Notes
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[1]
Sur le projet, voir http://reanalyse.hypotheses.org/projet-anr. Voir aussi le numéro 21 des hors-séries de Recherches qualitatives à paraître en 2017 : « La réanalyse des enquêtes qualitatives à l’épreuve de l’expérimentation ».
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[2]
Nous avons évoqué l’idée de mettre en ligne ces documents mais l’impossibilité de les anonymiser sans leur ôter toute utilité nous a convaincus d’en réserver l’accès aux collègues qui nous en feront la demande en explicitant leur projet. Finalement, cela revient à mettre en place les mêmes principes que ceux que nous voulions instaurer dans beQuali : inscrire le partage des données dans une relation de confiance entre collègues et favoriser la relation la plus directe possible entre producteur/rice.s et utilisateur/rice.s des enquêtes.
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[3]
Afin de dépersonnaliser l’analyse, il a été convenu avec les responsables du numéro de désigner tous les acteurs de ce projet par leur fonction et de les mettre tous au masculin. Cela nous interdit d’aborder les effets de genre qui auraient pu constituer un angle d’approche supplémentaire, également heuristique, de ce travail.
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[4]
Les actes du colloque sont disponibles à http://reanalyse.hypotheses.org/colloque-analyse-secondaire-2005.
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[5]
Le CDSP est une unité de services sous la double tutelle du CNRS et de Sciences Po, chargée de l’archivage des enquêtes quantitatives de science politique.
- [6]
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[7]
En effet, dès 1996, l’agence nationale de financement britannique ESRC (Economic and Social Research Council) est venue en soutien de Qualidata en conditionnant l’octroi de contrats de recherche à l’engagement de déposer les données ainsi financées. Cette politique contraignante sera rapidement complétée par une politique incitatrice, à savoir des appels à projets dédiés à l’analyse secondaire des enquêtes archivées par Qualidata et/ou d’autres institutions publiques.
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[8]
Étude entamée grâce à un financement proposé par l’infrastructure nationale alors chargée d’aider à la numérisation des données de sciences humaines et sociales, ADONIS.
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[9]
Pour une présentation du paysage de financement de la recherche en France, à la fois très complexe et très mouvant, et de toutes les institutions créées au cours des deux dernières décennies, voir Heraud et Lachmann (2015).
- [10]
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[11]
L’expérience de Qualidata avait prouvé la difficulté d’impliquer les chercheurs dans l’opération ; il semblait donc impensable que beQuali puisse faire payer ses services et devenir autosuffisante. À l’inverse, le panel devait à terme pouvoir vendre ses enquêtes.
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[12]
Ici on désignera par beQuali l’ensemble du projet de construction de la banque d’enquêtes et les gens qui y ont collaboré, de près ou de loin, tandis que DIME-Quali renverra plus précisément à la petite équipe de permanents, membres du CDSP, financés par Sciences Po et DIME-SHS.
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[13]
http://www.dartstatement.org/#!blank/c22sl, dernière consultation le 05 nov 2016.
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[14]
https://dialogueondart.org/, dernière consultation le 05 nov 2016.
-
[15]
Le consortium Archipolis, originellement intitulé Archives des sciences sociales du politique, vient s’ajouter à Réanalyse et Dime-SHS pour compléter le dispositif de financement de beQuali. D’abord destiné à construire un inventaire national des enquêtes qualitatives dont les données n’ont pas disparu, il s’oriente pendant un temps vers l’auto-archivage : cf. http://humanum.hypotheses.org/147, dernière consultation le 5 nov 2016. Cette nouvelle orientation découle également du fait qu’une des premières enquêtes archivée par beQuali l’a été parallèlement à la publication des résultats et vient donc nourrir l’agenda de la transparence. Cf. Journal du CNRS : https://lejournal.cnrs.fr/sites/default/files/numeros_papier/jdc271.pdf, dernière consultation le 5 nov 2016.
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[16]
À titre d’indication, pour un des deux auteurs de cet article, le dossier informatique correspondant à beQuali ne comprend pas moins de 3 268 fichiers, contre 1 263 pour le dossier relatif à une enquête collective coordonnée sur une période équivalente. Ce n’est qu’un indicateur très imparfait d’objectivation de cette production effrénée d’objets par l’équipe qui fait écho au constat de Vinck sur « le temps considérable [consacré à] concevoir, négocier, produire et faire circuler des “objets” de toutes sortes » (Vinck, 2009, p. 53).
-
[17]
Voir la fiche disponible à http://bequali.fr/media/ckeditor/uploads/2015/10/16/cdsp_bq_web-fiche_parcours.pdf.
-
[18]
Les « enquêtes sur l’enquête » des six enquêtes archivées jusqu’ici par beQuali sont en accès libre sur le site de la banque. Voir onglet « Les enquêtes » puis cliquer sur le nom de chaque enquête et suivre le menu.
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[19]
On peut rapprocher ce débat de la discussion autour de la notion de contexte dans le débat sur l’analyse secondaire, et notamment de l’argument porté par Moore sur le caractère fallacieux de l’obsession du contexte original (Moore, 2006).
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[20]
Présentation disponible à http://www.eddi-conferences.eu/ocs/index.php/eddi/EDDI13/paper/view/105/45.
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[21]
Typiquement, le travail sur les métadonnées est ici loin de jouer le rôle de « lubrifiant » qu’Edwards et ses collègues suggèrent de lui donner en les considérant comme « an ephemeral process of scientific communication, rather than as an enduring outcome or product » (Edwards et al., 2011).
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[22]
Un grand soin est mis notamment à l’élaboration et l’application d’une charte graphique pour la mise en visibilité de ces objets.
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[23]
Ceci n’est pas le fait du hasard, même si cela a pu être vécu comme tel par les protagonistes, puisque les appels d’offres renvoient à des politiques scientifiques qui fixent des priorités sur lesquelles on reviendra dans la dernière partie.
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[24]
P. Flichy définit le cadre d’usage « comme celui qui décrit le type d’activités sociales proposées par la technique, qui la positionne dans l’éventail des pratiques sociales, des routines de la vie quotidienne, et précise les publics envisagés, les lieux et les situations où cette technique peut se déployer. Il indique également le sens social de cette technologie. […] Contrairement à l’idée courante (qu’on trouve souvent chez les sociologues des usages) où on distingue, d’un côté, l’ingénieur qui conçoit et organise la production et, de l’autre, l’usager qui s’approprie et utilise l’outil, la définition du cadre d’usage n’est pas assurée par l’usager. Elle est le résultat de l’action conjointe de tous les acteurs de l’activité technique, le concepteur, les nombreux médiateurs évoqués plus haut (constructeur, médias, prescripteur, acheteur, installateur…), mais aussi l’usager » (Flichy, 2008, pp. 164-165).
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[25]
Les IDEX, « Initiatives d’excellence », sont des regroupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche qui visent à doter la France d’institutions « capables de rivaliser avec les meilleures universités du monde », http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid51351/initiatives-d-excellence.html.
-
[26]
Comme l’indique la description de l’équipe sur le site beQuali : « Cinq chargés d’études, épaulés par l’équipe informatique du CDSP, travaillent quotidiennement sur le projet (suivent la liste et les photos des chargés d’études). Deux post-doctorants […] ont participé en 2014-2015 à la réflexion scientifique en menant des travaux sur l’analyse secondaire et ses conditions de possibilité » (http://bequali.fr/fr/propos/, consulté le 30 mai 2016). Mais même là l’apport de la recherche sera limité puisque sur les deux post-docs, l’un avance vraiment dans la réanalyse mais il travaille sur deux enquêtes qui ne sont pas archivées dans beQuali ; tandis que l’autre aura, à la demande de l’équipe, consacré l’essentiel de son temps de post-doc à archiver l’enquête sur laquelle il travaille sans trouver le temps de vraiment retravailler dessus.
- [27]
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[28]
L’AERES était alors l’agence nationale d’évaluation des structures de recherche et d’enseignement supérieur. Chaque unité (ou formation, ou institution) devait tous les 4 ans présenter un rapport d’activité et un projet. Un comité de visite composé de collègues extérieurs à l’institution évaluée venait en discuter avec les personnels avant d’élaborer des recommandations à son sujet.
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[29]
Chercheur CNRS, le fondateur de beQuali ne pouvait en effet être qu’associé au CDSP, tout comme le directeur du CDSP lui-même, membre titulaire d’un laboratoire de Sciences Po.
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[30]
http://www.reseau-quetelet.cnrs.fr/spip/, dernière consultation le 5 nov 2016.
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[31]
Pour éviter notamment qu’un chercheur change d’avis et retire son enquête après que l’équipe a travaillé à sa mise en ligne, des délais de rétractation sont prévus.
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[32]
Par exemple, alors que la mise en ligne des enquêtes vise à faciliter et accélérer leur accès, l’équipe affiche les délais de traitement des demandes qui manifestent la volonté de ne pas se soumettre à leur rythme de travail : « Les demandes d’accès aux enquêtes sont examinées du lundi au vendredi hors jours fériés. Chaque ouverture d’accès fait l’objet, au préalable, de la signature d’un contrat d’utilisation et nécessite par conséquent un délai minimum de deux semaines », http://bequali.fr/fr/les-enquetes/ (consulté le 26 mai 2013).
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[33]
Cela aurait aussi permis de simplifier certaines procédures, dont la signature de chaque contrat de dépôt ou d’utilisation par le directeur scientifique de Sciences Po (cf. ci-dessus).
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[34]
Pour les lecteurs peu familiers des sciences sociales françaises, Sciences Po a longtemps incarné une approche dominante et positiviste de ces disciplines (Briquet & Sawicki, 2012, p. 15). Quoi qu’il en soit, toute institution d’enseignement supérieur et de recherche génère des formes de localisme scientifique qui d’ailleurs sont au principe du pluralisme des approches et des méthodes.
-
[35]
Notons que se pose ici la question de la propriété intellectuelle sur ce type de projet.
Introduction
1Le mouvement pour l’open access, d’abord dédié au partage des résultats de la recherche, s’est ensuite étendu aux données elles-mêmes (Arzberger et al., 2004). Par-delà la simplicité du principe qui voudrait que les données financées publiquement soient disponibles à tous, organiser l’accès et le partage des données soulève des questions de tous ordres (épistémologique, méthodologique, technique, politique). Fondé sur un retour d’expérience, ce texte les aborde à travers l’étude rétrospective des pratiques développées au sein de la banque française d’enquêtes qualitatives en sciences sociales, beQuali, dont les premières années (2006-2013) se sont révélées particulièrement conflictuelles. Directement impliqués dans cette aventure, nous tentons ici de comprendre l’ampleur des frictions qui ont marqué sa création.
2Instaurer la distance nécessaire à cette analyse a requis de nombreux garde-fous. L’élément essentiel pour nous, en tant qu’auteurs, a été d’inscrire notre démarche d’enquête dans un collectif : celui de notre tandem augmenté de l’équipe du projet ANR Réanalyse, avec laquelle nous avons travaillé ces dernières années à expérimenter et questionner l’objectif de l’accès ouvert aux données d’enquête en sciences sociales et leur analyse secondaire [1]. Les discussions au sein de l’équipe et les résultats que nous avons produits ont profondément transformé notre compréhension de ce que nous avions vécu avec beQuali. Le deuxième vecteur de distanciation, outre la rédaction de nombreuses versions et révisions de ce texte, a été le travail documentaire. Nous nous sommes plongés dans l’étude des centaines de documents accumulés au cours de ces années. Nous listons d’ailleurs en annexe les plus significatifs et les mettrons à la disposition de celles et ceux qui voudraient approfondir l’analyse de ce cas [2]. Enfin, nous avons fait un détour disciplinaire et pris le risque de sortir de notre domaine de compétence en nous familiarisant avec des notions et concepts empruntés à la sociologie des infrastructures. Notre usage de ces notions pourra être considéré comme trop instrumental et nous laissons les sociologues des sciences voir s’il y a, dans le cas que nous présentons, matière à approfondir l’usage de ces concepts. Leur mobilisation raisonnée nous a permis de mettre à distance la lecture spontanée des événements que nous avons vécus. Nous espérons in fine avoir donné à cette étude des premières années de construction d’un équipement et des frictions qui l’ont accompagnée un sens qui dépasse la chronique toujours possible des antipathies et autres affects qui caractérisent la vie des projets et des organisations [3].
3La première section de l’article traitera de l’inflation des promesses portée par la multiplication des demandes de financement et des difficultés croissantes pour assurer leur crédibilité ; elle abordera en même temps la question, centrale pour la construction de banques de données, du passage de l’énonciation des promesses à la normalisation des pratiques de recherche, en l’occurrence des méthodes qualitatives en sciences sociales, dans le cadre d’un vif débat international sur cette question. La deuxième section détaillera l’ambiguïté portée par la notion d’archivage au sein de l’équipe beQuali et la façon dont elle se traduit dans un ensemble d’objets intermédiaires visant la constitution d’une infrastructure comme un objet-frontière, c’est-à-dire incorporant une flexibilité interprétative constitutive. La troisième section analysera les transformations organisationnelles survenues dans l’équipe, en lien avec la déconnexion croissante entre fonctionnement et usage de l’équipement en train de se construire. Pour finir, on étudiera dans une dernière section la façon dont le management de beQuali s’est trouvé confronté aux politiques dites « d’excellence » qui l’ont financé et leurs conséquences sur l’organisation du façonnage des bases de données.
Chronologie d’une promesse : pour un qualidata « à la française »
4BeQuali (Duchesne & Garcia, 2014) est issu d’un premier projet qui visait à archiver les entretiens produits par les chercheuses et chercheurs du Cévipof, l’un des plus anciens centres de recherche français en sociologie politique. Les chercheurs du Cévipof ont largement contribué au développement de la sociologie électorale française, sous l’impulsion du psychologue et sociologue Guy Michelat. En plus de contribuer au développement de l’approche quantitative du vote, G. Michelat a popularisé un modèle d’analyse du comportement électoral associant entretien non directif et questionnaires. À sa suite, nombre de chercheuses et chercheurs du Cévipof ont mené des « campagnes d’entretiens » pour étudier le rapport des électeurs à la politique en général et le choix de vote en particulier. L’idée de rassembler ces entretiens pour pouvoir les interroger de façon diachronique a ainsi présidé à la création du projet de banque française d’enquêtes qualitatives, d’autant plus que le Cévipof s’était doté d’un centre de documentation dont le responsable avait à cœur de rassembler les archives des chercheurs, « sauvant » ainsi de nombreuses enquêtes dans une visée patrimoniale (Gaultier-Voituriez, 2013).
Genèse du projet beQuali
5Cette idée a commencé de se concrétiser suite au colloque sur l’analyse secondaire [4] organisé en 2005 à Grenoble par le CIDSP et le GRETS, un laboratoire d’EDF. Ce colloque rassemblait des protagonistes de l’expérience Qualidata, la banque pionnière britannique (Corti, 2011 ; Scott, 2006), et des chercheuses et chercheurs français, dont les animateurs de Verbatim, le projet pilote de capitalisation d’entretiens mené à EDF (Dargentas & Le Roux, 2005 ; Le Roux, 2005). La première note relative à ce qui allait devenir beQuali (en date de février 2006 et adressée aux directions du Cévipof et de Sciences Po) propose de créer, en collaboration avec le Centre de données sociopolitiques (CDSP) [5], une banque des enquêtes qualitatives du Cévipof. Elle serait destinée à s’étendre, en cas de succès, aux autres laboratoires de Sciences Po. Cette note suggère la mise en place d’un comité d’archivage qui décidera des enquêtes à intégrer dans la base, ainsi que des modalités pratiques de traitement des documents (procédure d’inventaire, d’anonymisation, de numérisation et embryon de métadonnées) et de leur mise à disposition, à destination des étudiants de master en particulier.
6Deux séries d’événements, révélateurs des évolutions de la recherche en SHS, surviennent entre 2007 et 2009. Ils vont empêcher la mise en œuvre de ce projet initial de capitalisation des enquêtes d’un laboratoire « historique » et contribuer à sa transformation en projet de banque de données à vocation nationale. D’un côté, une scission survenue au sein du Cévipof à l’occasion du renouvellement de son directeur [6] se solde par le départ du porteur du projet. Par ailleurs, le nouveau directeur scientifique de Sciences Po lance une grande opération d’élaboration bottom-up d’axes scientifiques pour l’institution. Il demande aux chercheuses et chercheurs de faire des propositions de projets inter-laboratoires qui seront évalués pour financement par un scientific advisory board international (SAB) ; un mode d’organisation qui rompt avec le financement des projets par les laboratoires de recherche. L’occasion est saisie de proposer la construction d’un axe DIM (Données, infrastructures, méthodes) dans lequel serait développée la banque d’enquêtes qualitatives. L’axe est créé et le projet BDQuali est retenu. L’advisory board se félicite de voir Sciences Po marcher sur les traces de Qualidata. Il note cependant que la banque n’aura pas, contrairement à Qualidata, la capacité d’imposer l’archivage aux auteur.e.s des enquêtes et devra donc trouver d’autres moyens d’inciter les chercheurs à le faire [7]. Le financement accordé va permettre d’engager pour deux ans (à partir de septembre 2009) un chargé d’études à mi-temps, avec pour mission de finaliser une étude de faisabilité [8], de construire le réseau des chercheurs de Sciences Po que le projet intéresse et de trouver des financements complémentaires.
7Le premier financement sollicité est un contrat de l’Agence nationale de la recherche (ANR) [9]. Intitulé « Réanalyse », ce projet prévoit une série d’expérimentations d’analyses secondaires afin d’en évaluer le potentiel et les limites, et de se donner les moyens de préciser les conditions appropriées à la mise à disposition de ces enquêtes. En référence à Qualidata, le projet insiste sur la nécessité d’empêcher la décontextualisation des données. Deux dispositifs sont imaginés. Le premier, élaboré en collaboration avec le tout jeune Medialab de Sciences Po [10], consiste à stocker les enquêtes non seulement comme des séries de fichiers indexés mais aussi, selon un archivage qualifié d’« holistique », en tirant parti de la technologie du web et en créant des « sites-enquêtes » pour faciliter l’exploration de l’ensemble des documents. L’objectif est de mettre en relation dans des interfaces usagers tout ce qui constitue l’enquête, à savoir à la fois les « données » et les documents relatifs à leur contexte de production. D’autre part, il s’agira d’élaborer une « enquête sur l’enquête », mêlant analyse des publications, des documents de l’enquête et des entretiens auprès des chercheuses ou chercheurs premiers/ères. Un collectif d’une douzaine de chercheurs, dont les organisateurs du colloque de 2005, est constitué pour cela.
8Alors que le projet est en cours d’évaluation, le gouvernement français lance via l’ANR l’appel d’offres « Equipex – équipement d’excellence » dans le cadre du Programme des investissements d’avenir (PIA). Une proposition conjointe du CDSP, du Medialab et de BDQuali est déposée qui rassemble trois projets d’équipement : un institut de sondages universitaire qui prend la forme d’un panel Internet, le Medialab et une banque d’enquêtes qualitatives. L’argument central consiste à utiliser les possibilités offertes par le tournant numérique pour rattraper le « retard français » en matière de réflexion et de publication sur les outils et les pratiques de création et d’analyse de données. Le projet Equipex, intitulé DIME-SHS, sera coordonné par le directeur du CDSP puisque le panel Internet, dont il assure la responsabilité scientifique, est l’infrastructure la plus lourde des trois. C’est également celle qui offre la meilleure perspective d’autofinancement. En effet, le financement d’un Equipex est assuré pour 10 ans, après quoi les équipements constitués s’engagent à générer eux-mêmes les ressources nécessaires à leur pérennisation [11].
9Les deux propositions de projet ANR et d’Equipex sont acceptées à quelques mois d’intervalle et les deux projets démarrent donc en parallèle.
L’inflation des promesses dans un contexte de fortes critiques
10L’écriture des différents projets produit une inflation des promesses que l’instrument se doit de réaliser pour réparer une situation décrite comme urgente (Audétat, 2015 ; Joly, 2015), phénomène d’anticipation performatif maintenant bien étudié, y compris pour les sciences sociales (Vinck, 2015). Le passage du modeste projet du centre documentaire du Cévipof à un projet d’infrastructure nationale qu’on appellera bientôt beQuali [12], a conduit à une multiplication de promesses de rupture radicale avec ce qui est présenté comme le retard français en matière de réflexion méthodologique, notamment en qualitatif. BeQuali devrait, à l’instar de Qualidata, permettre de « sauver » les grandes enquêtes passées et à venir, de les utiliser de façon plus intensive, de rendre possibles des comparaisons qualitatives et notamment diachroniques et de mieux comprendre la fabrique de la recherche. Mais elle devrait également améliorer les méthodes d’analyse, notamment en facilitant la circulation dans les documents et en développant des outils nouveaux. De plus, elle devrait contribuer à la réflexion qui commence alors à se développer aux États-Unis sur l’active citation (Moravcsik, 2010). Enfin, beQuali devrait avoir pour ambition de résoudre le débat ouvert par Qualidata en trouvant les moyens d’archiver les enquêtes sans décontextualiser les données.
11L’inflation des promesses rend toujours difficile le fait d’asseoir leur crédibilité, voire leur mise en cohérence les unes avec les autres. En l’occurrence, le contexte ouvert par l’évolution du débat international sur les questions d’infrastructures numériques et de Digital Humanities va lui aussi contribuer à les mettre en question. En effet, Qualidata suscite des réactions importantes et argumentées (Duchesne, à paraître ; Gillies & Edwards, 2005 ; Mauthner & Parry, 2009, 2013 ; Mauthner, Parry, & Backett-Milburn, 1998 ; Moore, 2006, 2007 ; Parry & Mauthner, 2005, 2004 ; Savage, 2005). Certaines d’entre elles dénoncent l’analyse secondaire telle que l’archive britannique s’emploie à la diffuser, parce qu’elle promeut des pratiques de recherche fondées sur une épistémologie sinon positiviste, du moins empruntant aux « bonnes pratiques » et aux critères de validité établis par les travaux en sciences sociales qui ne traitent que les données de sondage. L’injonction faite aux chercheurs de confier leurs enquêtes à la banque et les incitations à utiliser ces données en viennent, elles, à être interprétées comme un produit des politiques néo-managériales imposées à la recherche et aux sciences sociales. Par ailleurs, aux États-Unis, la notion d’active citation, autrement dit de disponibilité des données au moment de la publication des résultats d’une recherche, est introduite pour rendre possible la validation ou la falsification des analyses publiées (Moravcsik, 2010). Elle se prolonge dans un débat sur la transparence et la nécessité de rendre possible la réplication de ces enquêtes (Moravcsik, 2014). Ce débat s’accompagne de la création de repositories dans lesquels les chercheurs sont invités à déposer leurs données. Il culmine en 2015 par l’adoption d’une déclaration conjointe d’une trentaine de revues internationales de science politique qui s’engagent à exiger des auteurs qui soumettent des articles qu’ils attestent que les données analysées sont effectivement disponibles [13]. Cette déclaration fait à son tour l’objet d’une levée de boucliers des qualitativistes états-uniens qui dénoncent les effets de normalisation scientifique que produirait l’application d’un tel engagement [14].
12Autrement dit, la décontextualisation opérée par l’archivage des enquêtes n’apparaît plus comme le risque principal attaché à l’entreprise de mise en banque : c’est la mise à disposition des enquêtes elle-même qui semble entraîner des risques importants de normalisation des enquêtes qualitatives. Ce changement de contexte est d’autant plus important pour le projet beQuali que la campagne d’information menée auprès des chercheurs montre qu’ils sont moins intéressés par l’idée de travailler sur les enquêtes des autres que par le fait de mettre leurs propres données à disposition au moment de la publication de leurs résultats. Pour traiter ce besoin et augmenter de façon conséquente la capacité et le rythme de mise à disposition des enquêtes, l’auto-archivage apparaît comme la seule solution. BeQuali, appuyé sur un troisième consortium créé pour faciliter la collecte des enquêtes à archiver (Archipolis), entame une réflexion en ce sens [15]. Mais dans le contexte de controverse grandissante sur les effets de la transparence, l’auto-archivage apparaît de plus en plus risqué, au sens où la promesse d’éviter la standardisation semble de moins en moins crédible. Cela génère une tension croissante dans l’équipe, tiraillée entre la volonté de tenir cette promesse et la multiplication de normes et de formats qu’elle élabore, en réponse à l’importance des enjeux techniques, mal anticipés par les créateurs de la banque. Un front de tension se crée dans le projet autour de l’importance que doit prendre l’archivage des enquêtes dans l’économie du projet, tension dont rend compte la section suivante.
Archive ou instrument ?
13Autant les promesses de beQuali ont largement été conçues par des chercheurs en sciences sociales, autant la construction de l’infrastructure s’est faite à la frontière entre plusieurs mondes professionnels : des chercheurs mais aussi des archivistes, des documentalistes, des informaticiens et des administratifs. La notion d’objet-frontière a été développée pour étudier, à partir de l’observation des pratiques concrètes des acteurs, ces situations de collaboration entre différents mondes, et notamment dans le cadre des projets de banque de données (Meyer, 2009). Pour éviter un usage anecdotique de la notion (Trompette & Vinck, 2009), nous mobiliserons la dimension première de flexibilité interprétative qui caractérise la notion d’objet-frontière (Vinck, 2009).
14En effet, beQuali est investi d’interprétations différentes de la part des acteurs qu’il met en relation, notamment pour ce qui concerne la notion même d’archivage et les pratiques qui s’y rapportent. Les difficultés de l’équipe à converger sur des acceptions compatibles, dans un contexte de vives controverses, se sont révélées à l’occasion de la construction de toute une série d’objets intermédiaires, souvent numériques (plan de classement, inventaires, métadonnées, site web, charte graphique, contrats de cession et d’utilisation, cahier des charges pour le développement informatique, etc.). Ces objets intermédiaires avaient autant vocation à contribuer à concrétiser les actions du projet qu’à produire des formes d’accord ou de compatibilité entre des interprétations disponibles dans l’équipe.
L’archivage des enquêtes en peine de flexibilité
15BeQuali, comme son modèle, Qualidata, est un projet qui vise à la fois la patrimonialisation des enquêtes, de manière notamment à nourrir l’histoire des sciences sociales et l’enseignement des méthodes, et leur mise à disposition à des fins de réutilisation. L’infrastructure à mettre en place exigeait de commencer par archiver les documents constitutifs des enquêtes. Mais dans le cas de Qualidata, l’archivage vise seulement à conserver les données alors p. que dans le cas de beQuali, il s’agit de donner à l’enquête une forme propre à favoriser de nouveaux traitements (Both & Cadorel, 2015). La « polyphonie » à laquelle a donné lieu cette ambivalence a été explicitée par les membres de l’équipe dans un article (Both & Garcia, 2012) dont l’écriture a fait l’objet de vives négociations, notamment parce qu’il engageait la visibilité du projet. De fait, la négociation des effets pratiques de l’ambivalence sur l’archivage visé par beQuali est rapidement devenue l’ordinaire du travail d’élaboration de la multitude de documents [16] que l’équipe a générés au cours de ses trois premières années d’existence, pour décrire les objets intermédiaires notamment. Tous ces documents visaient à établir des procédures pour encadrer le processus d’archivage et de mise à disposition des enquêtes. L’ambivalence sur la fonction de l’archivage a pesé lourdement sur leur élaboration. Nous ne développerons qu’un exemple, celui que l’équipe a appelé « les contours documentaires » de l’enquête, autrement dit, la procédure, plus ou moins formalisée, qui encadre la sélection et/ou la recherche des documents à archiver pour chaque enquête.
16Pour construire le prototype de banque, son fondateur a, d’une part, obtenu de deux collègues qu’ils lui confient leur enquête et, d’autre part, a mis à disposition une enquête qu’il avait lui-même coordonnée au cours des années précédentes et à laquelle avait participé le premier des chargés d’études, recruté par beQuali. L’archivage de cette enquête, mise en œuvre par le deuxième chargé d’étude permanent de l’équipe, fraîchement arrivé, a donné lieu à un vif conflit à propos de la sélection des documents à conserver. La sélection opérée par le chargé d’étude était très large, comportant notamment des documents relatifs à l’organisation de réunions, de déplacements, des brouillons, etc. Pour le coordinateur de l’enquête, cette sélection, opérée dans ses seules archives, donnait une vision faussement exhaustive de ce qu’avait été le travail de recherche. Surtout, elle dépassait très largement ce que les chercheurs secondaires pouvaient prendre le temps de consulter et contribuait à rendre difficilement accessibles les documents importants.
17À l’automne 2013, l’équipe se réunit pendant deux jours pour faire le point sur les difficultés qu’elle rencontre, notamment à ce sujet. Pour tenter de rationaliser le choix des documents et de dépersonnaliser le débat, elle s’efforça notamment de préciser ce que devraient être les « contours documentaires » d’une enquête. Le compte rendu de la réunion précise notamment que la démarche de collecte et de mise à disposition des documents ne vise pas l’exhaustivité : elle vise à rassembler ce qui permettra à d’autres chercheurs d’utiliser les documents proposés de façon valide. Et le fondateur de beQuali, auteur du compte rendu, d’ajouter : « Le(s) chercheur(s) devra/ont être consulté(s) après le classement de l’enquête, de préférence avant la numérisation et en tout état de cause avant la mise à disposition des documents, sur l’inventaire des documents que nous proposons de mettre à disposition. » Mais cette question fondamentale de ce qui constitue une enquête et de la part que le chercheur auteur doit prendre à sa définition, ne seront finalement pas reprises dans les pratiques affichées ensuite par l’équipe [17].
Les objets intermédiaires de l’archive
18Les objets intermédiaires, porteurs des tensions vécues par l’équipe quant à la vocation de beQuali en matière d’archivage ont été nombreux. Ils auraient dû permettre à l’équipe d’apprivoiser les différentes finalités conférées à l’archivage, entre patrimonial et instrumental, entre fin et moyen. Le tableau ci-dessous propose une description des principaux d’entre eux.
Synthèse des objets intermédiaires produits par l’équipe beQuali et mettant en jeu la flexibilité interprétative relative à l’archivage [18] [19] [20] [21]
19On pourrait prolonger ce survol des multiples objets produits par l’équipe beQuali au cours de ses deux premières années d’existence. La multiplication de ces objets et l’intensité de cette production coïncident avec un accroissement de la division du travail entre les membres de l’équipe. De plus, plus ils s’attachent à préciser et peaufiner ces objets [22], plus l’opposition entre l’archivage comme fin et l’archivage comme moyen s’accroît. Autrement dit, le travail d’équipement de cette collection d’objets n’a pas permis la construction de beQuali comme objet-frontière. Il aboutit simplement à une inversion des priorités entre mission patrimoniale et mission recherche (cf. tableau 2). Cela s’accompagne, comme on va le voir dans la section suivante, d’une évolution de la nature de l’équipe et des statuts de ses membres.
Évolution des missions attribuées à l’infrastructure d’après le site web de beQuali
Évolution des missions attribuées à l’infrastructure d’après le site web de beQuali
Fonctionnement versus usage
20Pour bien comprendre le problème du rapport du fonctionnement de ce type d’infrastructure au regard ses usages, il est important de noter que Qualidata a été développé sans qu’ait été expérimentée l’analyse secondaire. L’absence de bilan des usages qui en sont faits est régulièrement soulignée par les critiques (Parry & Mauthner, 2005). Il est d’ailleurs frappant de voir qu’un des textes les plus souvent cités sur la pratique de l’analyse secondaire a été écrit par une des responsables de la banque pour répondre aux demandes des utilisateurs (Bishop, 2007). Au contraire, beQuali a été fondé à partir de la volonté d’expérimenter d’abord la réanalyse, avant que les aléas du financement ne renversent l’ordre des choses [23]. Autrement dit, les fondateurs de beQuali voulaient, pour ici reprendre les termes de Patrice Flichy, « construire le cadre de fonctionnement de l’outil à partir d’un cadre d’usage en situation » [24].
21Cette section rend ainsi compte du moment où la mise en action des objets-intermédiaires en construction aurait dû rencontrer des usages et contribuer à établir des liens entre les concepteurs et les chercheurs, entre le cadre de fonctionnement et le cadre d’usage. Cette période se caractérise par trois dynamiques qui se renforcent les unes les autres : l’évolution de l’activité des membres de l’équipe beQuali qui cessent peu à peu de faire des sciences sociales ; la fin de la collaboration avec le Medialab ; la mise à distance des usagers potentiels.
L’évolution de l’activité des membres de beQuali vers l’outillage
22BeQuali a été créé par un chercheur CNRS, assisté par un jeune docteur en science politique qui, après avoir effectué différents CDD sur le projet, est embauché en CDI par Sciences Po à la faveur du contrat Equipex. Ensemble, convaincus que l’équipement doit être conçu principalement par des chercheurs si on veut qu’il soit effectivement adapté à leurs pratiques, ils recrutent un autre docteur, anthropologue cette fois, qui a longuement enquêté dans le milieu des archivistes. Quelques mois plus tard, ayant commencé à prendre la mesure de l’importance des enjeux techniques – tant sur le plan informatique que sur celui de l’archivage –, ils choisissent pour compléter l’équipe de recruter un archiviste formé aux humanités numériques. L’équipe permanente sera ensuite complétée par un informaticien en CDD. Parallèlement au processus décrit dans la section précédente de multiplication des objets intermédiaire, la part de l’activité que les deux docteurs, d’ailleurs embauchés sous le titre de « chargés d’études », consacrent à la recherche va décroissante. Le premier de ces chargés d’études suit une formation de chef de projet et prend la responsabilité dite « opérationnelle » de l’équipe, laissant au chercheur le rôle d’animation scientifique. Il cesse de s’investir dans le projet Réanalyse. Le second, dont les pratiques de recherche sont assez éloignées non seulement des premières enquêtes que la banque archive, mais aussi de celle des collègues réunis dans Réanalyse, manifeste rapidement plus d’intérêt pour les questions archivistiques que pour celles liées à la réutilisation de ces enquêtes. Il s’investit dans le développement de la mission archive de Sciences Po et intervient de préférence dans les conférences des archivistes. Lui aussi ne contribuera finalement pas à Réanalyse. Par la suite, deux post-docs sont recrutés grâce à un quatrième financement, obtenu suite à un appel d’offres de l’IDEX [25] auquel Sciences Po participe : c’est sur eux désormais que le CDSP compte pour expérimenter la réutilisation des enquêtes et non plus sur son personnel propre [26].
23Cette évolution est confortée par la confirmation du statut de l’équipe comme unité de services. Au moment où l’Equipex est créé, son coordinateur, également responsable de l’unité qui l’accueille, le CDSP, envisage de refonder l’équipe sur un projet de recherche méthodologique. Avec le fondateur de beQuali, ils écrivent ensemble une contribution aux « Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche » [27] pour interroger les conséquences du financement sur projet sur le développement des infrastructures de recherche et affirmer l’importance de développer, en France, une recherche portant vraiment sur les méthodes de recherche. À l’occasion de l’évaluation du CDSP par l’AERES [28], son directeur demande même le changement de statut de l’unité : jusqu’alors « Unité mixte de services », il suggère qu’elle devienne « Unité de services et de recherche ». Cela aurait notamment permis à l’équipe d’accueillir pleinement des chercheurs [29], de mieux valoriser les travaux de recherche des membres de l’équipe et notamment, pour beQuali, le travail réalisé dans le cadre de Réanalyse. Malgré l’avis positif du comité d’évaluation, les tutelles – les directions du CNRS et Sciences Po – en décident autrement. Par voie de conséquence, le directeur du CDSP demande que les membres à plein temps de beQuali se consacrent essentiellement à l’archivage des enquêtes.
Fin de la collaboration avec le Medialab
24Le Medialab a largement contribué aux premières réflexions sur la construction de l’équipement à partir de l’interface « sites-enquête », qui devaient permettre de rompre avec la logique de l’archivage classique et de développer des outils d’exploration originaux. Alors nouvellement créé à Sciences Po, le Medialab est d’ailleurs pleinement partenaire du premier financement, Réanalyse. Un ingénieur informatique est engagé pour un an grâce à ce contrat pour développer l’infrastructure de mise à disposition des enquêtes. Mais ce qu’il réalise est finalement assez éloigné des spécifications contenues dans le projet d’origine : les sites-enquêtes sont oubliés et l’outil ne pourra pas évoluer en ce sens. Les membres de beQuali n’en prennent conscience qu’à la fin de son contrat.
25Entre-temps, l’Equipex a été financé et le Medialab y a sa part. Son équipe est bientôt plus qu’occupée par ce projet ainsi que tous ceux qu’elle dépose à la même période et pour lesquels elle obtient de nombreux financements. En conséquence, beQuali doit se passer des compétences des ingénieurs du Medialab et s’appuyer sur la petite équipe informatique du CDSP, elle-même déjà largement mobilisée par le projet de panel Internet. Un jeune informaticien est engagé en CDD mais il est encore en formation. La dimension expérimentale de l’outil disparaît donc avec la fin de la collaboration avec les ingénieurs informaticiens.
Mise à distance des usagers potentiels
26La mise en place des objets conçus pour archiver et mettre à disposition les enquêtes s’accompagne de procédures qui ont pour caractéristique de mettre à distance les usagers potentiels. Ainsi, le coordinateur de l’Equipex décide que l’accès aux enquêtes qualitatives passera par le « portail français d’accès aux données pour les sciences humaines et sociales » – portail Quételet [30] – qui diffuse les enquêtes quantitatives archivées par le CDSP. Cela oblige l’équipe beQuali à prévoir un circuit compliqué de dépôt et d’accès aux enquêtes dès lors que les procédures en vigueur sur le portail Quételet, développées pour la mise à disposition de très grosses enquêtes, celles de la statistique publique en particulier, sont très formalisées. On observe ici les effets mis en évidence par Susan Leigh Star dans la façon dont une infrastructure se développe à partir de celles qui lui préexistent : elle « lutte contre l’inertie de la base installée et hérite des forces » (Star, 2010, p. 29). En l’occurrence, le « catalogue » de beQuali ne comportait alors que 3 titres, et tout restait à faire pour trouver les moyens de convaincre les collègues de s’y intéresser. La complexité de la procédure d’accès qu’il a fallu inventer ne simplifie pas les choses.
27La formalisation des procédures relatives au dépôt comme à l’utilisation des enquêtes ne s’arrête pas là. Profitant de l’aide que l’instrument quantitatif de DIME-SHS a dû chercher auprès d’un cabinet d’avocats, l’équipe DIME-Quali fait rédiger des contrats destinés à protéger son travail [31] et à dégager sa responsabilité – ou plutôt, celle de l’institution qui la « porte », Sciences Po – en cas de mauvais usage des données. Là aussi le circuit se complique puisque certains de ces documents devront être contresignés par le directeur scientifique de Sciences Po.
28La formalisation des relations entre les chercheurs, qu’ils soient auteurs ou utilisateurs des enquêtes, et l’équipe introduit entre eux une distance qui va aller croissante. L’équipe a, dès l’origine, été attentive à éviter un processus d’invisibilisation du travail technique de construction, d’alimentation et d’entretien de l’équipement décrit par Dagiral et Peerbaye (2012) et Flichy et Parasie (2013) dans des cas similaires. De fait, on assiste, sinon à une invisibilisation, du moins à une forme de domestication (au sens de Callon, 1986) des chercheurs-auteurs renvoyés au statut d’utilisateur et réduits au silence par l’interface [32], ceci de manière paradoxale pour un dispositif dédié à la mise en valeur de la recherche qualitative. À cet égard, notons que l’anonymisation des enquêtes, restée en suspens jusqu’au départ du fondateur de la banque, deviendra tout de suite après un chantier prioritaire de l’équipe. Pour lui, l’anonymisation, qui abîme les enquêtes et limite la réutilisation qu’on peut faire des données, n’a pas lieu d’être dès lors qu’elles sont réanalysées par des chercheurs : la protection des enquêtés est le résultat du transfert de la confiance entre collègues, et de l’éthique professionnelle qu’ils partagent. À l’inverse, la banque tend à s’intercaler entre les chercheurs : dépositaire de la confiance, c’est elle qui garantit désormais la valeur des données. Cette évolution est d’ailleurs en cours aujourd’hui à Qualidata, qui met en place des comités d’évaluation des enquêtes auto-archivées (Corti & Eynden, 2015).
29Deux années après le démarrage de DIME-SHS, l’accumulation de procédures et normes qui encadrent le travail d’archivage des enquêtes semble devenue irréversible. Dans le même temps, le travail d’expérimentation se poursuit dans Réanalyse, mais il devient totalement déconnecté de DIME-Quali : les chercheurs qui travaillent sur les premières enquêtes archivées n’utilisent d’ailleurs pas les possibilités d’exploration en ligne, très inférieures aux outils dont ils disposent par ailleurs pour traiter les enquêtes. Le cadre d’usage de l’infrastructure qui, dans le projet, devait être défini grâce à l’engagement et la responsabilité de concepteurs-usagers (Flichy, 2008), n’intéresse plus l’équipe, entièrement dédiée au fonctionnement de l’archivage. Elle diverge désormais sur une question centrale : DIME-Quali est-il la version alpha d’un équipement qu’il faut expérimenter sans plus tarder pour vérifier qu’il correspond aux promesses qui étaient celles du projet, ou bien est-il déjà l’équipement qu’il convient de nourrir de façon intensive, en attendant de savoir qui voudra l’utiliser ? La façon dont cette question sera tranchée fait l’objet de la dernière section du texte.
Infrastructure d’excellence
30BeQuali est soutenue par les institutions impliquées dans la politique scientifique dite « d’excellence » mise en œuvre par le PIA : TGE Adonis/TGIR Huma-Num, SAB Sciences Po, ANR, IDEX, auxquels s’ajoutent les emplois apportés par les établissements de Sciences Po et du CNRS. Son projet scientifique répondait à nombre des orientations qui caractérisent cette politique, et notamment la fabrication de grands instruments pour les sciences sociales en lien avec les impératifs que sont l’internationalisation, la valorisation et l’équipement de la recherche. Cette orientation politique correspond à un mouvement au moins européen (Heraud & Lachmann, 2015 ; Ravinet, 2011) et son mode de financement est caractérisé par un fonctionnement par projets fondés sur des ressources hétérogènes dont le management est pour le moins complexe : contrats temporaires et limités ; évaluation ex ante sur projet et suivi administratif de la réalisation des objectifs sur la base d’indicateurs et/ou de « livrables » ; coordination centralisée et mise en compétition des porteurs de projets et de leurs institutions.
Échec de l’évitement
31Le concepteur de beQuali a cherché les moyens de contrer certains des effets des modes de financement dont le projet a bénéficié. Il l’a inscrit au cœur d’un réseau de projets – Réanalyse, DIME-Quali et Archipolis – rassemblant des participants de statuts divers et relevant d’institutions variées, réseau qu’il anime en étant pourtant extérieur à l’institution porteuse du plus gros des financements. La multiplication des contrats vise non seulement à accumuler les ressources, mais aussi à donner au projet une dimension nationale et éviter qu’il devienne un équipement au service de Sciences Po. Le fondateur a envisagé à plusieurs reprises de créer une association qui donnerait ainsi à l’infrastructure une existence juridique [33] tout en confortant l’unité du projet. Cette proposition a rencontré à chaque fois le refus du directeur du CDSP et coordinateur de l’Equipex.
32Or, au fil des mois, l’ancrage du projet dans Sciences Po se renforce. D’abord, les laboratoires qui dépendent de la Fondation nationale des sciences politiques sont de plus en plus nombreux à entrer dans le consortium Archipolis. Ensuite, deux des membres de beQuali s’investissent dans le développement de la nouvelle « Mission archive » de Sciences Po. Surtout, sa bibliothèque, qui entend se développer en data library (Cavalier, 2015), se tourne vers le CDSP. L’équipe DIME-Quali, à la recherche de ressources supplémentaires et tout particulièrement de personnels permanents, accepte de réfléchir avec elle à une déclinaison de beQuali dédiée aux enquêtes réalisées par les chercheurs de Sciences Po. C’est d’ailleurs à l’occasion de la première réunion destinée à mettre en œuvre cette collaboration que le directeur du CDSP s’affirme pour la première fois publiquement comme le responsable de beQuali, bien que son fondateur et animateur scientifique soit présent. L’ancrage de beQuali dans Sciences Po accentue les tensions relatives aux risques de normalisation puisque les enquêtes menées dans les laboratoires de cette institution sont loin de représenter la variété des enquêtes qualitatives de sciences sociales portant sur les objets politiques [34]. Or le prototype a été élaboré à partir de ce type d’enquêtes. Il devait originellement évoluer pour être en mesure d’en intégrer d’autres. À défaut, le caractériser comme un équipement « national » revient à imposer les formats développés pour archiver ces enquêtes aux autres types de recherche.
L’excellence relocalisée
33Pour le rapport annuel qu’elle doit remettre à l’Agence nationale de la recherche, l’équipe doit indiquer le nombre d’enquêtes archivées. Or, au bout de deux années de travail, trois enquêtes seulement sont au catalogue. Pour le coordinateur de l’Equipex, responsable auprès de l’ANR de l’avancement du projet, l’insuffisance de ce « résultat » est la conséquence du temps trop important que l’équipe a consacré à la réflexion sur les usages de la banque et à l’expérimentation de la réanalyse. Pour le fondateur de Bequali – qui ne dispose pas de l’autorité administrative sur les personnes impliquées dans le projet –, cela manifeste au contraire la nécessité de refonder l’outil, lequel, outre les inquiétudes qu’il lui inspire en matière de normalisation scientifique, requiert beaucoup trop d’interventions manuelles de l’équipe dans la procédure d’archivage. Le directeur scientifique de Sciences Po tente un compromis : l’autorité du directeur du CDSP et coordinateur de l’Equipex est confirmée mais un dispositif de réunions est prévu dans lesquelles le fondateur de beQuali pourra continuer à donner son avis sur la stratégie à suivre. Celui-ci, constatant l’impossibilité de réorienter beQuali, refuse et quitte le projet, arguant que, tel qu’il est, beQuali ne répond pas aux objectifs pour lequel il l’a créé. Quelques membres du Comité scientifique et technique de DIME-Quali démissionnent également, dont son président, sachant qu’un écho faible est donné à ces démissions au sein du comité de pilotage de l’Equipex [35]. On assiste au contraire, toutes proportions gardées, à une forme d’escalade institutionnelle (Ross & Staw, 1993, p. 724) : au moment où le projet semble en échec, les tutelles y investissent un supplément de ressources puisque deux autres personnes viennent rejoindre l’équipe dans les mois qui suivent la scission.
34Pourtant, plus de deux années plus tard, beQuali n’a toujours que six enquêtes à son catalogue. Toutes, de surcroît, ont été produites dans les laboratoires de Sciences Po et sont loin de représenter la diversité du qualitatif à laquelle beQuali ambitionnait de contribuer. Le financement sur projet, avec la mise en compétition des équipes et des personnels et son corollaire, la fermeture des institutions sur elles-mêmes, avec l’évaluation par indicateurs et le transfert de l’autorité scientifique à l’administration, semble avoir largement contribué à ce que le projet est devenu : un équipement de Sciences Po destiné à incarner et promouvoir les pratiques d’une institution « d’excellence ».
Conclusion
35Écrit par des membres fondateurs de la banque française d’enquêtes qualitatives beQuali, cet article tente de rendre compte de l’intensité des processus frictionnels qui ont accompagné sa création, de 2006 à 2013, et de leur donner sens. Quatre angles d’approche ont été choisis, inspirés par les travaux de sociologie des sciences portant notamment sur la mise en base de données. Le premier a retracé la genèse des promesses de création d’un « Qualidata à la française », très sinon trop ambitieux. Inspiré du modèle britannique, Qualidata, lui-même très investi dans la promotion des « bonnes pratiques » en matière de recueil, de gestion et d’analyse des données, beQuali devait pourtant prévenir les risques de normalisation afférents à la transformation des enquêtes en data et, au contraire, contribuer à la diversité du qualitatif. Le caractère difficilement compatible de ces promesses a constitué un terreau fertile en malentendus et frictions au sein de l’équipe. Dans un deuxième temps, le texte s’est attaché au travail de construction de l’équipement et au grand nombre d’objets élaborés pour cela par l’équipe. Ces objets, dès lors qu’ils servaient à mettre en œuvre les promesses, auraient dû incarner les différentes acceptions du projet : patrimoniale dans sa fonction d’archivage et instrumentale dans la mise à disposition et le partage des enquêtes, notamment. On a observé au contraire que, dans un contexte de surcharge de l’équipe, ces objets ont été appropriés séparément et n’ont favorisé ni l’expression ni l’articulation de ces différentes visions de l’équipement. La troisième partie de l’article a rendu compte des transformations que l’équipe a connues en matière de positionnements professionnels (qu’il s’agisse des statuts ou des activités des membres de l’équipe). On a vu que ces transformations ont été aussi rapides qu’importantes et ont contribué à mettre à distance les chercheurs, considérés de plus en plus comme des usagers et sans que leurs usages puissent intervenir sur le fonctionnement de l’outil. Au sein de l’équipe, cette évolution s’est traduite par un dissensus croissant entre les personnels au statut de chercheur et les autres, à propos notamment de la pérennisation de l’équipement ou de la poursuite de son expérimentation. Pour comprendre comment cette question a été tranchée, la quatrième et dernière section de l’article s’est intéressée alors à la structure d’autorité dans le projet dit « d’excellence » qu’est beQuali et au décrochage opéré entre responsabilité scientifique et autorité administrative et financière. Les frictions allant croissant, la crise s’est soldée par le départ du fondateur de beQuali et de la plupart des collègues chercheurs.
36BeQuali a bel et bien été créé, et perdure, mais au prix d’une révision de ses objectifs. Surtout, la banque peine à archiver plus d’une enquête par an et jusqu’ici, les usages qui en sont faits restent limités. La comparaison avec Qualidata, dont le succès en termes de catalogue et d’influence ne fait pas de doute, permet-elle de mieux comprendre cet échec, même relatif ? Peut-on considérer que l’inscription de beQuali dans un dispositif dit « d’excellence », concurrentiel, aux frontières institutionnelles étroites, administré sur projet, avec un financement à court terme, en est responsable ? On voit effectivement que l’équipe britannique n’a pas eu à s’embarrasser d’une inflation de promesses contradictoires : elle a pu assumer sans coup férir les effets de normalisation induits par une mise en banque centralisée et appuyée par un dispositif d’incitation national et puissant. Les critiques sont venues de l’extérieur de l’équipe et leurs effets ont pu être en partie maîtrisés grâce à une activité de réseautage très efficace. Il reste que ces critiques sont là et entretiennent un débat important quant au façonnage et aux usages des bases de données pour la recherche en sciences humaines et sociales. Face à la volonté de mieux rentabiliser l’argent public investi dans les enquêtes, notamment qualitatives, elles font valoir le faible usage qui est fait des enquêtes archivées et le coût important de ces infrastructures. À l’éloge de la transparence et des bonnes pratiques, elles opposent la réalité erratique du processus qui mène à la découverte et la transformation permanente des normes et des pratiques de recherche qu’on ne saurait geler sans porter durablement atteinte à l’activité scientifique. Autrement dit, si les politiques dites « de l’excellence » dans lesquelles beQuali a trouvé place expliquent sans doute l’intensité des processus frictionnels que ce projet a connus, son relatif échec est peut-être plus largement lié à la mise en banque elle-même et au fait que ce type d’instruments recèle des propriétés politiques dont il est indispensable de rendre compte. Pour conforter cette conclusion, ce sont bien les banques de données qui ont réussi sans conteste qu’il faut aller regarder de plus près, sans en rester à la célébration de leur succès (Bowker, 2000). Comme Geiger, Moore et Savage, par souci de symétrie avec la lecture que nous avons donnée de l’histoire de beQuali, nous appelons donc à mettre Qualidata en questions (Geiger, Moore, & Savage, 2010).
Remerciements
Les auteurs remercient tout particulièrement les responsables du numéro et de la revue pour les évaluations et qu’ils ont faites des diverses versions de ce texte et leurs nombreuses suggestions ; Claire Dupuy, Camille Hamidi, Alexandre Jaunait, Thibaut Rioufreyt et Virginie Van Ingelgom pour leur soutien ainsi que Magali Vautelin pour son aide dans la mise en forme du texte.Bibliographie
Liste des documents cités
N.B. Les noms des documents sont dans la mesure du possible ceux qui figurent sur les documents. À défaut, nous avons donné un titre qui indique le contenu du document. De la même façon, les dates renvoient à celle indiquée sur le document et, à défaut, celle du fichier sauvegardé par les auteurs. Ces documents pourront être envoyés sur demande motivée aux auteurs.- Archives des enquêtes qualitatives en sciences humaines et sociales. Projet de création d’une base de données qualitatives au Cévipof. 3 mars 2006. 2 p.
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Mots-clés éditeurs : qualidata, analyse secondaire, banque d’enquêtes qualitatives, politique des sciences
Date de mise en ligne : 23/12/2016.
https://doi.org/10.3917/rac.033.0531Notes
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[1]
Sur le projet, voir http://reanalyse.hypotheses.org/projet-anr. Voir aussi le numéro 21 des hors-séries de Recherches qualitatives à paraître en 2017 : « La réanalyse des enquêtes qualitatives à l’épreuve de l’expérimentation ».
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[2]
Nous avons évoqué l’idée de mettre en ligne ces documents mais l’impossibilité de les anonymiser sans leur ôter toute utilité nous a convaincus d’en réserver l’accès aux collègues qui nous en feront la demande en explicitant leur projet. Finalement, cela revient à mettre en place les mêmes principes que ceux que nous voulions instaurer dans beQuali : inscrire le partage des données dans une relation de confiance entre collègues et favoriser la relation la plus directe possible entre producteur/rice.s et utilisateur/rice.s des enquêtes.
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[3]
Afin de dépersonnaliser l’analyse, il a été convenu avec les responsables du numéro de désigner tous les acteurs de ce projet par leur fonction et de les mettre tous au masculin. Cela nous interdit d’aborder les effets de genre qui auraient pu constituer un angle d’approche supplémentaire, également heuristique, de ce travail.
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[4]
Les actes du colloque sont disponibles à http://reanalyse.hypotheses.org/colloque-analyse-secondaire-2005.
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[5]
Le CDSP est une unité de services sous la double tutelle du CNRS et de Sciences Po, chargée de l’archivage des enquêtes quantitatives de science politique.
- [6]
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[7]
En effet, dès 1996, l’agence nationale de financement britannique ESRC (Economic and Social Research Council) est venue en soutien de Qualidata en conditionnant l’octroi de contrats de recherche à l’engagement de déposer les données ainsi financées. Cette politique contraignante sera rapidement complétée par une politique incitatrice, à savoir des appels à projets dédiés à l’analyse secondaire des enquêtes archivées par Qualidata et/ou d’autres institutions publiques.
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[8]
Étude entamée grâce à un financement proposé par l’infrastructure nationale alors chargée d’aider à la numérisation des données de sciences humaines et sociales, ADONIS.
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[9]
Pour une présentation du paysage de financement de la recherche en France, à la fois très complexe et très mouvant, et de toutes les institutions créées au cours des deux dernières décennies, voir Heraud et Lachmann (2015).
- [10]
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[11]
L’expérience de Qualidata avait prouvé la difficulté d’impliquer les chercheurs dans l’opération ; il semblait donc impensable que beQuali puisse faire payer ses services et devenir autosuffisante. À l’inverse, le panel devait à terme pouvoir vendre ses enquêtes.
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[12]
Ici on désignera par beQuali l’ensemble du projet de construction de la banque d’enquêtes et les gens qui y ont collaboré, de près ou de loin, tandis que DIME-Quali renverra plus précisément à la petite équipe de permanents, membres du CDSP, financés par Sciences Po et DIME-SHS.
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[13]
http://www.dartstatement.org/#!blank/c22sl, dernière consultation le 05 nov 2016.
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[14]
https://dialogueondart.org/, dernière consultation le 05 nov 2016.
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[15]
Le consortium Archipolis, originellement intitulé Archives des sciences sociales du politique, vient s’ajouter à Réanalyse et Dime-SHS pour compléter le dispositif de financement de beQuali. D’abord destiné à construire un inventaire national des enquêtes qualitatives dont les données n’ont pas disparu, il s’oriente pendant un temps vers l’auto-archivage : cf. http://humanum.hypotheses.org/147, dernière consultation le 5 nov 2016. Cette nouvelle orientation découle également du fait qu’une des premières enquêtes archivée par beQuali l’a été parallèlement à la publication des résultats et vient donc nourrir l’agenda de la transparence. Cf. Journal du CNRS : https://lejournal.cnrs.fr/sites/default/files/numeros_papier/jdc271.pdf, dernière consultation le 5 nov 2016.
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[16]
À titre d’indication, pour un des deux auteurs de cet article, le dossier informatique correspondant à beQuali ne comprend pas moins de 3 268 fichiers, contre 1 263 pour le dossier relatif à une enquête collective coordonnée sur une période équivalente. Ce n’est qu’un indicateur très imparfait d’objectivation de cette production effrénée d’objets par l’équipe qui fait écho au constat de Vinck sur « le temps considérable [consacré à] concevoir, négocier, produire et faire circuler des “objets” de toutes sortes » (Vinck, 2009, p. 53).
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[17]
Voir la fiche disponible à http://bequali.fr/media/ckeditor/uploads/2015/10/16/cdsp_bq_web-fiche_parcours.pdf.
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[18]
Les « enquêtes sur l’enquête » des six enquêtes archivées jusqu’ici par beQuali sont en accès libre sur le site de la banque. Voir onglet « Les enquêtes » puis cliquer sur le nom de chaque enquête et suivre le menu.
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[19]
On peut rapprocher ce débat de la discussion autour de la notion de contexte dans le débat sur l’analyse secondaire, et notamment de l’argument porté par Moore sur le caractère fallacieux de l’obsession du contexte original (Moore, 2006).
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[20]
Présentation disponible à http://www.eddi-conferences.eu/ocs/index.php/eddi/EDDI13/paper/view/105/45.
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[21]
Typiquement, le travail sur les métadonnées est ici loin de jouer le rôle de « lubrifiant » qu’Edwards et ses collègues suggèrent de lui donner en les considérant comme « an ephemeral process of scientific communication, rather than as an enduring outcome or product » (Edwards et al., 2011).
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[22]
Un grand soin est mis notamment à l’élaboration et l’application d’une charte graphique pour la mise en visibilité de ces objets.
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[23]
Ceci n’est pas le fait du hasard, même si cela a pu être vécu comme tel par les protagonistes, puisque les appels d’offres renvoient à des politiques scientifiques qui fixent des priorités sur lesquelles on reviendra dans la dernière partie.
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[24]
P. Flichy définit le cadre d’usage « comme celui qui décrit le type d’activités sociales proposées par la technique, qui la positionne dans l’éventail des pratiques sociales, des routines de la vie quotidienne, et précise les publics envisagés, les lieux et les situations où cette technique peut se déployer. Il indique également le sens social de cette technologie. […] Contrairement à l’idée courante (qu’on trouve souvent chez les sociologues des usages) où on distingue, d’un côté, l’ingénieur qui conçoit et organise la production et, de l’autre, l’usager qui s’approprie et utilise l’outil, la définition du cadre d’usage n’est pas assurée par l’usager. Elle est le résultat de l’action conjointe de tous les acteurs de l’activité technique, le concepteur, les nombreux médiateurs évoqués plus haut (constructeur, médias, prescripteur, acheteur, installateur…), mais aussi l’usager » (Flichy, 2008, pp. 164-165).
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[25]
Les IDEX, « Initiatives d’excellence », sont des regroupements d’établissements d’enseignement supérieur et de recherche qui visent à doter la France d’institutions « capables de rivaliser avec les meilleures universités du monde », http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid51351/initiatives-d-excellence.html.
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[26]
Comme l’indique la description de l’équipe sur le site beQuali : « Cinq chargés d’études, épaulés par l’équipe informatique du CDSP, travaillent quotidiennement sur le projet (suivent la liste et les photos des chargés d’études). Deux post-doctorants […] ont participé en 2014-2015 à la réflexion scientifique en menant des travaux sur l’analyse secondaire et ses conditions de possibilité » (http://bequali.fr/fr/propos/, consulté le 30 mai 2016). Mais même là l’apport de la recherche sera limité puisque sur les deux post-docs, l’un avance vraiment dans la réanalyse mais il travaille sur deux enquêtes qui ne sont pas archivées dans beQuali ; tandis que l’autre aura, à la demande de l’équipe, consacré l’essentiel de son temps de post-doc à archiver l’enquête sur laquelle il travaille sans trouver le temps de vraiment retravailler dessus.
- [27]
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[28]
L’AERES était alors l’agence nationale d’évaluation des structures de recherche et d’enseignement supérieur. Chaque unité (ou formation, ou institution) devait tous les 4 ans présenter un rapport d’activité et un projet. Un comité de visite composé de collègues extérieurs à l’institution évaluée venait en discuter avec les personnels avant d’élaborer des recommandations à son sujet.
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[29]
Chercheur CNRS, le fondateur de beQuali ne pouvait en effet être qu’associé au CDSP, tout comme le directeur du CDSP lui-même, membre titulaire d’un laboratoire de Sciences Po.
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[30]
http://www.reseau-quetelet.cnrs.fr/spip/, dernière consultation le 5 nov 2016.
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[31]
Pour éviter notamment qu’un chercheur change d’avis et retire son enquête après que l’équipe a travaillé à sa mise en ligne, des délais de rétractation sont prévus.
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[32]
Par exemple, alors que la mise en ligne des enquêtes vise à faciliter et accélérer leur accès, l’équipe affiche les délais de traitement des demandes qui manifestent la volonté de ne pas se soumettre à leur rythme de travail : « Les demandes d’accès aux enquêtes sont examinées du lundi au vendredi hors jours fériés. Chaque ouverture d’accès fait l’objet, au préalable, de la signature d’un contrat d’utilisation et nécessite par conséquent un délai minimum de deux semaines », http://bequali.fr/fr/les-enquetes/ (consulté le 26 mai 2013).
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[33]
Cela aurait aussi permis de simplifier certaines procédures, dont la signature de chaque contrat de dépôt ou d’utilisation par le directeur scientifique de Sciences Po (cf. ci-dessus).
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[34]
Pour les lecteurs peu familiers des sciences sociales françaises, Sciences Po a longtemps incarné une approche dominante et positiviste de ces disciplines (Briquet & Sawicki, 2012, p. 15). Quoi qu’il en soit, toute institution d’enseignement supérieur et de recherche génère des formes de localisme scientifique qui d’ailleurs sont au principe du pluralisme des approches et des méthodes.
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[35]
Notons que se pose ici la question de la propriété intellectuelle sur ce type de projet.