Couverture de AHRF_388

Article de revue

Révolution française et Utopie

Pages 3 à 27

Notes

  • [1]
    Une synthèse de cette problématique figure dans l'Atlas des utopies, hors-série du Monde, octobre 2012, réédition 2017, Serge Bianchi, « La Révolution française, prémices d'une société utopique », p. 44-45.
  • [2]
    Il n'existe pas d'entrée Utopie dans les dictionnaires classiques de la Révolution française ni dans la plupart des manuels d'enseignement de l'histoire de la Révolution.
  • [3]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, Pour une histoire de l’utopie en France au XVIIIe siècle, Paris, Société des études robespierristes, 1977 ; Bronislaw Baczko, « Fictions  historiques et  conjonctures utopiques », dans Lectures, livres et lecteurs du XVIIIe siècle,  Université  François  Rabelais, Tours,  2003, p. 135-144 ; André Lichtenberger, Le socialisme utopique. Études sur quelques précurseurs français du socialisme, Paris, Félix Alcan 1898 ; Michèle Riot-Sarcey, Thomas Bouchet et Antoine Picon (dir.), Dictionnaire des utopies, Paris, Larousse, 2002.
  • [4]
    En particulier, les recherches et les publications de Stéphanie Roza, Comment l'utopie est devenue un programme politique. Du roman à la Révolution, Paris, Classiques Garnier, 2015, position de thèse dans les AHRF, n° 378, 2014, p. 111-118. Voir également deux publications électroniques des Cahiers de l'Institut d'histoire de la Révolution française, 4, 2013 : Pédagogie, utopies et Révolution, Caroline Fayolle et Jean-Charles Buttier (dir.) ; 6, 2014, La Révolution ou l'invention de la femme et de l'homme nouveaux, Stéphanie Roza et Pierre Serna (dir.), dont une communication de Stéphanie Roza : « Former les citoyens de la République, de Morelly à Babeuf », p. 1-11.
  • [5]
    Jacques Moutaux, « L'utopie. Philosophie de la Nouvelle Terre », cité dans Jean-Yves Lacroix, Un autre monde possible ? Utopie et philosophie, Paris, Bordas, 2004, p. 280.
  • [6]
    Les corpus « classiques », à l’image de l'article de Jean-Marie Goulemot dans l’Histoire de l’édition française, Roger Chartier et Henri-Jean Martin (dir.), Paris, Fayard, 1989, ne recensent que quelques utopies pendant la Révolution. Anne-Rozenn Morel en établit cinquante-cinq. Notre corpus s’inspire de cette dernière approche, en rajoutant des textes non fictionnels, des lois, des projets politiques, des projets sociaux comme les manifestes des Égaux…
  • [7]
    Nous remercions vivement Anne-Rozenn Morel, pour nous avoir confié ses analyses précédant la soutenance de sa thèse : Les fictions utopiques pendant la Révolution française. Enquête sur les interactions entre réalité révolutionnaire et modèles politiques imaginaires, Rennes 2, 2007, dact., sous la direction de Laurent Loty et la responsabilité d'Isabelle Brouard-Arends.
  • [8]
    Sur des thèmes relevant de la production littéraire, du théâtre, de la presse, de l’architecture, de l’école, de la famille, de la Terreur… voir Mona Ozouf, L'homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989 ; Claude Mazauric (dir.), La Révolution Française et l'homme moderne, Paris, Messidor, 1989.
  • [9]
    En 1739, Voltaire, dans une lettre à d’Helvétius, semble ignorer l’étymologie du mot Utopie, ainsi que le contenu de l’ouvrage de Thomas More.
  • [10]
    Dictionnaire de Trévoux : « Région qui n’a point de lieu, un pays imaginaire ».
  • [11]
    Édition de 1798 du Dictionnaire de l’Académie française, recréée après sa suppression en 1793.
  • [12]
    Irmgard Hartig, « Lectures utopiques du siècle des Lumières. Essai de bibliographie », op. cit., p. 25-81.
  • [13]
    Raymond Trousson, Voyages aux pays de nulle part. Histoire littéraire de la pensée utopique, Bruxelles, Éditions de l’Université, 1975.
  • [14]
    Thomas More, L’utopie. La traduction « classique » de Marie Delcourt (1966), présentation par Simone Goyard-Fabre, Paris, Flammarion, 2002, est bien moins « socialiste » que celle de Victor Stouvenel, Éditions Librio. Voir Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001.
  • [15]
    L’expression « pays des chimères » est utilisée par Jean-Jacques Rousseau, en 1767, se défendant d’être un utopiste au regard de La République de Platon et de l’Utopie de Thomas More, dans une lettre au marquis de Mirabeau.
  • [16]
    Michel Mollat, L’Europe et la mer, Paris, Éditions du Seuil, 1993 ; Alain Corbin, Le territoire du vide. L’Occident et le désir de rivage, Paris, Aubier, 1987 ; Le Grand Atlas des Explorations, Encyclopédia Universalis, Paris, 1991 ; Jacques Cambry, Fragments du dernier voyage de La Pérouse, an V.
  • [17]
    Dont l’Isle des Esclaves, comédie en un acte de 1725, et L’Isle de la raison ou les Petits hommes, comédie en trois actes de 1727.
  • [18]
    Daniel Defoe, La vie et les aventures surprenantes de Robinson Crusoé, Amsterdam, L’Honoré et Chatelain, 1720-1721.
  • [19]
    Jonathan Swift, Voyages de Gulliver, Paris, H.-L. Guérin, 1727.
  • [20]
    Armand-Léon, Marquis de Lassay, Relations du royaume des Féliciens, Château de Lassay, 1727.
  • [21]
    Abbé Gabriel-François Coyer, Chinki, histoire cochinchinoise qui peut servir à d’autres pays, Londres, 1768.
  • [22]
    Idem, Satire de la colonisation française des Frivolites, peuple indigène oisif et avide...première édition, 1750.
  • [23]
    Louis Sébastien Mercier, L’An deux mille quatre cent quarante, rêve s’il en fut jamais, Londres, 1771, nouvelles éditions, 1785 et 1786.
  • [24]
    Nicolas Edme Rétif de La Bretonne, L’An deux mille, Comédie héroïque, dans Le Thesmographe, Paris, 1789. Sur les relations entre utopie, théâtre et Révolution, Laurent Loty, « L'An deux-mille : une utopie révolutionnaire », dans Études rétiviennes, 17, 1992, p. 7798.
  • [25]
    Françoise Leborgne, « Rétif de la Bretonne », dans Dictionnaire des utopies, op. cit., 2002.
  • [26]
    Et Nicolas Gueudeville en 1730 dans l’Idée d’une république heureuse, ou l’Utopie de Thomas More, où l’auteur fait l'éloge dans sa préface de la communauté des biens et travaux.
  • [27]
    Étienne Gabriel Morelly, Naufrage des isles flottantes ou Basiliade du célèbre Pipaï..., Messine [Paris], 1753, 2 tomes. Des groupes de cent personnes, appliquant des principes communistes, détruisent les « isles flottantes », c’est-à-dire les préjugés frivoles.
  • [28]
    Code de la Nature, ou le Véritable esprit des lois de tous temps négligé et méconnu, Partout, chez le vrai sage, 1755.
  • [29]
    Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité entre les hommes (1754), voir Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau. La transparence et l’obstacle, Paris, Gallimard, 1971, p. 319-329.
  • [30]
    Mémoires de pensées et sentiments, après 1729 (décès de Jean Meslier) ; Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul, Œuvres de Jean Meslier, Paris, Anthropos, 1970-1972.
  • [31]
    Lettres de l’un des ambassadeurs de Typoo-Saib, où il est beaucoup parlé des affaires du royaume de Gogo..., Paris, Laporte, 1789.
  • [32]
    La vie de mon père, 1779 : L’Andrographe, ou Idées d’un honnête homme..., La Haye, Gosse et Pint, 1782. Voir Laurent Loty, « Le peuple et la populace chez les philosophes des Lumières et chez Restif de la Bretonne », Études rétiviennes, 8, 1988, p. 33-42.
  • [33]
    Jean-Marie Goulemot, « L’utopie, du temps immobile au temps déployé », dans Le règne de l’histoire, Paris, Albin Michel, 1996, p. 280-281.
  • [34]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 14.
  • [35]
    En 1764.
  • [36]
    Voir les travaux de Stéphanie Roza : « Morelly, Mably, Babeuf, un débat avec Rousseau », AHRF, n° 378, 2014, p. 112.
  • [37]
    Avec le rappel fréquent de la controverse entre les approches de l’état de nature chez Hobbes, Locke et Rousseau.
  • [38]
    Emil Kaufmann, Trois architectes révolutionnaires : Boullée, Ledoux, Lequeu, Paris, SADG, 1978 (1ère édition, 1952) ; Annie Jacques et Jean-Pierre Mouilleseaux, Les architectes de la liberté, Paris, ENSBA, 1989. Philippe Bordes, Régis Michel (dir.), Les arts et la Révolution (1789-1799). Aux armes et aux arts, Paris, Adam Biro, 1988 ; Jean-Marie Pérouse de Montclos, Étienne Louis Boullée (1728-1799) : de l’architecture classique à l’architecture révolutionnaire, Paris, Arts et métiers graphiques, 1969.
  • [39]
    Étienne Louis Boullée, Essai sur l’art, 1793.
  • [40]
    Claude Nicolas Ledoux, L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation, Paris, Chez l’auteur, 1804.
  • [41]
    Ibidem, p. 8.
  • [42]
    « Pour le peuple laborieux, le véritable peuple » (Claude Nicolas Ledoux).
  • [43]
    Projet d'Étienne Louis Boullée, entre Tuileries et Louvre, en 1781 : « Les spectateurs décorent la salle et en sont le principal ornement ».
  • [44]
    Projets d'Étienne Louis Boullée en 1785.
  • [45]
    Ibidem, titre du premier volume.
  • [46]
    « Et moi aussi, je suis peintre », proclame Étienne Louis Boullée.
  • [47]
    En 1778, l'année de son décès, Voltaire triomphe, la foule saluant son buste, lors de la représentation de son Brutus par la Comédie Française !
  • [48]
    Pourtant, la passion pour un idéal républicain relève davantage de la science politique (Machiavel, Montesquieu) et de l'histoire des régimes, que de l'influence des romans utopiques de la fin de l'Ancien Régime.
  • [49]
    Louis-Philippe de Ségur, Mémoires, 1822.
  • [50]
    Questions posées par Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 22.
  • [51]
    Angers, 1781. Voir aussi Fragments de l'Amazone, postérieur, de la même veine, publié après le Directoire.
  • [52]
    ...et plusieurs autres nouvellement découvertes et remarquables par leur rapport avec la France actuelle, 1790.
  • [53]
    ...folie en prose et en trois actes, mêlée d’ariettes et de vaudeville...s par le Cousin Jacques, 7 novembre 1790.
  • [54]
    Abbé Philippe Sérane, ... où l’on trouve une idée de législation conforme à l’humanité, à la nature, au bien public...traduit de l’original, Paris, Imprimerie Demonville, 1789.
  • [55]
    François Joseph L’Ange, Moyens simples et faciles de fixer l’abondance et le juste prix du pain, présenté à MM. du Conseil Général de la commune de Lyon, Lyon, Cutty, 1792 ; et Réponses aux objections..., Lyon, Cutty, 1792.
  • [56]
    Pierre Dolivier, Essai sur la justice primitive, pour servir de principe générateur au seul ordre social qui peut assurer à l’homme tous ses droits et tous ses moyens de bonheur, Paris, Imprimerie de J. B. Hérault, 1793 ; Maurice Dommanget, Pierre Dolivier, curé rouge, Paris, Spartacus, 1976.
  • [57]
    Albert Soboul, « Sur les “curés rouges” dans la Révolution française », AHRF, n° 249, 1982, p. 349-363.
  • [58]
    Synthèses de Michel Vovelle et Serge Bianchi dans Maurice Dommanget (Beauvais 1994), Beauvais, Archives départementales de l’Oise, 1996.
  • [59]
    ... ou Constitution invulnérable de la Félicité publique. Projet donné mainte fois sous différentes formes par F. J. Lange, juge de paix, Lyon, Cutty, 1793.
  • [60]
    Pour Dolivier, il s’agit de Jean Pierre Couturier : Serge Bianchi, La Révolution et la Première république au village. Pouvoirs, votes et politisation dans les campagnes d'Ile-de-France, 1787-1800 : Essonne et Val-de-Marne actuels, Éditions du CTHS, 2003, p. 639-659 à propos des représentants en mission. Pour Lange, il s’agit de Collot d’Herbois : Michel Biard, Collot d’Herbois. Légendes noires et Révolution, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1995.
  • [61]
    Il est exécuté le 5 germinal an II (25 mars 1794), en compagnie d’Hébert, de Ronsin et de Vincent.
  • [62]
    Roland Gotlib, « Mai 1793 », Dictionnaire historique , op. cit., 1989, p. 752.
  • [63]
    « On trouve dans ses écrits, précisées et systématisées, les revendications essentielles des sans-culottes en matière sociale », ibidem, p. 753.
  • [64]
    Julien Jacques Moutonnet de Clairfons, Le véritable philanthrope, ou l’Île de la philanthropie... Philadelphie, 1790.
  • [65]
    L’heureuse nation, ou Gouvernement des Féliciens, peuple souverainement libre sous l’empire absolu de ses lois... , Paris, 1792, 2 volumes.
  • [66]
    Pour François Hincker, des textes comme les Éléments de républicanisme de
    Billaud-Varenne (1793) ou les Institutions républicaines de Saint-Just font partie intégrante des publications relevant de l’utopie, « L’effet d’utopie dans la Révolution française », Le règne de l’histoire, Paris, Albin Michel, 1996, p. 52.
  • [67]
    Jean-Pierre Gross, Égalitarisme jacobin et droits de l’homme 1793-1794 (La Grande famille et la Terreur), Paris, Arcanteres, 2000.
  • [68]
    Anne-Rozenn Morel, « Modes d’engagement de l’utopie : le ludique et le juridique », dans Littérature et engagement sous la Révolution française, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 79-88.
  • [69]
    Marie-Françoise Bosquet, Images du féminin dans les utopies classiques, Oxford, Voltaire foundation, 2007. Voir les travaux de Dominique Godineau, dont Les femmes dans la société française (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Armand Colin, 2003.
  • [70]
    Sur les aspects utopiques de transformation des rapports au sein de la famille, sujet central de notre approche, mais traité sous l'angle de la législation, Serge Bianchi, « La révolution et les familles », dans Des révoltes aux révolutions. Europe, Russie, Amériques (1770-1802). Essai d'interprétation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 284-295.
  • [71]
    Voter, élire pendant la Révolution française 1789-1799. Guide pour la recherche, Paris, CTHS, 2006 ; Serge Aberdam, « Deux occasions de participation féminine en 1793 : le vote sur la Constitution et le partage des biens communaux », AHRF, n° 339, 2005, p. 17-34.
  • [72]
    Albert Mathiez, « Les décrets de ventôse sur le séquestre des biens des suspects et leur application », AHRF, 1928, p. 193-200 ; Georges Lefebvre, Questions agraires au temps de la Terreur, Strasbourg, 1932.
  • [73]
    Jean-Pierre Gross, op. cit., 2000. Albert Mathiez, La vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, Payot, 1927.
  • [74]
    Albert Soboul : « Il n’échappait pas à la plupart des Conventionnels que vouloir transformer tous les prolétaires ruraux en petits producteurs indépendants était une chimère », La civilisation et la Révolution française, II, Paris, Arthaud, 1982, p. 399.
  • [75]
    Exemples dans Les politiques de la terreur, 1793-1794, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008 : Mathieu Soula, « Les taxes révolutionnaires sous la Terreur : simple expédient ou manifestation d’une ambition politique et sociale ? Le cas de l’Hérault (août 1792-an III », p. 249-261 ; Danièle Pingué, « Secours publics et bienfaisance nationale dans les campagnes franc-comtoises », p. 321-330 ; Armelle Poinsot, « L’application de la loi du 22 floréal an II », p. 331-346.
  • [76]
    Victor Donatien de Musset, L’Anglais cosmopolite, Paris, Delance, an VII (1799), p. 279.
  • [77]
    Il conviendrait d'élargir l'analyse à d'autres publications européennes, autour des idées de Thomas Paine ou de Marie Wollestonecraft par exemple.
  • [78]
    Il note sur son agenda : « Ne pas admettre le partage des propriétés ».
  • [79]
    Louis Antoine, de Saint-Just : « Nous proposons de faire de l'homme ce que nous voulons qu'il soit ».
  • [80]
    Albert Soboul, op. cit., 1982 : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », p. 398-404 ; « Changer de vie », p. 418-421 ; Michel Biard, Pascal Dupuy, La Révolution française. Dynamiques, influences, débats 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2004 : « Le rêve d’une Cité idéale », p. 89-93
  • [81]
    James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1891-1897.
  • [82]
    Article 22 de la Déclaration des droits de la Constitution de l’an I, juin 1793.
  • [83]
    Dominique Julia, Les trois couleurs du tableau noir. La Révolution, Paris, Belin, 1981.
  • [84]
    Bronislaw Baszko, Une éducation pour la démocratie, Paris, Garnier, 1982.
  • [85]
    Mona Ozouf, L'Homme régénéré. Essai sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989.
  • [86]
    Jacques-Guy Petit, « Utopies révolutionnaires. Le Peletier de Saint-Fargeau, la prison et l’école », dans Regards sur les sociétés modernes (XVIe-XVIIIe siècles), Tours, CEHVI, 1997, p. 289-301.
  • [87]
    Recherches et publications en cours de Catherine Fayolle et de Côme Simien.
  • [88]
    René Grevet, L’avènement de l’école républicaine en France (1789-1835), Lille, Presses du Septentrion, 2001 ; Serge Bianchi, « Les instituteurs de la Première République. Essai sur les instituteurs et la naissance de l’éducation républicaine en milieu rural (1792-1800) », Pour la Révolution française (hommage à Claude Mazauric, Rouen, Publications de l’Université de Rouen, 1998, p. 189-199. Sur ce thème, voir les travaux en cours de Côme Simien.
  • [89]
    Marc Gontard, L’enseignement primaire en France de la Révolution à la loi Guizot, Paris, Annales de l’Université de Lyon, 1959, p. 151 ; Serge Bianchi, « L’école primaire sous le Directoire : enjeux civiques et républicains », Du Directoire au Consulat, 2, L’intégration des citoyens dans la Grande Nation, Lille, Crheno, 2000, p. 270-295.
  • [90]
    Un colloque offre une synthèse commode sur le théâtre en Révolution : La Révolution et les arts de la scène, Philippe Bourdin, Gérard Loubinoux (dir.), Presses universitaires Blaise Pascal-Musée de la Révolution française-Vizille, 2004
  • [91]
    Serge Bianchi, « Théâtre et engagement sur les scènes de l’an II », dans Littérature et engagement pendant la Révolution française, Isabelle Brouards-Arends et Laurent Loty (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 27-50.
  • [92]
    Création de Charles Louis Wailly, qui aurait déclaré postérieurement avoir cédé au « délire du moment » !
  • [93]
    Serge Bianchi, La révolution culturelle de l’an II, Paris, Aubier-Floréal, 1982, p. 222.
  • [94]
    Muriel Usandiviras, « De la pastorale à l’internationale : visions et prophéties dans le théâtre de la Révolution française (1791-1793) » Visions of the future, Milan group, 1996, p. 187-198 ; Yves Blavier, « Rétif, Sylvain Maréchal et quelques  “utopistes” », Études rétiviennes, 10, 1989, p. 87-93 ; Izabella Zatorska, « De l’utopie à la prophétie, la mutation de l’utopie dans le théâtre de la Révolution », La Révolution française et ses fantasmes dans la littérature, Paris, A.-G. Nizet, 1992.
  • [95]
    Érica Joy Manucci, « Didactique politique, haute culture et culture populaire : Sylvain Maréchal », Réfléchir sur la Révolution française ; Histoire, historiographie, théories, (Bruxelles, 1990), Bruxelles, 1993. Dernière mise au point sur Sylvain Maréchal, Finalmente il popolo pensa. Sylvain Maréchal nell'imagine della Rivoluzione francese, Naples, Guida editori, 2012.
  • [96]
    Daniel Hamiche, Le Théâtre de la Révolution française, Paris, 10-18, 1973.
  • [97]
    Sur cette question cruciale du théâtre en Révolution, lire la synthèse de Philippe Bourdin et Cyril Triolaire, « Le théâtre et la Révolution », dans Comprendre et enseigner la Révolution française, Paris, Belin, 2015, p. 334-348.
  • [98]
    Bronislaw Baczko, « Le calendrier républicain : décréter l’éternité », Les lieux de mémoire, vol. 1, Paris, Gallimard, 1984, p. 37-83 ; Serge Bianchi, « La bataille du calendrier ou le décadi contre le dimanche. Nouvelle approche de la réception du calendrier républicain en milieu rural », AHRF, n° 312, 1998, p. 245-264. Sur la problématique d'ensemble, voir Serge Bianchi, « Essai de synthèse sur l'étude du calendrier républicain en l'an II et l'an VI », dans Temps révolutionnaire et temps des révolutions, édition électronique, 129e Congrès du CTHS (Besançon 2004), 2010, p. 141-163.
  • [99]
    Études particulièrement solides sur la réception en Bourgogne sous le Directoire par Françoise Fortunet, « Le temps à l’épreuve de la Révolution. Les avatars du décadi », dans Mouvements populaires et conscience sociale (Paris, 1984), Paris, Maloine, 1985, p. 677-686 ; et pour la Bretagne par Solenn Mabo, « L’acculturation républicaine dans le pays de Rennes : une révolution du quotidien ? », Bulletin de la Société Archéologique et Historique d’Îlle-et-Vilaine, 2009, p. 187-237. Voir les études sur le remplacement du dimanche par le décadi : Robert Beck, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours, Paris, Les Éditions de l'Atelier, 1997, p. 141-155 ; et Alain Cabantous, Le dimanche, une histoire, Paris, Seuil, 2013, p. 97-107.
  • [100]
    Daniel Rabreau, Claude Nicolas Ledoux, Paris, Éditions du Patrimoine, 2006 ; et Monique Mosser, Charles de Wailly (1730-1798), peintre-architecte dans l’Europe des Lumières, Paris, éditions CNMHS, 1979.
  • [101]
    Les Projets de l’an II : concours d’architecture de la période révolutionnaire, Paris, École nationale des Beaux-Arts, 1986 ; « Les architectes parisiens à l’époque révolutionnaire », Revue de l’art, 83, 1989.
  • [102]
    Voter, élire..., op. cit., 2006, page de couverture.
  • [103]
    Il réaliserait la « première cité-jardins » de l’histoire à Paris, en 1792, selon François Hincker, « L’effet d’utopie de la Révolution française », dans Le règne de l’histoire, citation de Jean-Marie Goulemot (dir.), Paris, Albin Michel, 1996, p. 51-61.
  • [104]
    Daniel Rabreau, « L’architecture et la fête », Aux Armes..., op. cit., 1988, p. 258
  • [105]
    Ibidem, p. 249-254.
  • [106]
    Bronislaw Baczko Lumières de l’utopie, op. cit., p. 327-332.
  • [107]
    Ibidem, p. 392.
  • [108]
    Daniel Rabreau, op. cit., p. 258-261.
  • [109]
    Alphonse Aulard, Le culte de la Raison et le culte de l’Être Suprême (1793-1794). Essai historique, Paris, Félix Alcan, 1892 ; Albert Mathiez, Les origines des cultes révolutionnaires (1789-1792), Paris, 1904 ; idem, La théophilanthropie et le culte décadaire 1796-1801. Essai sur l’histoire religieuse de la Révolution, Paris, Félix Alcan, 1906 ; Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, Gallimard, 1976 ; Michel Vovelle, La mentalité révolutionnaire, Paris, Messidor, 1988 ; idem, La Révolution contre l’Église, Paris, Complexes, 1988, p. 189-192.
  • [110]
    « Symbolisme et utopie pendant la Révolution française », dans Mouvements populaires et conscience sociale, Jean Nicolas (dir.), Paris, Maloine, 1985, p. 167-172.
  • [111]
    Ouvrage cité sur le Gouvernement des Féliciens, 1792, suivi d’un « Manuel politique de cette nation ».
  • [112]
    Jean Baptiste Say, Olbie ou Essai sur les moyens d’améliorer les moeurs d’une nation, Paris, Déterville, an VIII (1800).
  • [113]
    Michaël Biziou, Adam Smith et les origines du libéralisme, Paris, Puf, 2003, p. 273.
  • [114]
    Jacques Gury, « Cambry, Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797) », Dix-Huitième siècle, 22, 1990, p. 203-236.
  • [115]
    Joseph Saigre, Opuscules d’un solitaire, Bordeaux, Bergeret, 1803.
  • [116]
    Publié le 30 novembre 1795, François Wartelle, Dictionnaire...op. cit., 1989, p. 63-66.
  • [117]
    Rédigé au printemps 1796, mais non publié par les conjurés.
  • [118]
    « Osons dire que la Révolution, malgré tous les obstacles et les oppositions, a avancé jusqu’au 9 thermidor, et qu’elle a reculé depuis... » : Le Tribun du Peuple, 34, 6 novembre 1795 (15 brumaire an IV).
  • [119]
    Viktor Daline, Gracchus Babeuf à la veille et pendant la Grande Révolution (1785-1794),Moscou, Éditions du Progrès, 1976.
  • [120]
    Il répond dans le numéro 37 à Antonelle, qui met en doute le bien-fondé de la « communauté des biens et travaux », dans le numéro 9 de l’Orateur Plébeien : Pierre Serna, Antonelle, aristocrate révolutionnaire 1747-1817, Éditions du Félin, 1997.
  • [121]
    Le Tribun du Peuple, 37, 21 décembre 1795 (30 frimaire an IV).
  • [122]
    Ibidem, 35, novembre 1795 (9 frimaire an IV).
  • [123]
    Cette problématique est déjà posée pour l'Utopie de  More,  par  Jean-Yves Lacroix, op. cit., 2004, p. 241.
  • [124]
    « Comment la Révolution a transformé l'utopie : le cas de Gracchus Babeuf », AHRF, n° 366, 2011, p. 83-103.
  • [125]
    Bronislaw Baczko, Lumières de l’utopie, Paris, Payot et Rivages, 2001(1ère édition, 1978).
  • [126]
    Laurent Loty, « Condorcet contre l’optimisme : de la combinatoire historique au méliorisme politique », dans Condorcet mathématicien, économiste, philosophe, homme politique (colloque Paris 1988), Paris, Minerve, 1989, p. 288-296. Dans cette Esquisse..., Condorcet dialogue avec Thomas More, cf Dictionnaire des utopies, op. cit., p. 60.
  • [127]
    « … les rêveries de quelques penseurs sur un avenir sans vraisemblance », cité par Pierre Serna, Cahiers de l'IHRF, 6, 2014.
  • [128]
    Miguel Abensour, L’utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Paris, Sens et Tonka éditeurs, 2000.
  • [129]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 23.
  • [130]
    Idem, p. 35-40.
  • [131]
    Voir Gilles Lapouge, Utopie et civilisation, Paris, Flammarion, 1978 ; Michèle Riot-Sarcey, Le Réel et l'Utopie. Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
  • [132]
    En matière de lois, de culture politique, d’égalitarisme, d’éducation, de rapports au temps ou à l’architecture...
  • [133]
    Terme utilisé par Bronislaw Baczko, « Fictions utopiques et conjonctures utopiques », op. cit., p. 140-141.
  • [134]
    Michel Abensour : « L'écriture utopique se transforme elle-même en un moment de la praxis révolutionnaire ».
  • [135]
    Pour un Sébastien Mercier ou un Rétif qui abandonnent leurs utopies pour condamner la Révolution, d’autres comme Babeuf ou Maréchal prennent l’échec d’un moment de la Révolution pour fonder de nouvelles utopies. Pour nuancer, Laurent Loty, « La philosophie de l'histoire et les choix politiques de Rétif après la Terreur », Études rétiviennes, 11, 1989, p. 25-45.
  • [136]
    Voir les notices du Dictionnaire des utopies, op. cit., 2002, p. 203 pour Saint-Simon. On y note l'exception de Pierre Leroux, qui voit les utopies comme accoucheuses des révolutions et de l'histoire. Lire à ce sujet, en particulier « Michel Abensour : repenser l'utopie », par Fabien Delmotte, La vie des idées, 2015.

1Le thème abordé dans cet essai, Révolution française et Utopie, est, en apparence, paradoxal [1]. Il lie en effet deux temps réputés contradictoires : le temps de la Révolution française, ou expérimentation en temps réel de solutions concrètes aux maux de la société ; et celui de l’Utopie, censé être hors du temps et de l’espace réels. Entre un Âge d’or souvent mythifié et le rêve d’une Cité idéale, conçue pour un bonheur commun, l’Utopie serait incompatible avec les tensions politiques et sociales inhérentes à la Révolution [2]. Cette confrontation n’a pas donné matière à un corpus important de publications, à ce jour [3], malgré un regain d’intérêt récent [4]. On pourrait centrer la problématique sur l’incompatibilité, mise en évidence pour le concept d’Utopie, relevant de l’histoire de la philosophie, d’un idéal séduisant, mais irréalisable, ne tenant compte ni des faits réels, ni de la nature de l’homme. Si l’on aborde l’Utopie sous l’angle d’un genre littéraire, on reste dans le domaine de l’histoire des idées, anachroniques (?) face au processus révolutionnaire [5]. Les échecs programmés des utopies des Lumières feraient de la littérature utopique un « champ de ruines » au sortir de la Révolution, un domaine à reconstruire, des années 1820 à la seconde République après une génération perdue. Ce serait méconnaître les rapports autrement intimes entre les deux « genres » (Révolution et Utopie), plus particulièrement dans la prise en compte par les dirigeants révolutionnaires des questions sociales, rapports que nous tenterons de réévaluer dans cet essai. Nous procèderons par l’étude d’un corpus important d’ouvrages, dont il conviendra de définir le statut réel, entre pièces de théâtre, lettres, récits de voyage imaginaire, pamphlets politiques [6]. Il s’agira de mettre en relation un certain renouveau des études « utopiques » [7] et des travaux sur la Révolution [8], initiés par le Bicentenaire. L’essai comprend : un état de la littérature utopique qui a précédé la Révolution ; une caractérisation par étapes d’utopies de la décennie « révolutionnaire » – de 1788 au Consulat – soit littéraires, soit relevant de la construction de la Cité idéale, de la formation de « l’homme nouveau », d’une « république citoyenne » et « sociale » (particulièrement de l’an II) ; l’analyse d’utopies sociales, entre « libéralisme », « égalitarisme » et « communisme ».

Des genres de l’Utopie, des Lumières à la première Révolution

2Les sens et les emplois de l’Utopie se transforment dans la seconde moitié du siècle des Lumières [9]. On passe ainsi, entre 1752 [10] et 1798, à la définition de l’Académie française « [] plan de gouvernement imaginaire, où tout est parfaitement réglé pour le bonheur commun [] » [11]. Toutefois, si un corpus des ouvrages relevant de la littérature utopique est établi avant 1789 [12], il est éclaté en genres différents, où la question sociale n’apparaît guère prépondérante.

Des utopies « traditionnelles »

3L’une des traditions tirées de l’ouvrage de Thomas More en 1516 est le récit de voyage [13] où l’insularité place le « nouveau monde » en état de préservation des vices et des abus de la soi-disant civilisation européenne [14]. Les écrivains utopistes situent leurs contrées dans un âge d’or mythique, « chimérique » [15], soit proche de la représentation de systèmes antiques, soit dans une nature épargnée par les tares des sociétés « modernes ». Les Lumières réactivent avec la redécouverte du Pacifique [16] une critique sociale qui apprend certainement davantage sur les motivations des auteurs que sur les voies de passage du « nouveau monde » à la régénération de l’ancien, ou sur les transformations concrètes des rapports sociaux. De ce genre relèvent les ouvrages de Marivaux (1725-1727) [17], le Robinson Crusoé de Daniel Defoe [18], le Gulliver de Jonathan Swift (1726-1727) [19], l’histoire des Féliciens (1727) du marquis de Lassay [20], avant les écrits de l’abbé Coyer (Chinki, 1768) [21], ou le conte philosophique de Diderot, Supplément au voyage de Bougainville (1772). Dans les utopies « féodales » ou proches de la physiocratie (Découverte de l’isle frivole, anti-utopie de l’abbé Coyer en 1750 [22]), la plupart des ouvrages restent modérés sur le plan social. Il en va de même d’utopies relevant de l’anticipation, reconstruisant dans le futur des sociétés viciées, telles l’An 2440 de Sébastien Mercier [23] (1771) ou l’An 2000 de Restif de la Bretonne [24] (1789). De telles utopies se projettent dans l’espace d’un pays existant (la France) et proposent des réformes plausibles, dans l’air du temps de leur rédaction [25], entre nostalgie de l’âge d’or et régénération communautaire… On peut approcher l’influence de tels écrits par le nombre des rééditions, des réécritures et des jugements contemporains qu’ils engendrent. On demeure cependant très éloigné d’une littérature révolutionnaire dans ces « fictions utopiques », caractérisées par l’absence de projet de transformation des rapports sociaux. La remise en cause de la propriété privée, déjà présente dans l’œuvre pionnière de Thomas More, devient sensible dans la seconde moitié d’un XVIIIe siècle irrigué par deux faces de la pensée des Lumières, l’utopie et la réforme, dans des utopies sociales qui abandonnent la forme romanesque.

Utopies et contrat social

4Ainsi, certains penseurs, à partir des années 1750, poursuivent la réflexion amorcée par Thomas More [26] sur les voies de passage de l’état de nature à l’état social ou au contrat social, par la transformation des fondements de la propriété. En 1753 paraît La Basiliade de Morelly [27], suivie du Code de la nature en 1755 [28] ; en 1754, le Discours de Rousseau sur les origines de l’inégalité[29]. En 1762 sont édités le Contrat social et le Testament du curé Meslier par Voltaire [30] ; en 1763, Les Entretiens de Phocion de l’abbé Mably ; en 1768, du même auteur, les Doutes proposés aux philosophes et aux économistes sur l’ordre naturel et essentiel des sociétés politiques. Tous instruisent une critique virulente de la propriété, source majeure des inégalités de la société moderne, alors même que celle-ci est sacralisée dans le discours dominant de l’époque, celui des physiocrates. Ils s’opposent aux utopies qualifiées de « libérales », comme celles de Le Mercier de la Rivière – ou le royaume de Gogo [31] – qui bâtissent le bonheur sur la prospérité agricole, génératrice d’abondance par la grâce des grands fermiers et propriétaires. Certes, la réflexion sur les communautés rurales (« taisibles » ou égalitaires) menée par Meslier, Mably, ou Rétif de la Bretonne [32] peut difficilement être qualifiée de « révolutionnaire », dans la mesure où l’histoire serait une dégradation de l’égalité primitive par le passage à la propriété individuelle des biens [33]. Le siècle des Lumières ne serait pas, aux yeux de certains, « la période classique de l’essor de l’utopie » [34]. Pourtant, le Code de la nature de Morelly, condamnant la propriété privée, est tenu par le marquis d’Argenson comme le « livre des livres » [35], bien supérieur à l’Esprit des lois. Le renouveau de l’utopie des Lumières se ferait par la théorie sociale [36] et la réflexion sur le droit naturel [37], débouchant sur… la Révolution, dans un moment où triomphe, en parallèle, l’utopie de l’architecture sociale, la « géométrisation urbanistique ».

Les arts au service d’une utopie sociale et républicaine ?

5La redécouverte des architectes Ledoux, Boullée et Lequeu [38] éclaire en partie le concept d’une architecture utopique, d’une « révolution architecturale » où des théoriciens au service de l’État, à partir des années 1770, entendent appliquer leur art à de nouvelles fonctions sociales. L’Essai d’Étienne Louis Boullée (1793) [39] et le Traité de Claude Nicolas Ledoux (1804) [40] tentent ainsi de faire le lien entre les leçons de l’Antiquité, les impératifs des mathématiques et de la géométrie, l’hygiène, l’adaptation du contrat social aux exigences de la hiérarchie dans la représentation de la cité idéale dont ils seraient les « Prométhées » : « Quel mortel, à cet aspect imposant, ne sent toute sa petitesse et ne se prosterne devant l’Architecte, rival du Créateur ? » (Ledoux) [41].

6La saline d’Arc-en-Senans de Ledoux comme le projet de la ville de Chaux (1774) assignent à chaque bâtiment une fonction adaptée à la couche ou à l’institution sociale à laquelle il est destiné : maisons agricoles, bâtiment pour les femmes (Panthéon). Les projets, les réalisations de Boullée et Ledoux introduisent l’idée de l’utilité des bâtiments publics en relation avec des catégories nombreuses, sinon populaires [42] : forts, casernes, hôpitaux, théâtres (Besançon, 1774), opéra [43], églises, barrières d’octroi, cénotaphes, muséums, bibliothèques [44], et comme le proclame Claude Nicolas Ledoux « […] tous les genres de bâtiments employés dans l’ordre social » : « Greniers à sel, Bains Publics, Marchés, Cimetières, Ponts, Hôtelleries, Maisons de Ville et de Campagne de tout genre […] construits ou commencés depuis 1768 jusques en 1789 » [45].

7L’architecture tient ainsi une place spécifique dans la construction d’un « esprit républicain », à la veille de la Révolution. Cette utopie est contestée par Diderot qui nie l’utilité sociale ou publique de l’architecture, la réservant à d’autres formes d’art, comme la peinture ou la littérature [46]. La peinture d’histoire d’inspiration républicaine, autour de l’atelier de Jacques Louis David, exalte, avant 1789 les héros antiques – les Horace, Brutus – leurs sacrifices patriotiques et leur haine des tyrans. Un théâtre « républicain » (Brutus de Voltaire [47], Figaro), non sans ambiguïtés, pousse au paroxysme l’éloge de la liberté politique ou la supériorité du mérite sur la naissance. Les Mémoires du comte de Ségur, sous la Restauration, éclairent cette irruption de l’utopie républicaine [48] au sein d’un cadre monarchique contesté [49] : « Nous applaudissions les scènes républicaines » ; « Les institutions étaient monarchiques et les mœurs républicaines » ; « Personne ne songeait à la révolution, quoiqu’elle se fît dans les opinions » ! Une utopie républicaine est ainsi devenue, dans les dernières décennies de l’Ancien Régime, un cadre émergent de transformation des esprits et des mentalités.

La première Révolution (1789-1792) et l’éclatement des genres de l’Utopie

8Où s’arrête l’Utopie ? Où commence la Révolution ? [50] L’exploration des relations complexes, ambiguës, entre le processus révolutionnaire et les écrits utopiques contemporains défie tout jugement global sur leurs relations. La marche de la Révolution tend à supprimer la contradiction entre fiction et réalité, à rendre dans le domaine du « probable », de l’expérimental ce qui n’était envisagé par les utopistes qu’à très long terme. Dès 1789, des textes utopiques, parfois intégrés dans des publications plus larges, prennent la Révolution comme terrain d’analyse ou de critique, situant l’espace de la régénération en France ou en Europe. Leurs auteurs inventent des formes nouvelles d’écriture de l’utopie, entre fiction et action de refondation politique ou sociale. Certaines utopies de la décennie révolutionnaire se fondent ainsi sur des expériences incomparables de transformation des rapports sociaux, politiques et culturels.

9La réflexion sur les rapports entre la Révolution, sous la monarchie parlementaire (jusqu’à l’abolition de la royauté le 21 septembre 1792) et la littérature utopique montre un éclatement, une fragmentation qui conduit à une typologie, selon le lien de l’écrit aux événements. Une première veine ne fait aucune référence à la marche de la Révolution, en reprenant les critères « classiques » : il s’agit par exemple de romans pastoraux, avatars des « bergeries » des années 1750-1780, telle l’Arcadie de Bernardin de Saint-Pierre [51] (en 1781), sans préoccupation sociale marquée, conçue pour un public élitaire et convenu.

10Un deuxième type d’ouvrages mêle l’utopie et le processus révolutionnaire, soit pour le condamner, soit pour le légitimer, par une critique politique ou sociale. La condamnation est claire dans l’Isle des philosophes… de l’abbé Balthazard [52] (1790) où est contesté l’ensemble de la politique religieuse de la Constituante. La légitimation est non moins évidente dans des œuvres qui présentent la Révolution comme une aurore, une rupture sous les traits de l’allégorie. C’est le cas de Nicodème dans la Lune, ou la Révolution pacifique…, de Beffroy de Reigny [53], quand l’abolition des privilèges conduit à l’harmonie sociale ; de De l’esprit des religions par Nicolas de Bonneville (1791) et du Sultan Patapouf (1792). L’Heureux naufrage de l’abbé Sérane [54], utopie antiféodale et antimonarchique, contrepoint de l’Isle des Philosophes de Balthazard, met en pleine lumière les clivages du clergé. L’écrivain y justifie l’exclusion des aristocrates et la création d’une nation armée de soldats citoyens. Le thème de l’île peut s’appliquer à certaines conquêtes de la Révolution.

11Dans une troisième catégorie, la littérature utopique peut, au même titre que la presse, influencer l’opinion publique, en poussant la Révolution à la transformation des rapports sociaux. Les essais de Lange [55], Moyens simples (1792), et de Dolivier [56], Sur la justice primitive (1793), contiennent de vives critiques de la propriété. Une partie du bas clergé engagé dans la Révolution tire son égalitarisme des leçons originelles de l’Évangile. Dolivier, curé de Mauchamps, illustre bien ce courant. Appartenant à un syndicat de curés patriotes dès les États généraux, il a proposé en 1790 dans le Vœu national un Système politique propre à assurer l’exercice des droits sociaux. Après sa défense des émeutiers des villages voisins d’Étampes au moment de l’affaire Simonneau dans une Pétition adressée à Robespierre et Marat, il publie en juillet 1793 un Essai sur la justice primitive où il attaque l’héritage, la propriété immobilière. Il y décrit la terre comme le « grand communal de la nature » en opposant la « propriété naturelle » et la propriété civile. Il veut préserver le droit de tous au partage des productions de la nature, tout en acceptant que l’homme transmette aux siens le fruit de son travail. Son idéal de « petit bien » n’est pas si éloigné de celui des sans-culottes, voire des Enragés (petite propriété indépendante garantie et droit à l’existence). Albert Soboul a fait de cet égalitarisme social l’un des caractères essentiels définissant une catégorie de « curés rouges » [57], dont les contours sont mieux connus aujourd’hui [58].

12Lange et Momoro posent le problème de la propriété privée de manière complexe, sans aller jusqu’à envisager un communisme intégral, face à l’exacerbation des luttes et des pressions sociales. Dessinateur, artiste peintre, François Joseph Lange (1743-1793) est l’un des nombreux « rêveurs utopistes » de la cité lyonnaise, si son engagement révolutionnaire ne peut être mis en doute. Comme Dolivier, il défend en 1792 les citoyens passifs et exalte la « démocratie pure », face à des députés qui ne seraient que des mandataires du peuple : il assimile alors la condition de passif à celle d’esclave. Il publie en 1793, à Lyon, un Remède à tout…, qui évoque Morelly et préfigurerait Fourier [59]. Il envisage dans ses écrits une organisation de 30 000 greniers d’abondance gérés par les délégués élus du peuple. Une compagnie nationale (office de subsistances ?) possèderait le sol dont les cultivateurs ne seraient que les usufruitiers. Lange est exécuté en novembre 1793 dans Lyon devenue Commune affranchie. Comme Dolivier, qui défendait les émeutiers villageois de la région d’Étampes, Lange a été accusé par un représentant en mission montagnard [60], alors qu’il a pris fait et cause pour les ouvriers lyonnais… Comme Dolivier d’ailleurs, il ne remettait pas en cause l’ensemble des fondements de la propriété privée.

13« Premier imprimeur de la Liberté nationale », secrétaire du club des Cordeliers, militant de la section du Théâtre-Français, Antoine François Momoro (1755-1794) [61]entend promouvoir une économie dirigée, où l’État fixerait le maximum des prix des grains, à charge d’indemniser les cultivateurs, après réquisition. Il ne valide que la propriété individuelle industrielle, alors que les produits de la terre sont destinés à « la subsistance de la société » dans son Opinion sur la fixation du maximum du prix des grains[62]. Ces penseurs, mêlés directement aux luttes sociales (urbaines ou rurales) pensent influencer le cours de la Révolution [63], en dénonçant les dérives libérales et en proposant des solutions utopiques soutenues par des catégories précises de la population, comme les sans-culottes des villes et des champs. De tels penseurs ébauchent des solutions égalitaires de distribution communautaire des biens de première nécessité. Le véritable philanthrope de Moutonnet de Clairfons [64] (1790) campe une île ou le partage égal de la production (« isophiladelphocratique ») se fait dans un régime de communauté des biens. L’égalité des rapports entre ville et campagne y dessine un monde socialement régénéré, marqué par l’expérience des doléances et de la Grande Peur. Le problème est que d’autres œuvres utopiques conçoivent les rapports sociaux dans le cadre de la culture économique dominante de l’époque, le libéralisme, de la Déclaration des droits de 1789 à la sacralité de la propriété. Le Mercier de la Rivière [65] (1792) tente ainsi dans L’Heureuse nation d’assurer le bonheur commun en préservant la monarchie, l’aristocratie et les fondements de l’ordre social, en les conciliant avec la volonté générale et l’instruction publique et gratuite. L’éclatement de la littérature utopique traduit les contradictions et les tensions d’une Révolution en marche, rendant plus complexe la nature des relations entre les genres utopiques et les processus révolutionnaires. L’utopie peut dans ces conditions déboucher sur un programme politique, voire être expérimentée par des législateurs. L’entrée en République va modifier profondément ces rapports, jusqu’à les tendre et les rompre, quand les contradictions sociales dépassent l’état réel des mentalités.

Construire la cité républicaine idéale (1793-an II)

14La République rêvée par les législateurs montagnards et réclamée par les organisations sans-culottes se fonde sur des textes porteurs d’utopies sociales [66], de la déclaration des droits intégrée à la Constitution de l’an 1 (juin 1793) aux principes justifiant les lois de ventôse (février-mars 1794) : « Le bonheur est une idée neuve en Europe » (Saint-Just, mars 1794). Peut-on parler de mise en pratique de certaines formes d’un nouveau contrat social, dans l’application, même partielle, de lois porteuses de « républicanisme social », voire d’égalitarisme ? D’un point de vue méthodologique, ces anticipations sociales et culturelles ne relèvent pas directement de la concrétisation des utopies littéraires présentées plus haut, ne se réfèrent pas directement à la définition philosophique de l’Utopie. Mais elles sont porteuses d’une culture utopique, de « l’effet utopique de la Révolution », d’une dialectique entre les courants de l’Utopie et les nécessités de la marche de la Révolution.

Vers les droits sociaux

15L’Utopie résiderait dans la conciliation du « droit à l’existence » et de « l’égalité des jouissances », le respect de la propriété étant limité par l’application d’une économie dirigée [67]. Il s’agirait d’un compromis entre les exigences du « libéralisme politique » (le respect des droits de l’individu) et celles de l’égalitarisme social, pour des citoyens rendus conscients par l’éducation, les institutions et les lois républicaines. L’application de certaines des idées de Lange et Dolivier semble un moment sceller l’harmonie entre Utopie et Révolution. Des exemples illustrent ce compromis, lorsque la loi paraît créer les conditions d’une transformation radicale des relations sociales, voire familiales [68]. Prenons les droits au travail et à l’assistance, l’article 21 de la Constitution : « Les secours publics sont une dette sacrée, la société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler ». Une loi de floréal an II (mai 1794) inscrit sur le livre de la bienfaisance nationale les « cultivateurs vieillards infirmes » et les « mères et veuves chargées d’enfant », pour des secours annuels respectifs de 160 et 60 livres. Elle concerne près de 50 000 citoyens. Des lois de l’an II construisent un moment des représentations de femmes citoyennes, actrices et intégrées à la Révolution. Elles relèvent d’un volontarisme contredit par les pratiques, de nature utopique [69], susceptible de frayer la voie à une redéfinition de leur place dans la société [70]. Les droits des femmes, des épouses, des filles, des enfants sont un moment garantis en matière de divorce, de succession, de reconnaissance. La loi du 10 juin 1793 sur le partage des communaux est la plus égalitaire dans ses principes : les femmes y sont admises au vote pour l’éventualité d’un partage où chaque individu reçoit la même quantité de terre [71] ! Les décrets de ventôse envisagent également de partager les biens des émigrés (non vendus aux enchères) entre les citoyens patriotes indigents, et reçoivent un début de concrétisation [72] ! Au-delà de l’application, réelle, différée ou inefficace de ces textes sont mis en exergue « l’égalitarisme » jacobin-sans-culotte, symbolisé par les greniers d’abondance, le « pain de l’égalité », les « banquets républicains », la taxation de la fortune et du luxe, la promotion des salariés et des locataires face aux propriétaires et aux employeurs [73]. La notion de fraternité est inséparable de cette refondation. Les jugements sur cette politique oscillent entre un constat global d’échec [74] et la mise en lumière d’anticipations sociales inouïes sur le plan local [75]. Pour les uns, critiques, le régime de l’an II ressortirait d’une utopie vécue, aboutissant à la Terreur : « Il faut se défier de quiconque prétend rendre les hommes plus heureux qu’ils ne veulent l’être : c’est la chimère des usurpateurs et le prétexte des tyrans » [76]. Pour les autres, laudateurs, l’économie dirigée et l’égalitarisme de salut public sont des moyens de transformation radicale des mentalités et des cadres de vie, culturels et sociaux, la mise en pratique dans un contexte tragique de l’utopie citoyenne et sociale [77]. Saint-Just en mission aurait « démantelé le riche pour nourrir et revêtir le pauvre » (Robespierre), conformément à l’esprit de ses Institutions républicaines, sans remettre en cause toutefois la propriété privée [78]. Ernest Labrousse souligne ces anticipations par la formule « l’éphémère et prophétique an II ». Dans la destruction des fondements idéologiques et culturels de la société d’Ancien Régime, l’Utopie quitte les domaines du roman et du conte philosophique pour s’ancrer dans la réalité, reconstruire la cité, former des citoyens dignes du contrat social républicain [79]. Les législateurs, héritiers des idéaux utopiques des Lumières républicaines, entendent transformer les mentalités en régénérant l’école, la culture, la mesure du temps, la toponymie, l’architecture, la fête et les cultes.

L’utopie éducative[80]

16La régénération des façons de penser des populations est inséparable de l’affirmation de principes éducatifs relevant de l’utopie, et des conditions concrètes de l’application de ces principes sur les terrains de l’école, ou du théâtre, à titre d’exemples. Il suffirait de se plonger dans les textes du comité d’Instruction Publique de la Convention [81] pour mesurer les ambitions de ce projet global d’acculturation républicaine et l’émergence du droit à l’instruction [82]. « L’instruction est le besoin de tous. La société doit favoriser de tout son pouvoir les progrès de la raison publique, et mettre l’instruction à la portée de tous les citoyens » (article 22 de la déclaration des droits du 24 juin 1793).

17 Dominique Julia [83], Bronislaw Baczko [84], Mona Ozouf [85], entre autres, ont retracé les ambitions des conventionnels, entre la Constitution de juin 1793 et la loi Daunou qui enterre l’utopie de l’an II. La réflexion sur les enjeux de l’éducation républicaine s’inscrit naturellement dans les démarches utopiques, pour résoudre la contradiction entre le désir individuel et l’indispensable application de la loi. Au-delà du débat entre les conceptions « libérales » de Condorcet et le volontarisme égalitaire de Le Peletier – des maisons communes d’éducation pour tous les enfants [86] –, l’école de l’an II est voulue obligatoire, gratuite, laïque, voire mixte [87]. Les instituteurs et les institutrices, payés par l’État et revalorisés socialement et politiquement, sont conçus comme les médiateurs naturels entre la population (enfants, adolescents et adultes) et l’esprit républicain, par le biais des manuels, catéchismes, fêtes, actes civiques [88]. Le remplacement des curés par les instituteurs nous semble l’un des signes les plus forts de l’utopie politique et sociale de l’an II, au sein d’une politique volontariste remise en cause par la loi Daunou du 3 brumaire an IV (octobre 1795), qualifiée par Marc Gontard de « décret de réaction » [89].

Théâtre révolutionnaire et Utopie[90]

18Expérience à la fois unique, méconnue et en passe de redécouverte, le théâtre républicain de l’an II  [91] présente des liens évidents avec l’Utopie, dans une dimension civique qui peut rejoindre le social. Trois exemples appuient cette réflexion. Le Théâtre de l’Égalité, inauguré le 27 juin 1794, dans le contexte de la victoire de Fleurus et de la fête de l’Être Suprême, clôt le projet de Nicolas Ledoux (à Besançon) en supprimant toute distinction de place (les loges, le parterre) et en multipliant les symboles républicains, mettant en adéquation l’espace, les sons, la représentation et le public citoyen [92]. Car le théâtre « par et pour le peuple », par une loi d’août 1793, invite aux représentations civiques de la révolution en actes [93] les populations laborieuses et indigentes pour des communions républicaines. Certaines pièces comme le Jugement dernier des rois[94] relèvent d’utopies européennes, la fin des rois face aux sans-culottes des pays républicanisés ; et sociales, le pouvoir sans-culotte triomphant sur la scène [95]. Sans aller jusqu’à parler de « lutte de classes » au théâtre [96], il paraît important de se pencher sur le contenu de telles pièces, où des auteurs bourgeois utilisent les fictions utopiques pour rencontrer un public militant [97]. Ce moment particulier inspirera le « Théâtre du peuple » de Romain Rolland, à la Belle Époque et, en partie, le Théâtre National Populaire du second XXe siècle.

Le calendrier républicain[98]

19Le remplacement du calendrier chrétien grégorien par un nouveau décompte, et la lutte du décadi contre le dimanche relève en effet de la mise en pratique d’une utopie, au plein sens du terme. Entre le 5 octobre et le 24 novembre 1793, une « ère nouvelle » est mise en place par les conventionnels, fruits de la réflexion de savants, d’intellectuels et d’artistes au sein du comité d’Instruction publique. Le nouveau calendrier, préparé de longue date et retouché, tente d’harmoniser rationnellement l’histoire (et la république), l’astronomie (révolution et équinoxes), les mathématiques (système décimal et décadaire), l’économie rurale (plantes, outils et faune domestique), l’idéologie (les fêtes et les sans-culottides). Il revient à plus d’un million de fonctionnaires élus (instituteurs, maires, juges de paix, responsables militaires), aux 5 500 sociétés populaires et aux représentants en mission de diffuser le calendrier auprès des populations, dans un climat de fermeture d’églises, d’abdication et de mobilisation unique, symbolisé par l’ampleur des « cultes révolutionnaires ». Quelles que soient les interrogations sur l’influence réelle exercée par le calendrier républicain, sa réception dans les villes et les campagnes [99], l’ampleur des sources (administratives ou littéraires) impose une réflexion sur la nature des rapports entre l’utopie calendaire et le degré d’acculturation des populations.

Les architectes de la Première République

20Il est d’usage de dissocier l’architecture visionnaire des maîtres architectes de la fin de l’Ancien Régime d’une Révolution qui aurait peu inventé ou construit (de monuments durables), dans un hiatus important entre Utopie et Révolution. Les recherches menées depuis deux décennies (par Daniel Rabreau [100] et Werner Szambien [101], entre autres historiens) démontrent au contraire que les projets d’adaptation fonctionnelle et idéologique de l’architecture aux transformations idéologiques de la société en voie de républicanisation ont connu un apogée en l’an II, encouragé par les grands comités de la Convention, et celui d’Instruction publique plus particulièrement, autour du rêve d’édification d’une cité républicaine idéale par des architectes-citoyens-philosophes.

21Jean-Jacques Lequeu réalise ainsi des bâtiments conçus pour accueillir les assemblées primaires de citoyens [102], à l’exemple de la ratification de la constitution de l’an I. Claude Nicolas Ledoux, catalogué par certains comme monarchiste, incarcéré en décembre 1793, continue à penser des bâtiments républicains et à conseiller ses élèves pour nombre d’édifices publics [103] : pacifère (maison de la paix), maison d’Union, temple de la mémoire [104]. Étienne Louis Boullée conçoit des monuments en hommage à l’Être Suprême, des casernes, des arcs de triomphe [105]. À la fois poète, peintre, éducateur, législateur, il recherche la « ville idéale » dans la réunion de ses plans, conçus pour la communauté et le bonheur public, dans un art social bien ancré dans le réel, selon Bronislaw Baczko [106]. Charles de Wailly travaille au Panthéon, « catéchisme figuré des devoirs de l’homme en société » [107], à l’Odéon, pour l’Assemblée nationale ou le Muséum [108].

22Le concours de l’an II, au printemps 1794, porte dans ses 352 dessins et maquettes l’utopie de la cité idéale républicaine. Récompensés par 7 000 livres de prix, les architectes ont conçu après la suppression de la hiérarchie académique, les plans de la ville républicaine du futur : prytanées pour instruire le peuple des lois, places des victoires, colonnes pour les victimes patriotes, temples de l’égalité, justices de paix, prisons, mais aussi fontaines, halles, greniers publics. Rarement l’idéologie et l’art auront nourri autant d’affinités, dans une logique civique et égalitaire qui concilie un moment le projet politique et social avec l’utopie.

23 Les fêtes de l’an II symbolisent le projet républicain, son apogée, ses limites et son échec. Destructrices et régénératrices, elles marquent la volonté (utopique) d’un transfert de sacralité dans des cultes révolutionnaires [109] si dépendants des tensions politiques et des luttes de faction. Élisabeth Liris a analysé, en 1984 [110], les liens entre l’utopie, le symbolisme révolutionnaire et la régénération républicaine, par le costume, les fêtes, la rénovation urbaine, et le calendrier. Mais le rêve de la Cité idéale est sans cesse confronté à des réalités politiques et sociales qui condamnent à terme les aspects les plus utopiques de la régénération de l’an II.

24 Les conflits sociaux et politiques, les réactions ont fossoyé à terme les tentatives de transformation des mentalités, de la culture et de la société, les promesses des droits sociaux (instruction, assistance, travail) de la Constitution de l’an I. Les échecs décalés dans tous les domaines de la régénération (école, théâtre, calendrier, fêtes, économie dirigée, égalitarisme) semblent sonner le glas des utopies républicaines.

Des utopies « libérales » et « communistes » en Révolution ?

25On range souvent les utopies sociales nées sous la Révolution, et tirant des leçons de l’échec des politiques volontaristes, sous les vocables commodes d’utopies « libérales » ou « égalitaires ». Ces termes gagneraient à être précisés et déchargés des interprétations idéologiques ou morales qui les accompagnent aujourd’hui. Nous les présentons comme deux visions des révolutions et du contenu des couches sociales qui s’y affrontent en permanence.

Le triomphe du libéralisme sur l’égalitarisme ?

26La culture économique d’élites dirigeantes, plus ou moins influencées par le modèle britannique (ou américain) se traduit par une succession d’ouvrages, de 1792 (Le Mercier de la Rivière) [111] à 1800 (Olbie de Jean Baptiste Say) [112]. La plupart conservent intacts les dogmes des libertés fondamentales (entreprendre, échanger, commercer), tout en cherchant à équilibrer par des institutions (école, administration, finances) les excès liés aux déséquilibres sociaux générés par l’application de ces dogmes. Il s’agit d’assurer l’abondance et le bien-être des populations (une « honnête aisance » selon Say) par l’amélioration des mœurs (éloge de la médiocrité) et des mécanismes compensatoires comme des caisses de prévoyance… Jean-Baptiste Say a retenu l’essentiel des conclusions d’Adam Smith dans son Enquête sur la richesse des nations. La justice, la bienveillance et la vertu doivent moraliser un « ordre autorégulé de la société et du marché » [113], selon un idéal politique et moral condamnant les inégalités choquantes. Il est vrai que les rêves populistes des constituants ne peuvent résister à l’épreuve des réalités des politiques de terrain, ce qui tarit à la source la veine de telles utopies, qui ne peuvent coïncider avec les logiques des politiques mises en place par les Directoriaux. Elles génèrent par contrecoup d’autres utopies, bâties sur leur critique.

27Certains ouvrages construisent la société idéale contre le régime de Terreur de l’an II, dépassant le paradoxe apparent de la critique de l’égalitarisme jacobin, par les fins espérées de la fuite dans le « nouveau monde ». L’ancien commissaire Cambry, l’auteur d’un Voyage dans le Finistère, imagine en l’an V le dernier voyage de La Pérouse, loin d’une France terroriste, dans une île préservée du Pacifique [114]. Dans Le Voyage à la nouvelle Philadelphie, Joseph Saige (en 1803) recherche l’idéal de communauté et d’égalité hors d’une Europe gangrenée par les conflits révolutionnaires [115].

Une utopie « communiste » ? De Morelly et Mably à Babeuf et aux Égaux

28Entre utopie et engagement, des penseurs choqués par les abus des politiques libérales, introduisent dans leurs œuvres des critiques plus ou moins virulentes de la propriété, au nom de l’égalité. Une évolution graduelle, héritée des écrits de Meslier ou Morelly à Babeuf, peut être caractérisée.

29Gracchus Babeuf occupe une place particulière dans l’histoire des utopies sociales. Son Manifeste des Plébéiens[116] du 9 frimaire an IV (30 novembre 1795), publié dans le Tribun du peuple, est l’aboutissement (plus que le Manifeste des Egaux[117] de Sylvain Maréchal) d’une vie d’engagements et d’écrits. Les luttes successives (contre les droits féodaux, contre la gabelle, pour les biens des communautés picardes, contre les grandes fermes, pour le maximum des prix) lui ont coûté six prisons, avant que le tribun ne tire les leçons d’une « révolution blanche » [118] au moment de la mise en place du Directoire [119]. Contre les « lois grossières » et les gouvernements qui ont opprimé le peuple et aggravé les inégalités, il franchit une étape en dénonçant l’utilisation par la classe des profiteurs des inégalités par les salaires, l’héritage, l’instruction. Tout ce qui excède les besoins de l’individu est un vol fait aux co-associés. Il dénonce le « fameux droit de propriété » : « Tu conviens avec moi de l’illégitimité de ce droit. Tu affirmes que c’est une des plus déplorables créations de l’erreur humaine. Tu reconnais aussi que c’est de là que découlent tous nos vices, toutes nos passions, nos crimes, nos maux de toutes espèces » [120]. Il décrit alors une cité idéale, communautaire, où la terre « n’est à personne » [121], mais cultivée par les usufruitiers, dans le cadre d’un communisme de répartition : « les fruits sont à tout le monde », mais à chacun « selon les mêmes besoins » (homme ou femme) si la spécialisation de chacun est acceptable. L’utopie se marque également dans la moralisation attendue d’une société régénérée par la table rase : « Venons après mille ans changer ces lois grossières » [122]. Certes l’utopie est également présente dans la distance entre la théorie et les voies de passages pour la prise de pouvoir. Les forces politiques et sociales soutenant les Égaux sont dans l’ensemble attachées à la petite propriété. Mais, si le babouvisme est dénoncé comme un danger « mortel » par les dirigeants, c’est qu’il fait le lien entre un programme « communiste » (même grossier selon Marx) et un embryon d’organisation pour la prise du pouvoir. Le communisme, condition ultime du bonheur [123] ? Isolé peut-être dans sa radicalité, le babouvisme est une utopie, mais totalement ancrée dans les pratiques révolutionnaires. Il s’appuie sur une critique radicale de la société présente en envisageant une refonte tout aussi radicale des rapports sociaux pour la société de demain. L’exécution de Gracchus Babeuf, le 26 mars 1797, est aussi celle du dernier des utopistes sociaux à condamner la propriété privée face aux utopies libérales dominant cette fin du Directoire et cette sortie de la Révolution. Les analyses de Stéphanie Roza permettent de faire le lien entre les « romans » utopiques de Mably et de Morelly [124], dont Babeuf se réclame clairement, et le programme politique des Égaux, par étapes successives où le Tribun du peuple précise sa pensée et tire les leçons de ses échecs et de ses prisons.

Utopie et Révolution française : des liens dialectiques

30Comment situer l’utopie au sortir d’une ère des révolutions qui a épuisé toutes les réformes et leurs contestations, qui a multiplié les expérimentations et leurs contradicteurs ? Doit-on parler de déclin du genre utopique comme le suggère Bronislaw Baczko [125], ou de liens dialectiques? Notre démarche s’appuie sur trois hypothèses complémentaires. La première est dans l’existence désormais acquise d’un corpus étendu d’œuvres de nature « utopique » pendant la Révolution française, des fictions littéraires aux œuvres d’art (architecture et peinture), en passant par des pamphlets politiques, des lois et des plans d’éducation. Tout ce qui vise à la « régénération » des institutions, des mentalités et des hommes se conçoit dans une dialectique de la « table rase » vers la cité idéale. La difficulté de son appréhension est dans l’abolition de la distance entre le projet utopique et l’action de ceux qui tentent de le réaliser dans le contexte inédit de la pensée de l’époque, comme l’intégration du principe de la démocratie politique dans un régime républicain. De sorte que de nombreux textes relevant de l’utopie peuvent être inclus dans des textes plus larges, de nature politique ou littéraire.

31Une deuxième hypothèse tient aux innovations que la Révolution peut introduire dans les approches à caractère utopique. L’inscription de l’utopie dans un espace imaginaire (île, planète, lune) ne disparaît pas, comme certains l’affirment, mais recule pendant la décennie, pour des références plus directes au contexte révolutionnaire. Dans cette logique, se multiplient les tentatives de résolution des contradictions fondamentales à caractère politique, comme la confrontation de l’individualisme face au contrat social ; ou à caractère social comme celle de l’aspiration à la propriété ou à la liberté face à l’aspiration à l’égalité. Cette démarche volontariste peut se traduire par une croyance au progrès des connaissances et à l’accès au « bonheur public » dans l’Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain de Condorcet, qui tente de concilier le temps révolutionnaire et le temps de l’Utopie [126]. C’est par commodité que nous qualifions ces « productions » de « libérales », « égalitaires » ou « communistes », alors qu’elles peuvent toutes comporter des correctifs, au nom de la loi ou de la justice sociale.

32Une troisième direction nous semble relever d’une prudence méthodologique indispensable. L’absence de distance entre le projet utopique et son application sur le terrain peut conduire à assimiler ce projet et ses effets pervers et à condamner l’ensemble, comme le font Edmund Burke, dès 1790, et Germaine de Staël [127], en 1800, pour l’ensemble de la Révolution. En combattant les tendances individualistes et libérales inhérentes à la Révolution, les utopies collectives seraient anachroniques, porteuses de coercition et de Terreur, en exigeant le sacrifice des intérêts individuels à la volonté collective » (Montesquieu) ou à la « volonté générale » (Rousseau). La tentation est aisée de conclure par un constat d’échec pour chaque page de la régénération utopique, l’éducation, le calendrier, l’architecture, le théâtre, en confondant le projet et le bilan final. Ce serait faire l’impasse sur les cadres et les intermédiaires qui les mirent un moment en pratique, en confondant les mobiles des régénérateurs et le procès qui leur est intenté par leurs détracteurs. L’abolition des privilèges, de la féodalité, la laïcisation de la société, l’iconoclasme, l’égalitarisme sont autant de conquêtes émergeant du terreau des « fictions utopiques » antérieures, sous l’effet de la dynamique révolutionnaire. Nous défendons une approche plus raisonnée et dépassionnée des rapports entre Révolution et démarches de nature utopique, rétablissant les liens de longue durée entre les textes originels, leurs prolongements dans la décennie révolutionnaire, et leur postérité pour les générations du premier XIXe siècle [128].

33On a pu soutenir que le livre pionnier de Thomas More a été un « manuel pratique » pour préparer les révolutions [129], entre 1517 et 1789, comme montrer qu’il s’agissait d’une ruse littéraire, d’un jeu d’humaniste, entre l’exaltation de l’idéal monastique et les prémisses du « socialisme utopique » [130]… Si Babeuf s’est appuyé sur des écrits utopiques des Lumières, puis sur la marche de la Révolution pour construire par étapes son utopie, celle-ci ne porte-t-elle pas en germe d’autres révolutions sociales ? Dans un premier temps la Révolution semble déboucher sur un retour aux traditions (religieuses et morales) symbolisées par le triomphe du Génie du Christianisme. Elle fossoie les utopies, au moins pendant une génération, en détruisant une part de leur rêve de réforme et de réorganisation globale de la société, en pervertissant les voies politiques du passage à cette Cité idéale. La Révolution peut ainsi générer des anti-utopies. Mais elle met également en lumière des idéaux, des exigences, des principes qui débouchent à terme sur d’autres utopies, voire d’autres révolutions [131], fondées sur un élargissement radical des droits politiques et sociaux, dans la lignée des droits proclamés de la Déclaration de la Constitution de l’an I. D’une part, en effet, des utopies (des Lumières) ont préparé, par leur critique radicale des structures en place, les principes de la « régénération », les prémices d’une refondation de la société. De l’autre, les révolutions « totales » développent des processus et des expériences à l’origine de nouvelles utopies, par leurs anticipations sur les mœurs et les mentalités de leurs temps [132]. La révolution républicaine a nourri des « utopies citoyennes » [133], portées par des médiateurs influents, éducateurs, artistes, représentants, et des utopies sociales, fondées sur le droit à l’existence, voire en rupture avec les principes de la propriété privée [134]. Ainsi, la Révolution française s’inscrit-elle dans une dialectique de l’Utopie, au-delà des contradictions apparentes des deux notions [135]. Appliquant, pervertissant ou dépassant les utopies des Lumières, la Révolution a anticipé ou préparé les utopies sociales de la génération qui lui succède. Saint-Simoniens, Fouriéristes, Blanquistes (par l’héritage du babouvisme), Icariens : tous ont été marqués par les débats qui ont mis aux prises les acteurs de la décennie révolutionnaire [136]. Il reste beaucoup à faire pour explorer la complexité des relations entre la Révolution française et les utopies sociales. L’objectif du présent essai était de rouvrir ce chantier fécond, afin de relier deux notions trop souvent réputées contradictoires : l’Utopie et la Révolution française.


Mots-clés éditeurs : égalitarisme, calendrier républicain, utopie, cité idéale, contrat social, communisme, libéralisme, Révolution française

Date de mise en ligne : 21/09/2017

Notes

  • [1]
    Une synthèse de cette problématique figure dans l'Atlas des utopies, hors-série du Monde, octobre 2012, réédition 2017, Serge Bianchi, « La Révolution française, prémices d'une société utopique », p. 44-45.
  • [2]
    Il n'existe pas d'entrée Utopie dans les dictionnaires classiques de la Révolution française ni dans la plupart des manuels d'enseignement de l'histoire de la Révolution.
  • [3]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, Pour une histoire de l’utopie en France au XVIIIe siècle, Paris, Société des études robespierristes, 1977 ; Bronislaw Baczko, « Fictions  historiques et  conjonctures utopiques », dans Lectures, livres et lecteurs du XVIIIe siècle,  Université  François  Rabelais, Tours,  2003, p. 135-144 ; André Lichtenberger, Le socialisme utopique. Études sur quelques précurseurs français du socialisme, Paris, Félix Alcan 1898 ; Michèle Riot-Sarcey, Thomas Bouchet et Antoine Picon (dir.), Dictionnaire des utopies, Paris, Larousse, 2002.
  • [4]
    En particulier, les recherches et les publications de Stéphanie Roza, Comment l'utopie est devenue un programme politique. Du roman à la Révolution, Paris, Classiques Garnier, 2015, position de thèse dans les AHRF, n° 378, 2014, p. 111-118. Voir également deux publications électroniques des Cahiers de l'Institut d'histoire de la Révolution française, 4, 2013 : Pédagogie, utopies et Révolution, Caroline Fayolle et Jean-Charles Buttier (dir.) ; 6, 2014, La Révolution ou l'invention de la femme et de l'homme nouveaux, Stéphanie Roza et Pierre Serna (dir.), dont une communication de Stéphanie Roza : « Former les citoyens de la République, de Morelly à Babeuf », p. 1-11.
  • [5]
    Jacques Moutaux, « L'utopie. Philosophie de la Nouvelle Terre », cité dans Jean-Yves Lacroix, Un autre monde possible ? Utopie et philosophie, Paris, Bordas, 2004, p. 280.
  • [6]
    Les corpus « classiques », à l’image de l'article de Jean-Marie Goulemot dans l’Histoire de l’édition française, Roger Chartier et Henri-Jean Martin (dir.), Paris, Fayard, 1989, ne recensent que quelques utopies pendant la Révolution. Anne-Rozenn Morel en établit cinquante-cinq. Notre corpus s’inspire de cette dernière approche, en rajoutant des textes non fictionnels, des lois, des projets politiques, des projets sociaux comme les manifestes des Égaux…
  • [7]
    Nous remercions vivement Anne-Rozenn Morel, pour nous avoir confié ses analyses précédant la soutenance de sa thèse : Les fictions utopiques pendant la Révolution française. Enquête sur les interactions entre réalité révolutionnaire et modèles politiques imaginaires, Rennes 2, 2007, dact., sous la direction de Laurent Loty et la responsabilité d'Isabelle Brouard-Arends.
  • [8]
    Sur des thèmes relevant de la production littéraire, du théâtre, de la presse, de l’architecture, de l’école, de la famille, de la Terreur… voir Mona Ozouf, L'homme régénéré. Essais sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989 ; Claude Mazauric (dir.), La Révolution Française et l'homme moderne, Paris, Messidor, 1989.
  • [9]
    En 1739, Voltaire, dans une lettre à d’Helvétius, semble ignorer l’étymologie du mot Utopie, ainsi que le contenu de l’ouvrage de Thomas More.
  • [10]
    Dictionnaire de Trévoux : « Région qui n’a point de lieu, un pays imaginaire ».
  • [11]
    Édition de 1798 du Dictionnaire de l’Académie française, recréée après sa suppression en 1793.
  • [12]
    Irmgard Hartig, « Lectures utopiques du siècle des Lumières. Essai de bibliographie », op. cit., p. 25-81.
  • [13]
    Raymond Trousson, Voyages aux pays de nulle part. Histoire littéraire de la pensée utopique, Bruxelles, Éditions de l’Université, 1975.
  • [14]
    Thomas More, L’utopie. La traduction « classique » de Marie Delcourt (1966), présentation par Simone Goyard-Fabre, Paris, Flammarion, 2002, est bien moins « socialiste » que celle de Victor Stouvenel, Éditions Librio. Voir Quentin Skinner, Les fondements de la pensée politique moderne, Paris, Albin Michel, 2001.
  • [15]
    L’expression « pays des chimères » est utilisée par Jean-Jacques Rousseau, en 1767, se défendant d’être un utopiste au regard de La République de Platon et de l’Utopie de Thomas More, dans une lettre au marquis de Mirabeau.
  • [16]
    Michel Mollat, L’Europe et la mer, Paris, Éditions du Seuil, 1993 ; Alain Corbin, Le territoire du vide. L’Occident et le désir de rivage, Paris, Aubier, 1987 ; Le Grand Atlas des Explorations, Encyclopédia Universalis, Paris, 1991 ; Jacques Cambry, Fragments du dernier voyage de La Pérouse, an V.
  • [17]
    Dont l’Isle des Esclaves, comédie en un acte de 1725, et L’Isle de la raison ou les Petits hommes, comédie en trois actes de 1727.
  • [18]
    Daniel Defoe, La vie et les aventures surprenantes de Robinson Crusoé, Amsterdam, L’Honoré et Chatelain, 1720-1721.
  • [19]
    Jonathan Swift, Voyages de Gulliver, Paris, H.-L. Guérin, 1727.
  • [20]
    Armand-Léon, Marquis de Lassay, Relations du royaume des Féliciens, Château de Lassay, 1727.
  • [21]
    Abbé Gabriel-François Coyer, Chinki, histoire cochinchinoise qui peut servir à d’autres pays, Londres, 1768.
  • [22]
    Idem, Satire de la colonisation française des Frivolites, peuple indigène oisif et avide...première édition, 1750.
  • [23]
    Louis Sébastien Mercier, L’An deux mille quatre cent quarante, rêve s’il en fut jamais, Londres, 1771, nouvelles éditions, 1785 et 1786.
  • [24]
    Nicolas Edme Rétif de La Bretonne, L’An deux mille, Comédie héroïque, dans Le Thesmographe, Paris, 1789. Sur les relations entre utopie, théâtre et Révolution, Laurent Loty, « L'An deux-mille : une utopie révolutionnaire », dans Études rétiviennes, 17, 1992, p. 7798.
  • [25]
    Françoise Leborgne, « Rétif de la Bretonne », dans Dictionnaire des utopies, op. cit., 2002.
  • [26]
    Et Nicolas Gueudeville en 1730 dans l’Idée d’une république heureuse, ou l’Utopie de Thomas More, où l’auteur fait l'éloge dans sa préface de la communauté des biens et travaux.
  • [27]
    Étienne Gabriel Morelly, Naufrage des isles flottantes ou Basiliade du célèbre Pipaï..., Messine [Paris], 1753, 2 tomes. Des groupes de cent personnes, appliquant des principes communistes, détruisent les « isles flottantes », c’est-à-dire les préjugés frivoles.
  • [28]
    Code de la Nature, ou le Véritable esprit des lois de tous temps négligé et méconnu, Partout, chez le vrai sage, 1755.
  • [29]
    Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les fondements et l’origine de l’inégalité entre les hommes (1754), voir Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau. La transparence et l’obstacle, Paris, Gallimard, 1971, p. 319-329.
  • [30]
    Mémoires de pensées et sentiments, après 1729 (décès de Jean Meslier) ; Jean Deprun, Roland Desné et Albert Soboul, Œuvres de Jean Meslier, Paris, Anthropos, 1970-1972.
  • [31]
    Lettres de l’un des ambassadeurs de Typoo-Saib, où il est beaucoup parlé des affaires du royaume de Gogo..., Paris, Laporte, 1789.
  • [32]
    La vie de mon père, 1779 : L’Andrographe, ou Idées d’un honnête homme..., La Haye, Gosse et Pint, 1782. Voir Laurent Loty, « Le peuple et la populace chez les philosophes des Lumières et chez Restif de la Bretonne », Études rétiviennes, 8, 1988, p. 33-42.
  • [33]
    Jean-Marie Goulemot, « L’utopie, du temps immobile au temps déployé », dans Le règne de l’histoire, Paris, Albin Michel, 1996, p. 280-281.
  • [34]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 14.
  • [35]
    En 1764.
  • [36]
    Voir les travaux de Stéphanie Roza : « Morelly, Mably, Babeuf, un débat avec Rousseau », AHRF, n° 378, 2014, p. 112.
  • [37]
    Avec le rappel fréquent de la controverse entre les approches de l’état de nature chez Hobbes, Locke et Rousseau.
  • [38]
    Emil Kaufmann, Trois architectes révolutionnaires : Boullée, Ledoux, Lequeu, Paris, SADG, 1978 (1ère édition, 1952) ; Annie Jacques et Jean-Pierre Mouilleseaux, Les architectes de la liberté, Paris, ENSBA, 1989. Philippe Bordes, Régis Michel (dir.), Les arts et la Révolution (1789-1799). Aux armes et aux arts, Paris, Adam Biro, 1988 ; Jean-Marie Pérouse de Montclos, Étienne Louis Boullée (1728-1799) : de l’architecture classique à l’architecture révolutionnaire, Paris, Arts et métiers graphiques, 1969.
  • [39]
    Étienne Louis Boullée, Essai sur l’art, 1793.
  • [40]
    Claude Nicolas Ledoux, L’Architecture considérée sous le rapport de l’art, des mœurs et de la législation, Paris, Chez l’auteur, 1804.
  • [41]
    Ibidem, p. 8.
  • [42]
    « Pour le peuple laborieux, le véritable peuple » (Claude Nicolas Ledoux).
  • [43]
    Projet d'Étienne Louis Boullée, entre Tuileries et Louvre, en 1781 : « Les spectateurs décorent la salle et en sont le principal ornement ».
  • [44]
    Projets d'Étienne Louis Boullée en 1785.
  • [45]
    Ibidem, titre du premier volume.
  • [46]
    « Et moi aussi, je suis peintre », proclame Étienne Louis Boullée.
  • [47]
    En 1778, l'année de son décès, Voltaire triomphe, la foule saluant son buste, lors de la représentation de son Brutus par la Comédie Française !
  • [48]
    Pourtant, la passion pour un idéal républicain relève davantage de la science politique (Machiavel, Montesquieu) et de l'histoire des régimes, que de l'influence des romans utopiques de la fin de l'Ancien Régime.
  • [49]
    Louis-Philippe de Ségur, Mémoires, 1822.
  • [50]
    Questions posées par Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 22.
  • [51]
    Angers, 1781. Voir aussi Fragments de l'Amazone, postérieur, de la même veine, publié après le Directoire.
  • [52]
    ...et plusieurs autres nouvellement découvertes et remarquables par leur rapport avec la France actuelle, 1790.
  • [53]
    ...folie en prose et en trois actes, mêlée d’ariettes et de vaudeville...s par le Cousin Jacques, 7 novembre 1790.
  • [54]
    Abbé Philippe Sérane, ... où l’on trouve une idée de législation conforme à l’humanité, à la nature, au bien public...traduit de l’original, Paris, Imprimerie Demonville, 1789.
  • [55]
    François Joseph L’Ange, Moyens simples et faciles de fixer l’abondance et le juste prix du pain, présenté à MM. du Conseil Général de la commune de Lyon, Lyon, Cutty, 1792 ; et Réponses aux objections..., Lyon, Cutty, 1792.
  • [56]
    Pierre Dolivier, Essai sur la justice primitive, pour servir de principe générateur au seul ordre social qui peut assurer à l’homme tous ses droits et tous ses moyens de bonheur, Paris, Imprimerie de J. B. Hérault, 1793 ; Maurice Dommanget, Pierre Dolivier, curé rouge, Paris, Spartacus, 1976.
  • [57]
    Albert Soboul, « Sur les “curés rouges” dans la Révolution française », AHRF, n° 249, 1982, p. 349-363.
  • [58]
    Synthèses de Michel Vovelle et Serge Bianchi dans Maurice Dommanget (Beauvais 1994), Beauvais, Archives départementales de l’Oise, 1996.
  • [59]
    ... ou Constitution invulnérable de la Félicité publique. Projet donné mainte fois sous différentes formes par F. J. Lange, juge de paix, Lyon, Cutty, 1793.
  • [60]
    Pour Dolivier, il s’agit de Jean Pierre Couturier : Serge Bianchi, La Révolution et la Première république au village. Pouvoirs, votes et politisation dans les campagnes d'Ile-de-France, 1787-1800 : Essonne et Val-de-Marne actuels, Éditions du CTHS, 2003, p. 639-659 à propos des représentants en mission. Pour Lange, il s’agit de Collot d’Herbois : Michel Biard, Collot d’Herbois. Légendes noires et Révolution, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1995.
  • [61]
    Il est exécuté le 5 germinal an II (25 mars 1794), en compagnie d’Hébert, de Ronsin et de Vincent.
  • [62]
    Roland Gotlib, « Mai 1793 », Dictionnaire historique , op. cit., 1989, p. 752.
  • [63]
    « On trouve dans ses écrits, précisées et systématisées, les revendications essentielles des sans-culottes en matière sociale », ibidem, p. 753.
  • [64]
    Julien Jacques Moutonnet de Clairfons, Le véritable philanthrope, ou l’Île de la philanthropie... Philadelphie, 1790.
  • [65]
    L’heureuse nation, ou Gouvernement des Féliciens, peuple souverainement libre sous l’empire absolu de ses lois... , Paris, 1792, 2 volumes.
  • [66]
    Pour François Hincker, des textes comme les Éléments de républicanisme de
    Billaud-Varenne (1793) ou les Institutions républicaines de Saint-Just font partie intégrante des publications relevant de l’utopie, « L’effet d’utopie dans la Révolution française », Le règne de l’histoire, Paris, Albin Michel, 1996, p. 52.
  • [67]
    Jean-Pierre Gross, Égalitarisme jacobin et droits de l’homme 1793-1794 (La Grande famille et la Terreur), Paris, Arcanteres, 2000.
  • [68]
    Anne-Rozenn Morel, « Modes d’engagement de l’utopie : le ludique et le juridique », dans Littérature et engagement sous la Révolution française, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 79-88.
  • [69]
    Marie-Françoise Bosquet, Images du féminin dans les utopies classiques, Oxford, Voltaire foundation, 2007. Voir les travaux de Dominique Godineau, dont Les femmes dans la société française (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Armand Colin, 2003.
  • [70]
    Sur les aspects utopiques de transformation des rapports au sein de la famille, sujet central de notre approche, mais traité sous l'angle de la législation, Serge Bianchi, « La révolution et les familles », dans Des révoltes aux révolutions. Europe, Russie, Amériques (1770-1802). Essai d'interprétation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 284-295.
  • [71]
    Voter, élire pendant la Révolution française 1789-1799. Guide pour la recherche, Paris, CTHS, 2006 ; Serge Aberdam, « Deux occasions de participation féminine en 1793 : le vote sur la Constitution et le partage des biens communaux », AHRF, n° 339, 2005, p. 17-34.
  • [72]
    Albert Mathiez, « Les décrets de ventôse sur le séquestre des biens des suspects et leur application », AHRF, 1928, p. 193-200 ; Georges Lefebvre, Questions agraires au temps de la Terreur, Strasbourg, 1932.
  • [73]
    Jean-Pierre Gross, op. cit., 2000. Albert Mathiez, La vie chère et le mouvement social sous la Terreur, Paris, Payot, 1927.
  • [74]
    Albert Soboul : « Il n’échappait pas à la plupart des Conventionnels que vouloir transformer tous les prolétaires ruraux en petits producteurs indépendants était une chimère », La civilisation et la Révolution française, II, Paris, Arthaud, 1982, p. 399.
  • [75]
    Exemples dans Les politiques de la terreur, 1793-1794, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008 : Mathieu Soula, « Les taxes révolutionnaires sous la Terreur : simple expédient ou manifestation d’une ambition politique et sociale ? Le cas de l’Hérault (août 1792-an III », p. 249-261 ; Danièle Pingué, « Secours publics et bienfaisance nationale dans les campagnes franc-comtoises », p. 321-330 ; Armelle Poinsot, « L’application de la loi du 22 floréal an II », p. 331-346.
  • [76]
    Victor Donatien de Musset, L’Anglais cosmopolite, Paris, Delance, an VII (1799), p. 279.
  • [77]
    Il conviendrait d'élargir l'analyse à d'autres publications européennes, autour des idées de Thomas Paine ou de Marie Wollestonecraft par exemple.
  • [78]
    Il note sur son agenda : « Ne pas admettre le partage des propriétés ».
  • [79]
    Louis Antoine, de Saint-Just : « Nous proposons de faire de l'homme ce que nous voulons qu'il soit ».
  • [80]
    Albert Soboul, op. cit., 1982 : « Le bonheur est une idée neuve en Europe », p. 398-404 ; « Changer de vie », p. 418-421 ; Michel Biard, Pascal Dupuy, La Révolution française. Dynamiques, influences, débats 1787-1804, Paris, Armand Colin, 2004 : « Le rêve d’une Cité idéale », p. 89-93
  • [81]
    James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d’Instruction publique de la Convention nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1891-1897.
  • [82]
    Article 22 de la Déclaration des droits de la Constitution de l’an I, juin 1793.
  • [83]
    Dominique Julia, Les trois couleurs du tableau noir. La Révolution, Paris, Belin, 1981.
  • [84]
    Bronislaw Baszko, Une éducation pour la démocratie, Paris, Garnier, 1982.
  • [85]
    Mona Ozouf, L'Homme régénéré. Essai sur la Révolution française, Paris, Gallimard, 1989.
  • [86]
    Jacques-Guy Petit, « Utopies révolutionnaires. Le Peletier de Saint-Fargeau, la prison et l’école », dans Regards sur les sociétés modernes (XVIe-XVIIIe siècles), Tours, CEHVI, 1997, p. 289-301.
  • [87]
    Recherches et publications en cours de Catherine Fayolle et de Côme Simien.
  • [88]
    René Grevet, L’avènement de l’école républicaine en France (1789-1835), Lille, Presses du Septentrion, 2001 ; Serge Bianchi, « Les instituteurs de la Première République. Essai sur les instituteurs et la naissance de l’éducation républicaine en milieu rural (1792-1800) », Pour la Révolution française (hommage à Claude Mazauric, Rouen, Publications de l’Université de Rouen, 1998, p. 189-199. Sur ce thème, voir les travaux en cours de Côme Simien.
  • [89]
    Marc Gontard, L’enseignement primaire en France de la Révolution à la loi Guizot, Paris, Annales de l’Université de Lyon, 1959, p. 151 ; Serge Bianchi, « L’école primaire sous le Directoire : enjeux civiques et républicains », Du Directoire au Consulat, 2, L’intégration des citoyens dans la Grande Nation, Lille, Crheno, 2000, p. 270-295.
  • [90]
    Un colloque offre une synthèse commode sur le théâtre en Révolution : La Révolution et les arts de la scène, Philippe Bourdin, Gérard Loubinoux (dir.), Presses universitaires Blaise Pascal-Musée de la Révolution française-Vizille, 2004
  • [91]
    Serge Bianchi, « Théâtre et engagement sur les scènes de l’an II », dans Littérature et engagement pendant la Révolution française, Isabelle Brouards-Arends et Laurent Loty (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 27-50.
  • [92]
    Création de Charles Louis Wailly, qui aurait déclaré postérieurement avoir cédé au « délire du moment » !
  • [93]
    Serge Bianchi, La révolution culturelle de l’an II, Paris, Aubier-Floréal, 1982, p. 222.
  • [94]
    Muriel Usandiviras, « De la pastorale à l’internationale : visions et prophéties dans le théâtre de la Révolution française (1791-1793) » Visions of the future, Milan group, 1996, p. 187-198 ; Yves Blavier, « Rétif, Sylvain Maréchal et quelques  “utopistes” », Études rétiviennes, 10, 1989, p. 87-93 ; Izabella Zatorska, « De l’utopie à la prophétie, la mutation de l’utopie dans le théâtre de la Révolution », La Révolution française et ses fantasmes dans la littérature, Paris, A.-G. Nizet, 1992.
  • [95]
    Érica Joy Manucci, « Didactique politique, haute culture et culture populaire : Sylvain Maréchal », Réfléchir sur la Révolution française ; Histoire, historiographie, théories, (Bruxelles, 1990), Bruxelles, 1993. Dernière mise au point sur Sylvain Maréchal, Finalmente il popolo pensa. Sylvain Maréchal nell'imagine della Rivoluzione francese, Naples, Guida editori, 2012.
  • [96]
    Daniel Hamiche, Le Théâtre de la Révolution française, Paris, 10-18, 1973.
  • [97]
    Sur cette question cruciale du théâtre en Révolution, lire la synthèse de Philippe Bourdin et Cyril Triolaire, « Le théâtre et la Révolution », dans Comprendre et enseigner la Révolution française, Paris, Belin, 2015, p. 334-348.
  • [98]
    Bronislaw Baczko, « Le calendrier républicain : décréter l’éternité », Les lieux de mémoire, vol. 1, Paris, Gallimard, 1984, p. 37-83 ; Serge Bianchi, « La bataille du calendrier ou le décadi contre le dimanche. Nouvelle approche de la réception du calendrier républicain en milieu rural », AHRF, n° 312, 1998, p. 245-264. Sur la problématique d'ensemble, voir Serge Bianchi, « Essai de synthèse sur l'étude du calendrier républicain en l'an II et l'an VI », dans Temps révolutionnaire et temps des révolutions, édition électronique, 129e Congrès du CTHS (Besançon 2004), 2010, p. 141-163.
  • [99]
    Études particulièrement solides sur la réception en Bourgogne sous le Directoire par Françoise Fortunet, « Le temps à l’épreuve de la Révolution. Les avatars du décadi », dans Mouvements populaires et conscience sociale (Paris, 1984), Paris, Maloine, 1985, p. 677-686 ; et pour la Bretagne par Solenn Mabo, « L’acculturation républicaine dans le pays de Rennes : une révolution du quotidien ? », Bulletin de la Société Archéologique et Historique d’Îlle-et-Vilaine, 2009, p. 187-237. Voir les études sur le remplacement du dimanche par le décadi : Robert Beck, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours, Paris, Les Éditions de l'Atelier, 1997, p. 141-155 ; et Alain Cabantous, Le dimanche, une histoire, Paris, Seuil, 2013, p. 97-107.
  • [100]
    Daniel Rabreau, Claude Nicolas Ledoux, Paris, Éditions du Patrimoine, 2006 ; et Monique Mosser, Charles de Wailly (1730-1798), peintre-architecte dans l’Europe des Lumières, Paris, éditions CNMHS, 1979.
  • [101]
    Les Projets de l’an II : concours d’architecture de la période révolutionnaire, Paris, École nationale des Beaux-Arts, 1986 ; « Les architectes parisiens à l’époque révolutionnaire », Revue de l’art, 83, 1989.
  • [102]
    Voter, élire..., op. cit., 2006, page de couverture.
  • [103]
    Il réaliserait la « première cité-jardins » de l’histoire à Paris, en 1792, selon François Hincker, « L’effet d’utopie de la Révolution française », dans Le règne de l’histoire, citation de Jean-Marie Goulemot (dir.), Paris, Albin Michel, 1996, p. 51-61.
  • [104]
    Daniel Rabreau, « L’architecture et la fête », Aux Armes..., op. cit., 1988, p. 258
  • [105]
    Ibidem, p. 249-254.
  • [106]
    Bronislaw Baczko Lumières de l’utopie, op. cit., p. 327-332.
  • [107]
    Ibidem, p. 392.
  • [108]
    Daniel Rabreau, op. cit., p. 258-261.
  • [109]
    Alphonse Aulard, Le culte de la Raison et le culte de l’Être Suprême (1793-1794). Essai historique, Paris, Félix Alcan, 1892 ; Albert Mathiez, Les origines des cultes révolutionnaires (1789-1792), Paris, 1904 ; idem, La théophilanthropie et le culte décadaire 1796-1801. Essai sur l’histoire religieuse de la Révolution, Paris, Félix Alcan, 1906 ; Mona Ozouf, La fête révolutionnaire, Paris, Gallimard, 1976 ; Michel Vovelle, La mentalité révolutionnaire, Paris, Messidor, 1988 ; idem, La Révolution contre l’Église, Paris, Complexes, 1988, p. 189-192.
  • [110]
    « Symbolisme et utopie pendant la Révolution française », dans Mouvements populaires et conscience sociale, Jean Nicolas (dir.), Paris, Maloine, 1985, p. 167-172.
  • [111]
    Ouvrage cité sur le Gouvernement des Féliciens, 1792, suivi d’un « Manuel politique de cette nation ».
  • [112]
    Jean Baptiste Say, Olbie ou Essai sur les moyens d’améliorer les moeurs d’une nation, Paris, Déterville, an VIII (1800).
  • [113]
    Michaël Biziou, Adam Smith et les origines du libéralisme, Paris, Puf, 2003, p. 273.
  • [114]
    Jacques Gury, « Cambry, Fragments du dernier voyage de La Pérouse (1797) », Dix-Huitième siècle, 22, 1990, p. 203-236.
  • [115]
    Joseph Saigre, Opuscules d’un solitaire, Bordeaux, Bergeret, 1803.
  • [116]
    Publié le 30 novembre 1795, François Wartelle, Dictionnaire...op. cit., 1989, p. 63-66.
  • [117]
    Rédigé au printemps 1796, mais non publié par les conjurés.
  • [118]
    « Osons dire que la Révolution, malgré tous les obstacles et les oppositions, a avancé jusqu’au 9 thermidor, et qu’elle a reculé depuis... » : Le Tribun du Peuple, 34, 6 novembre 1795 (15 brumaire an IV).
  • [119]
    Viktor Daline, Gracchus Babeuf à la veille et pendant la Grande Révolution (1785-1794),Moscou, Éditions du Progrès, 1976.
  • [120]
    Il répond dans le numéro 37 à Antonelle, qui met en doute le bien-fondé de la « communauté des biens et travaux », dans le numéro 9 de l’Orateur Plébeien : Pierre Serna, Antonelle, aristocrate révolutionnaire 1747-1817, Éditions du Félin, 1997.
  • [121]
    Le Tribun du Peuple, 37, 21 décembre 1795 (30 frimaire an IV).
  • [122]
    Ibidem, 35, novembre 1795 (9 frimaire an IV).
  • [123]
    Cette problématique est déjà posée pour l'Utopie de  More,  par  Jean-Yves Lacroix, op. cit., 2004, p. 241.
  • [124]
    « Comment la Révolution a transformé l'utopie : le cas de Gracchus Babeuf », AHRF, n° 366, 2011, p. 83-103.
  • [125]
    Bronislaw Baczko, Lumières de l’utopie, Paris, Payot et Rivages, 2001(1ère édition, 1978).
  • [126]
    Laurent Loty, « Condorcet contre l’optimisme : de la combinatoire historique au méliorisme politique », dans Condorcet mathématicien, économiste, philosophe, homme politique (colloque Paris 1988), Paris, Minerve, 1989, p. 288-296. Dans cette Esquisse..., Condorcet dialogue avec Thomas More, cf Dictionnaire des utopies, op. cit., p. 60.
  • [127]
    « … les rêveries de quelques penseurs sur un avenir sans vraisemblance », cité par Pierre Serna, Cahiers de l'IHRF, 6, 2014.
  • [128]
    Miguel Abensour, L’utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Paris, Sens et Tonka éditeurs, 2000.
  • [129]
    Irmgard Hartig et Albert Soboul, op. cit., p. 23.
  • [130]
    Idem, p. 35-40.
  • [131]
    Voir Gilles Lapouge, Utopie et civilisation, Paris, Flammarion, 1978 ; Michèle Riot-Sarcey, Le Réel et l'Utopie. Essai sur le politique au XIXe siècle, Paris, Albin Michel, 1998.
  • [132]
    En matière de lois, de culture politique, d’égalitarisme, d’éducation, de rapports au temps ou à l’architecture...
  • [133]
    Terme utilisé par Bronislaw Baczko, « Fictions utopiques et conjonctures utopiques », op. cit., p. 140-141.
  • [134]
    Michel Abensour : « L'écriture utopique se transforme elle-même en un moment de la praxis révolutionnaire ».
  • [135]
    Pour un Sébastien Mercier ou un Rétif qui abandonnent leurs utopies pour condamner la Révolution, d’autres comme Babeuf ou Maréchal prennent l’échec d’un moment de la Révolution pour fonder de nouvelles utopies. Pour nuancer, Laurent Loty, « La philosophie de l'histoire et les choix politiques de Rétif après la Terreur », Études rétiviennes, 11, 1989, p. 25-45.
  • [136]
    Voir les notices du Dictionnaire des utopies, op. cit., 2002, p. 203 pour Saint-Simon. On y note l'exception de Pierre Leroux, qui voit les utopies comme accoucheuses des révolutions et de l'histoire. Lire à ce sujet, en particulier « Michel Abensour : repenser l'utopie », par Fabien Delmotte, La vie des idées, 2015.

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