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Article de revue

Le Palatin de Pietro Rosa à Paris

Pages 269 à 300

Notes

  • [1]
    L. Renier, G. Perrot, « Les peintures du Palatin. La Maison de Livie », RA, XXI, Janvier à Juin 1870, p. 212, (I) p. 326‑331, et (II) p. 387‑395 ; RA, XXII, Juillet à Décembre 1870, (III) p. 47‑53, (IV) p. 152‑158, et (V) p. 193‑202.
  • [2]
    Je dois exprimer ici ma reconnaissance aux personnes qui m’ont aidée dans cette recherche : M. É. Anceau, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris‑Sorbonne et à Sciences‑Po Paris, auteur d’un livre sur Napoléon III, Mme E. Brugerolles, directeur d’études à l’École pratique des hautes‑études, conservatrice responsable des dessins de maître à l’ENSBA, Mme H. Chew, conservateur en chef chargée des collections gallo‑romaines au musée d’Archéologie nationale de Saint‑Germain‑en‑Laye, M. M. Desti, conservateur du patrimoine, palais impérial de Compiègne, M. F. Fossier, professeur émérite d’histoire de l’art contemporain à l’université Louis Lumière – Lyon II, Mme C. Granger, chargée de conférences à l’École pratique des hautes‑études, auteur d’une thèse sur L’Empereur et les arts : la liste civile de Napoléon III, Mme C. Hoffmann, conservateur en chef au département des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale de France, Mme C. Mengin, conseillère scientifique pour l’histoire de l’architecture à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), M. P. Pinon, professeur émérite à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris‑Belleville, M. D. Roger, alors conservateur en chef au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines au musée du Louvre, M. G. Sauron, alors professeur d’archéologie romaine à Paris‑Sorbonne, M. E. Starcky, directeur des musées nationaux du domaine des châteaux de Compiègne et Blérancourt, Mme A. Thomine‑Berrada, conservateur au musée d’Orsay.
  • [3]
    S. Bruni, A. Fraschetti, « Nuovi Documenti per la storia degli Orti farnesiani nell’Ottocento », Gli Orti farnesiani sul Palatino, Rome, École française de Rome, Soprintendenza archeologica di Roma, 1990, p. 225‑241.
  • [4]
    F. Gaultier, L. Haumesser, A.Trofimova (dir.), Un rêve d’Italie : la collection du marquis Campana, cat. expo. (Musée du Louvre du 8 novembre 2018 au 18 février 2019), Paris, Musée du Louvre éditions / Liénart, 2018, p. 527‑551.
  • [5]
    Tomei 1999, p. 21‑51.
  • [6]
    Tomei 1999, p. XIII.
  • [7]
    E. Gatti, « Il ritrovamento della carta archeologica del Lazio di Pietro Rosa », BCAR, 82, 1970‑1971, p. 143‑145.
  • [8]
    Tomei 1999, p. IX.
  • [9]
    P. Rosa, Sulle scoperte archeologiche della città e provincia di Roma negli anni 1871/72 : relazione presentata a S. E. il Ministro di Pubblica Istruzione dalla R. Sopraintendenza degli scavi della provincia di Roma, Rome, 1873.
  • [10]
    A. Carandini,Le case del potere nell’antica Roma, Rome, 2010.
  • [11]
    F. Coarelli, Palatium. Il Palatino dalle origini all’impero, Rome, 2012.
  • [12]
    P. Carafa, D. Bruno, « Il Palatino messo a punto », ArchCl, 64, 2013, p. 719‑785.
  • [13]
    P. Pensabene, E. Gallocchio, « Contributo alla discussione sul complesso augusteo palatino », ArchCl, 62, 2011, p. 475‑482 ; « Alcuni interrogativi sul complesso augusteo palatino », ArchCl, 64, 2013, p. 557‑582 ; « Neue Forschungen zum augusteischen Komplex auf dem Palatin », M. Flecker, S. Krmnicek, J. Lipps, R. Posamentir, T. Schäfer (éd.), Augustus ist tot – Lang lebe der Kaiser!Internationales Kolloquium anlässlich des 2000. Todesjahres des römischen Kaisers vom 20.–22. November 2014 in Tübingen, Rahden, 2017, Marie Leidorf, p. 157‑202.
  • [14]
    G. Pinza, « Il tempio di Apollo Palatino », BCAR, 38, 1910, p. 3‑41; O. L. Richmond, « The Augustan Palatium », JRS, 4, 1914, p. 193‑226 ; G. Lugli, « Le temple d’Apollon et les édifices d’Auguste sur le Palatin », CRAI, 94, 1950, p. 276‑285.
  • [15]
    Nardini, Nibby 1819 ; Nibby 1838 ; Canina 1845 ; Canina 1848‑1856.
  • [16]
    Tomei 1999, p. 54‑57.
  • [17]
    D. Diderot, J. d’Alembert (éd.), Encyclopédie,ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, VIII, Paris, 1766, s.v. « Intermontium », p. 831‑832.
  • [18]
    Nibby 1838, p. 12. Lapo (Jacopo) Birago était un philologue toscan, qui avait traduit en latin Denys d’Halicarnasse à partir de deux manuscrits que lui avait confiés le pape Paul II. La première édition de sa traduction a été publiée à Trévise en 1480 : Biografia antica e moderna, Supplemento, III, Venise, 1838, s.v. « Birago (Lapo) », p. 73‑75.
  • [19]
    Promenades dans Rome, I, Paris, Michel Lévy frères, 1853 (première éd. 1828), p. 185‑186 (28 décembre 1827).
  • [20]
    Rosa 1865, p. 346‑367.
  • [21]
    I. Iacopi, G. Tedone, « Bibliotheca e porticus ad Apollinis », RM, CXII, 2006, p. 351‑375.
  • [22]
    Tomei 1999, p. 141.
  • [23]
    Tomei 1999, p. 67‑68.
  • [24]
    Tomei 1999, p. 80.
  • [25]
    Tomei 1999, p. 83‑97.
  • [26]
    Tomei 1999, p. 98.
  • [27]
    Tomei 1999, p. 109‑121.
  • [28]
    Tomei 1999, p. 363‑440.
  • [29]
    G. Lugli, Roma antica: il centro monumentale, Rome, 1946, p. 458‑468 ; La tecnica edilizia romana, con particolare riguardo a Roma e Lazio, Rome, 1957, pl. CCCIII, 3 ; Itinerario di Roma antica, Rome, 1975, p. 165‑179. Les considérations sur la maçonnerie romaine sont aujourd’hui dépassées et les datations méritent donc d’être partiellement révisées.
  • [30]
    G. Carettoni, « ROMA (Palatino). – Saggi per uno studio topografico della casa di Livia », NSc, 1953, p. 126‑147 ; « ROMA (Palatino). – Saggi nell’interno della casa di Livia », NSc, 1957, p. 72‑119.
  • [31]
    Tomei 1999, p. 369‑372.
  • [32]
    Tomei 1999, p. 382 et fig. 283 (croquis), et p. 401 et fig. 299 (photographie de l’aquarelle).
  • [33]
    L. Renier, « Les peintures du Palatin. I.‑ La maison de Livie », RA, XXI, Janvier à Juin 1870, p. 326‑331, en part. p. 328‑331.
  • [34]
    Supra n. 21.
  • [35]
    E. La Rocca, « Gli affreschi della casa di Augusto e della villa della Farnesina : una revisione cronologica », E. LaRocca, P. León, C. Parisi Presicce (éd.), Le due patrie acquisite. Studi di archeologia dedicati a Walter Trillmich, (BCAR Suppl., 18), Rome, 2008, p. 223‑242.
  • [36]
    G. Sauron, Dans l’intimité des maîtres du monde. Les décors privés des Romains, Paris, Picard, 2009, p. 138‑148.
  • [37]
    G. Sauron, « Choix de vie et choix de décor. Auguste et Livie au Palatin en 36 a. n.è. », V. Gasparini (éd.), Vestigia. Miscellanea di studi storico‑religiosi in onore di Filippo Coarelli nel suo 80° anniversario (Potsdamer Altertumswissenschaftliche Beiträge, 55), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2016, p. 591‑602.
  • [38]
    F. Spina, Gli scavi al Palazzo dei Cesari sul Palatino in Roma. Pianta e vedute fotografiche, Roma, s. d.
  • [39]
    F. Wey, Rome, description et souvenirs, Paris, 1872, p. 381‑395. De nombreuses éditions ont suivi.
  • [40]
    Rosa 1865 ; Tomei 1999, p. 460.
  • [41]
    Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1869 (Besançon, 1870), Séance du 18 juin 1869, p. 389.
  • [42]
    Tomei 1999, p. 462.
  • [43]
    Tomei 1999, p. XXVI et n. 6.
  • [44]
    Tomei 1999, p. 244‑246 et fig. 165‑166 (photos d’archive prises in situ). Il s’agit de compositions associant la peinture et le stuc, telles qu’on en voit sur certaines parois de la Domus aurea de Néron, avec des paysages (temple, villa), des personnages isolés en relief, et surtout des scènes de genre mettant en scène un adulte et un enfant, au sein de scènes cultuelles.
  • [45]
    Je remercie madame Hélène Chew, conservateur en chef au musée d’Archéologie nationale, qui a bien voulu me communiquer ces informations tirées des archives du musée.
  • [46]
    C. F. Giuliani, Archeologia oggi. Lafantasia al potere (Quaderni di Archeologia e di Cultura Classica, 2), Tivoli, 2012.
  • [47]
    F. C. Uginet (éd.), Roma antiqua. Envois des architectes français (1788‑1824). Forum, Colisée, Palatin [catalogue de l’exposition Paris‑Rome, 1985], Rome, 1985, no 167, p. 342‑343 (Manuel Royo).
  • [48]
    V. Torrisi, « Un manoscritto inedito di Pietro Rosa su Villa Adriana a Parigi », ArchCl, LXVII, n.s. II, 6, 2016, p. 787‑810.
  • [49]
    L. Cozza, « Adonaea nella Pianta marmorea severiana », AnalRom, XIX, 1990, p. 233‑237 ; C. Cecamore, « Faustinae aedemque decernerent (SHA, Marcus, 26). Les fragments 69‑70 de la Forma Urbis et la première dédicace du temple de la Vigna Barberini », MEFRA, 111, 1999, p. 311‑349, en part. p. 312‑313, 340.
  • [50]
    M. A. Tomei, « Nota sui giardini antichi del Palatino », MEFRA, 104, 1992, p. 917‑951, en part. p. 929.
  • [51]
    Les sources utilisées par Rosa sont étudiées par M. A. Tomei, « Sul Tempio di Giove Statore al Palatino », MEFRA, 105, 1993, p. 621‑659.
  • [52]
    Tomei 1999, ch. X, p. 443‑457.

1Renouant le fil des contributions de la Revue archéologique à la connaissance de la fouille du Palatin par Pietro Rosa [1], je propose aujourd’hui la publication du plan original signé par l’illustre archéologue romain [2].

2Le Journal officiel de l’Empire Français (Le Moniteur Universel) du jeudi 29 août 1861 annonçait en première page dans ces termes le début des fouilles archéologiques au Palatin :

3

« S. M. L’Empereur vient de faire acheter, sur sa cassette particulière, par l’entremise de M. Léon Renier, la portion du mont Palatin qui est comprise sous le nom de Jardins Farnèse et qui appartenait à S. M. le roi de Naples.
Cette partie de la célèbre colline est, de beaucoup, la plus considérable. Il ne reste, en dehors du domaine acquis par l’Empereur, que l’ancienne Villa Mills, au sud, tant de fois fouillée, et dans laquelle se trouve aujourd’hui un couvent de religieuses françaises ; — et, au levant, une maison de franciscains.
Les terrains achetés n’ont pas moins de sept hectares d’étendue. Ils renferment les fameuses ruines du Palais des Césars, dont deux étages entiers sont comblés depuis le temps de l’invasion barbare et doivent recéler des statues, des peintures, des inscriptions du plus haut intérêt. C’est de ce sol, à peine remué jusqu’à ce jour et dans un espace très‑restreint, que proviennent cependant plusieurs chefs‑d’œuvre de l’art antique. C’est encore dans ce domaine que l’on a retrouvé récemment les murs primitifs de la plus ancienne enceinte de Rome, celle qui entourait le Palatin lorsqu’il supportait seul la ville primitive, au temps même de son fondateur.
M. Pietro Rosa, auteur de la grande carte archéologique et topographique du Latium, a été nommé conservateur du Palais des Césars. Il est en même temps directeur des fouilles qui commenceront au mois de novembre de cette année. »

4L’histoire de l’achat est plus compliquée que ne le suggère l’article du Moniteur. Napoléon III espérait que François II ne refuserait pas la vente de l’intégralité de l’héritage Farnèse à cause de la précarité de sa situation aussi bien politique que financière [3]. François II s’était déclaré aussitôt disposé à discuter de la vente parce qu’il espérait recevoir ensuite l’aide de l’empereur pour reprendre le trône de Naples et mettre un terme à son exil. Au début, les tractations étaient suivies pour le compte du roi de Naples par le prince d’Altomonte et, pour le compte de Napoléon III, par le duc de Gramont, ambassadeur de France à Rome. Le principal obstacle à la vente était la contrainte du fidéicommis auquel étaient soumis les biens. Pour pouvoir la mettre en œuvre, il fallait obtenir l’accord du pape, des membres de la famille royale des Bourbons de Naples et aussi des Bourbons d’Espagne. Une partie des documents concernant la vente est conservée dans l’Archivio di Stato de Rome et a été retrouvée dans les papiers du notaire Franchi, chargé de la transaction, tandis qu’une autre partie était conservée dans les papiers du duc de Gramont. Initialement, le Saint-Siège s’y était opposé parce qu’il refusait la transmission de l’héritage Farnèse à des mains étrangères. Par la suite, elle fut rendue possible parce qu’on décida de la limiter strictement aux jardins Farnèse et non à l’intégralité de l’héritage de la famille Farnèse. Au cours de la phase finale de la vente, Léon Renier fut nommé représentant de l’empereur. Il proposa oralement au roi de Naples quatre solutions possibles : « 1, acquisition libre avec paiement au comptant, 2, achat en échange d’une rente, 3, bail emphytéotique pour un certain nombre d’années, 4, location à des conditions précisées pour un nombre précis d’années ». François II choisit la seconde option, l’achat étant conclu en échange d’une rente acquise au Consolidato romano au nom du fidéicommis Farnèse, retombé par voie de testament et de succession aux Bourbons régnant sur le royaume des Deux Siciles, avec obligation pour l’empereur et ses successeurs d’en verser les intérêts, et la vente fut rendue possible. Léon Renier, éminent épigraphiste, alors membre de l’Institut impérial (Académie des inscriptions et belles‑lettres) et professeur au Collège de France, était l’homme de confiance de l’empereur pour ses transactions romaines de nature patrimoniale et culturelle. C’est lui qui, auparavant, avait été envoyé à Rome pour négocier l’acquisition de la collection Campana [4]. C’est dans le cadre de cette mission qu’il avait rencontré Pietro Rosa, élève de Luigi Canina, et dont il avait par la suite fait l’éloge à Paris. Passionné par l’histoire de César et de ses successeurs, Napoléon III s’était occupé déjà en 1860 de la publication des œuvres complètes de Bartolomeo Borghesi, considéré à l’époque comme le plus grand « antiquaire » italien du xixe siècle [5]. L’empereur avait aussi fait rééditer l’inscription des Res Gestae d’Auguste, qui était connue alors exclusivement grâce à la copie en version latine et grecque gravée sur le temple de Rome et d’Auguste à Ankara en Anatolie. Napoléon III, qui travaillait à son Histoire de Jules César, avait aussi commencé la fouille d’Alésia à la même époque, en 1861 [6]. Il décida de financer une importante campagne de fouilles dans les jardins Farnèse pour mettre au jour ce qu’on appelait à l’époque le « Palais des Césars ». La formulation Palazzo dei Cesari était le nom donné au Palatin à partir du début du xviiie siècle et a été la clé de ma recherche sur la documentation parisienne de la fouille de Rosa au Palatin. Pietro Rosa, architecte et topographe, qui s’était fait connaître par une impressionnante carte archéologique du Latium, redécouverte en 1970 [7], fut choisi comme responsable de la fouille. Après la guerre franco‑prussienne de 1870 qui aboutit à la défaite française et à sa déchéance, l’empereur Napoléon III, en exil en Angleterre, décida de revendre les jardins Farnèse au nouvel État italien. Le contrat de vente fut établi le 2 décembre 1870 à Florence, alors capitale provisoire du royaume d’Italie, au siège du ministère des Finances. L’opinion publique italienne salua ce transfert de propriété comme la véritable réalisation de l’Unité, puisque, sans lui, le recouvrement de Rome comme capitale eût été incomplet [8]. Pietro Rosa fut alors nommé premier surintendant aux antiquités pour la ville et la province de Rome, devenant ainsi le personnage le plus important de l’archéologie dans la capitale à l’aube de l’unité italienne, et prolongea les fouilles archéologiques qu’il avait commencées dix ans auparavant [9].

5Les fouilles menées par Rosa au Palatin pendant dix ans, à l’époque où les jardins Farnèse étaient la propriété de Napoléon III, sont les plus importantes et étendues jamais réalisées à Rome. Rosa prétendait avoir mis au jour le clivus Palatinus et le mur de Romulus avec les trois accès, celui de la porta Mugonia, de la porta Romana et des scalae Caci. Ces identifications ne sont pas considérées aujourd’hui comme toutes valides. Mais les spécialistes actuels du Palatin, comme A. Carandini [10], F. Coarelli [11], P. Carafa [12] ou P. Pensabene [13] sont loin d’être unanimes sur ces différentes questions. Sous la direction de Rosa, la domusFlavia a été complètement dégagée et deux temples furent découverts, l’un attribué à Jupiter Stator et l’autre à Jupiter Vainqueur, ce dernier ayant été identifié plus tard comme celui d’Apollon [14]. Rosa dégagea aussi le temple de la Magna Mater qu’il interpréta initialement comme l’Auguratorium, la domus Tiberiana avec le cryptoportique néronien, la citerne archaïque ainsi que le réseau de galeries qui s’étendait sous une partie de la colline. Finalement, la maison de Livie fut découverte au printemps 1869 et fouillée jusqu’en 1870. La découverte de ses peintures, restaurées par Rosa en s’inspirant des procédés décrits par Vitruve, eut à l’époque un immense écho. Malheureusement, Rosa n’a publié qu’une petite partie de son travail. Il s’est avant tout consacré à la recherche sur le terrain, à la documentation graphique et cartographique, et à ce que nous définirions comme la valorisation des biens culturels, en disposant des panneaux explicatifs en différents points des zones fouillées. Il créa le premier musée du Palatin (fig. 1).

1. Photographie du musée du Palatin aménagé par P. Rosa (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

1. Photographie du musée du Palatin aménagé par P. Rosa (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

1. Photographie du musée du Palatin aménagé par P. Rosa (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

les fouilles

6La première tâche de Rosa consista à étudier la configuration naturelle du terrain pour établir les différents faciès morphologiques de la colline. Il s’est employé à identifier les accès naturels et les limites des édifices de l’époque impériale qui avaient été fouillés auparavant. Cette étude fut étendue aux zones environnantes (Vélabre, Capitole, Forum Romanum) afin d’obtenir un cadre de référence topographique plus général. Cette étude préliminaire fut gravée sur une feuille de cuivre dont Rosa lui‑même parle dans ses notes. L’étape suivante fut l’analyse approfondie des sources latines, fondamentales pour localiser et identifier chacune des constructions (temples, palais, voirie). Aux yeux de Rosa, ces sources textuelles antiques étaient si importantes qu’il les mentionna sur les plans successifs de sa fouille ainsi que sur les panneaux explicatifs destinés aux visiteurs. Il utilisait les compilations récentes des sources latines concernant la topographie de la Rome antique qu’avaient publiées Antonio Nibby et Luigi Canina [15]. Son objectif, tel qu’il le définit dans ses notes, était avant tout d’identifier et de mettre au jour les structures d’époque royale et républicaine respectées et conservées durant d’époque impériale. Mais pour réaliser son projet, il devait d’abord définir avec précision l’espace occupé par les palais impériaux. Les fouilles préliminaires furent exécutées dans la domusFlavia et dans la domusTiberiana. Dès le mois de décembre 1861, Rosa envoyait une lettre à Napoléon III avec une série de photographies des structures et du matériel mis au jour jusqu’alors. L’obstacle principal était de nature pratique : où jeter la grande quantité de terre produite par les fouilles ? Rosa voulait la transporter dans une vigne près de la porta Latina mais ce ne fut pas possible et la terre s’accumulait dans les zones situées au pied du Palatin et en particulier dans la vigna Nusiner. Cette situation dégénéra rapidement en suscitant de vives protestations du pape et ainsi Rosa fut obligé de changer fréquemment au cours des années le lieu de décharge de la terre résultant de ses fouilles.

7Pietro Rosa, entre 1861 et 1866, fouilla la zone recouvrant la domus Tiberiana mettant au jour un grand péristyle central auquel se rattachaient d’une part une galerie aboutissant approximativement près du temple de la Magna Mater et d’autre part des galeries qui devaient déboucher dans le cryptoportique de la domus Transitoria néronienne. Au sud, il retrouva diverses salles bien conservées qui semblent remonter au temps de Néron. Rosa croyait que le clivus Victoriae divisait la domus Tiberiana en deux parties, une de représentation, qu’il identifiait à la partie décorée avec des voûtes stuquées, et une partie privée, comportant des fonctions thermales. L’angle nord‑ouest du palais était la partie la plus fragile, soumise encore aujourd’hui à des fissurations et à des écroulements. Malheureusement, la présence des jardins Farnèse, que l’on avait décidé de préserver, coïncidant avec la partie centrale de la domus Tiberiana, interdit une exploration complète de la zone. Rosa se chargea par ailleurs de réaménager les jardins, en les disposant sur divers niveaux le long de la pente descendant vers le Forum. Le long de la pente nord de la zone comprise entre la domus Tiberiana et la via di S. Bonaventura fut découverte une voie pavée suivant une dénivellation naturelle pour finalement monter au sommet de la colline. Cette voie était très importante car elle donnait accès au Palatin à partir du Forum et, pour cette raison, Rosa décida de la nommer clivus Palatinus, sans que ce nom n’apparaisse dans les sources antiques. La voie était couverte par une masse d’environ 10 m de terre et on employa différents moyens pour la retirer. Cette découverte aida Rosa à mieux comprendre la morphologie du terrain, dans la mesure où la voie avait été construite exactement à la limite entre les deux hauteurs, identifiées par Rosa comme le Germalus et la Velia [16]. Rosa employait le terme d’Intermontium, couramment usité depuis le xviiie siècle [17], et encore par Nibby, qui expliquait que le mot, inconnu des auteurs latins antiques, avait été forgé par Lapo (Jacopo Birago), dans sa traduction de Denys d’Halicarnasse, pour traduire l’adjectif µεθόριον qui s’accorde avec le mot χωρίον pour désigner la « zone frontière » située entre le Capitole et l’Arx (Ant. Rom., 2, 15, 4 : τὸγὰρµεταξὺχωρίοντοῦτεΚαπιτωλίουκαὶτῆςἄκρας, καλεῖταινῦνκατὰτὴνῬωμαίωνδιάλεκτονµεθόριον) [18]. Stendhal, toujours bien informé de l’érudition romaine de son temps, employait le même terme dans sa description du Capitole antique [19].

8En suivant le parcours de l’Intermontium, Rosa a retrouvé des structures attribuables à l’époque flavienne et appartenant au palais de Domitien, dont il a décrit de façon détaillée la fouille dans son article de 1865 [20]. Selon Rosa, qui citait un passage de Pline le Jeune (Paneg., 47), l’empereur Nerva aurait désigné le palais avec la locution aedes publicae, et c’est la dénomination qu’il retient sur son plan ainsi que sur un panneau indicateur sur le terrain. Selon Rosa, le palais était structuré à la manière d’une domus traditionnelle, mais évidemment dans des dimensions grandioses, et c’est pourquoi il désigne, sur son plan, tel espace du nom de tablinum, et tel autre, de celui de triclinium. La façade principale du palais, qu’il avait fouillé entre 1862 et 1867, était, selon Rosa, accessible par le clivus Palatinus, que l’on rejoignait en passant par la porta vetus Palatii (correspondant à l’arc de Domitien, aujourd’hui disparu) d’où l’on parvenait à la partie publique du palais, avec trois salles contiguës : à gauche, le lararium maius, à droite, la basilica Iovis, encadrant, au centre, ce qu’il appelle le tablinum vel augustale solium cesareani (sic) Palatii. Selon lui, le peuple était librement admis dans cette partie publique du palais. Dans cette zone, Rosa cherchait l’escalier d’accès au palais. La façade était fermée par un portique courant aussi sur le côté occidental. Durant ces fouilles, ont été retrouvés des vestiges de colonnes et de riches pavements ornés de marbres polychromes. Au‑delà de ces trois salles, Rosa a découvert le péristyle, orné de colonnes de porta santa et de pavements de giallo antico. Au fond de celui‑ci, on accédait au grand triclinium, décoré de pilastres de marbre et de colonnes de granite. Rosa interprétait la grande abside du fond comme l’emplacement du lit et de la table de l’empereur pour les banquets. Il a aussi mis au jour un grand nymphée à l’extérieur du côté occidental du triclinium, avec deux registres superposés de niches pour des statues et des bas‑reliefs, dans un environnement qu’il interprétait comme celui d’un jardin. La partie supérieure du nymphée devait être ornée de plantes et de fleurs. La présence exclusive de structures en briques, dont certaines laissaient apercevoir leur estampille, lui a permis de dater la plus grande partie du palais de l’époque flavienne, et, plus particulièrement, de celle de Domitien. Le plan et les dimensions grandioses des espaces de cette partie du palais lui ont suggéré leur fonction de représentation. Dans son article, il citait des passages de Plutarque (Publicola, 15, 5) et de Stace (Silves, 4, 2), décrivant la splendeur de ce palais. La domus Augustana était située à l’époque de Rosa en‑dehors de la zone des jardins Farnèse, en sorte que l’archéologue ne put pas y faire des fouilles. En tout cas, par cette dénomination, il entendait désigner la maison d’Auguste lui‑même. Il est certain que le premier empereur avait d’abord habité la zone du Germalus jusqu’à l’épisode du foudroiement en 36 av. J.‑C., qui entraîna la consécration de la plus grande partie de la résidence à Apollon. Auguste avait dû installer sa nouvelle demeure sur le futur emplacement du palais de Domitien [21]. Dans son plan de 1865, Rosa mentionne, sous les numéros 9 et 10, une « bibliothèque » et une salle qu’il désigne du nom d’« Academia ».

9Après avoir terminé la fouille de cette partie du Palatin, Rosa s’est aperçu que la construction de la domus Flavia et les précédents travaux commandés par Auguste puis Néron avaient nivelé la dépression séparant les deux parties de la colline, selon lui la Velia à l’est et le Palatium à l’ouest, éliminant ainsi l’Intermontium. Rosa fouilla aussi les « Bains de Livie », déjà découverts au xviiie siècle par Bianchini, et les attribua à tort à l’époque augustéenne. Nous savons aujourd’hui que ces salles, luxueusement ornées au sol et sur les parois de placages de marbre, avec des stucs et des peintures, faisaient partie de la domus Transitoria de Néron. Dans l’article de 1865, il a aussi publié deux importants temples qu’il avait découverts mais mal identifiés, celui de Jupiter Victor, en fait celui d’Apollon Palatin, et l’Auguratorium, en réalité le temple de la Magna Mater. Les deux temples sont situés au sommet de la colline, dans la zone qui surmonte le Circus maximus. Rosa décrit ainsi son Auguratorium : « risulta che era costituito da un alto basamento in forma dello stilobato di un tempio, questo però visibilmente non destinato a sostenere colonne, ma invece una specie di altipiano in forma di una grande terrazza, chiusa in tutta la estensione del suo lato settentrionale da una più elevata terrazza meno profonda e contenente, nel centro del lato meridionale e soprastante alla precedente, un ambone o pulpito, tutto sporgente, in forma rettangolare. La prolungazione dei due lati lunghi del detto stilobato costituivano quelle due ale che in modo simile ai templi servivano a limitare la grande scala che, larga quanto la prima terrazza, serviva a montarvi[22]. » Il pensait reconnaître dans le temple des similitudes de construction (escaliers axiaux alternant avec des terrasses) avec le sanctuaire d’Hercule Victor à Tivoli. En ce qui concerne son temple de Jupiter Vainqueur, Rosa considérait que le niveau sur lequel repose le podium constituait l’« area sacra » du sanctuaire et, pour lui, l’escalier axial se divisait à un niveau plus élevé en deux grandes rampes d’accès. Le temple proprement dit était construit, d’après sa description, en opus quadratum de tuf, tandis que les substructions construites sur la pente pour soutenir la terrasse étaient réalisées en opus quasi reticulatum dans le même matériau. Durant la fouille, Rosa avait noté que la domus Flavia avait été construite avec un côté asymétrique pour respecter le temple qu’il croyait être dédié à Jupiter Vainqueur.

10En 1866, durant une grande exploration entre l’arc de Titus et la domus Flavia, on découvrit un podium construit en blocage de caementa, sous un remblai de 9 m, que Rosa identifia au temple de Jupiter Stator[23]. Le temple est souvent cité par les sources latines, notamment par Ovide, qui signalait qu’il se trouvait au bord d’une voie reliée à la via sacra. Malgré la certitude affichée par Rosa sur cette identification, des doutes subsistent de nos jours sur sa pertinence. Près du temple ont été découverts quelques cippes archaïsants, qui pourraient avoir des liens avec des épisodes mythiques des origines de Rome situés à proximité de la porta Mugonia, comme la rencontre entre les Romains et les Sabins, après le rapt des filles de ces derniers [24]. La découverte du clivus Palatinus et du temple identifié à celui de Jupiter Stator a fait supposer à Rosa, suivant toujours les sources latines, que la muraille de Romulus se trouvait à proximité. En se guidant grâce à Tite Live et surtout Tacite, Rosa entreprit de retrouver le périmètre de la Roma Quadrata. Il réduisit à une aire de 250 m de large sa superficie jusqu’alors estimée à 30 ha [25]. Dans ses notes, publiées par M. A. Tomei, Rosa souligne l’importante distinction entre la limite pomériale et l’enceinte militaire, qui entourait un territoire nettement plus restreint, étant donné qu’elle avait une fonction strictement défensive [26]. Les murs de la section orientale suivaient le parcours de l’Intermontium et étaient construits en opus quadratum de tuf. Les murs du versant occidental, au‑dessus du Vélabre, n’ont pas été fouillés par Rosa, car ce secteur appartenait à la papauté. Au nord, les murs suivaient à peu près le parcours du clivus Victoriae. Rosa était par ailleurs convaincu d’avoir découvert les trois accès de la Rome romuléenne, la portaMugonia, la portaRomana et les scalae Caci. La porta Mugonia était localisée au sud de l’endroit où a été érigé plus tard, à l’époque de Domitien, l’arc d’accès à la domus Flavia, et qui coïncidait, selon lui, avec la porta vetus Palatii. La porta Romana fut identifiée durant les fouilles de la domus Tiberiana : il s’agissait de l’arc en briques d’époque impériale qui surplombe le clivus Victoriae. Les scalae Caci, visibles encore aujourd’hui, furent finalement découvertes en 1870 [27].

11En 1869, au sud du cryptoportique de la domus Tiberiana, Rosa découvrit la partie souterraine d’une domus, dont les structures sont conservées sur plusieurs mètres de hauteur [28]. La domus est pourvue d’un accès direct à partir du cryptoportique néronien, mais ses structures sont antérieures à ce cryptoportique. De fait, la datation républicaine de la domus, immédiatement proposée par Rosa, a été confirmée par G. Lugli, pour qui le réticulé de la maison est très semblable à celui des substructions du théâtre de Pompée [29], et par le matériel archéologique découvert pendant la fouille de Rosa et surtout dans le remblaiement des substructions du côté sud‑est, fouillé et analysé par G. Carettoni dans les années 1950 [30]. Pour accéder au vestibule qui conduit à l’« atrium », il faut descendre cinq marches, qui ont été restaurées. Les murs de la domus, en particulier dans les trois salles du fond (le « tablinum » encadré de ses deux ailes), ont conservé la majeure partie de leur revêtement d’enduit peint. Malheureusement, Rosa n’a rien publié sur la fouille de ce qu’il a interprété d’abord comme la maison de Ti. Claudius Nero, père de Tibère, puis, après la découverte d’un tuyau de plomb inscrit à son nom, comme la maison de Livie, et qui, de toute façon, devait faire partie de la première résidence augustéenne du Palatin. Au début, l’archéologue croyait que la maison datait des iiieiie s. av. J.‑C., même s’il avait situé correctement les peintures entre l’époque de César et celle de Tibère. Selon Rosa, la maison comportait trois niveaux : un ensemble de pièces souterraines, qui constituait la partie publique (ce sont les salles peintes), un rez‑de‑chaussée, disparu, réservé à l’habitation privée et relié à l’« area Palatina », et un niveau intermédiaire, disposé latéralement, pour la domesticité [31]. Durant les fouilles, dans le but de déblayer au plus vite les salles peintes, Rosa démolit un mur de briques plus récent, qui courait parallèlement au mur gauche du « tablinum », et se prolongeait jusqu’au mur de fond de l’atrium, où s’ouvre la porte d’accès à la partie semi‑enterrée de la domus. Ce mur n’apparaît pas sur le plan de la maison dressé par Rosa en 1870, mais nous connaissons son existence grâce à un croquis de Rosa et à la photographie d’une aquarelle, publiés par M. A. Tomei [32]. Dès l’achèvement des travaux de déblaiement, Rosa entreprit de consolider les structures en restaurant en particulier le mur de fond de l’aile gauche ainsi que le mur du « triclinium » donnant sur l’« atrium », et aussi de nettoyer et de protéger les peintures avec une substance à base de cire, dont il emprunta la recette au De architectura de Vitruve. Au début, comme nous l’avons vu, il croyait que le propriétaire était Tiberius Claudius Nero, le premier mari de Livie, en raison surtout de la proximité avec la domus Tiberiana, à travers le cryptoportique néronien. Léon Renier a exprimé son accord avec Rosa sur cette interprétation initiale, mais il l’a écartée ensuite dans le premier des cinq articles publiés en collaboration avec Georges Perrot sur « Les peintures du Palatin », dans lequel il a cité le passage de Tacite (Annal., 1, 8 : Tiberium et Liviam heredes habuit. Livia in familiam Iuliam nomenque Augustum absumebatur) qui établit que Tibère et Livie furent les héritiers d’Auguste et que Livie fut adoptée dans la gens Iulia. L’attribution de la maison à Livie par Rosa reposait sur deux arguments : d’une part la découverte, dans une galerie souterraine aboutissant à la maison, d’une conduite de plomb inscrite au nom de Iuliae Aug(ustae), qui a été attribuée à Livie, veuve d’Auguste, plutôt qu’à son homonyme Julie, fille de Titus, et, d’autre part, le passage de la Vie de Tibère (ch. 5), où Suétone nous apprend que Tibère est né au Palatin. Renier résumait ainsi son opinion [33] :

12

« Cette inscription est un véritable titre de propriété et elle nous apprend que la maison dont il s’agit appartenait à l’impératrice Livie. Iulia Augusta, c’est en effet Livie veuve d’Auguste. […]
On dira peut‑être que Livie avait pu devenir propriétaire de la maison dont il s’agit, comme héritière de son premier mari. Mais cela est inadmissible : Livie, épouse répudiée de Ti. Claudius Nero, n’avait pas pu en hériter ; elle n’avait pas pu surtout hériter de la maison paternelle de la famille, alors qu’il restait deux membres de cette famille, Tibère et Drusus, fils de son dernier chef. On ne peut pas supposer non plus que Tibère, devenu empereur, la lui avait donnée. On sait quels furent ses rapports avec sa mère après la mort d’Auguste, et la nature de ces rapports rend tout à fait inadmissible une semblable supposition.
Il est beaucoup plus probable que Livie avait eu cette maison dans sa part de la succession d’Auguste, dont nous avons vu qu’elle fut héritière pour un tiers, et qui, nous le savons par le témoignage de Velleius Paterculus, avait acheté un grand nombre de maisons sur le Palatin. Il faudrait alors admettre que la maison paternelle de Tibère était située sur l’emplacement de la partie du palais qu’il fit construire, et qu’elle fut démolie pour cette construction ce qui, je n’ai pas besoin de le faire remarquer, explique bien mieux le nom de domus Tiberiana donné dans la suite à cette partie du palais des empereurs.
On sait que Livie avait voulu être la première prêtresse de son époux mis au rang des dieux. C’est ce qui explique l’existence du couloir souterrain qui se dirigeait de sa maison vers celle d’Auguste ; elle l’avait probablement fait construire afin de pouvoir aller, sans passer par la voie publique, remplir les fonctions de son ministère. Ce couloir est aujourd’hui interrompu à la rencontre des aedes publicae, construites, comme nous l’avons dit, sous le règne de Domitien. Mais un peu avant d’arriver à ces aedes, on remarque dans ce couloir un embranchement qui se dirige vers la droite, et qui avait été probablement construit pour les contourner. On y a trouvé un autre tuyau de plomb, soudé avec le premier à la naissance de l’embranchement et portant cette inscription :
IMPDOMITIANICAESARAVG · SVBCVRA
EVTYCHI · LPROC · FEC · HYMNVSCAESARNSER
Imp(eratoris) Domitiani Caesar(is) Aug(usti). — Sub cura Eutychi l(iberti) proc(uratoris) fec(it) Hymnus Caesar(is) n(ostri) ser(vus).
À la mort de Livie, sa maison devint, avec tout son héritage, la propriété de Tibère son fils. Elle fit dès lors partie du domaine impérial, avec lequel elle passa aux empereurs suivants. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner qu’elle ait appartenu à Domitien. Seulement cette inscription prouve qu’elle existait et était encore soigneusement entretenue lorsque ce prince fit construire les aedes publicae, puisque l’on prit alors des mesures pour que sa conduite d’eaux ne fût pas interrompue. Elle existait même longtemps encore après cette époque car, dans une lettre du 10 avril dernier, M. Rosa m’apprend que, sur un nouveau tuyau de plomb qu’il vient de découvrir sous le dallage du peristylum, tuyau qui est soudé avec celui de Iulia Augusta, et qui semble avoir eu sa prise d’eau dans la piscine que l’on remarque dans un coin de la domus Tiberiana, on lit l’inscription suivante :
L · PESCENNIVSEROS · CAESARVM ·
Cette inscription doit se lire ainsi : Lucius Pescennius Eros (fecit). — Caesarum (c’est‑à‑dire propriété des Césars).
Les noms de l’ouvrier qui a fabriqué ce tuyau semblent indiquer un affranchi de la famille de Pescennius Niger, le compétiteur de Septime Sévère. Le mot Caesarum désignerait alors ce dernier prince et son fils Caracalla, ou bien celui‑ci et son frère Geta. La maison de Livie aurait donc été conservée et entretenue jusque dans les premières années du troisième siècle de notre ère.
On remarque à la partie inférieure de notre planche, au point où finit le cryptoporticus, une des grandes portes de la domus Tiberiana. M. Rosa m’apprend, dans cette même lettre que j’ai citée tout à l’heure, qu’il vient de découvrir en face de cette porte une rue se dirigeant vers l’extrémité septentrionale du Circus maximus, et aboutissant à un clivus formé alternativement de pentes douces et d’escaliers, dont les marches de pépérin, c’est‑à‑dire de la pierre employée dans les plus anciennes constructions de Rome, portent les traces évidentes d’un très‑long usage. Ce clivus ne semble pas être autre chose qu’une localité dont le souvenir se lie, chez les auteurs, aux plus anciennes traditions de la Ville éternelle ; je veux dire l’escalier de Cacus, scalae Caci, que Solin place en effet en cet endroit, et au sommet duquel se trouvait la maison de Romulus. »

13Aujourd’hui, seule une partie des interprétations de Rosa et de Renier sont acceptées par les spécialistes. Si l’inscription du tuyau de plomb désigne bien Livie, en l’occurrence, veuve d’Auguste, il y aurait là une indiscutable preuve de propriété postérieure à la mort du premier empereur. Mais est‑ce que cela veut dire que Livie n’a point résidé auparavant dans cette maison ? L’évidente parenté à la fois stylistique et iconographique entre les peintures de la « maison d’Auguste » découverte par G. Carettoni, et celles de la « maison de Livie », découverte un siècle auparavant par P. Rosa, ainsi que leur proximité topographique laisse peu de doutes sur le fait qu’elles appartenaient l’une et l’autre à la première résidence augustéenne du Palatin, et si on suit les hypothèses d’I. Iacopi et de G. Tedone [34], admises, par exemple, par E. La Rocca [35], on doit conclure que nous sommes en présence de la « maison d’Octavien », ornée avant la consécration de 36 av. J.‑C., peut‑être entre 38, année du mariage entre Octavien et Livie, et 36, l’année du foudroiement et de l’abandon d’une partie de la maison, datation qui ne contredit pas celle des peintures à l’intérieur de la seconde phase du « deuxième style pompéien », selon la nomenclature d’H. G. Beyen. Quant aux thèmes traités dans les peintures mythologiques du « tablinum », G. Sauron a fait l’hypothèse qu’ils étaient en rapport avec le passé récent de Livie à l’époque de sa fuite en compagnie de son premier mari, Ti. Claudius Nero, proscrit par les triumvirs, et de leur fils, le futur empereur Tibère : l’épisode de Galatée et Polyphème pourrait faire allusion au séjour dramatique des deux époux dans la Sicile dominée par Sextus Pompée, et la délivrance de Io par Mercure pourrait illustrer à la fois le destin de fugitive de Livie au cours de cette tragique aventure (Horace, Art poétique, 124, qualifie Io d’un mot, vaga, « la vagabonde »), et le rôle de sauveur qu’Octave assuma vis‑à‑vis de Livie, puisque le mariage qu’il lui offrit mit un terme définitif à ses tribulations (Horace, Odes, 1, 2, 41‑44, identifiait Auguste à Mercure) [36]. Le même auteur a mis en parallèle les représentations de sanctuaires rustiques au sein de la première résidence du couple au Palatin, celui de Diane chez Livie (dans le « triclinium ») et celui d’Apollon chez Octavien (« salle des Masques »), en observant que, d’une part, il y avait là un hommage précoce du futur couple impérial à Apollon et sa sœur Diane, et, d’autre part, que l’insertion du tableau dans un cadre scénique exprimait, chez Auguste, un comportement inspiré de la philosophie cynique, qu’il manifesta jusque dans ses derniers instants, plus de cinquante ans plus tard, ce qui n’est pas le cas chez Livie, où la représentation est insérée dans un cadre architectural neutre [37]. Selon cette hypothèse, Livie aurait occupé ces appartements souterrains à la suite de son mariage avec Octavien, et c’est à cette époque qu’elle aurait fait peindre ses espaces privés, en même temps qu’étaient réalisées les décorations peintes de l’ensemble de la résidence du nouveau couple, et dont témoignent les espaces exhumés par G. Carettoni (« maison d’Auguste »).

Les envois à paris

14Pendant toute la durée de ces fouilles, Rosa entretint une correspondance suivie avec Léon Renier pour l’informer dans les plus petits détails de l’avancement de la fouille et des découvertes, ainsi que des restaurations. Les envois de courriers, accompagnés de divers documents, se faisaient facilement, depuis l’ouverture de la ligne de chemin de fer Rome‑Civitavecchia en 1861, et du fait que ce port de Rome était occupé à l’époque par une garnison française. J’ai même retrouvé dans les comptes adressés annuellement à Paris par Rosa à son administration de tutelle, le ministère de la Maison de l’Empereur, et qui portent son cachet inscrit « Ministère de la Maison de l’Empereur – Palais des Césars », avec sa signature précédée de la date et de son titre de Conservatore ai Palazzi dei Cesari, une quittance de billet de chemin de fer Rome‑Civitavecchia jointe par Rosa parmi de nombreuses pièces justificatives de ses dépenses (factures d’entreprises romaines, entre autres) ! Léon Renier se rendit fréquemment à Rome pour vérifier l’état des travaux. Depuis le début, de nombreuses photographies et des dessins furent réalisés pour témoigner des découvertes de toute nature (structures, marbres, peintures, stucs etc.). Rosa utilisa les services des frères Dovizielli et de Filippo Spina pour les photographies. Ce dernier a publié un recueil de photographies sur les fouilles de Rosa, dont la bibliothèque de l’université catholique de Lyon conserve un exemplaire [38]. Joseph Fortuné Séraphin Layraud, peintre et pensionnaire de l’Académie de France à Rome, exécuta des copies à échelle réelle des plus belles peintures de la maison de Livie ainsi que de deux peintures découvertes dans le complexe de la domus Tiberiana, et ces huiles sur toile furent envoyées à Paris, où elles furent immédiatement exposées. Le chartiste Francis Wey consacra un chapitre de son grand ouvrage encyclopédique sur Rome aux fouilles conduites au Palatin, que P. Rosa lui fit visiter lui‑même, ce qui confère à son récit le plus haut intérêt. Wey put illustrer cette visite au Palatin par des xylographies, notamment d’un certain « J. Petot », obscur illustrateur de presse, travaillant aussi bien pour la publicité des équipements de camping que pour reproduire les chefs d’œuvre sculptés des musées romains, qui dut travailler à Paris sur des documents photographiques et qui nous a laissé une documentation unique sur l’état des vestiges de la maison de Livie au cours même de la fouille [39]. Nous possédons par ailleurs deux documents complémentaires représentant, de deux points de vue différents, l’état de la fouille de la maison de Livie avant la restauration, une photographie et un tableau de J. Layraud, qui montrent que le mur situé dans l’« atrium », parallèlement à la paroi occidentale du « triclinium » avait été entièrement reconstruit par Rosa. Il est à noter que ce mur a été pourvu d’une rangée de trous de mortaise pour l’encastrement des poutres d’un auvent destiné à protéger une partie des peintures de l’« atrium », car cet espace est resté longtemps à ciel ouvert, bien au‑delà de la fouille de Rosa. J’ai observé à ce propos que Rosa utilisait dans ses restaurations une technique d’opus reticulatum fidèlement reproduite à partir des maçonneries conservées de la maison de Livie, en utilisant des pierres taillées retrouvées probablement pendant la fouille. Rosa faisait exécuter des travaux de consolidation et de reconstruction au fur et à mesure que se déroulait sa fouille et utilisait ses ouvriers aussi bien pour le dégagement que pour la restauration des structures.

15P. Rosa a réalisé plusieurs plans successifs de ses fouilles et expédiait régulièrement à Paris soit les originaux, soit des photographies de ces derniers. L’Académie des inscriptions et belles‑lettres (Institut de France) possède la photographie d’un plan très important, car il devrait s’agir de l’un des premiers dressés par Rosa, jusque‑là inédit, qui ne comporte pas encore la représentation du temple qu’il attribuait à Jupiter Vainqueur, et qui est donc antérieur au plan de 1865 (fig. 2) [40]. Un album, conservé à la bibliothèque de l’École normale supérieure, comporte un plan représentant la totalité de la fouille du Palatin à la fin du mois de mai 1868, ainsi que, dessiné en plus clair, l’état des découvertes archéologiques de la portion est et sud‑est de la colline du Palatin (« Villa Mills », « Propriété des Barberini », « Chapelle de St. Sébastien », etc.), qui ne faisait pas partie de la propriété de l’empereur (fig. 3). De plus, en comparant ce dernier plan avec la photographie publiée par M. A. Tomei du plan de novembre 1868, on peut suivre l’avancement de la fouille en l’espace de quelques mois. En particulier, dans le plan plus récent, le mur de la Rome de Romulus apparaît presque complètement déblayé du côté du Circus maximus ainsi que la portion sud et la portion nord de la structure centrale de la domus Tiberiana. Cette même année 1868, P. Rosa dressa un plan du forum Romanum, probablement commandé par Napoléon III pour son ouvrage sur César. Ce plan est connu par une photographie inédite, conservée à la Bibliothèque nationale de France (fig. 4). Rosa avait confectionné plusieurs albums de photographies de ses fouilles pour les envoyer à Napoléon III. La bibliothèque de l’École normale supérieure en possède deux, avec une suscription de la main de Léon Renier mentionnant qu’il s’agit d’un don de l’empereur à l’École. Il est notable que Rosa ait diffusé ses plans des fouilles du Palatin grâce à des photographies. Il en offrait même à des savants de passage au Palatin, sous la forme de portefeuilles de cuir renfermant une photographie divisée en quatre parties collées sur ce support. J’en ai retrouvé des exemplaires, presque identiques, dans la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, dans la bibliothèque du Saulchoir, et nous savons que la Société d’émulation du Doubs à Besançon devrait en posséder un autre exemplaire, offert par Rosa à un membre de cette société nommé Oudet [41]. À Rome, dans le fonds Rodolfo Lanciani, acquis en 1929 par l’Istituto Nazionale di Archeologia e Storia dell’Arte et conservé au Palazzo Venezia, on trouve une photographie du plan final de Rosa en 1870, à ma connaissance la seule copie conservée à Rome. L’original fut envoyé à Paris, où je l’ai retrouvé, au terme d’une longue enquête, dans les collections de l’École nationale supérieure des beaux‑arts.

2. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan antérieur à 1865 (Paris, Institut de France).

2. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan antérieur à 1865 (Paris, Institut de France).

2. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan antérieur à 1865 (Paris, Institut de France).

3. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan de mai 1868 (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

3. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan de mai 1868 (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

3. Fouilles de P. Rosa sur le Palatin. Photographie du plan de mai 1868 (Paris, bibliothèque de l’École normale supérieure).

4. Photographie du plan du forum Romanum dressé par P. Rosa en 1868 (Paris, Bibliothèque nationale de France).

4. Photographie du plan du forum Romanum dressé par P. Rosa en 1868 (Paris, Bibliothèque nationale de France).

4. Photographie du plan du forum Romanum dressé par P. Rosa en 1868 (Paris, Bibliothèque nationale de France).

16Les expéditions à Paris ne concernaient pas uniquement la documentation graphique et photographique, mais aussi des moulages d’œuvres d’art découvertes en fouille, voire même parfois des originaux. La nature de ces envois était au préalable discutée avec l’empereur [42]. Les sculptures expédiées à Paris sont une statue de « Génie ailé » (sic), découverte en 1862 près du nymphée occidental de la domus Flavia et qui est aujourd’hui exposée au Louvre, une copie du « Faune » de Praxitèle, provenant du côté occidental du péristyle de la domus Flavia, ainsi que deux portraits de princesses flaviennes, que Rosa identifiait comme Julia Titi et Flavia Domitilla.

La recherche

17Les plans adressés par P. Rosa au terme de ses fouilles du Palatin à Napoléon III (plan général du « Palais des empereurs » et plan de la « maison de Livie ») n’ont jamais été reproduits que d’après des photographies exécutées à son initiative. De nos jours, les originaux de ces plans ont été considérés comme perdus. Lors de la préparation de son livre sur les fouilles de P. Rosa au Palatin, M. A. Tomei s’est adressée à l’École française de Rome pour retrouver dans diverses archives parisiennes, notamment celles de l’École nationale supérieure des beaux‑arts, la documentation scientifique (plans, dessins, calques, photographies) ainsi que les lettres reçues par L. Renier, mais l’enquête, encore en cours au moment de la publication de sa compilation des archives romaines de Rosa, est restée totalement vaine [43]. Durant mon travail de recherche, qui a duré plusieurs mois, je me suis adressée à diverses institutions et à divers spécialistes, en particulier de l’histoire du Second Empire et de sa politique culturelle, pour savoir s’il y avait la possibilité de retrouver la trace des envois de P. Rosa à Paris. Je me suis d’abord tournée vers les Archives nationales à Pierrefitte (Seine-Saint-Denis), où se trouvent les documents issus du ministère de la Maison de l’Empereur, mais il ne s’agit que de pièces administratives, et non des précieux matériels de fouille expédiés régulièrement par P. Rosa à Paris. Les recherches de ce type sur les organes parisiens du pouvoir du Second Empire sont toujours grevées de l’hypothèque d’une possible destruction dans les incendies qui ont éclaté à la fin de la Commune de Paris, notamment celui du palais des Tuileries. J’observe à ce sujet que les deux peintures de Layraud, qui reproduisent deux petites fresques découvertes par Rosa au premier étage d’une pièce donnant sur le clivus Victoriae (fig. 5a et b) [44], avaient été retirées de la décoration de son cabinet des Tuileries par Napoléon III lui‑même et expédiées par lui dans le nouveau musée qu’il avait fondé à Saint‑Germain‑en‑Laye pour les Antiquités nationales [45], ce qui les a sauvegardées et où elles sont conservées encore de nos jours. Je me suis aussi tournée vers le château de Compiègne, lieu de résidence habituel de la famille impériale, mais sans succès. Mais, comme je l’ai signalé plus haut, j’ai mis du temps à comprendre que la clé pour retrouver les documents de Rosa n’était ni le nom de Rosa lui‑même, ni la mention « Palatin », mais uniquement la formulation « Palais des Césars » (Palazzo dei Cesari), aujourd’hui bien oubliée, mais constamment employée des deux côtés des Alpes aux xviiie et xixe siècles. Ma recherche a fini par aboutir, quand j’ai recherché des documents sous le titre de « Palais des Césars » dans les archives conservées à Paris pour les années 1869 et 1870. C’est grâce à cette entrée dans le catalogue des collections de l’École nationale supérieure des beaux‑arts que j’ai pu retrouver les deux plans originaux de Pietro Rosa, à la fois le plan général définitif de ses fouilles du Palatin et celui de la maison de Livie, l’un et l’autre signés de sa main en février 1870, et donc parvenus à Paris quelques mois avant l’éclatement du conflit franco‑prussien en juillet et la prise de Rome par les troupes de Victor‑Emmanuel II en septembre, avec un cachet d’entrée dans la collection de la bibliothèque de l’École (« prise en charge 12503 »), plans que l’on croyait perdus depuis près de 150 ans. La fiche du catalogue informatisé « Cat’zArts » de l’ENSBA comporte deux erreurs, puisqu’on y lit que ces plans appartiennent aux « coll. antérieures à 1863 », ce qui est impossible, et qu’on ajoute la mention « retrouvé dans les carton (sic) de Triqueti », ce qui est improbable. Le plan original de Rosa mesure 100 × 78 cm. Il est collé sur une toile, rabattue sur toute la périphérie du papier, ce qui forme une sorte de bordure de toile tout autour. Il est plié en quatre et conservé dans une grande enveloppe, en même temps que le plan de la maison de Livie. Le titre, inscrit dans un cartouche ovale situé en bas et à droite du plan, porte les mentions suivantes : « Plan des fouilles / du Palais des Césars / février 1870 » au‑dessus de la signature autographe de P. Rosa. Au‑dessus du cartouche, le plan a été timbré par application d’un cachet avec les mentions suivantes : en cercle : « * École des Beaux Arts * Bibliothèque », au centre : « Prise en Charge 12503 ». L’échelle, placée en bas à droite du plan, indique que ce dernier a été dressé au 1/500e. Une flèche, placée en haut à droite du plan, indique la direction du nord. Le plan est dessiné à l’encre noire et complété de zones peintes à l’aquarelle (couleur verte pour indiquer les plantations des jardins modernes, couleur rose pour indiquer les bâtiments modernes, couleur bleue pour les nymphées modernes). Le plan des structures visibles au sol est indiqué en noir. Le grisé est utilisé quand les structures sont restituées par symétrie, ou quand elles sont souterraines, ou pour indiquer les reliefs naturels, ou pour suggérer le relief (par exemple dans le cas du temple identifié à celui de Jupiter Victor). Divers symboles sont utilisés, par exemple pour indiquer les plantations de vigne (ainsi, dans le périmètre des propriétés Barberini). Les voies antiques sont dessinées schématiquement, avec la représentation de dalles irrégulières. Une petite étiquette à bordure bleue et blanche, qui semble remonter à la date d’expédition du plan de Rome ou de sa réception à Paris, non mentionnée sur la fiche d’inventaire de l’ENSBA, est collée au verso du plan, sur la toile, dans l’angle supérieur droit, et porte la mention suivante : « H 34 / 1456 ».

5. Peintures de J. S. Layraud copiant deux tableaux découverts par P. Rosa dans une pièce au nord de la domus Tiberiana conservées au musée d’Archéologie nationale et domaine national de Saint‑Germain‑en‑Laye. Clichés V. Torrisi.

5. Peintures de J. S. Layraud copiant deux tableaux découverts par P. Rosa dans une pièce au nord de la domus Tiberiana conservées au musée d’Archéologie nationale et domaine national de Saint‑Germain‑en‑Laye. Clichés V. Torrisi.

5. Peintures de J. S. Layraud copiant deux tableaux découverts par P. Rosa dans une pièce au nord de la domus Tiberiana conservées au musée d’Archéologie nationale et domaine national de Saint‑Germain‑en‑Laye. Clichés V. Torrisi.

Organisation du commentaire

18Pietro Rosa a complété son relevé des structures antiques du Palatin par des légendes mentionnant le nom antique des divers espaces et des monuments qu’il avait mis au jour, et il y a joint des citations d’auteurs latins justifiant ces identifications. On trouve les indications sur la topographie moderne du Palatin, écrites en français (« Villa Mills », « Chapelle St Sébastien », « Jardins Inferieurs » [sic], « Entrée principal » [sic], etc.), avec souvent quelques erreurs de langue, puisque le plan était destiné à ses employeurs français, des indications géomorphologiques (« Direction de l’intermontium Palatin »), des toponymes latins (« Palatium », « Germalus », etc.) ou des noms de monuments antiques (« Circus maximus », « Aedes Iovis Victoris », etc.), ou encore des citations latines, avec ou sans références, parfois groupées à propos d’un même monument, souvent fondues ensemble, avec parfois quelques fautes de transcription. Une ligne tracée en rouge indique les limites des propriétés Farnèse acquises par Napoléon III, qui seules pouvaient faire l’objet des fouilles de Rosa. L’auteur trace une ligne noire pour indiquer la limite du pomerium de Romulus, en inscrivant dans des cartouches rectangulaires, à l’endroit où Rosa les identifiait, chacun des six points de repère mentionnés dans la phrase de Tacite décrivant le parcours (Ann., XII, 24). Pour chacune des références latines citées par Rosa, je préciserai à quel ouvrage Rosa a pu les emprunter. Il s’agit de celui de Famiano Nardini revu par Antonio Nibby (cité Nardini, Nibby 1819), de celui d’Antonio Nibby – probablement le plus utilisé par Rosa – (cité Nibby 1838), et de celui de Luigi Canina (cité Canina 1845), complété par les six imposants volumes de textes et de plans, publiés entre 1848 et 1856 (cités Canina 1848‑1856). Le passage des Catalogues régionnaires concernant le Palatin, reproduit par Canina (p. 112), était une des sources majeures utilisées par Rosa (fig. 6). On trouvera cité aussi l’ouvrage fondamental de M. A. Tomei (cité Tomei 1999), qui reproduit les notes de P. Rosa sur ses fouilles du Palatin. Après avoir reproduit le plan des fouilles du Palatin de P. Rosa (fig. 7), j’examinerai en détail son contenu en le divisant en cinq sections pour des raisons de lisibilité.

6. Page sur les Catalogues régionnaires dans l’ouvrage de L. Canina, Esposizione storica e topografica del Foro romano e sue adiacenze, p. 112.

6. Page sur les Catalogues régionnaires dans l’ouvrage de L. Canina, Esposizione storica e topografica del Foro romano e sue adiacenze, p. 112.

6. Page sur les Catalogues régionnaires dans l’ouvrage de L. Canina, Esposizione storica e topografica del Foro romano e sue adiacenze, p. 112.

7. Plan original des fouilles du Palatin par Pietro Rosa, daté de février 1870 (Paris, bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux‑arts).

7. Plan original des fouilles du Palatin par Pietro Rosa, daté de février 1870 (Paris, bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux‑arts).

7. Plan original des fouilles du Palatin par Pietro Rosa, daté de février 1870 (Paris, bibliothèque de l’École nationale supérieure des beaux‑arts).

19En conclusion, on peut estimer que le plan des fouilles du Palatin, achevé par P. Rosa en février 1870, est un témoignage très précieux à la fois sur les résultats gigantesques obtenus sur le terrain au cours de la dizaine d’années que dura l’entreprise ordonnée par Napoléon III, mais aussi sur certains aspects de la méthode mise en œuvre par l’illustre archéologue, notamment son souci constant de confronter les vestiges, au fur et à mesure des découvertes, aux sources littéraires, ou, plus rarement, à d’autres sources, comme la Forma Urbis ou les estampilles sur briques. L’attribution des vestiges de la partie publique du grand palais à Domitien ou la datation augustéenne de la « maison de Livie », sont, entre autres identifications, des acquis définitifs dus à P. Rosa. La méthode peut être jugée parfois aléatoire, même s’il ne manque pas d’exemples de nos jours d’identifications fantaisistes [46], et Rosa a évidemment eu le tort de vouloir à tout prix situer systématiquement les lieux et les monuments mentionnés par les sources. On peut s’étonner aussi que Rosa ait opté pour un plan au 1/500e, eu égard à l’ampleur du site qu’il a relevé. L’architecte français Henri‑Adolphe Deglane optera pour une échelle au 1/200e pour l’imposant relevé du Palatin, mesurant 2,04 × 1,76 m, qui fera partie de son Envoi en 1886 comme pensionnaire de l’Académie de France à Rome, et dont on peut admirer l’extraordinaire précision [47]. Rosa d’ailleurs appréciait la qualité du travail de ses collègues de l’Académie de France, et il dédiera même un mémoire sur la villa tiburtine d’Hadrien, très critique à l’égard de L. Canina, Al chiarissimo Signor H. Daumet Archit. In segno di stima[48]. En tout cas, il est heureux que nous puissions désormais admirer ce plan des fouilles du Palatin, près de 150 ans après sa réalisation, car il témoigne d’un moment capital et fondateur de la redécouverte de la Rome antique.

Commentaire

Première section

(1) DOMUS AUGUSTANA

20Mentionnée par les Catalogues régionnaires. Selon Nibby 1838, p. 407‑420, il s’agit de la seconde maison occupée par Auguste sur le Palatin, après la mort de César. Auguste avait dû reconstruire sa maison après le foudroiement de la résidence qu’il occupait avec Livie depuis 38 av. J.‑C. et qu’il avait consacrée à Apollon. Nibby situe la nouvelle maison sur la partie du Palatin qui domine le Circus maximus et Rosa accepte cette localisation.

(2) Villa Mills

21Il s’agit d’une villa construite au xvie s., ornée de peintures de Peruzzi et d’élèves de l’école de Raphaël. Au début du xixe s., la propriété passe à l’Écossais Charles Mills, qui lui confère son aspect néogothique. La villa Mills devient en 1856 propriété des sœurs de la Visitation jusqu’aux fouilles de la domus Augustana entre 1927 et 1934, qui entraînèrent sa destruction.

(3) Direction de l’intermontium Palatin

22Il s’agit de la ligne de démarcation entre les deux hauteurs identifiées par Rosa comme le Germalus et la Velia.

(4) HORTI ADONEA ?

23Rosa se réfère probablement à l’interprétation de Nibby 1838 (p. 450). La source antique est un fragment de la Forma Urbis Severiana, qui correspond peut‑être à un emplacement au sein de la vigna Barberini [49], mais Rosa situe les « Jardins d’Adonis » à l’intérieur du périmètre de la villa Mills, au sud‑est du grand péristyle de la partie publique du palais de Domitien.

(5) AEDES PUBLICAE

24Nardini, Nibby 1819, p. 172, et Nibby 1838, p. 150, citent un passage du Panégyrique de Trajan (Pline le Jeune, Paneg., 47) mentionnant le fait que Nerva avait fait installer l’inscription aedes publicae à l’entrée du palais impérial.

(6) LARARIUM / MAIUS / Dieux Lares

25Nardini, Nibby 1819, p. 177, mentionnent un passage de l’Histoire Auguste (Alexandre Sévère, 30), où il est question de deux laraires dans le palais d’Alexandre Sévère, dont l’un était plus grand que l’autre (lararium maius), que Rosa identifiait avec une salle située en façade du palais de Domitien.

(7) TABLINUM / VEL / AUGUSTALE SOLIUM / CESAREANI (sic) PALATII / Salle du Trone

26La dénomination provient d’un passage de la Chronique de Cassino (viiie s.), cité par Nardini, Nibby 1819, p. 180, n. 1, et par Nibby 1838, p. 459, et qui concerne le couronnement de l’empereur Héraclius (in solio caesareani Palatii a senatoribus positus et diademate redimitus Monocrator constitutus est). Le recours à cette référence incongrue a été sévèrement critiqué par l’historien allemand F. Gregorovius (Héraclius a été couronné à Constantinople le 5 octobre 610 !), qui demanda à Rosa de la retirer du panneau explicatif placé in situ (Tomei 1999, p. 456 et n. 26).

(8) BASILICA IOVIS / Tribunal

27Dénomination mentionnée par Nardini, Nibby 1819, p. 196, qui cite les Atti di S. Lorenzo.

(9) PERISTILIUM (sic) / APPELLATUM / SICILIA / Grande Cour / Entourne (sic) / des portiques

28Le nom de Sicilia était donné à un espace proche de la Iovis cenatio, où Pertinax aurait été assassiné, selon l’Histoire Auguste (Pertinax, XI, 6) [50], passage cité par Nardini, Nibby 1819, p. 176.

(10) TUM AD

29Ces deux mots, inscrits dans un cartouche rectangulaire, font partie d’une longue phrase de Tacite que Rosa a transcrite en cercle, tout autour de sa Roma Quadrata.

(11) TRICLINIUM / IOVIS CENATIO / APPELLATUM / Salle / pour / les grands diners

30D’après l’Histoire Auguste (Pertinax, XI, 6), citée par Nardini, Nibby 1819, p. 176.

(12) NYMPHAEUM / FONS

31Dénominations dues à Rosa, sans référence textuelle : il appelle nymphaeum l’ensemble du monument et fons le bassin central rempli d’eau.

(13) PORTICUS / Aedeficiis (sic) aevi liberae Rei publicae / superstructa

32Dénomination due à Rosa, sans référence textuelle.

(14) BIBLIOTHECA

33Nardini, Nibby 1819, p. 183‑185, citent les sources antiques sur les bibliothèques construites par Auguste au Palatin.

(15) ACADEMIA

34Dénomination due à Rosa, sans référence textuelle.

Deuxième section

(1) AREA IOVIS VICTORIS AEDES / IOVIS VICTORIS

35Il s’agit en réalité du temple d’Apollon Palatin. L’erreur de Rosa est liée à la localisation erronée du temple d’Apollon Palatin par Nibby 1838. Pour Jupiter Victor, Rosa s’appuyait sur Nardini, Nibby 1819, p. 191 (citant Ovide, Fasti, IV, 619, en réalité 620‑621), Nibby 1838, p. 390 (citant Tite Live, X, 29). Auparavant, dans son plan antérieur à 1865, conservé à l’Institut de France (fig. 2), alors que la fouille du temple était seulement en cours, Rosa identifiait ici le temple de Jupiter Propugnator.

(2) ROMA QUADRATA / ET AD SUPERCILIUM SCALARUM CACI / HABET TERMINUM / UBI TUGURIUM FUIT FAUSTULI / IBI ROMULUS MANSITAVIT / Solin.

36Le passage de Solin (De mirabilibus mundi, I, 4‑5 : dictaque est primum Roma Quadrata, quod ad aequilibrium foret posita. Ea incipit a silua, quae est in area Apollinis, et ad supercilium scalarum Caci habet terminum, ubi tugurium fuit Faustuli. Ibi Romulus mansitauit, « Rome fut d’abord appelée Quadrata, parce qu’elle présentait la figure d’un carré. Elle commence à la forêt qui avoisine le temple d’Apollon, et se termine au sommet des échelles de Cacus, où fut la cabane de Faustulus. C’est là qu’habitait Romulus »), que Rosa reproduit incomplètement, est cité par Nardini, Nibby 1819, p. 156‑158, par Nibby 1838, p. 380‑381, et par Canina 1848‑1856, III, p. 161 n. 7.

(3) AUGURATORIUM

37Les sources sont citées par Nardini, Nibby 1819, p. 177, Nibby 1838, p. 386‑387.

(4) COLLEGIUM / IOVIS · PROPUGNATORIS

38Nibby 1838, p. 451, cite une inscription du temps de l’empereur Commode, qui mentionne quelques personnes cooptées dans le temple de Jupiter Propugnator au Palatin après le décès de plusieurs membres d’un collège que Nibby suppose être celui des Salii Palatini.

(5) DOMUS · PATERNA / TIBERII · CAESARIS / QUAM · CUM · LIVIA · UXORE · DEIN · AUGUSTI / HABITAVIT · TIBERIUS · PATER / MAGNI · VIR · ANIMI · DOCTISSIMIQUE · INGENII / Svet. Tib. V Vell. II, 75.

39Il s’agit, selon Rosa, de la « maison paternelle de Tibère Caesar, que Tibère père habita avec Livie, devenue par la suite épouse d’Auguste ». Les derniers mots, sur le caractère du père de Tibère, sont dus à Velleius Paterculus, II, 75, 1, cité sur le plan en même temps que Suétone, Tib., V. Il s’agit de la découverte la plus spectaculaire de Rosa, qu’il identifiera plus tard comme la maison de Livie. Sur la maison paternelle de Tibère : Nibby 1838, p. 407 et 432.

Troisième section

(1) AREA / PALATINA / Aul. Gell. Noct. Attic. XX. 1.

40Passage cité par Nardini, Nibby 1819, p. 175, où Aulu Gelle rapporte une conversation entre le jurisconsulte Sex. Caecilius et le philosophe Favorinus inarea Palatina, dans l’attente de la salutation de l’empereur.

(2) DOMUS TIBERIANA

41Nardini, Nibby 1819, p. 164‑165, Nibby 1838, p. 432‑434.

PISCINA

42Bassin ovale découvert par Rosa dans l’angle nord‑est de la domus Tiberiana, dominant la maison de Livie.

(3) PALATIUM / IN QUO / REX EVANDRUS ROMANAE CONDITOR ARCIS / PAUPEREM SEDEM HABUIT / UBI / ET FAUSTULI TUGURIUM FUIT / PRIMUM A ROMULO MUNITUM / ROMA QUADRATA / APPELLATUM EST / Varro Ling. Lat. V, 53. Liv. I. 7, Sol.

43Varron parle de l’arrivée de Grèce du roi Évandre (De lingua Latina, V, 21 et non 53), mais c’est surtout le passage de Solin (1, 4‑5), reproduit par Rosa sur le même plan, à proximité de son Auguratorium (voir notre deuxième section, no 2), qui est cité ici sous une forme résumée.

(4) ERAT DOMUS CLODI / ANTE PAUCOS MENSES EMPTA / DE MARCO SCAURO / IN PALATIO

44Voir Nardini, Nibby 1819, p. 201‑202, Canina 1845, p. 101, et surtout Nibby 1838, p. 406, qui cite ce passage d’Asconius, extrait de son commentaire au Pro Milone de Cicéron.

Quatrième section

(1) AREA APOLLINIS

45Nardini, Nibby 1819 étudient cette aire sacrée fondée par Auguste dans leur chapitre XIV. Nibby 1838, p. 427, proposait de localiser l’area Apollinis dans la zone « touchant au côté occidental de la partie postérieure de la maison d’Auguste lui‑même », c’est‑à‑dire à l’endroit où Canina la plaçait, à l’intérieur du grand péristyle du palais de Domitien, comme le montre le plan du Palatin publié dans son Architettura antica : descritta e dimostrata coi monumenti dall’architetto cav. Luigi Canina, Rome, 1834, pl. XIII. Plus récemment, Canina avait identifié le temple d’Apollon Palatin sur un fragment de la Forma Urbis représentant en réalité le temple A de l’area sacra du Largo Argentina (Canina 1848‑1856, III, p. 177, IV, pl. CCCIII). Rosa n’a pas trouvé de temple dans cette zone, mais le péristyle des aedes publicae du palais de Domitien, et a déplacé l’area Apollinis vers le nord‑ouest.

(2) VELIA

46Nibby 1838, p. 373 : « La punta rivolta a settentrione ».

Propriété des Barberini

47Il s’agit de la vigna Barberini.

(3) ROMA QUADRATA / EA INCIPIT A SILVA QUAE EST / IN AREA APOLLINIS

48Nous avons reproduit le passage de Solin, De mirabilibus mundi, I, 4‑5, ici cité, dans notre deuxième section, no 2.

(4) M. ATTILIUS REGULUS / IN EAQUE PUGNA SAMNITA (sic) / IOVIS STATORIS AEDEM / VOTAM / UT ROMULUS ANTE VOVERAT / Liv. I. 36.

49Erreur de référence (Tite Live, I, 36 au lieu de X, 38, 15). Nibby 1838 , p. 384.

(5) MURI ROMULI URBIS

PORTA / MUGONIA / A ROMULO / INSTITUTA

50D’après un passage de Festus, cité et commenté par Canina 1845, p. 20 et n. 6, qui situait la porta Mugonia à l’angle septentrional du Palatin, alors que Nibby 1838, p. 385, proposait de la situer entre les églises de S. Teodoro et S. Anastasia, sur le flanc nord‑ouest de la colline. Rosa s’est fondé sur sa découverte fondamentale de l’Intermontium du Palatin, pour distinguer les deux hauteurs de la colline, la partie nord‑ouest où il situait la Roma Quadrata, et la partie sud‑est qu’il identifiait à la Velia. Selon Rosa, la porta Mugonia, un des trois accès à la Roma Quadrata, était située le long de la via nova, selon lui une dérivation de la via sacra permettant d’accéder au Palatin, et qui passait entre les deux hauteurs de la colline. Les vestiges antiques situés à la hauteur de l’arc de Domitien étaient interprétés par Rosa comme ceux du temple de Jupiter Stator (Tomei 1999, p. 84‑87).

(6) TARQUINIUS PRISCUS HABITAVIT / AD MUGONIAM PORTAM / SUPRA SUMMAM NOVAM VIAM Solinus.

51Le passage de Solin, I, 5, est cité et commenté par Nibby 1838, p. 385 (qui donne la référence erronée Solin, I, 24), et par Canina 1845, p. 20 et n. 7, et p. 34 et n. 12.

(7) AEDES IOVIS STATORIS

52Ce temple, dont le uotum était attribué par la tradition à Romulus et fut renouvelé par M. Attilius Regulus, était situé par Canina 1845, p. 240‑241 et 246‑247, dans l’angle septentrional de la colline, dominant le forum, au‑dessus du temple des Castores, tandis que Rosa admet la localisation proposée par Nibby 1838, p. 383‑385, à l’est de la via qui monte du forum en direction du palais de Domitien, à la hauteur de la section identifiée comme « summa nova via » [51].

(8) SUB –––– VELIA

53Nibby 1838, p. 373.

(9) SUMMA / SACRA VIA

54Nibby 1838, p. 131, et 726‑727, et Canina 1845, p. 18, 20, 36, 42, 45, 90, et 237‑250, citaient quelques passages d’auteurs antiques à propos de la via sacra. La localisation de la summa sacra via à la hauteur de l’arc de Titus, aujourd’hui abandonnée, a été proposée par Canina 1845, p. 90, et a été admise par Rosa.

ARCUS TITI

55Rue S. Bonaventure.

(10) INDE PETENS DEXTRAM PORTA EST AIT ISTA PALATII / HIC STATOR HOC PRIMUM CONDITA ROMA LOCO EST / Ovid. Trist. / III.1.

56Ce passage d’Ovide, Trist., III, 1, 32‑33 (« Puis, prenant à droite : “Voilà, dit‑il, la porte du Palatin, voilà Stator, c’est ici que Rome a été fondée” »), est cité et commenté par Nardini, Nibby 1819, p. 154‑155, par Nibby 1838, p. 385 et 412, et par Canina 1845, p. 103 et n. 115, p. 150 et n. 79, p. 247 et n. 26.

(11) Entrée Principal (sic)

57Il s’agit de l’entrée des jardins Farnèse. Un « e » a été ajouté au crayon à « Principal ».

(12) Jardins Inferieurs (sic)

58Partie inférieure des jardins Farnèse.

(13) DOMUS CICERONIS / TOLLAM ALTIUS TECTUM / NON UT EGO TE DESPICIAM / SED NE TU ADSPICIAS URBEM EAM / QUAM DELERE VOLUISTI / Cic. de Arusp.

59Ce passage de Cicéron, De haruspicum responsis, 33 (« Je surélèverai mon toit, non pour te regarder de haut, mais pour t’empêcher de voir la ville que tu as voulu détruire »), est cité et commenté par Nardini, Nibby 1819, p. 199‑201, par Nibby 1838, p. 402, et par Canina 1845, p. 101‑102 et n. 112.

(14) QUUM CLAMOR IMPETUSQUE MULTITUDINIS / VIX SUSTINERI POSSET EX SUPERIORE / PARTE AEDIUM PER FENESTRAS / IN NOVAM VIAM VERSAS / HABITABAT ENIM REX / AD IOVIS STATORIS / POPULUM TANAQUIL ALLOQUITUR / Liv. I.41.

60Ce passage de Tite Live, I, 41, 4 (« Comme les hurlements et les mouvements de la foule pouvaient à peine être contenus, du haut du palais, à une fenêtre élevée qui dominait la rue Neuve [car le roi habitait près du temple de Jupiter Stator], Tanaquil harangue le peuple ») est cité par Nardini, Nibby 1819, p. 154 (d’après Tite Live, I, 16 !), Nibby 1838, p. 385 et 388, Canina 1845, p. 20 et n. 7, 34 et n. 13, 241 et n. 12, 245 et n. 20, 247 et n. 27.

(15) ANCUM IN PALATIO / AD PORTAM MUGIONIS / SECUNDUM VIAM SUB SINISTRA / UBI / AEDES LARIUM (sic) EST / Varro. et Solin.

61Rosa a combiné deux passages, un de Solin, 1, 5, et un de Varron, d’après Nonius, XII, 51, cités par Canina 1845, p. 245, n. 20 et 21 (qui ne commet pas l’erreur de Rosa : Larium au lieu de Larum).

(16) CLIVUS VICTORIAE

62Un fragment du plan en marbre de Rome (Forma Urbis Severiana), cité par Nibby 1838, p. 379, a longtemps été attribué au Palatin, mais il concerne en fait une rue du Caelius, comme l’a montré G. Gatti (G. Carettoni, A. M. Colini, L. Cozza, G. Gatti, La pianta marmorea di Roma antica, Rome, 1960, p. 109‑111, 213, pl. 14, 33), suivi par E. Rodríguez‑Almeida (Forma Urbis Marmorea. Aggiornamento Generale, Rome, 1980, p. 65‑69, pl. 3) et T. P. Wiseman (E. M. Steinby [éd.], Lexicon Topographicum Urbis Romae I, s.v. « Clivus Victoriae [Caelius] », Rome, 1993, p. 287). Par contre, le clivus Victoriae du Palatin est cité par Festus (p. 318 L), à propos de la construction de la porta Romana par Romulus (voir no suivant).

(17) INFIMUS CLIVUS VICTORIAE

63L’indication topographique est citée par Festus (p. 318 L : Sed porta Romana instituta est a Romulo infimo clivo Victoriae).

Museum

64Le premier musée du Palatin, qu’il avait lui‑même fondé à l’intérieur de la domus Tiberiana, dans une construction des jardins Farnèse le long du clivus Victoriae, pour abriter ses découvertes et qui était orné d’un buste de Napoléon III. R. Lanciani fit détruire ce local pendant ses fouilles au forum (1882‑1884), et, après un inventaire minutieux, dispersa les collections dans divers lieux de dépôt [52]. L’unique salle du musée est connue par de rares photographies (supra, fig. 1).

(18) CLOELIAE STATUA / POSITA CONTRA IOVIS STATORIS AEDEM / IN VESTIBULO SUPERBI DOMO / Plin. Hist. Nat. / XXX.IV. (sic) 29.

65Le passage de Pline est tronqué : Pline parle du vestibule du palais de Tarquin à propos d’une autre tradition, qui identifiait la statue équestre en bronze comme celle de Valeria, la fille du consul Publicola. Nibby 1838, p. 726‑727, cite quelques références à propos de la statue de Cloelia (Tite Live, 2, 13 ; Denys d’Halicarnasse, Ant., 5, 25 ; Sénèque, Consol. ad Marciam,16 ; Servius, ad Aen., 8, 651), mais pas celui de Pline, et insiste sur sa localisation in summa sacra via. Mais le passage de Pline est cité par Canina 1845, p. 35 et n. 16, en plus des références citées par Nibby.

(19) Chapelle St. Sebastien

(20) UT HOSTIUS CECIDIT CONFESTIM ROMANA INCLINATUR ACIES / FUSAQUE EST / AD VETEREM PORTAM PALATII / ROMULUS ARMA AD COELUM TOLLENS JUPITER …... INQUIT / HIC EGO TIBI TEMPLUM STATORI JOVI / QUOD MONUMENTUM SIT POSTERIS TUA PRESENTI / OPE SERBATAM URBEM ESSE VOVEO Liv. I.12.

66Le début de ce passage très tronqué de Tite Live, qui localise le temple de Jupiter Stator, « voué » selon la tradition par Romulus, à proximité de la vetus porta Palatii, est cité et commenté par Canina 1845, p. 21 et n. 8, p. 246 et n. 24.

(21) SUMMA / NOVA VIA

67La recherche moderne a proposé des hypothèses contradictoires à propos de la localisation de la summa nova via, mais Giuseppe Morganti et Maria Antonietta Tomei (MEFRA, 103, 1991, p. 551‑574) ont suggéré de réévaluer les propositions de Rosa pour clarifier le problème.

(22) CALIGULA / PARTEM PALATII / AD FOPUM (sic) USQUE PROMOVIT / Svet.

68Cette phrase de Suétone, Caligula, 22, est citée par Nibby 1838, p. 437, et Canina 1845, p. 158 et n. 92.

(23) JULIUS CAESAR / HABITAVIT PRIMO IN SUBURA MODICIS AEDIBUS / POST AUTEM PONTIFICATUM MAXIMUM / IN SACRA VIA DOMO PUBLICA / Svet. 46.

69La localisation de la domus publica sur le plan de Rosa est fantaisiste. Son emplacement, d’après les sources, était solidaire de celui du temple de Vesta et de l’atrium Vestae, et Rosa situe en conséquence la domus publica à proximité de l’église de S. Maria Liberatrice, construite, selon lui, à l’emplacement de l’aedes Vestae (voir cinquième section, no 9).

(24) CEROLIENSIS

70Ce lieu‑dit, indiqué par Rosa dans l’angle du plan, est situé par Varron (De Lingua Latina, V, 47) entre le Caelius et les Carènes. Canina 1845 (p. 42 et n. 38) cite le passage ainsi : Ceroliensis (orthographe retenue par G. Goetz et F. Schoell, M. Terentii Varronis De lingua Latina quae supersunt, Leipzig, 1910, p. 31, au lieu de Caeriolensis, orthographe restituée par P. Collart, De Lingua Latina, livre V, Paris, 1954, p. 30) a Carinarum iunctu dictus (sans ponctuation) Carinae, postea Cerolia, quod hinc oritur caput Sacrae viae ab Streniae sacello.

Cinquième section

(1) CIRCUS MAXIMUS

(2) MURI / ROMULI URBIS

(3) GERMALUS A GERMANIS ROMULUS ET REMUS (sic) / QUOD AD FICUM RUMINALEM IBI INVENTI / QUO AQUA IBERNA TIBERIS EOS DETULERAT IN ALVEOLO EXPOSITOS / Varr. Ling. Lat. V, 54.

71Il s’agit d’un passage de Varron, De lingua Latina, V, 54, cité de façon approximative par Rosa (« Romulus et Remus » au lieu de « Romulo et Remo »). Cité et commenté par Nardini, Nibby 1819, p. 152 (avec une référence incorrecte : De l. L. 4, 8 !), Nibby 1838, p. 373, Canina 1845, p. 25 et n. 17, p. 255‑256 et n. 45.

(4) FORUM BOARIUM

(5) Tacit. Annal. XII.24 / <ET QUOD POMERIUM ROMULUS POSUERIT / IGITUR A FORO BOARIO / UBI AEREUM TAURI SIMULACRUM ASPICIMUS> <QUIA IN GENUS ANIMALIUM ARATRO SUBDITUR SULCUS DESIGNANDI OPPIDI COEPTUS> <UT / MAGNAM HERCULIS ARAM / AMPLECTERETUR> <INDE CERTIS SPATIIS INTERIECTI LAPIDES PER IMA MONTIS PALATINI> / Tacit. Annal. XII.24 / <AD ARAM CONSI> <MOX AD> <CURIAS VETERES> / <TUM AD> <SACELLUM LARUNDAE> < FORUMQUE ROMANUM>

72La phrase de Tacite (Ann., XII, 24) suit le parcours de la limite (pomerium) qui entoure la Roma Quadrata, telle que l’imaginait Rosa. La phrase commence dans la zone du Germalus, puis tourne en interceptant régulièrement des structures identifiées comme faisant partie de la muraille de Romulus. La fin de la phrase se trouve sur le parcours d’une ligne qui côtoie le palais de Domitien (« tum ad » : dans un cartouche à l’intérieur du grand péristyle, « sacellum Larundae » : dans un cartouche situé à la limite des jardins Farnèse inférieurs, à côté de l’inscription mentionnant Tanaquil, « forumque romanum » : dans un cartouche situé à l’angle opposé près de l’inscription mentionnant le palais de Caligula).

(6) PORTA ROMANA / INSTITUTA EST A ROMULO / INFIMO CLIVO VICTORIAE / Fest.

73Ce passage de Festus (p. 318 L), que nous avons cité plus haut (quatrième section, no 17), est cité et commenté par Nardini, Nibby 1819, p. 153, par Nibby 1838, p. 379, et par Canina 1845, p. 20 et n. 6, p. 62 et n. 9, p. 198 et n. 155, p. 242‑244 et n. 15.

(7) OTHO / PER TIBERIANAM DOMUM IN VELABRO (sic) / INDE AD MILIARIUM AUREUM / SUB AEDEM SATURNI PERGIT / Tacit.

74Passage de Tacite, Hist., I, 27, avec une erreur (« in Velabro » au lieu de « in Velabrum »), cité sans erreur et commenté par Canina 1845, p. 49 et n. 53, p. 151 et n. 82, p. 347 et n. 103.

(8) CALIGULA / PONTE TRANSMISSO / PALATIUM CAPITOLIUMQUE / CONIUXIT / Svet.

75Passage de Suétone, Caligula, 22, cité et commenté par Nardini, Nibby 1819, p. 167‑168, et par Canina 1845, p. 159 et n. 93, et p. 438 et n. 86.

(9) AEDES VESTAE / Eglise de Ste. Marie Liberatrice (sic)

76L’église de S. Maria Liberatrice se trouvait sur l’église paléochrétienne de S. Maria Antiqua et fut démolie en 1900. Canina 1845, p. 39 et n. 29, pensait que cette église était seulement « qualche parte di fabbricato che era stato concesso alle Vestali », et qu’il pourrait s’agir, selon lui, de l’atrium Vestae mentionné par Servius (ad Aen., VII, 153). Pour Canina 1845, p. 38, le temple de Vesta, dont la forme circulaire est connue par des textes et des images, se trouvait sous l’église circulaire de S. Teodoro, qui se trouve en fait dans l’ancien quartier du Vélabre.

(10) LUCUS VESTAE QUI A PALATII / RADICE IN NOVAM VIAM / DEVEXUS EST

77Ce passage de Cicéron, De divinatione, I, 101, est cité et commenté par Canina 1845, p. 39 et n. 29.

Bibliographie

Bibliographie

  • Canina 1845 L. Canina, Esposizione storica e topografica del Foro romano e sue adiacenze, del cav. Luigi Canina, consigliere della Commissione Generale di Antichità e Belle Arti. Ed. seconda ampliata e corredata di XIV grandi tavole, Rome.
  • Canina 1848‑1856 L. Canina, Gli edifizj di Roma antica cogniti per alcune reliquie, Rome.
  • Nardini, Nibby 1819 F. Nardini, éd. et compl. A. Nibby, Roma antica di Famiano Nardini. Edizione quarta romana, riscontrata ed accresciuta delle ultime scoperte, con note ed osservazioni critico antiquarie di Antonio Nibby, membro ordinario dell’Accademia Romana di Archeologia e con disegni rappresentanti la faccia attuale dell’antica topografia di Antonio de Romanis, membro della stessa Accademia, Tome III, Rome.
  • Nibby 1838 A. Nibby, Roma nell’anno 1838 descritta da Antonio Nibby : Parte 1. Antica, Rome.
  • Rosa 1865 P. Rosa, « Scavi del Palatino », Annali dell’Instituto di Corrispondenza Archeologica, p. 346‑367.
  • Tomei 1999 M. A. Tomei, Scavi francesi sul Palatino. Le indagini di Pietro Rosa per Napoleone III (1861‑1870) [Roma antica, 5], Rome, École française de Rome, Soprintendenza archeologica di Roma.

Mots-clés éditeurs : Pietro Rosa, Palais des Césars, Palatin, Jardins Farnèse, Napoléon III

Mise en ligne 18/02/2020

https://doi.org/10.3917/arch.192.0269

Notes

  • [1]
    L. Renier, G. Perrot, « Les peintures du Palatin. La Maison de Livie », RA, XXI, Janvier à Juin 1870, p. 212, (I) p. 326‑331, et (II) p. 387‑395 ; RA, XXII, Juillet à Décembre 1870, (III) p. 47‑53, (IV) p. 152‑158, et (V) p. 193‑202.
  • [2]
    Je dois exprimer ici ma reconnaissance aux personnes qui m’ont aidée dans cette recherche : M. É. Anceau, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université Paris‑Sorbonne et à Sciences‑Po Paris, auteur d’un livre sur Napoléon III, Mme E. Brugerolles, directeur d’études à l’École pratique des hautes‑études, conservatrice responsable des dessins de maître à l’ENSBA, Mme H. Chew, conservateur en chef chargée des collections gallo‑romaines au musée d’Archéologie nationale de Saint‑Germain‑en‑Laye, M. M. Desti, conservateur du patrimoine, palais impérial de Compiègne, M. F. Fossier, professeur émérite d’histoire de l’art contemporain à l’université Louis Lumière – Lyon II, Mme C. Granger, chargée de conférences à l’École pratique des hautes‑études, auteur d’une thèse sur L’Empereur et les arts : la liste civile de Napoléon III, Mme C. Hoffmann, conservateur en chef au département des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale de France, Mme C. Mengin, conseillère scientifique pour l’histoire de l’architecture à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), M. P. Pinon, professeur émérite à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris‑Belleville, M. D. Roger, alors conservateur en chef au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines au musée du Louvre, M. G. Sauron, alors professeur d’archéologie romaine à Paris‑Sorbonne, M. E. Starcky, directeur des musées nationaux du domaine des châteaux de Compiègne et Blérancourt, Mme A. Thomine‑Berrada, conservateur au musée d’Orsay.
  • [3]
    S. Bruni, A. Fraschetti, « Nuovi Documenti per la storia degli Orti farnesiani nell’Ottocento », Gli Orti farnesiani sul Palatino, Rome, École française de Rome, Soprintendenza archeologica di Roma, 1990, p. 225‑241.
  • [4]
    F. Gaultier, L. Haumesser, A.Trofimova (dir.), Un rêve d’Italie : la collection du marquis Campana, cat. expo. (Musée du Louvre du 8 novembre 2018 au 18 février 2019), Paris, Musée du Louvre éditions / Liénart, 2018, p. 527‑551.
  • [5]
    Tomei 1999, p. 21‑51.
  • [6]
    Tomei 1999, p. XIII.
  • [7]
    E. Gatti, « Il ritrovamento della carta archeologica del Lazio di Pietro Rosa », BCAR, 82, 1970‑1971, p. 143‑145.
  • [8]
    Tomei 1999, p. IX.
  • [9]
    P. Rosa, Sulle scoperte archeologiche della città e provincia di Roma negli anni 1871/72 : relazione presentata a S. E. il Ministro di Pubblica Istruzione dalla R. Sopraintendenza degli scavi della provincia di Roma, Rome, 1873.
  • [10]
    A. Carandini,Le case del potere nell’antica Roma, Rome, 2010.
  • [11]
    F. Coarelli, Palatium. Il Palatino dalle origini all’impero, Rome, 2012.
  • [12]
    P. Carafa, D. Bruno, « Il Palatino messo a punto », ArchCl, 64, 2013, p. 719‑785.
  • [13]
    P. Pensabene, E. Gallocchio, « Contributo alla discussione sul complesso augusteo palatino », ArchCl, 62, 2011, p. 475‑482 ; « Alcuni interrogativi sul complesso augusteo palatino », ArchCl, 64, 2013, p. 557‑582 ; « Neue Forschungen zum augusteischen Komplex auf dem Palatin », M. Flecker, S. Krmnicek, J. Lipps, R. Posamentir, T. Schäfer (éd.), Augustus ist tot – Lang lebe der Kaiser!Internationales Kolloquium anlässlich des 2000. Todesjahres des römischen Kaisers vom 20.–22. November 2014 in Tübingen, Rahden, 2017, Marie Leidorf, p. 157‑202.
  • [14]
    G. Pinza, « Il tempio di Apollo Palatino », BCAR, 38, 1910, p. 3‑41; O. L. Richmond, « The Augustan Palatium », JRS, 4, 1914, p. 193‑226 ; G. Lugli, « Le temple d’Apollon et les édifices d’Auguste sur le Palatin », CRAI, 94, 1950, p. 276‑285.
  • [15]
    Nardini, Nibby 1819 ; Nibby 1838 ; Canina 1845 ; Canina 1848‑1856.
  • [16]
    Tomei 1999, p. 54‑57.
  • [17]
    D. Diderot, J. d’Alembert (éd.), Encyclopédie,ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, VIII, Paris, 1766, s.v. « Intermontium », p. 831‑832.
  • [18]
    Nibby 1838, p. 12. Lapo (Jacopo) Birago était un philologue toscan, qui avait traduit en latin Denys d’Halicarnasse à partir de deux manuscrits que lui avait confiés le pape Paul II. La première édition de sa traduction a été publiée à Trévise en 1480 : Biografia antica e moderna, Supplemento, III, Venise, 1838, s.v. « Birago (Lapo) », p. 73‑75.
  • [19]
    Promenades dans Rome, I, Paris, Michel Lévy frères, 1853 (première éd. 1828), p. 185‑186 (28 décembre 1827).
  • [20]
    Rosa 1865, p. 346‑367.
  • [21]
    I. Iacopi, G. Tedone, « Bibliotheca e porticus ad Apollinis », RM, CXII, 2006, p. 351‑375.
  • [22]
    Tomei 1999, p. 141.
  • [23]
    Tomei 1999, p. 67‑68.
  • [24]
    Tomei 1999, p. 80.
  • [25]
    Tomei 1999, p. 83‑97.
  • [26]
    Tomei 1999, p. 98.
  • [27]
    Tomei 1999, p. 109‑121.
  • [28]
    Tomei 1999, p. 363‑440.
  • [29]
    G. Lugli, Roma antica: il centro monumentale, Rome, 1946, p. 458‑468 ; La tecnica edilizia romana, con particolare riguardo a Roma e Lazio, Rome, 1957, pl. CCCIII, 3 ; Itinerario di Roma antica, Rome, 1975, p. 165‑179. Les considérations sur la maçonnerie romaine sont aujourd’hui dépassées et les datations méritent donc d’être partiellement révisées.
  • [30]
    G. Carettoni, « ROMA (Palatino). – Saggi per uno studio topografico della casa di Livia », NSc, 1953, p. 126‑147 ; « ROMA (Palatino). – Saggi nell’interno della casa di Livia », NSc, 1957, p. 72‑119.
  • [31]
    Tomei 1999, p. 369‑372.
  • [32]
    Tomei 1999, p. 382 et fig. 283 (croquis), et p. 401 et fig. 299 (photographie de l’aquarelle).
  • [33]
    L. Renier, « Les peintures du Palatin. I.‑ La maison de Livie », RA, XXI, Janvier à Juin 1870, p. 326‑331, en part. p. 328‑331.
  • [34]
    Supra n. 21.
  • [35]
    E. La Rocca, « Gli affreschi della casa di Augusto e della villa della Farnesina : una revisione cronologica », E. LaRocca, P. León, C. Parisi Presicce (éd.), Le due patrie acquisite. Studi di archeologia dedicati a Walter Trillmich, (BCAR Suppl., 18), Rome, 2008, p. 223‑242.
  • [36]
    G. Sauron, Dans l’intimité des maîtres du monde. Les décors privés des Romains, Paris, Picard, 2009, p. 138‑148.
  • [37]
    G. Sauron, « Choix de vie et choix de décor. Auguste et Livie au Palatin en 36 a. n.è. », V. Gasparini (éd.), Vestigia. Miscellanea di studi storico‑religiosi in onore di Filippo Coarelli nel suo 80° anniversario (Potsdamer Altertumswissenschaftliche Beiträge, 55), Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2016, p. 591‑602.
  • [38]
    F. Spina, Gli scavi al Palazzo dei Cesari sul Palatino in Roma. Pianta e vedute fotografiche, Roma, s. d.
  • [39]
    F. Wey, Rome, description et souvenirs, Paris, 1872, p. 381‑395. De nombreuses éditions ont suivi.
  • [40]
    Rosa 1865 ; Tomei 1999, p. 460.
  • [41]
    Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, 1869 (Besançon, 1870), Séance du 18 juin 1869, p. 389.
  • [42]
    Tomei 1999, p. 462.
  • [43]
    Tomei 1999, p. XXVI et n. 6.
  • [44]
    Tomei 1999, p. 244‑246 et fig. 165‑166 (photos d’archive prises in situ). Il s’agit de compositions associant la peinture et le stuc, telles qu’on en voit sur certaines parois de la Domus aurea de Néron, avec des paysages (temple, villa), des personnages isolés en relief, et surtout des scènes de genre mettant en scène un adulte et un enfant, au sein de scènes cultuelles.
  • [45]
    Je remercie madame Hélène Chew, conservateur en chef au musée d’Archéologie nationale, qui a bien voulu me communiquer ces informations tirées des archives du musée.
  • [46]
    C. F. Giuliani, Archeologia oggi. Lafantasia al potere (Quaderni di Archeologia e di Cultura Classica, 2), Tivoli, 2012.
  • [47]
    F. C. Uginet (éd.), Roma antiqua. Envois des architectes français (1788‑1824). Forum, Colisée, Palatin [catalogue de l’exposition Paris‑Rome, 1985], Rome, 1985, no 167, p. 342‑343 (Manuel Royo).
  • [48]
    V. Torrisi, « Un manoscritto inedito di Pietro Rosa su Villa Adriana a Parigi », ArchCl, LXVII, n.s. II, 6, 2016, p. 787‑810.
  • [49]
    L. Cozza, « Adonaea nella Pianta marmorea severiana », AnalRom, XIX, 1990, p. 233‑237 ; C. Cecamore, « Faustinae aedemque decernerent (SHA, Marcus, 26). Les fragments 69‑70 de la Forma Urbis et la première dédicace du temple de la Vigna Barberini », MEFRA, 111, 1999, p. 311‑349, en part. p. 312‑313, 340.
  • [50]
    M. A. Tomei, « Nota sui giardini antichi del Palatino », MEFRA, 104, 1992, p. 917‑951, en part. p. 929.
  • [51]
    Les sources utilisées par Rosa sont étudiées par M. A. Tomei, « Sul Tempio di Giove Statore al Palatino », MEFRA, 105, 1993, p. 621‑659.
  • [52]
    Tomei 1999, ch. X, p. 443‑457.
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