Le livre de Camille Fauroux, issu de sa thèse, aborde de façon inédite la question des femmes françaises qui se sont portées volontaires pour aller travailler en Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il faut tout d’abord resituer cette étude dans le cadre plus large du travail pour l’occupant pendant l’Occupation allemande, sous le régime de Vichy. De très nombreux Français ont travaillé pour l’Allemagne dans les usines de France ou pour certaines organisations allemandes installées en France, dont l’Organisation Todt, parfois de façon contrainte, et leur part augmente au fil de la guerre. Beaucoup d’ouvriers sont aussi partis travailler en Allemagne, d’abord sous une forme volontaire. Toutefois, malgré la propagande, le nombre d’engagements était insuffisant pour les autorités allemandes. Un degré vers la contrainte est franchi à l’été 1942 dans le cadre de la « Relève » (souvent forcée), qui promettait le retour d’un prisonnier de guerre en échange de trois travailleurs engagés. Enfin, à partir de septembre 1942, ce fut la réquisition de force, avec l’instauration du Service du travail obligatoire (STO) qui concerna plus de 650 000 ouvriers, mais dont les femmes furent rapidement exclues en ce qui concernait les départs vers l’Allemagne.
C. Fauroux s’est donc penchée sur le cas des femmes françaises qui, pour des raisons variées et souvent multiples, sont parties travailler en Allemagne pendant la guerre et sont donc toutes des volontaires, avec ce que cela entraîne de réprobation face à cette attitude de collaboration – ce qui explique qu’à la fin de la guerre, et jusqu’à nos jours, ces femmes ont cherché à se faire oublier et ont refusé de parler…