Couverture de ANNOR_682

Article de revue

Fermer Caen sous Henri IV et Louis XIII : les fortifications des Petits Prés

Pages 77 à 107

Notes

  • [1]
    Il faut notamment signaler le travail de M. Casset et S. Lechanteur, Étude historique et archéologique du mur d’enceinte du Bourg le Roi, mémoire de maîtrise de l’université de Caen, 1971 et, plus récemment, L. Jean-Marie, Caen aux xie et xiie siècles, espace urbain, pouvoirs et société, Cormelles-le-Royal, La Mandragore, 2000, notamment p. 105-110.
  • [2]
    Cet article présente des recherches réalisées dans le cadre de la préparation d’une thèse dédiée à l’Architecture à Caen du règne de Charles VIII au début du règne de Louis XIII, soutenue en 2013 à Paris-Sorbonne sous la direction d’Alexandre Gady. Nicolas Homshaw a depuis présenté en 2015 une thèse sur Caen dans ses murs, xie-xviie siècle. La clôture urbaine et ses effets de paroi à Paris I sous la direction d’Hervé Drévillon.
  • [3]
    Le fonds ancien des Archives communales de Caen a été déposé aux Archives départementales du Calvados, où il forme la sous-série 615 Edt. Y sont entre autres conservés les registres de délibération et les comptes annuels de la Ville, dont on possède des séries à peu près complètes – quoiqu’avec quelques lacunes – à partir du milieu du xvie siècle.
  • [4]
    Comme l’a souligné H. Neveux, « Une croissance ambiguë (xvie-xviiie siècles) », dans G. Désert (dir.), Histoire de Caen, Toulouse, Privat, 1981, p. 115-148, à la p. 118, après la construction des nouvelles enceintes, la ville fut progressivement identifiée en premier lieu à ce qui était désormais enclos à l’intérieur de ces fortifications.
  • [5]
    É. Faisant, « Les Fortifications de Caen durant la guerre de Cent Ans », dans Les Normands et la guerre, actes du 49e congrès de la fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie (Rouen, 15-18 octobre 2014), Louviers, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie, 2015, p. 23-35.
  • [6]
    Sur ce nom, voir P.-D. Huet, Les origines de la ville de Caen, revûes, corrigées et augmentées, seconde édition, Rouen, Maurry, 1706, p. 62.
  • [7]
    BnF, ms fr. 22469 (Recueil de pièces originales concernant les officiers de la ville de Caen), pièce 62.
  • [8]
    P.-D. Huet, Les origines…, op. cit., p. 62.
  • [9]
    C. de Bourgueville, Les recherches et antiquitez de la Ville et Université de Caen, et lieux circonvoisins des plus remarquables, Caen, Chalopin, 1833 (1re édition Caen, Jean le Fevre, 1588), II, p. 117.
  • [10]
    L. Vissière, Sans poinct sortir hors de l’orniere, Louis II de La Trémoille (1460-1525), Paris, Honoré Champion, 2008, p. 211.
  • [11]
    C. de Bourgueville, Les recherches…, op. cit., II, p. 117.
  • [12]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 17, fol. 1-3. Le duc d’Alençon demanda en outre que le boulevard soit « redressé », mais l’on ne sait si cette remise en état fut exécutée.
  • [13]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 25, fol. 37, 40-44 et 71-73.
  • [14]
    J. Lair, Histoire du parlement de Normandie depuis sa translation à Caen, au mois de juin 1589, jusqu’à son retour à Rouen, en avril 1594, Caen, Hardel, 1861, notamment p. 42 ; H. Neveux, « Une croissance ambiguë (xvie-xviiie siècles) » et « Mutations urbaines (xvie-xviiie siècles) », dans G. Désert (dir.), Histoire…, op. cit., p. 115-168 ; J.-P. Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, 2009, p. 467 ; A. Dauvin, « Caen dans les guerres de Religion : autour de Jean Pelet, frère du gouverneur Gaspard de La Vérune (1589-1594) », Annales de Normandie, t. 66-1, janvier-juin 2016, p. 31-45.
  • [15]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1590, fol. 32-32v.
  • [16]
    P.-D. Huet, Les origines…, op. cit., 66e année, n°1, p. 36-37. Il existait un autre dos-d’âne, qui consistait en un mur « passant le travers du fossey de la muraille » et portant un canal pour conduire le Petit Odon dans la ville (Bibl. mun. Caen, ms In-fol. 142, fol. 11-14v ainsi que C. de Bourgueville, Les recherches…, op. cit., II, p. 186-187). Cet ouvrage pourrait toutefois difficilement être dit « en la prairie ».
  • [17]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1590, fol. 34-35.
  • [18]
    Il ne peut en effet s’agir du maréchal Jacques II de Matignon, qui était alors en Guyenne. Son fils Odet, qui portait coutumièrement le titre de comte de Torigni, était en revanche alors en Normandie, auprès du roi (J. de Caillière, Histoire du mareschal de Matignon, Paris, Augustin Courbe, 1661, p. 310).
  • [19]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.1, fol. 317. Cette lettre datée du 20 juin indique que les envoyés du roi étaient venus à Caen « en ces derniers jours ».
  • [20]
    Voir à son sujet M. Lallemend et A. Boinette, Jean Errard de Bar-le-Duc, « premier ingénieur du très chrétien roy de France et de Navarre Henry IV », sa vie, ses œuvres, sa fortification, Paris, Thorin et Dumoulin, et Bar-le-Duc, Comte-Jacquet et Boinette, 1884, qui ignorent son passage à Caen.
  • [21]
    Issu d’une noble famille de l’actuel département de la Manche, Guillaume de Condren avait quitté sa région natale dans les années 1560 « pour s’attacher au service du roy » (BnF, ms Chérin 58, dossier 1239, fol. 6v-8). Il entra dans la « compaignie du seigneur d’Estrées, grand maitre de l’artillerye de France », et gagna la protection de sa famille : il devint seigneur du Manoir, à Vauxbuin (aujourd’hui département de l’Aisne), fief dont il rendit aveu le 30 mars 1581 à Barbe d’Estrées, et c’est à « Vaulbuyn, dans le logis seigneurial de haute dame Barbe d’Estrées », qu’il épousa le 22 novembre 1587 Marguerite du Haste, dame de la Muette et du fief de l’Herminette. C’est donc peut-être l’appui des d’Estrées qui lui valut d’être envoyé à Caen.
  • [22]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 3-5v.
  • [23]
    Le nouveau bastion était toutefois plus grand que ce qui avait été déjà commencé puisque, dès le mois d’août 1592, plusieurs habitants présentèrent des suppliques aux échevins pour obtenir récompense pour leurs maisons démolies et leurs terrains saisis près de la porte Saint-Étienne pour « employer ausdites fortiffications » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41, 56 et 59).
  • [24]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41.
  • [25]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 57-57v.
  • [26]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 14, 17 et 33v.
  • [27]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 18-19.
  • [28]
    Les vestiges de l’extrémité de ce bastion vers la porte Saint-Étienne ont été retrouvés lors de fouilles entreprises en 1992-1993 sous la direction de Pascal Leroux : voir P. Leroux, Place Guillouard, document final de synthèse, Musée de Normandie, 1994, p. 120-124. Le seul rang d’élévation qui a pu être observé était pourvu d’un glacis, ce qui rejoint la mention du « talut » portée par le devis. Nos vifs remerciements vont à Pascal Leroux pour toutes les observations qu’il nous a transmises.
  • [29]
    Outre par la comparaison du plan publié par Belleforest en 1575 et des vues postérieures, cette modification du cours du Grand Odon est attestée par les remontrances faites aux échevins par les personnes ayant des droits sur ce cours d’eau, et notamment les prêtres de Saint-Pierre, qui signalèrent ainsi en 1609 que le « canal ou pertuis » creusé lorsque « le fort de Saint Estienne fut basti et construit pour les fortiffications de lad. ville » était trop petit pour que l’eau y passe convenablement (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 276).
  • [30]
    Le plan reproduit fig. 3 n’est pas daté, mais un plan similaire a été publié dans J. Valdor, Les triomphes de Louis le Juste XIII du nom roy de France et de Navarre contenans les plus grandes actions ou Sa Majesté s’est trouvée en personne… avec les portraits des rois, princes et generaux d’armées… ensemble le plan des villes, sieges et batailles, avec un abregé de la vie de ce grand monarque…, Paris, Antoine Estienne, 1649, 3e partie, entre les p. 1 et 2. Il existe à la BnF (Estampes, Va14, t. 3, Fol., H113849, ancienne collection de Roger de Gaignières : Bouchot 5081) un dessin très proche qui ne semble pas être une simple copie de la gravure car il porte des indications qui n’apparaissent pas sur l’estampe, comme le sens des cours d’eau.
  • [31]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 4. L’emplacement de ce batardeau, à l’extrémité sud du fossé, non loin de la Petite Orne, est notamment établi par le plan de 1696 (Arch. dép. Calvados, 2 D 941).
  • [32]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 103-104 et 114-114v.
  • [33]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 116-166v et 120-121v.
  • [34]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 142-142v.
  • [35]
    Celles-ci ne correspondent pas au boulevard de La Trémoille, qui se trouvait plus à l’est.
  • [36]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41.
  • [37]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 61.
  • [38]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 68. Voir aussi des ordonnances aux fol. 69-69v, 75-76 et 80.
  • [39]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 162-163.
  • [40]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 388.
  • [41]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 81v, 120v et 143v. Le plan général des fortifications à faire dessiné par Guillaume de Condren était encore conservé dans les archives de la ville à la fin du xviie siècle, car dans une lettre envoyée le 10 septembre 1694 à Pierre-Daniel Huet, Jean Le Blais, seigneur du Quesnay, lui signala avoir vu l’avant-veille le plan approuvé par Henri IV. Il ajouta cependant qu’il était « en si mauvais état et en tant de morceaux qu’on a[vait] peine à y rien comprendre » (Bibl. mun. Caen, ms In-8° 76, Lettres et mémoires de M. du Quesnay sur la ville de Caen, p. 61).
  • [42]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 388.
  • [43]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 64-66. Outre cette qualité qui lui avait été conférée par lettres patentes données à Chartres le 29 décembre 1592, Guillaume de Condren reçut également le 11 janvier 1593 les « provisions de la charge de commissaire general des reparations et fortifications des villes, chateaux et places fortes de sa province de Normandie » (BnF, ms Chérin 58, dossier 1239, fol. 7v).
  • [44]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68.
  • [45]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 64.
  • [46]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68-69.
  • [47]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 72.
  • [48]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 78v.
  • [49]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 84-84v.
  • [50]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68v.
  • [51]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 80v.
  • [52]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 78v.
  • [53]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 100. Il fut encore enjoint le 18 septembre « à maitre Jacques Bazin de continuer encores ceste sepmaine tout son astellier au bastardeau » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 114).
  • [54]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 152-153v.
  • [55]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68v.
  • [56]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 91.
  • [57]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 53, fol. 63-65v.
  • [58]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 268-269v.
  • [59]
    Guillaume de Condren était revenu à Caen le 6 avril 1594, date à laquelle il fut encore qualifié de « commissaire du roy aux fortiffications » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 51).
  • [60]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 100.
  • [61]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [62]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 152-153v.
  • [63]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [64]
    Sur ce chemin, voir Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 48 et 1597, fol. 57v-58.
  • [65]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 71-72.
  • [66]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v : « selon le plan ou modelle qui en a esté representé par led. sieur du Boys ».
  • [67]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 51.
  • [68]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [69]
    On ne sait si ces corrections ont été portées lorsque Jacques Bazin fut chargé de dessiner le nouveau « modelle en corps » de la porte.
  • [70]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [71]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [72]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 188.
  • [73]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 228-228v.
  • [74]
    Le terme tape-cul désigne usuellement un pont-basculant, mais ici il a été utilisé pour un pont-levis à flèche.
  • [75]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 80, 97-97v et 103-106v.
  • [76]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 120. Deux alleux complémentaires furent passés le 1er décembre pour la fourniture de « six luquernes de plomb et une gouttiere au costé vers lesd. preys et la festeure requise en tous les endroicts dud. edifice » et le 18 février 1595 pour le revêtement en plomb des « quatre aiguilles de la couverture » et l’ajout de « gireuttes de cuyvre » aux deux plus grandes (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 222 et 262).
  • [77]
    Le journal tenu dans la seconde moitié du xviie siècle par un bourgeois de Caen signale en effet qu’« en mars et en avril 1691, on a fait deux arcades à la porte Neuve » (G. Vanel (éd.), Recueil de journaux caennais, 1661-1777, Rouen, Lestringant et Paris, Picard, 1904, p. 25).
  • [78]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 128. Voir aussi Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 62-62v
  • [79]
    G. Huard, « Marin Bourgeois, peintre du roi », Bulletin de la Société historique de Lisieux, n° 21, 1913, p. 5-37, à la p. 16. L’auteur a recopié une note d’Auvray de Coursanne qui faisait partie de sa collection. La plaque de marbre remplaça sans doute les « quelcques carreaux […] pour y placer et tailler cinq armoiries qui seront celles du roy, de monseigneur de Montpensier, de monsieur de La Vérune, de la province et de la ville » qui avaient été prévus dans le devis de maçonnerie (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79).
  • [80]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [81]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 100.
  • [82]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 178-179.
  • [83]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 56-57.
  • [84]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 11 et 56-57.
  • [85]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 48 et 55.
  • [86]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 56-57.
  • [87]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 57-57v, 615 Edt 473, 9 septembre 1595 et 615 Edt 47, fol. 97-99, 16 septembre 1595.
  • [88]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 47-47v.
  • [89]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 137.
  • [90]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v.
  • [91]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 268-269v.
  • [92]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 271 et 275v.
  • [93]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v.
  • [94]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 55, fol. 78.
  • [95]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 417, 1610, fol. non numérotés.
  • [96]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 225-226 et 228-229v, 615 Edt 55, fol. 112 et 615 Edt 417, 1611, fol. 22v-38.
  • [97]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 417, fol. 21v-32v.
  • [98]
    S. Le Marchand, Journal de Simon Le Marchand, bourgeois de Caen, 1610-1693, éd. G. Vanel, Caen, Louis Jouan, 1903, p. 12-13.
  • [99]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 219-220.
  • [100]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 56, fol. 90-95.
  • [101]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 210-218 et 615 Edt 56, fol. 101-103.
  • [102]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 197-206v. Ce pont n’est pas visible sur les anciens plans de la ville et put donc rapidement disparaître.
  • [103]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 232-233v.
  • [104]
    De la terre y avait bien été portée en 1599, mais cette opération avait pour but de vider la rue des Quais et ne répondait pas à un projet défini pour le bastion (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 415, 1599, fol. 32v-33).
  • [105]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 49, fol. 17-20.
  • [106]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 97v.
  • [107]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 232-233v.
  • [108]
    Sur cet ingénieur italien, voir A. J. du Plessis de Richelieu, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, éd. D. L. Martial Avenel, t. I, Paris, Imprimerie impériale, 1853, p. 692 et F. de Bassompierre, Journal de ma vie, Mémoires du maréchal de Bassompierre, éd. A. de La Crypte de Chanterac, Paris, Veuve Jules Renouard, 1870-1877, t. II, p. 291, 292, 307 et 310, et t. III, p. 49, 50, 75, 99, 119, 124, 125, 126 et 131. Employé par la reine mère, il fut envoyé en 1620 au duc de Florence avant d’être prêté en 1621 au duc de Luynes. Il participa alors au siège de Montauban puis en 1622 à ceux de Royan, de Saint-Antonin, de Lunel et de Montpellier. Il trouva la mort le 11 septembre devant cette dernière place, où il avait eu « la charge generale des travaux ». Le maréchal de Bassompierre, qui l’appréciait, a noté qu’il mena également les travaux à Royan et qu’il « estoit en grande estime parmy nous, comme certes il la meritoit bien ».
  • [109]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1616, fol. 31-33.
  • [110]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1617, fol. 20-21. Le terme visière doit désigner ici des canonnières.
  • [111]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 349-354v.
  • [112]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 359-366 et 615 Edt 418, 1617, fol. 26v-39.
  • [113]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, fol. 25-35.
  • [114]
    Ce débord dans la rivière obligea à décaler celle-ci vers l’ouest : voir P.-D. Huet, Les origines…, p. 60. Abraham Blanchard se vit d’ailleurs confier la charge de « vuider et oster » des terres « tant pour l’eslargissement de la riviere que vuide des fossés proches de murailles, fortiffications au quartier de lad. ville appellée le Cercle » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, fol. 25-25v).
  • [115]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 132-141v.
  • [116]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1619, fol. 25-35.
  • [117]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 142-145.
  • [118]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 146-147.
  • [119]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1620, fol. 24-35.
  • [120]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 59, fol. 73-76.
  • [121]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 60, fol. 243v, 248 et 249-249v. Le 20 avril 1630, encore, les échevins notaient que la Ville occupait des terrains « en intention d’y continuer des fortiffications y commencées » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 62, fol. 27-28).
  • [122]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 495.
  • [123]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 288v et 2 D 941, 2 janvier 1621.
  • [124]
    P.-D. Huet, Les origines…, p. 60-61.
  • [125]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 53, fol. 63-65v.
  • [126]
    Voir notamment le Plan géométrique d’une venelle suprimée par arrest du Conseil, laquelle tendoit de la porte Saint Étienne a la praÿrie, 28 novembre 1778 (Arch. nat., Q1 90) ou le Plan et projet des ouvrages à faire pour faire une sortie convenable àla porte Saint Estienne de la ville de Caën, fin du xviiie siècle (Arch. dép. Calvados, Fi C 1125.6).
  • [127]
    P. Leroux, Place Guillouard…, op. cit., p. 122.
  • [128]
    L. Gosselin, « L’ancien mur d’enceinte de Caen et les vestiges qui en subsistent », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LII, 1952-1954 (1955), p. 215-219, à la p. 217.
  • [129]
    Cette mesure et les suivantes sont bien moins fiables que les précédentes car, contrairement aux autres, elles ne peuvent pas être relevées sur le cadastre napoléonien. Il faut donc utiliser les plans antérieurs, qui sont moins précis et indiquent des dimensions qui varient légèrement.
  • [130]
    Le devis indiquait une longueur de neuf toises (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v).
  • [131]
    Des fondations de la porte ont été retrouvées en 1932 : R.-N. Sauvage, « Découverte des maçonneries de l’ancienne porte Neuve des Prés », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. XL, 1932 (1933), p. 349. Le plan situant cette trouvaille est conservé aux Arch. dép. Calvados, 83 F 919.
  • [132]
    La construction de ce pont fut entreprise en 1599, lors de l’installation de la foire à la Cercle, le maître charpentier Jean Pellehestre ayant été payé le 17 juillet pour « avoir assis des sommiers et sur iceulx pozer de la planche pour dresser ung pont dans le prey prez la porte Neusve des prez » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 415, 1599, fol. 38). Ce premier ouvrage léger ne dut pas subsister longtemps car, le 17 mars 1601, les échevins décidèrent qu’il serait « dressé en ceste année pour servir à la prochaine seance de la foire ung pont de boys sur le cours de la riviere d’Orne pres la porte Neusve » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 475, fol. 180-180v). Confié à Jacques Bazin, ce travail fut rapidement exécuté puisque le compte en fut fait le 9 juin (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 475, fol. 184-187).
  • [133]
    Cette mesure a été prise sur le relevé réalisé lors des fouilles de 2015. Elle concorde avec celle indiquée par le plan de 1649 qui, quoique très schématique pour ce bastion, indique un angle d’environ 95 degrés. Le plan de la ville en 1747 montre un angle plus obtus, de 105 degrés.
  • [134]
    Ces fouilles ont été entreprises en janvier 2015 par l’Inrap sous la direction scientifique d’Hélène Dupont : H. Dupont et al., Caen (Calvados) Basse-Normandie, rue Daniel-Huet, « L’îlot Saint-Martin », rapport final d’opération, Inrap, 2015.
  • [135]
    Le plan de 1747 montre à cet emplacement un orillon, mais ce dernier n’apparaît pas explicitement sur les autres vues.
  • [136]
    Comme le montre le Plan de la ville de Caen, capitale de la Basse Normandie, avec son château et ses fauxbourgs publié en 1747 par Philippe Buache d’après De La Londe.
  • [137]
    Les deux procès-verbaux des 18 brumaire et 8 floréal an VI ont été publiés par G. Lavalley, Caen démoli, recueil de notices sur les monuments détruits ou défigurés et sur l’ancien port de Caen, Caen, Le Blanc-Hardel, 1878, p. 23-24.

1Le nom de Fossés-Saint-Julien que porte toujours une rue au nord de la ville et les fragments d’enceinte qui subsistent dans ce quartier ne sont que de discrets souvenirs des fortifications qui ont autrefois entouré Caen. Les destructions opérées tant aux xviiie, xixe que xxe siècles ont en effet fait disparaître la majeure partie des ouvrages défensifs qui l’avaient jusqu’alors ceinturée. Cet effacement complique évidemment toute analyse d’un ensemble qui, jadis si prégnant, est aujourd’hui très imparfaitement connu. Si les parties les plus anciennes ont été l’objet de différentes études [1], les importants ajouts réalisés durant les guerres de Religion n’ont ainsi pas encore bénéficié de la même attention [2], et ce alors même qu’ils sont documentés par un ensemble considérable de pièces préservées dans les archives communales [3]. Ces sources offrent des données variées et sont donc susceptibles de nourrir différents travaux, mais elles détaillent en premier lieu un grand chantier qui s’étendit sur près de trente ans et qui marqua durablement le paysage caennais, celui des fortifications des Petits Prés.

2Encadrée par ses deux abbayes aux Hommes et aux Femmes et dominée au nord-est par son château, la ville était en effet formée à la fin du Moyen Âge du Bourg-le-Roi, au nord-ouest, et de l’île Saint-Jean, au sud [4] (fig. 1). Surplombé par la maison commune, le pont Saint-Pierre lancé au-dessus de la Petite Orne constituait le seul lien entre ces deux grandes entités, qui avaient chacune été dotées après 1346 d’une nouvelle enceinte [5]. Le système défensif caennais présentait de ce fait à l’ouest une importante rupture : la prairie et les Petits Prés [6] qui la prolongeaient s’avançaient jusqu’au cœur de la ville (fig. 1, n° 38 et 39), dont ils séparaient les deux principales composantes. Redonner une cohérence et une unité aux fortifications fut donc dès lors un souci récurrent, qui donna finalement lieu à des travaux d’une importance majeure à l’échelle urbaine.

Fig. 1
Fig. 1
Le Vray Pourtraict de la ville de Caen, publié dans François de Belleforest, La Cosmographie universelle…, Paris, Nicolas Chesneau, 1575, t. I, 2, p. 121.
Arch. dép. Calvados, 1 Fi 533

Clore la ville à l’ouest

3Des lettres de Louis XI datées du 24 décembre 1462 attestent ainsi qu’il était prévu « de faire faire une closture de mur depuis une tour appellee la tour Perrette d’Orboys », à l’ouest du Bourg-le-Roi (fig. 1, entre les n° 12 et 16), « jusques a la maison des freres de l’ordre de Saint-Jacques », au nord-ouest de l’île Saint-Jean (fig. 1, M), « par quel endroit lad. ville [était] descloze » [7]. Ce dessein n’ayant pas eu de suite, une seconde tentative fut initiée en 1495, l’espace entre la même tour Perrette d’Orbois et le couvent des Jacobins ayant alors été toisé dans l’objectif de le clore [8]. Ce projet ne fut toutefois à nouveau pas mené plus loin.

4C’est donc seulement en 1512 que, face à la menace d’une descente anglaise, ce secteur fut enfin protégé par l’aménagement du « boulevert de la chaussee Sainct-Jacques sur la grande prairie » [9]. Entrepris sur les ordres de Louis II de La Trémoille, que le roi avait envoyé en mission en Normandie comme lieutenant général [10], cet ouvrage était dépourvu de maçonnerie et composé uniquement de terres. Celles-ci provenaient probablement du fossé creusé devant cette levée qui, si l’on se fie au plan de la ville publié par François de Belleforest en 1575, ne semble pas avoir été relié au sud à la Petite Orne ou au nord au Grand Odon et paraît donc avoir été sec (fig. 1, entre les n° 37 et 38). Comme le précise Charles de Bourgueville, le rempart comprenait « quatre grandes espaces vuides, soustenues de sommiers et gistes, pour y planter le canon à baterie sur ladicte prairie, contre ceux qui voudroyent assaillir la ville de ceste part-là » [11]. Nouveau lieutenant général et gouverneur pour le roi en Normandie, le duc Charles d’Alençon ordonna d’ailleurs le 21 février 1523 (n. st.) que les portes de la Boucherie et des Jacobins qui permettaient d’accéder au boulevard soient transformées « en manier que on y puisse passer l’artillerye si besoing » [12], ce qui confirme que le nouvel ouvrage pouvait recevoir des armes lourdes et en même temps indique que ces dernières n’y étaient pas laissées en permanence.

5La fortification de ce côté de la ville ne semble ensuite plus avoir été l’objet de transformations structurantes pendant pratiquement un demi-siècle, jusqu’en 1569. Le 5 août de cette année-là, Jacques II Goyon de Matignon, comte de Torigni, ordonna en effet aux échevins de récompenser ceux dont les « maisons, murailles et jardins » avaient été « desmolis pres la porte Saint-Estienne » afin de faire « bastir ung fort ou boullevert pour la fortiffication et deffence de ceste ville » [13]. Entrepris sur « le commandement de mond. seigneur de Matignon, pour le service du roy et assurance de lad. ville », cet ouvrage fut établi au nord-ouest du boulevard de La Trémoille, de l’autre côté du Grand Odon. S’étendant de ce dernier à la porte Saint-Étienne, ce bastion retranché appuyé contre la muraille du Bourg-le-Roi est visible sur le plan de Belleforest, dont la légende le nomme à nouveau « le Fort » (fig. 1, n° 16). Moins élevé que l’enceinte, il était inscrit dans un rectangle et comprenait une unique face prolongée par deux orillons. Ceux-ci protégeaient les flancs, placés très en retrait afin que l’angle mort n’empêche pas de défendre depuis celui du nord le pont menant à la porte Saint-Étienne et de contrôler depuis celui du sud le Grand Odon. Bâti « de la pierre et boys de la grand abbaye » aux Hommes toute proche, ce bastion pouvait être revêtu de blocs de maçonnerie prélevés dans les vestiges de l’abbatiale ruinée en 1562, mais il est aussi possible qu’il n’ait été constitué que d’une masse de terre seulement ponctuellement stabilisée par de la pierre et du bois.

Le lancement des grands travaux

6Les incertitudes qui entourent cet ouvrage sont dues à sa rapide destruction, imposée par le lancement d’un nouveau chantier bien plus ambitieux. Loyale à Henri IV au sein d’une province en bonne partie gagnée à la Ligue, Caen fut en effet directement menacée durant les difficiles premières années du règne du roi Bourbon [14]. Asile des membres fidèles du Parlement de Normandie comme de bien d’autres réfugiés, la principale ville de basse Normandie était en outre cruciale pour la conservation de cette province stratégique. Des mesures furent donc prises pour renforcer ses défenses et, le 15 décembre 1590, les échevins de la ville ordonnèrent de verser douze écus au maître voyer Josué Gondouin pour « avoir vacqué par l’espasse de six sepmaines avec les pionniers qui travailloient au retranchement faict à la prarye à l’endroit du dos-d’ane, pour marquer la largeur du fossé, assiette et grandeur de deux boullevertz ou terrasses aux deux boutz dud. fossé, et trois esperons du long d’icellui fossey ou retranchement » [15]. Si les archives ne livrent pas d’autres indications, la Ville n’ayant manifestement pas payé les terrassiers, cette mention suffit pour établir que, au plus tard dans les premiers jours de novembre, des travaux avaient été commencés pour construire deux bastions réunis par d’autres fortifications protégées par un fossé. Ces nouvelles défenses coupant les prés devaient venir au plus près de l’angle sud-ouest du Bourg-le-Roi puisqu’elles devaient s’étendre jusqu’au dos-d’âne, qui empêchait les eaux du Grand Odon « de se perdre dans les prairies » [16].

7Si nous ne savons pas jusqu’à quand les pionniers travaillèrent sur ce chantier, l’absence de nouveaux paiements au voyer suggère que celui-ci ne fut pas longuement poursuivi. Quelques maçons dirigés par Jacques Bazin travaillèrent bien en janvier 1591 à la construction d’« une muraille, remparement et fortiffication faicte au bout du retranchement nouvellement encommencé en la prairye de Caen au bout du dos-d’asne » [17], mais la rapidité de cette entreprise, réalisée en moins de douze jours, montre qu’il ne s’agissait pas d’une œuvre de grande ampleur.

8Les opérations restèrent en fait suspendues pendant plus d’un an et ne furent reprises qu’à partir du milieu du mois de juin 1592, quelques semaines après qu’Henri IV a dû abandonner le siège de Rouen et donc l’espoir de contrôler rapidement l’ensemble de la province. Arrivèrent alors à Caen « nosseigneurs le Grand et conte de Thorigny », c’est-à-dire Léonor Chabot de Charny, grand écuyer de France, et Odet Goyon de Matignon, lieutenant général en Normandie [18], « et avec eulx ung ingenieulx envoyé par Sa Majesté pour visiter l’assiette de cested. ville et adviser quelles fortifications s’y pourroient faire pour la rendre forte » [19]. « Nommé le sieur Erard », l’ingénieur n’était autre que le célèbre Jean Errard [20], qui vint donc à Caen et qui y dressa « quelcques desseings et devis desd. fortiffications ». Aucun de ces papiers ne nous est parvenu, mais l’on peut penser que c’est à partir de ces projets que, quelques jours plus tard, le 7 juillet 1592, Guillaume de Condren, seigneur du Bois et commissaire député par le roi pour les fortifications [21], présenta aux échevins un mémoire sur ce qui lui semblait le « plus necessaire pour la prompte deffence » de la ville [22]. Il s’agissait de transformer complètement son côté occidental en y disposant trois grands bastions, placés pour l’un à l’angle de l’Orne et de l’île Saint-Jean, pour le deuxième sur le terrain de la Cercle, à l’angle nord-ouest de cette dernière, et pour le troisième au sud-ouest du Bourg-le-Roi (pour les deux derniers, fig. 2). Le troisième, « derriere Saint-Estienne », devait ainsi prendre place « au lieu où il a[vait] esté aultreffoys desseigné », ce qui peut faire référence aux aménagements entrepris à la fin de l’année 1590 [23].

Fig. 2
Fig. 2
Jacques Gomboust, Caen, 1657.
Arch. dép. Calvados, 1 Fi 199

9Les travaux furent immédiatement lancés à l’aide de nombreux pionniers, dont le nombre fut réduit à cent le 1er août [24]. On s’employa ainsi à « faire charoist, amatz de matereaux et autres preparatifs necessaires pour la construction d’un fort ou bastion » au lieu-dit de la Cercle (fig. 1, n° 60), sans même en avoir reçu l’autorisation des propriétaires du terrain, les Jacobins [25]. Commission fut de même donnée le 11 juillet pour « semondre et faire venir à tour et ordre les harnois estantz en la ville, faulxbourgz et banllieue de Caen, à quelcques personnes qu’ilz appartiennent, sans exception, pour travailler gratuitement et sans sallaire avec leurs baneaulx au charroy des terres, gazons et autres choses necessaires pour l’avancement et construction de la fortiffication pres la porte Saint-Estienne » [26]. Deux jours auparavant, les échevins avaient de plus conclu un marché avec le maître maçon de la ville Jacques Bazin pour « revestir de massonnerie ung esperon ou forteresse entreprinse faire hors la ville entre la porte Saint-Estienne et le dos-d’anne » [27]. Ce parement devait être « de douze piedz de hault et en talut, ayant dix piedz d’espoisseur au fondement et sept piedz et demy au hault », avec « la face de pierre de taille de grand eschantillon » [28].

10Ce bastion de Saint-Étienne devant être en partie établi à l’emplacement du Grand Odon (fig. 3, A), sa construction nécessitait de plus de détourner ce cours d’eau vers le sud afin que, longeant une partie de la face nord-ouest puis la face sud, il rejoigne son ancien lit à l’intérieur de la ville [29]. Si l’on en croit les plans de Caen de peu postérieurs [30], une partie de ses eaux fut en outre divertie vers le nord, où elles remplirent le fossé préexistant jusqu’au mur qui, en portant un canal, permettait au Petit Odon d’entrer dans la ville (fig. 3, d). Vers le sud, le Grand Odon fut de même relié à un fossé aménagé dans la prairie qui, n’ayant pas été cité par Guillaume de Condren dans sa liste des ouvrages à réaliser, pouvait être celui creusé en 1590.

Fig. 3
Fig. 3
Plan des fortifications de Caen, 1649
Arch. dép. Calvados, 1 Fi 164
A : bastion de Saint-Étienne ; B : Tenailles ; C : bastion de la Cercle ; d : entrée du Petit Odon dans la ville ; e : batardeau et porte Neuve ; f : Grand Odon.

11Comme ce fossé débouchait à son autre extrémité sur le bras de l’Orne entourant l’île Saint-Jean, l’eau du Grand Odon s’y serait toutefois en bonne partie perdue et, passant sans s’accumuler, n’aurait offert qu’une défense limitée. Dans son énumération des choses nécessaires pour la fortification de la ville, Guillaume de Condren comprit donc le 7 juillet 1592 « une ecluse » qui, tout en empêchant la Petite Orne de s’engouffrer dans le fossé, devait bloquer le Grand Odon « pour retenir l’eaue et la faire renfler dens la prayrye » [31] (fig. 3, e et fig. 4). Il en précisa les caractéristiques dans un devis daté du 3 octobre, qui stipule que ce batardeau large de soixante-huit pieds et haut de douze, dont deux pieds « au dessoubz du fond de la riviere », devait comprendre « ung amortissement en dos d’asne » avec, en son milieu, « ung pillier poinctu en forme d’esperon » [32]. Personne ne s’étant présenté le 6 octobre à l’adjudication de ces travaux et les démarches des échevins auprès de différents maçons de la ville n’ayant obtenu aucun succès, le travail fut confié le 17 à Jacques Bazin, à la condition que les maçons seraient « contrainctz y aller travailler en les payant raisonablement de leurs journées » et « que tous bastimentz encommencés en lad. ville » seraient arrêtés « jusque à ce que led. ouvrage soit parfaict, afin d’avoir moyen de fournir d’ouvriers et de materiaulx » [33]. Les échevins ordonnèrent en outre, le 15 novembre, que quarante hommes seraient employés la semaine suivante à « faire les fondementz tant du bastardeau que de ce qui reste du bastion » [34].

Fig. 4
Fig. 4
Partie du plan de la ville de Caen, joint à une lettre datée du 17 février 1696.
Arch. dép. Calvados, 2 D 941

12Le fossé, qui devait précéder une courtine dite les Tenailles [35] (fig. 3, B), fut parallèlement en partie maçonné par l’aménagement d’une escarpe faite non de pierres de taille mais de moellons : après en avoir fait réaliser une première partie à la journée par leur maître maçon Jacques Bazin, les échevins décidèrent à la fin du mois d’août que cette entreprise serait ensuite allouée à la perche [36]. La continuation du « tallut de caillouaige encommencé aux fortiffications de cested. ville, en venant depuys la ryviere jusques au dos-d’ane, de l’essence que led. tallut [était] encommencé et dont il y a[vait] viron deux perches de faict », fut ainsi adjugée le 31 à Gilles Bourdon et Mathieu Philippe, qui s’engagèrent à « y mettre vingt hommes pour le moins par chascun jour jusques en fin de lad. besogne » [37]. Les échevins conclurent en outre le 9 septembre un marché supplémentaire avec Guillaume Turpin, qui s’obligea à « faire batir et parfaire à ses depens le nombre de huict perches de muraille en tallu aux fossés ja encommencés vers la riviere d’Oulne, en la mesme haulteur, largeur et espesseur que celle qui [était] ja commencée vers lad. riviere » [38].

13Ces travaux furent poussés tant que le climat le permettait mais, le 8 décembre, on procéda au toisé du revêtement réalisé par Jacques Bazin au bastion de Saint-Étienne, où il fut trouvé que trente-trois perches et demie avaient été maçonnées sur deux toises de hauteur, « depuis la massonnerie des Tenailles, et en faisant joindre led. revestement à lad. massonnerie, et jusques à ce qui est de present fondé du retour qui tire vers lad. porte Saint-Estienne » [39]. L’entrepreneur fut alors chargé de « le rendre razé » la semaine suivante et deux échevins furent délégués pour s’occuper de « la couverture de gleu et chaussin sur la muraille du revestement dud. bastion pour la garantir de la gellé et qu’il n’y advienne dommage ». Les élus décidèrent également que, au chantier du batardeau, ce qu’il y avait « de pierre sur le lieu sera[it] employée et assise sans y en plus faire apporter jusque apres l’hyver passé ».

Le choix de la prudence financière

14Inquiets devant l’ampleur du chantier et le montant des sommes nécessaires pour le financer, les échevins s’étaient adressés dès le mois d’août au roi afin d’obtenir l’exemption définitive de la taille ainsi qu’une augmentation de leurs aides et octrois [40]. Henri IV avait répondu en ordonnant que le projet lui soit envoyé, afin qu’il puisse en connaître le coût, et en autorisant l’emprunt de cinq ou six mille écus pour subvenir aux besoins des premiers travaux. Les édiles demandèrent donc le 26 septembre au maître voyer Josué Gondouin et à Guillaume de Condren de dresser un plan et « la description des fortiffications qu’on pretend[ait] faire en ceste ville et faulxbourg », afin d’en faire faire l’estimation [41]. Ces documents une fois établis, ils prièrent le 19 novembre Guillaume de Condren d’aller les soumettre au roi, pour obtenir enfin les ressources nécessaires. Henri IV approuva le projet par des lettres patentes données à Chartres le 29 décembre, par lesquelles, tout en refusant la suppression de la taille, il accorda en outre la levée de nouvelles taxes : il confirma et doubla pendant trois ans les aides et subsides déjà prélevés sur les marchandises entrant à Caen, ce qui devait rapporter chaque année quatre mille écus, augmenta l’octroi sur les bêtes à pied fourché pour produire deux mille écus supplémentaires et accorda un nouveau prélèvement sur le vin et le cidre estimé à quatre mille écus, soit un total de dix mille écus annuels [42]. Comme les premières dépenses étaient estimées à plus de cinquante mille écus, le souverain donna enfin l’autorisation de vendre des rentes afin de disposer immédiatement des ressources nécessaires.

15Désormais commissaire général, intendant des réparations et fortifications de la ville de Caen [43], Guillaume de Condren envisagea en conséquence de poursuivre en 1593 ce qui avait été commencé l’année précédente et de mettre « le fauxbourg de Vaucelles en estat de defence, suivant qu’est l’intention du roy » [44]. Impliquant de travailler au troisième bastion, au bord de l’Orne, cette ambition nécessitait selon ses calculs une dépense durant cette campagne de dix-huit mille neuf cents écus. Réunis le 20 avril, les échevins rejetèrent toutefois sa proposition et, négligeant l’évident désir d’Henri IV que les travaux soient menés le plus promptement possible, décidèrent de ne pas dépenser plus que les dix mille écus accordés par le souverain [45].

16Tout en protestant qu’il ne saurait être tenu pour responsable de ce choix contraire à la volonté du roi, Guillaume de Condren dut donc se résigner à proposer de concentrer les moyens disponibles sur les ouvrages déjà commencés [46]. Le 25 avril, il préconisa ainsi de « continuer le bastion encommencé et le joindre à la muraille de la ville pres la porte Sainct-Estienne, au lieu qui sera marqué », d’élever la « muraille dud. bastion » jusqu’à dix pieds de haut et de faire vider le fossé. Les échevins ordonnèrent donc le même jour à Jacques Bazin d’immédiatement « continuer la besongne qu’il a[vait] allouée », c’est-à-dire de poursuivre le revêtement du bastion vers le nord, vers la porte Saint-Étienne, d’autant qu’à cet emplacement « il y en a[vait] de fondé » [47]. Un nouvel acte du 22 mai porte de plus que, outre l’achèvement du parement « jusques contre la muraille de la ville », le maître maçon devrait hausser l’ensemble « d’une toize tout alentour et, sur lad. toize », poser « ung cordon en saillie de viron dix pouces d’espoisseur » [48]. Engagé dans différents chantiers, Jacques Bazin semble toutefois avoir eu des difficultés à tenir le rythme voulu et, l’ayant convoqué le 5 juin « pour estre ouy sur le retardement de la besogne », les échevins lui firent promettre de mettre « trente massons, tailleurs et cailloueurs et les y entretenir doresnavant à travailler au fort », puis le reçurent à nouveau le 12 pour lui faire promettre d’« augmenter le nombre de ses massons […] pour avancer sa besogne davantage qu’il n’a[vait] fait depuis qu’il a[vait] recommencé » [49].

17Dans son second programme pour 1593, Guillaume de Condren recommanda également que « les Tenaylles joignant led. bastion » soient « rehaucées de gazon, terres et faissinnes et continuées jusquez à la haulteur de dix huict piedz de hault » [50], et l’on travaillait ainsi le 29 mai « au gazon des Tenailles » [51]. Le commissaire du roi demanda enfin que l’on s’emploie à achever le batardeau, et les échevins ordonnèrent en conséquence le 22 mai à Jacques Bazin d’en reprendre la construction [52]. Le maître maçon ne semble cependant à nouveau pas avoir avancé aussi vite que le voulaient les élus, puisqu’ils décidèrent le 31 juillet « que maitre Jacques Bazin employera[it] d’ici à un moys tout son attellier à travailler au bastardeau », afin qu’il soit achevé avant l’hiver [53]. Le voyer Josué Gondouin put ainsi le 6 octobre faire le toisé de cet ouvrage enfin terminé [54].

Modifications du programme

18Tout en concevant un programme réduit plus adapté au budget alloué par les échevins, Guillaume de Condren, sans doute mécontent de leur décision de limiter les dépenses, leur avait annoncé le 25 avril qu’il offrait « sejourner encor huictaine en ceste ville » avant de partir pour d’autres lieux où l’appelait le service du roi [55]. Il resta toutefois un peu plus longtemps à Caen ou y revint car, lorsque les élus s’assemblèrent le 1er juillet « pour adviser du remede dont il conv[enai]t user pour reparer une sorte de foulleure de xx toizes de long advenue à certain endroict des Tenailles et empescher que il n’en advienne davantage », il put être envoyé sur place avec Josué Gondouin, Jacques Bazin et trois maîtres maçons pour délibérer « sur les occasions de lad. foulleure et du moyen d’y remedier » [56]. C’est peut-être cet incident qui entraîna un premier changement majeur au projet initial : alors que la courtine ne devait au départ « estre faicte que de terres, fascines et gasons, veu la comodité que l’on en avoit, joignant les terres qu’elle enferme qui est une portion de prayrye » [57], un acte de 1608 mentionne le « revestement des Tenailles », « encommencé » du côté du bastion de Saint-Étienne « par le commandement et ordonnance » de Guillaume de Condren [58].

19Avant son départ [59], celui-ci eut également à donner les plans d’une nouvelle porte, mentionnée pour la première fois le 31 juillet 1593. Ce jour-là, il fut en effet constaté que l’ouvrage entrepris par Jacques Bazin au batardeau était « augmenté de quelcques nombre de toizes », « à cause du desseing d’une porte commencée construire » [60]. Comme le confirme le silence à son sujet de tous les documents antérieurs, cette nouvelle entrée de la ville n’était pas prévue à l’origine et avait été ajoutée au cours des travaux. Il est probable qu’elle avait été voulue par les échevins, qui soulignèrent régulièrement combien les Caennais allaient en « tirer promptement commodité » [61]. Son ajout tardif peut de plus expliquer son curieux emplacement, non au milieu de la courtine comme on l’aurait attendu, mais à son extrémité sud, à côté de la Petite Orne (fig. 3, e).

20Les fondations en furent en tout cas posées par Jacques Bazin au cours de l’année 1593 et, le 6 octobre, le voyer Josué Gondouin certifia que « la masse de lad. porte » atteignait alors « dix toizes de tour à trois toizes de hault » [62]. La construction fut ensuite interrompue pendant l’hiver mais lorsque, le 2 avril 1594, les échevins se prononcèrent sur les travaux à effectuer « pour l’année presente à commencer au premier jour de may prochain et continuer jusques au premier jour de novembre », ils conclurent que « premierement on fera[it] travailler à construire la porte encommencée entre la riviere d’Oulne et le bastardeau des Tenailles » [63]. Ils ordonnèrent en même temps que soit créé « ung chemin ou chaussaye à travers le prey » reliant cette porte à la chaussée Saint-Jacques [64]. Le même jour, on proclama donc à travers la ville que « s’il y a[vait] aulcunes personnes, soient maitres maçons ou gentz d’autre qualité, qui vueillent entreprendre à edifier et construire une porte de ville entre la riviere d’Oulne et le bastardeau, sur les fondementz qui ont esté faictz en l’année derniere », ils aient à se présenter quatre jours plus tard à l’adjudication [65].

21Durant le délai accordé, toute personne souhaitant faire une offre pouvait venir examiner à la maison commune « le plan d’icelle et pourtraict et devis particullier par escript qui en [avaient] esté dressés » par Guillaume de Condren [66]. Cependant, lorsque, le 6 avril 1594, se présentèrent « maitre Jacques Bazin, maitre maçon de lad. ville, et plusieurs autres maitres maçons affin de se constituer adjudicataires », « le plan et pourtraict et devis par escript qui en [avaient] esté dressés » furent à nouveau « veus et leus » mais ne furent pas jugés pleinement satisfaisants puisqu’il fut arrêté « que, pour plus grande certitude de l’essence que [devait] estre construicte lad. porte », il en serait « dressé ung modelle en corps où tout l’edifice sera[it] representé » [67]. Cette tâche fut confiée à Jacques Bazin, qui promit de rendre ces nouveaux dessins une semaine plus tard. Toute personne souhaitant se rendre adjudicataire fut en outre « exhorté d’aller veoir led. modelle chez led. Bazin ». Le délai accordé une fois écoulé, le 13 avril, de nouvelles proclamations furent donc faites et, le 16 avril, une nouvelle bannie fut tenue [68].

22De façon exceptionnelle, deux dessins ont été conservés en complément du devis de maçonnerie. L’un est un double plan du rez-de-chaussée et du premier étage (fig. 5), tandis que l’autre représente l’élévation prévue vers l’extérieur de la ville (fig. 6). Le premier peut être identifié sans erreur possible avec celui « representé » par Guillaume de Condren, les mentions qui y sont portées étant d’ailleurs sans conteste de son écriture. Elles ont cependant été corrigées par une autre main, restée anonyme [69], qui a rectifié les dimensions. Quant à l’élévation, où le pavillon latéral apparaît en perspective, il pourrait s’agir aussi bien du « pourtraict » fourni par Guillaume de Condren que du « modelle » commandé à Jacques Bazin, mais la présence d’annotations autographes du premier permet à nouveau d’affirmer qu’il s’agit de son œuvre.

23Ces dessins indiquent précisément les dispositions de la porte, dont le passage cocher, voûté, était surmonté par les deux rainures du pont-levis et était encadré au sud par une porte piétonne et au nord par un pavillon. La première donnait accès à une petite pièce qu’un couloir biseauté – pour faciliter les flux – reliait au passage principal. Celui-ci était fermé vers l’intérieur de la ville par une herse dont les rainures sont visibles sur le plan et qui barrait donc la route aux voitures comme aux piétons. Quant à la « petite tour carrée », faisant une saillie de « quatre piedz sur le bastardeau » et qui était donc élevée au-dessus du fossé, elle était « toute massive jusques à la haulteur de l’aire de la chambre » du premier étage, au niveau duquel elle était « acomodé[e] pour y placer une sentinelle » [70]. L’escalier desservant les différents niveaux jusqu’au grenier était pour sa part installé dans-œuvre à l’angle nord-est. Il mordait ainsi au rez-de-chaussée sur le corps de garde, petite pièce dont la cheminée n’apparaît pas sur l’élévation de Guillaume de Condren mais était prévue dans le devis et fut bien réalisée.

Fig. 5
Fig. 5
Guillaume de Condren, Plan de la porte Neuve, 1593-1594.
Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v.
Fig. 6
Fig. 6
Guillaume de Condren, Élévation de la porte Neuve, 1593-1594.
Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 79

24Complétés par ceux fournis par Jacques Bazin, les dessins établis par le commissaire du roi servirent de support à l’adjudication du 16 avril, à l’issue de laquelle ce chantier fut adjugé à Jacques Bazin moyennant onze cent soixante écus [71]. « Pour la seureté du bastiment de la porte Neusve », il lui fallut toutefois en repenser le mur du côté de la rivière, trop mince, et y « hausser la masse qui dort hors led. edifice » [72] : cet épaississement pourrait correspondre à celui que des lithographies reproduisant un tableau aujourd’hui perdu montrent sur la hauteur du rez-de-chaussée (fig. 7). L’essentiel de la maçonnerie était néanmoins achevé le 28 novembre lorsqu’en fut fait procès-verbal et visitation [73]. Pour la terminer, Jacques Bazin s’engagea enfin le 21 décembre à « parfaire la voulte d’icelle et rendre les aires de la chambre et sentinelle pres de lad. chambre, du grenier et du lieu de bas destiné au corps de garde bien et deuement pavés de carreau », ainsi qu’à mettre un chapiteau de pierre « sur la muraille où doibt estre le tapeculs [74] ».

Fig. 7
Fig. 7
Charles Pichon d’après un tableau de Charles de Vauquelin de Sassy autrefois dans la collection Lair, Ancienne porte des prés à Caen construite sous Henry IV, estampe s.d.

25Les échevins n’avaient cependant pas attendu l’achèvement de la maçonnerie pour s’occuper de la suite des travaux et, dès le 27 avril, le maître charpentier de la ville Jean Pellehestre leur avait remis l’« estat et declaration de tout le boys qui [était] requis pour l’asmenagement des pontz volantz et dormantz, ventailles de portes et charpenterie de la couverture pour l’edifice et porte de ville » [75]. La fourniture et la pose de ces pièces furent bannies au rabais le 21 mai et, après plusieurs enchères, furent remportées par le même Jean Pellehestre. « Toute la ferreure requise » fut également adjugée le même jour tandis qu’un marché fut conclu le 11 juin avec Baptiste Vernon pour la couverture [76]. La lithographie, qui montre bien les chatières ou « luquernes de plomb » qui furent alors prévues, indique également que la toiture, que le commissaire aux fortifications avait dessinée en forme de fer de hache effilé, fut finalement réalisée avec des pentes droites (fig. 7). La différence dans la forme du passage cocher n’est en revanche pas due à une évolution du projet, mais à une modification opérée bien plus tard, en 1691 [77].

26Commencée dans le courant de 1593, la porte Neuve fut ainsi pour l’essentiel achevée l’année suivante. Ce n’est toutefois que le 23 décembre 1595 que les échevins commandèrent à Rémy Du Rozel « ung tableau de marbre noir de deux poulces d’espoisseur », avec « une moullure alentour dud. tableau taillé et enrichie d’ornement à ce convenable et requis », « pour poser sur la porte de ville Neusve du costé des preys » [78]. Y fut en outre gravée « en lettres d’or » une inscription disant que :

27

« L’an 1595, du regne de Henri quatrieme, roi de France et de Navarre, sous le gouvernement de monr de La Vérune, l’un de ses lieutenants generaux en Normandie, Mrs Françoys de Malherbe, sr de Digny, Jean de Moges, sr de Tourmauville, Jean Dalechamps, sr de Navarre, Guillaume Boylard, sr des Portes, Michel Graindorge et Guillaume Deschamps, gouverneurs echevins de la ville, ont fait bastir ceste porte des deniers de la maison commune octroyés par Sa Majesté pour cet effet » [79].

Après la guerre

28Lorsque la porte fut achevée, et même déjà lorsque le retour des beaux jours avait permis de reprendre les travaux au début de 1594, la situation avait considérablement changé. Henri IV était entré dans Paris le 22 mars et Rouen s’était donnée à lui huit jours plus tard. Si le duc de Mercœur tenait toujours la Bretagne, Caen était donc désormais bien moins menacée. Outre à la porte Neuve, d’un intérêt pratique évident pour la circulation dans ce secteur désormais fermé par les Tenailles, les échevins décidèrent toutefois de continuer à faire travailler aux nouvelles fortifications. Les ressources octroyées par le roi étaient en effet toujours disponibles et les lettres les accordant les avaient réservées à cet usage. Lors de leur réunion du 2 avril, les édiles décidèrent donc que « le revestement de massonnerie du bastion » serait poursuivi « pour le rendre tout autour dud. bastion d’une mesme haulteur et razé avec le cordon » [80]. Ils reportèrent toutefois à la semaine suivante la question de savoir si le marché conclu avec Jacques Bazin serait conservé et cette décision semble être restée en suspens jusqu’au 21 mai. Le maître maçon se présenta en effet alors devant eux pour déclarer que, « suyvant les alleus et marché faictz avec luy en l’année [précédente] par les precedents eschevins, il entendoit parfaire le revestement de bastion pres la porte Saint-Estienne pour le rendre tout autour de la haulteur qu’il [était] commencé avec le cordon par-dessus » [81]. Tenant sans doute compte de l’évolution du contexte politique et militaire, il proposa toutefois un prix de treize écus un tiers la toise, inférieur aux seize écus du précédent marché. Ces nouvelles conditions purent décider les élus, qui lui laissèrent le chantier à charge d’achever « lad. besongne, selon le devys en faict par monsieur du Boys et comme elle [était] commencée, dans la Toussaintz prochaine pour le plus tard ».

29Cette entreprise une fois achevée, les ressources disponibles purent être consacrées au bastion situé à l’autre bout des Tenailles, au lieu-dit de la Cercle (fig. 3, C). Sur ce terrain entouré au sud, à l’ouest et au nord par un cours d’eau avait été amassée « une infinité de vuidenges, graviers, pierres et autres mechantes terres » afin de « faire rampartz et fortifications », mais l’ouvrage était resté « encommencez » [82]. Le 11 mars 1595, les échevins se rendirent donc à la Cercle en compagnie du maître voyer Josué Gondouin pour décider des travaux qui devraient être faits cette année-là. « Apres avoir veu la terrasse commencée à lad. Cercle pour la preparation d’ung fort », Gaspard Pellet de La Vérune, gouverneur des ville et château et nouveau « commissaire de Sa Majesté pour ordonner sur ce qui concerne les fortiffications qui se font en lad ville de Caen » [83], reporta d’abord sa décision mais finalement arrêta « qu’il seroit travaillé en cested. année pour la continuation desd. fortiffications dans la Cercle des Jacobins et commencé à y dresser et bastir ung fort et bastion » [84]. Pour « resouldre de la forme, essence et situation dud. bastion », il voulut avoir l’avis de « quelcques notables personnes ingenieulx et experimentés au faict desd. fortiffications » et fit pour cela venir du Havre Guillaume de Chambrellan. Ce maréchal des logis, « bien experimenté en telz ouvraiges », fut prié « de dresser en plan et pourtrait la forme et essence dud. bastion qu’il jugeroit la plus convenable, mesmes l’essence de la massonnerie necessaire pour le revestement d’iceluy, et en marquer et trasser la situation dans lad. Cercle ». Guillaume de Chambrellan se plia à ces consignes et présenta ses « plans et pourtraictz, mesme ce qu’il avoit redigé par escript pour plus particullieres explications de l’essence d’iceulx », ce pour quoi il reçut cent écus.

30Les échevins convoquèrent alors, le 6 mai, des maçons de la ville pour leur demander à quel prix ils prendraient la charge de poser « six piedz de fondement dans les terres de la plus grosse bite qui se pou[vait] trouver » et, par-dessus, un mur de « deux toizes de haulteur, de dix piedz d’espoisseur revenant au hault desd. douze piedz à huit piedz de large, la façade dud. ouvrage de grand carreau et pierre de grand appareil, la moindre ayant pied et demy de long », le tout étant renforcé à l’arrière, « vers les terres », par « des contrefortz ou esperons de dix piedz en dix piedz » [85]. Seuls deux entrepreneurs ayant proposé d’entreprendre cet ouvrage pour trente-cinq ou vingt-cinq écus la toise et ce prix ayant été « jugé excessif et desraisonnable », le gouverneur de La Vérune ordonna aux échevins d’acheter les matériaux nécessaires et de faire construire à la journée une vingtaine de toises afin de savoir « plus certainement » son prix de revient [86]. Il pria en outre Guillaume de Chambrellan « de s’arrester en cested. ville et prendre la charge de la conduicte de l’ouvraige desd. fortiffications durant les moys de juing, juillet, aoust et septembre » moyennant une rétribution de soixante écus, en ajoutant que si cette somme ne lui suffisait pas, « pour eviter à plus grande despence, on se contentera[it] desd. plans et devis ».

31Le maréchal des logis ayant agréé cette offre et les Jacobins ayant accepté de céder le terrain à la Ville [87], on dut travailler sous sa direction au bastion car les échevins ordonnèrent le 16 mars 1596 de lui payer quarante écus pour sa « charge du desseing et conduicte d’ung fort ou bastion dans la Cercle des Jacobins » [88]. C’est donc sans doute alors que furent mis en place le flanc nord et son orillon, dont des documents postérieurs attestent l’existence [89].

Reprise aux Tenailles

32Les ressources accordées en décembre 1592 pour trois ans n’étant plus disponibles, le chantier fut toutefois ensuite stoppé pendant plusieurs années. Les Tenailles tombant « en ruine et caducité » [90], Jacques Bazin rédigea néanmoins le 30 avril 1608 un devis indiquant entre autres qu’il fallait « continuer le revestement » de cette courtine sur « cent quinze toises de longueur depuys le boult du revestement encommencé jusques aux attentes estantes enclavées dedens le gable de lad. porte Neusve » [91]. Ces travaux furent remportés par le maître maçon Jean de La Salle, mais Pierre Coeuret et Philippe Baillehache l’ajournèrent le 6 janvier 1609 pour proposer un rabais [92], ce qui put peut-être entraîner l’annulation de l’adjudication.

33Un nouveau devis fut en tout cas conçu par Josué Gondouin et Jacques Bazin pour « revestir de massonnerie les terres eslevées et qui furent faictes en forme de tenailles durant les dernieres guerres » [93]. Plus complet que le précédent, cet acte précise « que, en faisant lad. construction, il fut obmis à conserver l’espaisseur du mur requis pour faire led. revestement » et impose en conséquence à l’entrepreneur de « faire des trenchées ou ouvertures pour recevoir tant la massonnerie dud. mur que les contrefortz ou esperons ». Couronné par un cordon, le parement de pierre de taille devait être « conduict en escarpe ayant de pente ou bataizon viron ung pied sur chascune toize de haulteur », « à ligne droicte jusques au coing de l’angle de l’espaulle desd. terrasses proche de lad. porte Neusve, revenant à viron soixante-neuf toizes de longueur, au bout de laquelle led. coing » devait se retourner « en angle obtu sur neuf toizes de longueur pour dud. lieu faire ung autre angle ou esselle tirant en ligne droicte pour se joindre et lyer dedans la massonnerie de lad. porte Neusve à l’endroit des pierres d’attente ou harpes de liaison ».

34Ces travaux furent adjugés le 3 août 1609 à Jean de La Salle et furent activement menés puisque les échevins pouvaient écrire au lieutenant général du grand voyer de France le 28 février 1610 « que les cinq mil livres destinez par l’estat de monseigneur le duc de Sully pour employer en ceste année aux ouvraiges du revestement des terres pres la porte Neusve [étaient] emploiez à cinq centz livres pres » [94]. Le compte du receveur de la ville pour l’année 1610 fait également état de nombreux paiements consentis à Jean de La Salle, auquel est associé à partir du 2 octobre sa caution Roger Hebert [95]. En dépit de la pause hivernale et de relations semble-t-il difficiles entre le maçon et les échevins [96], les travaux furent achevés en 1612, le dernier paiement ayant été fait au début du mois de septembre [97]. Simon Le Marchand a d’ailleurs noté dans son journal que « la muraille du fort, depuis la rivière qui fait moudre le moulin de Sainct-Pierre, laquelle sort de dedans le dit jusques à la porte des Prés que nous apelons la porte Neuve, fut achevée par un nommé Guillaume de La Salle, maistre machon, en ceste ville de Caen, l’an de grâce mil six cent douze » [98].

35S’il s’est trompé sur le prénom du maître maçon, Simon Le Marchand a surtout eu tort d’affirmer que ce dernier avait conduit les travaux jusqu’à leur fin. « Pour la negligence par deffault dud. de La Salle », son « pleige » Roger Hebert fut en effet « contrainct luy-mesmes faire travailler ausd. ouvraiges » [99]. C’est d’ailleurs lui qui, agissant au nom de Jean de La Salle, remporta le 25 août 1612 la tranche suivante des travaux. Comme l’avait stipulé Josué Gondouin dans un devis dressé le 8 juillet, il s’agissait d’« achever la contrescarpe des fortiffications encommencées faire entre la porte Neusve et le flanc du boullevard de Sainct-Estienne » en la haussant sur « la longueur de soixante et dix toises » et en la reprenant face à la porte Neuve, où le fossé était « de trop petitte largeur, pour avoir esté pris et occupé dans icelluy l’espoisseur de la massonnerye », « afin que par tel moyen lad. contrescarpe puisse estre mieux veue et deffendue » [100].

36À la suite de la découverte de « fractions ou foulleures », l’achèvement de ces travaux fut long et les inspections se poursuivirent jusqu’en septembre 1615 [101]. Ils précédèrent donc de peu l’ajout d’« un petit pont de pierre de taille sur le cours de l’Odon de vingt-cinq pieds de longueur pour passer du fort de Saint-Estienne sur les nouvelles fortiffications et autres lieux où l’on a affaire, tant canon que autres chozes necessaires » [102]. Présentée le 16 octobre 1615 par Jacques Bazin, cette opération fut adjugée le 3 décembre à Michel Gueret et fut trouvée bien et dûment faite le 17 mars 1616.

L’achèvement des bastions

37À ces travaux ponctuels succéda une activité bien plus soutenue après que, en 1616, le maréchal d’Ancre, désormais gouverneur des ville et château, eut ordonné de dresser le plan et le devis « dud. lieu et autres endroictz de lad. ville pour la fortiffier » [103]. L’attention se porta alors sur le bastion de la Cercle, qui avait été laissé depuis 1596 à l’état d’ébauche [104] et dont le centre était depuis 1598 affecté à la foire franche [105].

38Dès le 17 mai 1616, Jacques Bazin présenta donc aux échevins plusieurs devis « pour travailler à fermer la ville du costé du champ de la foire royalle » [106]. Il fut alors décidé de demander d’autres avis et c’est donc peut-être pour tenir compte de ces consultations que, le 22 juin, les élus ordonnèrent à nouveau au maître maçon de dresser « ung plan et devis » de ce qu’il jugeait nécessaire pour fermer la Cercle [107]. Ces documents furent examinés par un envoyé du maréchal d’Ancre, « un nommey Gamorin, ingenieulx » [108], et ce Joseph Gamorini conclut qu’il fallait « changer quelques petites choses ». Jacques Bazin reprit donc une fois encore son dessin et fut payé le 10 septembre pour avoir fait le « plan et devis pour continuer un esperon encommencé faire dans le lieu nommé la Cercle » [109]. Ces multiples réflexions et expertises ayant ainsi trouvé leur conclusion, le sergent de la ville commença au début du mois d’octobre à « faire travailler à faire les traces pour faire fonder les fortiffications trouvée necessaires à faire dans le lieu appellé la Cercle, afin de travailler lorsque l’adjudication en pourra[it] estre faicte ». Cependant, une fois encore, le chantier fut finalement abandonné.

39Après la trêve hivernale, les efforts furent en effet portés sur l’autre bastion et, le 17 février 1617, Jacques Bazin fut remboursé pour la pierre qu’il avait acquise « pour faire xix visieres sur partye des murailles du fort de Saint-Estienne » [110]. Pour continuer ce travail, le maître maçon rédigea le 22 mai, à la demande du lieutenant général du bailli, un devis précisant qu’il fallait « lever le cordon ou tablage estant sur le mur dud. bastion, à commencer contre l’antienne porte Saint-Estienne jusques à trente-cinq toizes de long, et icelluy mur sur ladicte longueur hausser de sept piedz de hault de massonnerye de pierre de taille en bataizon de pareille essence et forme que l’antienne » [111]. Sur la muraille surhaussée et épaissie devait ensuite être « remis et rassis led. cordon ou tablage » et par-dessus, « vers l’eau », devait être posée « une muraille, courtyne ou parapet de six piedz de hault et deux piedz et demy d’espoisseur », rythmée tous les deux pieds de « vizieres » et « couverte d’un avant mur de deux piedz de hault ». Jacques Bazin proposa en outre de construire « des grandes cazemates contre l’embrazement dud. bastion vers lad. porte Saint Estienne », qui devaient être « voultées de pierre de taille et pendant », comprendre une cheminée et avoir « chacune douze piedz de hault soubz la voulte et cinq toizes de long par dedens sur la largeur de chacune dix-huit piedz ». Placés à l’intérieur de l’enceinte, ces réduits dont le dessus devait être pavé de galets étaient manifestement destinés à abriter les défenseurs et leur matériel. L’ensemble de ces constructions fut banni au rabais le 10 juin et adjugé à Antoine Brodon, dont le travail fut trouvé bien et dûment fait le 27 janvier 1618 [112].

40En dépit de la mort de Concino Concini le 24 avril 1617, le chantier fut poursuivi et, le bastion de Saint-Étienne étant terminé, se reporta sur celui de la Cercle. Un nouveau projet fut dans ce but établi par Denis de Baussen, ingénieur et professeur de mathématiques, et par Jacques Bazin : le premier donna le « plan et allignement dud. ouvrage » et le second en fit la mesure, le toisé et en dressa le devis [113]. Daté du 8 janvier 1619, ce dernier précise qu’il fallait construire « à droite ligne de l’orillon qui faict l’embrazement de lad. fortiffication cy-devant encommencée » un mur taluté de cinquante-cinq toises de longueur et de quatre toises et demie de hauteur s’avançant en son extrémité de « trois toizes dans la riviere » [114] puis se « retournant angullairement en forme de tenaille vers les Jacobins de quarante toizes » [115]. Couronné par un cordon, ce mur devait en outre être renforcé à l’intérieur « de trois toizes et demye en trois toizes et demye des esperons ou contreforts ». Le creusement et la pose des fondations furent remportés le 2 mars par Robert Foisy, tandis que la construction du mur était accordée à Étienne Brunet, qui céda rapidement son droit à Antoine Brodon [116]. Ces entrepreneurs travaillèrent sous la direction de Denis de Baussen, qui reçut le 3 août un paiement « pour avoir dudepuis l’adjudication d’icelles marqué et alligné la place aux ouvriers pour travailler tant à oster et vuider les terres que pour massonner ». Les travaux furent interrompus au début du mois d’octobre après deux inspections [117], mais ils reprirent en avril et furent achevés avant le 1er septembre de cette année 1620 [118]. Aux mois d’octobre et de novembre, le sergent de la ville put donc être chargé de faire « transporter et dresser » des terres « contre les murailles de la nouvelle fortiffication » [119].

41Si, dans le courant de 1621, une « grande quantité et masse de terres […] tyrées du lieu où l’on a fondé lesd. murailles et de partie de l’eslargissement de la riviere à l’endroict d’icelles » furent portées « contre lesd. murailles et à la suitte d’icelle, affin de rendre le ranpart uny et à niveau du cordon de lad. muraille » [120], aucun travail supplémentaire de maçonnerie ne fut alors fait. À la suite d’une décision prise en assemblée [121], le voyer Josué Gondouin rédigea bien en 1626 un devis pour la construction du flanc sud du bastion de la Cercle, qui manquait encore, mais celui-ci ne fut jamais réalisé et la structure en pierre du bastion ne fut donc jamais reprise [122]. Les fortifications étaient d’ailleurs considérées comme achevées en 1620 puisque, dès janvier 1621, les échevins autorisèrent les Jésuites à détruire une partie de l’ancienne muraille, ce qui ne devait être fait qu’une fois les nouvelles fortifications terminées [123]. Pierre-Daniel Huet mentionne ainsi que le bastion de la Cercle fut « achevé le 1er septembre l’an 1620 » et le plan de la ville par Nicolas de Fer, dressé en 1705, signale de même que « le bastion qu’on appelle le grand bastion, qui est entre la foire et les prairies, fut achevé l’an 1620 » [124].

Aspects des nouvelles fortifications

42Le plan général des fortifications ainsi terminées en 1620 (fig. 8), au terme de trente ans de chantier, est parfaitement présenté dans un procès-verbal rédigé en 1606 par le maître voyer Josué Gondouin, qui expose que :

43

« L’on avoit encommencé de faire deux grandz bastions de chascun cinquante toisez avec les flancs et fossez de chascun d’iceux, lesquelz fossez debvoient estre de largeur de traize toisez ou viron, et iceux remplys tant de la riviere d’Odon que de lad. riviere d’Oulne, l’un desd. bastions planté et scitué à la porte Saint-Estienne, l’une des portes de lad. ville, l’un des flancs duquel bastion debvoit defendre toutte la courtine ruineuse d’entre lad. porte de Saint-Estienne et la tour de Chastimoyne et l’autre flanc defendre portion de la courtine d’entre led. bastion et l’autre bastion proposé faire dedans lad. Cercle ou foyre […], laquelle courtine est en forme de tenaillez, sur l’un des boutz de laquelle fut aussi delibéré faire de massonnerye une porte fermant et ouvrant à pont-levys pour tyrer les foins de lad. prayrye, pour deffendre laquelle, ainsy que viron la moytyé des Tenaillez, avoit esté trassé dedans lad. Cercle les fondements, fossez, courtines et flancs dud. second bastion, lequel de l’un de ces flancs debvoit deffendre comme dict est viron la moytyé de la courtine desd. Tenaillez, et de l’autre la courtine et antiens murs de lad. ville tendant vers la porte Millet, et à ce moyen tout ung costé de lad. ville estoit rendu en deffensse » [125].

Fig. 8
Fig. 8
Jacques Gomboust, François Bignon, Cadomus, 1672, détail.
Coll. part.

44Le voyer précisa en outre que tout cela suivait « le plan et portraict » approuvé par Henri IV, en omettant toutefois de préciser que le troisième bastion voulu par le souverain, vers Vaucelles, avait été abandonné, et que le dessin des ouvrages réalisés avait été ponctuellement modifié au cours du chantier.

45Le tracé général du bastion de Saint-Étienne nous est connu grâce à des plans généraux de la ville, à quelques rares représentations de détail et au cadastre napoléonien, où des limites de parcelles en conservent le souvenir (fig. 9). Retranché, l’ancienne muraille de la ville étant restée en place, il était vide, le terre-plein du rempart n’en occupant qu’une partie. Doté d’orillons sur ses angles d’épaule et sur son angle flanqué, il était formé de deux faces longues chacune d’environ 105 mètres et formant un angle de 92 degrés. Son flanc septentrional, qui venait rejoindre l’ancienne enceinte juste au sud de la porte Saint-Étienne, n’était pas en ligne droite mais présentait en son milieu un fort décrochement [126]. Épais en moyenne de 2,30 mètres, le pan de mur venant s’accrocher à l’ancienne enceinte était en outre percé d’une meurtrière permettant de contrôler la petite place formée par ce retrait [127]. Le flanc sud du bastion était pour sa part composé de trois pans formant un vague demi-cercle jusqu’au bord du Grand Odon.

Fig. 9
Fig. 9
Cadastre ancien de Caen, section O, détail, 1810. Les limites parcellaires correspondant au tracé des fortifications ont été renforcées.
Arch. dép. Calvados, 3 P 1932.

46Comme l’a signalé en 1952 le docteur Gosselin, un important fragment de la face nord-ouest du bastion subsiste en élévation [128] (fig. 10). Uniquement visibles au nord-ouest, du côté de ce qui était autrefois l’extérieur, ces vestiges servant désormais de support à un mur de clôture plus récent commencent à quelques mètres de l’emplacement de l’angle flanqué et se prolongent sur la longueur d’environ 68 mètres, seuls environ 28 mètres ayant donc été perdus. Dégagé sur une hauteur inégale qui atteint au maximum environ deux mètres, le mur du bastion est taluté, comme le prévoyait les différents devis et comme le montrent les différentes vues cavalières. Le parement extérieur en est constitué de pierres de taille de grand appareil qui ont été rejointoyées. L’assise supérieure a été remplacée dans sa plus grande partie mais est conservée à l’extrémité nord et, si elle y a été bûchée afin de supprimer le cordon, il en subsiste quelques fragments formant un quart-de-rond renversé. Il ne reste en revanche rien du parapet.

Fig. 10
Fig. 10
Vestiges du bastion de Saint-Étienne, état actuel.
Cliché de l’auteur.

47De l’autre côté du Grand Odon, une première face d’environ 13 mètres puis un angle sortant de 17 degrés reliaient le bastion à la principale face des Tenailles, longue d’environ 130 mètres [129] (fig. 9). À son autre extrémité, celle-ci était suivie par le décrochement qui avait donné son nom à cette courtine et qui était formé d’un angle sortant d’environ 40 degrés, d’un flanc d’environ 20 mètres [130] et d’un angle rentrant d’environ 125 degrés (fig. 3 et 8). Ce tracé tenaillé cherchait à répondre à la faiblesse du flanquement réciproque entre les deux bastions, distants d’environ 280 mètres. Une dernière face d’environ 90 mètres rejoignait enfin la porte Neuve [131].

48Cette dernière n’était pas reliée au bastion de la Cercle, la Petite Orne n’étant franchie que par un pont en bois desservant la foire [132]. C’est à la hauteur de ce passage que commençait le flanc septentrional du bastion qui, décroché, comprenait un premier pan placé parallèlement mais à distance de la rive, un second se retournant à angle droit vers l’intérieur puis un troisième, à nouveau placé en retour, qui rejoignait l’orillon. Formant un angle d’environ 98 degrés [133], les deux faces ne s’avançaient pas jusqu’à l’eau, mais étaient placées en léger retrait (fig. 8). Leur position avait néanmoins été choisie en fonction du cours du canal, que l’on ne retoucha qu’à la marge, si bien que ce bastion n’assurait qu’un très médiocre flanquement réciproque avec celui de Saint-Étienne. Comme pour ce dernier, un diagnostic archéologique réalisé en 2015, avant que ne soit entreprise une nouvelle construction sur le site, a permis de confirmer que les faces présentaient un parement externe très soigné en grand appareil, tandis que le côté interne était traité de façon plus simple et fait de moellons équarris [134]. La face méridionale s’étendait enfin au sud jusqu’au bord de la rivière, et marquait ainsi la fin de ce bastion dépourvu de flanc méridional [135].

49Les fortifications voulues par Henri IV et élevées à partir de la fin du xvie siècle à l’ouest de la ville furent dans leur ensemble conservées jusqu’à la fin du xviiie siècle : si les fossés à l’ouest du bastion de Saint-Étienne et au pied de la porte Neuve furent comblés [136], la majeure partie en subsista jusqu’à la Révolution. Ce n’est en effet que le 18 brumaire an vi (8 novembre 1797) que le conseil municipal décida de faire remblayer ce qui restait des fossés, « la pièce d’eau nommée le Fort » devant devenir une promenade publique plantée de tilleuls [137]. Durant sa séance du 8 floréal (27 avril 1798), il lança ensuite la destruction des structures maçonnées en ordonnant la démolition de la porte Neuve, « nuisible par sa position aux embellissements » envisagés dans ce quartier. Lors de la levée du cadastre napoléonien en 1810, les Tenailles avaient ainsi cédé place à l’actuelle place Gambetta et il ne restait plus rien du bastion de la Cercle. Si, comme on l’a vu, une partie du bastion de Saint-Étienne fut en revanche englobée dans un mur de clôture, l’essentiel des fortifications disparut donc deux siècles après avoir été construit et sans avoir jamais été éprouvé. Les grands travaux lancés au cours des guerres de Religion ont néanmoins durablement façonné le paysage urbain et se lisent encore dans les plans de la ville, la grande diagonale du boulevard Bertrand qui a succédé aux anciens fossés rappelant le tracé des murs lancés à travers la prairie pour défendre la capitale de la Normandie loyale au roi.

Notes

  • [1]
    Il faut notamment signaler le travail de M. Casset et S. Lechanteur, Étude historique et archéologique du mur d’enceinte du Bourg le Roi, mémoire de maîtrise de l’université de Caen, 1971 et, plus récemment, L. Jean-Marie, Caen aux xie et xiie siècles, espace urbain, pouvoirs et société, Cormelles-le-Royal, La Mandragore, 2000, notamment p. 105-110.
  • [2]
    Cet article présente des recherches réalisées dans le cadre de la préparation d’une thèse dédiée à l’Architecture à Caen du règne de Charles VIII au début du règne de Louis XIII, soutenue en 2013 à Paris-Sorbonne sous la direction d’Alexandre Gady. Nicolas Homshaw a depuis présenté en 2015 une thèse sur Caen dans ses murs, xie-xviie siècle. La clôture urbaine et ses effets de paroi à Paris I sous la direction d’Hervé Drévillon.
  • [3]
    Le fonds ancien des Archives communales de Caen a été déposé aux Archives départementales du Calvados, où il forme la sous-série 615 Edt. Y sont entre autres conservés les registres de délibération et les comptes annuels de la Ville, dont on possède des séries à peu près complètes – quoiqu’avec quelques lacunes – à partir du milieu du xvie siècle.
  • [4]
    Comme l’a souligné H. Neveux, « Une croissance ambiguë (xvie-xviiie siècles) », dans G. Désert (dir.), Histoire de Caen, Toulouse, Privat, 1981, p. 115-148, à la p. 118, après la construction des nouvelles enceintes, la ville fut progressivement identifiée en premier lieu à ce qui était désormais enclos à l’intérieur de ces fortifications.
  • [5]
    É. Faisant, « Les Fortifications de Caen durant la guerre de Cent Ans », dans Les Normands et la guerre, actes du 49e congrès de la fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie (Rouen, 15-18 octobre 2014), Louviers, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie, 2015, p. 23-35.
  • [6]
    Sur ce nom, voir P.-D. Huet, Les origines de la ville de Caen, revûes, corrigées et augmentées, seconde édition, Rouen, Maurry, 1706, p. 62.
  • [7]
    BnF, ms fr. 22469 (Recueil de pièces originales concernant les officiers de la ville de Caen), pièce 62.
  • [8]
    P.-D. Huet, Les origines…, op. cit., p. 62.
  • [9]
    C. de Bourgueville, Les recherches et antiquitez de la Ville et Université de Caen, et lieux circonvoisins des plus remarquables, Caen, Chalopin, 1833 (1re édition Caen, Jean le Fevre, 1588), II, p. 117.
  • [10]
    L. Vissière, Sans poinct sortir hors de l’orniere, Louis II de La Trémoille (1460-1525), Paris, Honoré Champion, 2008, p. 211.
  • [11]
    C. de Bourgueville, Les recherches…, op. cit., II, p. 117.
  • [12]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 17, fol. 1-3. Le duc d’Alençon demanda en outre que le boulevard soit « redressé », mais l’on ne sait si cette remise en état fut exécutée.
  • [13]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 25, fol. 37, 40-44 et 71-73.
  • [14]
    J. Lair, Histoire du parlement de Normandie depuis sa translation à Caen, au mois de juin 1589, jusqu’à son retour à Rouen, en avril 1594, Caen, Hardel, 1861, notamment p. 42 ; H. Neveux, « Une croissance ambiguë (xvie-xviiie siècles) » et « Mutations urbaines (xvie-xviiie siècles) », dans G. Désert (dir.), Histoire…, op. cit., p. 115-168 ; J.-P. Babelon, Henri IV, Paris, Fayard, 2009, p. 467 ; A. Dauvin, « Caen dans les guerres de Religion : autour de Jean Pelet, frère du gouverneur Gaspard de La Vérune (1589-1594) », Annales de Normandie, t. 66-1, janvier-juin 2016, p. 31-45.
  • [15]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1590, fol. 32-32v.
  • [16]
    P.-D. Huet, Les origines…, op. cit., 66e année, n°1, p. 36-37. Il existait un autre dos-d’âne, qui consistait en un mur « passant le travers du fossey de la muraille » et portant un canal pour conduire le Petit Odon dans la ville (Bibl. mun. Caen, ms In-fol. 142, fol. 11-14v ainsi que C. de Bourgueville, Les recherches…, op. cit., II, p. 186-187). Cet ouvrage pourrait toutefois difficilement être dit « en la prairie ».
  • [17]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1590, fol. 34-35.
  • [18]
    Il ne peut en effet s’agir du maréchal Jacques II de Matignon, qui était alors en Guyenne. Son fils Odet, qui portait coutumièrement le titre de comte de Torigni, était en revanche alors en Normandie, auprès du roi (J. de Caillière, Histoire du mareschal de Matignon, Paris, Augustin Courbe, 1661, p. 310).
  • [19]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.1, fol. 317. Cette lettre datée du 20 juin indique que les envoyés du roi étaient venus à Caen « en ces derniers jours ».
  • [20]
    Voir à son sujet M. Lallemend et A. Boinette, Jean Errard de Bar-le-Duc, « premier ingénieur du très chrétien roy de France et de Navarre Henry IV », sa vie, ses œuvres, sa fortification, Paris, Thorin et Dumoulin, et Bar-le-Duc, Comte-Jacquet et Boinette, 1884, qui ignorent son passage à Caen.
  • [21]
    Issu d’une noble famille de l’actuel département de la Manche, Guillaume de Condren avait quitté sa région natale dans les années 1560 « pour s’attacher au service du roy » (BnF, ms Chérin 58, dossier 1239, fol. 6v-8). Il entra dans la « compaignie du seigneur d’Estrées, grand maitre de l’artillerye de France », et gagna la protection de sa famille : il devint seigneur du Manoir, à Vauxbuin (aujourd’hui département de l’Aisne), fief dont il rendit aveu le 30 mars 1581 à Barbe d’Estrées, et c’est à « Vaulbuyn, dans le logis seigneurial de haute dame Barbe d’Estrées », qu’il épousa le 22 novembre 1587 Marguerite du Haste, dame de la Muette et du fief de l’Herminette. C’est donc peut-être l’appui des d’Estrées qui lui valut d’être envoyé à Caen.
  • [22]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 3-5v.
  • [23]
    Le nouveau bastion était toutefois plus grand que ce qui avait été déjà commencé puisque, dès le mois d’août 1592, plusieurs habitants présentèrent des suppliques aux échevins pour obtenir récompense pour leurs maisons démolies et leurs terrains saisis près de la porte Saint-Étienne pour « employer ausdites fortiffications » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41, 56 et 59).
  • [24]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41.
  • [25]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 57-57v.
  • [26]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 14, 17 et 33v.
  • [27]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 18-19.
  • [28]
    Les vestiges de l’extrémité de ce bastion vers la porte Saint-Étienne ont été retrouvés lors de fouilles entreprises en 1992-1993 sous la direction de Pascal Leroux : voir P. Leroux, Place Guillouard, document final de synthèse, Musée de Normandie, 1994, p. 120-124. Le seul rang d’élévation qui a pu être observé était pourvu d’un glacis, ce qui rejoint la mention du « talut » portée par le devis. Nos vifs remerciements vont à Pascal Leroux pour toutes les observations qu’il nous a transmises.
  • [29]
    Outre par la comparaison du plan publié par Belleforest en 1575 et des vues postérieures, cette modification du cours du Grand Odon est attestée par les remontrances faites aux échevins par les personnes ayant des droits sur ce cours d’eau, et notamment les prêtres de Saint-Pierre, qui signalèrent ainsi en 1609 que le « canal ou pertuis » creusé lorsque « le fort de Saint Estienne fut basti et construit pour les fortiffications de lad. ville » était trop petit pour que l’eau y passe convenablement (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 276).
  • [30]
    Le plan reproduit fig. 3 n’est pas daté, mais un plan similaire a été publié dans J. Valdor, Les triomphes de Louis le Juste XIII du nom roy de France et de Navarre contenans les plus grandes actions ou Sa Majesté s’est trouvée en personne… avec les portraits des rois, princes et generaux d’armées… ensemble le plan des villes, sieges et batailles, avec un abregé de la vie de ce grand monarque…, Paris, Antoine Estienne, 1649, 3e partie, entre les p. 1 et 2. Il existe à la BnF (Estampes, Va14, t. 3, Fol., H113849, ancienne collection de Roger de Gaignières : Bouchot 5081) un dessin très proche qui ne semble pas être une simple copie de la gravure car il porte des indications qui n’apparaissent pas sur l’estampe, comme le sens des cours d’eau.
  • [31]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 4. L’emplacement de ce batardeau, à l’extrémité sud du fossé, non loin de la Petite Orne, est notamment établi par le plan de 1696 (Arch. dép. Calvados, 2 D 941).
  • [32]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 103-104 et 114-114v.
  • [33]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 116-166v et 120-121v.
  • [34]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 142-142v.
  • [35]
    Celles-ci ne correspondent pas au boulevard de La Trémoille, qui se trouvait plus à l’est.
  • [36]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 41.
  • [37]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 61.
  • [38]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 68. Voir aussi des ordonnances aux fol. 69-69v, 75-76 et 80.
  • [39]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 162-163.
  • [40]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 388.
  • [41]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 44.2, fol. 81v, 120v et 143v. Le plan général des fortifications à faire dessiné par Guillaume de Condren était encore conservé dans les archives de la ville à la fin du xviie siècle, car dans une lettre envoyée le 10 septembre 1694 à Pierre-Daniel Huet, Jean Le Blais, seigneur du Quesnay, lui signala avoir vu l’avant-veille le plan approuvé par Henri IV. Il ajouta cependant qu’il était « en si mauvais état et en tant de morceaux qu’on a[vait] peine à y rien comprendre » (Bibl. mun. Caen, ms In-8° 76, Lettres et mémoires de M. du Quesnay sur la ville de Caen, p. 61).
  • [42]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 388.
  • [43]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 64-66. Outre cette qualité qui lui avait été conférée par lettres patentes données à Chartres le 29 décembre 1592, Guillaume de Condren reçut également le 11 janvier 1593 les « provisions de la charge de commissaire general des reparations et fortifications des villes, chateaux et places fortes de sa province de Normandie » (BnF, ms Chérin 58, dossier 1239, fol. 7v).
  • [44]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68.
  • [45]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 64.
  • [46]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68-69.
  • [47]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 72.
  • [48]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 78v.
  • [49]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 84-84v.
  • [50]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68v.
  • [51]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 80v.
  • [52]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 78v.
  • [53]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 100. Il fut encore enjoint le 18 septembre « à maitre Jacques Bazin de continuer encores ceste sepmaine tout son astellier au bastardeau » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 114).
  • [54]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 152-153v.
  • [55]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 68v.
  • [56]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 91.
  • [57]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 53, fol. 63-65v.
  • [58]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 268-269v.
  • [59]
    Guillaume de Condren était revenu à Caen le 6 avril 1594, date à laquelle il fut encore qualifié de « commissaire du roy aux fortiffications » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 51).
  • [60]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 100.
  • [61]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [62]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 45, fol. 152-153v.
  • [63]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [64]
    Sur ce chemin, voir Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 48 et 1597, fol. 57v-58.
  • [65]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 71-72.
  • [66]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v : « selon le plan ou modelle qui en a esté representé par led. sieur du Boys ».
  • [67]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 51.
  • [68]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [69]
    On ne sait si ces corrections ont été portées lorsque Jacques Bazin fut chargé de dessiner le nouveau « modelle en corps » de la porte.
  • [70]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [71]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79.
  • [72]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 188.
  • [73]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 228-228v.
  • [74]
    Le terme tape-cul désigne usuellement un pont-basculant, mais ici il a été utilisé pour un pont-levis à flèche.
  • [75]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 80, 97-97v et 103-106v.
  • [76]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 120. Deux alleux complémentaires furent passés le 1er décembre pour la fourniture de « six luquernes de plomb et une gouttiere au costé vers lesd. preys et la festeure requise en tous les endroicts dud. edifice » et le 18 février 1595 pour le revêtement en plomb des « quatre aiguilles de la couverture » et l’ajout de « gireuttes de cuyvre » aux deux plus grandes (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 222 et 262).
  • [77]
    Le journal tenu dans la seconde moitié du xviie siècle par un bourgeois de Caen signale en effet qu’« en mars et en avril 1691, on a fait deux arcades à la porte Neuve » (G. Vanel (éd.), Recueil de journaux caennais, 1661-1777, Rouen, Lestringant et Paris, Picard, 1904, p. 25).
  • [78]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 128. Voir aussi Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 62-62v
  • [79]
    G. Huard, « Marin Bourgeois, peintre du roi », Bulletin de la Société historique de Lisieux, n° 21, 1913, p. 5-37, à la p. 16. L’auteur a recopié une note d’Auvray de Coursanne qui faisait partie de sa collection. La plaque de marbre remplaça sans doute les « quelcques carreaux […] pour y placer et tailler cinq armoiries qui seront celles du roy, de monseigneur de Montpensier, de monsieur de La Vérune, de la province et de la ville » qui avaient été prévus dans le devis de maçonnerie (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 73v-79).
  • [80]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 49-49v.
  • [81]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 100.
  • [82]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 46, fol. 178-179.
  • [83]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 56-57.
  • [84]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 11 et 56-57.
  • [85]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 48 et 55.
  • [86]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 56-57.
  • [87]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 47, fol. 57-57v, 615 Edt 473, 9 septembre 1595 et 615 Edt 47, fol. 97-99, 16 septembre 1595.
  • [88]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 414, 1596, fol. 47-47v.
  • [89]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 137.
  • [90]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v.
  • [91]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 268-269v.
  • [92]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 271 et 275v.
  • [93]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v.
  • [94]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 55, fol. 78.
  • [95]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 417, 1610, fol. non numérotés.
  • [96]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 225-226 et 228-229v, 615 Edt 55, fol. 112 et 615 Edt 417, 1611, fol. 22v-38.
  • [97]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 417, fol. 21v-32v.
  • [98]
    S. Le Marchand, Journal de Simon Le Marchand, bourgeois de Caen, 1610-1693, éd. G. Vanel, Caen, Louis Jouan, 1903, p. 12-13.
  • [99]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 219-220.
  • [100]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 56, fol. 90-95.
  • [101]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 210-218 et 615 Edt 56, fol. 101-103.
  • [102]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 197-206v. Ce pont n’est pas visible sur les anciens plans de la ville et put donc rapidement disparaître.
  • [103]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 232-233v.
  • [104]
    De la terre y avait bien été portée en 1599, mais cette opération avait pour but de vider la rue des Quais et ne répondait pas à un projet défini pour le bastion (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 415, 1599, fol. 32v-33).
  • [105]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 49, fol. 17-20.
  • [106]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 97v.
  • [107]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 232-233v.
  • [108]
    Sur cet ingénieur italien, voir A. J. du Plessis de Richelieu, Lettres, instructions diplomatiques et papiers d’État du cardinal de Richelieu, éd. D. L. Martial Avenel, t. I, Paris, Imprimerie impériale, 1853, p. 692 et F. de Bassompierre, Journal de ma vie, Mémoires du maréchal de Bassompierre, éd. A. de La Crypte de Chanterac, Paris, Veuve Jules Renouard, 1870-1877, t. II, p. 291, 292, 307 et 310, et t. III, p. 49, 50, 75, 99, 119, 124, 125, 126 et 131. Employé par la reine mère, il fut envoyé en 1620 au duc de Florence avant d’être prêté en 1621 au duc de Luynes. Il participa alors au siège de Montauban puis en 1622 à ceux de Royan, de Saint-Antonin, de Lunel et de Montpellier. Il trouva la mort le 11 septembre devant cette dernière place, où il avait eu « la charge generale des travaux ». Le maréchal de Bassompierre, qui l’appréciait, a noté qu’il mena également les travaux à Royan et qu’il « estoit en grande estime parmy nous, comme certes il la meritoit bien ».
  • [109]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1616, fol. 31-33.
  • [110]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1617, fol. 20-21. Le terme visière doit désigner ici des canonnières.
  • [111]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 349-354v.
  • [112]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 57, fol. 359-366 et 615 Edt 418, 1617, fol. 26v-39.
  • [113]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, fol. 25-35.
  • [114]
    Ce débord dans la rivière obligea à décaler celle-ci vers l’ouest : voir P.-D. Huet, Les origines…, p. 60. Abraham Blanchard se vit d’ailleurs confier la charge de « vuider et oster » des terres « tant pour l’eslargissement de la riviere que vuide des fossés proches de murailles, fortiffications au quartier de lad. ville appellée le Cercle » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, fol. 25-25v).
  • [115]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 132-141v.
  • [116]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1619, fol. 25-35.
  • [117]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 142-145.
  • [118]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 146-147.
  • [119]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 418, 1620, fol. 24-35.
  • [120]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 59, fol. 73-76.
  • [121]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 60, fol. 243v, 248 et 249-249v. Le 20 avril 1630, encore, les échevins notaient que la Ville occupait des terrains « en intention d’y continuer des fortiffications y commencées » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 62, fol. 27-28).
  • [122]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 495.
  • [123]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 58, fol. 288v et 2 D 941, 2 janvier 1621.
  • [124]
    P.-D. Huet, Les origines…, p. 60-61.
  • [125]
    Arch. dép. Calvados, 615 Edt 53, fol. 63-65v.
  • [126]
    Voir notamment le Plan géométrique d’une venelle suprimée par arrest du Conseil, laquelle tendoit de la porte Saint Étienne a la praÿrie, 28 novembre 1778 (Arch. nat., Q1 90) ou le Plan et projet des ouvrages à faire pour faire une sortie convenable àla porte Saint Estienne de la ville de Caën, fin du xviiie siècle (Arch. dép. Calvados, Fi C 1125.6).
  • [127]
    P. Leroux, Place Guillouard…, op. cit., p. 122.
  • [128]
    L. Gosselin, « L’ancien mur d’enceinte de Caen et les vestiges qui en subsistent », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. LII, 1952-1954 (1955), p. 215-219, à la p. 217.
  • [129]
    Cette mesure et les suivantes sont bien moins fiables que les précédentes car, contrairement aux autres, elles ne peuvent pas être relevées sur le cadastre napoléonien. Il faut donc utiliser les plans antérieurs, qui sont moins précis et indiquent des dimensions qui varient légèrement.
  • [130]
    Le devis indiquait une longueur de neuf toises (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 54, fol. 204-207v).
  • [131]
    Des fondations de la porte ont été retrouvées en 1932 : R.-N. Sauvage, « Découverte des maçonneries de l’ancienne porte Neuve des Prés », Bulletin de la Société des antiquaires de Normandie, t. XL, 1932 (1933), p. 349. Le plan situant cette trouvaille est conservé aux Arch. dép. Calvados, 83 F 919.
  • [132]
    La construction de ce pont fut entreprise en 1599, lors de l’installation de la foire à la Cercle, le maître charpentier Jean Pellehestre ayant été payé le 17 juillet pour « avoir assis des sommiers et sur iceulx pozer de la planche pour dresser ung pont dans le prey prez la porte Neusve des prez » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 415, 1599, fol. 38). Ce premier ouvrage léger ne dut pas subsister longtemps car, le 17 mars 1601, les échevins décidèrent qu’il serait « dressé en ceste année pour servir à la prochaine seance de la foire ung pont de boys sur le cours de la riviere d’Orne pres la porte Neusve » (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 475, fol. 180-180v). Confié à Jacques Bazin, ce travail fut rapidement exécuté puisque le compte en fut fait le 9 juin (Arch. dép. Calvados, 615 Edt 475, fol. 184-187).
  • [133]
    Cette mesure a été prise sur le relevé réalisé lors des fouilles de 2015. Elle concorde avec celle indiquée par le plan de 1649 qui, quoique très schématique pour ce bastion, indique un angle d’environ 95 degrés. Le plan de la ville en 1747 montre un angle plus obtus, de 105 degrés.
  • [134]
    Ces fouilles ont été entreprises en janvier 2015 par l’Inrap sous la direction scientifique d’Hélène Dupont : H. Dupont et al., Caen (Calvados) Basse-Normandie, rue Daniel-Huet, « L’îlot Saint-Martin », rapport final d’opération, Inrap, 2015.
  • [135]
    Le plan de 1747 montre à cet emplacement un orillon, mais ce dernier n’apparaît pas explicitement sur les autres vues.
  • [136]
    Comme le montre le Plan de la ville de Caen, capitale de la Basse Normandie, avec son château et ses fauxbourgs publié en 1747 par Philippe Buache d’après De La Londe.
  • [137]
    Les deux procès-verbaux des 18 brumaire et 8 floréal an VI ont été publiés par G. Lavalley, Caen démoli, recueil de notices sur les monuments détruits ou défigurés et sur l’ancien port de Caen, Caen, Le Blanc-Hardel, 1878, p. 23-24.
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