Il est toujours étrange de vouloir entreprendre l’histoire de quelque chose qui n’existe pas et les quatre auteurs de cette Histoire populaire de la Bretagne en sont pleinement conscients : dès les prémices de leur ouvrage, s’inscrivant dans le sillage des « communautés imaginées » du politologue américain B. Anderson, ils affirment que « le peuple n’existe pas, qu’il est composite, mouvant, porteur de voix diverses ». Pourtant, c’est bien dans une « histoire populaire de la Bretagne » qu’Alain Croix, Thierry Guidet, Gwenaël Guillaume et Didier Guyvarc’h se sont lancés, prolongeant d’une certaine manière une démarche entreprise à l’échelle nantaise en 2017. Disons-le de suite, le résultat est particulièrement intéressant. La connaissance quasi encyclopédique des auteurs alliée à un style d’une grande clarté confère une évidente portée pédagogique au propos. En d’autres termes, nous sommes en présence d’un livre des plus accessibles, y compris sur le plan financier. C’est là un point qu’il faut souligner tant il trahit un engagement fort, et éminemment louable, des auteurs et de leur éditeur.
Cette réussite est à souligner car l’histoire « populaire » n’est pas sans risques. Initiée par H. Zinn et mise au goût du jour en France par des auteurs aussi référencés que G. Noiriel ou M. Zancarini-Fournel, cette écriture entend prendre le relais de l’histoire sociale – sans doute trop aride et riche en chiffres pour le grand public – et attaquer de front un récit qui, quand il n’est pas national, n’envisage le réel que par les élites…