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Article de revue

Une lecture géopolitique du système olympique

Olympic system : toward a geopolitical approach

Pages 425 à 448

Notes

  • [1]
    Citation extraite d’un article d’Arnaud (P.), 1999, « Sport et relations internationales, la nouvelle donne géopolitique 1919-1939 », Géopolitique, n° 66, p 15-24.
  • [2]
    Cette expression a été utilisée après le rapprochement opéré entre les États-Unis et la Chine suite à la visite de Nixon qui avait été précédée par une rencontre sportive entre pongistes chinois et américains.
  • [3]
    Lacoste Y., 1993, Dictionnaire de géopolitique, Flammarion.
  • [4]
    Charte olympique version 2007 – La charte olympique est un document rédigé et amendé par le CIO qui contient les règles définissant le fonctionnement du Mouvement olympique.
  • [5]
    « Toute personne ou organisation appartenant à un titre quelconque au Mouvement olympique est soumise aux dispositions de la Charte et doit se conformer aux décisions du CIO » (règle 1.2).
  • [6]
    2,6 milliards de dollars pour la période 2005-2008 en ne prenant en compte que les droits télévisés et le sponsoring.
  • [7]
    La décision de pouvoir exclure un sport a été prise à la 117e session de Singapour en 2005 et le softball et le baseball ne sont plus dans le programme olympique à partir de Londres 2012.
  • [8]
    AIOWF : Association of International Olympic Winter Sports Federations ; ASOIF : Association of Summer Olympic International Federation.
  • [9]
    Crise qui a révélé l’achat de certaines voix pour l’attribution des Jeux d’hiver à Salt Lake City.
  • [10]
    Charte olympique, (règle 28.6) version 2007
  • [11]
    Charte olympique (règle 6.1) version 2007
  • [12]
    CIO, Le Mouvement olympique, Lausanne, 2001.
  • [13]
    Président du CIO de 1952 à 1972.
  • [14]
    Président du CIO de 1972 à 1980.
  • [15]
    Président du CIO de 1980 à 2001
  • [16]
    CIO, Commission du programme olympique, Révision du programme olympique et recommandations concernant le programme des Jeux de la XXIXe olympiade en 2008 à Beijing, rapport du président de la commission du programme olympique à la Commission exécutive, 2002.
  • [17]
    CIO, Le Mouvement olympique, Lausanne, 2001.
  • [18]
    Suite à une plainte au civil, le Tribunal fédéral suisse a reconnu au TAS la qualité de véritable tribunal arbitral mais a relevé les nombreux liens existant entre le TAS et le CIO ce qui nuisait à l’indépendance du tribunal d’où la réforme des statuts de 1994.
  • [19]
    Commission des communautés européennes, 2007, Livre blanc du sport.
  • [20]
    Dans un premier temps, seul le Conseil de l’Europe tente de s’attaquer au dopage. En 1966 il adopte une résolution contre le dopage, en 1978, il formule une recommandation antidopage, en 1984, il adopte une charte antidopage sur la base du travail de la commission médicale du CIO. En 1988, une charte internationale contre le dopage est élaborée et soutenue par l’UNESCO. En 1989, le Conseil de l’Europe transforme sa charte en convention qui a valeur de traité et qui vise à promouvoir la lutte contre le dopage. Les États par ailleurs reprochent aux instances sportives leur manquement (exemple au Canada suite à l’affaire Ben Johnson).
  • [21]
    Article 4-1 du statut de l’AMA, 1999
  • [22]
    http://www.wada-ama.org/fr/dynamic.ch2 ?pageCategory.id=484
  • [23]
    Chappelet J.-L., 2002, L’agence mondiale antidopage, Relations internationales, n° 111, p 381-401.
  • [24]
    Extrait de Morath P., 2000, Le CIO à Lausanne, 1939-1999, Cabédita, 315 p.
  • [25]
    Extrait d’une lettre adressée le 18 mars 1980 au directeur par l’avocat Carrard, extrait de Morath P. (ibid.)
  • [26]
    Charte olympique version de 1974
  • [27]
    Mbaye K., 1995, Le Comité international olympique et l’Afrique du Sud – Analyse et illustration d’une politique sportive humaniste, CIO, Lausanne.
  • [28]
    Arrêté du Conseil fédéral du 8 juillet 1981.
  • [29]
    Charte olympique, (règle 15.1) version 2007.
  • [30]
    Latty F., 2001, « Le CIO et le droit international », Perspectives internationales, n° 21.
  • [31]
    Le contexte des relations européennes est en train de se tendre à cette époque et les Balkans sont devenus un enjeu dans les systèmes d’alliances qui se forment (Italie, France, Russie d’une part et Autriche-Hongrie-Allemagne d’autre part). L’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 a pour but d’intimider la Serbie et en 1912, quelques mois après les Jeux, la première guerre des Balkans débute...
  • [32]
    Citation extraite de Mayer O., 1960, A travers les anneaux olympiques, Cailler, Genève p. 63.
  • [33]
    Les traités de Versailles, de Saint-Germain et de Trianon remodèlent l’Europe centrale et orientale.
  • [34]
    Mayer O., 1960, A travers les anneaux olympiques, Cailler, Genève p. 321.
  • [35]
    Peacock S., 2008, Géographie sportive : over 100 years of charting the globe’s territorial disputes with the olympic formula, Proceedings : International Symposium for Olympic Research.
  • [36]
    Charte olympique, (règle 31.1) version 2007.
  • [37]
    Smouts M.C., Battistella D., Vennesson P., Dictionnaire des relations internationales, Dalloz.
  • [38]
    Chappelet J.-L., 1992, Le système olympique, PUG.
  • [39]
    Maliesky D., 1992, De Coubertin à Samaranch : la diplomatie du CIO, Pouvoirs, n° 61.
  • [40]
    « Les États prendront les mesures nécessaires pour empêcher la participation à des manifestations sportives sur leur territoire de personnes ou de groupes représentant la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) », Résolution 757, 30 mai 1992.
  • [41]
    Résolution 48/11 du 25 octobre 1993.
  • [42]
    Collomb P., 1992, « Sport et État », Pouvoirs, n° 61
  • [43]
    Gounot A., 1994, « Sport réformiste ou sport révolutionnaire ? Les débuts des internationales sportives ouvrières », in P. Arnaud, Les origines du sport ouvrier en Europe, l’Harmattan.
  • [44]
    Visite en septembre 2008 du président turc Abdullah Gül en Arménie, lors de la rencontre Arménie – Turquie qualificative pour la Coupe du Monde 2010, qui relance des relations diplomatiques suspendues depuis 1993. En septembre 2009, les deux pays ont décidé de rétablir leurs relations diplomatiques.
  • [45]
    J.S. Nye, Jr., 2004, Soft Power : The Means to Success in World Politics, 208 p.
  • [46]
    Le CIO classe les pays en fonction du nombre de médailles d’or et non pas en fonction du total de médailles. La Chine, ayant obtenu 51 médailles d’or sur 100 médailles, est ainsi classée devant les États-Unis qui obtiennent 36 médailles d’or sur 110 médailles au total. Certains médias américains plaçaient toutefois les États-Unis premiers...
  • [47]
    Tiré du Journal du dimanche, Paris, 15 février 2004, M. Al-Mulla, directeur de la communication du Qatar.
  • [48]
    Les Chinois ont présenté la sortie dans l’espace de leur Taïkonaute (qui s’est faite trois semaines après les Jeux), les Russes avaient établi une communication entre des cosmonautes en orbite et le stade, et les Américains avaient présenté un homme équipé d’un système de propulsion utilisé par les cosmonautes lors de leur sortie dans l’espace.
  • [49]
    Décision de la commission exécutive réunie à Denver en mars 2009.

Introduction

1 « L’idée olympique de l’ère moderne symbolise une guerre mondiale, qui ne montre pas son caractère militaire ouvertement, mais qui donne – à ceux qui savent lire les statistiques sportives – un aperçu suffisant de la hiérarchie des nations [1]... » Cette citation, extraite d’un journal sportif allemand de 1913, montre que l’olympisme a été très rapidement intégré dans le jeu des relations internationales. Que ce soit les régimes fascistes ou les démocraties, les États ont très vite compris l’utilisation qui pouvait être faite du sport, celui-ci symbolisant une lutte entre des athlètes représentant la nation. La victoire d’un athlète ou d’une équipe devient la victoire du pays, il suffit de se rappeler les manifestations spontanées de joie après la Coupe du Monde de 1998... La lutte sportive est donc un support facilement utilisable pour les États et ce à moindre prix : la « diplomatie du ping-pong [2] » est encore régulièrement utilisée comme un substitut ou un préliminaire à des relations diplomatiques. Cette utilisation du sport par les États a été rapidement comprise par les instances internationales du sport qui ont essayé de s’y soustraire au travers d’un apolitisme et d’un universalisme qu’ils ont professé plus ou moins fortement suivant les périodes. Toutefois, le Comité international olympique (CIO) et les fédérations internationales (FI) ne sont pas non plus exempts de tout reproche dans l’utilisation du sport. Au travers de certaines initiatives, comme la trêve olympique, le défilé des deux Corées..., elles ont développé des opérations de relations internationales à leur profit afin de fortifier leur position. Le CIO, qui se veut le gouvernement mondial du sport, entretient ainsi une véritable diplomatie vis-à-vis des États et de l’ONU afin de préserver sa position.

2 À partir des années quatre-vingt, les acteurs économiques, financeurs du sport, constituent la dernière catégorie d’acteurs qui s’immiscent dans le sport. L’argent, qu’ils ont injecté, a provoqué une bifurcation dans le système sportif signant l’arrêt de mort de l’amateurisme et d’une bonne partie des valeurs associées au sport. Cet argent a permis un développement considérable du sport mais l’a obligé à modifier son format pour le rendre plus « télégénique » et a favorisé sa diffusion dans le monde à la recherche d’une nouvelle clientèle.

3 Le sport est donc un phénomène social instrumentalisé par des acteurs qui établissent des stratégies pour en prendre le contrôle ou s’en servir. Ce constat nous amène alors tout naturellement à l’analyse géopolitique au sens de Lacoste : « Étude des rivalités de pouvoir et rapports de forces qui font l’objet de représentations contradictoires et qui s’expriment sur des territoires et sur les hommes qui s’y trouvent [3]. » Dans cet article, la démarche s’applique au système olympique en explorant plus particulièrement la dimension liée aux relations internationales. La première partie a pour but de décrire les principaux acteurs du système olympique et les enjeux. La partie suivante revient sur l’insertion du CIO dans les relations internationales. Dans un troisième temps, le rôle des États est examiné non dans une perspective historique traditionnelle mais au travers des concepts de reconnaissance, de puissance et de réécriture de l’histoire.

1   Les acteurs du système olympique

4 L’analyse des acteurs du système olympique doit s’inscrire dans deux temporalités. Un temps long, dans lequel s’insèrent les principales institutions sportives, piliers du mouvement sportif (CIO, FI, comité nationaux olympiques – CNO), et un temps court qui revient tous les quatre ans, celui de la célébration des Jeux où ces acteurs sont présents mais où d’autres partenaires jouent aussi leur partition. C’est lors de cette brève période qu’on peut avoir une lecture géopolitique du sport, son exposition médiatique en faisant une scène unique.

5 Il s’agit donc ici de traiter des relations entre les acteurs en différenciant ceux, constitutifs du système, de ceux qui ne sont présents que pour la période des Jeux.

1.1  Les trois piliers constitutifs du système olympique

6 Créé en 1894, le CIO n’a eu de cesse au cours de son histoire de contrôler le mouvement sportif international qu’il a fortement contribué à développer. En effet, le sport lui doit beaucoup sur le plan des idées avec la contribution prolifique de Coubertin mais aussi sur le plan organisationnel puisque le CIO a su dresser les bases d’une organisation sportive internationale non gouvernementale. Parti le premier, créateur des Jeux, il s’est autoproclamé « autorité suprême du Mouvement olympique [4] » et s’est attribué tous les pouvoirs [5]. Son emprise est totale puisqu’il décide de l’entrée (reconnaissance) ou de l’exclusion (règle 3.1 à 6) des deux autres piliers du Mouvement que sont les CNO et les FI. Son pouvoir est énorme dans le monde sportif puisqu’il accorde l’accès aux Jeux olympiques, manifestation qui est sa propriété exclusive, et qui génère des sommes d’argent considérables depuis les années 1980. Sa puissance financière s’est développée grâce aux droits télévisés et au sponsoring de multinationales [6] et lui permet de financer les FI et les CNO au travers de redistributions conséquentes de ses bénéfices. Dernières prérogatives non négligeables, le CIO désigne la ville hôte au travers d’une élection (règle 34) et établit le programme des Jeux (règle 46.3) : la présence à la fête est donc totalement entre ses mains.

Fig. 1

Les principales relations entre les acteurs du système olympique. The principal relations between the actors of the Olympic system.

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Les principales relations entre les acteurs du système olympique. The principal relations between the actors of the Olympic system.

7 Cette position n’est pas réellement menacée dans le monde sportif à l’heure actuelle et le seul véritable problème pour le CIO est de gérer une contradiction éthique : Comment maintenir un discours sur les vertus du sport, sur une philosophie de la vie et gérer une marque mondiale comme une multinationale ? L’organisation du CIO est très proche de celle de Nike notamment dans son business model : ils possèdent une marque, en réalisent la promotion et adaptent le(s) produit(s) mais sous-traitent la production et la distribution. Ainsi, le CIO sous traite l’organisation des Jeux tous les quatre ans à une ville et aux FI...

8 Deuxième composante du mouvement olympique, les FI présentent une dépendance plus ou moins affirmée vis-à-vis du CIO. Certaines ont développé leur autonomie financière grâce à la création et à la commercialisation de leur propre spectacle sportif (le football avec la Coupe du Monde, le tennis avec le circuit ATP ou le golf avec les circuits pro). D’autres en revanche, comme celles du pentathlon moderne ou de l’escrime pâtiraient énormément de leur absence aux Jeux qui sont leur première source de financement. D’ailleurs, l’évolution radicale du format de compétition du pentathlon moderne pour les Jeux de Londres traduit la position de faiblesse de ces fédérations : la possibilité récente de pouvoir écarter un sport des Jeux [7] leur a mis la pression afin qu’elles « rajeunissent » leur sport et qu’elles les rendent plus télégéniques... Dans les années quatre-vingt, ces FI se sont rassemblées (AIOWF et ASOIF [8]) afin de présenter un front plus uni face au CIO dans certaines négociations et elles ont profité de la crise suite au scandale de Salt Lake City [9] pour obtenir une meilleure représentation dans la session (« parlement ») du CIO. Toutefois, l’évolution de la localisation des sièges sociaux des FI est révélatrice de la puissance d’attraction du CIO. Seize FI se sont implantées à Lausanne dans la Maison du sport international (financée par le CIO, la ville de Lausanne et le canton de Vaud), signe incontestable de la polarisation du sport international par le CIO.

9 Dernier pilier du système olympique, les CNO sont les représentants du CIO dans chaque pays (et pas l’inverse) et lui assurent le quadrillage du monde. Les CNO sont chargés de développer le mouvement olympique en diffusant son idéal. Dans l’organisation imposée par le CIO, ils choisissent la ville candidate à l’organisation des Jeux dans leur pays (s’il y a plusieurs candidatures) et sont les seuls habilités à composer la délégation des athlètes allant aux Jeux.

Fig. 2

Relations entre les trois piliers du mouvement olympique. The relations between the three leading elements of the Olympic movement.

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Relations entre les trois piliers du mouvement olympique. The relations between the three leading elements of the Olympic movement.

10 Les CNO, bien que dépendants du CIO pour leur reconnaissance, sont les partenaires les moins contrôlables car ils dépendent en grande partie de leur État. Le CIO recommande aux CNO de « préserver leur autonomie et résister à toutes les pressions, y compris, mais sans s’y restreindre, les pressions politiques, juridiques, religieuses ou économiques qui pourraient les empêcher de se conformer à la Charte olympique [10] ». Mais ces structures ont bien du mal à se conformer à ce vœu car même si le CIO essaie de financer les CNO les plus pauvres (redistribution via Solidarité olympique) il ne peut leur garantir des revenus suffisants. De plus, le sport étant un enjeu politique, un certain nombre de CNO ont à leur tête des représentants d’État quand ils ne sont pas complètement intégrés à celui-ci comme ce fut le cas pour les pays de l’Est. Les CNO ont ainsi été instrumentalisés comme l’ont bien montré les boycotts des Jeux. Même si le CIO tente de défendre l’indépendance des CNO (exemple de la suspension du CNO du Koweït en 2010 pour ingérence de l’État), l’usage dans le cérémonial olympique des attributs nationaux (défilé d’ouverture par délégations rangées derrière leur drapeau, remise des médailles avec le drapeau du pays et son hymne, tour de piste de l’athlète vainqueur brandissant le drapeau national) en fait une vitrine où s’expriment le patriotisme et le nationalisme, contredisant la Charte olympique : « Les Jeux Olympiques sont des compétitions entre athlètes, en épreuves individuelles ou par équipes et non entre pays [11]. »

11 La reconnaissance des CNO permet au CIO de traduire spatialement la diffusion de son idéal et de montrer qu’en 2011 aucun État n’est en dehors de l’Olympisme : la planète est conquise.

1.2 L’affirmation de la sphère économique, une bifurcation du système olympique

12 Les acteurs du monde économique n’appartiennent pas au Mouvement olympique. Ils sont en dehors du monde sportif mais sont devenus indispensables à la réalisation de la fête. Comme l’explique R.W. Pound : « Enlevez le parrainage et la commercialisation au sport d’aujourd’hui et que reste-t-il ? Un moteur imposant, complexe et bien rôdé, âgé de 100 ans - mais sans carburant [12] » Sous l’ère Brundage [13], le CIO reste campé sur ses positions à propos de l’amateurisme : « Sport must be amateur or it is not sport. Sports played professionally are entertainment. » Mais dès les années soixante-dix, Lord Killanin [14] puis surtout A. Samaranch [15] vont trancher en faveur de la marchandisation des Jeux et donc de l’entrée des sportifs professionnels, apportant au CIO une aisance financière renforçant son pouvoir et sa capacité à se globaliser. Deux grands types de partenaires coexistent. D’un côté, les médias avec comme principal interlocuteur la télévision. Ils sont les pourvoyeurs les plus généreux du financement olympique. Le nombre de chaînes télévisées se développant au cours des années quatre-vingt, la concurrence pour obtenir l’exclusivité de la retransmission s’est accentuée et les prix se sont envolés. De l’autre, des multinationales qui associent leur image à l’événement au travers du programme de sponsoring TOP (The Olympic Partners) lancé en 1985 sous l’impulsion de Samaranch.

13 Pour les Jeux, la télévision apporte à la fois l’argent et la visibilité. Les droits télévisés, abondés principalement par les chaînes américaines, représentent toujours la majorité des revenus du CIO, même si celui-ci a bien rééquilibré ses recettes avec le programme TOP. On peut affirmer que la télévision a renforcé la manifestation et lui a donné ses lettres de noblesse. Les Jeux de Pékin ont confirmé le succès avec 220 pays ou territoires couverts. Il ne faut donc pas s’étonner du poids de ce partenaire dans les négociations. Le format des compétitions doit ainsi évoluer pour être plus télégénique. Au tennis de table, il a fallu augmenter le diamètre de la balle afin de rendre le spectacle plus lisible et changer le nombre de points dans un set pour apporter une tension supplémentaire. Pour Pékin, les nageurs ont dû se présenter en finales à 9 heures du matin (ce qui est une hérésie biologique), heure locale, pour qu’elles soient retransmises en prime-time aux États-Unis. Son influence sur la compétition ne s’arrête pas là. La désignation de la ville hôte offre l’opportunité de « pénétrer » un nouveau marché. Celle de Pékin ouvrait aux sponsors l’accès à un fabuleux marché... Enfin, les médias influent même sur le programme sportif des Jeux puisque le paramètre télégénique devient l’un des critères les plus importants pour l’introduction d’un sport comme l’a indiqué très clairement la commission du programme olympique. Dans son rapport d’août 2002 [16], on peut relever parmi plusieurs principes clés la considération suivante : « L’intérêt manifesté par le public et les médias pour un sport doit être considéré comme un facteur clé lors de l’analyse des sports, car il s’agit d’un élément essentiel au succès des Jeux. »

14 Pour le moment, et grâce à l’apport financier considérable des médias, les Jeux restent la dernière enceinte sportive où les publicités ne sont pas présentes et où des restrictions de dimensions des publicités sont imposées sur les tenues des athlètes. Toutefois, nous sommes bien loin du concept des fondateurs. L’exploitation de l’image des Jeux est devenue avant tout un enjeu commercial au-delà de la rhétorique sur les valeurs olympiques : « Les études de marchés révèlent qu’une association avec le Mouvement olympique rehausse l’image et le prestige des sociétés partenaires des Jeux dans l’esprit des consommateurs [17]. »

Fig. 3

Les principaux flux d’argent entre les acteurs du système olympique. The main money flows between the different actors of the Olympic system.

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Les principaux flux d’argent entre les acteurs du système olympique. The main money flows between the different actors of the Olympic system.

1.3  La montée de la sphère juridique, conséquence inévitable de l’entrée de l’argent

15 Parmi les diverses institutions à la périphérie du CIO, le Tribunal arbitral du sport (TAS) et l’Agence mondiale antidopage (AMA) jouent un rôle grandissant. Leur apparition n’a pas été fortuite mais traduit l’évolution du monde sportif.

16 Le TAS, créé en 1983 à l’initiative du président du CIO, a pour but de développer une juridiction internationale du sport et de résoudre les conflits en évitant l’intrusion des juges civils. Avec la montée des enjeux financiers et l’absence de cadres de référence mondiaux, le monde sportif n’est plus à l’abri de débats complexes. Des athlètes se sont retournés vers la justice de leur pays contre des décisions du Mouvement sportif, d’autres ont attaqué les institutions représentatives du Mouvement olympique pour une non-sélection aux Jeux... Pour enrayer ces dérives, il fallait au mouvement une institution qui puisse servir de référence et initier des procédures applicables de manière universelle. Depuis 1994, le TAS est indépendant du CIO [18], qui le finançait complètement jusque-là, et la Convention de Paris reconnaît le Conseil International de l’Arbitrage en matière de Sport (CIAS). Il est à l’origine de la publication du code de l’arbitrage en matière de sport. Composé d’experts en droit du sport, ses décisions sont équivalentes à des jugements de tribunaux ordinaires. Le CIO a incité les FI et les CNO à désigner le TAS comme la dernière instance de recours des divers jurys et commissions de discipline ce qui implique que les athlètes renoncent à faire appel aux tribunaux ordinaires. Il y a donc clairement une justice sportive qui cohabite avec la justice traditionnelle et qui permet au mouvement sportif de conserver une forme d’indépendance. Lors de l’affaire Bosman, l’Union Européenne a considéré que le sport ne pouvait pas continuer à vivre « en dehors » de la société notamment vu les sommes en jeu [19] : « Le droit de la concurrence et les dispositions relatives au marché intérieur s’appliquent au sport dans la mesure où il constitue une activité économique. » Rappelons que le Mouvement sportif milite toujours pour conserver un statut spécifique.

17 La montée du dopage a amené le CIO à créer une commission médicale dès 1960 et des contrôles antidopages dès 1968 mais son action se limite à la quinzaine olympique et se heurte au dopage d’État. Peu d’initiatives internationales apparaissent [20], jusqu’au scandale de l’affaire Festina en 1998 où la justice française intervient et met en lumière la gravité de la situation. Une réaction des autorités du sport s’imposait. Suite à ce nouveau scandale, l’AMA apparaît toujours sous l’impulsion du CIO (création en 1999 et premier impact en 2004) et a pour vocation de « promouvoir, coordonner et superviser au plan international la lutte contre le dopage sous toutes ses formes [21] ». Au-delà de cet article d’intention, l’AMA a établi un code antidopage qui propose une liste commune des produits dopants adoptée par le CIO, les FI et les CNO et qui est révisée chaque année et même en cours d’année. En 2007, la Convention internationale de l’UNESCO contre le dopage dans le sport a été ratifiée et permet d’aligner les législations nationales avec le Code et d’obtenir ainsi une harmonisation entre les législations sportives et publiques. En janvier 2011, 154 pays ont ratifié cette convention [22].

18 Plus récemment, l’AMA a insisté pour développer les contrôles hors compétition afin de repérer certains produits indétectables pendant les compétitions et oblige ainsi depuis 2009 certains athlètes à fournir une plage horaire quotidienne d’une heure durant laquelle ils peuvent être localisés à un endroit précis afin de subir un contrôle.

19 Pour la première fois, le Mouvement sportif donne à une institution internationale les pleins pouvoirs pour lutter contre le dopage [23]. Le conseil de fondation est composé à parité de membres désignés par le monde sportif et par des organisations intergouvernementales, gouvernements, collectivités publiques ou d’autres organismes publics se consacrant à la lutte contre le dopage dans le sport. Le financement de l’agence est assuré par le CIO et des fonds versés par les autorités publiques à part égale.

20 Cette agence a donc un rôle primordial à jouer pour défendre la santé des athlètes et l’éthique tant revendiquée par le Mouvement sportif. Elle pourra dans le même temps garantir les efforts du monde sportif pour des Jeux propres mais n’est-ce pas aussi l’intérêt bien compris du marketing sportif ? On l’a vu pour le Tour de France où le scandale du dopage a tellement terni son image que la télévision publique allemande a refusé de continuer à retransmettre l’épreuve. Le CIO trouverait-il toujours autant de sponsors prêts à associer leur image avec des Jeux trop fréquemment entachés par le dopage ?

1.4  Le sport, un outil de communication politique

21 Les premières utilisations du sport comme outil de communication politique remontent au début du XXe et ce sont les États qui ont compris très rapidement tout l’intérêt qu’ils pouvaient en tirer. Aux Jeux de 1908, la Finlande, intégrée à l’époque à la Russie, est apparue sous ses propres couleurs montrant la voie aux revendications identitaires. Au cours du XXe siècle, l’utilisation du sport comme canal de communication sur l’identité nationale sera constante sous des formes mineures (reconnaissance par le CIO d’un État) ou plus agressives. Ensuite, très rapidement l’association est faite dans l’inconscient collectif entre sportifs vainqueurs et puissance du pays. Ainsi, Français et Anglais refusent de réintégrer les sportifs allemands aux Jeux de 1920 de peur qu’ils ne soient meilleurs qu’eux et qu’ils présentent une image de vainqueurs alors que 4 ans de guerre viennent de s’achever. Puis un pas supplémentaire est franchi avec les régimes italien et allemand qui prolongent l’association non plus avec le pays mais avec le régime politique : un « bon » régime politique produit des athlètes exceptionnels. Cette légitimation du régime à l’intérieur du pays est aussi utilisée vis-à-vis de l’extérieur et devient un élément important de la création d’une image de la nation. Les régimes communistes ne font que reprendre et améliorer lors de la guerre froide, ce qu’ils dénonçaient auparavant, les démocraties emboîtant le pas. À la fin de cet épisode et pendant deux décennies on a pu penser que l’économie avait triomphé dans le sport et que les États l’utilisaient beaucoup moins mais les Jeux de Pékin ont montré que la tentation reste sous-jacente.

22 D’autres acteurs ont tenté d’utiliser les Jeux à des fins de communications. En premier lieu, les minorités que ce soit les Afro-Américains aux Jeux de Mexico avec Smith et Carlos ou les Tibétains pour les Jeux de Pékin. Ensuite, les mouvements terroristes au travers de l’attentat de Munich. Enfin plus récemment, certaines ONG utilisent les Jeux pour exercer des pressions et notamment Greenpeace sur le versant écologique et Reporters sans frontières lors des Jeux de Pékin.

23 Les Jeux sont devenus si importants en termes de communication qu’ils attirent à eux de nombreux acteurs qui tentent d’utiliser leur caisse de résonance pour délivrer leur propre message souvent bien éloigné de considérations sportives.

2   Le CIO, la tentation des relations internationales

24 Fin du XIXe et début du XXe, le CIO s’est imposé comme l’organisation internationale majeure du sport notamment parce que les États n’en avaient pas perçu l’intérêt. Dans ce cadre, il a été obligé de tisser des relations internationales pour organiser les Jeux. À l’époque les négociations se réalisent par l’entremise des membres du CIO, personnes influentes aux réseaux sociaux étendus. Pendant très longtemps, l’institution tisse ses relations internationales au coup par coup. La politisation du sport et les tensions autour des Jeux vont l’amener à développer une approche plus réfléchie de ses relations avec les États. Dès les années cinquante, le CIO entreprend une réflexion sur son statut qui conditionne sa capacité à gérer les relations internationales. L’organisation doit-elle avoir une personnalité juridique, à quel droit doit-elle être soumise ? Bousculée par toute une série d’événements, elle doit aussi repenser sa géographie sportive. En effet, pendant longtemps, le mouvement sportif s’est considéré comme capable d’élaborer ses propres règles pour la reconnaissance d’un pays. Or cette dernière est devenue peu à peu un enjeu qui va bien au-delà du sport et a plongé le CIO dans le « tumulte » des relations internationales. Le droit de reconnaissance est devenu plus strict avec le temps. Enfin, les années quatre-vingt seront un tournant pour le développement d’une politique de relations extérieures beaucoup plus systématique afin de renforcer sa position d’acteur incontournable de la gestion du sport international, notamment vis-à-vis de l’ONU.

2.1  La recherche d’un statut juridique compatible avec sa mission internationale

25 Un des principes fondamentaux des relations internationales repose sur la reconnaissance entre acteurs : pour interagir il faut accepter d’avoir des relations avec d’autres et donc reconnaître leur existence et leur qualité. Dans ce cadre, le CIO a clairement annoncé sa vocation universelle dès le départ en se donnant comme objectif de diffuser le sport et ses valeurs dans le monde entier. Il fallait donc au CIO un statut compatible avec ses objectifs. Initialement, le CIO est une association fondée en France en 1894. En 1915, elle est transférée par Coubertin en Suisse, pays neutre alors que la guerre fait rage en Europe. Lors de ce transfert, la nature juridique de l’association est abordée lorsque le CIO réclame une convention pour l’octroi de locaux à la municipalité de Lausanne. Celle-ci précise à Coubertin qu’il faudrait reformuler certains articles de ses statuts et qu’il s’inscrive au registre du commerce de Lausanne... La réponse de Coubertin illustre le dilemme qui va occuper le CIO jusque dans les années quatre-vingt : « Il est exclu que le CIO, organisme international, soit réduit au rang d’une simple association de droit suisse et il est parfaitement inconvenant d’imaginer qu’il puisse être astreint à s’inscrire au registre du commerce comme un vulgaire négoce de la place » [24]. Le statut du CIO pose toutefois une difficulté essentielle : « Le CIO doit pouvoir à la fois affirmer son indépendance à l’égard de tous les gouvernements (ce qui démontre bien le caractère non gouvernemental de l’institution) tout en sollicitant l’octroi d’un statut généralement réservé à des organisations internationales de type gouvernemental [25]. » Il faut attendre 1952 pour que le CIO tente d’obtenir la reconnaissance officielle de son autorité par les gouvernements. Toutefois, il ne réussit pas à en réunir suffisamment pour que les résultats soient probants. En 1973, il crée une commission juridique qui doit faire avancer le dossier du statut, et en 1974, la session adopte une nouvelle définition de son statut : « association de droit international ayant la personnalité juridique sans cependant se rattacher à un droit national [...] [26] ». Il manque encore la reconnaissance d’organisation internationale qui devient importante en cette période de boycotts (1976, 1980 et 1984), le CIO pensant « qu’une légitimation accordée par la communauté internationale et des relations d’amitié et de bon voisinage avec les États [27] » pourraient les désamorcer. Il explore alors deux pistes. Il tente d’obtenir sa reconnaissance auprès de l’ONU en lui proposant un projet de déclaration portant sur la protection des Jeux olympiques mais celle-ci n’aboutira pas. Côté suisse, après avoir menacé à plusieurs reprises de se délocaliser, il obtient en 1981 une décision du Conseil fédéral suisse (gouvernement) qui constate « que le CIO jouit en Suisse de la personnalité juridique et bénéficie de ce fait des droits et libertés garantis par l’ordre juridique suisse » et décide « d’accorder à votre comité un statut particulier qui tient compte de ses activités universelles et de son caractère spécifique d’institution internationale [28] ». Le CIO n’a pas réussi à obtenir un accord de siège, le statut qu’ont certaines institutions intergouvernementales hébergées en Suisse, mais cette reconnaissance lui permet dès lors de modifier ses statuts : « Le CIO est une organisation internationale non gouvernementale, à but non lucratif, de durée illimitée, à forme d’association dotée de la personnalité juridique, reconnue par le Conseil fédéral [29] [...] » Cet accord est encore amélioré en 2000, le conseil fédéral signant un accord bilatéral avec le CIO le mettant sur un pied d’égalité juridique et lui faisant atteindre le stade de sujet de droit international [30]. Ce statut juridique unique en Suisse encourage Samaranch dès 1982 à développer des relations internationales avec les chefs d’État qu’il rencontre.

2.2  La reconnaissance, pierre angulaire de la politique des relations internationales : d’une géographie propre à un alignement sur l’ONU

26 Au début de l’aventure olympique, le CIO a mis en place les CNO afin qu’ils organisent le mouvement sportif sur leur territoire et qu’ils fassent avancer la cause olympique. Par commodité, il leur a aussi donné la main sur la constitution des délégations d’athlètes présents aux Jeux. Il a ainsi peu à peu tissé sa toile spatiale à partir de la reconnaissance des CNO. Toutefois, dès le début du XXe la géographie créée par le mouvement sportif n’est pas en adéquation avec les réalités du droit international et de la reconnaissance politique. Ainsi dès 1899, la Bohême, incluse dans la double monarchie austro-hongroise, constitue son CNO, l’Autriche attendant 1908 pour créer le sien. Alors qu’aux Jeux de Londres en 1908, la présence d’athlètes de Bohême ne soulève pas de commentaires particuliers, aux Jeux de 1912 les diplomates s’intéressent tout à coup au sport [31]. Vienne estime alors que le CIO soutient le mouvement indépendantiste tchèque en autorisant la Bohême à avoir sa propre représentation et la Russie soulève une objection à la participation d’une délégation finlandaise autonome. Interpellé en 1911, Coubertin répond au directeur d’une gazette sportive autrichienne soulignant l’absence de représentation de l’Autriche au CIO : « La règle fondamentale des olympiades modernes tient en deux mots : All games, all nations [...] J’ajoute qu’une nation n’est pas nécessairement un État indépendant et qu’il existe une géographie sportive qui peut différer parfois d’avec la géographie politique [32]. » Tout est dit ! À l’époque, le sport n’étant pas encore un support des relations internationales, le CIO dessine sa propre géographie. Toutefois, cette position devient délicate dès la fin de la première guerre mondiale qui a entraîné une série de bouleversements territoriaux [33]. Le temps de la géographie sportive indépendante de la politique est passé car le sport fait son entrée dans les relations internationales. Le CIO a pu toutefois naviguer à vue jusqu’en 1960, date à laquelle il modifie sa charte en introduisant une précision sur la sémantique des termes employés : « Étant donné que le Mouvement olympique est apolitique, les termes pays ou nations dans les présentes règles, s’appliquent également à une notion géographique, zone ou territoire, dans les limites de laquelle un Comité Olympique reconnu par le CIO déploie son activité ou fonctionne [34]. » Cette modification est due à l’affaire des deux Chines : depuis 1932, la Chine a un CNO qui, suite à la victoire de Mao, se transfert à Taïwan en 1951. En 1954, le CIO reconnaît un second CNO pour la Chine continentale. Celle-ci va rapidement demander que le CNO de Taïwan ne soit plus reconnu arguant qu’il ne peut représenter la Chine à lui seul. Ce combat mené par la Chine le sera aussi à l’ONU. Le CIO refusant, la Chine continentale boycotte les Jeux de Melbourne et quitte le mouvement en 1958. En 1959, le CIO modifie le nom du CNO en Taïwan afin qu’il corresponde à la portion de territoire qu’il gère et pour calmer les revendications de la Chine continentale.

27 Pendant la phase de décolonisation et jusqu’à la chute du communisme, la reconnaissance par le CIO devient un objectif dans les relations internationales des nouveaux pays et le CIO doit prendre des décisions ayant des implications diplomatiques de plus en plus fortes [35]. Suite à des demandes toujours plus politiques, le CIO décide en 1996 de modifier une fois de plus sa charte afin de mieux définir le terme pays qui jusqu’alors est défini par « un État, territoire ou portion de territoire que le CIO considère, selon sa discrétion absolue, comme une zone de juridiction du pays qu’il a reconnu » et qui lui laisse beaucoup de liberté mais l’entraîne sur un terrain glissant. La modification tente de clarifier la définition d’un pays : « Dans la Charte olympique, l’expression “pays” signifie un État indépendant reconnu par la communauté internationale [36]. » Toutefois, cette définition n’est pas aussi claire qu’elle en a l’air puisque les spécialistes de relations internationales ont déjà souligné l’ambiguïté de cette définition [37]. Combien de pays faut-il pour constituer une communauté internationale ? L’ONU est-il l’organisme représentatif de la communauté international et sa reconnaissance est-elle nécessaire ? Le cas récent du Kosovo illustre la difficulté. Déclaré indépendant par son parlement le 17 février 2008, alors qu’il fait partie de la Serbie et qu’il est géré par les forces internationales, le Kosovo a été reconnu en 2011 par 76 pays mais pas par la Russie, la Chine ou l’Inde. Le Kosovo n’est pas reconnu par l’ONU car son indépendance est en contradiction avec la résolution 1 244 qui stipule une autonomie du territoire mais dans le respect de l’intégrité territoriale de la Serbie... Mais pour le CIO la question se pose puisque le Kosovo a demandé sa reconnaissance dès sa déclaration d’indépendance.

Fig. 4

La reconnaissance sportive : une autre géographie. Sports recognition : a different geography.

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La reconnaissance sportive : une autre géographie. Sports recognition : a different geography.

28 Les évolutions politiques et leurs traductions territoriales depuis la deuxième moitié du XXe ont obligé peu à peu le CIO à préciser sa politique de reconnaissance. Toutefois, le mouvement sportif conserve une géographie qui lui est propre comme peuvent en témoigner les « anomalies » de Taïwan, de Hong Kong ou de nombreux territoires plus ou moins indépendants (dans les Caraïbes et le Pacifique notamment). La plupart de celles-ci sont dues à l’histoire et à des conceptions très différentes entre États de la souveraineté et de la façon de l’exercer.

2.3  La diplomatie du CIO, ou comment faire progresser les idéaux tout en se prévenant de concurrents ?

29 La diplomatie du CIO a pour but de renforcer sa position afin de rester le gouvernement mondial du sport. Elle y arrive en tissant de nombreuses relations avec des organismes qui, en échange, utilisent l’image du sport pour leur propre activité.

30 Dans les années cinquante, l’UNESCO s’interroge sur la délimitation de son périmètre d’action. En 1952, lors de sa 7e session, elle lance une enquête auprès des membres afin de définir son action dans le sport. En 1958, cette réflexion aboutit à la création du Conseil international pour l’éducation physique et le sport (CIEPS – aujourd’hui CIEPSS), reconnu par l’UNESCO comme étant l’unique organe de tutelle du sport et de l’éducation physique à l’échelle mondiale. Le CIO voyait apparaître un embryon de concurrence. Il faut toutefois attendre 1976 pour que l’UNESCO réunisse la première conférence des ministres de l’éducation physique et du sport à Paris qui réclame un « nouvel ordre sportif mondial » s’inspirant du nouvel ordre économique mondial prôné par l’ONU. Les représentants africains et du bloc communiste soutiennent cette initiative car ils n’arrivent pas à imposer au CIO le principe d’une représentation de tous les CNO au sein de la session. En 1978, l’UNESCO publie la Charte internationale de l’éducation physique et du sport et Lord Killanin lui suggère de centrer son action sur le sport à l’école et de laisser une forte autonomie aux organismes sportifs [38].

31 Cette bataille feutrée pour désigner l’organisme en charge de la gestion du sport mondial évolue à l’arrivée de Samaranch. Il se consacre à renforcer les liens diplomatiques en direction des pays membres, qu’il visite quasiment tous et où il rencontre systématiquement les chefs d’État (146 en 6 ans !) [39],mais aussi en direction de l’ONU. Dans ce cadre, le CIO débute son offensive en se rapprochant des agences et organisations spécialisées de celle-ci. En 1985, il signe un partenariat avec l’OMS. En 1986, un accord de collaboration avec l’UNESCO débute le rapprochement entre les deux institutions. En 1993, le CIO développe un partenariat avec l’UNICEF qui veut utiliser le sport comme vecteur d’éducation. En 1994, la collaboration s’élargit au HCR et au PNUE. Dans la foulée, en 1996, il coopère avec le PNUD ainsi qu’avec le PAM. En 1997, le CIO paraphe un accord avec la FAO et enfin, en 2004, il collabore avec l’ONUSIDA. 2009 est l’année de la consécration de ses efforts, puisque le CIO obtient le statut d’observateur à l’ONU ce qui lui permet d’assister aux réunions de l’Assemblée générale des Nations Unies et d’y prendre la parole.

32 En 1992, un événement extra-sportif offre une occasion au CIO de développer un autre axe de sa diplomatie toujours en direction de l’ONU. Suite à l’éclatement de la Yougoslavie, l’ONU émet la résolution 757 qui, fait unique dans l’histoire du sport, décide d’intégrer les compétitions sportives dans les mesures d’embargo vis-à-vis de la Serbie [40]. Or les Jeux de Barcelone se tiennent peu de temps plus tard et une invitation a été lancée à la Serbie. Le CIO négocie avec l’ONU l’admission à titre individuel des athlètes serbes et monténégrins sous drapeau olympique. Dans la foulée, le CIO réactive le concept de trêve olympique et réalise un « coup » diplomatique puisqu’il réussit à faire adopter à l’ONU une résolution sur la trêve olympique [41]. En termes de reconnaissance officielle il n’y a pas mieux... En 1994, le CIO obtient même que cette année soit proclamée « Année internationale du sport et de l’idéal olympique » par l’ONU. En échange de bons procédés, le CIO fait flotter le drapeau des Nations Unies à chaque Jeux depuis 1998. En 2000, le Sommet du millénaire de l’ONU, tenu à New York avec la participation de plus de 150 chefs d’États et de gouvernements, adopte la Déclaration du millénaire, qui comprend un paragraphe sur le respect de la Trêve olympique et depuis 2001 l’ONU examine tous les 2 ans avant les Jeux la question intitulée « Pour l’édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ». La démarche de la trêve olympique a permis ainsi au CIO de renforcer ses relations avec la communauté internationale et de devenir un partenaire incontournable alors qu’elle n’est qu’un vœu pieux qui ne coûte rien au CIO puisque ce sont les États qui s’engagent à la faire respecter. À l’occasion des Jeux de Pékin, Géorgie et Russie se sont affrontées montrant la vacuité de la trêve olympique.

Fig. 5

La reconnaissance internationale et sportive lors de l’éclatement de la Yougoslavie : le CIO se rapproche de l’ONU. International and sports recognition at the time of the breakup of Yugoslavia : the IOC comes closer to the UNO.

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La reconnaissance internationale et sportive lors de l’éclatement de la Yougoslavie : le CIO se rapproche de l’ONU. International and sports recognition at the time of the breakup of Yugoslavia : the IOC comes closer to the UNO.

33 Le choix de la ville organisatrice constitue le dernier axe de la diplomatie olympique. Depuis 1984, et le succès commercial des Jeux de Los Angeles, de nombreuses villes sont revenues dans la compétition. Les dernières désignations ont montré l’empressement des chefs d’État à défendre la candidature de leur ville. À Copenhague, en octobre 2009, lors de l’élection de la ville des Jeux 2016, le premier ministre japonais, les présidents du Brésil et des États-Unis, celui du gouvernement espagnol ainsi que le roi d’Espagne se sont déplacés renforçant ainsi la stature du CIO. La puissance du CIO s’est traduite par l’adhésion des États-Unis à la convention de l’UNESCO contre le dopage afin que la ville de Chicago puisse candidater. Les États-Unis avaient jusqu’alors refuser de signer conformément à leur politique générale.

3 Le sport comme outil des relations internationales des États

34 Les relations internationales sont conditionnées par plusieurs concepts dont celui de reconnaissance mutuelle sans laquelle elles n’existent pas, mais aussi celui de puissance. Or le sport est un domaine dans lequel ces deux concepts s’expriment parfaitement. La rencontre sportive de deux équipes nationales implique automatiquement la reconnaissance de l’autre. Lors des Jeux, le fait d’être présent permet aussi une reconnaissance de soi ou de son évolution. Mais, pour certains pays qui veulent montrer leur puissance la présence ne suffit pas, elle doit s’exprimer au travers du tableau des médailles ou de l’accueil des Jeux. Ce dernier est pour le pays organisateur, l’occasion d’adresser des messages notamment lors de la cérémonie d’ouverture.

3.1 La rencontre sportive traduction concrète des relations internationales

35 Pour reprendre P. Collomb [42], « le sport est fréquentation ». Dans le contexte des relations internationales, la rencontre sportive traduit le degré d’acceptation et de reconnaissance d’un régime vis-à-vis d’un autre et devient donc un baromètre. On distingue trois postures de base : le refus de se rencontrer, le « premier pas », et l’absence de signification lorsque les relations sont fortes et anciennes.

36 On peut refuser de se rencontrer car l’Autre incarne le Mal. Il s’agit la plupart du temps de conflits idéologiques marqués. Ainsi, dans un premier temps, l’URSS a refusé d’intégrer la compétition olympique car elle rejetait le sport bourgeois. Elle a même suscité une compétition parallèle, les Spartakiades, avec l’Internationale rouge sportive [43]. Ce refus de rencontrer l’autre évoluera toutefois au gré de la politique extérieure soviétique, puisque dès les années trente, les sportifs soviétiques sont utilisés pour renouer des relations avec les puissances européennes. L’histoire olympique est ainsi riche de boycotts de la part d’États comme en 1976 pour les pays africains, en 1980 pour les États-Unis et leurs alliés, et en 1984 pour l’URSS et ses satellites. À chaque fois, on s’est servi du sport comme d’une arme symbolique avec un faible « coût » pour les États rapporté à la visibilité de l’action.

Fig. 6

Les relations politiques entre les acteurs du système sportif. Political relations between the actors of the sports system.

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Les relations politiques entre les acteurs du système sportif. Political relations between the actors of the sports system.

37 La politique du « premier pas » profite du statut du sport qui est toujours considéré comme une « bagatelle ». Le fait de se rencontrer envoie un signal sans que l’engagement ne soit trop élevé. Toutefois, cela dépend de l’exposition médiatique du sport impliqué : quand les États-Unis envoient une équipe de pongistes (sport quasi confidentiel) en Chine ou des lutteurs en Iran, la visibilité est faible et la population n’est pas forcément consciente des tentatives de rapprochement, alors que, lorsque Turquie et Arménie se rencontrent en football la population est forcément au courant de l’évolution en cours [44]. Dans tous les cas, il est toujours possible pour les autorités de relativiser la rencontre si l’échec est au rendez-vous.

38 Dans le troisième cas de figure, les relations étant normalisées, la rencontre sportive n’apporte pas d’outil spécifique aux États qui s’en désintéressent.

3.2  La présence aux Jeux, de la reconnaissance à l’expression d’un softpower[45]

39 Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Jeux n’ont cessé d’accueillir de nouveaux pays traduisant bien l’attraction qu’ils opèrent sur le monde entier. La visibilité qu’ils offrent est en effet bien supérieure à tout autre support de communication. Ainsi, lors de la phase de décolonisation, les nouveaux États se sont inscrits à l’ONU pour obtenir une reconnaissance de la communauté internationale, mais ils ont aussi déposé simultanément une demande auprès du CIO afin de pouvoir participer aux Jeux. Rappelons que la cérémonie d’ouverture des Jeux présente chaque participant rangé derrière son drapeau national et permet ainsi de manifester son existence aux yeux du monde. Pour certains États, participer aux Jeux est le seul objectif. Pour d’autres, les objectifs sont plus complexes mais se rattachent toujours à l’image qu’ils projettent vis-à-vis de leur population ou des autres. On est là au cœur de la définition de Lacoste car les États se soucient beaucoup de la symbolique, des représentations.

40 Lors du défilé des nations aux Jeux de Pékin, les téléspectateurs ont pu apercevoir une délégation du Monténégro (État indépendant depuis juin 2006), des Kiribati (île du Pacifique inconnue pour 99,9 % de la population mondiale) ou de la Palestine (qui n’est pas encore un État à part entière). Pour ces États, être aux Jeux est déjà une réussite en termes de communication internationale. D’autres États ont tenté de modifier leur image internationale lors de cette cérémonie : l’Iran, les Émirats arabes unis, Bahreïn ou les Maldives ont ainsi choisi une femme comme porte-drapeau lors du défilé. Il s’agit ici de répondre aux fréquentes critiques d’une partie du monde occidental sur le statut de la femme dans ces pays.

41 Au-delà de la visibilité obtenue lors de la cérémonie d’ouverture, certains États visent l’obtention de médailles afin de s’illustrer au niveau mondial. À moins de se soustraire aux informations durant la quinzaine olympique, il était impossible de ne pas entendre parler de la Jamaïque ou du Kenya grâce à leurs performances athlétiques. L’image de ces pays est ainsi modifiée en bien par leurs performances. Mais celles-ci sont le produit d’une politique de niche développée par des pays qui ne peuvent prétendre lutter pour occuper la tête du tableau des médailles. Car le but ultime est bien sûr de figurer à la meilleure place. À Pékin, la Chine a réussi une opération de communication extraordinaire en finissant première. Pour certains, cette performance symbolise le passage de témoin entre les États-Unis et la Chine dans la domination du monde. D’ailleurs la polémique déclenchée aux États-Unis sur la façon de déterminer le premier au tableau des médailles n’était pas innocente [46].

3.3  L’accueil d’une grande compétition internationale

42 Obtenir l’organisation d’une grande compétition internationale est aussi une victoire (parfois très coûteuse !) et permet au pays d’occuper la scène internationale pendant le déroulement de celle-ci. Certains pays, comme le Qatar, ont mis en place une politique afin de transformer leur image : « Le sport est le moyen le plus rapide de délivrer un message et d’assurer la promotion d’un pays. Quand on vous dit “Proche-Orient”, vous pensez tout de suite “terroristes”, pas vrai ? Eh bien, nos dirigeants veulent que le Qatar ait bonne réputation [47]. »

43 Pour les Jeux de Pékin, la communication chinoise a subi un revers avec la campagne sur les droits de l’homme, mais la Chine a pu aussi modifier en partie son image notamment grâce à l’excellente préparation des Jeux. L’État chinois a consacré un budget faramineux (40 milliards de $) à ces Jeux, car ils faisaient partie intégrante de sa stratégie de communication internationale avec la cérémonie d’ouverture comme point d’orgue. Celle-ci permet d’exposer les faits saillants de son histoire, ses valeurs et sa civilisation. Ainsi aux Jeux de Salt Lake City ou à ceux de Sydney un éclairage particulier a été apporté au traitement des minorités. Rappelons tout de même que les natives américains et australiens ont été spoliés de leurs terres, déplacés, massacrés et parqués dans des réserves. Les cérémonies d’ouverture ont mis en scène des épisodes romancés et mis en avant ces minorités notamment avec Cathy Freeman à Sydney. Il a toutefois fallu attendre 2008, soit 8 ans après les Jeux, pour que le premier ministre australien demande pardon à la nation aborigène pour tous les maux dont elle a souffert. À Pékin, la cérémonie a mis en avant dans un des premiers tableaux les minorités chinoises (56) représentées par des enfants unis autour du drapeau chinois, le Tibet étant noyé parmi les autres. Et puis, la Chine a surtout insisté sur son legs à l’humanité de nombreuses découvertes réutilisées par les Européens (boussole, soie, imprimerie...) mais n’a pas dit un mot de l’histoire récente, la période communiste n’apparaissant pas. Les autres tableaux de la cérémonie d’ouverture ont présenté une Chine alliant la tradition (confucianisme, Tai Chi) à la modernité en reprenant le symbole de l’espace déjà utilisé par les Américains à Los Angeles et par les Russes à Moscou [48]. Ces cérémonies sont donc l’occasion pour un État de transmettre un message à la masse des téléspectateurs.

Conclusion

44 Après avoir décrit les principales relations entre les acteurs composant le système olympique, nous avons focalisé notre attention sur le rôle du CIO et des États.

45 Le premier a montré sa robustesse et sa capacité à contrôler le sport mondial. Samaranch a fait passer le CIO d’un système amateur à une organisation internationale non gouvernementale qui a su se rapprocher de l’ONU et des États pour pouvoir conserver son leadership sur le sport. Il l’a aussi fait entrer dans un professionnalisme qui génère beaucoup (trop ?) d’argent et des dysfonctionnements dangereux pour le sport (notamment le dopage). S’il n’était pas écrit dans la charte, organisation « à but non lucratif », on pourrait s’interroger sur la nature même du CIO qui par bien des côtés ressemble à une multinationale gérant une marque. D’ailleurs, l’exploit le plus important du CIO est de pouvoir continuer à faire le grand écart entre les valeurs qu’il affiche, l’éthique à la base du sport, et la réalité d’un vrai business.

46 Les seconds ont utilisé le sport et la manifestation olympique chaque fois qu’ils l’ont pu car la caisse de résonance médiatique est telle qu’elle permet de délivrer et de modifier des images essentielles dans la construction de la relation à l’autre et donc dans les relations internationales. L’utilisation du sport par les États illustre ainsi parfaitement les principes de reconnaissance ou de softpower.

47 Toutefois, cet article ne serait pas complet sans finir sur une évolution récente dans l’utilisation du sport. Depuis le début des années 2000, de nouveaux acteurs tentent eux aussi de détourner le sport pour leur propre fin. Greenpeace dans un premier temps aux Jeux de Sydney puis Amnesty international et Reporter sans frontière (RSF) aux Jeux de Pékin ont profité de la manifestation pour délivrer leur propre message. Ces ONG, représentant une nouvelle forme de gouvernance (?), savent aussi jouer en termes de communication et l’on a vu pour Pékin réapparaître l’argument du boycott. Pour le CIO, cette évolution est un nouveau défi puisqu’il a dû faire face à des attaques ne provenant pas d’États mais d’adversaires sur lesquels il n’a pas forcément de prises. Ces adversaires se sont d’ailleurs simplement servis de la contradiction interne au sein du CIO : présenter des valeurs humanistes, universelles et organiser sa manifestation dans un pays qui ne présente pas toutes les « garanties » était un pari risqué mais aussi important en termes de « part de marché »... Autre élément catastrophique en termes d’image pour la Chine, plus que pour le CIO, fut le parcours de la flamme olympique en Europe. Et là, on ne peut que souligner le professionnalisme de la stratégie de communication des ONG qui ont su créer l’événement. D’ailleurs, le CIO en a tiré ses propres conclusions en décidant pour les prochains Jeux de revenir à la « tradition » c’est-à-dire un parcours dans le pays d’accueil [49].

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : softpower, olympisme, États, reconnaissance internationale, géopolitique, diplomatie sportive, relations internationales, « géographie sportive »

Mise en ligne 17/08/2011

https://doi.org/10.3917/ag.680.0425

Notes

  • [1]
    Citation extraite d’un article d’Arnaud (P.), 1999, « Sport et relations internationales, la nouvelle donne géopolitique 1919-1939 », Géopolitique, n° 66, p 15-24.
  • [2]
    Cette expression a été utilisée après le rapprochement opéré entre les États-Unis et la Chine suite à la visite de Nixon qui avait été précédée par une rencontre sportive entre pongistes chinois et américains.
  • [3]
    Lacoste Y., 1993, Dictionnaire de géopolitique, Flammarion.
  • [4]
    Charte olympique version 2007 – La charte olympique est un document rédigé et amendé par le CIO qui contient les règles définissant le fonctionnement du Mouvement olympique.
  • [5]
    « Toute personne ou organisation appartenant à un titre quelconque au Mouvement olympique est soumise aux dispositions de la Charte et doit se conformer aux décisions du CIO » (règle 1.2).
  • [6]
    2,6 milliards de dollars pour la période 2005-2008 en ne prenant en compte que les droits télévisés et le sponsoring.
  • [7]
    La décision de pouvoir exclure un sport a été prise à la 117e session de Singapour en 2005 et le softball et le baseball ne sont plus dans le programme olympique à partir de Londres 2012.
  • [8]
    AIOWF : Association of International Olympic Winter Sports Federations ; ASOIF : Association of Summer Olympic International Federation.
  • [9]
    Crise qui a révélé l’achat de certaines voix pour l’attribution des Jeux d’hiver à Salt Lake City.
  • [10]
    Charte olympique, (règle 28.6) version 2007
  • [11]
    Charte olympique (règle 6.1) version 2007
  • [12]
    CIO, Le Mouvement olympique, Lausanne, 2001.
  • [13]
    Président du CIO de 1952 à 1972.
  • [14]
    Président du CIO de 1972 à 1980.
  • [15]
    Président du CIO de 1980 à 2001
  • [16]
    CIO, Commission du programme olympique, Révision du programme olympique et recommandations concernant le programme des Jeux de la XXIXe olympiade en 2008 à Beijing, rapport du président de la commission du programme olympique à la Commission exécutive, 2002.
  • [17]
    CIO, Le Mouvement olympique, Lausanne, 2001.
  • [18]
    Suite à une plainte au civil, le Tribunal fédéral suisse a reconnu au TAS la qualité de véritable tribunal arbitral mais a relevé les nombreux liens existant entre le TAS et le CIO ce qui nuisait à l’indépendance du tribunal d’où la réforme des statuts de 1994.
  • [19]
    Commission des communautés européennes, 2007, Livre blanc du sport.
  • [20]
    Dans un premier temps, seul le Conseil de l’Europe tente de s’attaquer au dopage. En 1966 il adopte une résolution contre le dopage, en 1978, il formule une recommandation antidopage, en 1984, il adopte une charte antidopage sur la base du travail de la commission médicale du CIO. En 1988, une charte internationale contre le dopage est élaborée et soutenue par l’UNESCO. En 1989, le Conseil de l’Europe transforme sa charte en convention qui a valeur de traité et qui vise à promouvoir la lutte contre le dopage. Les États par ailleurs reprochent aux instances sportives leur manquement (exemple au Canada suite à l’affaire Ben Johnson).
  • [21]
    Article 4-1 du statut de l’AMA, 1999
  • [22]
    http://www.wada-ama.org/fr/dynamic.ch2 ?pageCategory.id=484
  • [23]
    Chappelet J.-L., 2002, L’agence mondiale antidopage, Relations internationales, n° 111, p 381-401.
  • [24]
    Extrait de Morath P., 2000, Le CIO à Lausanne, 1939-1999, Cabédita, 315 p.
  • [25]
    Extrait d’une lettre adressée le 18 mars 1980 au directeur par l’avocat Carrard, extrait de Morath P. (ibid.)
  • [26]
    Charte olympique version de 1974
  • [27]
    Mbaye K., 1995, Le Comité international olympique et l’Afrique du Sud – Analyse et illustration d’une politique sportive humaniste, CIO, Lausanne.
  • [28]
    Arrêté du Conseil fédéral du 8 juillet 1981.
  • [29]
    Charte olympique, (règle 15.1) version 2007.
  • [30]
    Latty F., 2001, « Le CIO et le droit international », Perspectives internationales, n° 21.
  • [31]
    Le contexte des relations européennes est en train de se tendre à cette époque et les Balkans sont devenus un enjeu dans les systèmes d’alliances qui se forment (Italie, France, Russie d’une part et Autriche-Hongrie-Allemagne d’autre part). L’annexion de la Bosnie-Herzégovine en 1908 a pour but d’intimider la Serbie et en 1912, quelques mois après les Jeux, la première guerre des Balkans débute...
  • [32]
    Citation extraite de Mayer O., 1960, A travers les anneaux olympiques, Cailler, Genève p. 63.
  • [33]
    Les traités de Versailles, de Saint-Germain et de Trianon remodèlent l’Europe centrale et orientale.
  • [34]
    Mayer O., 1960, A travers les anneaux olympiques, Cailler, Genève p. 321.
  • [35]
    Peacock S., 2008, Géographie sportive : over 100 years of charting the globe’s territorial disputes with the olympic formula, Proceedings : International Symposium for Olympic Research.
  • [36]
    Charte olympique, (règle 31.1) version 2007.
  • [37]
    Smouts M.C., Battistella D., Vennesson P., Dictionnaire des relations internationales, Dalloz.
  • [38]
    Chappelet J.-L., 1992, Le système olympique, PUG.
  • [39]
    Maliesky D., 1992, De Coubertin à Samaranch : la diplomatie du CIO, Pouvoirs, n° 61.
  • [40]
    « Les États prendront les mesures nécessaires pour empêcher la participation à des manifestations sportives sur leur territoire de personnes ou de groupes représentant la République fédérative de Yougoslavie (Serbie et Monténégro) », Résolution 757, 30 mai 1992.
  • [41]
    Résolution 48/11 du 25 octobre 1993.
  • [42]
    Collomb P., 1992, « Sport et État », Pouvoirs, n° 61
  • [43]
    Gounot A., 1994, « Sport réformiste ou sport révolutionnaire ? Les débuts des internationales sportives ouvrières », in P. Arnaud, Les origines du sport ouvrier en Europe, l’Harmattan.
  • [44]
    Visite en septembre 2008 du président turc Abdullah Gül en Arménie, lors de la rencontre Arménie – Turquie qualificative pour la Coupe du Monde 2010, qui relance des relations diplomatiques suspendues depuis 1993. En septembre 2009, les deux pays ont décidé de rétablir leurs relations diplomatiques.
  • [45]
    J.S. Nye, Jr., 2004, Soft Power : The Means to Success in World Politics, 208 p.
  • [46]
    Le CIO classe les pays en fonction du nombre de médailles d’or et non pas en fonction du total de médailles. La Chine, ayant obtenu 51 médailles d’or sur 100 médailles, est ainsi classée devant les États-Unis qui obtiennent 36 médailles d’or sur 110 médailles au total. Certains médias américains plaçaient toutefois les États-Unis premiers...
  • [47]
    Tiré du Journal du dimanche, Paris, 15 février 2004, M. Al-Mulla, directeur de la communication du Qatar.
  • [48]
    Les Chinois ont présenté la sortie dans l’espace de leur Taïkonaute (qui s’est faite trois semaines après les Jeux), les Russes avaient établi une communication entre des cosmonautes en orbite et le stade, et les Américains avaient présenté un homme équipé d’un système de propulsion utilisé par les cosmonautes lors de leur sortie dans l’espace.
  • [49]
    Décision de la commission exécutive réunie à Denver en mars 2009.
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