Notes
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[1]
Travail réalisé dans le cadre du projet « La frontera hispano-portuguesa : delimitación territorial y representaciones geográficas (1800-1936). El caso de Galicia-Norte Portugal » (CSO2011-25776), financé par le ministère espagnol de l’Économie et de la Compétitivité.
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[2]
Le compte rendu des travaux de cette commission, réunie du « 28 Fructidor an 10 au 24 Brumaire an 11 » a été publié tardivement en 1831 dans le Mémorial topographique et militaire nº 5 (septembre 1803, pp. 1-140). Sur cette commission et le contexte général de la cartographie militaire française de la période napoléonienne, se reporter aux travaux de Hollander (1988), Bret (1991, 2008), Palsky (1996a, 1996b, 2005), Godlewska (1999), Pansini (2002, 2006, 2012), Blais & Laboulais (2006) ou encore Verdier (2015).
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[3]
Sur les travaux et réalistions des armées napoléoniennes durant ces différentes campagnes, se référer par exemple pour l’Italie aux travaux de Cuccoli (2012), ou encore pour l’Égypte, à ceux de Godlewska (1988).
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[4]
Quoique nous nous consacrions plus particulièrement aux réalisations françaises, il demeure évidemment des plus intéressants, dans une perspective historiographique comparée, de les croiser avec celles des trois autres principaux pays impliqués directement dans ce conflit ibérique, à savoir l’Espagne (ministère de la Défense, 2008), le Portugal (Garcia, 2009, Moreira, 2010) et le Royaume-Uni (Smith, 2013).
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[5]
En 1678, l’Académie des sciences met au point les méthodes de triangulation devant s’appliquer aux levés de terrain et publie quatre années plus tard une Carte de France corrigée basée sur la détermination, par des procédés astronomiques, des coordonnées en longitude et latitude. En parallèle, cette même institution initie une longue campagne de triangulation générale du royaume, reposant sur le méridien dite de l’Observatoire (astronomique de Paris). Cf., entre autres travaux, l’ouvrage de Monique Pelletier et Henriette Ozanne (1995).
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[6]
Chabrier à Sanson, Madrid, 25 juin 1808. À propos de la cartographie de la péninsule Ibérique disponible au début du xixe siècle, on peut se reporter aux travaux de Canosa et García (2008), plus centrés sur l’Espagne, ainsi qu’à ceux de Branco (2002), Dias et Rossa (2007) ou encore Moreira (2010), dédiés au Portugal.
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[7]
La version la plus complète de cette œuvre, publiée en 28 cartes pour 102 feuilles, en grand format, fut éditée pour la première fois à Madrid en 1804 par les fils de Tomás López, Juan et Tomás Mauricio et par la suite rééditée de nombreuses fois jusqu’au milieu du xixe siècle. Sur cet atlas et plus généralement sur l’œuvre cartographique de Tomás López, se référer aux travaux de Líter et Sanchís (2002) ainsi que de Hernando (2005).
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[8]
Colonel Vincent, courrier à Sanson, directeur du Dépôt de la Guerre (Paris), Lisbonne, 7 juin 1808.
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[9]
La bibliographie générale se rapportant à la guerre d’Indépendance espagnole est considérable. Entre autres travaux récents et en langue française, on peut se reporter à l’ouvrage d’Aymes (2003).
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[10]
Entre 1807 et 1811, les troupes napoléoniennes envahirent trois fois le royaume du Portugal, en vain. Madrid fut occupée à deux reprises – Saragosse connut deux sièges cruels, à l’exemple de Valence, Badajoz ou encore Ciudad Rodrigo – etc.
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[11]
« Rien de pareil à cela dans les grands États militaires du centre de l’Europe, où les populations se désintéressaient de la guerre, où la bataille gagnée en rang t’ouvrait les portes grandes, où la simple occupation d’une province te donnait en abondance vivres et chevaux, armes et cartouches » (Jolimon, 1946, p. 210). Sur cette question, voir aussi Reynaud, J.-L. (1992).
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[12]
Maréchal Bessières, courrier au ministre de la Guerre, Vitoria, 8 novembre 1808. 3 M 355 (SHD).
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[13]
Ainsi, en août 1808, le général Sanson, directeur du Dépôt de la Guerre, demande à Chabrier, le responsable du Bureau topographique de Madrid d’acheter les cartes d’Extrémadure, Cordoue, Grenade, Valence, Murcie et Tolède manquantes (courrier du 3 août 1808, 3 M 355).
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[14]
Courrier de Guilleminot à Sanson, Gironne, 3 juin 1810, 3 M 355 (SHD).
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[15]
Tel ce document signé Marchant, Observations sur l’Espagne, mémoire rédigé « d’après l’ordre de Monseigneur le duc de Feltres, ministre de la guerre », 6 octobre 1813, 20 p. ; 1 M 1341 (SHD).
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[16]
De Sivoyse, intendant de Gironne, Essai sur la Catalogne considérée dans sa Révolution, dans son agriculture, son commerce et son industrie, 30 mars 1812, 30 p. ; 1 M 1341 (SHD).
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[17]
Marchant, « Observations sur l’Espagne », op. cit.
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[18]
Courrier de Muriel au général Sanson, Paris, le 4 janvier 1809, 3 M 355 (SHD).
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[19]
Courrier du général Sanson à Muriel, Toulouse, 17 janvier 1809, 3 M 355 (SHD).
-
[20]
On apprend par exemple dans l’étude de correspondance du Dépôt général consacrée à la péninsule Ibérique que le colonel du génie Vincent, précédemment en poste au Portugal, a transmis au ministère de la Guerre des plans, cartes et mémoires recueillis au Portugal. Aussi Sanson recommande-t-il à son adjoint Muriel de contacter l’officier afin d’obtenir un don de ces documents au Dépôt, ou au pire, l’autorisation d’en faire la copie. Courrier de Sanson à Muriel, 6 mars 1809, 3 M 355 (SHD).
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[21]
Cette moyenne correspond à l’arrêté militaire du 19 août 1800 relatif aux étapes, prévoyant en effet une journée de marche comprise théoriquement entre 30 et 40 kilomètres au plus, soit de 6 à 8 lieues.
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[22]
Yon, chef de bataillon, « Routes dans les provinces du Léon, Palencia, Burgos, Valladolid, Zamora, Avila, Salamanca », non daté, 1 M 1341 (SHD)
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[23]
Marchant, Observations sur l’Espagne, rédigé d’après l’ordre de Monseigneur le duc de Feltres, ministre de la Guerre, 6 octobre 1813, 20 p. (p. 4) ; 1 M 1341 (SHD).
-
[24]
1772 – 18 ?, mis en demi solde le 1er octobre 1817 après 25 ans et 6 mois de service au grade de chef de bataillon.
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[25]
« Trois années suffiront à son parfait achèvement ainsi qu’on l’a démontré au gouvernement espagnol, auquel l’auteur avait cru devoir proposer l’acquisition mais qui n’a pas trouvé à propos de l’accepter pour le moment, ce qui l’a déterminé à publier le résultat de ses longues recherches par la voie de la souscription » (Calmet-Beauvoisin, 1821, p. 3). L’atlas connut pour le moins deux autres éditions, toujours incomplètes, intitulées respectivement : Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas…, Paris, Imprimerie Auguste Malo, 1819-1821, et Mapa General de España y Portugal o Nuevo Atlas compuesto en 63 pliegos, Paris, Imprimerie d’Auguste Malo, 1821.
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[26]
« Je n’ai employé, ainsi que cela est prescrit, d’autre instrument que la boussole dans ma reconnaissance. J’ai laissé à Cadix mon baromètre et personne n’en possédant à Ronda, je n’ai pu mesurer moi-même les hauteurs. Je m’en suis rapporté pour celles de Ronda aux cotes données par le colonel Bory de Saint Vincent dans son excellent résumé de la Géographie de l’Espagne et j’ai déduit par comparaison les hauteurs des autres points. » Delcambe, Reconnaissance des routes de Ronda à Algodonales et à Olbera, 17 avril 1828, 156 p. ; 1M348 (SHD).
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[27]
Courrier du directeur du Dépôt de la Guerre (le lieutenant-général baron Pelet) au secrétaire général du ministère de la Guerre, 14 septembre 1832, 3 M 356 (SHD).
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[28]
Notes écrites par Bory sur la marge de la Carte d’une partie de la Galice, dont le manuscrit et le calque sont conservés dans les archives du Service historique de l’Armée de terre, à Paris, avec la cote L.12. B.2 76 (SHD).
-
[29]
En 1823, le roi d’Espagne Ferdinand VII, désireux de mettre au pas la Chambre des Députés (les Cortes) qui lui avait imposé la Charte constitutionnelle de 1812 (dite de Cadix), à ses yeux beaucoup trop libérale, fit appel au nom de la « Sainte Alliance » à son cousin Louis XVIII. Le gouvernement français, voyant là l’occasion idéale de réaffirmer le rôle de grande puissance politique et militaire de la France, répondit à son attente en envoyant un corps expéditionnaire de 95 000 hommes, commandé par un neveu du roi, le duc d’Angoulême. Répartie en six corps d’armée placés sous la direction de quelques anciennes figures de l’Empire, cette expédition militaire française entra en Espagne le 7 avril 1823 et traversa le pays sans rencontrer de grande opposition armée. Après un accueil triomphal à Madrid le 24 mai, l’armée française prit la direction de l’Andalousie pour mettre le siège devant Cadix où s’étaient réfugiés les Cortes. La ville capitula le 1er octobre après un peu plus d’un mois de combats associant les forces terrestres et navales françaises. Sur cet épisode de même que sur la période d’occupation qui se prolongea jusqu’en 1828, se référer aux ouvrages suivants : Sánchez (1981), Butrón (1996), Parra (2007) et Gonzálvez (2008).
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[30]
Carte des Routes d’étapes de l’Espagne : Faisant suite à celle des Routes d’Etapes de la France, Dressée au Dépôt Général de la Guerre Par ordre de S.E. Mgr. le Baron de Damas Pair de France, Ministre Secrétaire d’État de la Guerre, Paris, Dépôt Général de la Guerre, Juillet 1824.
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[31]
Carte-Itinéraire de l’Espagne et du Portugal, dressée par ordre de S.E.M. le Maréchal Duc de Belleune Ministre de la Guerre, sous la direction de M. le Lieutenant Général Comte Guilleminot, Directeur Général du Dépôt de la Guerre ; gravée par Richard Wahl, ancien élève du Dépôt de la Guerre, Paris, Dépôt de la Guerre, 1825.
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[32]
Delcambe, Reconnaissance des routes de Ronda à Algodonales et à Olbera, 17 avril 1828, 156 p. ; 1 M 348 (SHD).
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[33]
Carte du nord-est de l’Espagne, 13 feuilles, faisant suite à la Carte de France du même nom. Cette carte est limitée au sud par le parallèle passant par Valence et à l’ouest, par le méridien de Valladolid.
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[34]
Chefs de bataillon Goffroy, Saint Yon et Varaigne, Mémoire descriptif et statistique sur les Pyrénées, 2 mémoires manuscrits « volumineux », tel le tome1 consacré à la zone allant des Pyrénées Orientales aux Pyrénées Centrales : 90 pages dont 10 pages d’annexes consacrées aux travaux cartographiques déjà réalisés sur l’Espagne et le versant français, renfermant 52 notices commentées ; 1M1343 (SHD).
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[35]
« Nous aurions besoin pour l’instant de la carte générale du chemin projeté depuis la Corogne jusqu’à Astorga, qui vous a été communiquée le 4 juin dernier et de plus, des itinéraires et calques des routes militaires de la Catalogne, de l’itinéraire des routes d’Aragon, du calque de l’itinéraire militaire de commanderie d’Aragon avec l’itinéraire de cette province. Tous ces objets vous ont été communiqués le 15 mars dernier par M. de Laborde ». Courrier du colonel Jacotin, du Dépôt de la Guerre, à Calmet-Beauvoisin, Paris, 18 juin 1824, 3 M 356 (SHD).
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[36]
« Si vous en pouvez rien me communiquer, avouez-le moi franchement afin que j’en prenne mon parti. » Courrier de Jacotin à Calmet de Beauvoisin, Paris, 26 août 1826, 3 M 356 (SHD).
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[37]
Fonds 1 M 343 à 1 M 348 (SHD). Les fonds archivistiques espagnols relatifs à cet épisode se partagent entre el Archivo General Militar de Madrid (AGMM), el Archivo Cartográfico y de Estudios Geográficos del Centro Geográfico del Ejército (ACEGCGE, Madrid). De même, la Biblioteca Nacional de España renferme de nombreux documents cartographiques.
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[38]
Tel l’exemple suivant, datant de décembre 1824 : « Vous supposerez qu’un général se retirant avec un corps de troupe sur Saint-Sébastien, envoie à l’avance un de ses officiers pour reconnaître les positions qui offrent les moyens d’arrêter l’ennemi sans autres ouvrages d’art que ceux qu’on peut construire en 24 heures. Votre mémoire indiquera d’une manière approximative le nombre et l’espèce des troupes et des ouvrages jugés nécessaires, tandis que le dessin les représentera par bataillon, escadron de batterie, et qu’il exprimera le tracé des ouvrages ». Pour ce, l’exercice comprendra la réalisation d’un levé à vue, à l’échelle 1 : 20 000 accompagné par « des tableaux et modèles approuvés par le ministère ». Lettre de commande, signée Ch. Barbarin, colonel de l’État-major de la division du Haut Ebre, adressée au lieutenant Michaud, 14 décembre 1824, 1 M 345 (SHD).
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[39]
Comme cette traduction d’un tableau d’itinéraires et de routes militaires de « première classe », concernant les provinces de Valence et de Murcie, élaboré par don Francisco Xaramillo, du corps royal espagnol des ingénieurs, daté du 31 août 1821, 1 M 343 (SHD). L’original de ce travail, écrit en langue espagnole, est conservé dans les fonds de l’ ACEGCGE (côte C-26, nº 9).
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[40]
À savoir Madrid, Cadix, La Corogne, Badajoz, Carthagène, Vitoria, ainsi que les principales places fortes de la côte Cantabrique et de la zone frontalière pyrénéenne : Pays Basque, Navarre (dont Pampelune), Aragon et Catalogne. Se référer à Parra (2007, p. 297-298).
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[41]
« Coello connaissait la cartographie réalisée par les Français depuis 1823, à travers les copies remises à notre Dépôt de la Guerre ; et il profita d’un séjour à Paris pour copier les travaux antérieurs à cette date qui lui parurent d’intérêt […] En raison de leur meilleure portée territoriale et de leurs qualités techniques, la cartographie française fut pour lui de la plus grande utilité. »
1 Le début du Ier Empire napoléonien correspond à une période charnière pour la cartographie militaire française mais aussi pour la cartographie en général. C’est en effet durant cette période que l’on note un très important essai d’unification des critères de la représentation cartographique, découlant des nombreux débats et conclusions de la commission topographique et militaire française de 1802 [2]. Dans ce contexte, le théâtre des guerres napoléoniennes fut un révélateur puissant de nouveaux besoins militaires en matière de cartographie et de renseignements de nature géographique, à l’exemple des campagnes les plus précoces de cette période (campagnes d’Allemagne et d’Italie entre 1795 et 1797 puis en 1800, l’expédition d’Égypte de 1798-1801, la guerre dite de « la deuxième coalition », 1798-1799, etc.) [3].
2 Le conflit ibérique constitua un formidable terrain d’application pour la géographie militaire française, alors en pleine modernisation [4] et ce, bien avant les remarquables travaux cartographiques militaires menés plus tard en Algérie, analysés avec beaucoup de talent par Hélène Blais (2007). Au xviiie siècle, on relève en France la montée en puissance d’un savoir-faire militaire étroitement lié à la représentation de l’espace mais aussi à son contrôle, dans la lignée des progrès cartographiques initiés par l’Académie des sciences durant le dernier quart du siècle précédent [5]. Combinés aux inventaires statistiques prônés par Vauban dans son ouvrage Méthode générale et facile pour faire le dénombrement des peuples (1686), l’espace du royaume de France se transforme alors en un espace « de travail conceptuel » (Bitterling, 2009, p. 132). Comme le souligne Claude Raffestin (1980), cette comptabilité des hommes et des choses combinée à la représentation cartographique par l’utilisation de nouveaux signes assoient et confortent la maîtrise étatique d’un espace.
3 C’est dans ce prolongement scientifique mais aussi philosophique que s’inscrit l’épisode ibérique étudié à partir du formidable fonds présent dans les archives du Service historique de la Défense (SHD, château de Vincennes). Il ne s’agit pas pour nous de rédiger un tableau exhaustif de l’action des ingénieurs-géographes militaires et autres officiers assimilés (d’état-major et du génie) au service des armées napoléoniennes. Plus modestement, et à l’exemple des travaux universitaires qui depuis une petite vingtaine d’années s’attachent à replacer la géographie militaire française au sein de l’évolution de l’histoire des sciences, des techniques et des pratiques, nous essayerons d’apporter une réponse aux deux questions suivantes : à quels objectifs répondaient les ingénieurs-géographes en levant et en réalisant différents types de documents cartographiques ? Et quel fut le devenir de ces travaux aux lendemains de la période napoléonienne ?
4 Quoique limitée dans le temps (1808-1813), l’œuvre du Bureau Topographique d’Espagne – dirigé par le commandant Chabrier et implanté dès le début de l’invasion française –, combinée aux travaux des officiers d’état-major et des officiers du corps du génie, demeure impressionnante, avec plusieurs centaines de pièces rien que pour les documents cartographiques de tous types, en très grande partie méconnues des chercheurs s’intéressant à la cartographie napoléonienne. Les travaux topographiques alors réalisés furent par la suite complétés à l’occasion d’un épisode à ce jour très peu étudié qui vit les cartographes militaires français séjourner longuement en Espagne entre 1823 et 1842 et œuvrer en collaboration avec leurs homologues espagnols (Castañón, Puyo et Quirós, 2008). Aussi ce petit texte se cantonnera-t-il à ne présenter que quelques courtes pistes de recherche pour la période 1808-1823, vu l’ampleur du sujet et la richesse de la documentation à notre disposition. Précisons préalablement que, dès le départ, il s’agissait pour nous en priorité de dépasser le simple recours aux « grands anciens » ayant écrit sur la question, tel le travail incontournable du colonel Berthaut, pour revenir aux sources de premier main, soit l’analyse du très vaste corpus d’archives militaires tant françaises qu’espagnoles.
1. L’invasion de 1808 et la formation du Bureau topographique d’Espagne
5 Début 1808, la pauvreté des matériaux cartographiques relatifs à la péninsule Ibérique et disponibles au sein du Dépôt de la Guerre allait conduire à la création express d’un bureau topographique dédié principalement au Royaume d’Espagne composé d’ingénieurs-géographes. Ces derniers, apparus pendant le règne de Louis XIV sous l’appellation ingénieurs des camps, sont chargés de produire tous types de documents de nature géographique nécessaires à la bonne conduite des troupes. Pour ce, ils reçoivent une instruction particulière qui les rend aptes à la création de documents cartographiques de qualité.
6 Dès sa formation à Bayonne le 27 février 1808 suite aux ordres de Napoléon Ier, l’un des premiers objectifs de son personnel fut celui de trouver in situ des cartes relatives à ce même espace. Pour satisfaire ce besoin urgent, les ingénieurs-géographes militaires se lancèrent dans une vaste investigation de par toute l’Espagne ; les résultats ne furent toutefois pas en rapport avec l’effort investi, qui, d’ailleurs, empiétait de trop sur les propres travaux topographiques du bureau : « Il n’existe nullement aucune carte topographique sur les Espagnes (sic). J’ai vu tous les dépôts, les ingénieurs, les savants et autres. Rien absolument rien sur ce pays [6]. »
7 Il faut ajouter à cela que le Dépôt de la Guerre français disposait d’un nombre réduit d’exemplaires de ces cartes souvent incomplètes et insatisfaisantes, surtout dans le cas du célèbre Atlas geográfico de España de Tomás López [7]. Notons que la collecte ne fut pas plus prolifique au Portugal, comme le souligne le colonel Vincent, commandant du génie de l’Armée du Portugal, en charge de ces investigations cartographiques : « On ne trouve rien dans ce petit pays dont toute l’industrie et les intérêts se dirigeaient vers les spéculations maritimes ; je me suis fait un devoir de rechercher des livres et des cartes mais mes recherches et celles de mes camarades ont été généralement infructueuses ; l’on ne trouve point à acheter à Lisbonne la carte du Portugal, c’est de Madrid que nous avons fait venir quelques exemplaires devenus bien rares aujourd’hui [8]. »
8 Or, les caractéristiques du conflit ibérique allaient rapidement crucial la possession d’une cartographie précise [9]. Ce conflit se caractérise par des mouvements incessants de troupes dans toute la péninsule Ibérique [10] combinés à l’apparition d’une très forte guérilla, qui handicapa constamment les opérations d’occupation du pays par les troupes napoléoniennes [11]. Pour la combattre, les stratèges français, à l’exemple du maréchal Suchet en Aragon, firent sillonner le pays par des colonnes mobiles, soit des groupes de quelques dizaines ou centaines de fantassins ou de cavaliers, commandés par des officiers jeunes et entreprenants, capables à leur tour de tendre des embuscades aux groupes de partisans espagnols. Aussi, tant pour la planification des mouvements des différents corps d’armée que pour la lutte contre la guérilla, la possession de cartes précises était-elle cruciale. La pénurie en cartes de la péninsule Ibérique était telle que, malgré leur faible fiabilité sur laquelle nous reviendrons plus loin, les cartes de l’Atlas de López demeurèrent très recherchées durant toute la durée du conflit. Ainsi, en novembre 1808, le maréchal Bessières se plaignait auprès du ministre de la Guerre de n’avoir en sa possession « […] qu’un mauvais López incomplet […] Vous ne sauriez croire combien nous sommes malheureux ici pour les cartes [12] ». Aussi demanda-t-il que l’on lui envoie d’urgence l’exemplaire du Dépôt de la Guerre, sollicitant l’appui de son ministère pour infléchir le Dépôt. Or, il manquait certaines feuilles à cet exemplaire et les efforts entrepris pour le compléter, à l’occasion de l’occupation de Madrid, n’avaient pas encore abouti [13]. De toute façon, le Dépôt de la Guerre signala que son seul exemplaire n’était plus entre ses mains mais dans celles du secrétariat général du ministère de la Guerre…
9 Dans ce contexte, pendant l’automne 1808, le Dépôt de la Guerre décida l’exécution urgente d’une carte de l’Espagne au 1 : 500 000, bien que les sources utilisables pour sa réalisation fussent à peu près les mêmes dont avaient disposé Chanlaire et Mentelle, à savoir insuffisantes. Notons que la commande fut toutefois honorée 6 semaines plus tard… Aussi, le résultat ne pouvait-il avoir qu’une qualité médiocre, comme le laisse deviner une lettre envoyée par le chef du bureau, Chabrier, à ses supérieurs en France qui lui reprochaient de n’avoir pas pris lui-même en charge la réalisation de cette carte : « Quant aux travaux auxquels je me suis occupé depuis que je suis en Espagne, ils ont été plus utiles à l’armée que celui de réduire la carte de Lopez ; et certes, je l’avoue, je serais fâché de l’avoir fait, car c’est en Espagne qu’on reconnaît le fabuliste Lopez, et non pas dans un cabinet à Paris » (Berthaut, 1902, t. II, p. 183).
10 Le travail du Bureau topographique d’Espagne connaîtra un élan considérable à partir du printemps 1809. C’est alors qu’arrivent à la Péninsule plusieurs ingénieurs-géographes précédemment attachés au Bureau Topographique d’Italie (Richoux, Oppezzi, Benedetti, Véron) et, plus important encore, quelques-uns de ceux qui avaient été sous les ordres de Martinel, au Bureau Topographique des champs de bataille du Piémont (Simondi et Bentabole). Mais même loin des zones de combats voyant s’affronter les troupes régulières, le travail des ingénieurs-géographes se déroulait dans des conditions extrêmement difficiles, puisqu’ils souffraient très souvent de l’hostilité des populations locales, sinon des maladies, étant aussi soumis aux va-et-vient incessants des fronts ou encore aux transferts vers d’autres destinations, même hors d’Espagne. C’est pourquoi les cartographes français durent se contenter assez souvent de reconnaissances topographiques plutôt rapides, fréquemment exécutées non pas par des ingénieurs-géographes mais par des officiers d’état-major voire du corps du génie.
2. L’apport cartographique des officiers d’état-major et du corps du génie
11 Pendant la guerre d’Indépendance d’Espagne, une partie non négligeable des réalisations cartographiques et des mémoires des reconnaissances français est l’œuvre d’officiers d’état-major et d’officiers du génie dont les missions et les conditions de travail différaient en grande partie de celles propres aux ingénieurs-géographes.
12 Au sens général, un état-major correspond à un groupe d’officiers spécialisés, d’un nombre variable, mis à la disposition d’un commandement pour l’aider dans sa prise de décision, transmettre ses ordres, veiller à leur application et assurer diverses autres missions « de confiance ». Si Napoléon possède son propre état-major, pléthorique dans sa composition et dénommé le Quartier général impérial, on retrouve à chaque niveau de commandement un état-major : dans les corps d’armée, les divisions, les brigades, les régiments, les bataillons ou escadrons, et même au niveau des compagnies. Ainsi, à l’échelon de l’armée, l’état-major comprend en principe cinq ingénieurs-géographes (Pigeard, 2004, p. 249). Mais à l’occasion des combats d’Espagne et du Portugal, ce fut loin d’être le cas, les maréchaux commandant les différents corps d’armée n’ayant eu cesse de réquisitionner les ingénieurs-géographes du Bureau topographique de l’armée d’Espagne. C’est ainsi, par exemple, que Laignelot passa la plus grande partie de son séjour ibérique dans les états-majors du maréchal Jourdan puis du maréchal Masséna, devenant de la sorte un grand spécialiste de la géographie du Portugal. Aussi, faute d’ingénieur-géographe, les maréchaux et généraux vont-ils confier à leurs officiers d’état-major, et en premier lieu à ceux issus du corps du génie car instruits en théorie dans le domaine de la représentation topographique, la réalisation des missions géographiques, dont principalement, les reconnaissances. Point important à souligner, tous ces officiers d’état-major, ingénieurs-géographes ou issus d’autres spécialités, ne travaillaient pas sous la coordination du Bureau Topographique mais sous la dépendance hiérarchique de leurs supérieurs immédiats, à savoir principalement les commandants des différents corps d’armée qui bataillaient alors dans toute la péninsule Ibérique : MacDonald pour l’Armée de Catalogne, Suchet pour l’Armée d’Aragon, Masséna pour l’Armée du Portugal, etc. Aussi le nombre de ceux plus particulièrement chargés des questions « géographiques », au sein des états-majors respectifs, est-il variable selon l’intérêt personnel porté par ces grandes figures militaires à ce domaine. Ainsi, dans ses mémoires, le fameux général Marbot souligne que Masséna, « […] qui n’avait qu’une instruction très imparfaite [tenait] en grande considération les ingénieurs-géographes capables de lui présenter de beaux plans [et qu’il] en avait pris plusieurs à son état-major » (Marbot, 1894, t. II, p. 336).
13 Quant aux officiers du corps du génie, ils se répartissent principalement entre les états-majors des différents corps d’armée, le commandement des compagnies de sapeurs chargées principalement du siège des places fortes (et ils furent nombreux durant la guerre d’indépendance espagnole) et les garnisons des villes fortifiées et places fortes occupées par les troupes françaises. C’est notamment à l’occasion de ce service des places qu’ils entreprirent de multiples levés de fortifications, dont témoignent les archives militaires françaises (Ciudad Rodrigo, Badajoz, le Retiro, Saint Sébastien, Girone, Pampelune, etc.). En théorie, un corps d’armée devait présenter une dotation de 24 officiers du génie, ce qui était loin d’être le cas en Espagne, à l’exemple du nombre insuffisant d’ingénieurs-géographes. Ainsi, par exemple, en juin 1810, le général Guillemot, chef d’état-major de l’armée de Catalogne, se plaignait auprès de Sanson de n’avoir à sa disposition que 10 officiers du génie. Du coup, « il leur est impossible de se livrer au levé du terrain […] Quant au travail topographique que ces derniers ont fait, il se réduit à trois feuilles très incomplètes ; la quatrième a été égarée par le maréchal Augereau [14] ».
14 Ces officiers, plus ou moins formés au levé des plans et cartes, sont chargés de trois grands types de mission :
- En premier lieu, la production de cartes d’ensemble destinées à compléter les fonds cartographiques mis à la disposition des troupes françaises.
- En second lieu, réaliser des tracés d’itinéraires, qui ressemblent parfois plus à de simples croquis : des crayonnages sommaires axés sur les voies de communication, les points de franchissement, avec une représentation très sommaire du relief bordant ces voies de communication. La plupart des itinéraires topographiques sont accompagnés d’un mémoire de volume variable, selon le talent de description de leurs auteurs, dans lequel est détaillé tout un ensemble de données diverses. On retrouve bien sûr abondamment décrite la topographie des lieux traversés mais aussi de longues descriptions sur l’état des routes (route propre uniquement à de l’infanterie, passage possible de l’artillerie, etc.), les possibilités d’hébergement de la troupe, les ressources en eau et en vivres disponibles le long de l’itinéraire, l’emplacement des moulins et autres fabriques, etc.
- Des mémoires géographiques. Il s’agit soit de rapports consacrés à des problèmes généraux de type géopolitique [15], soit de monographies régionales (exemple : la Catalogne) [16].
16 L’économie des lieux traversés retient aussi toute leur attention car les troupes en campagne, et ce quel que soit le bord, vivent sur l’habitant. Il s’agit donc lors des reconnaissances de réaliser des inventaires les plus précis possible des ressources susceptibles d’être réquisitionnées : « […] Les armées françaises doivent vivre en Espagne ; mais qu’on perde l’idée que les contributions, les réquisitions, les enlèvements par force peuvent conduire à ce but : continuer l’emploi de ces moyens, c’est empirer, s’il est possible, la malheureuse situation des armées et du pays ; c’est être assuré qu’on n’y aura jamais une assise fixe et stable [17] ».
17 Le degré de formation très variable de ces différents officiers, couplé à la nécessaire rapidité d’exécution des travaux, souvent réalisés à l’avant-garde des troupes et parfois au contact de l’ennemi, explique la grande hétérogénéité des résultats obtenus. La qualité des documents réalisés par les officiers du génie et les officiers d’état-major non issus du corps des ingénieurs-géographes s’avère en général inférieure à celle des documents élaborés par le Bureau Topographique de l’armée d’Espagne. Dans beaucoup de cas, il s’agit de simples levés à vue, réalisés sans instrument et sur des bases préexistantes peu fiables. Il existe toutefois des exceptions fameuses, à savoir des officiers expérimentés dans le travail cartographique et géographique, à l’exemple de Bory de Saint-Vincent que nous évoquerons plus loin. En plus, il nous faut signaler que malgré les qualités indéniables d’un petit nombre d’entre eux, les ingénieurs-géographes ne les tenaient pas en grande considération. Ainsi, par exemple, le résultat du levée du plan de la bataille d’Espinosa par le capitaine d’état-major Gentil, plan gravé ensuite par le service de reproduction du Dépôt, est jugé catastrophique par Muriel, le directeur adjoint de ce même organisme : « Le plan d’ailleurs qui n’a que le nom de Gentil, a manqué de nous faire tourner la tête et le plus faible de nos ingénieurs ne voudrait pas l’avoir fait [18]. » Quant au général Sanson, il estime « […] honteux pour les ingénieurs-géographes, qui se trouvaient à l’armée, que ce soit un ingénieur militaire qui ait levé et dessiné ce plan [19]. » On peut aussi voir dans cette opposition entre ingénieurs-géographes relevant du Dépôt et officiers d’état-major ou du génie l’explication de l’importante rétention des cartes et plans exécutés par ces derniers ; en effet, souvent nombre des documents par eux élaborés n’était pas dirigé vers le Bureau topographique de l’armée d’Espagne ou vers le Dépôt de la Guerre, mais restaient fréquemment dans les mains desdits officiers (de l’état-major ou du génie) ou dans celles de leurs supérieurs immédiats, qui ne s’en cachaient pas [20].
18 Mais mis à part ces particularités d’organisation, il faut aussi noter que tout le long de leur séjour en Espagne, le travail des officiers d’état-major chargés des missions topographiques se déroula dans des conditions matérielles extrêmement difficiles, semblables à celles que connurent les ingénieurs-géographes composant le Bureau Topographique : « L’Espagne fut le lieu où le nombre de tués et de blessés parmi les officiers d’état-major, les officiers d’ordonnance et les aides de camp fut des plus élevés » (Rolin, 2005, p. 23).
3. Les multiples défis auxquels était confrontée la cartographie militaire française
19 L’attente des stratèges militaires français couvrait alors tout le champ des données susceptibles d’être représentées sur une carte.
3.1. La représentation du relief
20 Comme nous l’avons déjà signalé, au début de l’invasion française, la cartographie consacrée à la péninsule Ibérique brillait par sa piètre qualité, tant par l’imprécision des localisations (l’atlas de López, la carte de Chanlaire et Mentelle, entre autres) que par le rendu totalement insatisfaisant du relief. Aussi Juan Carlos Castañón et Francisco Quirós (2004) ont-ils bien montré la « déception » (le mot est faible) des militaires français devant les rares cartes mises à leur disposition. Celle-ci découlait principalement du procédé suivi par la majeure partie des cartographes de l’époque, destiné à représenter le relief des régions les moins connues. Il s’agit d’une méthode de caractère déductif, découlant des conceptions du célèbre cartographe français Philippe Buache (1700-1773). Elle consiste à représenter en premier le réseau hydrographique puis à remplir tous les espaces vides restants par des alignements montagneux. Ces derniers sont figurés de deux façons possibles : soit, sous la forme d’alignements de monticules vus en perspective et disposés de façon plus ou moins arbitraire : « C’est cette méthode, que l’on appelle assez improprement demi-perspective et que l’on a étendue à l’expression des rochers, des arbres, des villages et d’une foule d’autres objets, alors même que leurs formes et la grandeur de l’échelle permettaient de les représenter par leurs traces horizontales » (Mémorial, 1831, p. 12). Soit, encore selon le tracé des lignes de partage des eaux, matérialisées sur la carte sous la forme d’un interfluve de forme prononcée, dispositif parfaitement adapté à la représentation des principaux fleuves et de leurs affluents.
21 Le problème se pose plus particulièrement lorsque la division entre les différents bassins hydrographiques prend sur le terrain l’aspect de zones sommitales planes, plus ou moins vastes (Castañón et Quirós, 2004). Ce type de relief, si fréquent en Espagne en général – et en Castille La Manche en particulier – était quasiment absent de la représentation cartographique avant l’arrivée des troupes napoléoniennes. Bory de Saint-Vincent s’en fit l’écho en rappelant en 1823, par les mots suivants, ses observations réalisées à l’occasion de la guerre d’Espagne : « C’est particulièrement pour séparer les versants qui s’échappent vers la Méditerranée et ceux qui s’écoulent vers l’Océan, qu’on multiplia les crêtes, les pics, les anastomoses, les contreforts, et tout ce que le burin pouvait imaginer de noir pour prendre une physionomie alpine des plus âpres. Cependant, comme nous le verrons bientôt, de vastes plaines où les gouttes de pluie, indécises sur le choix de leur route, semblent être en suspens entre deux mers opposées, s’étendent précisément où devraient se rencontrer ces montagnes supposées. Trompé par de telles indications, le militaire calcule sur des obstacles ou sur des points de défense qu’il ne doit point trouver […] » (Bory de Saint-Vincent, 1823, p. 7).
22 Par conséquent, quelle que soit l’échelle, la représentation fidèle du relief est essentielle pour les militaires, comme le précise l’ingénieur militaire A. Allent dans son Essai sur les reconnaissances militaires : « [l’étude de la carte] enseigne aux officiers dans quelles directions, selon que le pays est plat, aquatique ou montueux, doivent se trouver les séries des positions naturelles ; quels genres d’accidents doivent défendre leur accès, peuvent appuyer leurs flancs, rendre leurs derrières plus ou moins sûrs, empêcher ou permettre qu’une armée soit tournée dans ses mouvements ou coupée dans ses retraites » (Allent, 1803, p. 132).
23 En résumé, en fonction de la plus ou moins grande vigueur du relief et selon les autres caractéristiques possibles de son modelé, une reproduction cartographique de qualité permet d’anticiper dans quelles conditions pourront cheminer les troupes et de déterminer les lieux les plus adéquats pour se soustraire à l’observation de l’ennemi ou au contraire, pour positionner des observateurs. De même, la possession d’une telle cartographie facilite le choix des mouvements d’attaque ou de retrait, ou encore réduit l’effet de surprise en repérant par avance les lieux favorables aux embuscades de la guérilla. Au final, nous devons toutefois souligner que, sur le plan de la stratégie militaire, l’exactitude de la représentation cartographique du relief ne fait pas tout : encore faut-il que les militaires, in situ, soient capables de lire une carte. Aussi, la nécessité de faire figurer le relief selon un mode suffisamment clair et expressif est-elle apparue aux tout débuts du xixe siècle. Et c’est en grande partie pour répondre à cet objectif que fut réunie par le général de brigade Sanson, directeur du Dépôt général de la Guerre, la célèbre commission dite du 28 fructidor an XI (15 septembre 1802), regroupant alors « […] les différents services publics [français] intéressés à la perfection de la topographie » (Mémorial, 1831, p. 1).
24 Comme le relève notamment Gilles Palsky, les travaux de cette commission allaient aboutir à poser les préceptes de base d’une science cartographique universelle : « Les réformateurs opposent tout d’abord la clarté à la confusion jetée sur les cartes par une densité trop forte de signes ou de mots ; ils se préoccupent de critiquer l’information en amont de la carte, d’en éliminer l’inutile, le non significatif, les répétitions ; enfin et surtout, ils recommandent l’universalité, ou l’uniformité des échelles et des systèmes de projection, mais surtout des symboles : l’interprétation correcte du message graphique nécessite la référence commune à un code univoque » (Palsky, 1996a, p. 248).
25 La commission recommandait l’abandon de la représentation « en demi-perspective » pour l’utilisation des lignes de plus grande pente pour l’expression du relief, l’usage des courbes de niveau étant réservé « aux besoins spéciaux des divers services » à l’exemple des plans de site et de fortification. Et nous retrouvons bien ces lignes de plus grande pente dans les documents réalisés en Espagne, comme le montre bien ci-dessous l’extrait de cette carte dessinée par l’ingénieur-géographe Lerouge.
Détail du Plan du défilé de Pancorbo (échelle 1 :10 000, signé par Lerouge, réalisé entre mai et juillet 1808).
Detail of Plan du défilé de Pancorbo (scale 1:10 000, marked Lerouge, realized between May and July 1808).
26 Autre point fondamental, la commission préconisait l’application du système décimal, qui dans les faits, n’interviendra que fort progressivement. De même, elle fixait des signes conventionnels, des caractères et normes de typographie, précisait les écritures à introduire sur les plans, dans les légendes et les mémoires descriptifs accompagnant les documents cartographiques, recommandait « les teintes naturelles » ou encore codifiait l’orientation de la lumière, « [située] comme dans les tableaux, à la gauche des spectateurs, c’est-à-dire au nord-ouest, le méridien coupant à angle droit le haut et le bas de la carte » (Mémorial, 1831, p. 26). Aussi la péninsule Ibérique s’avérait-elle un théâtre d’application pour ces différentes recommandations cartographiques mais aussi méthodologiques.
3.2. Le réseau de communication et d’étapes
27 Après l’indication du relief se pose aux militaires français le problème de la représentation du réseau de communication. La cartographie s’y attachant comprend en fait de multiples entrées, dont en premier lieu, la question du temps de cheminement des troupes et des convois de ravitaillement et par là, la définition des étapes. En effet, la progression des troupes est calculée selon le nombre d’étapes séparant une grande ville à une autre. Et, en théorie, à chaque étape, la troupe doit recevoir un gîte et des vivres, ce qui fut loin d’être le cas lors du conflit espagnol. Selon le relief, la qualité de la route, les conditions climatiques et le degré d’urgence donné au cheminement, les troupes à pied napoléoniennes progressaient en moyenne de 20 à 30 kilomètres par jour, et jusqu’à 40 kilomètres lors de marches forcées [21]. La moyenne horaire correspondait à une lieue de poste, soit 3,9 kilomètres, la marche étant rythmée par une pause de cinq minutes toutes les heures, puis par une pause plus conséquente toutes les trois heures, appelée halte des pipes. Signalons que le cheminement se faisait avec des chaussures de qualité plus que médiocre, les troupes marchant par la suite souvent pieds nus. De plus, le fantassin portait un équipement frôlant, voire dépassant, les trente kilogrammes ! Aussi fut-il réalisé des cartes d’étape présentant les temps de parcours entre les grandes villes, à savoir une des toutes premières tâches à laquelle se consacrèrent les ingénieurs-géographes militaires du Bureau topographique d’Espagne. Ainsi, en juin 1808, soit deux mois après leur entrée en Espagne, le capitaine Chabrier signalait à son supérieur, le général Sanson, travailler au tracé d’une carte des postes et étapes de l’Espagne, en commençant par l’axe hautement stratégique représenté par la route de la frontière française à Madrid, via Burgos et Vitoria. Une fois terminée, Chabrier assurait lui-même la livraison de la carte au Dépôt de la Guerre, en octobre 1809. En parallèle, des cartes d’étapes établies cette fois-ci à l’échelle des provinces étaient parfois réalisées par des officiers d’état-major suite à des demandes de leurs supérieurs locaux.
28 En second lieu, la qualité des routes constituait une entrée thématique primordiale : « Les bonnes routes n’étaient pas nombreuses, les cartes ne les indiquaient pas ou mal, les renseignements qu’on avait étaient souvent contradictoires et de date trop ancienne » (Berthaut, 1902, t. II, p. 12). Aussi, les reconnaissances militaires, réalisées tant par les ingénieurs-géographes du Bureau que par les officiers d’État-major devaient-elles alors s’attacher à rapporter, sur les différents types de cartes, des indications aussi variées que le degré de praticabilité de l’axe de communication aux convois d’artillerie, au passage de la cavalerie, de même que la qualité des ponts ou encore l’emplacement précis des principaux gués, etc.
29 Nous retrouvons ce même type d’indications dans les mémoires qui accompagnent parfois les reconnaissances, telle cette description de la route allant de Valladolid à Alba de Tormes par Medina del Campo : « Cette route est très belle en été et par conséquent est bonne pour l’infanterie et la cavalerie. Elle est même par la nature du terrain peut-être la meilleure de toutes celles décrites. Le pays est découvert et presque en plaine. Il y a quelques passages de ruisseaux non difficiles [22]. »
Détail de la carte de la Sierra Morena, par Simondi (échelle 1 : 100 000, 1811).
Detail of the map of the Sierra Morena, by Simondi (scale 1 : 100 000, 1811).
30 Cette activité de reconnaissance des axes de communication, destinée à suppléer la carence en documents cartographiques de qualité relatifs à la représentation de la péninsule Ibérique, se poursuivit durant tout le conflit, rythmant plus particulièrement, et fort dangereusement, la vie des officiers d’état-major mais aussi des ingénieurs-géographes.
3.3. La végétation et les cultures
31 La végétation représente un élément très important à prendre en compte par la cartographie militaire. En premier lieu, elle joue un rôle direct sur la stratégie militaire, pouvant masquer des mouvements de troupes, abriter une guérilla ou encore ralentir la progression des colonnes en marche. Par exemple, le général Sanson, chef du Dépôt de la Guerre, soulignait en 1807 la nécessité de ne pas omettre dans la gravure des nouvelles cartes militaires françaises « […] les bruyères et les broussailles qui rentrent également dans la classe des obstacles » (Berthaut, 1902, t. II, p. 30). De même, par l’utilisation de symboles particuliers, l’indication de la végétation forestière des lieux représentés peut donner une idée précieuse des ressources en bois, nécessaires tant au chauffage qu’à la construction de fortifications de campagne, à l’exemple des blockhaus construits par les troupes napoléoniennes, destinés à contrôler les grandes voies de communication, en particulier en Navarre et Guipúzcoa (Lafon, 2009).
32 Enfin, une attention particulière est prêtée à la localisation et à la nature des cultures. Ici, nous retrouvons les préoccupations liées à l’approvisionnement des troupes, soit un problème particulièrement crucial durant la guerre d’Indépendance d’Espagne. Les armées napoléoniennes vivaient sur le pays par le biais de réquisitions officielles ou encore sauvages, les soldats se servant par eux-mêmes. Aussi ces opérations d’approvisionnement alimentaient-elles bien sûr le mécontentement de la population locale, ce que reconnaissaient alors les militaires français : « Les armées françaises doivent vivre en Espagne ; mais qu’on perde l’idée que les contributions, les réquisitions, les enlèvements par force peuvent conduire à ce but : continuer l’emploi de ces moyens, c’est empirer, s’il est possible, la malheureuse situation des armées et du pays ; c’est être assuré qu’on n’y aura jamais une assise fixe et stable [23]. » La capacité des régions espagnoles à nourrir les troupes d’occupation était très variable, causant par endroits de véritables disettes. Aussi, les reconnaissances militaires s’attachaient-elles à relever dans les comptes rendus les ressources agricoles et à les localiser sur les cartes et croquis.
33 Et c’est logiquement sur les cartes mêmes que l’information relative à la végétation et aux cultures s’avère des plus utiles. Habituellement, nous trouvons dans les documents cartographiques deux types de ressources susceptibles être mentionnés conjointement ou séparément. En premier lieu, les dénominations relatives à la physionomie des formations végétales peuvent être indiquées directement au moyen de mots complets ou bien avec leur abréviation correspondante, par exemple les bois (b.), les taillis (t.), les broussailles (br.). De même, on peut trouver précisées les principales essences composant la végétation forestière (chênes, pins, etc.) tels les principaux types de cultures (v. pour vignes, o. pour oliviers, fr. pour friches). Ce système d’indications s’avéra particulièrement fréquent dans les documents relatifs aux reconnaissances rapides de même que dans les esquisses préparatoires.
Détail de la carte de la Sierra Morena par Sismondi (échelle 1 : 100 000, 1811).
Detail of the map of the Sierra Morena, by Simondi (scale 1 : 100 000, 1811).
34 En second lieu, quand il s’agit de documents cartographiques plus élaborés, l’utilisation d’aplats de couleurs et de dessins plus ou moins figurés, évoquant le type de végétation et leur aspect physionomique, est fréquente. Les couleurs sont généralement celles fixées par le Dépôt de la Guerre et reprises dans les manuels les plus utilisés par les ingénieurs-géographes, comme celui de L. Puissant. Au final, soulignons que, dans quelques cartes, on relève représentés de manière plus ou moins précise le parcellaire et les limites des cultures, ainsi que celles des différentes formations végétales ; à l’opposé, dans d’autres, les mentions relatives à la nature des végétaux et des plantes cultivées ne sont associées à aucune indication portant sur leur extension respective.
4. Les figures de Calmet-Beauvoisin et de Bory de Saint-Vincent
35 D’un point de vue général, et comme nous l’avons déjà précédemment signalé, les travaux réalisés par les officiers d’état-major furent dans l’ensemble d’une qualité inférieure à ceux réalisés par les ingénieurs-géographes. Néanmoins, la personnalité très forte de certains d’entre eux fut à l’origine de quelques exceptions remarquables. Nous ne développerons ici que deux exemples, à savoir Calmet-Beauvoisin et Bory de Saint-Vincent. Ce choix n’a pas été fait au hasard : comme nous le verrons, le premier essaya de valoriser par la suite les relevés cartographiques par lui réalisés à l’occasion du conflit, en cherchant à les publier. Le second ne s’engagea pas dans ce type de démarche ; toutefois, ses travaux sur la représentation du relief de la péninsule Ibérique, de très grande qualité, influencèrent fortement certains géographes, notamment français.
36 Marie-Antoine Calmet-Beauvoisin [24] prit part à la guerre d’Indépendance espagnole comme chef de bataillon du génie. Entre 1808 et 1811, il fut temporairement en charge du Bureau topographique du Portugal, avant d’être incorporé plus tard, entre 1812 et 1814, dans l’armée d’Espagne. En tant qu’officier du corps des ingénieurs du génie, il signa de nombreuses reconnaissances cartographiques et quelques plans de bataille, comme celui de La Corogne.
37 Ces travaux, de qualité inégale, furent plus particulièrement consacrés à la moitié occidentale de la péninsule, et en ce qui concerne plus particulièrement l’Espagne, à la Galice, à la région de Salamanque et à l’Estrémadure ; notons que Calmet-Beauvoisin signa aussi quelques cartes de secteurs proches de la frontière française, levées durant les dernières années de la campagne au gré des mouvements de retraite des troupes napoléoniennes. Toutefois, il nous laisse des cartes égalant la qualité de réalisation de ses confrères ingénieurs-géographes. Et par la suite, une fois mis à la retraite militaire en 1820, il tenta de valoriser ses travaux topographiques de campagne en poussant le projet d’édition d’un atlas de la péninsule Ibérique. En récompense de ses travaux passés durant le conflit napoléonien tant en Espagne que sur d’autres terrains européens (à l’exemple de ses collaborations au plan de la bataille d’Austerlitz ou encore, entre 1814 et 1815, au travail de Dupont sur l’Espagne), Calmet-Beauvoisin obtenait un accès libre aux fonds du Dépôt de la Guerre auquel il avait par ailleurs collaboré entre 1815 et 1817.
38 Son projet, dont l’aboutissement était initialement prévu pour 1824 [25], fut soumis préalablement au gouvernement espagnol qui ne donna pas suite. Il consistait à publier, après appel à souscription, un nouvel atlas général d’Espagne et du Portugal, composé de 63 feuilles à une échelle proche du 1 : 200 000, dont 53 correspondant au territoire péninsulaire et aux îles Baléares. Les feuilles restantes représentaient le sud de la France ainsi que la frange côtière méditerranéenne du Maroc et d’une partie de l’Algérie ; elles s’attachaient aussi à préciser la légende ainsi que le détail des mesures astronomiques sur lesquelles se basait l’atlas. De même, il était prévu plusieurs plans de villes péninsulaires comme Madrid, Lisbonne, Mérida, Oviedo, Gibraltar et Cadix.
39 Enfin, l’atlas devait être accompagné d’une carte de synthèse en 4 feuilles et de deux volumes de texte (trois dans la dernière version du projet) contenant une sélection d’itinéraires descriptifs. Dans les faits, Calmet-Beauvoisin ne répondit par du tout aux espoirs mis en lui par le Dépôt de la Guerre, seules sept feuilles de la carte proprement dite correspondant à la côte occidentale la Galice et du Portugal, ainsi que trois plans de villes, à savoir Madrid, Lisbonne (fig. 4) et de Mérida, ayant été publiés, après un retard considérable.
Plan de Lisbonne, son port, ses rades et ses environs : avec une petite carte routière du Portugal, par Calmet-Beauvosin (Paris, Delarue, édition tardive de 1833).
Map of Lisbon, its port, harbours and surrounding areas : with a small road map of Portugal, by Calmet-Beauvoisin (Paris, Delarue, 1833).
Plan de Lisbonne, son port, ses rades et ses environs : avec une petite carte routière du Portugal, par Calmet-Beauvosin (Paris, Delarue, édition tardive de 1833).
Map of Lisbon, its port, harbours and surrounding areas : with a small road map of Portugal, by Calmet-Beauvoisin (Paris, Delarue, 1833).
40 Il faut de plus préciser que leur qualité était assez décevante, avec un mode de représentation du relief assez classique et suranné, fréquemment rencontré chez les auteurs n’ayant pas suivi une formation d’ingénieur-géographe : les lignes de plus forte pente sont en effet dessinées d’une manière trop rigide, avec des traits trop courts, ce qui, fréquemment, engendre un effet d’écrasement irréel du relief. (fig. 5)
Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas, par Calmet-Beauvoisin (Paris, Impr. A. Malo, 1819-1821). Détail d’une feuille correspondant à une partie de la Galice.
Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas (General map of Spain and Portugal, or the new López jn 63 sheets), by Calmet-Beauvoisin (Paris, Impr. A. Malo, 1819-1821). Detail of sheet nº 2 corresponding to part of Galicia.
Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas, par Calmet-Beauvoisin (Paris, Impr. A. Malo, 1819-1821). Détail d’une feuille correspondant à une partie de la Galice.
Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas (General map of Spain and Portugal, or the new López jn 63 sheets), by Calmet-Beauvoisin (Paris, Impr. A. Malo, 1819-1821). Detail of sheet nº 2 corresponding to part of Galicia.
41 D’ailleurs, confronté au terrain, les cartes de Calmet-Beauvoisin reçurent un accueil très mitigé, à l’exemple de ce témoignage du capitaine d’état-major Delcambe datant de 1828. Ce dernier soulignait que, devant les multiples erreurs de la feuille consacrée à l’Andalousie, il avait été obligé d’y renoncer et d’établir par lui-même le fonds topographique sur lequel il rapporta par la suite ses propres relevés [26]. Aussi, en septembre 1832, le Dépôt signalait-il au ministère de la Guerre sa volonté de désormais limiter sa commande du nouvel atlas à un seul exemplaire, arguant du fait « [que] la carte est mauvaise, que l’auteur manquait des matériaux pour la faire, qu’il n’a même pas su tirer parti de ceux qu’il a pris sous ses yeux au Portugal et que d’ailleurs cette entreprise ne sera jamais conduite à sa fin […] son ouvrage manque d’exactitude et on n’en verra jamais le terme [27] ».
42 Parmi les nombreux officiers d’état-major, à l’exemple de Calmet-Beauvoisin, alors présents dans la péninsule Ibérique, Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (1778-1846) constitue sans nul doute possible la personnalité la plus fameuse. Doté d’un solide bagage scientifique en sciences naturelles et géographie, il se fit remarquer très jeune par la qualité de ses écrits, en publiant en 1804 un ouvrage résultant de ses voyages par les îles de l’océan Indien. Richement illustré de dessins botaniques, panoramiques et cartes diverses, il y démontra déjà ses grandes qualités de dessinateur et cartographe habile et innovateur (Castañón et Quirós, 2004). Durant ses campagnes militaires dans toute l’Europe, Bory consacra une partie considérable de son temps à la cartographie et aux observations scientifiques, notamment relevant de botanique. Après son entrée en Espagne pendant l’automne 1808, il participa d’une façon remarquable aux travaux topographiques, de même, bien sûr, qu’aux opérations proprement militaires. Attaché d’abord au maréchal Ney, il fit durant l’année 1809 des reconnaissances topographiques détaillées en Galice et aux Asturies, régions dans lesquelles il demeura pendant cinq mois.
43 Par la suite, ces travaux topographiques furent d’une grande utilité au colonel Jomini pour dresser une carte de ces régions et, notamment, pour rectifier les cartes de López et Tofiño servant alors de base (Berthaut, 1902, t. II, p. 188-189). Les matériaux qui en résultent seraient d’ailleurs à l’origine d’une carte de Galice, dessinée par le propre Bory, et dont lui-même dit à son ami Dufour qu’elle « sera digne d’être mise à côté de celle de Bourbon » (Lauzun, 1912, p. 3), mais dont nous n’avons vu, jusqu’à présent, que la belle pièce conservée dans les Archives du Service historique de la Défense, qui « devait servir de canevas à une Galice assez soignée, qu’on eut ensuite exécuté en quatre feuilles [28] » (fig. 5). Si l’on tient compte de la perte de quelques matériaux d’importance pour réussir la carte et qui avaient été confiés à « des généraux, chefs d’état-major ou d’autres militaires », nous pouvons penser que cette carte n’a jamais été gravée ou même finie en tant que document manuscrit.
Détail de la carte d’une partie de la Galice, par Bory de Saint-Vincent, 1809.
Map of part of Galicia (detail), by Bory de Saint-Vincent, 1809.
44 Pendant son retour vers Madrid, Bory participa aussi à des reconnaissances dans les provinces de Castilla la Vieja, de l’Estrémadure et le long de la frontière de Portugal. Par la suite, fin 1809, il quitta l’état-major de Ney pour entrer comme aide de camp au service du maréchal Soult, au côté duquel il demeura jusqu’à la fin de la guerre. À son service, Bory poursuivit ses reconnaissances topographiques (autour de Salamanque, en Estrémadure et en Andalousie, principalement) conduisant à la réalisation de plusieurs cartes, à l’exemple de celle consacrée à une partie du cours du Guadalete.
45 Mais l’importance du rôle joué par Bory s’attache surtout aux travaux cartographiques et géographiques réalisés à plus long terme : en plus de sa participation plus ou moins directe à nombre de reconnaissances, il avait réuni à la fin du conflit de nombreux travaux cartographiques réalisés par les militaires français. Par la suite, il occupa un poste au Dépôt de la Guerre de Paris lors de la première Restauration, avant de fuir en exil suite à son ralliement à Napoléon Ier à l’occasion de l’épisode des 100 jours. Mais avant cette disgrâce, il aura eu la possibilité d’élaborer une carte d’ensemble de la péninsule Ibérique dans laquelle il réussit à préciser l’organisation orographique de ce pays, jusqu’alors très mal connue.
5. L’expédition des 100 000 fils de Saint-Louis et les tout premiers temps de la poursuite des travaux cartographiques français (1823)
46 L’importance du travail accompli dans des conditions aussi difficiles, entre 1808 et 1813, tant par le Bureau Topographique de l’armée d’Espagne que par les officiers d’état-major et du génie, provoque le respect. La liste dressée par le colonel Berthaut est véritablement impressionnante, avec 4 pages énumérant des dizaines de cartes et de plans : « Malgré les difficultés […] cette longue période de campagnes de 1808 à 1813 dans la péninsule enrichit les archives topographiques du Dépôt de la Guerre d’une grande quantité d’ouvrages » (Berthaut, 1902, t. II, p. 194). L’inventaire de ces documents conservés par le Service historique de la Défense renferme en effet plusieurs centaines de pièces, pour la plupart méconnues des chercheurs qui s’intéressent à la cartographie napoléonienne. Berthaut souligne toutefois que la plupart des documents produits ne sont que des reconnaissances, « sans lien entre elles, dont on ne pouvait former des ensembles, faute de données géodésiques » (ibid.). Toutefois, ces matériaux cartographiques de la période 1808-1813 furent remobilisés très rapidement par les militaires français, à savoir moins de dix ans après la fin de la guerre napoléonienne, en vue de la préparation de l’envoi d’un corps expéditionnaire en Espagne [29]. Débute alors une seconde période de la géographie militaire française en Espagne, tout aussi passionnante et sur laquelle nous poursuivons nos recherches.
47 En effet, dès février 1823, le Dépôt de la Guerre, sollicité pour fournir des cartes d’Espagne, lançait plusieurs opérations distinctes. En premier lieu, il initiait une synthèse des éléments cartographiques en sa possession afin de réaliser une Carte des routes de l’Espagne à l’échelle 1 : 795 000. Publiée en juillet 1824, on y trouve mentionnés les grandes voies de communication et les gîtes d’étapes, la distance entre ces derniers étant évaluée en heures de marche [30]. Quant à la représentation du relief, elle s’avère des plus vagues. Par la suite, cette première carte des routes fut complétée par la Carte des itinéraires de l’Espagne et du Portugal, en 16 feuilles au 1 : 740 000, produit des reconnaissances entreprises durant l’expédition militaire de 1823 [31]. De meilleure qualité, elle présente toutefois de nombreuses imperfections, relevées par exemple dans cette citation du capitaine d’état-major Delcambe : « Envoyée aux états-majors de l’armée pour les besoins du service, elle renferme, en ce qui concerne le terrain dont j’ai fait la reconnaissance, plusieurs erreurs et omissions très graves qu’il convient de signaler ici […] La position de Zahara et celle de Grazalema sont tout à fait inexactes. Sur la carte, Zahara est plus rapproché que Grazalema, de Ronda : c’est le contraire sur le terrain [32]. » De même, en plus parfois de l’absence relevée de bourgs importants, les routes mentionnées correspondaient dans certains cas aux itinéraires les plus difficiles et de ce fait, peu pratiqués, etc. Aussi ressortit-on le vieil Atlas de López, pas mieux considéré mais toujours recherché, faute de mieux ; ainsi, 4 nouveaux exemplaires complets furent achetés en Espagne durant l’expédition, ainsi que diverses feuilles par la suite annotées et rectifiées sur place puis envoyées au Dépôt de la Guerre pour servir à l’édition de nouvelles cartes françaises. En parallèle, les travaux de constitution de la carte d’Espagne dite de Capitaine, en 13 feuilles, à l’échelle de 400 toises (1 : 345 600), débutés en 1822, étaient accélérés [33]. Enfin, la zone frontalière des Pyrénées donnait lieu à l’élaboration d’un volumineux travail de synthèse faisant le point sur la connaissance tant topographique que statistique (tableau démographique et économique) [34].
48 En second lieu, le Dépôt de la Guerre sollicitait les « anciens d’Espagne » afin de les interroger sur d’éventuels travaux topographiques que ces derniers auraient pu garder. En retour, Bory de Saint-Vincent adressait à ses anciens collègues de nombreux documents inédits, au nombre de 54 (Berthaut, 1902, t. II, p. 448). Le Dépôt de la Guerre s’activait de même pour que lui soient renvoyés les divers éléments cartographiques confiés à Calmet-Beauvoisin pour son projet de création d’un nouvel atlas d’Espagne [35] ; dans faits, ce dernier ne s’y résolut qu’en septembre 1826, après de multiples relances (et menaces) [36].
49 Mais au final, comme le souligne le colonel Berthaut, malgré le grand nombre de plans et de reconnaissances réalisés sous le premier Empire, le corps expéditionnaire français était loin de posséder une cartographie de qualité de la péninsule Ibérique ; d’où les deux grandes décisions suivantes :
- la création d’un service topographique attaché au futur corps expéditionnaire français, à l’exemple de ce qui fut fait lors de la guerre d’Indépendance d’Espagne (1808-1813) ;
- l’obligation faite aux officiers d’état-major et du génie de réaliser selon un modèle unique communiqué préalablement des reconnaissances militaires, accompagnées de la rédaction de mémoires géographiques des zones parcourues.
51 Sur le plan de la géographie militaire, cette expédition des 100 000 fils de Saint-Louis, politiquement déshonorante, permit toutefois aux militaires français de poursuivre les travaux entrepris durant la période napoléonienne, inaugurant une importante période de travaux cartographiques qui se prolongea jusqu’en 1842, soit bien après la campagne militaire proprement (Castañón, Puyo et Quirós, 2008). Dirigé par le colonel de Castres, un nouveau bureau topographique fut installé à Madrid dès l’entrée des troupes françaises dans la capitale espagnole le 23 mai 1823. Un total de 11 ingénieurs-géographes lui fut octroyé, dont deux d’entre eux, Bentabole et Simondi, avaient déjà œuvré dans le Bureau Topographique de l’armée d’Espagne (entre janvier 1809 et juillet 1811).
52 Contrairement à l’épisode napoléonien, le nouveau service topographique de l’expédition disposait d’un atelier de lithographie comportant un dessinateur et deux imprimeurs, ce qui lui permit de distribuer d’une manière beaucoup plus rapide les synthèses réalisées à partir des travaux de 1808-1814 et en particulier, les deux cartes nouvelles mentionnées précédemment, à savoir la carte d’Espagne dite de Capitaine et la Carte d’Itinéraires d’Espagne. De cet épisode de 1823 et de ses suites, découla un nombre considérable de documents militaires conservés de nos jours dans les archives militaires françaises et espagnoles [37]. Il nous faut souligner que ceux-ci portent souvent des annotations manuscrites datant des années 1820 qui corrigent ou ajoutent sur des bases anciennes datant du premier Empire des informations relatives à l’état des voies de communication, au nombre de maisons et d’habitants des pôles urbains, etc.
53 Dans cette même veine, la nécessité de compléter les connaissances alors insuffisantes relatives aux voies de communication espagnoles s’est fait aussi sentir. À ce sujet, le ministre français de la Guerre, désirant que les reconnaissances d’itinéraires puissent se conformer à des normes communes, avait fait distribuer aux officiers d’état-major un canevas réglementaire. En outre, tous les officiers en mobilité au sein du pays pour des missions de tout type étaient incités à rédiger des descriptions géographiques correspondant aux itinéraires suivis.
54 De même, la période de présence des troupes françaises sur le sol espagnol fut pour les jeunes officiers du génie l’occasion de travaux de terrain, dont le résultat, évalué, entrait par la suite en compte dans l’avancement de leur carrière. Ces exercices, associant un rendu cartographique à la rédaction d’un mémoire combinant les éléments stratégiques et les caractéristiques géographiques, répondaient en fait à une commande [38]. Aussi, pour toutes ces raisons, la production de mémoires descriptifs et statistiques fut-elle très nombreuse, comme on peut aujourd’hui le constater en parcourant les archives militaires françaises de cette époque.
55 Au final, en plus du personnel réparti sur une bonne partie du territoire péninsulaire, il faut encore ajouter l’accord conclu avec le gouvernement espagnol par lequel les militaires français pouvaient accéder à toute l’information disponible dans le Dépôt espagnol de la Guerre, en contrepartie de la fourniture de copies des documents cartographiques effectués par eux. C’est la raison par laquelle sont conservés aujourd’hui, dans les archives militaires espagnoles (ACEGCGE et AGMM), des calques et des lithographies de cartes françaises effectuées pendant la guerre d’Indépendance ainsi que durant la campagne de 1823. En parallèle, comme nous l’avons déjà souligné, la présence de nombreux travaux espagnols dans les archives militaires de Vincennes, principalement des mémoires de reconnaissance dont certains partiellement traduits, s’expliquent pour les mêmes raisons [39].
6. Conclusion
56 Nous posons pour hypothèse que ce savoir-faire militaire des Français, en plus d’avoir été appliqué avec succès durant le conflit napoléonien, a constitué aussi une importante source d’inspiration pour les militaires espagnols, notamment à travers l’exercice des itinéraires et la collecte des statistiques géographiques ; ainsi, on retrouve par la suite des documents espagnols datés des années 1815 à 1820 reprenant fidèlement le modèle français. Il en fut de même en ce qui concerne l’utilisation des nouvelles normes cartographiques codifiées par la commission topographique de 1802 (l’introduction des unités décimales, des normes de représentations du relief, de la végétation, des tissus urbains, des voies de communication, etc.).
57 Au rapide conflit contre les libéraux allait succéder une longue période de permanence, sur le territoire espagnol, de troupes françaises d’occupation (jusqu’à 45 000 hommes) et ce, jusqu’en 1828. Elle se caractérisa par une collaboration ouverte entre les deux parties, épisode en cours d’étude par nous-mêmes. Deux faits illustrent pleinement cet « esprit du temps ». En premier lieu, les officiers français d’état-major purent poursuivre ouvertement leurs travaux dans les environs de leurs lieux de cantonnement [40], à savoir les reconnaissances géographiques, alors qu’en parallèle, leurs collègues du génie s’attachaient à lever les places fortes espagnoles. Il en résulte, dans les archives militaires françaises, de nombreux mémoires géographiques et autres plans et mémoires descriptifs consacrés aux fortifications.
58 De même, cette collaboration entre militaires français et espagnols entre 1823 et 1842 eut un impact direct sur les travaux du grand cartographe espagnol Francisco Coello de Portugal y Quesada (1822-1898) : « […] Coello conocía la cartografía ejecutada por los franceses desde 1823 a través de las copias entregadas a nuestro Depósito de la Guerra, y aprovechó la estancia en París para encargar copia de los trabajos anteriores a esa fecha que fuesen de su interés […] En razón de su mayor alcance territorial y de sus cualidades técnicas, la cartografía militar francesa fue para él de especial utilidad [41] » (Castañón, Puyo et Quirós, 2008, p. 125).
59 Au final, il nous faut néanmoins souligner le fait que tout ce matériel topographique et géographique recueilli par les militaires français ne fut hélas jamais synthétisé et bien peu de choses par la suite se virent publiées et mises à la disposition d’un plus large public, via les géographes professionnels. Toutefois, ceci n’est guère surprenant : les travaux et autres documents rapportés au Dépôt de la Guerre demeurant des documents militaires, d’importance stratégique, ils n’étaient pas appelés à être communiqués au plus grand nombre. Et ce constat, nous l’avons réalisé à l’identique à propos de l’Expédition française du Mexique de 1862-1867 (Puyo, 2010). Ainsi, nous pouvons seulement signaler les emprunts fait par Conrad Malte-Brun à Bory de Saint-Vincent dans son Précis de géographie universelle ; Juan Carlos Castañon et Francisco Quirós ont démontré que Bory avait été le premier géographe à détailler de façon précise la physionomie des deux grands plateaux centraux ibériques, la Vieille Castille et la Jeune Castille. Et sur le découpage proposé par l’auteur, basé sur les grands bassins hydrographiques, Malte-Brun superposa une spatialisation plus détaillée destinée « à répondre plus rigoureusement aux questions relatives aux phénomènes que présente la végétation de cette contrée » (Malte-Brun, 1836, t. VII, p. 501), empruntée cette fois-ci à un botaniste danois, Schow.
60 Au final, nous défendons l’idée que ces productions militaires françaises cartographiques et géographiques dédiées à la péninsule Ibérique, certes moins prestigieuses que les réalisations de l’époque napoléonienne consacrées au Piémont, à la Bavière ou la Suisse, méritent pleinement d’être (re)découvertes.
Bibliographie
Bibliographie
Sources archivistiques
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Mots-clés éditeurs : Cartographie militaire française, péninsule Ibérique, Calmet de Beauvoisin, Guerre d’Indépendance espagnole, Expédition des 100 000 fils de Saint-Louis, Bory de Saint Vincent.
Mise en ligne 26/02/2016
https://doi.org/10.3917/ag.707.0074Notes
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[1]
Travail réalisé dans le cadre du projet « La frontera hispano-portuguesa : delimitación territorial y representaciones geográficas (1800-1936). El caso de Galicia-Norte Portugal » (CSO2011-25776), financé par le ministère espagnol de l’Économie et de la Compétitivité.
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[2]
Le compte rendu des travaux de cette commission, réunie du « 28 Fructidor an 10 au 24 Brumaire an 11 » a été publié tardivement en 1831 dans le Mémorial topographique et militaire nº 5 (septembre 1803, pp. 1-140). Sur cette commission et le contexte général de la cartographie militaire française de la période napoléonienne, se reporter aux travaux de Hollander (1988), Bret (1991, 2008), Palsky (1996a, 1996b, 2005), Godlewska (1999), Pansini (2002, 2006, 2012), Blais & Laboulais (2006) ou encore Verdier (2015).
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[3]
Sur les travaux et réalistions des armées napoléoniennes durant ces différentes campagnes, se référer par exemple pour l’Italie aux travaux de Cuccoli (2012), ou encore pour l’Égypte, à ceux de Godlewska (1988).
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[4]
Quoique nous nous consacrions plus particulièrement aux réalisations françaises, il demeure évidemment des plus intéressants, dans une perspective historiographique comparée, de les croiser avec celles des trois autres principaux pays impliqués directement dans ce conflit ibérique, à savoir l’Espagne (ministère de la Défense, 2008), le Portugal (Garcia, 2009, Moreira, 2010) et le Royaume-Uni (Smith, 2013).
-
[5]
En 1678, l’Académie des sciences met au point les méthodes de triangulation devant s’appliquer aux levés de terrain et publie quatre années plus tard une Carte de France corrigée basée sur la détermination, par des procédés astronomiques, des coordonnées en longitude et latitude. En parallèle, cette même institution initie une longue campagne de triangulation générale du royaume, reposant sur le méridien dite de l’Observatoire (astronomique de Paris). Cf., entre autres travaux, l’ouvrage de Monique Pelletier et Henriette Ozanne (1995).
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[6]
Chabrier à Sanson, Madrid, 25 juin 1808. À propos de la cartographie de la péninsule Ibérique disponible au début du xixe siècle, on peut se reporter aux travaux de Canosa et García (2008), plus centrés sur l’Espagne, ainsi qu’à ceux de Branco (2002), Dias et Rossa (2007) ou encore Moreira (2010), dédiés au Portugal.
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[7]
La version la plus complète de cette œuvre, publiée en 28 cartes pour 102 feuilles, en grand format, fut éditée pour la première fois à Madrid en 1804 par les fils de Tomás López, Juan et Tomás Mauricio et par la suite rééditée de nombreuses fois jusqu’au milieu du xixe siècle. Sur cet atlas et plus généralement sur l’œuvre cartographique de Tomás López, se référer aux travaux de Líter et Sanchís (2002) ainsi que de Hernando (2005).
-
[8]
Colonel Vincent, courrier à Sanson, directeur du Dépôt de la Guerre (Paris), Lisbonne, 7 juin 1808.
-
[9]
La bibliographie générale se rapportant à la guerre d’Indépendance espagnole est considérable. Entre autres travaux récents et en langue française, on peut se reporter à l’ouvrage d’Aymes (2003).
-
[10]
Entre 1807 et 1811, les troupes napoléoniennes envahirent trois fois le royaume du Portugal, en vain. Madrid fut occupée à deux reprises – Saragosse connut deux sièges cruels, à l’exemple de Valence, Badajoz ou encore Ciudad Rodrigo – etc.
-
[11]
« Rien de pareil à cela dans les grands États militaires du centre de l’Europe, où les populations se désintéressaient de la guerre, où la bataille gagnée en rang t’ouvrait les portes grandes, où la simple occupation d’une province te donnait en abondance vivres et chevaux, armes et cartouches » (Jolimon, 1946, p. 210). Sur cette question, voir aussi Reynaud, J.-L. (1992).
-
[12]
Maréchal Bessières, courrier au ministre de la Guerre, Vitoria, 8 novembre 1808. 3 M 355 (SHD).
-
[13]
Ainsi, en août 1808, le général Sanson, directeur du Dépôt de la Guerre, demande à Chabrier, le responsable du Bureau topographique de Madrid d’acheter les cartes d’Extrémadure, Cordoue, Grenade, Valence, Murcie et Tolède manquantes (courrier du 3 août 1808, 3 M 355).
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[14]
Courrier de Guilleminot à Sanson, Gironne, 3 juin 1810, 3 M 355 (SHD).
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[15]
Tel ce document signé Marchant, Observations sur l’Espagne, mémoire rédigé « d’après l’ordre de Monseigneur le duc de Feltres, ministre de la guerre », 6 octobre 1813, 20 p. ; 1 M 1341 (SHD).
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[16]
De Sivoyse, intendant de Gironne, Essai sur la Catalogne considérée dans sa Révolution, dans son agriculture, son commerce et son industrie, 30 mars 1812, 30 p. ; 1 M 1341 (SHD).
-
[17]
Marchant, « Observations sur l’Espagne », op. cit.
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[18]
Courrier de Muriel au général Sanson, Paris, le 4 janvier 1809, 3 M 355 (SHD).
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[19]
Courrier du général Sanson à Muriel, Toulouse, 17 janvier 1809, 3 M 355 (SHD).
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[20]
On apprend par exemple dans l’étude de correspondance du Dépôt général consacrée à la péninsule Ibérique que le colonel du génie Vincent, précédemment en poste au Portugal, a transmis au ministère de la Guerre des plans, cartes et mémoires recueillis au Portugal. Aussi Sanson recommande-t-il à son adjoint Muriel de contacter l’officier afin d’obtenir un don de ces documents au Dépôt, ou au pire, l’autorisation d’en faire la copie. Courrier de Sanson à Muriel, 6 mars 1809, 3 M 355 (SHD).
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[21]
Cette moyenne correspond à l’arrêté militaire du 19 août 1800 relatif aux étapes, prévoyant en effet une journée de marche comprise théoriquement entre 30 et 40 kilomètres au plus, soit de 6 à 8 lieues.
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[22]
Yon, chef de bataillon, « Routes dans les provinces du Léon, Palencia, Burgos, Valladolid, Zamora, Avila, Salamanca », non daté, 1 M 1341 (SHD)
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[23]
Marchant, Observations sur l’Espagne, rédigé d’après l’ordre de Monseigneur le duc de Feltres, ministre de la Guerre, 6 octobre 1813, 20 p. (p. 4) ; 1 M 1341 (SHD).
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[24]
1772 – 18 ?, mis en demi solde le 1er octobre 1817 après 25 ans et 6 mois de service au grade de chef de bataillon.
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[25]
« Trois années suffiront à son parfait achèvement ainsi qu’on l’a démontré au gouvernement espagnol, auquel l’auteur avait cru devoir proposer l’acquisition mais qui n’a pas trouvé à propos de l’accepter pour le moment, ce qui l’a déterminé à publier le résultat de ses longues recherches par la voie de la souscription » (Calmet-Beauvoisin, 1821, p. 3). L’atlas connut pour le moins deux autres éditions, toujours incomplètes, intitulées respectivement : Mapa general de España y Portugal, o el nuevo López en 63 hojas…, Paris, Imprimerie Auguste Malo, 1819-1821, et Mapa General de España y Portugal o Nuevo Atlas compuesto en 63 pliegos, Paris, Imprimerie d’Auguste Malo, 1821.
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[26]
« Je n’ai employé, ainsi que cela est prescrit, d’autre instrument que la boussole dans ma reconnaissance. J’ai laissé à Cadix mon baromètre et personne n’en possédant à Ronda, je n’ai pu mesurer moi-même les hauteurs. Je m’en suis rapporté pour celles de Ronda aux cotes données par le colonel Bory de Saint Vincent dans son excellent résumé de la Géographie de l’Espagne et j’ai déduit par comparaison les hauteurs des autres points. » Delcambe, Reconnaissance des routes de Ronda à Algodonales et à Olbera, 17 avril 1828, 156 p. ; 1M348 (SHD).
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[27]
Courrier du directeur du Dépôt de la Guerre (le lieutenant-général baron Pelet) au secrétaire général du ministère de la Guerre, 14 septembre 1832, 3 M 356 (SHD).
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[28]
Notes écrites par Bory sur la marge de la Carte d’une partie de la Galice, dont le manuscrit et le calque sont conservés dans les archives du Service historique de l’Armée de terre, à Paris, avec la cote L.12. B.2 76 (SHD).
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[29]
En 1823, le roi d’Espagne Ferdinand VII, désireux de mettre au pas la Chambre des Députés (les Cortes) qui lui avait imposé la Charte constitutionnelle de 1812 (dite de Cadix), à ses yeux beaucoup trop libérale, fit appel au nom de la « Sainte Alliance » à son cousin Louis XVIII. Le gouvernement français, voyant là l’occasion idéale de réaffirmer le rôle de grande puissance politique et militaire de la France, répondit à son attente en envoyant un corps expéditionnaire de 95 000 hommes, commandé par un neveu du roi, le duc d’Angoulême. Répartie en six corps d’armée placés sous la direction de quelques anciennes figures de l’Empire, cette expédition militaire française entra en Espagne le 7 avril 1823 et traversa le pays sans rencontrer de grande opposition armée. Après un accueil triomphal à Madrid le 24 mai, l’armée française prit la direction de l’Andalousie pour mettre le siège devant Cadix où s’étaient réfugiés les Cortes. La ville capitula le 1er octobre après un peu plus d’un mois de combats associant les forces terrestres et navales françaises. Sur cet épisode de même que sur la période d’occupation qui se prolongea jusqu’en 1828, se référer aux ouvrages suivants : Sánchez (1981), Butrón (1996), Parra (2007) et Gonzálvez (2008).
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[30]
Carte des Routes d’étapes de l’Espagne : Faisant suite à celle des Routes d’Etapes de la France, Dressée au Dépôt Général de la Guerre Par ordre de S.E. Mgr. le Baron de Damas Pair de France, Ministre Secrétaire d’État de la Guerre, Paris, Dépôt Général de la Guerre, Juillet 1824.
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[31]
Carte-Itinéraire de l’Espagne et du Portugal, dressée par ordre de S.E.M. le Maréchal Duc de Belleune Ministre de la Guerre, sous la direction de M. le Lieutenant Général Comte Guilleminot, Directeur Général du Dépôt de la Guerre ; gravée par Richard Wahl, ancien élève du Dépôt de la Guerre, Paris, Dépôt de la Guerre, 1825.
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[32]
Delcambe, Reconnaissance des routes de Ronda à Algodonales et à Olbera, 17 avril 1828, 156 p. ; 1 M 348 (SHD).
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[33]
Carte du nord-est de l’Espagne, 13 feuilles, faisant suite à la Carte de France du même nom. Cette carte est limitée au sud par le parallèle passant par Valence et à l’ouest, par le méridien de Valladolid.
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[34]
Chefs de bataillon Goffroy, Saint Yon et Varaigne, Mémoire descriptif et statistique sur les Pyrénées, 2 mémoires manuscrits « volumineux », tel le tome1 consacré à la zone allant des Pyrénées Orientales aux Pyrénées Centrales : 90 pages dont 10 pages d’annexes consacrées aux travaux cartographiques déjà réalisés sur l’Espagne et le versant français, renfermant 52 notices commentées ; 1M1343 (SHD).
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[35]
« Nous aurions besoin pour l’instant de la carte générale du chemin projeté depuis la Corogne jusqu’à Astorga, qui vous a été communiquée le 4 juin dernier et de plus, des itinéraires et calques des routes militaires de la Catalogne, de l’itinéraire des routes d’Aragon, du calque de l’itinéraire militaire de commanderie d’Aragon avec l’itinéraire de cette province. Tous ces objets vous ont été communiqués le 15 mars dernier par M. de Laborde ». Courrier du colonel Jacotin, du Dépôt de la Guerre, à Calmet-Beauvoisin, Paris, 18 juin 1824, 3 M 356 (SHD).
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[36]
« Si vous en pouvez rien me communiquer, avouez-le moi franchement afin que j’en prenne mon parti. » Courrier de Jacotin à Calmet de Beauvoisin, Paris, 26 août 1826, 3 M 356 (SHD).
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[37]
Fonds 1 M 343 à 1 M 348 (SHD). Les fonds archivistiques espagnols relatifs à cet épisode se partagent entre el Archivo General Militar de Madrid (AGMM), el Archivo Cartográfico y de Estudios Geográficos del Centro Geográfico del Ejército (ACEGCGE, Madrid). De même, la Biblioteca Nacional de España renferme de nombreux documents cartographiques.
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[38]
Tel l’exemple suivant, datant de décembre 1824 : « Vous supposerez qu’un général se retirant avec un corps de troupe sur Saint-Sébastien, envoie à l’avance un de ses officiers pour reconnaître les positions qui offrent les moyens d’arrêter l’ennemi sans autres ouvrages d’art que ceux qu’on peut construire en 24 heures. Votre mémoire indiquera d’une manière approximative le nombre et l’espèce des troupes et des ouvrages jugés nécessaires, tandis que le dessin les représentera par bataillon, escadron de batterie, et qu’il exprimera le tracé des ouvrages ». Pour ce, l’exercice comprendra la réalisation d’un levé à vue, à l’échelle 1 : 20 000 accompagné par « des tableaux et modèles approuvés par le ministère ». Lettre de commande, signée Ch. Barbarin, colonel de l’État-major de la division du Haut Ebre, adressée au lieutenant Michaud, 14 décembre 1824, 1 M 345 (SHD).
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[39]
Comme cette traduction d’un tableau d’itinéraires et de routes militaires de « première classe », concernant les provinces de Valence et de Murcie, élaboré par don Francisco Xaramillo, du corps royal espagnol des ingénieurs, daté du 31 août 1821, 1 M 343 (SHD). L’original de ce travail, écrit en langue espagnole, est conservé dans les fonds de l’ ACEGCGE (côte C-26, nº 9).
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[40]
À savoir Madrid, Cadix, La Corogne, Badajoz, Carthagène, Vitoria, ainsi que les principales places fortes de la côte Cantabrique et de la zone frontalière pyrénéenne : Pays Basque, Navarre (dont Pampelune), Aragon et Catalogne. Se référer à Parra (2007, p. 297-298).
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[41]
« Coello connaissait la cartographie réalisée par les Français depuis 1823, à travers les copies remises à notre Dépôt de la Guerre ; et il profita d’un séjour à Paris pour copier les travaux antérieurs à cette date qui lui parurent d’intérêt […] En raison de leur meilleure portée territoriale et de leurs qualités techniques, la cartographie française fut pour lui de la plus grande utilité. »