Cet article a pour objectif d’interroger les usages des épistémologies et méthodologies féministes dans le cadre d’une enquête de terrain portant sur le retour à la vie civile de femmes combattantes en Colombie. Alors que la thématique « femmes combattantes » tend à faire l’objet d’un surinvestissement académique participant de sa dépolitisation, nous discutons des diverses approches, outils et méthodes produits par l’épistémologie féministe pouvant être mobilisés afin d’éviter la reproduction des rapports de pouvoirs susceptibles de s’établir entre enquêteurs et enquêtrices et enquêté·e·s, mais aussi à la mise en concurrence des enquêteurs et des enquêtrices eux/elles-mêmes. L’article commence par analyser les différents facteurs ayant contribué à faire des « femmes combattantes » un objet surétudié. Dans un second temps il décrit les terrains de recherche ayant inspiré notre propos et discute plus particulièrement des défis soulevés par une mise en application concrète de l’épistémologie féministe dans l’enquête de terrain. Dans une troisième partie sont finalement formulées des propositions afin de développer l’épistémologie féministe au-delà des seules questions de genre en repensant la façon d’organiser les différentes spatio-temporalités de la recherche et le lien concret avec les territoires d’enquête.
Mots-clefs
- femmes combattantes
- Colombie
- Farc-ep
- épistémologie féministe
- espaces
- procédures d’enquête
- surinvestissement académique
Testing Feminist Epistemology with Over-invested Object. Investigating with Female Ex-Combatants in the midst of the Colombian « post-peace agreement »
This article aims at questioning the uses of feminist epistemologies and methodologies in the context of a fieldwork project conducted in Colombia on the return to civilian life of female combatants. While the topic « female combatants » tends to be the object of an academic over-investment, contributing to its depoliticization, the Authors discuss the various approaches, tools and methods produced by feminist epistemology that can be mobilized in order to avoid the reproduction of power relationships that can be established between researchers and participants, but also the competition between the researchers themselves. The article begins by analyzing the various factors that have contributed to the making of “female combatants” as an over-studied subject. It then describes the fieldwork that inspired our discussion and examines more particularly the challenges raised by a concrete application of feminist epistemology during the fieldwork. Third, it articulates proposals to develop feminist epistemology beyond gender issues by rethinking the multiple manners of organizing the different spatio-temporalities of the research process and the concrete connection with the territories of investigation.
Keywords
- female combatants
- Colombia
- Farc-ep
- feminist epistemology
- spaces
- investigative procedures
- academic over-investment
Mots-clés éditeurs : Colombie, épistémologie féministe, procédures d’enquête, Farc-ep, espaces, surinvestissement académique, femmes combattantes
Mise en ligne 20/12/2021
https://doi.org/10.3917/ag.742.0020