Notes
-
[1]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’Évêque de Vannes à l’occasion de la signature de la Paix », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 5 juillet 1919, p. 418-419.
-
[2]
En janvier 1918, prenant acte de « cet héroïsme qui a surgi dans tous les rangs » et rendant ainsi hommage aux poilus, Mgr Gouraud affirme que « l’histoire dira pour quelle large part le sentiment chrétien a contribué à le produire » (Archives départementales du Morbihan (Arch. dép. du Morbihan), 1 V 5bis, Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes à ses prêtres et séminaristes soldats, 1er janvier 1918, p. 2).
-
[3]
Sur le séjour de Vincent Ferrier en Bretagne et les distorsions entre l’histoire de ce prédicateur valencien et le culte qui lui est rendu post mortem, voir Cassard, Jean-Christophe, « Le légat catéchiste. Vincent Ferrier en Bretagne (1418-1419) », Revue historique, no 122, 1998-2, p. 323-344.
-
[4]
Beaupré, Nicolas, « La guerre comme expérience du temps et le temps comme expérience de guerre. Hypothèses pour une histoire du rapport au temps des soldats français de la Grande Guerre », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 117, 2013-1, p. 166-181.
-
[5]
Pour une synthèse récente, se rapporter à Boniface, Xavier, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2014. Voir aussi Christophe, Paul, Benoît XV et la Grande Guerre, Paris, Cerf, 2016.
-
[6]
L’Ouest-Éclair, 17 août 1917, p. 1.
-
[7]
Vinet, Freddy, La Grande grippe. 1918. La pire épidémie du siècle, Paris, Vendémiaire, 2018 ; Sainclivier, Jacqueline, « La grippe infectieuse dite espagnole en Bretagne, 1918-1919 », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, Tome XCIX, 2021, p. 275-302.
-
[8]
Nous faisons nôtre l’expression employée par Perrot, Michelle, Mélancolie ouvrière, Je suis entrée comme apprentie, j’avais alors douze ans…, Lucie Baud, 1908, Paris, Grasset, 2012, p. 14.
-
[9]
Cabanes, Bruno, La Victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français 1918-1920, Paris, Seuil, 2014 ; Fryszman, Aline, La victoire triste ? : espérances, déceptions et commémorations de la victoire dans le département du Puy-de-Dôme en sortie de guerre (1918-1924), thèse de doctorat d’histoire (sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau), Paris, EHESS, 2009.
-
[10]
Signalons toutefois une notable exception : Picaud, Carine, La Première action catholique dans le diocèse de Vannes sous l’épiscopat de Mgr Gouraud, 1906-1928, Paris, École nationale des Chartes, 1995, et sa notice, par David Bensoussan, dans Dauzet, Dominique Marie et Le Moigne, Frédéric (dir.), Dictionnaire des évêques de France au xxe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 308-309.
-
[11]
« Les nouveaux évêques », La Croix, 27 février 1906, p. 1.
-
[12]
« Les Inventaires des biens d’églises. À Sainte-Anne-d’Auray », L’Ouest-Éclair, 15 mars 1906, p. 4.
-
[13]
Arch. dép. du Morbihan, V 608, Lettre du préfet du Morbihan aux juges de Paix du département, 12 novembre 1914.
-
[14]
Archives diocésaines de Vannes, D 1-1-10-14, lettres du préfet du Morbihan à l’évêque de Vannes, 12 novembre 1914.
-
[15]
Archives diocésaines de Vannes, D 1-1-10-14, lettre du préfet du Morbihan à l’évêque de Vannes, 29 avril 1915. Réponse manuscrite de Mgr Gouraud au préfet du Morbihan, 29 avril 1915.
-
[16]
Ouvrage collectif, Les Morbihannais dans la guerre 14-18, Vannes, Archives départementales du Morbihan, 2014, p. 213.
-
[17]
Vinet, Freddy, La Grande grippe…, op. cit.
-
[18]
« L’épidémie de grippe maligne », La Dépêche de Brest, 2 octobre 1918, p. 1.
-
[19]
Rapport du médecin-major Malloizel relatif à l’épidémie de grippe espagnole sévissant dans la commune de Ploemel et de ses environs, 18 août 1918, cité dans Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 213.
-
[20]
Evanno, Yves Marie, Sarzeau, une commune bretonne dans la Grande Guerre, Sarzeau, À Fluctibus Opes, 2018, p. 72.
-
[21]
Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 215.
-
[22]
Chaudré, Christian, « La grippe espagnole dans le Morbihan. 1918-1919 », Bulletins et mémoires de la société polymathique du Morbihan, t. CXXXVI, 2010, p. 226.
-
[23]
Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 215.
-
[24]
« Une lettre de Mgr Gouraud », L’Union morbihannaise, 10 novembre 1918, p. 2.
-
[25]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes demandant des prières pour les victimes de la guerre et pour les victimes de l’épidémie », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 690-691.
-
[26]
« Saint Vincent Ferrier et la peste », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 700.
-
[27]
Ibid., p. 700-704.
-
[28]
Salvadori, Françoise et Vignaud, Laurent-Henri, Antivax. La résistance aux vaccins du xviiie siècle à nos jours, Paris, Vendémiaire, 2019, p. 117.
-
[29]
Dornel, Laurent et Le bras, Stéphane (dir.), Les Fronts intérieurs européens. L’arrière en guerre (1914-1920), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.
-
[30]
Perrot, Annick et Schwartz, Maxime, Le Génie de Pasteur au secours des poilus, Paris, Odile Jacob, 2016, p. 205-209. Signe qu’en Morbihan aussi la médecine constitue un front de la Grande Guerre, le message de l’Académie des Sciences affirmant que l’épidémie prend sa source dans les Empires centraux – repris notamment par le ministre de la marine Georges Leygues – est relayé par la presse catholique morbihannaise comme le montre « Les épidémies de Lorient à la Chambre », L’Union morbihannaise, 29 septembre 1918, p. 2.
-
[31]
Edward Jenner : médecin anglais né en 1749 dans le Gloucestershire et à l’origine d’une campagne de vaccination antivariolique ayant rencontré au xviiie siècle un vaste succès en Grande-Bretagne.
-
[32]
« Instruction populaire au sujet de l’épidémie de variole », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 10 mars 1870, p. 147.
-
[33]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes demandant des prières pour les victimes de la guerre et pour les victimes de l’épidémie », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 691.
-
[34]
Arch. dép. du Morbihan, 2 J 98, archives privées familles Galles, chemise 2. Lettre de Monseigneur à son clergé, 15 octobre 1918 (supplément à La Semaine religieuse du samedi 19 octobre 1918).
-
[35]
Tranvouez, Yvon, « Une voix de la patrie qui nous parlait de Dieu. La Grande Guerre de Monseigneur Duparc », dans Id. (dir.), Les Catholiques bretons dans la Grande Guerre. Actes du colloque de Sainte-Anne-d’Auray (14-15 octobre 2016), Brest, Centre de recherche bretonne et celtique/Institut culturel de Bretagne, 2017, p. 150.
-
[36]
Pour un détail précis du programme se rapporter à « Fêtes jubilaires de Saint Vincent Ferrier à l’occasion du Ve centenaire de sa mort (6, 7 et 8 juillet 1919) », La semaine religieuse du diocèse de Vannes, 28 juin 1919, p. 402-407.
-
[37]
« Lettre de Monseigneur l’Évêque de Vannes au clergé et aux Fidèles de son diocèse pour leur annoncer un Triduum solennel en l’honneur du 5e centenaire de saint Vincent Ferrier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 14 juin 1919, p. 375.
-
[38]
Ibid.
-
[39]
Le Moigne, Frédéric, « La Manifestation catholique (1902-1950) », dans Balcou, Jean, Provost, Georges et Tranvouez, Yvon (dir.), Les Bretons et la séparation (1795-2005), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 345-355.
-
[40]
« Les fêtes de Saint-Vincent Ferrier », L’Union morbihannaise, 6 juillet 1919, p. 2.
-
[41]
Perego, Simon, « Conflictualité politique, identités partisanes et commémorations de la Shoah dans le monde juif parisien, 1944-1967 », dans Bouchet, Renaud, Lecossois, Hélène, Letort, Delphine et Tison, Stéphane (dir.), Résurgences conflictuelles. Le travail de mémoire entre arts et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 202.
-
[42]
« Ve centenaire de Saint Vincent Ferrier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, no 28, p. 434. Pour une description détaillée de ces manifestations on pourra notamment se rapporter à Le Garrec, E., « Le cinquième centenaire de la mort de Saint Vincent Ferrier 6, 7, 8 juillet 1919 », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 19 juillet 1919, p. 453-471.
-
[43]
« Les fêtes triomphales du Ve centenaire de saint Vincent Ferrier », L’Union morbihannaise, 13 juillet 1919, p. 1-2.
-
[44]
« Le cinquième centenaire de Saint-Vincent-Ferrier », Le Nouvelliste du Morbihan, 9 juillet 1919, p. 2.
-
[45]
« Fête nationale du 14 juillet 1919 », Le Progrès du Morbihan, 12 juillet 1919, p. 1.
-
[46]
« Vincent Ferrier », Le Ploërmelais, 13 juillet 1919, p. 1.
-
[47]
« En l’honneur de St-Vincent-Ferrier », La Résistance, 26 juillet 1919, p. 1.
-
[48]
« Le Ve centenaire de Saint Vincent Ferrier », Le Nouvelliste de Bretagne, 9 juillet 1919, p. 2.
-
[49]
« Nouvelles religieuses », La Semaine religieuse du diocèse de Nantes, 19 juillet 1919, p. 457-460.
-
[50]
« Nouvelles religieuses », La Croix, 12 juillet 1919, p. 2.
-
[51]
« Panégyrique du T. R. P. Janvier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 12 juillet 1919, p. 436.
-
[52]
Ils sont reproduits dans Fêtes jubilaires de St-Vincent-Ferrier. Cinquième centenaire 6, 7, 8 juillet 1919, Vannes, Galles 1919. Voir aussi Arch. dép. du Morbihan, 7 Fi 49/1 à 15.
-
[53]
« Les fêtes triomphales du Ve centenaire… », art. cité, p. 1 indique que « des jeunes gens et des jeunes filles revêtus de somptueux costumes du xve siècle représentent le duc Jean V, la duchesse et leur cour ».
-
[54]
« Aux amis de Vannes », Le progrès du Morbihan, 5 juillet 1919, p. 1 ; Evanno, Yves Marie et Vincent, Johan (dir.), Tourisme et Première Guerre mondiale. Pratique, prospective et mémoire (1914-2014), Ploemeur, Éditions CODEX, 2019.
-
[55]
Pivault, Aurélien, Les Catholiques morbihannais contre le pouvoir anticlérical : mobiliser les foules dans le diocèse de Vannes des années 1900 aux années 1920, mémoire de master 2 Histoire, sciences sociales (sous la direction de Gicquel, Samuel), Rennes, Université Rennes 2, 2020.
-
[56]
Là est d’ailleurs une caractéristique de ce type de source comme le montrent les auteurs ayant contribué à Tillier, Bertrand (dir.), Cartes postales illustrées en guerre (1914-1918), Paris, CNRS Éditions, 2021.
-
[57]
« Maître Vincent ! », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 7 juin 1919, p. 362.
-
[58]
Crise pontificale du tournant des xive et xve siècles se manifestant notamment par l’instauration d’une double papauté à Rome et Avignon.
-
[59]
Ibid., p. 363.
-
[60]
Audouin-Rouzeau, Stéphane et Becker, Annette, 14-18, retrouver la Guerre, Paris, Gallimard, 2000.
-
[61]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes à ses prêtres et ses séminaristes soldats, 1er mai 1915 ; Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes aux curés et recteurs du diocèse, 20 décembre 1917 ; Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes aux marins et soldats du diocèse de Vannes, 1er mars 1918.
-
[62]
Dalisson, Rémy, « 1917 : une mobilisation culturelle par la fête de guerre. Le cas des États-Unis », dans Barey, Morgane et Bourcart, Jean (dir.), 1917…, op. cit., p. 137. Pour de plus amples développements sur cette notion toujours délicate d’emploi en histoire, se reporter à d’Almeida, Fabrice, « Propagande, histoire d’un mot disgracié », Mots. Les langages du politique, no 69, 2002, p. 137-148.
-
[63]
Fêtes jubilaires de St-Vincent-Ferrier…, op. cit., p. 38 et 41.
-
[64]
Ibid., p. 77.
-
[65]
« La Station de l’Avent à la cathédrale », L’Union morbihannaise, 1re année, no 52, 22 décembre 1918, p. 2. Sur le père Padé, consulter la notice en ligne du Dictionnaire des frères prêcheurs le concernant [https://journals.openedition.org/dominicains/1465] (page consultée le 15 décembre 2021).
-
[66]
Alphonse Merrheim (1871-1925), chaudronnier, syndicaliste révolutionnaire et important dirigeant de la CGT. Parmi les premiers critiques de l’Union sacrée, il participe à la conférence pacifiste dite de Zimmerwald en septembre 1915.
-
[67]
Grève ayant duré 115 jours entre mai et août 1906 pour l’obtention, sans succès, de la journée de 8 heures.
-
[68]
« Le Problème religieux et l’après-guerre (suite) », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 18-19.
-
[69]
« Prenez garde », L’Union morbihannaise, 27 octobre 1918, p. 2.
-
[70]
« La marée bolcheviste », L’Union morbihannaise, 30 mars 1919.
-
[71]
Sur ce concept, en tant qu’outil à disposition de la discipline historique, se reporter à Delaurenti, Béatrice et Le Roux, Thomas, De la Contagion, Paris, Vendémiaire, 2020.
-
[72]
« La flotte alliée devant Constantinople », L’Ouest-Éclair, 16 novembre 1918, p. 2.
-
[73]
« Allocution de Monseigneur », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 12 juillet 1919, p. 436.
-
[74]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Lettre de monseigneur l’évêque de Vannes sur l’action catholique au lendemain de la guerre, 20 avril 1919, p. 3-4.
-
[75]
« Le problème religieux et l’après-guerre (suite) », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 18.
-
[76]
« Le Nouvel an à l’Évêché », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 4 janvier 1919, p. 4.
-
[77]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Mandements et lettres pastorales, Mgr Gouraud (1906-1928). Pour une remise en contexte Déloye, Yves, « L’Invention d’une expertise électorale catholique : discours et pratiques politiques du bas clergé français sous la IIIe République », Parlement[s]. Revue d’histoire politique, hors-série no 6, 2010-3, p. 135-146.
-
[78]
Carney, Sébastien, « La soupe et l’angélus : le carnet de Jean-Marie Le Moing, 1916-1920 », dans Tranvouez, Yvon (dir.), Les Catholiques bretons dans la Grande Guerre…, op. cit., p. 134.
-
[79]
« L’union catholique à Lorient », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 25.
-
[80]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Le ministère de l’après-guerre », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 25 janvier 1919, p. 4.
-
[81]
Le Moigne, Frédéric, « Le mémorial régional de la Grande Guerre à Sainte-Anne-d’Auray », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, no 113-4, 2006, p. 49-76.
-
[82]
Près de 85 % de pascalisants des deux sexes dans le diocèse de Vannes dans les années 1930 (Cholvy, Gérard, Histoire religieuse de la France. Géographie, xixe-xxe siècle, Toulouse, Privat, 2000, p. 192).
-
[83]
Le Gall, Erwan, « Que reste-t-il de 1870-1871 en 1920-1921 ? Le cinquantenaire de l’année terrible dans la presse bretonne », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, no 128-4, 2021, p. 190-192.
-
[84]
Weinrich, Arndt et Patin, Nicolas (dir.), Quel bilan scientifique pour le centenaire de 1914-1918 ?, Paris, Sorbonne Université Presses, 2022.
-
[85]
Arch. dép. du Morbihan, V 306. L’évêque de Vannes au préfet du Morbihan, 2 août 1918. Le préfet Guillemaut décline une nouvelle invitation de Mgr Gouraud, le 15 novembre 1918 ; celle-ci concerne cette fois-ci le Te Deum de la Victoire.
1 Le 29 juin 1919, au lendemain de la signature du traité de Versailles, Mgr Alcime Gouraud, évêque de Vannes, s’adresse aux fidèles de son diocèse :
Si vous le voulez bien, nous témoignerons à Dieu de notre reconnaissance au cours de nos fêtes de saint Vincent Ferrier qui s’annoncent si belles. Dès dimanche prochain, ou au plus tard le 13 juillet, à l’issue de la grand’messe ou au salut du très Saint-Sacrement, on chantera dans toutes les églises le Te Deum de la victoire [1].
3 À première vue, une telle requête a tout de la classique grille de lecture catholique de la Grande Guerre. Le conflit étant perçu comme un châtiment céleste venant punir la fille aînée de l’Église pour ses lois laïques et, notamment, celle portant séparation d’avec l’État, le clergé souhaite remercier le Ciel d’avoir accordé la victoire à la France et réaffirmer combien celle-ci est, en définitive, redevable à Dieu [2]. Mais à y regarder de plus près, cette adresse aux fidèles témoigne aussi d’un particularisme local : le culte rendu à saint Vincent Ferrier, initiative qui vient mettre en lumière la stratégie très offensive de Mgr Gouraud en cette période de sortie de guerre [3].
4 La chose est remarquable tant la séquence 1914-1918 a été pour le moins difficile pour cette Église catholique confrontée à de nombreux défis, à commencer par celui d’une guerre tellement longue que personne ne semblait pouvoir en deviner l’issue [4]. La voix de Benoît XV porta peu, comme le démontre son exhortation à la paix lancée en août 1917 et restée lettre morte : même les ecclésiastiques mobilisés sous l’uniforme de l’armée française, « sac au dos », refusèrent de l’entendre [5]. À Rennes, le grand quotidien catholique L’Ouest-Éclair qualifia cet appel de « faible » et Eugène Le Breton préféra d’ailleurs, en première page de ce journal, consacrer son éditorial à « la faillite socialiste » plutôt qu’à l’initiative vaticane [6]. Quelques mois plus tard, c’est l’épidémie de grippe espagnole qui vint heurter de plein fouet une société épuisée par des années de guerre [7].
5 C’est dans ce contexte que l’on assiste à la réactivation de la mémoire de saint Vincent Ferrier, phénomène qui, s’il demeure un objet historique anecdotique à l’échelle de la Première Guerre mondiale, n’en demeure pas moins significatif [8]. Non seulement le cinquième centenaire de la mort du prédicateur valencien met en lumière l’acteur politique qu’est aussi Alcime Gouraud, mais cette commémoration rappelle que l’Union sacrée est par bien des égards une posture, un discours, qui contrevient assez largement à la réalité des conduites des acteurs. Pour se livrer à cette histoire sociale d’un phénomène culturel et religieux, nous ne disposons malheureusement que de quelques sources éparses : pour l’essentiel la presse de l’époque ainsi que quelques cartes postales permettant de visualiser l’événement. Les papiers d’Alcime Gouraud, très épurés et conservés aux Archives diocésaines de Vannes, de même que les cartons de la préfecture du Morbihan, ne disent curieusement pas un mot de cet anniversaire.
6 Après être revenu sur le contexte de la commémoration de ce cinquième centenaire de la mort de saint Vincent Ferrier, nous en décrirons le déroulement avant d’en détailler la portée politique. Ce faisant, nous nuancerons l’idée promue par des historiens comme Bruno Cabanes ou Aline Fryszman d’une sortie de guerre reposant sur un consensus national. Si celui-ci est clairement perceptible lors des commémorations patriotiques et à l’occasion des fêtes données pour le retour des régiments, la réactivation du souvenir du thaumaturge valencien par Mgr Gouraud rappelle que l’Union sacrée est surtout affaire de moments politiques [9].
Un évêque face à la pandémie
7 Afin de mieux saisir la portée du 500e anniversaire de la mort de Vincent Ferrier, il convient de revenir sur le parcours d’Alcime Gouraud, un évêque qui, quoique très offensif dans son rapport à la République, n’en soutient pas moins sans aucune ambiguïté l’effort de guerre et sait ajuster son discours aux acquis de la révolution pasteurienne quand survient l’épidémie de grippe espagnole.
Alcime Gouraud, évêque politique
8 Né le 13 avril 1856 à Vieillevigne, en Loire-Inférieure, Alcime Gouraud a pour l’heure peu intéressé les historiens malgré un parcours remarquable [10]. Passé par le petit séminaire de Guérande puis par le grand séminaire d’Angers, il achève sa formation intellectuelle par une licence ès lettres obtenue dans cette même ville, sur les bancs de l’Université catholique. D’abord professeur de philosophie aux Enfants nantais, il devient par la suite supérieur de cet établissement et acquiert rapidement une réputation certaine en matière d’apostolat auprès de la jeunesse avant de devenir évêque de Vannes [11].
9 Se plaçant dès son arrivée en Morbihan sous la protection de sainte Anne, saint Patern et saint Vincent Ferrier, Alcime Gouraud hérite d’un ministère pour le moins délicat. Sa nomination par Pie X intervient en effet en pleine crise des inventaires des biens de l’Église et alors que le siège épiscopal de Vannes est vacant depuis la mort, en octobre 1903, de Mgr Amédée Latieule. Souhaitant revenir sur le Concordat instauré par Bonaparte en 1801, le gouvernement ne propose au pape aucun nom pour cette fonction et il faut, de manière assez ironique, attendre la loi de séparation des Églises et de l’État pour qu’Alcime Gouraud soit sacré le 25 février 1906, en la basilique Saint-Pierre de Rome, en même temps que treize autres évêques français. Résolument offensif, ce prélat fait montre d’un réel sens politique en réservant sa première visite officielle, avant même son entrée solennelle, à Sainte-Anne-d’Auray où la basilique est tenue par une dizaine de milliers de fidèles s’opposant au « crochetage » de l’édifice sacré par des agents du fisc [12]. Au même moment, à Paris, le gouvernement dirigé par Ferdinand Sarrien accède aux responsabilités avec comme « homme fort » au ministère de l’Intérieur, Georges Clemenceau.
10 Celui qui n’est pas encore Le Tigre compte alors dans son cabinet un jeune homme d’origine alsacienne, Alfred Roth, qui, en 1909, devient à Vannes le plus jeune préfet de France. En Morbihan, le « préfet pourpre » Gouraud fait donc face à l’un des plus proches collaborateurs de l’une des figures les plus honnies des catholiques, après peut-être Émile Combes. Cela n’empêche toutefois pas l’évêque de Vannes de rallier dès les premières heures d’août 1914 l’Union sacrée et de se ranger derrière la bannière de la République pour l’effort de guerre. Mais l’entente cordiale avec Alfred Roth, toujours en poste, ne dure pas et, dès novembre 1914, on assiste à un premier affrontement à fleurets mouchetés entre les deux hommes, à l’occasion d’un service donné en la cathédrale Saint-Pierre pour les « victimes de la guerre », office auquel l’évêque non seulement invite le représentant de l’État dans le département mais le presse d’y convier le personnel de la préfecture. Notons qu’il ne s’agit pas d’une initiative isolée puisque l’ecclésiastique adresse une semblable invitation à tous les maires du département [13]. Cette démarche, dont la dimension politique apparaît évidente, conduit le préfet à adresser à Alcime Gouraud un sérieux rappel à l’ordre au nom du respect de la laïcité et du maintien de « la bonne entente de tous les Français sans distinction d’opinions [14] ». Quelques semaines plus tard, en avril 1915, la préfecture censure la Semaine religieuse du diocèse de Vannes au motif que « la prière pour la paix insérée aux pages 298 et 299 du numéro du Premier mai de ce recueil […] n’était pas accompagnée d’un commentaire expliquant que la paix désirée ne peut être pour la France qu’une paix victorieuse basée sur la Justice et le triomphe du Droit », une décision à laquelle l’évêque refuse de se soumettre et qui inaugure une série d’incidents avec la représentation de l’État dans le département [15]. C’est dire si la commémoration du cinquième centenaire de la mort de Vincent Ferrier doit se comprendre au prisme d’un intense combat politique entre l’évêché de Vannes et la préfecture du Morbihan, la mort au champ d’honneur du sous-lieutenant Alfred Roth pendant la bataille de la Somme ne changeant rien à la tension régnant entre ces deux institutions.
La grippe, une nouvelle peste
11 Dans cette lutte, tous les moyens sont bons, y compris le recours à l’épidémie de grippe dite « espagnole » qui commence à frapper le Morbihan en juin 1918, quand les premiers cas sont répertoriés à Vannes, au dépôt du 28e régiment d’artillerie [16]. Même s’il est difficile d’en dresser une traçabilité fine, il est certain que la maladie progresse rapidement. Une personne peut en effet contaminer une communauté entière et le temps d’incubation de 24 à 48 heures n’aide pas l’historien. Les moyens de transport de l’époque offrent une grande mobilité aux individus tandis que les nécessités de la mobilisation favorisent les importants regroupements de population, tout du moins parmi les hommes en âge de porter les armes, ce qui profite par la même occasion à la propagation du virus [17]. Ce n’est du reste pas un hasard si le sous-directeur de l’Institut Pasteur prône au début du mois d’octobre 1918 le confinement comme mesure pour lutter contre cette épidémie de « grippe maligne [18] ».
12 Dans ces conditions, comment s’étonner que la maladie frappe si durement ? À Ploemel, petite commune située entre Auray et Belz, le médecin-major Malloizel recense 500 cas de grippe en août 1918 sur une population totale de 1 250 habitants et décrit une situation particulièrement alarmante : dans certaines familles, tout le monde est atteint et personne n’est en mesure de sortir les bêtes [19]. À Sarzeau, l’épidémie choque d’autant plus le curé que les décès interviennent rapidement, frappant « des pères et des mères de familles, brusquement arrachés à leurs foyers dont ils étaient l’âme et la vie [20] ». Au total, on estime à environ 2 000 le nombre de morts de la grippe espagnole dans le Morbihan, mais certains auteurs ont pu établir des bilans encore plus lourds [21]. Christian Chaudré avance ainsi le chiffre de 3 600 morts, estimation qui, à l’en croire, est « un strict minimum [22] ». Quoi qu’il en soit, derrière ces chiffres se cachent de réelles disparités territoriales. Si l’on ne recense « que » 125 décès à Vannes, on en compte 232 à Locminé, petite commune rurale de 2 351 habitants lors du recensement de 1911 [23]. Dans ces conditions, on comprend aisément que la pandémie puisse être la source d’un véritable climat de psychose.
13 Loin de se résigner face au virus, Mgr Gouraud décide cependant de développer un discours s’apparentant à une sorte de prophylaxie religieuse reposant pour partie sur saint Vincent Ferrier. À la veille de l’Armistice, ce saint est décrit par l’hebdomadaire catholique et régionaliste L’Union morbihannaise comme « l’historique thaumaturge de la peste [24] ». Là n’est assurément pas un hasard puisqu’en réalité cette métaphore est empruntée à l’évêque de Vannes. Le prélat publie une lettre au début du mois de novembre 1918 dans La Semaine religieuse du diocèse de Vannes par laquelle il demande « des prières pour les victimes de la guerre et pour les victimes de l’épidémie ». Usant de la fibre régionale, il réactive le souvenir de Vincent Ferrier en dressant un parallèle assez explicite entre la grippe espagnole et la peste :
La tradition religieuse de notre pays nous l’apprend, toutes les fois que l’épidémie s’est abattue sur lui, c’est dans les prières adressées aux saints que nos pères ont cherché le plus efficace des remèdes. Imitons-les. Prions les saints protecteurs de la Bretagne et de la France. Prions surtout saint Vincent Ferrier, dont nous célébrons le cinquième centenaire. Dans le procès de sa canonisation, nombreuses furent apportées les preuves des guérisons qu’il avait opérées dans les épidémies d’alors [25].
15 Sans doute la référence de l’évêque manque-t-elle de clarté pour une grande majorité de fidèles. Aussi La Semaine de religieuse du diocèse de Vannes se livre-t-elle à une véritable exégèse de la parole d’Alcime Gouraud :
Au moment où sévit sur toute l’étendue du territoire la maladie que les médecins ont qualifiée de grippe espagnole, les fidèles du diocèse de Vannes ne doivent pas ignorer que saint Vincent Ferrier a été dans notre pays le grand guérisseur des épidémies. En 1453, la peste désolait toute la contrée, les morts étaient nombreux, tout particulièrement à Vannes et aux environs. Le danger était si grand que les commissaires, nommés par le pape pour présider l’enquête de canonisation de saint Vincent, décidèrent de se réunir à Malestroit. Mais l’intercession du saint missionnaire avait été si efficace que quatre jours après cette résolution, les enquêteurs se transportèrent à la cathédrale, et ils virent défiler devant eux un long cortège de gens qui avaient été guéris [26].
17 En d’autres termes, pour combattre la grippe espagnole, Mgr Gouraud propose de s’en remettre à saint Vincent Ferrier.
Thaumaturgie et pasteurisme
18 En pleine guerre industrielle et alors que se dessine un xxe siècle dont l’un des traits caractéristiques est l’idée de modernité, une telle prophylaxie pourrait surprendre. Ce d’autant plus que la Semaine religieuse confesse n’avoir « relevé qu’un nombre restreint de témoignages » attestant les pouvoirs thaumaturges de Vincent Ferrier, témoignages néanmoins publiés sur quatre pleines pages de manière à bien rappeler la toute-puissance du saint [27]. Pour autant, le discours forgé par Alcime Gouraud et porté par l’évêché de Vannes ne doit pas induire en erreur. Subtile, cette rhétorique ne s’oppose pas aux connaissances scientifiques du moment et ne participe nullement d’un discours anti-pasteurien, du reste vraisemblablement peu audible à l’époque [28]. On sait d’ailleurs que la grippe espagnole s’apparente rapidement à un « front intérieur [29] ». Il faut en effet attendre octobre 1918 pour que René Dujarric de la Rivière parvienne à prouver que la maladie résulte d’un virus, en réalité une variante de la souche H5N1, et non d’une bactérie. Dirigeant de l’Institut Pasteur et futur membre de l’Académie des sciences, ce médecin rappelle que la Grande Guerre se mène aussi sur le front médical [30].
19 Ajoutons qu’en ce qui concerne la doctrine scientifique, la position du clergé breton est, sous réserve d’une enquête plus poussée, arrêtée depuis longtemps. En mars 1870, La Semaine religieuse du diocèse de Vannes affirme, à l’occasion d’un épisode de variole : « La Providence nous a donné, par les mains de Jenner [31], un moyen certain de la prévenir, c’est le vaccin ; mais comme la préservation par le vaccin n’est pas indéfinie, il est de toute prudence de se faire revacciner, surtout en temps d’épidémie, dix ou quinze ans après une première vaccination [32] ». De la même manière, c’est sans surprise que l’on observe que la campagne de vaccination anti-typhoïdique menée au début de l’année 1915 ne suscite aucune récrimination particulière des autorités ecclésiastiques de l’arrière ni, au front, des prêtres mobilisés. En novembre 1918, l’évêque de Vannes affirme même que « nous n’avons pas le droit de négliger les remèdes que la science nous enseigne et qui sont les moyens ordinaires voulus par Dieu [33] ».
20 C’est là un point qu’il faut souligner car les logiques médicales et religieuses ne sont pas, du point de vue de l’épidémie de grippe espagnole, sans relever d’intérêts qui pourraient être difficilement conciliables. Dans la lettre qu’il adresse à son clergé le 15 octobre 1918, Mgr Gouraud montre qu’il prend la mesure de la situation et adapte son discours aux impératifs sanitaires du moment, quitte à bouleverser le culte. Affirmant que face à « l’épidémie de grippe qui sévit sur un très grand nombre de paroisses du diocèse, nous avons le devoir de contribuer par tous les moyens à enrayer le mal », l’évêque prend des mesures draconiennes à des fins prophylactiques évidentes : diminution de la durée des offices (« on se contentera de la récitation d’un Pater et d’un Ave pour les prières du prône, avec les quelques avis nécessaires ») et aération des églises après chaque messe. Seul rappel de la supériorité du pouvoir spirituel sur la temporalité pasteurienne, cette habile adresse aux fidèles : « Tous comprendront que le meilleur des remèdes est encore la prière, et ils s’appliqueront à suppléer, dans la famille, aux prières qu’ils ne pourront pas faire à l’église [34] ». Ce positionnement n’est d’ailleurs pas propre à Alcime Gouraud puisqu’en Finistère, l’évêque de Quimper Adolphe Duparc opte pour des mesures très similaires et préconise de raccourcir les offices, d’aérer les églises et de prier saint Roch [35].
Le jubilé de saint Vincent Ferrier
21 Le jubilé de saint Vincent Ferrier constitue donc un véritable outil politique s’ancrant dans l’actualité, d’autant plus que le calendrier choisi se révèle être particulièrement favorable. Les célébrations atteignent en effet leur apogée les 6, 7 et 8 juillet 1919, soit une semaine après la signature du traité de Versailles mais également une semaine avant la fête de la Victoire organisée, comme partout en France, le 14 juillet. La chance, ou la Providence, c’est selon, sourit donc à Alcime Gouraud qui peut prendre de vitesse la très officielle, donc laïque, commémoration organisée 130 ans après la prise de la Bastille.
Trois journées de commémoration
22 Le faste accordé au jubilé commémorant le cinquième centenaire de la mort de saint Vincent Ferrier place de fait cette manifestation en rival sérieux de la célébration par l’État de la Victoire, ce qui vient nuancer la portée du consensus patriotique qu’est l’Union sacrée. Annoncé trois semaines à l’avance, le programme du jubilé de saint Vincent Ferrier comporte de nombreuses messes et processions se succédant pendant trois jours autour de la cathédrale de Vannes, mais aussi un concert donné le dimanche soir à la Rabine [36]. Organisées avec la bénédiction du pape, ces manifestations bénéficient de faveurs particulières, ce dont se félicite Mgr Gouraud :
C’est dans cette pensée que nous avons obtenu du Souverain Pontife que tous les pèlerins qui viendront au tombeau de notre saint, puissent à cette occasion gagner une indulgence plénière aux conditions ordinaires de la confession et de la communion ; de même, pour chaque acte de piété fait en présence des reliques de saint Vincent pendant ces trois jours, le Souverain Pontife accorde une indulgence de 300 jours [37].
24 Mais la ferveur religieuse n’est pas neutre et la fonction assignée à la célébration de ce cinquième centenaire est clairement politique, ce dont ne se cache nullement l’évêque. En effet, il s’agit bel et bien d’assurer « l’édification de nos âmes et l’extension du règne de Dieu », ce qui suppose une attitude offensive face à la République laïque [38].
25 Dans ce cadre, l’occupation de l’espace public relève bel et bien d’une véritable démonstration de force. En telles circonstances, la procession se fait manifestation et il s’agit véritablement de quadriller la ville afin d’y laisser sa marque [39]. Les défilés des 6, 7 et 8 juillet 1919 parcourent le chef-lieu du département du Morbihan en prenant bien soin, d’une part, de passer devant la cathédrale Saint-Pierre, mais ne craignant pas, d’autre part, d’organiser un rassemblement devant la préfecture, attroupement aux allures de face-à-face. De même, l’appel aux Vannetais qui « sont invités à pavoiser leurs maisons pendant les trois jours de fête et à décorer les rues sur le passage des processions » vise tout autant à signifier la dévotion à Vincent Ferrier et à Dieu qu’à instaurer un rapport de force [40]. Ce faisant, Mgr Gouraud fonde le succès de son initiative sur des critères éminemment quantitatifs, ce qui ne paraît pas devoir le distinguer de la plupart des entrepreneurs de mémoire [41].
Échos médiatiques
26 Sans surprise, les autorités ecclésiastiques se félicitent du grand succès rencontré : « Ces fêtes ont été magnifiques, et elles ont dépassé en splendeur tout ce que l’on avait pu rêver » affirme la Semaine religieuse du diocèse de Vannes [42]. À Vannes, la catholique Union Morbihannaise, acquise aux idées du marquis Régis de L’Estourbeillon, est bien entendu enthousiaste et rend compte des commémorations sur près de six colonnes, dont trois en première page [43]. Mais en dehors de ces titres acquis par avance, l’audience apparaît visiblement plus limitée, ce qui s’explique pour une large partie par la dimension idéologique, et non pas seulement cultuelle, associée à ce cinquième centenaire. Publié à Lorient, Le Nouvelliste du Morbihan, quotidien se présentant comme « journal républicain », ne consacre que deux courts articles, en deuxième page, à ces manifestations, concédant toutefois qu’elles se sont déroulées « dans un décor inoubliable ». Le propos se limite cependant à décrire « l’expression très vive, très spontanée des sentiments de piété qui débordent de tous les cœurs à l’égard de saint Vincent-Ferrier », mais passe sous silence les pouvoirs thaumaturges du prédicateur valencien et, plus encore, le rôle de Dieu dans la victoire contre l’Allemagne [44]. Autrement dit, ce qui relève de la signification de cette commémoration, propos développé par Mgr Gouraud, n’est pas relayé. De même, « l’organe de la Fédération des comités républicains du Morbihan », Le Progrès du Morbihan, ne dit rien de la célébration du cinquième centenaire de Vincent Ferrier mais annonce en revanche le programme des festivités organisées à l’occasion du 14 juillet 1919 [45]. À l’inverse, le très catholique Ploërmelais tisse un long parallèle entre le xve et le xxe siècle et rappelle que face « aux jours désolés que nous traversons […] le seul moyen de posséder la paix, la paix promise aux hommes de bonne volonté, c’était de revenir à la Vérité, c’est-à-dire à Dieu, source du bien et du beau sur la terre ». Et d’enfoncer le clou en affirmant que « vouloir fonder l’édifice de la Paix sur d’autres bases c’est illusion absolue et pitoyable vanité [46] ! »
27 Plus on s’éloigne de Vannes et moins l’écho médiatique de ce jubilé est perceptible, le traitement de cette actualité recouvrant encore une fois la conflictualité politique du moment. En Finistère, La Dépêche de Brest n’y consacre par exemple aucun article et si à Morlaix La Résistance, déclinaison locale de La Croix, évoque Vincent Ferrier, c’est uniquement à l’occasion du triduum décidé par Mgr Duparc pour le mois de septembre 1919 [47]. Là encore, le localisme prime, ce qui dit, d’une certaine manière, la portée finalement réduite du message qu’Alcime Gouraud entend faire passer. Ceci explique pourquoi des titres comme Le Moniteur des Côtes-du-Nord ou L’Union malouine et dinannaise ignorent complètement ce cinquième centenaire malgré des lignes éditoriales assez ouvertes à l’actualité religieuse. À Rennes, L’Ouest-Éclair, rallié à la République dès sa création, ne dit pas un mot des commémorations vannetaises tandis que le plus droitier Nouvelliste de Bretagne se contente de publier un verbatim du panégyrique de saint Vincent Ferrier prononcé par André du Bois de La Villerabel, ancien vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc devenu en 1915 évêque d’Amiens [48]. En Loire-Inférieure, il n’y a que La Semaine religieuse du diocèse de Nantes pour rendre compte des festivités organisées par l’évêque de Vannes [49].
28 En dehors de la Bretagne historique, l’écho des fêtes jubilaires organisées à l’occasion du 500e anniversaire de la mort de Vincent Ferrier est très faible. Certes, La Croix les évoque, mais c’est en un unique paragraphe dans la rubrique « Nouvelles religieuses » publiée en seconde page [50]. Si démonstration de force il y a, celle-ci est bel et bien locale et plus ou moins circonscrite au diocèse de Vannes, ce qui en réduit singulièrement la portée.
Que célèbrent les fidèles ?
29 Cette géographie pour le moins étriquée invite donc à la prudence au moment d’évaluer le succès politique des commémorations organisées par Alcime Gouraud. Ces manifestations sont en effet complexes et les archives ne permettent pas de pénétrer les motivations profondes des pèlerins venus célébrer ce cinquième centenaire : sont-ils venus honorer le saint ou sont-ils venus remercier Dieu pour la victoire ? Quid du guérisseur ? Qu’ont pensé les Vannetais lorsqu’ils entendent le R.P. Janvier affirmer que « thaumaturge, [Vincent Ferrier] commande souverainement à la nature, il guérit les malades, il ressuscite les morts et jamais peut-être, depuis les Apôtres, personne ne disposa d’une pareille puissance [51] » ? Les archives ne permettent malheureusement pas de répondre à ces questions pourtant d’importance.
30 Des instantanés nous sont parvenus des processions des 6, 7 et 8 juillet 1919 [52]. Quelques-uns sont même publiés en cartes postales mais tous n’ont manifestement pas attiré l’attention des institutions publiques telles que les Archives départementales du Morbihan ou le Musée de Bretagne. Les collections de ces services sont en effet incomplètes et c’est sur des sites de vente aux enchères en ligne, auprès de collectionneurs privés donc, qu’on peut prendre connaissance de certains clichés. Ces photographies montrent une assistance importante et des rues de Vannes abondamment pavoisées pour l’occasion (documents 1 et 2). Mais l’on sait l’image trompeuse car la source, par définition, ne dit pas le hors-champ, ce qui incite le regard historien à la méfiance. Les fidèles sont-ils présents en masse sur tout le parcours des défilés ou seulement en quelques points heureusement choisis par l’opérateur photographique ? De même, on ne peut qu’être interpellé par les tenues vestimentaires que l’on aperçoit dans la foule. Ces gens, sont-ce des pèlerins ou des villégiateurs venus assister à un spectacle, celui de ces processions dont le caractère sensationnel est encore rehaussé par les costumes médiévaux que portent un certain nombre de participants, comme pour plonger la ville dans l’ambiance de ce xve siècle où vécut Vincent Ferrier ? [53] On le sait, tourisme et Grande Guerre font bon ménage avant même que ne soit signé l’armistice et, à Vannes comme en bien d’autres stations de villégiature, on prépare activement la « saison » [54]. Le doute est donc permis…
Documents 1 et 2 – « Lors des fêtes jubilaires de juillet 1919 »
Documents 1 et 2 – « Lors des fêtes jubilaires de juillet 1919 »
31 Néanmoins, et malgré ces réserves, ces cartes postales attestent sans ambiguïté d’une aptitude à mobiliser la foule par le biais de ce qui relève bel et bien d’une communication par l’image, un répertoire d’action maîtrisé par les catholiques morbihannais dès les années 1900 [55]. Pour autant, force est de constater qu’il n’est malheureusement guère possible d’aller plus loin dans la réflexion. Non seulement ces archives ne permettent pas de dire les motivations profondes des pèlerins, mais l’absence de métadonnées relatives à ces sources se révèle très problématique pour qui souhaite mener à bien l’opération historique. Ainsi, on ignore à combien sont tirées ces cartes postales. De même, on ne sait rien de leur prix de vente et, plus encore, de leur diffusion. Sans compter que si elles sont expédiées, nul ne peut dire comment elles sont reçues par les destinataires [56]. C’est dire si l’analyse est, sur ce point, lacunaire.
Commémorer pour forger l’avenir
32 Dès lors, on serait en droit d’interroger la pertinence de ce cinquième centenaire de la mort de saint Vincent Ferrier en tant qu’objet d’histoire. Si ces fêtes jubilaires sont néanmoins dignes d’intérêt, c’est que, malgré leur écho relatif, elles montrent que l’Église, à travers l’exemple d’Alcime Gouraud, n’entend pas renoncer au moment de la signature du traité de Versailles à exercer un rôle politique. En effet, la réactivation du souvenir de saint Vincent Ferrier au crépuscule de la Grande Guerre rappelle combien l’idée d’Union sacrée doit être nuancée. Syncrétique lorsqu’il s’agit de s’opposer à l’Allemagne, la commémoration se fait également outil politique du temps présent pour lutter contre le « péril rouge » et, surtout, tenter de restaurer la place de l’Église dans la société française d’après-guerre.
Propager la paix… et la foi
33 Au début du mois de juin 1919, quelques jours donc avant la signature du traité de Versailles, La Semaine religieuse du diocèse de Vannes publie une série d’articles revenant sur la vie de saint Vincent Ferrier. Hagiographique, le propos insiste bien évidemment sur le thaumaturge, mais met également largement en valeur le « pacificateur », ce qui n’est assurément pas un hasard alors même que les négociations diplomatiques piétinent :
À la fin du xive et au commencement du xve siècle, les grandes nationalités européennes n’étaient pas encore fortement constituées, et dans toute l’Europe régnait une anarchie lamentable. Entre les provinces, les villes, les familles, éclataient des guerres, des rivalités sans cesse renaissantes. La haine régnait partout.
Maître Vincent avait la grâce spéciale d’apaiser les querelles et de rétablir la paix. Tous les jours, pour ainsi dire, on avait recours à son arbitrage. Comme on le savait le plus éclairé, le plus impartial et le plus désintéressé des juges, ses sentences avaient force de loi ; et sur la demande des parties, on les consignait sur parchemin et on les déposait dans les archives publiques [57].
36 Puis, dans une allusion plus explicite à l’actualité du moment, l’hebdomadaire diocésain expose :
38 L’emploi de ce dernier terme en juin 1919 n’est évidemment pas neutre et ne peut pas ne pas constituer une référence à cette culture de guerre postulant un combat pour la « civilisation » et le « droit » contre la « barbarie » [60]. En cela, il se situe dans la continuité du discours tenu pendant tout le conflit par Mgr Gouraud, prélat résolument investi dans l’effort de guerre contre l’Allemagne [61]. Par l’intercession de saint Vincent Ferrier, l’évêque de Vannes rappelle que seule la Providence permet fondamentalement de faire l’Union. Autrement dit, il s’agit bien de propagande dans l’acception étymologique du terme, c’est-à-dire propaganda fide, propager une foi [62].
L’ennemi à gauche
39 Mais dans quelle mesure le « grand Schisme » combattu par Vincent Ferrier ne fait-il pas aussi référence à la lumière qui, depuis octobre 1917, luit à l’Est ? La question mérite d’être posée dans la mesure où le recours au thaumaturge permet de filer la métaphore pestifère et de passer de manière subliminale d’un péril, la grippe espagnole, à un autre, non plus sanitaire celui-là, mais révolutionnaire. Le 6 juillet 1919, le père Jourdain Padé des frères prêcheurs dépeint Vincent Ferrier comme un « possédé de Dieu » vivant en une époque où « le trouble des esprits, que ne guide plus une lumière unique, amène la perturbation des cœurs ». Puis il ajoute :
Nous sommes au lendemain d’une lutte atroce qui a fait jaillir des âmes toutes les horreurs et toutes les sublimités ! Nous avons la victoire des armes, mais le pays a versé toute sa vie sur les champs de bataille ; il est dans un état de faiblesse où s’affirment tous les dangers de mort que depuis longtemps il portait dans son sein. Avec ses défaillances religieuses, ses discussions politiques, ses misères de cœur et de conduite, avec ses deuils, ses haines, sa pauvreté, je pourrais, en dépit de la gloire de nos armes, faire de notre société une peinture aussi attristante que le tableau du Moyen Âge au temps de Vincent Ferrier [63].
41 Discrète, l’allusion se fait cette fois-ci plus précise le 8 juillet 1919 quand ce même père Padé décrit Vincent Ferrier en « spécialiste de la paix », qualité qui, à l’en croire, légitime son culte 500 ans après sa mort :
La guerre avec l’étranger n’était rien en regard de la discorde qui ravage les âmes, les familles, la société. Nous sommes en état de guerre pour faits de religion et de politique quand il faudrait tout d’abord, afin d’espérer en l’avenir, ni sentir ni ébranler le trône et l’autel. Nous permettons qu’on parle de luttes des classes comme d’un moyen de progrès, lorsque, pour gagner notre vie, pour porter notre fardeau de misères, pour guérir nos places sanglantes et consoler nos immenses deuils, nous ne devrions avoir qu’une seule âme et qu’un seul cœur [64].
43 Ce faisant, le discours du frère prêcheur se révèle être au diapason d’une parole catholique qui n’hésite pas, à l’occasion, à être encore plus directe. C’est ce que montre L’Union morbihannaise en se livrant, le 22 décembre 1918, à l’exégèse du sermon prononcé en la cathédrale Saint-Pierre par Mgr Gouraud à l’occasion du troisième dimanche de l’Avent et en dénonçant par la même occasion « la peste du rationalisme allemand [65] ». Sans doute faut-il voir dans ce propos une conséquence, d’une part, du séisme constitué par la Révolution russe, d’autre part de la Grande Guerre elle-même, conflit conduisant à une véritable haine de tout ce qui est, ou est supposé être, « boche ». Toujours est-il que ces deux éléments font écho à une longue histoire locale. C’est ce que rappelle en janvier 1919 La Semaine religieuse du diocèse de Vannes :
Beaucoup d’entre nous se sont laissé prendre aux grands mots de justice, de solidarité, qui revenaient sans cesse sur les lèvres des orateurs d’avant-guerre. Et dans l’intention excellente de ne pas froisser des convictions qui paraissaient sincères, ils n’ont pas réagi, comme il l’aurait fallu, contre un mouvement qui les entraînait à l’abîme. Car le socialisme est un système philosophique et religieux, et si ses adeptes ne connaissent trop souvent que la façade extérieure, toute de promesses séduisantes, ses chefs en connaissent les vrais fondements. Il suffit d’avoir entendu le citoyen Merrheim [66] pour apercevoir, dans sa lumière crue, le but poursuivi. Quand les fameuses grèves d’Hennebont [67] éclatèrent il y a quelque dix ans, le premier soin des meneurs expédiés pour soutenir le parti des ouvriers, fut d’exiger la suppression de tout emblème religieux aux foyers des grévistes. On peut dire que tous les soulèvements ouvriers ont pris, dès les premiers jours, une tournure nettement anticléricale. Pourquoi ? Parce que le socialisme sent qu’il ne pourra s’établir que sur les ruines du catholicisme. Il ne se trompe pas [68].
45 Cette rhétorique ne relève donc d’aucune génération spontanée et plonge au contraire ses racines dans la conflictualité politique d’avant-guerre. Mais la métaphore sanitaire, elle, montre l’aptitude de ce discours à s’adapter aux réalités du moment. C’est ce dont témoigne la tribune publiée en octobre 1918 par un certain Gildas Diwaller dans la très catholique Union morbihannaise :
Non ! le socialisme n’est plus une doctrine ou un parti, se donnant surtout la mission d’améliorer le sort et la situation des classes laborieuses. Dans sa folie et sa rage de destruction de toute organisation politique et sociale, il est devenu synonyme de Néant et de Trahison. Aussi est-il du devoir de tout patriote, non seulement de ne pas s’y laisser prendre, mais de la considérer comme la peste et de la combattre par tous les moyens [69].
47 Quelques mois plus tard, en mars 1919, un dénommé Georges Loire dénonce en première page de cet hebdomadaire « la marée bolcheviste » en des termes qui perpétuent la métaphore tout en l’accordant à l’actualité sanitaire mais aussi diplomatique du moment : « La pointe avancée que le bolchevisme vient de pousser en Hongrie est-elle, du moins, de nature à activer les travaux de la Conférence de la paix, et comprendra-t-elle que ses atermoiements, ses ménagements inexplicables, incompréhensibles, vis-à-vis de l’Allemagne, ont favorisé ce fléau qui grandit, cette contagion qui gagne de proche en proche, cette peste, plus néfaste pour les nations et les sociétés, que l’autre pour les individus [70] ? » De la même manière, c’est en usant aussi de cette métaphore de la contagion que L’Ouest-Éclair justifie en novembre 1918 l’intervention alliée en Ukraine via la Mer noire [71] :
On ne traite pas avec la peste : on l’extirpe, ou plutôt on l’étouffe. C’est pour l’étouffer que nous sommes à Constantinople [72].
49 Ces exemples montrent que la parole de l’évêché de Vannes n’est pas isolée et que la rhétorique pesteuse constitue, bien au contraire, une référence assez communément employée par les catholiques bretons d’alors, quelles que puissent être par ailleurs leurs divergences. La célébration du cinquième centenaire de la mort du thaumaturge valencien n’en a dès lors que plus de sens.
Remettre l’Église dans le jeu politique
50 Cette célébration est du reste un moyen pour Mgr Gouraud non seulement de rappeler l’importance de l’Église dans la France d’après-guerre, mais aussi d’avancer ses pions pour instaurer un rapport de force avec la République laïque. Alors que la paix de Versailles vient tout juste d’être signée – traité porteur de l’espoir d’un « plus jamais ça » et d’une ère nouvelle fondée sur la paix –, le prélat affirme que « c’est un nouveau siècle que nous inaugurons aujourd’hui à la gloire de saint Vincent Ferrier [73] ». Or ce propos n’est pas une parole de circonstance mais, au contraire, la marque d’une stratégie à première vue défensive, mais en réalité très offensive, engagée par l’évêque de Vannes. C’est ainsi qu’il explique au printemps 1919, dans une lettre sur « l’action catholique au lendemain de la guerre », que « les maux qui nous menacent encore, les révolutions qui ébranlent et ensanglantent tant de peuples en ce moment, les grondements d’orage qui se font entendre jusque chez nous, nous disent, plus clairement que jamais, que le grand malheur du monde contemporain est d’avoir rejeté Dieu [74] ». Puis, cherchant à tirer bénéfice de sa participation à l’Union sacrée, Alcime Gouraud feint de se demander en janvier 1919, par l’intermédiaire de La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, si, en « reconnaissance […] des droits de la religion révélée », la France ne sera pas amenée, une fois la paix signée, à proclamer « religion d’État » le catholicisme [75]. Pour justifier sa prétention à revenir sur la Séparation, le prélat n’hésite pas à l’occasion du nouvel an 1919 à s’appuyer sur les glorieux états de service récoltés par ses prêtres et séminaristes : « deux croix de la Légion d’honneur, sept médailles militaires et plus de trois cents citations nous donnent plus que jamais le droit de revendiquer le libre exercice de notre ministère, si on voulait l’entraver (ce qu’à Dieu ne plaise), et le droit de rappeler à nos fidèles que leurs prêtres sont dignes de confiance [76] ». La mémoire, même la plus immédiate, est bel et bien l’outil politique du temps présent.
51 Il est néanmoins difficile de déterminer si un tel souhait recouvre l’opinion du clergé et des fidèles. En revanche, il est manifeste que ce positionnement se situe dans la continuité de la politique de défense des intérêts catholiques menée par Mgr Gouraud dès sa nomination à la tête de l’évêché de Vannes, comme en témoigne par exemple sa lettre pastorale « sur le devoir électoral » publiée en 1908 ou sa circulaire « demandant des prières pour les élections » émise en avril 1910 [77]. Or on sait grâce à de nombreuses sources que les clivages nés de la Belle Époque ne sont pas résorbés par le sang versé dans les tranchées et que, sourdement, le combat continue pendant le conflit. Mobilisé à la 44e batterie du 33e RAC, Jean-Marie Le Moing, vicaire à Cléguer, écrit par exemple dans ses carnets en juin 1918 : « il n’y a pas à le nier, la politique nous mène toujours et l’anticléricalisme aussi [78] ». De la parole aux actes, il n’y a qu’un pas et, dès le mois de janvier 1919, l’évêché reconstitue à Lorient, véritable terre de mission, l’Union catholique pour « non seulement défendre les droits de l’Église, mais pour faire pénétrer partout les principes de restauration et de salut que renferme sa doctrine [79] ». C’est du reste une politique très offensive de préemption du souvenir que mène Mgr Gouraud puisque l’évêque de Vannes expose à la même époque :
Les prêtres sont autorisés à contribuer à l’érection des autres monuments qui pourront être élevés à l’honneur des défenseurs de la patrie. Mais ils devront exiger, pour y participer, que les emblèmes religieux n’en soient pas exclus : c’est prendre la défense de tous nos soldats bretons en particulier que de revendiquer pour eux ce signe de leur foi. Si des comités locaux sont constitués à cette occasion, ils sont autorisés à en faire partie, à condition que les notabilités catholiques de leur paroisse n’en soient pas éloignées [80].
53 L’intention est claire : replacer au centre du jeu politique l’Église en usant pour cela de tous les moyens, y compris la mémoire de la Grande Guerre. Une stratégie dont le point culminant est assurément le mémorial de Sainte-Anne-d’Auray et dont les célébrations du cinq-centième anniversaire de la mort de saint Vincent Ferrier participent, révélant par la même occasion l’aptitude de l’évêque de Vannes à saisir les problèmes du moment et à y adapter sa rhétorique [81].
54 Discrète, la commémoration du cinquième centenaire de la mort de saint Vincent Ferrier n’en constitue pas moins un objet historique d’un grand intérêt. Certes, il est difficile de dépasser le stade de la parole ecclésiastique puisque les archives ne permettent pas de mesurer la ferveur des croyants. Quelques cartes postales montrent bien une foule dense, mais on sait combien ces sources sont trompeuses et par définition biaisées. Quelles sont les motivations profondes des personnes ayant assisté à ces trois journées ? Sont-elles venues prier le thaumaturge ou remercier Dieu de leur avoir donné la Victoire ? Sont-elles venues recommander au ciel le souvenir d’un proche mort pour la France ou n’ont-elles vu dans les processions organisées autour de la cathédrale de Vannes qu’un « spectacle » valant « le coup d’œil » ? Nul ne peut en l’état de la documentation le dire, même si le succès s’appuie incontestablement sur une population dont les taux de pratique religieuse sont particulièrement élevés [82]. Pour autant, l’enjeu d’une telle enquête nous paraît doublement questionner l’idée d’Union sacrée.
55 On peut d’ailleurs se demander, à ce propos, si la politique résolument offensive de Mgr Gouraud est ou non habile. Certes, l’évêque entend capitaliser sur l’adhésion de son diocèse à l’Union sacrée et sur le sang versé par ses prêtres et séminaristes aux tranchées, jusqu’à, on l’a vu, demander à ce que le catholicisme devienne religion d’État. La requête pourra paraître audacieuse, elle n’en évite pas moins la question de la collision frontale avec le régime. Après 52 mois de guerre, la République est profondément ancrée dans les cœurs. Même si certains bastions de résistance existent, le fait est que la translation au Panthéon du cœur de Gambetta à l’occasion des cérémonies du 11 novembre 1920 montre que la nature du régime est devenue une question refroidie, relevant d’une histoire révolue et donc d’une joute qu’il est inopportun de réactiver [83].
56 Curieusement, et c’est le second point que nous souhaiterions mettre en lumière ici, cette notion d’Union sacrée n’a fait l’objet d’aucun réexamen à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale [84]. Pourtant, l’exemple du Morbihan, département dont on sait combien il est contrasté sur le plan politique, ne manque pas d’inviter à une réouverture du dossier. Celui-ci nous paraît en effet fournir la preuve que les fractures nées de la Séparation ne disparaissent pas, comme par enchantement, par la grâce de la mobilisation générale lors de l’été 1914. D’ailleurs, quatre ans plus tard, le préfet du Morbihan, Pierre Guillemaut, s’abrite derrière cette même loi pour décliner l’invitation lancée par Mgr Gouraud à l’occasion de la prière publique donnée pour l’anniversaire de la déclaration de guerre [85].
Notes
-
[1]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’Évêque de Vannes à l’occasion de la signature de la Paix », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 5 juillet 1919, p. 418-419.
-
[2]
En janvier 1918, prenant acte de « cet héroïsme qui a surgi dans tous les rangs » et rendant ainsi hommage aux poilus, Mgr Gouraud affirme que « l’histoire dira pour quelle large part le sentiment chrétien a contribué à le produire » (Archives départementales du Morbihan (Arch. dép. du Morbihan), 1 V 5bis, Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes à ses prêtres et séminaristes soldats, 1er janvier 1918, p. 2).
-
[3]
Sur le séjour de Vincent Ferrier en Bretagne et les distorsions entre l’histoire de ce prédicateur valencien et le culte qui lui est rendu post mortem, voir Cassard, Jean-Christophe, « Le légat catéchiste. Vincent Ferrier en Bretagne (1418-1419) », Revue historique, no 122, 1998-2, p. 323-344.
-
[4]
Beaupré, Nicolas, « La guerre comme expérience du temps et le temps comme expérience de guerre. Hypothèses pour une histoire du rapport au temps des soldats français de la Grande Guerre », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol. 117, 2013-1, p. 166-181.
-
[5]
Pour une synthèse récente, se rapporter à Boniface, Xavier, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2014. Voir aussi Christophe, Paul, Benoît XV et la Grande Guerre, Paris, Cerf, 2016.
-
[6]
L’Ouest-Éclair, 17 août 1917, p. 1.
-
[7]
Vinet, Freddy, La Grande grippe. 1918. La pire épidémie du siècle, Paris, Vendémiaire, 2018 ; Sainclivier, Jacqueline, « La grippe infectieuse dite espagnole en Bretagne, 1918-1919 », Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, Tome XCIX, 2021, p. 275-302.
-
[8]
Nous faisons nôtre l’expression employée par Perrot, Michelle, Mélancolie ouvrière, Je suis entrée comme apprentie, j’avais alors douze ans…, Lucie Baud, 1908, Paris, Grasset, 2012, p. 14.
-
[9]
Cabanes, Bruno, La Victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français 1918-1920, Paris, Seuil, 2014 ; Fryszman, Aline, La victoire triste ? : espérances, déceptions et commémorations de la victoire dans le département du Puy-de-Dôme en sortie de guerre (1918-1924), thèse de doctorat d’histoire (sous la direction de Stéphane Audouin-Rouzeau), Paris, EHESS, 2009.
-
[10]
Signalons toutefois une notable exception : Picaud, Carine, La Première action catholique dans le diocèse de Vannes sous l’épiscopat de Mgr Gouraud, 1906-1928, Paris, École nationale des Chartes, 1995, et sa notice, par David Bensoussan, dans Dauzet, Dominique Marie et Le Moigne, Frédéric (dir.), Dictionnaire des évêques de France au xxe siècle, Paris, Cerf, 2010, p. 308-309.
-
[11]
« Les nouveaux évêques », La Croix, 27 février 1906, p. 1.
-
[12]
« Les Inventaires des biens d’églises. À Sainte-Anne-d’Auray », L’Ouest-Éclair, 15 mars 1906, p. 4.
-
[13]
Arch. dép. du Morbihan, V 608, Lettre du préfet du Morbihan aux juges de Paix du département, 12 novembre 1914.
-
[14]
Archives diocésaines de Vannes, D 1-1-10-14, lettres du préfet du Morbihan à l’évêque de Vannes, 12 novembre 1914.
-
[15]
Archives diocésaines de Vannes, D 1-1-10-14, lettre du préfet du Morbihan à l’évêque de Vannes, 29 avril 1915. Réponse manuscrite de Mgr Gouraud au préfet du Morbihan, 29 avril 1915.
-
[16]
Ouvrage collectif, Les Morbihannais dans la guerre 14-18, Vannes, Archives départementales du Morbihan, 2014, p. 213.
-
[17]
Vinet, Freddy, La Grande grippe…, op. cit.
-
[18]
« L’épidémie de grippe maligne », La Dépêche de Brest, 2 octobre 1918, p. 1.
-
[19]
Rapport du médecin-major Malloizel relatif à l’épidémie de grippe espagnole sévissant dans la commune de Ploemel et de ses environs, 18 août 1918, cité dans Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 213.
-
[20]
Evanno, Yves Marie, Sarzeau, une commune bretonne dans la Grande Guerre, Sarzeau, À Fluctibus Opes, 2018, p. 72.
-
[21]
Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 215.
-
[22]
Chaudré, Christian, « La grippe espagnole dans le Morbihan. 1918-1919 », Bulletins et mémoires de la société polymathique du Morbihan, t. CXXXVI, 2010, p. 226.
-
[23]
Les Morbihannais dans la guerre 14-18…, op. cit., p. 215.
-
[24]
« Une lettre de Mgr Gouraud », L’Union morbihannaise, 10 novembre 1918, p. 2.
-
[25]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes demandant des prières pour les victimes de la guerre et pour les victimes de l’épidémie », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 690-691.
-
[26]
« Saint Vincent Ferrier et la peste », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 700.
-
[27]
Ibid., p. 700-704.
-
[28]
Salvadori, Françoise et Vignaud, Laurent-Henri, Antivax. La résistance aux vaccins du xviiie siècle à nos jours, Paris, Vendémiaire, 2019, p. 117.
-
[29]
Dornel, Laurent et Le bras, Stéphane (dir.), Les Fronts intérieurs européens. L’arrière en guerre (1914-1920), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2018.
-
[30]
Perrot, Annick et Schwartz, Maxime, Le Génie de Pasteur au secours des poilus, Paris, Odile Jacob, 2016, p. 205-209. Signe qu’en Morbihan aussi la médecine constitue un front de la Grande Guerre, le message de l’Académie des Sciences affirmant que l’épidémie prend sa source dans les Empires centraux – repris notamment par le ministre de la marine Georges Leygues – est relayé par la presse catholique morbihannaise comme le montre « Les épidémies de Lorient à la Chambre », L’Union morbihannaise, 29 septembre 1918, p. 2.
-
[31]
Edward Jenner : médecin anglais né en 1749 dans le Gloucestershire et à l’origine d’une campagne de vaccination antivariolique ayant rencontré au xviiie siècle un vaste succès en Grande-Bretagne.
-
[32]
« Instruction populaire au sujet de l’épidémie de variole », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 10 mars 1870, p. 147.
-
[33]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes demandant des prières pour les victimes de la guerre et pour les victimes de l’épidémie », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 2 novembre 1918, p. 691.
-
[34]
Arch. dép. du Morbihan, 2 J 98, archives privées familles Galles, chemise 2. Lettre de Monseigneur à son clergé, 15 octobre 1918 (supplément à La Semaine religieuse du samedi 19 octobre 1918).
-
[35]
Tranvouez, Yvon, « Une voix de la patrie qui nous parlait de Dieu. La Grande Guerre de Monseigneur Duparc », dans Id. (dir.), Les Catholiques bretons dans la Grande Guerre. Actes du colloque de Sainte-Anne-d’Auray (14-15 octobre 2016), Brest, Centre de recherche bretonne et celtique/Institut culturel de Bretagne, 2017, p. 150.
-
[36]
Pour un détail précis du programme se rapporter à « Fêtes jubilaires de Saint Vincent Ferrier à l’occasion du Ve centenaire de sa mort (6, 7 et 8 juillet 1919) », La semaine religieuse du diocèse de Vannes, 28 juin 1919, p. 402-407.
-
[37]
« Lettre de Monseigneur l’Évêque de Vannes au clergé et aux Fidèles de son diocèse pour leur annoncer un Triduum solennel en l’honneur du 5e centenaire de saint Vincent Ferrier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 14 juin 1919, p. 375.
-
[38]
Ibid.
-
[39]
Le Moigne, Frédéric, « La Manifestation catholique (1902-1950) », dans Balcou, Jean, Provost, Georges et Tranvouez, Yvon (dir.), Les Bretons et la séparation (1795-2005), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, p. 345-355.
-
[40]
« Les fêtes de Saint-Vincent Ferrier », L’Union morbihannaise, 6 juillet 1919, p. 2.
-
[41]
Perego, Simon, « Conflictualité politique, identités partisanes et commémorations de la Shoah dans le monde juif parisien, 1944-1967 », dans Bouchet, Renaud, Lecossois, Hélène, Letort, Delphine et Tison, Stéphane (dir.), Résurgences conflictuelles. Le travail de mémoire entre arts et histoire, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2021, p. 202.
-
[42]
« Ve centenaire de Saint Vincent Ferrier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, no 28, p. 434. Pour une description détaillée de ces manifestations on pourra notamment se rapporter à Le Garrec, E., « Le cinquième centenaire de la mort de Saint Vincent Ferrier 6, 7, 8 juillet 1919 », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 19 juillet 1919, p. 453-471.
-
[43]
« Les fêtes triomphales du Ve centenaire de saint Vincent Ferrier », L’Union morbihannaise, 13 juillet 1919, p. 1-2.
-
[44]
« Le cinquième centenaire de Saint-Vincent-Ferrier », Le Nouvelliste du Morbihan, 9 juillet 1919, p. 2.
-
[45]
« Fête nationale du 14 juillet 1919 », Le Progrès du Morbihan, 12 juillet 1919, p. 1.
-
[46]
« Vincent Ferrier », Le Ploërmelais, 13 juillet 1919, p. 1.
-
[47]
« En l’honneur de St-Vincent-Ferrier », La Résistance, 26 juillet 1919, p. 1.
-
[48]
« Le Ve centenaire de Saint Vincent Ferrier », Le Nouvelliste de Bretagne, 9 juillet 1919, p. 2.
-
[49]
« Nouvelles religieuses », La Semaine religieuse du diocèse de Nantes, 19 juillet 1919, p. 457-460.
-
[50]
« Nouvelles religieuses », La Croix, 12 juillet 1919, p. 2.
-
[51]
« Panégyrique du T. R. P. Janvier », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 12 juillet 1919, p. 436.
-
[52]
Ils sont reproduits dans Fêtes jubilaires de St-Vincent-Ferrier. Cinquième centenaire 6, 7, 8 juillet 1919, Vannes, Galles 1919. Voir aussi Arch. dép. du Morbihan, 7 Fi 49/1 à 15.
-
[53]
« Les fêtes triomphales du Ve centenaire… », art. cité, p. 1 indique que « des jeunes gens et des jeunes filles revêtus de somptueux costumes du xve siècle représentent le duc Jean V, la duchesse et leur cour ».
-
[54]
« Aux amis de Vannes », Le progrès du Morbihan, 5 juillet 1919, p. 1 ; Evanno, Yves Marie et Vincent, Johan (dir.), Tourisme et Première Guerre mondiale. Pratique, prospective et mémoire (1914-2014), Ploemeur, Éditions CODEX, 2019.
-
[55]
Pivault, Aurélien, Les Catholiques morbihannais contre le pouvoir anticlérical : mobiliser les foules dans le diocèse de Vannes des années 1900 aux années 1920, mémoire de master 2 Histoire, sciences sociales (sous la direction de Gicquel, Samuel), Rennes, Université Rennes 2, 2020.
-
[56]
Là est d’ailleurs une caractéristique de ce type de source comme le montrent les auteurs ayant contribué à Tillier, Bertrand (dir.), Cartes postales illustrées en guerre (1914-1918), Paris, CNRS Éditions, 2021.
-
[57]
« Maître Vincent ! », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 7 juin 1919, p. 362.
-
[58]
Crise pontificale du tournant des xive et xve siècles se manifestant notamment par l’instauration d’une double papauté à Rome et Avignon.
-
[59]
Ibid., p. 363.
-
[60]
Audouin-Rouzeau, Stéphane et Becker, Annette, 14-18, retrouver la Guerre, Paris, Gallimard, 2000.
-
[61]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes à ses prêtres et ses séminaristes soldats, 1er mai 1915 ; Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes aux curés et recteurs du diocèse, 20 décembre 1917 ; Lettre de Monseigneur l’évêque de Vannes aux marins et soldats du diocèse de Vannes, 1er mars 1918.
-
[62]
Dalisson, Rémy, « 1917 : une mobilisation culturelle par la fête de guerre. Le cas des États-Unis », dans Barey, Morgane et Bourcart, Jean (dir.), 1917…, op. cit., p. 137. Pour de plus amples développements sur cette notion toujours délicate d’emploi en histoire, se reporter à d’Almeida, Fabrice, « Propagande, histoire d’un mot disgracié », Mots. Les langages du politique, no 69, 2002, p. 137-148.
-
[63]
Fêtes jubilaires de St-Vincent-Ferrier…, op. cit., p. 38 et 41.
-
[64]
Ibid., p. 77.
-
[65]
« La Station de l’Avent à la cathédrale », L’Union morbihannaise, 1re année, no 52, 22 décembre 1918, p. 2. Sur le père Padé, consulter la notice en ligne du Dictionnaire des frères prêcheurs le concernant [https://journals.openedition.org/dominicains/1465] (page consultée le 15 décembre 2021).
-
[66]
Alphonse Merrheim (1871-1925), chaudronnier, syndicaliste révolutionnaire et important dirigeant de la CGT. Parmi les premiers critiques de l’Union sacrée, il participe à la conférence pacifiste dite de Zimmerwald en septembre 1915.
-
[67]
Grève ayant duré 115 jours entre mai et août 1906 pour l’obtention, sans succès, de la journée de 8 heures.
-
[68]
« Le Problème religieux et l’après-guerre (suite) », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 18-19.
-
[69]
« Prenez garde », L’Union morbihannaise, 27 octobre 1918, p. 2.
-
[70]
« La marée bolcheviste », L’Union morbihannaise, 30 mars 1919.
-
[71]
Sur ce concept, en tant qu’outil à disposition de la discipline historique, se reporter à Delaurenti, Béatrice et Le Roux, Thomas, De la Contagion, Paris, Vendémiaire, 2020.
-
[72]
« La flotte alliée devant Constantinople », L’Ouest-Éclair, 16 novembre 1918, p. 2.
-
[73]
« Allocution de Monseigneur », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 12 juillet 1919, p. 436.
-
[74]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Lettre de monseigneur l’évêque de Vannes sur l’action catholique au lendemain de la guerre, 20 avril 1919, p. 3-4.
-
[75]
« Le problème religieux et l’après-guerre (suite) », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 18.
-
[76]
« Le Nouvel an à l’Évêché », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 4 janvier 1919, p. 4.
-
[77]
Arch. dép. du Morbihan, 1 V 5bis. Mandements et lettres pastorales, Mgr Gouraud (1906-1928). Pour une remise en contexte Déloye, Yves, « L’Invention d’une expertise électorale catholique : discours et pratiques politiques du bas clergé français sous la IIIe République », Parlement[s]. Revue d’histoire politique, hors-série no 6, 2010-3, p. 135-146.
-
[78]
Carney, Sébastien, « La soupe et l’angélus : le carnet de Jean-Marie Le Moing, 1916-1920 », dans Tranvouez, Yvon (dir.), Les Catholiques bretons dans la Grande Guerre…, op. cit., p. 134.
-
[79]
« L’union catholique à Lorient », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 11 janvier 1919, p. 25.
-
[80]
Gouraud, Alcime (Mgr), « Le ministère de l’après-guerre », La Semaine religieuse du diocèse de Vannes, 25 janvier 1919, p. 4.
-
[81]
Le Moigne, Frédéric, « Le mémorial régional de la Grande Guerre à Sainte-Anne-d’Auray », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, no 113-4, 2006, p. 49-76.
-
[82]
Près de 85 % de pascalisants des deux sexes dans le diocèse de Vannes dans les années 1930 (Cholvy, Gérard, Histoire religieuse de la France. Géographie, xixe-xxe siècle, Toulouse, Privat, 2000, p. 192).
-
[83]
Le Gall, Erwan, « Que reste-t-il de 1870-1871 en 1920-1921 ? Le cinquantenaire de l’année terrible dans la presse bretonne », Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, no 128-4, 2021, p. 190-192.
-
[84]
Weinrich, Arndt et Patin, Nicolas (dir.), Quel bilan scientifique pour le centenaire de 1914-1918 ?, Paris, Sorbonne Université Presses, 2022.
-
[85]
Arch. dép. du Morbihan, V 306. L’évêque de Vannes au préfet du Morbihan, 2 août 1918. Le préfet Guillemaut décline une nouvelle invitation de Mgr Gouraud, le 15 novembre 1918 ; celle-ci concerne cette fois-ci le Te Deum de la Victoire.