety diutius quam oportet. Verumtamen omnia haec non aggregantur in re una eadem, ideo quodz hoc non est possibile, propterea quod malum corruptivum esta sui ipsius, quando aggregatae fuerint ejus partes omnesb, cum non sit hoc tolerabile. [IV 8] (i, 1128b 3-4) Et jam putatur quod tranquilla requiesc et jocosum solatium necessaria sintd in usu vivendi hominis. [IV 9] (i, 1128b 32-33) Optimum autem homini et dignissimume est ut non faciat unde sit verecundandumf.

(s) habentem eas reddant S : habente reddit eas G : habente reddant eas W : reddant habentes eam O, T, 1483, 1562. (t) heedem G : et eedem S : eedem W : eaedem O, T, 1483, 1562. (u) emeritus ens O, T, G, 1483, 1562 : emerimus eris S, W. (v) cum finis equidem sit in re una om. S, 1562. (w) et meritum O, T, G, W, 1483, 1562 : emeritum S. (x) et om. S. (y) quod O, T, S, G, W, 1483 : quid 1562. (z) potestatum O, T, G, W, 1483, 1562 : potatum S. (a) qui G, W : quid S : quod O, T, 1483, 1562. (b) enim S, G, W : etenim O, T, 1483, 1562. (c) honoratur O, T, S, 1483, 1562 : honorat G, W. (d) vilioribus (cf. ar. p. 261. 12 : أبناء الناس) O, T, 1483, 1562 : melioribus S, G, W. (e) vilipensio O, T, S, G, 1483, 1562 : philippensio W. (f) enim om. O. (g) ad discrimina O, T, S, G, W : discrimini 1483, 1562. (h) ceciderit S, G, W, 1483, 1562 : reciderit O, T. (i) magnanimus S, G, W : in ea magnus O, T, 1483, 1562. (j) supra eis habet S sc. discriminibus. (k) parvipendit O, T, S, G, W, 1562 : parvipendat 1483. (l) superveniat S, G, W : supervivat O, T, 1483, 1562. (m) discrimini S, G, W, 1483, 1562 : discrimina O, T. (n) enim timidi S : enim timidum G : enim timendus W : etenim timidi O, T, 1483, 1562. (o) plus S, G, W : et plus O, T, 1483, 1562. (p) veritati om. S. (q) innititur quam O, T, S, W, 1483, 1562 : quam quam G. (r) putationi O, T, S, G, W : privationi 1483, 1562. (s) et om. 1483, 1562. (t) parvipendit O, T, S, 1483, 1562 : parvipendet W. (u) loquitur et facit… etenim res et om. G. (v) in O, T, G, 1483, 1562 : om. S, W. (w) indigetur O, T, W, 1483, 1562 : indigent S : indigeret G. (x) ei O, T, S, G, W, 1483 : est 1562. (y) qui om. G, W. (z) nisi O, T, S, G, W, 1483 : in 1562. (a) hoc S, G, W : hoc omnes O, T, 1483, 1562. (b) conductiti correxi : conductitii G, W : conductii O, T, S, 1483, 1562. (c) sunt adulatores S, G, W : adulatores sunt T, 1483, 1562 : adulteratores sunt O. (d) malorum O, T, S, G, W, 1483 : magnorum 1562.

82Quinti librig. [V 4] (i, 1132a 18-23) Nam judex est justitia rectificativa animata, id est justitiah cui est anima. Et ideo quidam hominum nominanti hujusmodi commediatoresj, cum sit quidemk ipsoruml intentio invenire medium, et quando invenerint ipsum sunt justi. Est enim justitia res commediansm. de quelque façon : bien au contraire, il est de sa nature de les ignorer et de s’en détourner. Il n’est pas non plus de sa nature de parler aux gens, ni de lui-même, ni des autres. En effet, il ne met pas tous ses soins à se louer soi-même ou à blâmer un autre. [IV 5] (i) Celui qui se met en colère contre celui contre qui il faut se mettre en colère, et pour les raisons pour lesquelles il faut se mettre en colère, et comme il convient, quand il convient et dans la mesure qui convient, celui-là est loué. Et il faut que celui-ci soit doux, puisque la douceur est louée, et cela, parce qu’il est de la nature de l’homme doux d’être modéré, de ne pas chercher à se venger par colère, sauf dans la mesure où l’intellect l’aura ordonné, et son emportement est mesuré, selon ce qu’aura mesuré l’intellect. Et l’on pense que l’erreur, dans la douceur, réside surtout dans le défaut, parce que l’homme doux n’aime pas la vengeance, mais il pardonne et accepte l’excuse présentée pour une faute. (ii) En effet, ceux qui ne se mettent pas en colère contre celui qui contre lequel il faut se mettre en colère sont considérés comme des gens insensibles et que l’on ne peut attrister. (iii) Et l’excès survient dans toutes ces choses, je veux dire que l’homme se met en colère contre celui qu’il ne faut pas, pour des raisons qu’il ne faut pas et plus violemment qu’il ne faut, et plus longtemps qu’il ne faut. Toutefois, tous ces éléments ne se retrouvent pas en une seule et même chose, parce que cela n’est pas possible : en effet le mal se détruit lui-même quand toutes ses parties sont réunies, puisque cela ne serait pas supportable. [IV 8] (i) Et l’on estime dès lors que le repos tranquille et la consolation joyeuse sont nécessaire à la vie de l’homme. [IV 9] (i) Or, c’est la meilleure chose et la plus digne pour un homme que de ne pas faire ce qui l’amènerait à devoir ressentir de la honte.

(e) memoriam O, T, S, G, 1483, 1562 : memoria W. (f) immo O, T, S, G, 1483, 1562 : uno W. (g) aversio O, T, 1483, 1562 : adversio S, G, W. (h) ejus est G : est W : ejus O, T, S, 1483, 1562 (i) narret O, T, S, W, 1483, 1562 : narraret G. (j) apponit O, T, S, G, W, 1483 : opponit 1562. (k) pro quibus est irascendum et om. G. (l) oportet G : om. O, T, S, W, 1483, 1562. (m) laudatur O, T, S, W, 1483, 1562 : laudetur G. (n) et conveniens O, T, S, G, 1483, 1562 : et conveniens et conveniens W. (o) ulciscens O, T, G, W, 1483, 1562 : utiscens S. (p) secundum om. 1483, 1562. (q) exacerbatio T, S, G, W, 1483, 1562 : acerbatio O. (r) putatur O, T, S, G, W : punitur 1483, ponitur 1562. (s) vindictam O, T, S, G, 1483, 1562 : vindicta W. (t) excusationem O, T, G, W, 1483, 1562 : excausationem S. (u) reputantur O, T, 1483, 1562 : est S, G, W. (v) incontristabiles O, T, G, W, 1483, 1562 : incontristabiles sunt S. (w) est S, G, W : et O, T, 1483, 1562. (x) irascatur O, T, S, W, 1483, 1562 : irascantur G. (y) vehementius quam oportet et O, T, W, 1483, 1562 : vehementius quam oportet eo G : om. S. (z) ideo quod O, T, S, W, 1483, 1562 : ideoque G. (a) corruptivum est O, T, S, G, W : est corruptivum 1483, 1562. (b) fuerint ejus partes omnes G, W : fuerit ejus partes omnes S : fuerint omnes ejus partes O, T, 1483, 1562. (c) tranquilla requies O, T, S : trasquilla requies G : tranquilla est quies W : tranquilla quies 1483, 1562. (d) sint O, T, S, G, W : sunt 1483, 1562. (e) dignissimum S, G, W : dignissimum ipsi O, T, 1483, 1562. (f) verecundandum O, T, S, G, 1483, 1562 : verecundandus W. (g) quinti libri G, W : om. S. (h) justitia om. 1483, 1562. (i) nominant O, T, S, W, 1483, 1562 : nominat G. (j) commediatores O, T, S, W, 1483, 1562 : commeditatores G. (k) quidem O, T, S, G, 1483, 1562 : quidam W. (l) ipsorum T, S, G, W, 1483, 1562 : eorum O. (m) est enim justitia commedians S : etenim justitia res commedians G, W : etenim justitia res commedians est O, T, 1483, 1562.

83Extraits du livre V. [V 4] (i) Car le juge est une justice rectificative douée d’âme, c’est-à-dire une justice qui a une âme. Et pour cette raison certains hommes appellent des personnes de ce genre des intermédiaires, puisqu’ils cherchent à trouver un milieu, et quand ils l’ont trouvé, ils sont justes. La justice est en effet une chose intermédiaire.

84[V 9] (i, 1137a 26-30) Species autem justitiae inventae in justis et sunt illi qui acquisierunt jamn bona quae sunt bonao per se, et in quibus est praeeminentia in hac intentione, intendo ex parte additionis acquisitionis bonorum. Sunt quidem in quibusdam eorum nonp potentes recipereq additionem inr bonum, ut proportionata diiss. Non enim possibile est invenire justitiam perfectiorem hac. In quibusdam autem eorum non invenitur bonum proficienst penitus, et isti sunt mali quibus non est curatio vel rectificatio, sed universumu ipsorumv damniferum est. In quibusdam vero ipsorum invenitur bonum et malum usquew ad terminum quemdam, et est istudx plus et est humanum.

85Sexti libriy. [VII 1] (i, 1145a 18-32) Ferocitatisz contrarium est virtus superexcellens naturama et est virtus de qua dicitur quod sit divina, prout dicitur de quibusdam hominibus quod sint angelici et divinib propter eminentiam virtutis in eis. Et oportet quidem ut sit hicc habitus contrarius ferocitati, eo quod, quemadmodum feris non est in veritate neque malitia neque virtus – nam hominis haec proprie suntd –, immo eis est malitia excedens genus malitiae humanae (et propter hoc nominatur homo egrediens speciem suam in superfluitate malitiae, ferinus vel lupinuse), sic cum Deusf non sit bonus eog modo quo homo – immo bonitas ejus superegrediens est genus naturae bonitatis quae est hominih –, nominatur homoi qui praecellit in hoc habitu etj egreditur genus suum, divinus. Cumquek sit istarum extremitatum dispositio hecl, oportet eas contrarias esse per naturam. Et propter hoc viri divini pauci sunt valde in hominibusm, et sunt quidemn plus in hominibus qui sunt in distantia nota ex parte australi, et sunto nigrip Aethiopes et eorum contrariiq. Etr jam inventa fuit ferocitas in quibusdam hominum ex parte infirmitatiss accidentis eist.

(n) acquisierunt jam S, G, W : jam acquisierunt O, T, 1483, 1562. (o) quae sunt bona om. S. (p) non (gr. οὐκ) O, T, S, 1483, 1562 : om. G, W. (q) recipere O, S, G, W : accipere T, 1483, 1562. (r) in om. O. (s) proportionata diis S, G, W : justitia proportionata divinis O, T (supra divinis habent O et T vel diis), 1483, 1562. (t) proficiens O, T, S, 1483, 1562 : proficiscens G, W. (u) universum O, T, G, W, 1483, 1562 : universorum S. (v) ipsorum O, T, S, W, 1483, 1562 : ipso G. (w) usque O, T, S, W, 1483, 1562 : usque usque G. (x) est istud S, G, W : istud est O, T, 1483, 1562. (y) sexti libri S, G, W. (z) ferocitatis O, S : ferocitas T, W, 1483, 1562 : rocitas G. (a) contrarium est virtus superexcellens naturam S, G, W : vero contrarium dicendum est quod sit virtus superexcellens naturam humanam O, T, 1483, 1562. (b) prout dicitur de quibusdam hominibus quod sint angelici et divini G, W : om. S : prout dicimus de quibusdam hominum quod sint angelici et divini O, T, 1483, 1562. (c) hic O, T, G, W, 1483, 1562 : hoc S. (d) sunt om. W. (e) vel lupinus om. G. (f) deus S, G, W, 1483, 1562 : deus etiam O, T. (g) eo om. 1562. (h) homini O, T, S, G, 1483, 1562 : hominis W. (i) homo om. 1483, 1562. (j) et om. G. (k) cumque T, S, G, W, 1562 : cumque sic O : cum 1483. (l) dispositio hec S : dispositio hic G, W : dispositio haec dispositio O, T, 1483, 1562. (m) hominibus G, W : hominibus S (in marg. animal est homo) : et viri ferini vel lupini pauci sunt etiam O, T, 1483, 1562. (n) quidem S, G, W : quidem etiam secundum O : quidem secundum T, 1483, 1562. (o) sunt om. G, W. (p) nigri S, G, W : nigri sive O, T, 1483, 1562. (q) contrarii S, G, W : contermini et etiam ex altera parte sclavi et eorum contermini O, T, 1483, 1562. (r) et S, G, W : dixit et O, T, 1483, 1562. (s) infirmitatis O, T, 1483, 1562 : infirmitatis est S, G, W. (t) eis O, T, S, W, 1483, 1562 : ejus G.

86[V 9] (i) Or, on trouve les espèces de la justice dans les êtres justes, et ce sont ceux qui ont désormais acquis les choses bonnes qui sont bonnes en soi, et dans lesquels il y a une prééminence en ce sens, je veux dire en ce qui concerne l’accroissement et l’acquisition des choses bonnes. Certains d’entre eux n’ont pas la capacité d’accueillir l’accroissement dans le bien, comme les choses qui sont propres aux dieux. Il n’est en effet pas possible de trouver ainsi une justice plus parfaite. Chez d’autres au contraire on ne trouve pas le bien profondément utile, et ce sont les vicieux, qui n’ont aucun remède ni traitement, et à qui tout est nuisible. Chez d’autres enfin, on trouve le bien et le mal jusqu’à un certain point, et c’est cela qui est précisément plus humain.

87Extraits du livre VI. [VII 1] (i) Le contraire de la bestialité est la vertu qui dépasse la nature et c’est la vertu dont on dit qu’elle serait divine, tout comme l’on dit de certain hommes qu’ils seraient angéliques ou divins en raison de l’excellence de la vertu qu’il y a en eux. Et il convient que cette disposition soit contraire à la bestialité, parce que, de même que les bêtes sauvages n’ont en vérité ni vice ni vertu – car ce sont là des dispositions qui sont propres à l’homme –, bien au contraire, leur vice excède le genre du vice humain (et c’est la raison pour laquelle on appelle l’homme qui sort de son espèce par l’excès de vice sauvage ou bestial), de même, comme Dieu n’est pas bon de la manière dont l’homme est bon – au contraire : sa vertu dépasse le genre de la nature vertueuse qui appartient à l’homme –, on appelle l’homme qui excelle dans cette disposition et qui sort de son genre, divin. Et comme telle est la disposition de ces extrémités, il faut qu’elles soient contraires par nature. Et pour cette raison, les hommes divins sont très peu nombreux chez les hommes, et il y en a justement davantage chez les hommes qui vivent dans la partie australe de la terre éloignée connue, et ce sont les Éthiopiens noirs et leurs contraires. Et on a déjà trouvé de la bestialité chez certains hommes, venant d’une maladie qui leur était survenue.

88Septimi libriu. [VII 10] (i, 1152a 29-31) Permutatio enimv consuetudinis faciliorw est permutatione naturae. Difficilis est enim est in consuetudinex eo quod ipsa similatur naturae. [VIII 1] (i, 1155a 3-5) Dilectio enimy virtus est de nostris virtutibus, et est de rebus necessariis homini in vita sua. Et existentia ejus per ipsam nobilior est. (ii, 1155a 15-16) Nam duo, quando conjunguntur, fortiores sunt ad agendum et intelligendum. [VIII 3] (i, 1156a 10-12) Quiz diligunt propter utilitatem nolunta bonumb dilectoc propter dilectum, sed ut bonum volitum contingat eisd ex dilectoe. Ipsi ergo volunt bona quidem amicof eo quod eis bona. (ii, 1156a 19-24) Dilectionesg quae sunt propter utilitatem et delectationemh sunt citae dissolutionis, eo quod delectatio cito permutatur et similiter utilitas. Quando ergo mutatur gratia cujus erat dilectio, mutatur et dilectioi relativa. (iii, 1156b 7-9) Amicitia autem perfecta est amicitia bonorum consimilium in virtute. Et voluntj bonum amico in quantum amicus, id est virtuosus, intendo quod unusquisque eorumk vult bonum consociol suo secundum quod bonus. [VIII 9] (i, 1160a 21-23) Civitas nempe non desyderat hoc quodm convenientius est alicui, sedn quod omnibus. Eto qui offeruntp sacrificia in tota vita sua et honorantq Deum in istis congregationibus, ipsi quidem lucrantur sibi ipsis per hoc recreationemr ex operatione illas cum delectatione. [VIII 10] (i, 1160b 26-28) Indiget enim rex ut ejus regimen sit paternum, nont tyrannidale. [VIII 11] (i, 1161a 11-14) Dilectio quidem regis erga subditos abundans est secundum abundantiam ipsorum in benefactionibus et operationibus, et ipsi etiam diliguntu eum secundum benefactionem ejus ipsis. Rex enim quando bonus fuerit, benefacitv eisw super quos regnat et visitat eos propterx actiones eorum justas, quemadmodum visitat pastory gregem suum. (ii, 1161a 18-19) Amor ejus erga eos est amor paternus. Et honoratio ipsorumz erga eum est honoratio filialis.

(u) septimi libri S, G, W. (v) enim om. W. (w) facilior O, T, S, G, 1483, 1562 : fati W. (x) difficilis est enim in consuetudine O, T, 1483, 1562 : difficile enim est consuetudines G, W : difficilis est enim in consuetudines S. (y) enim S, G, W : etenim O, T, 1483, 1562. (z) qui S, G, W : qui vero O : qui ergo T, 1483, 1562. (a) nolunt S, G, W : non volunt O, T, 1483, 1562. (b) bonum om. W. (c) dilecto O, T, S, G, 1483 : dilectio W : dilectionis 1562. (d) eis O, T, S, W, 1483, 1562 : ejus G. (e) dilecto O, T, G, W, 1483, 1562 : dilectione S. (f) amico S, G, W : amato O, T, 1483, 1562. (g) dilectiones S, G, W : dilectiones autem O, T, 1483, 1562. (h) delectationem T, S, G, W, 1483, 1562 : dilectationem O. (i) dilectio S, G, W : dilectio cum fuerit dilectio O, T, 1483, 1562. (j) et volunt S, G, W : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona per suam similitudinem in virtute et volunt O : isti enim volunt sibi invicem in virtute bona propter suam similitudinem in virtute et volunt T : isti enim volunt sibi invicem in virtute bonum propter suam similitudinem in virtute et volunt 1483, 1562. (k) eorum O, T, S, W, 1483, 1562 : istorum G. (l) consocio S, G : cum socio W : socio O, T, 1483, 1562. (m) quod om. W. (n) sed O, T, S, G, W, 1562 : secundum 1483. (o) et S, G, W : dixit et O, T, 1483, 1562. (p) offerunt O, T, 1483, 1562 : afferunt S, G, W. (q) honorant O, T, S, 1483, 1562 : orant G, W. (r) recreationem O, T, S, W, 1483, 1562 : recte actionem G. (s) illa O, T, S, W, 1483, 1562 : ista G. (t) non S, G, W : regimen dixit apud persos autem regimen patris O, T, 1483 : regimen dixit apud persas autem regimen patris 1562. (u) etiam diligunt O, T, S, G : etiam W : diligunt 1483, 1562. (v) benefacit O, T, S, 1483, 1562 : benefaciet G, W. (w) eis O, T, S, G, W, 1483 : his 1562. (x) propter S, G, W : propter esse O, T, 1483, 1562. (y) quemadmodum S, G, W : quemadmodum visitat pastor O, T, 1483, 1562. (z) honoratio ipsorum T, S, 1483, 1562 : oratio ipsorum G, W : honoratio eorum O.

89Extraits du livre VII. [VII 10] (i) En effet, changer d’habitude est plus facile que changer de nature. Le changement est en effet difficile dans l’habitude, parce qu’elle ressemble à la nature. [VIII 1] (i) L’amitié est en effet l’une de nos vertus, et elle est l’une des choses nécessaires à l’homme dans sa vie. Et l’existence qu’il mène au moyen de l’amitié est plus noble. (ii) Car deux, quand ils sont ensemble, sont mieux capables d’agir et de comprendre. [VIII 3] (i) Ceux qui s’aiment en raison de l’utilité ne souhaitent pas le bien pour l’aimé en tant qu’il est aimé, mais dans l’idée qu’ils tireront de l’aimé le bien souhaité. Ils veulent donc précisément le bien pour l’aimé parce que c’est un bien pour eux. (ii) Les amitiés qui existent en raison de l’utilité et du plaisir sont promptes à la dissolution, parce que le plaisir change rapidement, et il en va de même de l’utilité. Quand donc change ce pour quoi il y avait amitié, l’amitié relative change elle aussi. (iii) Or, l’amitié parfaite est l’amitié des hommes de bien semblables en vertu. Ils souhaitent le bien de leur ami en tant qu’ami, c’est-à-dire en tant qu’il est vertueux, je veux dire que chacun d’eux souhaite le bien de son partenaire en tant qu’il est bon. [VIII 9] (i) La cité ne désire assurément pas ce qui est plus convenable à quelqu’un, mais ce qui l’est à tous. Et ceux qui offrent des sacrifices pendant toute leur vie et honorent Dieu dans ces rassemblements profitent précisément ainsi du délassement provenant de cette action accompagnée de plaisir. [VIII 10] (i) Le roi a en effet besoin que son régime soit paternel, non tyrannique. [VIII 11] (i) L’amitié du roi pour ses sujets est abondante selon l’abondance de ceux-ci dans les bienfaits et les actions, et ils ont aussi de l’amitié pour lui selon le bienfait qu’il leur prodigue. Quand en effet le roi est bon, il répand ses bienfaits sur ceux sur qui il règne, et il les inspecte en raison de leurs actions justes, tout comme le berger inspecte son troupeau. (ii) Son amour pour eux est un amour paternel. Et l’honneur qu’ils lui rendent est un honneur filial. (iii, 1161a 22) Dilectio in principatu bonorum fita secundum mensuram virtutis. (iv, 1161a 30-31) In tyrannide nihil est dilectionis et justitiae, nisi sit quid modicum. [VIII 12] (i, 1161b 33-35) Conjunctio in nutritione etb cohabitatione in crescentia multum facit ad convenientiam dilectionis, ut accidit in caballis, qui copulanturc uno vinculo. Etenim qui conjugunturd sub eodem jugo amant se adinviceme, etf commixtig sunt.

90Explicit liber excerptorum de libro Ethicorum aristotilis. Incipit liber ejusdem de beneficiis primush.

(a) fit S, G, W : fit etiam O, T, 1483, 1562. (b) nutritione et O, T, 1483, 1562 : nutritione S, G, W. (c) copulantur S, G, W : copulantur in O, T, 1483, 1562. (d) qui conjunguntur S, G, W : qui conjugantur O, T : cum jungantur 1483, 1562. (e) se adinvicem S, G, W : seinvicem O, T, 1483, 1562. (f) et O, T, G, W, 1483, 1562 : te S. (g) commixti S, G, W : commixti socii O, T, 1483, 1562. (h) explicit liber exceptorum… de beneficiis primus S : explicit secundus liber annei lucii senece de clementia ad neronem. Incipit liber ejusdem de beneficiis primus G : om. W.

91(iii) L’amitié dans le pouvoir des hommes de bien se réalise selon la mesure de la vertu. (iv) Dans la tyrannie, il n’y a aucune amitié ni aucune justice, ou alors dans une faible mesure. [VIII 12] (i) Le lien qui s’établit à la faveur de l’éducation et de la cohabitation participe grandement, quand il croît, au rapport d’amitié, comme ce qui arrive dans le cas de chevaux qui sont réunis par un seul lien. En effet, ceux qui sont attachés sous le même joug s’aiment l’un l’autre et ils sont intimes.

92Fin du livre d’extraits du livre des Éthiques d’Aristote. Début du premier livre, par le même auteur, Sur les bienfaits.


Mots-clés éditeurs : traductions, Aristote, Éthique à Nicomaque, Averroès

Date de mise en ligne : 14/04/2017

https://doi.org/10.3917/ahdlm.083.0115

Notes

  • [1]
    J. B. Korolec, « Mittlerer Kommentar von Averroes zur Nikomachischen Ethik », Mediaevalia Philosophorum Polonorum, 31 (1992), p. 61-118 (p. 64-70). La consultation de nouveaux catalogues ne m’a pas permis d’allonger la liste produite par Korolec.
  • [2]
    Voir G. Antolín, Catálogo de los códices latinos de la Real Biblioteca del Escorial, vol. III, Madrid, 1913, p. 356-358.
  • [3]
    Voir notice n o 4315, in G. Milchsack, Die Gudischen Handschriften. Die lateinischen Handschriften, Wolfenbüttel 1913, p. 81-83.
  • [4]
    Voir Tabulae codicum manu scriptorum praeter graecos et orientales in Bibliotheca Palatina Vindobonensi asservatorum, Band II, Wien 1868, p. 211-212. Les principales études qui se rattachent à ce codex peuvent être consultées en ligne à l’adresse : http://db.onb.ac.at/cgi-bin/simader/literatur.cgi.
  • [5]
    Sur la traduction latine, par Hermann l’Allemand, du Commentaire d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, voir : M. Aouad – F. Woerther, « Le commentaire par Averroès du chapitre 9 du livre X de l’Éthique à Nicomaque : pédagogie de la contrainte, habitudes et lois », Mélanges de l’Université Saint-Joseph, 62 (2009), p. 353-380 (notamment p. 354-360).
  • [6]
    Voir Korolec, « Mittlerer Kommentar von Averroes zur Nikomachischen Ethik », p. 64-70. Parmi les manuscrits et les éditions de la Renaissance qui ont préservé la traduction latine, par Hermann l’Allemand, du Commentaire moyen d’Averroès à l’Éthique à Nicomaque, Korolec distingue trois rédactions. La première rédaction serait représentée par quatre manuscrits et l’édition de 1483, et se diviserait elle-même en deux versions : la versio pura d’une part, conservée dans les manuscrits de Tolède (T) et de Saint-Omer (O), et la versio recognita d’autre part, contenue dans un manuscrit de Florence, un manuscrit du Vatican et l’édition de 1483 (laquelle reprend au manuscrit du Vatican des sous-titres insérés dans le commentaire lui-même), et qui aurait résulté d’une collation, postérieure à Hermann, de son texte avec une version arabe et aurait accentué la littéralité de la traduction. La deuxième rédaction, représentée par une autre partie de la tradition manuscrite, aurait été soumise à une division en chapitres complètement nouvelle et à des améliorations philologiques, mais sans recours à l’arabe. La troisième rédaction est conservée quant à elle dans les versions imprimées du xvie siècle et dépendrait de la seconde version de la première rédaction.
  • [7]
    Voir F. Woerther, « Les translittérations dans la version latine du Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque d’Averroès », Bulletin de Philosophie Médiévale, 56 (2014), p. 61-89 ; « Les fragments arabes du Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque d’Averroès » (en préparation) ; « Introduction », dans F. Woerther (éd., trad. et comm.), Averroès, Commentaire moyen à l’Éthique à Nicomaque, livre X (à paraître).
  • [8]
    Il s’agit des cas suivants : ad EN II 1, 1103a 18-20 (apparet O, T, 1483, 1562 : appetet S, G, W) ; ad EN III 10, 1118a 23-1118b 1 (patens O, T, 1483, 1562 : potens S, G, W) ; ad EN III 11, 1118b 18-21 (et non [hébr. (p. 139). 578 ולא] O, T, 1483, 1562 : per quam S : per quem G, W) ; ad EN IV 1, 1120b 14 (et poetae qui amant O, T, 1483, 1562 : et a poete qui amant G : om. S) ; ad EN IV 3, 1125a 5 (aversio O, T, 1483, 1562 : adversio S, G, W) ; ad EN IV 5, 1126a 8-12 (reputantur O, T, 1483, 1562 : est S, G, W) ; ad EN VII 10, 1152a 31 (difficilis est enim in consuetudine O, T, 1483, 1562 : difficile enim est consuetudines G, W : difficilis est enim in consuetudines S) ; ad EN VIII 12, 1161b 33 (nutritione et O, T, 1483, 1562 : nutritione S, G, W).
  • [9]
    On n’a pas pris ici en compte les modifications ou suppressions de liens logiques ou des dixit, ni les changements qui peuvent être dus à des mélectures aléatoires. Les différences entre S, G et W d’une part, et les quatre témoins de la tradition du texte complet d’Averroès sont toutes reprises dans l’apparat critique du texte édité ci-dessous.
  • [10]
    La liste n’est pas exhaustive, et l’on se reportera à l’apparat critique du texte des Excerpta pour la totalité des écarts entre S, G, W et les témoins du texte complet d’Averroès.
  • [11]
    Au trois exemples cités ici, on peut ajouter : ad EN III 10, 1118a 23 – 1118b 1. coquinalium S, G, W : coquinalum O, T, 1483, 1562. Il n’est pas possible de décider si la leçon contra multitudinem dans S, G, W, contre la leçon in ultionem dans O, T, 1483, 1562 (ad EN I 10, 1100b 35-1101a 5) est correcte, car la comparaison avec le texte grec d’Aristote (la version arabe pour ce passage n’a pas été conservée) indique qu’il se serait agi d’une addition de la part d’Averroès dans son Commentaire, et la version hébraïque de ce passage, qui est apparemment corrompue, n’offre pas de réponse décisive à cette question ; voir L.V. Berman (ed.), Averroes’Middle Commentary on Aristotle’s Nicomachean Ethics in the Hebrew Version of Samuel Ben Judah, Jerusalem 1999, p. 84, l. 562-565.

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