Couverture de ANNA_661

Article de revue

Bois et déboisement dans la Méditerranée antique

Pages 105 à 140

Notes

  • [*]
    Je remercie chaleureusement Janet DeLaine (Oxford), Paolo Malanima (Naples), Don Melnick (Columbia) et Robyn Veal (Sydney) pour leur aide et leurs conseils.
  • [1]
    - Robert SALLARES, « Ecology », in W. SCHEIDEL, I. MORRIS et R. SALLER (dir.), The Cambridge economic history of the Greco-Roman worlds, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 15-37, ici p. 21.
  • [2]
    Sing C. CHEW, World ecological degradation : Accumulation, urbanization, and deforestation 3000 B.C.-A.D. 2000, Walnut Creek, AltaMira Press, 2001, p. 93, qui reprend J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest : A history of resource depletion, Londres, Academic Press, 1981, et plus particulièrement J. Donald HUGHES, Pan’s travail : Environmental problems of the Ancient Greeks and Romans, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1994. David A. PERRY, Ram OREN et Stephen C. HART, Forest ecosystems, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2008, p. 5, pensent que la déforestation de la Méditerranée moderne (qu’ils exagèrent implicitement) est une conséquence de celle de l’Antiquité. Örjan WIKANDER, « Sources of energy and exploitation of power », in J. P. OLESON (dir.), Oxford handbook of engineering and technology in the Classical world, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 136-157, ici p. 139, dit qu’il y a « peu de doute que la Grèce et l’Italie furent sujettes à une importante déforestation au cours de la dernière moitié du millénaire avant J.-C. ».
  • [3]
    - Joseph A. TAINTER, « Archaeology of overshoot and collapse », Annual Review of Anthropology, 35, 2006, p. 59-74.
  • [4]
    - Pour cette distinction, voir ULPIEN, Digeste, XXXII, 55 praefatio. Dans cet article, je devrais normalement utiliser le terme lignum dans son sens spécifique pour faire référence au bois combustible. La distinction entre xulon et hule en Grec est encore moins précise.
  • [5]
    - Pour une bibliographie essentielle, voir R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 26.
  • [6]
    - Valérie ANDRIEU-PONEL et al., « Palaeoenvironments and cultural landscapes of the last 2000 years reconstructed from pollen and coleopteran records in the lower Rhône valley, Southern France », The Holocene, 10, 2000, p. 341-355.
  • [7]
    - Il serait vain de cataloguer les « faux-pas » historiques des écologistes scientifiques.
  • [8]
    Karl W. BUTZER, « Environmental history in the Mediterranean world : Cross-disciplinary investigation of cause-and-effect for degradation and soil erosion », Journal of Archaeological Science, 32, 2005, p. 1773-1800.
  • [9]
    - Andrea GIARDINA, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale : trasformazioni e continuità », in A. GIARDINA et A. SCHIAVONE (dir.), Società romana e produzione schiavistica, Rome/Bari, Laterza, 1981, I, p. 87-113, a également apporté une contribution précieuse.
  • [10]
    - Russell MEIGGS, Trees and timber in the Ancient Mediterranean world, Oxford, Oxford University Press, 1982, p. 379.
  • [11]
    - J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest..., op. cit.
  • [12]
    - J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit., p. 89-90. Jacques BLONDEL et James ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 202, semblent proches de cette école de pensée, mais ils affirment aussi que « le déclin de chaque grande civilisation fut presque toujours suivi d’un reboisement à large échelle des zones touchées ».
  • [13]
    - Pour les « immenses ravages » des forêts entre le XVe et le XVIIIe siècle, voir Fernand BRAUDEL, Les structures du quotidien : le possible et l’impossible, Paris, Armand Colin, [1967] 1979, p. 318. Pour l’idée selon laquelle les effets les plus graves remontent aux 120-150 dernières années, avec quelques nuances tout de même, voir Peregrine HORDEN et Nicholas PURCELL, The corrupting sea : A study of Mediterranean history, Oxford, Blackwell, 2000, p. 338.
  • [14]
    - On remarque le titre de la contribution d’Oliver RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology : The example of Ancient Greece », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity : Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 16-43.
  • [15]
    - Alfred Thomas GROVE et Oliver RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe : An ecological history, New Haven, Yale University Press, 2001, p. 174. En fait, l’Italie consomme beaucoup moins de bois de chauffage par habitant que la France ou les États-Unis. Les données détaillées peuvent être trouvées sur : http://rainforests. mongabay.com.
  • [16]
    - David L. LENTZ et Brian HOCKADAY, « Tikal timbers and temples : Ancient Maya agroforestry and the end of time », Journal of Archaeological Science, 36, 2009, p. 1342- 1353.
  • [17]
    - Voir David ABULAFIA, « Mediterraneans », in W. V. HARRIS (dir.), Rethinking the Mediterranean, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 64-93 ; William V. HARRIS, « The Mediterranean and Ancient history », ibid., p. 1-42 ; Michael HERZFELD, « Practical Mediterraneanism : Excuses for everything from epistemology to eating », ibid., p. 45-63.
  • [18]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 184-185.
  • [19]
    - La définition est plutôt rare ; D. A. PERRY, R. OREN et S. C. HART, Forest ecosystems..., op. cit., font souvent référence au phénomène, en 600 pages, sans le définir. Pour O. RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology... », art. cit., p. 28, « la déforestation est l’abattage d’arbres sans reboisement ». Mais cela doit être à une échelle significative.
  • [20]
    - Le flou autour du terme est très bien illustré par le New York Times du 20 août 2009 quand il parle de « déforestation sélective » après une tempête qui aurait détruit 100 des 24 130 arbres de Central Park (en fait, les dégâts furent bien plus importants).
  • [21]
    - Sander E. VAN DER LEEUW et al., « Climate, hydrology, land use, and environmental degradation in the lower Rhone valley during the Roman period », Comptes Rendus. Geoscience, 337, 1-2, 2005, p. 9-27, avec allusion à la période romaine.
  • [22]
    - Le fait que le grec et le latin classique manquaient de mots pour différencier la forêt du bois ne me paraît pas significatif.
  • [23]
    - Livre de Josué, II, 17, 15-18.
  • [24]
    - Voir par exemple Ératosthène sur Chypre in STRABON, Géographie, XIV, 684. Voir également le passage de Lucrèce cité en ouverture de cet article.
  • [25]
    - Sur les distinctions qui peuvent être établies entre ces termes, voir, par exemple, J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 118- 120. Phrygana en grec classique peut signifier bois pour le feu ou arbustes.
  • [26]
    - Ou lorsque les bois furent remplacés par de la vigne et des oliviers.
  • [27]
    Björn E. BERGLUND, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », in B. FRENZEL (dir.), Evaluation of land surfaces cleared from forests in the Roman Iron Age and the time of migrating German tribes based on regional pollen diagrams, Stuttgart, Gustav Fischer Verlag, 1994, p. 7-11, ici p. 7, dans un intéressant récit de l’histoire écologique de la région d’Ystad au sud de la Suède, distingue six paysages types, avec de 0 à 90 % d’espaces défrichés.
  • [28]
    - Selon une définition simple, un karst est « une région calcaire qui [est] très fissurée à la suite de la dissolution calcaire » : J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. XIX.
  • [29]
    - Voir, particulièrement sur ce problème, Florence MAZIER et al., « Pollen productivity estimates and relevant source area for major taxa in a pasture woodland (Jura mountains, Switzerland) », Vegetation History and Archaeobotany, 17, 2008, p. 479-495.
  • [30]
    - Une tendance critiquée par P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 337.
  • [31]
    - O. RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology... », art. cit., p. 31. Il privilégie ainsi ce qu’il nomme à tort la « Grèce antique ».
  • [32]
    - R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 23.
  • [33]
    - Par conséquent l’existence de localités telle Lago di Pergusa en Sicile, où la palynologie nous dit que rien n’a changé depuis l’Antiquité (ibid., p. 25), ne permet en rien de traiter d’une question plus vaste.
  • [34]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 53-77.
  • [35]
    - Oreste REALE et Jagadish SHUKLA, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate during the Roman classical period : Part II. Model simulation », Global and Planetary Change, 25, 2000, p. 185-214, ici p. 190. Les géographes ont essayé de faire ce genre de choses depuis longtemps : voir, par exemple, la citation de l’écrivain du Xe siècle, al-Muqadassi, dans P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 53.
  • [36]
    - B. E. BERGLUND, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », art. cit., p. 6.
  • [37]
    - J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest..., op. cit., p. 11 et 13 qualifie la végétation du monde pré-classique « d’originale », mais cette erreur semble avoir disparu.
  • [38]
    - Maurice REILLE et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France : A key site for the whole island », New Phytologist, 141, 1999, p. 291-307, ici p. 304. Je mets ici de côté plusieurs problèmes, comme celui de savoir si la culture sur brûlis était pratiquée en Méditerranée préhistorique.
  • [39]
    Alan GARDINER, Egypt of the Pharaohs : An introduction, Oxford, Clarendon Press, 1961, p. 42 ; voir en outre Marvin W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », Geographical Review, 59, 1969, p. 1-28, ici p. 12-13, sur les importations égyptiennes de cette région, et p. 14-17 sur le bois provenant de Mésopotamie. Voir également R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., chap. 3.
  • [40]
    Voir, par exemple, Catherine DELANO SMITH, « Where was the ‘wilderness’ in Roman times ? », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity : Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 154-179, ici p. 174-177, concernant l’Italie. En ce qui concerne l’Espagne, voir A. C. STEVENSON et R. J. HARRISON, « Ancient forests in Spain : A model for land-use and dry-forest management in southwest Spain from 4000 BC to 1900 AD », Proceedings of the Prehistoric Society, 58, 1992, p. 227- 247 ; Karl W. BUTZER, compte rendu in Annals of the Association of American Geographers, 93, 2003, p. 494-498, ici p. 496-497.
  • [41]
    - Anthony John PARKER, Ancient shipwrecks of the Mediterranean and the Roman provinces, Oxford, Tempus Reparatum, 1992, p. 439. Pour la métallurgie en Méditerranée avant 1000 av. J.-C., voir P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 347-348, plus une grande quantité de littérature plus spécialisée.
  • [42]
    - A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 166.
  • [43]
    - Frank NEUMANN et al., « Holocene vegetation and climate history of the northern Golan Heights (Near East) », Vegetation History and Archaeobotany, 16-4, 2007, p. 329- 346, ici p. 342 : « pas de changements [de climat] distinctifs au cours des 6 000 dernières années » ; Dagfinn MOE et al., « Vegetational changes and human presence in the low-alpine and subalpine zone in Val Febbraro, upper Valle di Spluga (Italian central Alps), from the Neolithic to the Roman period », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 431-451, ici p. 431 : « aucun changement climatique d’importance locale ne fut recensé au cours des 6 000 dernières années ». Une grande partie des recherches les plus récentes peut être suivie sur http://www.ngdc.noaa.gov/wdc/usa/paleo.html.
  • [44]
    - Giuseppe CURZI et al., « Millennial- to centennial-scale palaeoclimatic variations during Termination I and the Holocene in the central Mediterranean sea », Global and Planetary Change, 40-1, 2004, p. 201-217, ici p. 203. Voir cependant aussi A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., chap. 9. Dans certains domaines, par exemple la Tunisie entre 34 et 36o de latitude, il semble impossible de concilier l’histoire économique bien connue de l’époque romaine avec un climat comme celui qui prévaut aujourd’hui.
  • [45]
    - Je réutilise ici la méthode utilisée par O. REALE et J. SHUKLA, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate... », art. cit.
  • [46]
    - « Côtière » est à prendre dans son sens braudelien le plus large.
  • [47]
    - Au-dessus de 800 mètres (la limite approximative, dans les régions méditerranéennes, entre chênes et sapins). Pour les effets de l’altitude sur la répartition des essences méditerranéennes, voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 41-44, et J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 90-98.
  • [48]
    - De nombreuses recherches ont été faussées par un manque d’attention vis-à-vis de cette question...
  • [49]
    - Charles HIGOUNET, « Les forêts de l’Europe occidentale du Ve au XIe siècle », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 13. Agricoltura e mondo rurale in Occidente nell’alto Medioevo, Spolète, 1966, p. 343-398 ; Maurice LOMBARD, « Un problème cartographié : le bois dans la Méditerranée musulmane (VIIe-XIe siècles) », Annales ESC, 14-2, 1959, p. 234-254. Pour un commentaire sur la carte d’Higounet, voir Chris WICKHAM, « European forests in the early Middle Ages : Landscape and land clearance », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 37. L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Spolète, 1990, p. 479-545, ici p. 479 et 499-500.
  • [50]
    - Paolo MALANIMA, Pre-modern European economy, Leyde, Brill, 2009, p. 57-58. Pour certaines sources spécifiques concernant le VIe siècle en Italie, voir ci-dessous. A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 174, n’auraient pas dû utiliser des sources du règne de Théodoric pour parvenir à des conclusions au sujet du Haut-Empire romain.
  • [51]
    - Voir William V. HARRIS, « Introduction », in W. V. HARRIS, Rome’s imperial economy, Oxford, Oxford University Press, 2011.
  • [52]
    - M. José GIL GARCÍA et al., « Late Holocene environments in Las Tablas de Daimiel (south central Iberian Peninsula, Spain) », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 241-550, datent son commencement à partir de 150 av. J.-C.
  • [53]
    - Walter SCHEIDEL, « Demography », in W. SCHEIDEL, I. MORRIS et R. SALLER (dir.), The Cambridge economic history of the Greco-Roman worlds, op. cit., p. 47.
  • [54]
    Corpus Inscriptionum Latinarum, VIII, 25903, 25943 = Fontes Iuris Romani Anteiustiniani I, no101 (les lignes 6-7 font référence à la culture des vignes et des oliviers in silvestribus), ce fut l’Afrique du Nord dans laquelle TERTULLIEN, De anima, XXX, 3, a écrit que « des champs cultivés ont conquis les terres boisées ». Voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 374.
  • [55]
    Ces chiffres de population sont approximatifs ; ils suivent la conclusion de W. SCHEIDEL, « Demography », art. cit., p. 42, qui dit qu’« entre le XIIe siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C., la population de la partie de l’Europe, qui a finalement été reprise par l’empire romain, a quadruplé ». Selon P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 106, citant des sources diverses, « sur un terrain plat raisonnablement fertile, pour une famille de paysans (de cinq membres), il faudrait entre 5-10 hectares pour survivre », dans un système traditionnel européen de l’agriculture sèche (voir ibid., p. 110, pour le fait que beaucoup survécurent avec moins d’un hectare par personne).
  • [56]
    - Selon J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2000, p. 154, le Domesday Book montre qu’une personne occupait en moyenne 2,6 ha de terres agricoles.
  • [57]
    - Julius BELOCH, Die Bevölkerung der griechisch-römischen Welt, Leipzig, Duncker & Humblot, 1886, p. 507. J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 204, ont calculé que la zone de « climat de type méditerranéen » était de 2 119 960 km2, mais certains de leurs chiffres pour certains pays semblent trop bas. Ils excluent, tout comme moi, certaines régions du Portugal et de la Bulgarie.
  • [58]
    - C. WICKHAM, « European forests in the early Middle Ages... », art. cit., p. 541.
  • [59]
    - CATON, De l’agriculture, 1 fin, 3 début.
  • [60]
    - Voir particulièrement Robin LANE FOX, « Ancient hunting : From Homer to Polybius », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity..., op. cit., p. 119-153.
  • [61]
    Sauf peut-être pour les temps archaïques où la production et la consommation étaient si limitées qu’elles ne pesaient pas sur les approvisionnements.
  • [62]
    - J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 152.
  • [63]
    - Graeme BARKER, David GILBERTSON et David MATTINGLY (dir.), Archaeology and desertification : The Wadi Faynan landscape survey, southern Jordan, Oxford, Oxbow Books, 2007.
  • [64]
    - Le nombre 82 500 a été suggéré par John F. HEALY, Mining and metallurgy in the Greek and Roman world, Londres, Thames and Hudson, 1978, p. 196, scientifique très érudit de la métallurgie antique, et est souvent repris. Il se fonde sur une estimation de la consommation par habitant (14,5 kg). Les tentatives pour calculer le chiffre exact en estimant la taille d’anciens terrils doivent être considérées avec réserve.
  • [65]
    - P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 234.
  • [66]
    Ibid., p. 234, renvoie à Theodore A. WERTIME et James D. MUHLY, The coming of the Age of Iron, New Haven, Yale University Press, 1980, p. XVIII, pour les chiffres romains, mais ceux-ci n’expliquent pas comment ils sont parvenus à ces chiffres.
  • [67]
    Voir David SIM et Isabella RIDGE, Iron for the eagles : The iron industry of Roman Britain, Stroud, Tempus, 2002, p. 43.
  • [68]
    - Voir J. F. HEALY, Mining and metallurgy..., op. cit. ; Paul T. CRADDOCK, « Mining and metallurgy », in J. OLESON (dir.), Oxford handbook of engineering and technology..., op. cit., p. 93-120, ici p. 107-109, et la bibliographie fournie par ce dernier.
  • [69]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 321 ; P. T. CRADDOCK, « Mining and metallurgy », art. cit., p. 105.
  • [70]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 184. Un ratio similaire de bois pour le fer est possible pour l’Angleterre en 1550, selon Oliver RACKHAM, Woodlands, Londres, Collins, 2006, p. 125. Juan HELGUERA QUIJADA, « Los problemas energéticos de la industria española a finales del siglo XVIII : entre el agotamiento de las energías tradicionales y el fracaso de las nuevas fuentes de energía », in S. CAVACIOCCHI (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, Florence, Istituto internazionale di storia economica « F. Datini », Prato, 2003, p. 381-406, ici p. 382, dit qu’au XIXe siècle en Espagne, il fallait environ 4,5 kg de charbon de bois pour produire 1 kg de fer ; et le charbon de bois nécessitait 20-25 kg de bois.
  • [71]
    - Le poids de cette quantité de bois varie considérablement bien sûr. Je me suis basé sur une estimation de Gregory F. VOTRUBA, « Imported building materials of Sebastos harbour, Israel », International Journal of Nautical Archaeology, 36, 2007, p. 325-335, et une estimation plus élevée (pour les résineux) sur www.engineeringtoolbox.com. La quantité de bois nécessaire pour produire une quantité donnée de charbon de bois est assez variable : pour une proportion de 10/1, voir P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 334 ; J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 56, suggère un rendement moyen pour l’Antiquité de 10 à 15 %.
  • [72]
    - Je remercie Paolo Malanima pour cette estimation probable du rendement.
  • [73]
    - J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 149-152.
  • [74]
    - Voir Michael WILLIAMS, Deforesting the earth, Chicago, The University of Chicago Press, 2003, p. 91, pour certains calculs complémentaires.
  • [75]
    - Voir Janet DELAINE, « The supply of building materials to the city of Rome : Some economic implications », in N. CHRISTIE (dir.), Settlement and economy in Italy, Oxford, Oxbow Books, 1995, p. 555-562, ici p. 557-558. Le chiffre de 150 mde bois de chauffage par mde briques cuites, proposé par M. WILLIAMS, Deforesting the earth, op. cit., p. 3 et 90, est incompréhensible.
  • [76]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 321.
  • [77]
    Henry Noël LE HOUÉROU, « Impact of man and his animals on Mediterranean vegetation », in F. DI CASTRI, D. W. GOODALL et R. L. SPECHT (dir.), Mediterranean-type shrublands, Amsterdam, Elsevier Scientific Pub. Co., 1981, p. 479-521, ici p. 514. Jean-Louis VERNET, L’homme et la forêt méditerranéenne de la Préhistoire à nos jours, Paris, Éd. Errance, 1997, p. 61, affirme que les gens pauvres de Bangui utilisaient environ 500 kg par personne et par an (en 1987).
  • [78]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 185, appliquent ce chiffre à la Méditerranée antique et médiévale ; il correspond à leur point de vue, qui a tendance à minimiser la déforestation pour ces périodes.
  • [79]
    - M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 91.
  • [80]
    - Le chiffre provient de Robert V. REYNOLDS et Albert H. PIERSON, Fuel wood used in the United States 1630-1830, Washington DC, US Department of Agriculture Circular 641, 1942, p. 8-11, mais il est fondé sur des conjectures sur la consommation par habitant (ibid., p. 9, où la taille d’une corde de bois prête à confusion), qui pourraient occasionner une erreur d’un ordre de quatre. Les conditions climatiques dans les deux régions étaient en tout cas très différentes, de même que les traditions de construction de logements (utilisation intensive de bois en Amérique du Nord).
  • [81]
    - P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 56.
  • [82]
    - Enric TELLO, « Nuovi problemi, approcci e metodi per la storia economica ambientale delle società preindustriali », Studi Storici, 50, 2009, p. 607-631, ici p. 622, cite une recherche qui implique la consommation d’environ 2,5 kg par personne et par jour au XVIIIe siècle à Madrid.
  • [83]
    - Roger B. ULRICH, « Woodworking », in J. OLESON, Oxford handbook of engineering and technology..., op. cit., p. 439-464, ici p. 449, fournit une liste sommaire mais pratique de l’utilisation d’espèces différentes. Pour la grande variété des bois utilisés dans la construction navale, voir en particulier G. GIACHI et al., « The wood of ‘C’ and ‘F’ Roman ships found in the ancient harbour of Pisa (Tuscany, Italy) : The utilisation of different timbers and the probable geographical area which supplied them », Journal of Cultural Heritage, 4, 2003, p. 269-283.
  • [84]
    Robert C. ALLEN, « Was there a timber crisis in early modern Europe ? », in S. CAVACIOCCHI (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, op. cit., p. 469-482.
  • [85]
    - Andrea MANESCHI, Comparative advantage in international trade : A historical perspective, Cheltenham, E. Elgar Publ., 1998, fournit une histoire de ce concept et de sa critique.
  • [86]
    - Alain BRESSON, L’économie de la Grèce des cités, Paris, Armand Colin, 2008, t. I, p. 82, affirme que le prix (prétendument) élevé du carburant a eu cet effet sur l’économie grecque.
  • [87]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 320.
  • [88]
    - Voir Robyn VEAL et Gill THOMPSON, « Fuel supplies for Pompeii : Pre-Roman and Roman charcoals from the Casa delle Vestali », in G. FIORENTINO et D. MAGRI (dir.), Charcoals from the past : Cultural and palaeoenvironmental implications, Oxford, Archaeo-press, 2008, p. 287-297, ici p. 293 : le bois provenait probablement des terres situées au-dessus de 800 m. Pour une gestion similaire à l’époque romaine dans le Languedoc, voir Lucie CHABAL, Forêts et sociétés en Languedoc (Néolithique final, Antiquité tardive), Paris, Éd. de la MSH, 1997, p. 136.
  • [89]
    - À proprement parler, ce que nous savons, c’est qu’un homme d’Athènes a commandé une grande quantité de bois de chauffage à une personne de Torone, voir la lettre écrite sur plomb reproduite dans Supplementum Epigraphicum Graecum, 43, 1993, n488. Malgré le fait que Torone soit tombée sous le joug de Philippe II de Macédoine en 349, les épigraphistes semblent confiants quant à la datation de la lettre. Il n’est guère surprenant qu’Athènes ait dû importer du bois à un moment où elle pouvait avoir quelque 47 000 rames de trière : R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 131.
  • [90]
    - C’est aussi à la même époque qu’un résident d’Athènes a écrit qu’un bon gouvernement doit imposer la nomination de protecteurs des bois (huloroi) : ARISTOTE, Politique, VI, 8, 1321b30.
  • [91]
    - TITE-LIVE, Histoire romaine, XXXV, 41, 10.
  • [92]
    - Cette vision est confortée par les conclusions de Pier Luigi TUCCI, « Eight fragments of the marble plan of Rome shedding new light on the Transtiberim », Papers of the British School at Rome, 72, 2004, p. 185-202, ici p. 199. Le Pons Sublicius (et donc selon toute vraisemblance la Porta Trigemina) était situé plus bas sur la rivière qu’on le pensait auparavant.
  • [93]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, V, 13 ; STRABON, Géographie, V, 223. Il est possible, bien entendu, que Diodore ait été mal informé ; possible aussi que l’île d’Elbe ait été longtemps tributaire du carburant provenant du continent.
  • [94]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXXIV, 95-96 : « in multis partibus provinciisque Italiae ». R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 380, trouve ce témoignage difficile à croire parce que « la plupart des régions de la Gaule resta densément boisée », mais même si cela était vrai, ce ne serait pas pertinent en raison du problème de transport ; en fait, la raison pour laquelle les forgerons en question utilisaient du charbon de bois au lieu du bois était que le premier était plus léger et donc moins coûteux à transporter. Il y a aussi des sources montrant que les fours à poterie étaient approvisionnés en carburant locaux dans divers endroits : P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 335.
  • [95]
    - PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 41.
  • [96]
    - Pour la datation de la mosaïque, voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 339.
  • [97]
    - ULPIEN, Digeste, XXXII, 55, 5 : « in Aegypto, ubi harundine pro ligno utuntur... ».
  • [98]
    - Bernard P. GRENFELL et Arthur S. HUNT (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1907, II, n686 (IIe ou IIIe siècle). C’est sans doute un autre cas d’« avantage comparatif », auquel s’ajoute peut-être la nécessité de remplir les navires céréaliers de retour d’Ostie vers Alexandrie. Mais tout dans la configuration des échanges ne s’explique pas facilement : que devons-nous penser par exemple de la mosaïque provenant d’un tombeau de Sousse qui représente apparemment l’importation par voie maritime du lignum ? Le cabotage peut-être ? Voir, entre autres, Katherine M. D. DUNBABIN, The mosaics of Roman North Africa, Oxford, Clarendon Press, 1978, pl. 48. L’identification correcte de la cargaison a été faite par R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 529-530. La possibilité que la pénurie en combustible soit liée à une baisse de la production de briques en Italie après Alexandre Sévère (il y a eu une reprise sous la tétrarchie) ou au passage à grande échelle de l’incinération à l’inhumation fait encore débat : R. MEIGGS, ibid., p. 504, n. 119 et 257, défend la première hypothèse et réfute la seconde ; pour ma part, je penche pour l’inverse.
  • [99]
    Codex Theodosianus, 13.5.10, 14.5.1. Voir l’analyse de R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 258-259 (discutable à certains égards). L’affirmation dans l’Historia Augusta, Vie d’Alexandre Sévère, XXIV, 5, selon laquelle ce souverain serait lui-même concerné par cette question est probablement fausse, comme beaucoup d’autres passages de la biographie – mais elle nous permet de savoir ce que l’on pensait des devoirs d’un empereur à la fin du IVe siècle.
  • [100]
    - SYMMAQUE, Relatio, XXXX, 3.
  • [101]
    - Ainsi Domenico VERA, Commento storico alle Relationes di Quinto Aurelio Simmaco, Pise, Giardini, 1981.
  • [102]
    Codex Theodosianus, 11.16.15 et 18 (où la réquisition de charbon de bois pour la fabrication d’armes est appelée une « coutume ancienne »), délivrée aux préfets du prétoire en 382 et 390.
  • [103]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 336.
  • [104]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 110-113.
  • [105]
    Ibid., p. 126-130. Les remous que firent les Athéniens pour un simple cyprès envoyé de Carpathos au cours de la période 445-430 (IG I3.1454) suggèrent une pénurie.
  • [106]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 7, 1. Il y a de nombreuses complications dans ce domaine : par exemple, les jeunes arbres donnaient les meilleures rames (en raison de leur souplesse) : R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 119.
  • [107]
    PLATON, Critias, 111c. : « Mais, en ce temps-là, le pays [l’Attique] était encore intact... il y avait sur les montagnes de grandes forêts, dont il reste encore aujourd’hui des témoignages visibles. Si, en effet, parmi les montagnes, il en est qui ne nourrissent plus que des abeilles, il n’y a pas bien longtemps qu’on y coupait des arbres propres à couvrir les plus vastes constructions, dont les poutres existent encore. Il y avait aussi beaucoup de grands arbres (hemera) à fruits et le sol produisait du fourrage à l’infini pour le bétail. » Inutile de préciser que la description que Platon fait des montagnes de l’Attique à son époque ne suffit pas à elle seule pour confirmer ou au contraire invalider les autres sources témoignant de la présence d’arbres et même de forêts entières en Attique à la période classique.
  • [108]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 188-189 ; M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 96 ; Joachim RADKAU, Nature and power : A global history of the environment, Washington/Cambridge, German Historical Institute/Cambridge University Press, [2002] 2008, p. 132-133 (qui invente aussi une citation d’Eratosthène). A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 288, accusent à tort Platon d’avoir écrit ici « une Attique fictionnelle ». Son histoire est une fiction, mais il est erroné de traiter le récit de l’Attique contemporaine en ces termes : voir William V. HARRIS, « Plato and the deforestation of Attica », Athenaeum, à paraître. Les sangliers et les ours sur le mont Parnasse, mentionnés par PAUSANIAS, Description de la Grèce, I, 32, 1, et évoqués par R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 381, appartiennent à une période tout à fait différente.
  • [109]
    - Même dans les temps mythiques, l’Attique ne fut jamais riche en bois de construction navale, dit PLATON, Lois, IV, 706b, ce qui tend à confirmer le passage du Critias, comme le fait PSEUDO-DEMOSTHÈNE, Sur le traité avec Alexandre, XVII, 28.
  • [110]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes. L’« Italie » pour Théophraste signifie encore la Calabre, il sous-estime les ressources du reste de la péninsule qu’il n’avait apparemment pas visitée : William V. HARRIS, « Quando e come l’Italia divenne per la prima volta Italia ? Un saggio sulla politica dell’identità », Studi Storici, 48, 2007, p. 301-322.
  • [111]
    - Comme R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 139, le remarque.
  • [112]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 2, 1. Mais il évalue la qualité, pas le prix ou la disponibilité.
  • [113]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 423-457, examine cette source en détail, mais je ne partage pas l’idée selon laquelle l’origine géographique du vendeur révèle la provenance de son bois (il y avait un trop grand nombre de Corinthiens). Le témoignage le plus intéressant de notre point de vue vient de Delphes : il montre notamment que les promoteurs en charge de la reconstruction du temple d’Apollon pouvaient obtenir 17 cyprès de Sicyone en 335, mais à des prix « exceptionnellement élevés » (ibid., p. 431).
  • [114]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, XIX, 58.
  • [115]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 133-135.
  • [116]
    - Voir Hélène CADELL, « P. Genève 60, B.G. U. II 456 et le problème du bois en Égypte », Chronique d’Égypte, 51, 1976, p. 331-348, ici p. 346, et Bärbel KRAMER, « Arborikultur und Holzwirtschaft im griechischen, römischen und byzantinischen Ägypten », Archiv für Papyrusforschung, 41, 1995, p. 217-231, ici p. 218-222. Le gouvernement s’intéressait à la question des arbres en partie à cause de leur importance pour la sécurité des digues : Marie DREW-BEAR, « Le bois en Égypte d’après les papyrus d’époque romaine », in J.-C. BÉAL (dir.), L’arbre et la forêt : le bois dans l’Antiquité, Paris, De Boccard, 1995, p. 3-9, ici p. 3-4 ; Arthur S. HUNT et J. Gilbart SMYLY (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1933, III, n703 (seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C.)
  • [117]
    Select Papyri, II.210 = Marie-Thérèse LENGER (dir.), Corpus des ordonnances des Ptolémées, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1964, no53, lignes 200-206. Cela dépend si les « plantations » faisaient allusion aux arbres.
  • [118]
    - STRABON, Géographie, XIV, 669 : « Depuis qu’il a été adapté à la construction de flottes. » Il est assez vague quant à l’étendue de la région en question. Ce fut aussi sans doute la façon dont elle a obtenu la Cilicie (ibid., 670).
  • [119]
    - Arthur S. HUNT (dir.), The Oxyrhynchus Papyri IX, Londres, Egyptian Exploration Society, 1912, n1188. Voir B. KRAMER, « Arborikultur und Holzwirtschaft... », art. cit., p. 230.
  • [120]
    - Il est symptomatique qu’à une date si précoce l’État prenne le titre de propriété de toutes les forêts côtières : CICÉRON, De Republica, II, 58, attribue la mesure au roi Ancus Marcius.
  • [121]
    - DENYS D’HALICARNASSE, Antiquités romaines, I, 37, 4, pris au sens littéral par Marcus NENNINGER, Die Römer und der Wald, Stuttgart, Steiner, 2001, p. 200. Il est tout à fait faux, par exemple, que l’Italie possédait « des mines de toutes sortes », I, 37, 5 : voir Peter A. BRUNT, Italian manpower, 225 B.C.-A.D. 14, Oxford, Oxford University Press, 1971, p. 128-129. Et il a également tort quand il affirme (XX, 15) que la Sila suffisait aux besoins de l’Italie.
  • [122]
    - Stephan T.A. M. MOLS, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », in W. F. JASHEMSKI et F. G. MEYER (dir.), The natural history of Pompeii, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 225-234, ici p. 230. 39 sur 51 des échantillons du mobilier d’Herculaneum était faits de ce matériau.
  • [123]
    - Peter I. KUNIHOLM, « Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », in W. F. JASHEMSKI et F. G. MEYER (dir.), The natural history of Pompeii, op. cit., p. 235-239, ici p. 235.
  • [124]
    - Pour le commerce de ce bois, voir S.T.A. M. MOLS, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », art. cit., p. 226.
  • [125]
    - Je laisse de côté la question de tableaux luxueux en bois d’agrumes (Callitris quadrivalvis) importés de Mauritanie, qui conduisirent à la déforestation de la « Mons Ancorarius » : PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XIII, 95.
  • [126]
    - STRABON, Géographie, V, 223, un passage mal traduit par J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit., p. 3, et A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 173 n.
  • [127]
    - STRABON, Géographie, V, 222. C’était peut-être une affirmation anachronique.
  • [128]
    - P. I. KUNIHOLM, « Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », art. cit., p. 236-237 (source dendrochronologique). Il est dommage que les chercheurs en question n’aient pas vérifié les échantillons de Ligurie.
  • [129]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXI, 53.
  • [130]
    - J. Donald HUGHES, « How the Ancients viewed deforestation », Journal of Field Archaeology, 10, 1983, p. 437-445, ici p. 437, sur la base de PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XIII, 65 (avec TITE-LIVE, Histoire romaine, 9, 36), mais il semble qu’il ne répète pas cette affirmation dans J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit.
  • [131]
    - Rhétie (sects. 66, 190), Istrie (66), Corse (71, 197). Les autres endroits qu’il mentionne sont la Macédoine, les Pyrénées, certaines zones spécifiques de l’Asie Mineure et en Gaule, de la côte tyrrhénienne de l’Italie (Ligurie), les Alpes et les Apennins, la Crête, l’Afrique, la Syrie et la terre des Vaccaei en Espagne.
  • [132]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, III, 53, 74. On se demande si le silence de l’Expositio totius mundi sur le bois en Lucanie (sect. 54) revêt une quelconque signification à cet égard. Du temps du pape Grégoire, dans tous les cas, le bois calabrais était visiblement de retour (voir GRÉGOIRE, Lettres, IX, 125-128, éd. Norberg).
  • [133]
    - On constate qu’un résident d’Italie comme HERMAS, Le Pasteur, paraboles 9, 1 et 9, 19-29 (au Ier ou au IIe siècle), semble connaître bien des montagnes sans arbres.
  • [134]
    - Roger B. ULRICH, Roman woodworking, New Haven, Yale University Press, 2007, p. 121. Une question intéressante, que nous ne sommes pas (ou pas encore) en mesure de développer, est de savoir pourquoi certains endroits, Gadès par exemple, sont devenus des centres de construction navale à certaines périodes.
  • [135]
    - Voir Inscriptions grecques et latines de la Syrie, VIII, 3, édité par J.-F. Breton ; au moins 187 de ces inscriptions ont été enregistrées. Il y en a maintenant des dizaines d’autres : Année Épigraphique, 2006, 1572f.
  • [136]
    - M. W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., p. 20.
  • [137]
    Ibid., citant PROCOPE DE CÉSARÉE, Traité des édifices, V, 6.
  • [138]
    - Voir M. W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., pour plus de détails sur l’exploitation post-romaine de cette zone.
  • [139]
    - L’édit de Dioclétien sur les prix nous fournit des indices sur les limites de prix imposées sur sept essences de bois : voir en particulier R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 365-369, et M. NENNINGER, Die Römer und der Wald, op. cit., p. 39-41. La principale difficulté est de savoir quelles régions les rédacteurs de l’édit avaient à l’esprit, mais de nouvelles recherches sur ce sujet pourraient être bénéfiques.
  • [140]
    - AMMIEN MARCELLIN, Rerum gestarum libri, XIV, 8, 14.
  • [141]
    - CASSIODORE, Variarum libri, V, 16.
  • [142]
    - GRÉGOIRE, Lettres, VI, 61, VIII, 28, IX, 176 et X, 21, éd. Norberg.
  • [143]
    - Mais pour prendre un peu de recul, voir D. SIM et I. RIDGE, Iron for the eagles..., op. cit., p. 40.
  • [144]
    - C’est en tout cas l’argument de S. E. VAN DER LEEUW et al., « Climate, hydrology, land use... », art. cit., p. 25.
  • [145]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 9.
  • [146]
    - C’est à mon avis la signification du mot kolobon : ibid., V, 9, 2.
  • [147]
    Ibid., II, 7, 1.
  • [148]
    - CATON, De l’agriculture, 9, 28, 151. Voir en outre R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 262-263. D’autres références à la gestion des bois dans les chapitres 6, 7, 17, 37 (à la fin), 38 (à la fin), 55.
  • [149]
    - CATON, De l’agriculture, 45.
  • [150]
    Ibid., 6 et 7.
  • [151]
    - VARRON, Économie rurale, I, 15. M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 97, se trompe lorsqu’il prétend qu’il n’y avait pas d’« exemples d’efforts faits pour planter des arbres autres que des oliviers ». Strictement parlant, cependant, il est vrai, comme l’écrit R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 270, qu’il n’y a « aucune preuve de plantation d’arbres pour produire du bois pour le marché ». Sur la vision romaine de la valeur relative de terre boisée et non-boisée, voir A. GIARDINA, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale... », art. cit., p. 102-103.
  • [152]
    - Le sapin blanc ne serait pas pris en compte dans ses calculs, parce que la propriété idéale, selon Varron, n’est pas située à une altitude très élevée.
  • [153]
    - COLUMELLE, De re rustica, III, 3, 1.
  • [154]
    Ibid., V, et De arboribus.
  • [155]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 268.
  • [156]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XVI, 141. Ils sont connus comme étant « la dot d’une fille », dit-il, 12 ans étant son idée de l’âge auquel une fille doit se marier.
  • [157]
    Ibid., XVII, 151.
  • [158]
    Ibid., XVII, 65-78.
  • [159]
    - R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 24.
  • [160]
    - Voir les commentaires de Hans-Rudolf. BORK et Andreas LANG, « Quantification of past soil erosion and land use/land cover changes in Germany », in A. LANG, K. HENNRICH et R. DIKAU (dir.), Long term hillslope and fluvial system modelling : Concepts and case studies from the Rhine river catchment, New York, Springer, 2003, p. 231-239, ici p. 231-232.
  • [161]
    - Il y a d’autres difficultés : certains taxons « classiquement utilisés comme des signes de présence humaine », comme les céréales et les châtaignes, « ont été trouvés bien avant la transition néolithique » : Elda Russo ERMOLLI et Gaetano DI PASQUALE, « Vegetation dynamics of south-western Italy in the last 28 kyr inferred from pollen analysis of a Tyrrhenian Sea core », Vegetation History and Archaeobotany, 11-3, 2002, p. 211-220, ici p. 217.
  • [162]
    - José S. CARRIÓN et al., « Abrupt vegetation changes in the Segura Mountains of southern Spain throughout the Holocene », Journal of Ecology, 89-5, 2001, p. 783-797, ici p. 783 : « Les échantillons de pollen de l’Holocène [de l’Espagne méditerranéenne] sont troublants et sont susceptibles d’être interprétés différemment. »
  • [163]
    - Et inversement, un paysage érodé n’est pas nécessairement dépourvu d’arbres. Il peut même être en terrasse et être productif : voir K. W. BUTZER, « Environmental history in the Mediterranean world... », art. cit., p. 179.
  • [164]
    Ibid.
  • [165]
    - Sheldon JUDSON, « Erosion rates near Rome, Italy », Science, 160, 1968, p. 1444- 1446.
  • [166]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXXI, 53 : « plerumque ». Il envisage l’Empire dans sa totalité.
  • [167]
    - Des cartes des zones karstiques de l’Empire romain, zones notamment à risque d’érosion, se trouvent dans John GUNN (dir.), Encyclopedia of caves and karst science, New York, Fitzroy Dearborn, 2004. On note, par exemple, combien elles sont étendues dans les Apennins centraux (p. 325).
  • [168]
    C. DELANO SMITH, « Where was the ‘wilderness’ in Roman times ? », art. cit., p. 159-161. Pour les travaux récents sur la modélisation de l’érosion en Méditerranée, et notamment sur l’Espagne, voir Joris DE VENTE et al., « Spatially distributed modelling of soil erosion and sediment yield at regional scales in Spain », Global and Planetary Change, 60, 2008, p. 393-415.
  • [169]
    - A . T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., particulièrement chap. 15 (qui fournit une carte des mauvaises terres en Europe méditerranéenne). Une fois de plus, la définition est une difficulté majeure.
  • [170]
    - William V. HARRIS, « The Via Cassia and the Via Traiana Nova between Bolsena and Chiusi », Papers of the British School at Rome, 33, 1965, p. 113-133, ici p. 121-123.
  • [171]
    - N. Douglas avait tendance à prédire l’érosion, mais il rapporte un grand nombre de glissements de terrain : voir par exemple Norman DOUGLAS, Old Calabria, New York, Harcourt/Brace, [1915] 1956, p. 227.
  • [172]
    - Neil ROBERTS, « Human-induced landscape change in South and Southwest Turkey during the later Holocene », in S. BOTTEMA, G. ENTJES-NIEBORG et W. VAN ZEIST (dir.), Man’s role in the shaping of the Eastern Mediterranean landscape, Rotterdam/ Brookfield, A.A. Balkema, 1990, p. 53-67, ici p. 63. L’auteur fournit beaucoup d’autres détails : « Il est important de noter que l’érosion s’est produite différemment en fonction de l’érodibilité des sols, et donc du relief et de la géologie. Un bon exemple de ce processus, et de son influence possible sur la composition de la végétation, se trouve dans le Toros lycien entre Burdur et Elmali... Cette région a des mauvaises terres en abondance, qui recouvrent des roches tertiaires, en particulier le très érosif flysch et les marnes du Néogène... La croissance des arbres n’est plus possible... Alors que la chronologie de l’érosion des sols néogènes et des flyschs reste incertaine, il est raisonnable de croire que cela a coïncidé en grande partie avec une phase d’occupation de Bey?ehir, enregistrée très clairement par les diagrammes de pollen provenant de cette région. »
  • [173]
    - J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 205.
  • [174]
    - Par exemple, le chêne vert (Quercus ilex) est relativement adapté aux sols érodés : M. REILLE et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France... », art. cit., p. 295.
  • [175]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, XIV, 42 (399 av. J.-C.).
  • [176]
    - Comme J. DeLaine me l’a suggéré, un système de routes en mauvais état peut avoir contribué au problème.
Inque dies magis in montem succedere silvas/cogebant infraque locum concedere cultis...
Lucrèce, De Rerum Natura, V, 1370-1371

1L’objectif premier de cet article, qui relève d’une recherche en cours, est de déterminer si la Méditerranée antique a été l’objet de déboisements à grande échelle entre 800 av. J.-C. (la naissance de la Cité grecque) et le VIIe siècle (les invasions arabes) – ce qui demeure « la question la plus controversée de l’histoire environnementale de la Méditerranée [1] ». Le second objectif est de voir s’il est possible d’écrire une histoire environnementale qui ait du sens pour une période qui, bien que brève à l’échelle des temps géologique et paléontologique, est suffisamment longue pour avoir subi des changements anthropiques majeurs.

2 Trois raisons justifient que l’on se penche sur cette question : la première est l’existence de nombreuses données issues de carottes de glace du Groënland, ainsi que d’autres sources qui témoignent d’un intense travail des métaux ayant eu un fort impact sur l’environnement au milieu de la période. Une seconde raison est, bien entendu, l’abondance relative des sources littéraires. Enfin, la troisième raison est que l’empire romain est souvent évoqué, au même titre que les Mayas par exemple, dans les débats contemporains sur le développement durable et les sujets afférents, ainsi que dans les manuels d’écologie. Les affirmations exagérées, simplistes et superficielles sont, de façon inévitable peut-être, devenues la norme : soit l’empire romain est rendu responsable d’une importante dégradation de l’environnement [2], soit ses effets furent très limités dans le temps et l’espace [3]. Ce dernier point de vue semble parfois une supposition fondée sur l’idée que l’histoire de la forêt méditerranéenne serait plus ou moins linéaire et que la plupart des régions seraient restées densément boisées jusqu’à l’ère industrielle ; mais il ne manque pas de défenseurs et, comme nous allons le voir, il pourrait être juste, au moins jusqu’à un certain point.

3 Le problème est le suivant. Entre le VIIIe siècle av. J.-C. et l’Antiquité tardive, les habitants du monde méditerranéen défrichèrent de vastes espaces de terre pour l’agriculture et utilisèrent d’énormes quantités de bois. Les chantiers navals et la construction d’édifices publics et privés firent grimper considérablement la demande en bois de charpente (en latin, materia). Celle de combustible (lignum – mais ce mot était également très souvent utilisé pour le bois de construction) [4] augmenta avec la population. L’intensification de la production de métaux a également entraîné celle de la consommation de combustible ; l’histoire économique de cette période, qui énumère les usages divers que l’on faisait du bois (fabrication de briques, chauffage des bains ou encore travail du métal), suggère que cette consommation a été particulièrement intense du IIIe siècle av. J.-C. jusqu’au début du Ve siècle. Mais cet usage intensif du bois a-t-il entraîné des déforestations ? Nous savons que les forêts et les bois peuvent s’auto-régénérer, du moins en zone tempérée, en particulier quand ils sont bien entretenus.

4 Il faut que nous parvenions à comprendre comment les Grecs et les Romains utilisaient le bois et les forêts. Cette question est loin d’être évidente et soulève de nombreuses interrogations auxquelles nos sources ne répondent guère. Il ne s’agit pas seulement de comprendre comment les terres étaient défrichées, mais de quelle façon les chèvres et les porcs se nourrissaient ; il ne faut pas uniquement tenter de comprendre comment les bois étaient entretenus par différents groupes, mais comment fonctionnait le marché du bois de construction, de chauffage et du charbon de bois.

5 Ce qui rend ce faisceau de questions particulièrement intéressant aujourd’hui, c’est l’accumulation récente, depuis le milieu des années 1990, de nouvelles preuves scientifiques. Certaines sont apparues sous la forme de carottes de glace du Groënland, qui, avec les dépôts lacustres et ceux des tourbières dans différentes parties de l’Europe [5], montrent que l’activité métallurgique, impliquant l’argent, le plomb et le cuivre, atteignit un niveau très élevé dans la région méditerranéenne voici deux millénaires, niveau qui n’a été atteint de nouveau qu’au cours de la révolution industrielle. Dans le même temps, l’étude des pollens dans de nombreuses régions a apporté de meilleurs résultats sur la disparition locale, dans le long terme, des terres boisées. Une étude au moins a aussi fait un usage pertinent des échantillons de restes microscopiques de coléoptères qui peuvent être associés aux arbres [6].

6 Tout ceci pousse les historiens à dépasser le champ des sciences sociales pour rejoindre celui des sciences naturelles. À première vue, la question épistémologique demeure identique : même si l’on peut faire confiance aux faits scientifiques, on ne doit cesser de questionner leur interprétation. Dans la pratique, les scientifiques tout comme les historiens ont besoin de dialoguer plus activement. Si les historiens sont habitués à utiliser les sources archéologiques, très peu sont en mesure de juger de l’importance des résultats obtenus par les sciences de la nature, par exemple en botanique. De même, rares sont les scientifiques environnementaux capables d’évaluer la pertinence d’un dossier historique (cela semble plus facile et c’est ce qui pose problème) [7]. Il a été dit très justement que « peu de chercheurs possèdent les compétences nécessaires pour une compréhension efficace et interdisciplinaire de l’histoire de l’environnement [8] ».

Avis d’expert

7 Les années 1981 et 1982 peuvent former ici un horizon de référence, ce qui ne nous empêchera pas d’aller voir plus loin. En effet à cette date, Russell Meiggs a renouvelé le sujet [9]. R. Meiggs lui-même a refusé de s’engager de manière décisive sur la déforestation : il écrit qu’« après une analyse précise, d’après les sources disponibles, il est impossible de dire pour la fin de l’empire romain à quel point les forêts méditerranéennes ont diminué [10] ». Quelques historiens ont partagé cet avis.

8 Néanmoins, bon nombre d’auteurs exprimèrent des points de vue plus résolus ou du moins ont-ils penché vers telle ou telle direction ; ainsi J.V. Thirgood, spécialiste des paysages de Chypre, qui défend l’optique de la déforestation [11]. Un tel point de vue est partagé par Donald Hughes. Ses travaux sont centrés sur l’importante consommation de bois dans l’empire romain, ce qui lui permet de conclure avec une certaine réserve que « l’impression générale est que la déforestation et l’érosion qui s’en suivit [dans l’Antiquité classique] étaient largement répandues et importantes, particulièrement dans le Sud et l’Est [du monde méditerranéen] et plus précisément près des centres urbains, bien que le phénomène ne dût pas se limiter à ces seuls lieux [...]. L’étendue de la déforestation et de l’érosion [...] fut suffisamment importante pour engendrer de profonds bouleversements économiques et sociaux [12] ». Au même moment, d’autres chercheurs ont mis au contraire en avant l’idée que les forêts pouvaient se régénérer d’elles-mêmes, tout en ajoutant que leur destruction n’était pas nécessairement l’œuvre des Grecs et des Romains, mais dans une large mesure celle de l’époque médiévale, prémoderne et moderne [13]. Les défenseurs de ce point de vue ont parfois été très affirmatifs [14]. Ainsi, selon Alfred Grove et Oliver Rackham, « si jamais un peuple de l’Antiquité eut à manquer de bois ou de forêts suite à une surexploitation, ce furent bien les Romains [en Italie] : or toutes les sources nous indiquent le contraire ». « Pourquoi, ces auteurs se demandent-ils, les Romains n’ont-ils pas conservé leurs forêts ? L’Italie de l’époque moderne... est toujours une nation qui se chauffe au bois [ !], et la surface de ses forêts augmente toujours » [15]. Il est important de noter que les populations qui ont prêté attention à la conservation des forêts n’en ont pas moins connu parfois la déforestation, comme ce fut le cas par exemple pour les Mayas de la période classique tardive du Tikal [16]. L’argumentaire de A. Grove et O. Rackham repose ainsi sur deux assertions : le supposé silence des sources littéraires et la capacité de régénération des forêts elles-mêmes.

9 Il est donc indispensable d’analyser comment les bois et les forêts composés de différentes essences se renouvellent ou bien ne se renouvellent pas. Le fait que les forêts italiennes se sont étendues au cours des cent dernières années, quoique pas aussi rapidement que celles de Tunisie et d’Algérie, n’est pas pertinent car cela résulte d’un changement massif et sans précédent des ressources énergétiques (sans mentionner d’autres facteurs comme l’urbanisation, les politiques publiques et les importations à bas coût). La question centrale est dans ce cas la capacité de renouvellement des forêts subtropicales typiques de l’Espagne, de la Provence, de l’Italie mais aussi de la Grèce, de la Turquie et de certaines régions du Maghreb. Le sujet de cette étude n’est pas en tout cas l’Europe méditerranéenne mais le monde méditerranéen en général, car – quoi que nous pensions de la Méditerranée comme sujet de recherche historique [17] – l’Antiquité classique connaissait, surtout sous l’empire romain, un certain niveau d’échanges intégrés. Donc il n’est pas judicieux d’exclure l’Afrique du Nord, l’Asie mineure, la Syrie-Palestine ou l’Égypte de cette recherche. Utiliser la notion d’« Europe méditerranéenne » dans des travaux historiques, ce serait oublier tout ce que Fernand Braudel nous a appris de l’intégration précoce de l’espace méditerranéen au profit d’une distinction géopolitique contemporaine qui ne signifie pas grand-chose pour les époques anciennes.

10 Peregrine Horden et Nicholas Purcell arrivent à une conclusion proche de celle de A. Grove et de O. Rackham, mais plus nuancée : c’est seulement dans quelques rares régions que les forêts ou les garrigues auraient été irréversiblement endommagées. Plus généralement, les populations de la Méditerranée antique auraient plutôt bien géré leur environnement boisé. Bien sûr « il y a des exemples de surexploitation et de déforestation, parfois même sur une large échelle [18] ». Comme nous le verrons, leur estimation de la demande en bois est probablement trop faible, du moins pour ce qui est de la période centrale de l’histoire romaine, mais cela ne veut pas pour autant dire que leur point de vue sur la déforestation soit faux.

Définition

11 Qu’est-ce que la déforestation [19] ? Le terme est dangereusement vague et connoté négativement [20]. Certains parlent de dégradation [21]. D’autres langues utilisent des termes peut-être plus neutres : Abholzung, disboscamento[22]. Loin de moi l’idée de vouloir nier aux auteurs contemporains le plaisir de dénoncer les Anciens comme responsables de la déforestation, tant qu’ils gardent à l’esprit que pour ces populations ces pratiques étaient souvent essentielles à leur survie.

12

Josué leur dit : Si vous êtes un peuple nombreux, montez à la forêt, et vous l’abattrez pour vous y faire de la place dans le pays des Phéréziens et des Rephaïm, puisque la montagne d’Éphraïm est trop étroite pour vous...
Mais vous aurez la montagne, car c’est une forêt que vous abattrez et dont les issues seront à vous[23].

13 Sans surprise, les auteurs antiques considéraient le plus souvent l’abattage des arbres sous un jour positif et, comme nous le verrons, les États encouragèrent régulièrement de telles pratiques [24]. Durant tout l’âge du Fer, les peuples de la Méditerranée antique (et pas seulement les Grecs et les Romains) ont considérablement étendu les surfaces consacrées à l’agriculture. Si certaines de ces terres n’étaient pas boisées, la majorité d’entre elles l’étaient et les besoins de la vie antique impliquaient une consommation constante de bois. Peu importe si les forêts furent intégralement ou partiellement détruites ou si elles laissèrent place à des terres agricoles, à de la savane, à de la garrigue ou à des buttes érodées [25] : cela doit être considéré comme de la déforestation. À l’inverse, si les effets étaient à court terme, grâce à des causes naturelles ou à la gestion contrôlée des forêts, ils ne doivent pas être envisagés comme de la déforestation. De même, ne doit pas être considéré comme déforestation le remplacement d’une essence par une autre (du pin à la place du chêne par exemple) [26].

14 Une partie du problème repose, comme bien souvent, sur l’usage d’une dichotomie trop simple : dans le cas présent, entre terres boisées et terres nues. Tout le monde admet que les types de paysages sont nombreux dans chaque zone climatique, chacun comportant des formes différentes d’espaces ouverts [27]. Mais dans le langage courant, il semble que nous réservions le terme de déforestation aux cas évidents de crise écologique, alors que l’essentiel des débats autour de l’environnement méditerranéen est de savoir qui est à l’origine de ces paysages dégradés qui se forment de façon caractéristique lorsque les formations karstiques calcaires ont perdu leur végétation principale et s’érodent [28]. Ainsi demeure un certain flottement : alors que nous voudrions réserver le terme de déforestation à une échelle plus large et un déboisement relativement rapide, tout ce que nous pouvons faire, c’est opérer une distinction entre une déforestation qui est plus radicale et une autre qui l’est moins.

Généralisations

15 La palynologie et les autres études scientifiques sur les sources matérielles – dans la mesure où elles ne portent que sur des territoires relativement restreints (quelques centaines de kilomètres carrés) – ont mis en évidence un problème qui était déjà inhérent aux sources littéraires [29]. Beaucoup ont plus ou moins consciemment succombé à la tentation d’appliquer les propriétés d’un seul espace méditerranéen à d’autres espaces [30]. L’inverse existe également : l’un des tenants de la théorie d’une moindre déforestation antique rejeta la critique adverse en expliquant qu’elle n’était valable que pour les soi-disant « marges » de la Méditerranée : « le nord de l’Espagne, le sud des Alpes et certaines parties de la Grèce moderne et de la Bulgarie [31] », ce qui n’est pas moins absurde.

16 Un auteur a récemment prétendu qu’il « est impossible [je pense qu’il veut dire par là que ‘ce n’est pas sérieux’] de généraliser [sur la déforestation antique] la Méditerranée comme un tout [32] ». Son raisonnement est que « les pays méditerranéens, considérés comme un tout, ne peuvent pas être dépeints comme des paysages détruits ou inchangés », ce qui est parfaitement juste. Cependant, il faut prendre garde à la simple alternative entre un « paysage dégradé » et un « paysage inchangé ». Les Grecs et même les Romains (à la différence de l’homme de l’ère industrielle) ont probablement « dégradé » la forêt méditerranéenne dans une modeste proportion [33]. La question est de savoir à quel degré et quand.

17 De nombreux chercheurs ont mis en avant la grande variété des environnements naturels existant dans le monde méditerranéen. P. Horden et N. Purcell ont, pour leur part, essayé d’affiner la question de la généralisation de l’histoire écologique dans un monde caractérisé par sa diversité, en distinguant quatre « microrégions » [34]. À peu près au même moment, Oreste Reale et Jagadish Shukla ont, de façon plus imprudente peut-être, essayé de subdiviser toute la Méditerranée antique et le Moyen-Orient, de telle sorte qu’ils offrent quelques pistes pour des avancées futures, au prix d’un lent et laborieux travail [35]. Dans cette même perspective, les seize environnements méditerranéens présentés plus loin pourront peut-être servir de base à une étude plus approfondie.

Un point de départ et une ligne d’arrivée

18 Il semble clair qu’un peu partout dans le monde, le nombre de terrains boisés a connu un déclin plus ou moins marqué depuis le Néolithique [36]. Ce changement a touché la Méditerranée à différents moments et avec des résultats variés. Ce serait ainsi une grossière erreur que de considérer n’importe quelle date de l’histoire grecque comme le début de cette histoire [37]. Au cours du VIe millénaire av. J.-C., les forêts de Corse ont dû faire face à un changement radical dont l’origine semble être le développement du pastoralisme [38]. Vers 2600 av. J.-C., Snéfrou, le premier pharaon de la IVe dynastie, importait déjà d’importantes quantités de bois phénicien (du cèdre, si la traduction est juste) [39]. Nombreux sont les essais qui ont été faits pour tenter de mesurer l’impact, dans un grand nombre de régions de Méditerranée, des habitats du Néolithique et de l’âge du Bronze sur les terres boisées [40]. L’âge du Bronze, par définition, est une période de consommation de charbon de bois mais aussi de construction de bateaux, de temples et de palais. Les sources permettant de démontrer le travail du métal ou la construction de bateaux durant le second millénaire sont nombreuses et pas uniquement dans l’Est méditerranéen. La célèbre épave d’Ulu Burun (c. 1325 av. J.-C.) offre le témoignage le plus spectaculaire : le bateau transportait, entre autre, six tonnes de lingots de cuivre, « près d’une tonne de térébenthine de Chios » ou autrement dit de la résine de térébinthe, et quelques bûches de buis [41].

19 Mais il faut garder le sens de la mesure : il est assez surprenant de lire qu’à la fin de l’âge du Bronze, la Méditerranée offrait un environnement « assez similaire à son paysage contemporain [42] ». Même si nous remontions un siècle en arrière, l’idée que la végétation de l’âge du Bronze puisse toujours pousser aux mêmes endroits ne demeurerait valable que dans une acception très limitée (il faudrait prendre en compte l’industrialisation, l’érosion et l’importation de nombreux taxons des Amériques et d’ailleurs). L’argument n’est en fait qu’un plaidoyer spécifique pour les auteurs qui considèrent que l’Antiquité gréco-romaine ne faisait que peu de cas des forêts méditerranéennes.

20 De plus, il faut aussi envisager ici la possibilité d’un changement climatique. Quelques études ont montré que, pour le début de notre période, le climat dans certaines régions comme le Golan ou la partie sud des Alpes n’était pas si différent d’aujourd’hui [43], mais le consensus demeure : la Méditerranée de la haute période romaine, dans son ensemble, aurait connu un climat plus chaud et plus humide (« la période chaude romaine »), en un mot, favorable à la croissance des forêts [44].

21 Personne n’a été en mesure de fournir une carte de référence concernant les forêts autour de la Méditerranée ou en Europe méditerranéenne pour la période 1000-800 av. J.-C. Ce que je propose ici est un panorama d’hypothèses, dans l’espoir qu’il suscitera quelques débats constructifs. Sur la base d’une simple classification (TB = très boisé, jusqu’à la limite forestière ; PB = partiellement boisé ou partiellement déboisé ; DB = déboisé ou faiblement boisé), je suggère que la Méditerranée et les territoires proches se divisaient en seize zones [45] que l’on peut présenter sous la forme du tableau ci-dessous. Mes estimations se fondent sur la lecture que je fais des sources portant sur la densité de peuplement et les usages du bois, en prenant en compte ce que nous connaissons du climat de la période.

Europe continentale côtière (Ibérie, Italie, Grèce) [46] PB, par endroits TB
Europe péninsulaire intérieure PB
Montagnes de l’Europe péninsulaire [47] TB
Les Alpes TB
L’intérieur des Balkans (Yougoslavie, Albanie, Bulgarie) TB
La chaîne des Balkans TB
La côte septentrionale de la Turquie TB
La côte sud et ouest de la Turquie PB
Le plateau turc DB
La chaîne du Taurus PB
La côte syro-palestinienne PB
Les montagnes du Liban PB
La basse vallée du Nil DB
La côte libyo-tunisienne et est-algérienne PB
La côte nord-ouest de l’Afrique TB
La majorité des îles méditerranéennes PB
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22 La fin de notre période est tout aussi compliquée que le début [48]. Certains historiens se fient à la carte des forêts du haut Moyen Âge établie par Charles Higounet ou à la magnifique carte des forêts méditerranéennes du début de la période islamique publiée par Maurice Lombard, mais à cause des données disponibles à l’époque, il faut bien admettre qu’elles ne sont pas fiables [49].

23 Les quelques traces d’une hypothétique déforestation antique causée par les Grecs, les Romains ou d’autres peuples ont probablement été recouvertes en 600 ap. J.-C. Pour ne prendre qu’un exemple : il y a de grandes raisons de penser que l’approvisionnement de la ville de Rome et de ses environs en combustible reposait sur une gestion efficace des forêts, et que cet approvisionnement a connu des difficultés pendant le IVe siècle (voir ci-dessous). Par la suite, le déclin de la population et des activités de production aux Ve et VIe siècles pourrait avoir nettement réduit la demande et cette baisse, à la fois en combustible et en matériau dans la majeure partie de l’ouest de l’ancien empire romain, aurait engendré un certain degré de reforestation [50]. L’éternelle controverse sur l’économie de l’Antiquité tardive ne va pas s’éteindre de sitôt : je pense que l’activité économique et le revenu per capita diminuent dans la partie ouest-européenne de l’empire romain à partir du premier quart du Ve siècle (en ayant atteint un pic au cours du IIe siècle) ; alors que pour l’est de l’empire, le déclin n’intervient véritablement que deux siècles plus tard, tandis que certains lieux et certaines activités – le commerce maritime en particulier – déclinent dès le IIIe siècle [51]. Pour résumer, il faut à la fois prendre en compte l’économie romaine à son apogée, et aussi son évolution pendant toute l’Antiquité tardive.

24 Quant au climat, nous avons déjà mentionné « la période chaude romaine » dont certains chercheurs ont daté la fin pour une région particulière avec une surprenante précision (270 ap. J.-C.) [52]. Il semble que dans sa grande majorité, la Méditerranée moderne soit plus sèche que celle du IIesiècle ap. J.-C. ; l’arboriculture s’épanouissait alors en Tripolitaine ou dans le centre de la Tunisie par exemple. Reste à se demander si le changement climatique qui intervient de 200 à 600 ap. J.-C. a été néfaste aux régions boisées.

Défrichement

25 La population de la région méditerranéenne a probablement augmenté tout au long de la période allant jusqu’au IIe siècle ap. J.-C., avec, bien sûr, quelques diminutions dues à la guerre et aux épidémies, pour ensuite se stabiliser ou décliner de nouveau [53]. Ce serait faire une erreur de supposer que les colons phéniciens, grecs ou romains arrivèrent dans des territoires inhabités, mais de vastes étendues de terre ont perdu leurs forêts ou maquis à cause de la colonisation. Quand les terres potentiellement arables étaient déboisées, Grecs et Romains ne purent naturellement pas s’en contenter, comme nous l’avons vu. Le concept de « ressources limitées » ne faisait pas partie du sens commun, bien que pour certaines périodes et certaines catégories de consommateurs, nous savons qu’il fut nécessaire d’importer du bois de régions de plus en plus lointaines. Même sous le règne d’Hadrien, le gouvernement impérial encourageait toujours les populations d’Afrique proconsulaire à défricher les terres boisées afin de pouvoir cultiver (en partie notamment pour planter de la vigne et des oliviers) [54].

26 N’y aurait-il pas un moyen de calculer combien de terres boisées sont devenues des terres agricoles à la suite de ce long processus ? De fait, pas vraiment, car il existe toujours beaucoup d’incertitudes sur la végétation antérieure qui recouvrait les terres en question : savane, maquis, etc., ou encore des questionnements sur la signification même du terme défrichement. Cependant il est toujours utile de rappeler que, si la population de Méditerranée est passée de 15 millions à 50 millions avant le IIe siècle ap. J.-C., et si chaque personne avait besoin d’1 à 2 ha pour survivre, cela signifie au minimum une augmentation de 350 000 kmdes terres cultivées [55]. On pourrait penser que le total des terres défrichées doit être multiplié par au moins deux, si ce n’est plus [56]. En utilisant les chiffres de Julius Beloch, on pourrait dire que la superficie de l’empire romain en Méditerranée s’élève à 2 700 000 km[57]. Il commence à devenir clair que le déboisement a eu un effet majeur. C’est là que se trouve la grosse faiblesse du raisonnement optimiste de A. Grove et O. Rackham : leur vision de la déforestation ne prend pas véritablement en compte la démographie.

Les usages des bois

27 Toute tentative de quantification de la demande en bois durant l’Antiquité doit être replacée dans le contexte plus large de l’usage du bois [58]. Ainsi, malgré tous les indices d’un usage des ressources irresponsable et dans l’indifférence, un grand nombre des populations et des gouvernements antiques savait qu’il fallait préserver des étendues de terrains boisés.

28 Nous considérerons un peu plus tard les sources concernant la gestion de ces terrains boisés ; mais il est dès maintenant nécessaire de dire qu’au moins à l’époque de Caton, les propriétaires terriens étaient suffisamment sages pour réaliser qu’un grand nombre de bois avaient besoin d’être entretenus. Caton aimait la vigne et classait les terrains boisés parmi les investissements ruraux de faible valeur (le critère implicite étant la profitabilité), mais les bosquets de saules (classés troisième), les bois de taillis (silva caducea, classés septième) et les bois de glandées (à la dernière et neuvième place) – alloués évidemment aux porcs – étaient tous considérés comme des investissements à long terme [59]. Si je mets en avant l’exemple de Caton, c’est parce que sa pensée s’est forgée au cours d’une période d’extension des implantations romaines. De plus, ces hommes parcouraient les bois au quotidien : la chasse et la cueillette étaient un mode de vie qui ne concernait plus qu’une petite minorité de la population, mais la pose de pièges ou la chasse aux oiseaux occupaient une large place dans l’alimentation des populations rurales [60].

La demande en bois

29 Supposer que la Méditerranée antique a subi, au moins jusqu’à un certain degré, une certaine déforestation résulte du fait que la demande en bois pour la construction et le chauffage dans certaines régions et pour certaines périodes fut bien plus intense qu’auparavant. À cela, il faut ajouter toutes sortes d’autres utilisations : fabrication des charrettes, des navires, des lances, des outils, du treillage, ou pour les crémations.

30 Pour avoir essayé de définir la demande totale en bois en additionnant la demande probable dans des secteurs variés comme la métallurgie ou la fabrication des briques, je peux en conclure que c’est une opération vaine. De très bons travaux ont été menés afin de déterminer la quantité de combustible nécessaire pour des productions variées (combien pour un kilo de fer ou de cuivre, pour chauffer des bains, etc.), mais nous sommes très loin de pouvoir estimer la production totale de métaux, de matériaux de construction, de combustibles de chauffage ou de cuisson dans le monde antique [61]. Ce n’est pas la fabrication de briques, de chaux ou de poteries, mais bien la production de métal, qui consommait le plus de bois sous sa forme combustible (charbon de bois le plus souvent). Si le cuivre nécessite plus de combustible que le fer (selon une proportion de l’ordre de 4/3) [62], sa production totale était modeste [63]. Nous n’avons qu’une vague idée de la production totale de fer. Le chiffre hypothétique de 80 000 à 85 000 tonnes de production annuelle de fer pour l’empire romain ne repose pas sur des bases très solides [64]. Toujours est-il qu’il demeure raisonnable si on le compare avec celui de la production européenne vers 1500 [65]. Cependant, d’autres chercheurs suggèrent que Rome produisait entre 100 000 et 150 000 tonnes de fer par an. D’un point de vue écologique, il est utile de noter qu’en 1700, alors que la production européenne annuelle avait atteint les 180 000 tonnes, le combustible majoritairement utilisé était encore le bois [66]. Combien de bois faut-il pour produire autant de fer ? Les quantités sont le plus souvent sous-estimées car l’on suppose que tout le bois était consommé lors de la phase de fonte (qui est effectivement la phase gourmande en combustible). Mais dans certains cas, il y avait aussi une « cuisson » préalable (qui dépendait de la composition du minerai) [67], puis la fonte et enfin la forge qui étaient réalisées dans d’innombrables villes du monde grec et romain (c’est ainsi que la demande en combustible s’est répandue) [68]. Il y a aussi d’autres complications possibles qu’il faut prendre en compte comme le type de bois ou le fait, comme F. Braudel le remarque, que ce travail prémoderne du fer était parfois interrompu faute de combustible disponible. Si cela est arrivé dans le monde antique (et je pense que ce fut le cas sur l’île d’Elbe), nous n’en trouverons probablement jamais trace [69].

31 Pour avancer une estimation raisonnable, nous pouvons dire que la production d’une tonne de fer nécessitait 65 mde combustible [70], soit de 32,5 à 37,2 t de bois pour 3,25 à 3,72 t de charbon produites [71]. Si l’on estime qu’un kilomètre carré de taillis produit environ 200 mde bois par an [72], nous pouvons conclure que la production de 80 000 tonnes de fer nécessitait tout le bois produit par un territoire de 26 000 km2, tandis qu’une production de 150 000 tonnes aurait requis l’usage d’un territoire de 48 750 km2. Ces chiffres hypothétiques sont assez proches de ceux de J. Rehder qui, sur la base de ses propres expérimentations et de celles d’autres chercheurs, conclut qu’un kilo de fer finalisé nécessitait l’utilisation de 150 kg de biomasse [73]. Ainsi, la production de 80 000 tonnes de fer aurait dû consommer le bois produit par un territoire d’une superficie de 16 264 à 18 619 km2, cela en fonction de la masse volumique du bois. Et si la population qui produisait cette hypothétique quantité de fer s’élevait à 60 millions, il aurait été consommé pour ce seul usage, 200 kg de combustible par personne et par an.

32 L’utilisation du bois comme combustible pour les bains, omniprésents dans l’empire romain, a aussi permis à certains de tenter de quantifier la demande. Au cours du IVe siècle, Rome a certainement dû aller chercher du bois très loin pour satisfaire ce besoin : en 364, une partie du bois était importée d’Afrique du Nord. On pourrait estimer très grossièrement que l’empire romain, à son apogée, consommait près de 5 millions de tonnes de bois par an dans cet unique but [74]. En résumé, la demande était plutôt faible si on la compare aux besoins de la métallurgie. Il en allait de même avec le combustible utilisé dans le bâtiment. Les constructions romaines de la période impériale étaient souvent faites de briques. À elle seule, la construction des bains de Caracalla, qui a été étudiée dans le détail en particulier par Janet DeLaine, aurait requis plusieurs milliers de tonnes de bois combustible [75] ; sans considérer le bois utilisé dans un autre but. Mais les besoins en combustible, peut-être de l’ordre de 10 000 tonnes de bois rien que pour la fabrication des briques, ont été répartis sur plusieurs années et ce chiffre est une fois de plus bien faible si on le compare avec celui des besoins de la métallurgie.

33 Beaucoup trop d’inconnues empêchent de quantifier la demande en bois combustible, même approximativement, si l’on additionne la demande dans un secteur unique. Une nouvelle approche qui utiliserait des chiffres comparables est nécessaire. Beaucoup d’historiens ont produit des estimations per capita pour les sociétés passées. Selon F. Braudel, la France consommait 20 millions de tonnes de bois de chauffage et de charbon de bois en 1789, soit près de 2 kg par personne et par jour. Cependant la demande globale en bois était bien plus élevée [76]. Un autre calcul concernant, en 1980, les pays en développement autour de la Méditerranée, donne le chiffre de 1,5 kg par personne et par jour [77]. Mais ces chiffres ne sont pas transposables pour le monde antique, car en 1980 les pays en question ne produisaient pas de grandes quantités de métaux grâce au bois et encore moins des navires [78]. Michael Williams a affirmé qu’une autre « économie, virile [ !] et inventive fondée sur le bois » (les États-Unis de la fin du XVIIIe siècle) est connue pour avoir consommé de plus grandes quantités de bois : au moins 17,3 mpar personne et par an [79], soit l’équivalent de 23,7 kg par personne et par jour [80]. C’est une affirmation plus que douteuse, et en ce qui concerne l’empire romain, impossible. Mais cela peut permettre d’envisager une consommation quotidienne per capita de l’ordre de 3 à 4 kg.

34 Paolo Malanima considère, pour sa part que, dans l’Europe préindustrielle, les populations des plaines de l’Italie avaient besoin d’un kilogramme par personne pour « survivre » chaque jour. Les chiffres concernant le Nord sont plus élevés (jusqu’à 7-8 kg en Suède et Finlande) [81]. La consommation réelle en Méditerranée romaine était, si l’on prend en compte toutes les formes de consommation, probablement bien au-dessus des quantités nécessaires à la survie [82]. Si nos chiffres commencent ici à devenir des extrapolations d’extrapolations, ils nous mènent vers une conclusion probable et suffisante : le fardeau de bois porté (littéralement par les hommes et les bêtes) était lourd, il exigeait peut-être la production de 75 000 à 100 000 kmde taillis (en pratique, une partie provenait de l’abattage de forêts denses), ce qui nécessitait non seulement un réseau d’approvisionnement à grande échelle, mais aussi une attention particulière des propriétaires terriens. Mais ces chiffres bruts sous-estiment le problème de l’approvisionnement en bois dans le monde antique, car si la plupart des essences de bois peuvent être, dans une certaine mesure, utilisées comme combustible, le besoin en matériau est quant à lui bien plus spécifique. C’est sur ce point que la plupart des sources littéraires font état d’une pénurie de bois dans certaines régions et reflètent ainsi un certain degré de déforestation. On sait beaucoup de choses – et on va en apprendre encore à l’avenir – sur la façon dont les différentes essences étaient utilisées de préférence pour tel ou tel usage [83].

Commerce, gouvernement et pénuries

35 Le comparatisme et le sens commun montrent très clairement qu’il existe un sérieux risque à considérer la demande comme partout équivalente : elle était en fait bien inégale. Le comparatisme suggère, en particulier, qu’une crise du combustible dans une économie dépendante du bois est plus à même d’advenir dans le voisinage d’une métropole relativement grande, comme à Londres dans les années suivant 1550 [84]. De là, nous pouvons nous attendre à des crises dans le voisinage de Rome, d’Alexandrie et peut-être de Carthage.

36 Comment le commerce peut-il nous aider ici ? Selon la théorie ricardienne et néo-ricardienne du commerce, le commerce international est mû par « l’avantage comparatif » – pour simplifier, l’idée que les pays exportent des biens qu’ils produisent pour moins cher que les autres et importent ceux qui leur coûtent plus cher à produire [85]. Ainsi, l’existence du commerce n’est pas nécessairement la preuve que la région importatrice est incapable de satisfaire à ses propres besoins. Malgré cela, il est utile de se focaliser sur le commerce à moyenne ou longue distance comme possible indicateur d’une pénurie locale, et les régions ayant subi une forte déforestation n’étaient évidemment pas des régions d’exportation.

37 L’intervention gouvernementale dépendait du type de gouvernement qui prévalait à un moment et en un lieu donné, mais aussi de la perception que l’on avait de la pénurie. Ici encore, nous sommes en mesure de trouver des indices sur la déforestation.

38 La plupart des microrégions méditerranéennes restèrent vraisemblablement autosuffisantes en bois combustible pour la plupart des périodes (ce qui n’exclut pas la possibilité que leur développement économique ait été ralenti par des pénuries [86]). F. Braudel, à propos de la première modernité, dit qu’il était « ruineux » de transporter du bois de chauffage sur plus de trente kilomètres à moins de le faire par voie d’eau [87]. Ce qui explique clairement que peu de zones de peuplement antiques se soient développées loin des cours d’eau (moins qu’on pourrait le penser en regardant aujourd’hui le maigre lit de rivières comme celles de Bénévent ou de Sufetula). Pompéi, par exemple, obtenait sans doute son charbon de bois de la gestion des forêts de hêtres des collines environnantes [88], même dans une période de relativement forte demande. En fait, les centres de population ordinaires dans le monde rural ne devaient pas forcément avoir besoin d’importer le combustible de très loin, même par voie d’eau.

39 Il y a trois exceptions à ce modèle : certaines zones de travail métallurgique intense et prolongé ; les grands centres métropolitains (lieux avec une population à six chiffres, dirons-nous) et l’Égypte, où l’origine du problème a pu être Alexandrie. Ainsi nous savons désormais qu’Athènes, qui était depuis longtemps à court de bois pour la construction navale, importait aussi du bois de chauffage provenant de Torone (sur la côte nord de l’Égée) durant le troisième quart du IVe siècle [89], au moment même où les mines d’argent du Laurion redevenaient actives [90]. Quant à Rome, la construction du porticus inter lignarios au-delà de la Porte Trigémine en 192 ap. J.-C., œuvre des édiles curules [91], se déroula à un moment où la ville connaissait une croissance très rapide. Et sa localisation suggère que le lignum en question remontait le cours du Tibre et ne le descendait pas, comme on aurait pu s’y attendre. Il serait ainsi raisonnable de conclure que la basse vallée du Tibre n’était plus riche en bois et que l’ère des forêts italiennes soigneusement gérées n’avait peut-être pas encore commencé [92]. Quant aux zones des mines et des fonderies, le cas de l’île d’Elbe est assez clair : alors que pour Diodore de Sicile, le traitement de l’abondant minerai de fer local (fusion comprise) avait lieu sur l’île, selon Strabon, qui écrit une ou deux générations plus tard après une visite sur le site, la fusion a lieu à proximité, sur le continent [93]. Un passage quelque peu obscur de Pline l’Ancien se réfère également à la pénurie de bois combustible dans des forges où l’on travaille le bronze, dont l’une a dû se trouver en Gaule [94].

40 Les sources plus tardives concernent principalement Rome et l’Égypte. Nicomédie exportait lignum et materia par le biais du cabotage chez ses voisins ou plus probablement vers une ville de l’Égée comme Athènes, qui ne pouvait pas subvenir à ses propres besoins [95]. Le commerce de bois de chauffage à grande échelle est attesté à Ostie vers la fin du IIe siècle, grâce à la mosaïque bien connue de la corporation des Lignarii Navicularii[96]. Ce qui implique qu’à cette date, de très grandes quantités de bois arrivaient régulièrement à Rome par la mer, même s’il est impossible de dire d’où il provenait. Nous apprenons sans étonnement qu’une génération plus tard, l’Égypte a souffert de pénurie chronique [97]. Elle était tellement à court de bois qu’elle en importait d’Italie, probablement à un prix très élevé, de Calabre ou de l’Adriatique [98].

41 Depuis Constantin, et probablement un peu avant, une quantité importante de bois pour le chauffage des bains a été sans doute importée par Rome depuis l’Afrique du Nord, et la question des bains était suffisamment sérieuse pour que les empereurs Valens et Valentinien essaient de faire fonctionner correctement le système [99]. Lorsque Symmaque, préfet de la ville en 384 ou 385, se fit l’avocat de l’attribution d’une subvention en grains à Terracina ainsi qu’à Pouzzoles, il réclama que Terracina, qui n’était qu’à environ 100 km de Rome, « fournisse la ligna pour les bains publics et la chaux [qui est aussi dépendante du combustible] pour la réparation des murs de la ville [100] ». Toutefois, la contribution semble avoir été relativement modeste [101]. Certains soutiennent que ce témoignage, qui concerne le gouvernement impérial, montre simplement le rôle accru de celui-ci dans la vie économique, et non pas une nouvelle pénurie. Mais le gouvernement impérial ne se souciait que des produits qui ne pouvaient pas arriver à Rome en quantité suffisante sans une intervention de l’État. D’autres faits suggèrent qu’au cours des années 380, le gouvernement a régulièrement réquisitionné à la fois le bois de chauffage et le charbon de bois dans de vastes zones de l’Italie et quelques-unes des provinces de l’Ouest, dans la limite des exemptions accordées aux puissants [102]. Cependant, tout ceci nous renseigne plus sur la fiscalité (la difficulté d’augmenter les impôts en espèces) que sur l’état des forêts romaines. Provisoirement au moins, la conclusion devrait être que, de temps en temps, le monde antique a souffert de pénuries locales de bois de chauffage, au moins dans une vaste partie : les environs de la Rome, y compris toute la vallée du Tibre inférieure, où les approvisionnements furent un temps importants, ainsi qu’en Égypte.

42 Les sources à la fois littéraires et archéologiques portant sur le bois de charpente semblent raconter une histoire différente. Lorsque P. Horden et N. Purcell écrivaient que la demande pour la charpente et les navires « a été très clairement un exemple inhabituel d’une intensification très étroitement ciblée de la production [103] », ils étaient en contradiction avec leur propre théorie sur la connectivité méditerranéenne. Tous, sauf les indigents, utilisaient du bois de construction. Pratiquement toutes les communautés avaient besoin de bateaux et de navires, et si, à la rigueur, presque toutes les variétés de bois pouvaient servir de combustible, il est bien connu depuis l’époque homérique que quelques types de bois étaient plus recherchés que d’autres pour certains types de constructions et de charpentes [104].

43 Les premiers signes de pénurie locale concernent tout naturellement la puissance navale. R. Meiggs refuse de croire que la flotte de Thémistocle ait pu être fabriquée principalement à partir de bois provenant de l’Attique. En tout cas, plus tard au Ve siècle, après 70 ans d’hégémonie navale, Athènes semble avoir importé la plus grande partie du bois pour la construction navale de Macédoine et de Thrace [105]. On avait besoin d’essences particulières :

44

Le sapin, le pin ponderosa et le cèdre sont la norme pour la construction navale. Les trières et les longs navires [les navires de guerres] sont en sapin car il est plus léger, alors que les navires marchands sont faits de pin, car il ne pourrit pas. Certains construisent toutefois leurs trières en pin quand ils sont à court de sapin... Ces bois sont utilisés pour les poutres maîtresses, mais pour la quille, c’est le chêne que l’on utilise... Pour l’étrave et le bossoir, qui exigent plus de solidité, ils utilisent le frêne, le mûrier et l’orme[106].

45 Cela signifie peut-être que l’Attique n’a pas été déboisée mais qu’elle avait tout simplement perdu certaines essences de grands arbres. En fait, il faut envisager une pénurie plus importante des grands arbres dans la région et ne pas rejeter la remarque bien connue dans le Critias de Platon sur le déboisement de l’Attique [107] – un passage dont l’importance est sous-estimée par ceux qui veulent minimiser la déforestation antique [108] – mais bien au contraire essayer de trouver son sens précis. Ce passage montre au moins qu’une ville grecque classique (possédant bien moins de richesses privées qu’un certain nombre de villes antiques par la suite) pouvait mettre en péril son approvisionnement local en grands arbres, et de surcroît qu’Athènes importait non seulement du bois pour la construction navale, mais aussi pour la charpenterie [109].

46 Théophraste est le premier dont les travaux nous soient parvenus à avoir étudié sérieusement ces questions. Il décrit un réel manque de bois pour la construction navale en Grèce à la fin du IVe siècle : « il y a seulement une petite zone [dans la partie orientale et centrale de la Méditerranée], qui produit du bois approprié pour la construction navale : en Europe, la Macédoine et certaines parties de la Thrace et de l’‘Italie’ ; en Asie, la Cilicie, Sinope, Amisus, et les monts Olympe et Ida (mais ils n’en ont pas beaucoup) ; la Syrie a des cèdres dont ils se servent pour les navires de guerre [110] ». Et il écrit cela dès le début d’une période d’une centaine d’années pendant laquelle, en raison du nombre et de la taille croissante des navires de guerre, les approvisionnements en bois longs de la Méditerranée orientale n’ont jamais été aussi importants [111]. Théophraste donne une liste similaire « pour les besoins des constructeurs » : il classe en premier la Macédoine, puis le Pont, le Rhyndacus (une rivière qui se jette dans la Propontide sur la rive asiatique), puis Ainis (près du mont Oeta) ; les pires étant les bois du Parnasse et d’Eubée, ceux de l’Arcadie étant douteux [112]. Nous pourrions conclure que l’ensemble de la Grèce continentale, la Sicile, les îles de l’Égée et la côte ouest de l’Asie Mineure avaient perdu la plupart de leurs grands arbres aux environs de 310 av. J.-C. Seuls subsistaient quelques taillis et arbustes capables de fournir du bois de chauffage. Pourtant, ces sources, comme les listes de bois inscrites dans divers temples du IVesiècle, montrent que l’Arcadie, et même un lieu aussi central que Sicyone, pouvait encore fournir des arbres de grande taille [113]. À l’extérieur de l’Attique au moins, nous n’avons aucune raison de suspecter un « paysage endommagé ». Le Mont-Liban, quand Antigone entrepris de construire une flotte sur cette côte en 315, était à quant à lui riche en bois de cèdre et de cyprès [114].

47 L’Égypte ptolémaïque était bien sûr loin d’être autosuffisante. Dans la mesure où c’était déjà le cas au IIe millénaire av. J.-C. et peut-être même avant, il n’est pas nécessaire de cataloguer ici toutes les sources. La puissance navale, sans oublier la construction d’Alexandrie elle-même, dépendait du bois en provenance des possessions d’outre-mer, en particulier de Chypre [115]. En Égypte, durant la période hellénistique, la préoccupation du gouvernement est attestée dès le milieu du IIIe siècle, et on a l’impression que, durant les périodes grecque et romaine, tous les arbres d’Égypte étaient sous surveillance [116]. Un règlement promulgué par le roi en 118 av. J.-C. montre non seulement qu’il était illégal d’abattre un arbre sur un terrain privé sans autorisation, mais que les occupants de certaines catégories juridiques de terre avaient l’obligation (non précisée en détail) de planter des arbres [117]. Cependant, le fait le plus remarquable est peut-être qu’une région ne possédant que de faibles quantités d’arbres longs exploitables ait pu s’en sortir plutôt bien au milieu des puissantes économies grecque et romaine, s’aidant d’un excédent de blé, d’un monopole de facto sur le papyrus et d’autres avantages. Mais posséder une flotte importante implique de contrôler d’autres territoires ; et c’est pourquoi Marc-Antoine donna à Cléopâtre le territoire autour de Hamaxia dans l’ouest de la Cilicie [118]. Le fait qu’un individu en Égypte fasse appliquer la Logos Idios (c’était en 13 ap. J.-C.) pour l’achat d’une petite quantité de bois d’acacia et de Persea, évaluée à seulement 18 drachmes, suggère que dans l’Égypte romaine chaque brindille comptait [119].

48 Bien avant cette période, les Romains qui dominaient la Méditerranée avaient payé une attention particulière aux matériaux dont ils avaient besoin pour leur marine de guerre [120]. Leur histoire navale a débuté modestement à la fin du IVe siècle et atteint un de ses sommets lors de la bataille de Myonnèse, au large de la côte ionienne, en 190. Heureusement pour Rome, et pour la forêt méditerranéenne, les intérêts du pouvoir impérial ne nécessitèrent que rarement, par la suite, le déploiement d’une marine de guerre aussi importante et efficace.

49 Les sources sur l’Italie, quoiqu’elles soient assez problématiques, suggèrent une intensification de la pénurie de grands arbres au début de l’époque impériale (de nouvelles recherches sur les bois de construction de Campanie et d’Ostie pourraient éventuellement renverser cette conclusion). Lorsque Denys d’Halicarnasse, un admirateur de Rome, fait l’éloge des forêts d’Italie et nous informe qu’elles fournissaient suffisamment de bois pour la construction navale, le passage est manifestement exagéré et il ne faut pas le prendre au pied de la lettre [121]. L’usage fréquent du sapin pectiné (Abies alba) pour la fabrication des meubles à Herculaneum, a conduit à l’affirmation que, dans les années qui ont précédé 79 ap. J.-C., il est « sans aucun doute présent en grande quantité dans le voisinage immédiat [122] ». La question est de savoir quand : les recherches mettent en évidence du mobilier ancien, et les sources sur un atelier de charpentier à Herculanum montrent, grâce à la dendrochronologie, que le bois stocké avait été abattu bien avant 79 – la date médiane de dix-neuf échantillons est 6 av. J.-C. [123]. Il n’est ainsi pas si certain que les pentes du Vésuve étaient toujours aussi riches en sapins blancs en 79 [124].

50 D’autres sources suggèrent que certaines zones de l’Italie devinrent de plus en plus dépendantes des importations lointaines [125]. Un texte de Strabon sur Pise, souvent mal traduit, va dans ce sens : la plupart des bois des Monti Pisani « sont maintenant [pour la période augustéenne] en train d’être épuisés » pour la construction à Rome et ailleurs [126]. C’est ce qui était susceptible d’arriver quand des arbres de grandes tailles se trouvaient assez près d’un bon port. Mais Strabon dit aussi que la majorité des bois de construction de Rome arrivaient de la « Tyrrhénie » par le Tibre [127]. Un peu plus tard, la situation semble avoir changé. Certains bois de sapin et d’épinette (Picea sp.) des villes de Campanie sont importés de loin (selon une théorie, des Alpes autrichiennes) [128].

51 Pline l’Ancien considère que les collines fraîchement dépouillées de leurs arbres sont courantes [129]. On le cite à tort comme un témoignage d’une déforestation généralisée [130], mais les fréquentes allusions de l’Histoire naturelle (livre XVI) aux sources de bois telles que la Rhétie, l’Istrie et la Corse (qui sont juste à l’extérieur de la péninsule italienne) [131] suggèrent que certaines variétés au moins n’étaient pas facilement accessibles, même s’il mentionne également les Apennins. Ailleurs, il fait allusion à l’exploitation forestière sur le cours supérieur du Tibre, et il mentionne la silva Sila [132]. Les lieux cités par Pline sont donc, pour l’essentiel, assez éloignés des plus fortes concentrations de population [133]. Il peut y avoir d’autres signes d’une éventuelle pénurie dans la proximité de la métropole : Roger Ulrich a fait remarquer une différence dans les pratiques de construction entre les villes du Vésuve au Ier siècle et d’Ostie au IIe siècle – celle-ci utilise moins de bois, peut-être, comme il le suggère, parce que l’approvisionnement en arbres de grande taille était alors plus difficile [134].

52 Les empereurs ont toujours possédé beaucoup de forêts, mais pour autant que nous sachions, la seule tentative ambitieuse d’un empereur pour s’occuper de l’approvisionnement en arbres de grande taille est l’initiative prise par Hadrien, non pas en Italie mais dans la province de Syrie. Il mit en place des marqueurs dans les forêts occupant une vaste zone de la moitié nord du Mont-Liban. Au moins 800 marqueurs (ils étaient numérotés) lui permettaient de se réserver quatre variétés d’arbres qualifiés des biens impériaux [135]. Il s’agissait probablement de cèdres, de sapins, de pins, de cyprès ou de genévriers [136]. Cette definitio silvarum signifie sans doute que les forêts en question, qui n’existent guère plus, étaient déjà menacées sous le règne d’Hadrien et qu’il les considéraient certainement comme une ressource précieuse (on se souvient qu’il a voyagé dans cette région entre 129 et 130) ; il a cependant été suggéré que les principaux dégâts n’avaient pas encore eu lieu au VIe siècle av. J.-C. [137], car il y eut en effet beaucoup d’occasions de les abattre au Moyen Âge et au début de l’époque moderne [138]. Hadrien ne serait pas intervenu s’il n’avait pas pensé que le bois du Mont-Liban était en danger. La nature exacte de sa préoccupation est inconnue, mais les préparatifs militaires, la marine et les constructions impériales sont toutes à prendre en considération.

53 Deux textes du IVesiècle laissent à penser, sans le prouver, que quelques régions autour de la Méditerranée ont connu des tensions dans l’approvisionnement en bois de grande taille [139]. L’Expositio totius mundi ne mentionne que deux régions qui exportent du bois : la Dalmatie et Chypre (certes, l’auteur décrit d’autres domaines abondants « à tous les égards »). Et quand Ammien remarque que Chypre a les matériaux suffisants pour la construction de navires entiers [140], il signifie indirectement que normalement, durant cette période, la construction d’un navire requiert l’importation de matériaux lointains. Il existe néanmoins certaines sources pour le VIe siècle en Italie, montrant qu’il y avait assez de bois pour en exporter une partie. Le roi Théodoric, en 525-526, pensait que l’Italie en exportait, et il ne peut guère s’être trompé [141]. D’autre part, l’échange de cadeaux entre le pape Grégoire et l’évêque d’Alexandrie, Euloge (il a envoyé du bois), montre seulement que, comme nous le présumions, l’Égypte était en manque chronique de bois [142].

Gérer les ressources

54 Il est devenu courant de supposer que les populations anciennes géraient plutôt bien leurs ressources naturelles, ce qui peut sembler parfois vrai [143]. Mais soyons prudents : parler de « gestion » renvoie à une pratique contemporaine, alors que nous sommes concernés ici par un monde très varié regroupant des bergers analphabètes qui s’appuyaient sur une expérience de plusieurs générations, des agriculteurs et des bûcherons qui réagissaient à des phénomènes naturels qu’ils ne comprenaient pas, et des propriétaires terriens qui pouvaient vouloir maximiser leurs revenus à court terme ou par exemple manifester une passion pour la chasse ; et tous ces gens partageaient, comme nous, des intérêts contradictoires et leurs conséquences imprévisibles. Et nous avons quelquefois des preuves de la mauvaise tournure que cela pouvait prendre, comme par exemple le préjudice écologique causé par le système romain de drainage dans une région de la vallée du Rhône [144].

55 On peut supposer que beaucoup d’habitants des campagnes ont toujours su avec quels arbres faire des taillis, mais il serait faux de penser que ce savoir a toujours été appliqué de manière efficace. Quant aux écrivains experts, on observe la connaissance et l’ambition grandir. Théophraste est déjà très impressionnant, si l’on considère par exemple sa discussion sur les mérites et les inconvénients des différents types de bois pour la fabrication de charbon, qui révèle par ailleurs l’existence d’un marché sophistiqué du charbon de bois [145]. Apparemment, il connaissait un peu la coupe en taillis [146]. Mais, même s’il évoque la plantation d’arbres fruitiers, il n’envisage que la croissance naturelle pour presque toutes les autres espèces, à l’exception apparemment des cyprès [147], ceux-ci sans doute cultivés pour leur bois de grande dimension utile pour la construction et les chantiers navals. 150 ans plus tard, Caton est bien plus intéressé par la culture d’arbres non fruitiers : il explique comment planter des saules, des ormes et des pins ainsi que des cyprès (auxquels il s’attache tout particulièrement) [148]. Dans le domaine idéal qu’il imagine, il existe un seminarium, une crèche, pour les jeunes oliviers [149], ce qui était une institution romaine courante. Cependant il ne sait rien sur la greffe des arbres. Il recommande aux propriétaires de biens suburbani de produire du bois pour la vente (alors que, normalement, l’objectif de la plantation de grands arbres n’est pas la vente, mais simplement l’autonomie) [150], mais cette différence avec Théophraste reflète leurs différents objectifs, et non pas un développement ultérieur du marché du bois.

56 Quand nous arrivons à l’époque de Varron, un autre changement survient : il fait référence à l’habitude romaine de planter des grands arbres, et plus précisément des pins, des cyprès et des ormes (qu’il recommande tout particulièrement) – « il n’y a pas de meilleur arbre à planter, il est extrêmement rentable [151] ». Mais pourquoi ? Non pas, comme on aurait pu s’y attendre, parce que ce sont trois des bois les plus utilisés dans la construction navale [152], mais pour des raisons plus complexes : un orme « permet de faire de nombreux paniers pour le raisin, les feuillages sont appréciés par les ovins et les bovins, et il fournit des piquets pour les clôtures, et il est aussi utile pour le four et bon pour la terre ». En tout cas, ce passage démontre que Varron et ses lecteurs, principalement d’importants propriétaires romains possédant des biens dans diverses parties de la Méditerranée, se sont familiarisés avec les techniques nécessaires à la plantation de ces arbres. Columelle, comme Caton, a été un grand défenseur de la vigne mais il admet qu’il y avait « beaucoup » de propriétaires fonciers qui préféraient les pâturages ou la caedua silva (des terres productrices de bois pour les taillis [153]). Il montre une fois de plus le degré de familiarité qui existait entre les propriétaires fonciers romains et les techniques de plantation des arbres de grande taille [154]. Il montre également que les propriétaires romains entretenaient les taillis sur des cycles qui étaient selon les standards modernes très courts, ce qui reflète une demande très forte pour le bois combustible [155]. Au cours de la même période, Pline l’Ancien affirme que le cyprès, dont les branches se vendent un denier pièce après une douzaine d’années de croissance, est la variété la plus rentable de la plantation : c’est parce qu’ils pouvaient être utilisés comme supports pour la vigne [156]. Il présuppose que de nombreuses variétés d’arbres et pas seulement les arbres fruitiers sont souvent cultivés par les propriétaires [157] :

57

Les arbres de taillis, en plus de ceux dont nous avons parlé [saules, châtaigniers, chênes aesculus et cyprès] sont le frêne, le laurier, le pêcher, le noisetier et le pommier, mais ces derniers poussent plus lentement et lorsqu’ils sont fixés dans le sol, ils le tolèrent avec difficulté, sans parler des problèmes liés à l’humidité. Le sureau, à l’inverse, qui a un bois très solide utilisé pour soutenir la vigne, est cultivé à partir de boutures (comme le peuplier).

58 D’autres essences d’arbres non fruitiers étaient jugées dignes de culture : le platane, l’orme, le frêne et l’aulne [158].

59 On peut espérer que la documentation papyrologique nous informe sur la manière dont étaient gérés les arbres les plus dignes de soins. Elle nous renseigne beaucoup sur le contrôle du gouvernement et un peu sur le marché du bois. Mais quant à la façon dont les propriétaires fonciers géraient leurs bois, elle n’en dit presque rien : sans doute que ces pratiques étaient transmises par le bouche à oreille, de bûcheron à bûcheron.

Palynologie et autres études scientifiques

60 L’analyse pollinique des milieux méditerranéens a débuté il y a plusieurs décennies, avant de s’intensifier dans les années 1990. Un bref examen doit commencer par un certain nombre de mises en garde. Il est probable que la dégradation des forêts s’étendait le long des lignes de communication autour des centres de peuplement relativement importants [159], mais des analyses des pollens concernent surtout des régions plus ou moins éloignées et d’une importance secondaire pour l’ensemble du problème de la déforestation. En outre, même si nous ne pouvons pas établir avec précision la zone de capture à partir de laquelle tout ensemble donné d’échantillons de pollen se disperse, elle n’est certainement pas grande, ce qui limite évidemment la valeur des résultats [160] ; d’autant plus qu’il existe des discordances frappantes mais pas nécessairement inexplicables [161]. Enfin, nul doute que la période gréco-romaine a subi une intensification du défrichage et de la consommation de bois. Les échantillons de pollen révèlent des nets changements dans les types de végétation pendant toute cette période, tout au long de l’Holocène – mais quelles sont les conséquences du comportement humain et quelle est la part due aux changements climatiques sans lien avec le comportement humain [162] ? Dans le contexte actuel, la question est de savoir si l’analyse du pollen peut vraiment nous dire si toute une région a souffert d’une « dégradation » ou d’une « destruction ». Selon dix rapports de recherche, représentants des milieux méditerranéens divers (voir le tableau), les conclusions provisoires suivantes semblent s’imposer :

Emplacement Latitude N
approximative,
altitude
Climat
moderne
Distance
par rapport
au transport par
voie d’eau, en km
Type
de sources
Modifications majeures
de la végétation 5000-1000 BP
1. Wadi el-Amud,
Libye.
31o, > 1 000 m Désert 240 (Oea) Pollen de
coprolithes
« Végétation steppique » disparue au « début de la
période arabe»
2. Birkat Ram,
Hauteurs du
Golan nord
33o, 940 m Steppe/
subtropicale
méditerranéenne
50 (Lac de
Tibériade),
70 (Tyre)
Pollen de lacs Parmi un certain nombre de fluctuations, deux se
détachent, une diminution brutale des valeurs PA
en faveur de l’agriculture, probablement datable de
l’époque hellénistique, et une augmentation plu2s
progressive des valeurs PA pour l’antiquité tardive
3. Sagalassos, ouest
du Taurus, Turquie
37o,
1 450-1 600 m
Steppe/
méditerranéenne
100 (Villes
portuaires de
Pamphylie)
Pollen urbain Aucun à la fin de la période hellénist3ique, ou pendant
les périodes romaine ou byzantine
4. Bafa Gölü,
Milet,
Turquie côtière
37o, niveau
de la mer
Semi-tropical
méditerranéen
0 Pollen
de lacs et
sédimentation
Le défrichement et l’érosion des sols à différentes
périodes, dont les plus intenses semblent être d’envi
ron le XIIIe siècle av. J.-C. et au début de l’« époque
4
romaine »
5. Baie de
5
Salerne, Italie
4030’,
du niveau
de la mer
jusqu’au
moins 800 m
Semi-tropical
méditerranéen
0-20 Pollen provenant
de la mer
« L’impact de l’homme semble prendre de l’impor
tance après... 79 après J.-C. », mais la déforestation
commence seulement aux environs de 1200 ± un
6
siècle
6. Côte
catalane
41-42o,
1 à 15 m
au-dessus
du niveau
de la mer
Semi-tropical
méditerranéeen
0 Pollen de lagons
(quatre sites)
« L’impact humain, bien qu’inégal, s’intensifie à par
tir de 3 000 BP, « en particulier au cours de l’époque
romaine » ; durant les Ve-VIIe siècles après J.-C., il y
a « une baisse générale des valeurs de PA » qui
7
s’accompagne d’une érosion
7. Nord
de la Galice,
NO Ibérie
4330’,
600, 970 m
Tempéré 15-25 Pollen de
marécages
(deux sites)
Baisse spasmodique du pourcentage de PA depuis le
deuxième millénaire avant J.-C., y compris pour la
période romaine, avec des quelques augmentations.
La perturbation majeure a eu lieu au cours de la
8
période 610-674 (sous la domination wisigothe)
8. La Calade,
près d’Arles,
Provence
4340’,
niveau
de la mer
Semi-tropical
méditerranéen
< 10 Pollen
sédimentaire
et coléoptères
Cet espace avait déjà subi une « déforestation mar-
9
quée » il y a deux millénaires
figure im2
En quatre millénaires, il y a eu trois grands déboise
ments (le premier était romain), chacun fut suivi
d’une reprise aux caractéristiques différentes10
Les perturbations prémodernes datent des débuts
des âges du Bronze et du Fer ; il y a eu une « diminu
tion temporaire » de l’impact de l’homme sous les
Romains11
Pollen de lac Pollen de lacs
et de marécages
1 (rivière
Romanche)
40 (Lago di
Como),
100 (Rivière
Adda)
Tempéré Été continental
frais ; « insubrien »
45o, 1 170 m 4630’,
1 830-2 304 m
9. Lac
de Praver,
près de
Grenoble
10. Val
Febbraro,
les Alpes
centrales
versant italien
figure im3
1 - Clive O. HUNT et al., « Romano-Libyan dryland animal husbandry and landscape : Pollen and palynofacies analyses of coprolites from a farm in the Wadi el-Amud, Tripolitania », Journal of Archaeological Science, 28-4, 2001, p. 351-363, ici p. 361. Cette étude n’a pas donné d’informations sur d’éventuelles modifications avant le premier millénaire de notre ère.
2 - PA = pollen arboricoles. Le changement pourrait dater de l’époque perse mais, selon F. NEUMANN et al., « Holocene vegetation and climate history of the northern Golan heights (Near East) », art. cit., p. 339, les témoignages archéologiques locaux favorisent fortement une datation hellénistique. En dépit de la propagation de l’agriculture, le cyprès semble être le mieux représenté à l’époque romaine (p. 340), probablement parce que les hommes ont encouragé sa présence.
3 - Marleen VERMOERE et al., « Pollen sequences from the city of Sagalassos (Psidia, southwest Turkey) », Anatolian Studies, 53, 2003, p. 161-173. Les données sont cependant plutôt limitées et problématiques.
4 - Maria KNIPPING, Marc MÜLLENHOFF et Helmut BRÜCKNER, « Human induced landscape changes around Bafa Gölü (western Turkey) », Vegetation History and Archaeobotany, 17-4, 2008, p. 365-380. Les auteurs considèrent que la période romaine débute au Ier siècle av. J.-C.
5 - Les échantillons ont été prélevés dans la baie (à 282 m de profondeur). E. R. ERMOLLI et G. DI PASQUALE, « Vegetation dynamics of south-western Italy... », art. cit., p. 212 : « L’origine probable des grains de pollen peut être la plaine de Sele... et, dans une moindre mesure, l’intérieur des massifs de l’Apennin campanien. »
6 - Ibid., p. 218.
7 - S. RIERA-MORA et A. ESTEBAN-AMAT, « Vegetation history and human activity during the last 6000 years on the central Catalan coast (northeastern Iberian Peninsula) », Vegetation History and Archaeobotany, 3-1, 1994, p. 7-23. J’inclus cet ancien rapport en raison de l’intérêt exceptionnel de la zone en question. C’est l’un des domaines les plus au sud pour lequel nous avons des analyses du pollen provenant d’une province romaine relativement urbanisée.
8 - Timothy M. MIGHALL et al., « Proxy climate and vegetation changes during the last five millennia in NW Iberia : Pollen and non-pollen palynomorph data from two ombrotrophic peat bogs in the North Western Iberian Peninsula », Review of Palaeobotany and Palynology, 141, 2006, p. 203-223, ici p. 216 : « La baisse la plus spectaculaire et permanente du pollen arboricole. »
9 - V. ANDRIEU-PONEL et al., « Palaeoenvironments and cultural landscapes... », art. cit., p. 341. Ils parlent aussi d’un « état de dégradation intense des forêts » (p. 354), mais cela ne doit pas nous faire penser à un « paysage en ruines » à l’époque romaine ou plus tard à l’époque prémoderne. Ces auteurs imaginent une « couverture originelle et continue d’arbres » pré-gréco-romaine (ibid.), mais il a pu y avoir plutôt de la savane ou du maquis.
10 - Takeshi NAKAGAWA, Jacques-Louis DE BEAULIEU et Hiroyuki KITAGAWA, « Pollen-derived history of timber exploitation from the Roman period onwards in the Romanche valley, central French Alps », Vegetation History and Archaeobotany, 9-2, 2000, p. 85-88. La déforestation romaine était probablement une coupe totale des sapins (Abies alba), effectuée sans aucun doute, comme le suggèrent les auteurs, par les populations locales liées à l’économie impériale et à sa demande pour ce produit. La zone est maintenant belle et boisée – mais pas par des sapins.
11 - D. MOE et al., « Vegetational changes and human presence... », art. cit., p. 431, suggèrent que cette diminution a été causée par une migration vers les plaines à un moment d’opportunité économique (p. 446).

61

  • partout où il y a des sources, à la fois pour l’âge du Bronze et la période grecque, la propagation de l’agriculture semble avoir fortement réduit le pollen arboricole (cas 2 et 4) ; dans certains mais pas tous les domaines, cette tendance s’est accentuée au cours de la période romaine (cas 4 et 6, mais pas pour le cas 2). La question de savoir si c’est de la déforestation ou pas n’est qu’une question de définition ;
  • l’empire romain a connu l’épuisement de certaines ressources forestières (cas 4) et la gestion rationnelle d’autres (comme dans les cas 1, 3, 5 ( ?), 9) ;
  • l’Antiquité tardive a été une période paradoxalement nuisible à certains endroits, probablement en raison d’une baisse de la qualité de la gestion (cas 1, 6, 7) ;
  • être à proximité des transports par voie d’eau sous l’empire romain signifiait à la fois opportunités économiques et problèmes écologiques (cas 9, en contraste avec les cas 2, 3, 10). Nous pouvons aussi voir une fois de plus l’imprécision du terme de déforestation (cas 5, 8, 9).

Ruine, renouvellement et autres histoires

62 Toutes les déforestations ne conduisent pas à l’érosion [163] – cela dépend beaucoup de la façon dont nous définissons la déforestation – mais pour la Méditerranée, c’est un repère utile. « Il y a certainement eu une érosion cumulative du sol dans la majeure partie du bassin méditerranéen au cours des cinq derniers millénaires [164]. » On a cru pendant longtemps que la croissance de l’humanité à l’époque gréco-romaine en avait été une des causes principales [165]. Pline, qui était bien informé, remarque qu’après que le bois avait été extrait des collines, des « torrents nuisibles » se formaient fréquemment [166].

63 Quiconque connaît les paysages de l’Espagne, de l’Italie, de la Grèce, de la Turquie, de la Syrie ou de la Tunisie, pour ne mentionner que ces pays, est conscient des zones considérables de paysages karstiques qui peuvent être considérées comme « de mauvaises terres », des paysages considérablement érodés – mais qui ne sont pas nécessairement dépourvus d’arbres [167], terres qui me rappellent celle que j’ai vue pour la première fois près des rives de la Paglia au nord d’Orvieto. Catherine Delano Smith donne une bonne description, non technicienne, de la manière dont l’érosion s’est produite [168]. Une fois que la végétation a considérablement diminué, par exemple par l’abattage des arbres, la surface de sol est vulnérable, surtout si les pentes sont raides et sujettes à des précipitations torrentielles ; des conditions que l’on retrouve dans tous les pays énumérés ci-dessus durant l’Antiquité. Même A. Grove et O. Rackham, qui sont pourtant des optimistes convaincus, admettent l’existence de ces terres [169]. Pour autant, quantifier un tel phénomène est extrêmement difficile et essayer de le mesurer pour l’Antiquité est impossible.

64 La question ici est de savoir si une érosion significative s’est produite dans l’Antiquité. De la Turquie à la Catalogne, il existe, comme nous l’avons vu, des preuves d’érosion, en particulier pour l’époque romaine, mais toutes les formes d’érosion n’étaient pas suffisamment importantes pour détruire un paysage. Et certaines d’entre elles sont clairement d’origine plus récente. Dans les terres près d’Orvieto que je viens d’évoquer, elle ne peut guère être imputée aux Anciens, car nous savons qu’elles ont été traversées par une grande voie romaine (Via Traiana), rénovée par ailleurs sous le règne de Julien [170], ce qui n’aurait pas été possible dans les conditions d’érosion constatées au XXe siècle. Que le mal ait été fait durant l’Antiquité tardive, par la commune médiévale d’Orvieto ou par la construction de la ligne du chemin de fer reliant Florence à Rome, cela demeure bien incertain. Certaines déforestations et érosions sont sans aucun doute modernes – Norman Douglas sur la Calabre dans la première décennie du siècle dernier en est un témoin célèbre [171] – mais une partie date certainement des périodes grecque et romaine.

65 La sédimentation nous en fournit une preuve décisive :

66

Le meilleur indice de l’apparition de l’érosion accélérée provient sans doute de l’accumulation d’alluvions qui, comme ailleurs dans le bassin circumméditerranéen, ont été déposées avec le temps. Les rivières qui coulent de la chaîne de montagnes du sud-ouest de la Turquie, comme les rivières Küçük et Büyük Menderes (Méandre), étendirent leur delta sur plusieurs kilomètres au cours de la période classique, pour diminuer ensuite à l’époque médiévale et ottomane. L’érosion des versants peut avoir commencé plus tôt que cela, notamment au début des Beysehir Occupation Phase [aux environs de 1000 av. J.-C.] [172].

67 Comment les forêts antiques, une fois défrichées, ont-elles pu se renouveler ? Et à quel rythme ? Chaque variété a des propriétés spécifiques, mais il est à noter que parmi les quatre essences les plus utilisées dans la construction navale antique, deux, le pin et le sapin, ne repoussent pas spontanément lorsque l’arbre a été abattu, mais doivent être replantés ; à l’inverse, les pins noirs et les pins d’Alep et de Calabre « se reproduisent très bien grâce à leurs graines dispersées par le vent qui peuvent facilement coloniser des zones récemment perturbées [173] ». Certains taxons sont plus capables, d’autres moins, de pousser sur des terres déforestées ou des sols partiellement érodés [174].

68 Certains facteurs ont certainement entravé le renouvellement de la végétation. Le fait même que, sauf à haute altitude, la végétation méditerranéenne ait été sub-tropicale, l’empêchait. Nous avons vu la preuve que le cycle de taillis pratiqué par les propriétaires fonciers romains pouvait être de courte durée. Et on pourrait faire valoir que, dans un monde où il y avait toujours, sauf en Égypte, des forêts vierges à proximité, les Romains auraient pu être tentés d’abattre des arbres sans le moindre scrupule. Pourtant, au moins depuis l’empire athénien, et probablement depuis l’âge du Bronze, les Anciens savaient généralement que les arbres devaient être abattus d’une certaine manière, s’ils voulaient les voir repousser.

69 Voulant construire des navires de guerre géants, le tyran Denys envoya ses bûcherons sur l’Etna, « qui, à l’époque, était couvert de pins et de sapins » – Diodore, par cette remarque, laisse entendre que de son temps ce n’était plus le cas [175]. Une grande partie des forêts a été dégradée ou a disparu en Méditerranée gréco-romaine. Mais aucune hypothèse radicale ne semble fondée (en d’autres termes, ni celle de J.D. Hughes, ni celle de O. Rackham). Je propose donc ces conclusions comme matière à de nouvelles discussions. La déforestation grecque classique, au sens large du terme (défrichage avec maintien de quelques arbres), a été répandue mais au sens étroit du terme elle se limitait à l’Attique et, éventuellement, à la zone d’approvisionnement immédiate de quelques autres villes. Des pénuries locales en bois combustible ont probablement eu lieu – comme déjà au Néolithique – à un moment où la métallurgie a été intense (c’est donc aussi pour cette raison que l’Attique a été sous pression aux Ve et IVe siècles). La demande hellénistique et romaine s’est intensifiée au IIIe siècle av. J.-C. : elle a été satisfaite grâce à un important réseau d’échanges et une gestion plus attentive des bois. Cependant, le porticus inter lignarios à Rome suggère que tout ou partie du Latium aurait subi une déforestation majeure, au moins pendant un temps. À proximité de nombreux centres urbains, certaines parcelles de terres furent érodées suite à des déforestations plus importantes. Au début de notre ère, la plupart des régions d’Italie les plus accessibles depuis la capitale avaient perdu la majorité de leurs peuplements de grands arbres, mais, à l’exception de quelques centres de production de métaux, presque toutes les régions ont réussi à stabiliser leur approvisionnement en combustible. Les foyers d’érosion continuèrent cependant à se multiplier tout au long de la période très prospère du Haut-Empire. Au IVe siècle de notre ère, il y a des indices prouvant que l’approvisionnement en bois combustible de la capitale (et donc aussi celui de son arrière-pays immédiat) était sous pression, sans doute en raison d’une mauvaise gestion forestière [176]. C’est aussi la raison la plus probable pour laquelle, selon la palynologie, certaines régions ont souffert d’importantes pertes d’arbres entre le VIe et VIIe siècles. Toutefois au même moment, dans d’autres régions comme l’Italie, le déclin économique a soulagé la pression qui pesait sur les forêts.

70 Les réflexions méthodologiques qui s’imposent à la fin de cet essai reprennent ce qui a été dit plus tôt. Les scientifiques et les historiens ont encore beaucoup à faire pour parvenir à une définition plus claire de la déforestation ou à une typologie des déboisements. De plus, le problème de la généralisation subsiste : il nous faut prolonger la discussion savante, d’une part, sur la représentativité des résultats obtenus par les analyses scientifiques et, d’autre part, sur la valeur réelle des sources littéraires – j’ai parfois moi-même succombé à la tentation d’utiliser Varron comme exemple type d’un propriétaire agricole romain.


Date de mise en ligne : 05/05/2011.

Notes

  • [*]
    Je remercie chaleureusement Janet DeLaine (Oxford), Paolo Malanima (Naples), Don Melnick (Columbia) et Robyn Veal (Sydney) pour leur aide et leurs conseils.
  • [1]
    - Robert SALLARES, « Ecology », in W. SCHEIDEL, I. MORRIS et R. SALLER (dir.), The Cambridge economic history of the Greco-Roman worlds, Cambridge, Cambridge University Press, 2007, p. 15-37, ici p. 21.
  • [2]
    Sing C. CHEW, World ecological degradation : Accumulation, urbanization, and deforestation 3000 B.C.-A.D. 2000, Walnut Creek, AltaMira Press, 2001, p. 93, qui reprend J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest : A history of resource depletion, Londres, Academic Press, 1981, et plus particulièrement J. Donald HUGHES, Pan’s travail : Environmental problems of the Ancient Greeks and Romans, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1994. David A. PERRY, Ram OREN et Stephen C. HART, Forest ecosystems, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 2008, p. 5, pensent que la déforestation de la Méditerranée moderne (qu’ils exagèrent implicitement) est une conséquence de celle de l’Antiquité. Örjan WIKANDER, « Sources of energy and exploitation of power », in J. P. OLESON (dir.), Oxford handbook of engineering and technology in the Classical world, Oxford, Oxford University Press, 2008, p. 136-157, ici p. 139, dit qu’il y a « peu de doute que la Grèce et l’Italie furent sujettes à une importante déforestation au cours de la dernière moitié du millénaire avant J.-C. ».
  • [3]
    - Joseph A. TAINTER, « Archaeology of overshoot and collapse », Annual Review of Anthropology, 35, 2006, p. 59-74.
  • [4]
    - Pour cette distinction, voir ULPIEN, Digeste, XXXII, 55 praefatio. Dans cet article, je devrais normalement utiliser le terme lignum dans son sens spécifique pour faire référence au bois combustible. La distinction entre xulon et hule en Grec est encore moins précise.
  • [5]
    - Pour une bibliographie essentielle, voir R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 26.
  • [6]
    - Valérie ANDRIEU-PONEL et al., « Palaeoenvironments and cultural landscapes of the last 2000 years reconstructed from pollen and coleopteran records in the lower Rhône valley, Southern France », The Holocene, 10, 2000, p. 341-355.
  • [7]
    - Il serait vain de cataloguer les « faux-pas » historiques des écologistes scientifiques.
  • [8]
    Karl W. BUTZER, « Environmental history in the Mediterranean world : Cross-disciplinary investigation of cause-and-effect for degradation and soil erosion », Journal of Archaeological Science, 32, 2005, p. 1773-1800.
  • [9]
    - Andrea GIARDINA, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale : trasformazioni e continuità », in A. GIARDINA et A. SCHIAVONE (dir.), Società romana e produzione schiavistica, Rome/Bari, Laterza, 1981, I, p. 87-113, a également apporté une contribution précieuse.
  • [10]
    - Russell MEIGGS, Trees and timber in the Ancient Mediterranean world, Oxford, Oxford University Press, 1982, p. 379.
  • [11]
    - J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest..., op. cit.
  • [12]
    - J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit., p. 89-90. Jacques BLONDEL et James ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, Oxford, Oxford University Press, 1999, p. 202, semblent proches de cette école de pensée, mais ils affirment aussi que « le déclin de chaque grande civilisation fut presque toujours suivi d’un reboisement à large échelle des zones touchées ».
  • [13]
    - Pour les « immenses ravages » des forêts entre le XVe et le XVIIIe siècle, voir Fernand BRAUDEL, Les structures du quotidien : le possible et l’impossible, Paris, Armand Colin, [1967] 1979, p. 318. Pour l’idée selon laquelle les effets les plus graves remontent aux 120-150 dernières années, avec quelques nuances tout de même, voir Peregrine HORDEN et Nicholas PURCELL, The corrupting sea : A study of Mediterranean history, Oxford, Blackwell, 2000, p. 338.
  • [14]
    - On remarque le titre de la contribution d’Oliver RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology : The example of Ancient Greece », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity : Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 16-43.
  • [15]
    - Alfred Thomas GROVE et Oliver RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe : An ecological history, New Haven, Yale University Press, 2001, p. 174. En fait, l’Italie consomme beaucoup moins de bois de chauffage par habitant que la France ou les États-Unis. Les données détaillées peuvent être trouvées sur : http://rainforests. mongabay.com.
  • [16]
    - David L. LENTZ et Brian HOCKADAY, « Tikal timbers and temples : Ancient Maya agroforestry and the end of time », Journal of Archaeological Science, 36, 2009, p. 1342- 1353.
  • [17]
    - Voir David ABULAFIA, « Mediterraneans », in W. V. HARRIS (dir.), Rethinking the Mediterranean, Oxford, Oxford University Press, 2005, p. 64-93 ; William V. HARRIS, « The Mediterranean and Ancient history », ibid., p. 1-42 ; Michael HERZFELD, « Practical Mediterraneanism : Excuses for everything from epistemology to eating », ibid., p. 45-63.
  • [18]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 184-185.
  • [19]
    - La définition est plutôt rare ; D. A. PERRY, R. OREN et S. C. HART, Forest ecosystems..., op. cit., font souvent référence au phénomène, en 600 pages, sans le définir. Pour O. RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology... », art. cit., p. 28, « la déforestation est l’abattage d’arbres sans reboisement ». Mais cela doit être à une échelle significative.
  • [20]
    - Le flou autour du terme est très bien illustré par le New York Times du 20 août 2009 quand il parle de « déforestation sélective » après une tempête qui aurait détruit 100 des 24 130 arbres de Central Park (en fait, les dégâts furent bien plus importants).
  • [21]
    - Sander E. VAN DER LEEUW et al., « Climate, hydrology, land use, and environmental degradation in the lower Rhone valley during the Roman period », Comptes Rendus. Geoscience, 337, 1-2, 2005, p. 9-27, avec allusion à la période romaine.
  • [22]
    - Le fait que le grec et le latin classique manquaient de mots pour différencier la forêt du bois ne me paraît pas significatif.
  • [23]
    - Livre de Josué, II, 17, 15-18.
  • [24]
    - Voir par exemple Ératosthène sur Chypre in STRABON, Géographie, XIV, 684. Voir également le passage de Lucrèce cité en ouverture de cet article.
  • [25]
    - Sur les distinctions qui peuvent être établies entre ces termes, voir, par exemple, J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 118- 120. Phrygana en grec classique peut signifier bois pour le feu ou arbustes.
  • [26]
    - Ou lorsque les bois furent remplacés par de la vigne et des oliviers.
  • [27]
    Björn E. BERGLUND, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », in B. FRENZEL (dir.), Evaluation of land surfaces cleared from forests in the Roman Iron Age and the time of migrating German tribes based on regional pollen diagrams, Stuttgart, Gustav Fischer Verlag, 1994, p. 7-11, ici p. 7, dans un intéressant récit de l’histoire écologique de la région d’Ystad au sud de la Suède, distingue six paysages types, avec de 0 à 90 % d’espaces défrichés.
  • [28]
    - Selon une définition simple, un karst est « une région calcaire qui [est] très fissurée à la suite de la dissolution calcaire » : J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. XIX.
  • [29]
    - Voir, particulièrement sur ce problème, Florence MAZIER et al., « Pollen productivity estimates and relevant source area for major taxa in a pasture woodland (Jura mountains, Switzerland) », Vegetation History and Archaeobotany, 17, 2008, p. 479-495.
  • [30]
    - Une tendance critiquée par P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 337.
  • [31]
    - O. RACKHAM, « Ecology and pseudo-ecology... », art. cit., p. 31. Il privilégie ainsi ce qu’il nomme à tort la « Grèce antique ».
  • [32]
    - R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 23.
  • [33]
    - Par conséquent l’existence de localités telle Lago di Pergusa en Sicile, où la palynologie nous dit que rien n’a changé depuis l’Antiquité (ibid., p. 25), ne permet en rien de traiter d’une question plus vaste.
  • [34]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 53-77.
  • [35]
    - Oreste REALE et Jagadish SHUKLA, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate during the Roman classical period : Part II. Model simulation », Global and Planetary Change, 25, 2000, p. 185-214, ici p. 190. Les géographes ont essayé de faire ce genre de choses depuis longtemps : voir, par exemple, la citation de l’écrivain du Xe siècle, al-Muqadassi, dans P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 53.
  • [36]
    - B. E. BERGLUND, « Methods for quantifying prehistoric deforestation », art. cit., p. 6.
  • [37]
    - J. V. THIRGOOD, Man and the Mediterranean forest..., op. cit., p. 11 et 13 qualifie la végétation du monde pré-classique « d’originale », mais cette erreur semble avoir disparu.
  • [38]
    - Maurice REILLE et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France : A key site for the whole island », New Phytologist, 141, 1999, p. 291-307, ici p. 304. Je mets ici de côté plusieurs problèmes, comme celui de savoir si la culture sur brûlis était pratiquée en Méditerranée préhistorique.
  • [39]
    Alan GARDINER, Egypt of the Pharaohs : An introduction, Oxford, Clarendon Press, 1961, p. 42 ; voir en outre Marvin W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », Geographical Review, 59, 1969, p. 1-28, ici p. 12-13, sur les importations égyptiennes de cette région, et p. 14-17 sur le bois provenant de Mésopotamie. Voir également R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., chap. 3.
  • [40]
    Voir, par exemple, Catherine DELANO SMITH, « Where was the ‘wilderness’ in Roman times ? », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity : Environment and culture, Londres, Routledge, 1996, p. 154-179, ici p. 174-177, concernant l’Italie. En ce qui concerne l’Espagne, voir A. C. STEVENSON et R. J. HARRISON, « Ancient forests in Spain : A model for land-use and dry-forest management in southwest Spain from 4000 BC to 1900 AD », Proceedings of the Prehistoric Society, 58, 1992, p. 227- 247 ; Karl W. BUTZER, compte rendu in Annals of the Association of American Geographers, 93, 2003, p. 494-498, ici p. 496-497.
  • [41]
    - Anthony John PARKER, Ancient shipwrecks of the Mediterranean and the Roman provinces, Oxford, Tempus Reparatum, 1992, p. 439. Pour la métallurgie en Méditerranée avant 1000 av. J.-C., voir P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 347-348, plus une grande quantité de littérature plus spécialisée.
  • [42]
    - A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 166.
  • [43]
    - Frank NEUMANN et al., « Holocene vegetation and climate history of the northern Golan Heights (Near East) », Vegetation History and Archaeobotany, 16-4, 2007, p. 329- 346, ici p. 342 : « pas de changements [de climat] distinctifs au cours des 6 000 dernières années » ; Dagfinn MOE et al., « Vegetational changes and human presence in the low-alpine and subalpine zone in Val Febbraro, upper Valle di Spluga (Italian central Alps), from the Neolithic to the Roman period », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 431-451, ici p. 431 : « aucun changement climatique d’importance locale ne fut recensé au cours des 6 000 dernières années ». Une grande partie des recherches les plus récentes peut être suivie sur http://www.ngdc.noaa.gov/wdc/usa/paleo.html.
  • [44]
    - Giuseppe CURZI et al., « Millennial- to centennial-scale palaeoclimatic variations during Termination I and the Holocene in the central Mediterranean sea », Global and Planetary Change, 40-1, 2004, p. 201-217, ici p. 203. Voir cependant aussi A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., chap. 9. Dans certains domaines, par exemple la Tunisie entre 34 et 36o de latitude, il semble impossible de concilier l’histoire économique bien connue de l’époque romaine avec un climat comme celui qui prévaut aujourd’hui.
  • [45]
    - Je réutilise ici la méthode utilisée par O. REALE et J. SHUKLA, « Modeling the effects of vegetation on Mediterranean climate... », art. cit.
  • [46]
    - « Côtière » est à prendre dans son sens braudelien le plus large.
  • [47]
    - Au-dessus de 800 mètres (la limite approximative, dans les régions méditerranéennes, entre chênes et sapins). Pour les effets de l’altitude sur la répartition des essences méditerranéennes, voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 41-44, et J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 90-98.
  • [48]
    - De nombreuses recherches ont été faussées par un manque d’attention vis-à-vis de cette question...
  • [49]
    - Charles HIGOUNET, « Les forêts de l’Europe occidentale du Ve au XIe siècle », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 13. Agricoltura e mondo rurale in Occidente nell’alto Medioevo, Spolète, 1966, p. 343-398 ; Maurice LOMBARD, « Un problème cartographié : le bois dans la Méditerranée musulmane (VIIe-XIe siècles) », Annales ESC, 14-2, 1959, p. 234-254. Pour un commentaire sur la carte d’Higounet, voir Chris WICKHAM, « European forests in the early Middle Ages : Landscape and land clearance », Settimane di Studio del Centro Italiano di Studi sull’Alto Medioevo 37. L’ambiente vegetale nell’alto medioevo, Spolète, 1990, p. 479-545, ici p. 479 et 499-500.
  • [50]
    - Paolo MALANIMA, Pre-modern European economy, Leyde, Brill, 2009, p. 57-58. Pour certaines sources spécifiques concernant le VIe siècle en Italie, voir ci-dessous. A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 174, n’auraient pas dû utiliser des sources du règne de Théodoric pour parvenir à des conclusions au sujet du Haut-Empire romain.
  • [51]
    - Voir William V. HARRIS, « Introduction », in W. V. HARRIS, Rome’s imperial economy, Oxford, Oxford University Press, 2011.
  • [52]
    - M. José GIL GARCÍA et al., « Late Holocene environments in Las Tablas de Daimiel (south central Iberian Peninsula, Spain) », Vegetation History and Archaeobotany, 16, 2007, p. 241-550, datent son commencement à partir de 150 av. J.-C.
  • [53]
    - Walter SCHEIDEL, « Demography », in W. SCHEIDEL, I. MORRIS et R. SALLER (dir.), The Cambridge economic history of the Greco-Roman worlds, op. cit., p. 47.
  • [54]
    Corpus Inscriptionum Latinarum, VIII, 25903, 25943 = Fontes Iuris Romani Anteiustiniani I, no101 (les lignes 6-7 font référence à la culture des vignes et des oliviers in silvestribus), ce fut l’Afrique du Nord dans laquelle TERTULLIEN, De anima, XXX, 3, a écrit que « des champs cultivés ont conquis les terres boisées ». Voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 374.
  • [55]
    Ces chiffres de population sont approximatifs ; ils suivent la conclusion de W. SCHEIDEL, « Demography », art. cit., p. 42, qui dit qu’« entre le XIIe siècle avant J.-C. et le IIe siècle après J.-C., la population de la partie de l’Europe, qui a finalement été reprise par l’empire romain, a quadruplé ». Selon P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 106, citant des sources diverses, « sur un terrain plat raisonnablement fertile, pour une famille de paysans (de cinq membres), il faudrait entre 5-10 hectares pour survivre », dans un système traditionnel européen de l’agriculture sèche (voir ibid., p. 110, pour le fait que beaucoup survécurent avec moins d’un hectare par personne).
  • [56]
    - Selon J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 2000, p. 154, le Domesday Book montre qu’une personne occupait en moyenne 2,6 ha de terres agricoles.
  • [57]
    - Julius BELOCH, Die Bevölkerung der griechisch-römischen Welt, Leipzig, Duncker & Humblot, 1886, p. 507. J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 204, ont calculé que la zone de « climat de type méditerranéen » était de 2 119 960 km2, mais certains de leurs chiffres pour certains pays semblent trop bas. Ils excluent, tout comme moi, certaines régions du Portugal et de la Bulgarie.
  • [58]
    - C. WICKHAM, « European forests in the early Middle Ages... », art. cit., p. 541.
  • [59]
    - CATON, De l’agriculture, 1 fin, 3 début.
  • [60]
    - Voir particulièrement Robin LANE FOX, « Ancient hunting : From Homer to Polybius », in G. SHIPLEY et J. SALMON (dir.), Human landscapes in classical Antiquity..., op. cit., p. 119-153.
  • [61]
    Sauf peut-être pour les temps archaïques où la production et la consommation étaient si limitées qu’elles ne pesaient pas sur les approvisionnements.
  • [62]
    - J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 152.
  • [63]
    - Graeme BARKER, David GILBERTSON et David MATTINGLY (dir.), Archaeology and desertification : The Wadi Faynan landscape survey, southern Jordan, Oxford, Oxbow Books, 2007.
  • [64]
    - Le nombre 82 500 a été suggéré par John F. HEALY, Mining and metallurgy in the Greek and Roman world, Londres, Thames and Hudson, 1978, p. 196, scientifique très érudit de la métallurgie antique, et est souvent repris. Il se fonde sur une estimation de la consommation par habitant (14,5 kg). Les tentatives pour calculer le chiffre exact en estimant la taille d’anciens terrils doivent être considérées avec réserve.
  • [65]
    - P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 234.
  • [66]
    Ibid., p. 234, renvoie à Theodore A. WERTIME et James D. MUHLY, The coming of the Age of Iron, New Haven, Yale University Press, 1980, p. XVIII, pour les chiffres romains, mais ceux-ci n’expliquent pas comment ils sont parvenus à ces chiffres.
  • [67]
    Voir David SIM et Isabella RIDGE, Iron for the eagles : The iron industry of Roman Britain, Stroud, Tempus, 2002, p. 43.
  • [68]
    - Voir J. F. HEALY, Mining and metallurgy..., op. cit. ; Paul T. CRADDOCK, « Mining and metallurgy », in J. OLESON (dir.), Oxford handbook of engineering and technology..., op. cit., p. 93-120, ici p. 107-109, et la bibliographie fournie par ce dernier.
  • [69]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 321 ; P. T. CRADDOCK, « Mining and metallurgy », art. cit., p. 105.
  • [70]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 184. Un ratio similaire de bois pour le fer est possible pour l’Angleterre en 1550, selon Oliver RACKHAM, Woodlands, Londres, Collins, 2006, p. 125. Juan HELGUERA QUIJADA, « Los problemas energéticos de la industria española a finales del siglo XVIII : entre el agotamiento de las energías tradicionales y el fracaso de las nuevas fuentes de energía », in S. CAVACIOCCHI (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, Florence, Istituto internazionale di storia economica « F. Datini », Prato, 2003, p. 381-406, ici p. 382, dit qu’au XIXe siècle en Espagne, il fallait environ 4,5 kg de charbon de bois pour produire 1 kg de fer ; et le charbon de bois nécessitait 20-25 kg de bois.
  • [71]
    - Le poids de cette quantité de bois varie considérablement bien sûr. Je me suis basé sur une estimation de Gregory F. VOTRUBA, « Imported building materials of Sebastos harbour, Israel », International Journal of Nautical Archaeology, 36, 2007, p. 325-335, et une estimation plus élevée (pour les résineux) sur www.engineeringtoolbox.com. La quantité de bois nécessaire pour produire une quantité donnée de charbon de bois est assez variable : pour une proportion de 10/1, voir P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 334 ; J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 56, suggère un rendement moyen pour l’Antiquité de 10 à 15 %.
  • [72]
    - Je remercie Paolo Malanima pour cette estimation probable du rendement.
  • [73]
    - J. E. REHDER, The mastery and uses of fire in Antiquity, op. cit., p. 149-152.
  • [74]
    - Voir Michael WILLIAMS, Deforesting the earth, Chicago, The University of Chicago Press, 2003, p. 91, pour certains calculs complémentaires.
  • [75]
    - Voir Janet DELAINE, « The supply of building materials to the city of Rome : Some economic implications », in N. CHRISTIE (dir.), Settlement and economy in Italy, Oxford, Oxbow Books, 1995, p. 555-562, ici p. 557-558. Le chiffre de 150 mde bois de chauffage par mde briques cuites, proposé par M. WILLIAMS, Deforesting the earth, op. cit., p. 3 et 90, est incompréhensible.
  • [76]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 321.
  • [77]
    Henry Noël LE HOUÉROU, « Impact of man and his animals on Mediterranean vegetation », in F. DI CASTRI, D. W. GOODALL et R. L. SPECHT (dir.), Mediterranean-type shrublands, Amsterdam, Elsevier Scientific Pub. Co., 1981, p. 479-521, ici p. 514. Jean-Louis VERNET, L’homme et la forêt méditerranéenne de la Préhistoire à nos jours, Paris, Éd. Errance, 1997, p. 61, affirme que les gens pauvres de Bangui utilisaient environ 500 kg par personne et par an (en 1987).
  • [78]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 185, appliquent ce chiffre à la Méditerranée antique et médiévale ; il correspond à leur point de vue, qui a tendance à minimiser la déforestation pour ces périodes.
  • [79]
    - M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 91.
  • [80]
    - Le chiffre provient de Robert V. REYNOLDS et Albert H. PIERSON, Fuel wood used in the United States 1630-1830, Washington DC, US Department of Agriculture Circular 641, 1942, p. 8-11, mais il est fondé sur des conjectures sur la consommation par habitant (ibid., p. 9, où la taille d’une corde de bois prête à confusion), qui pourraient occasionner une erreur d’un ordre de quatre. Les conditions climatiques dans les deux régions étaient en tout cas très différentes, de même que les traditions de construction de logements (utilisation intensive de bois en Amérique du Nord).
  • [81]
    - P. MALANIMA, Pre-modern European economy, op. cit., p. 56.
  • [82]
    - Enric TELLO, « Nuovi problemi, approcci e metodi per la storia economica ambientale delle società preindustriali », Studi Storici, 50, 2009, p. 607-631, ici p. 622, cite une recherche qui implique la consommation d’environ 2,5 kg par personne et par jour au XVIIIe siècle à Madrid.
  • [83]
    - Roger B. ULRICH, « Woodworking », in J. OLESON, Oxford handbook of engineering and technology..., op. cit., p. 439-464, ici p. 449, fournit une liste sommaire mais pratique de l’utilisation d’espèces différentes. Pour la grande variété des bois utilisés dans la construction navale, voir en particulier G. GIACHI et al., « The wood of ‘C’ and ‘F’ Roman ships found in the ancient harbour of Pisa (Tuscany, Italy) : The utilisation of different timbers and the probable geographical area which supplied them », Journal of Cultural Heritage, 4, 2003, p. 269-283.
  • [84]
    Robert C. ALLEN, « Was there a timber crisis in early modern Europe ? », in S. CAVACIOCCHI (dir.), Economia e energia secc. XIII-XVIII, op. cit., p. 469-482.
  • [85]
    - Andrea MANESCHI, Comparative advantage in international trade : A historical perspective, Cheltenham, E. Elgar Publ., 1998, fournit une histoire de ce concept et de sa critique.
  • [86]
    - Alain BRESSON, L’économie de la Grèce des cités, Paris, Armand Colin, 2008, t. I, p. 82, affirme que le prix (prétendument) élevé du carburant a eu cet effet sur l’économie grecque.
  • [87]
    - F. BRAUDEL, Les structures du quotidien..., op. cit., p. 320.
  • [88]
    - Voir Robyn VEAL et Gill THOMPSON, « Fuel supplies for Pompeii : Pre-Roman and Roman charcoals from the Casa delle Vestali », in G. FIORENTINO et D. MAGRI (dir.), Charcoals from the past : Cultural and palaeoenvironmental implications, Oxford, Archaeo-press, 2008, p. 287-297, ici p. 293 : le bois provenait probablement des terres situées au-dessus de 800 m. Pour une gestion similaire à l’époque romaine dans le Languedoc, voir Lucie CHABAL, Forêts et sociétés en Languedoc (Néolithique final, Antiquité tardive), Paris, Éd. de la MSH, 1997, p. 136.
  • [89]
    - À proprement parler, ce que nous savons, c’est qu’un homme d’Athènes a commandé une grande quantité de bois de chauffage à une personne de Torone, voir la lettre écrite sur plomb reproduite dans Supplementum Epigraphicum Graecum, 43, 1993, n488. Malgré le fait que Torone soit tombée sous le joug de Philippe II de Macédoine en 349, les épigraphistes semblent confiants quant à la datation de la lettre. Il n’est guère surprenant qu’Athènes ait dû importer du bois à un moment où elle pouvait avoir quelque 47 000 rames de trière : R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 131.
  • [90]
    - C’est aussi à la même époque qu’un résident d’Athènes a écrit qu’un bon gouvernement doit imposer la nomination de protecteurs des bois (huloroi) : ARISTOTE, Politique, VI, 8, 1321b30.
  • [91]
    - TITE-LIVE, Histoire romaine, XXXV, 41, 10.
  • [92]
    - Cette vision est confortée par les conclusions de Pier Luigi TUCCI, « Eight fragments of the marble plan of Rome shedding new light on the Transtiberim », Papers of the British School at Rome, 72, 2004, p. 185-202, ici p. 199. Le Pons Sublicius (et donc selon toute vraisemblance la Porta Trigemina) était situé plus bas sur la rivière qu’on le pensait auparavant.
  • [93]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, V, 13 ; STRABON, Géographie, V, 223. Il est possible, bien entendu, que Diodore ait été mal informé ; possible aussi que l’île d’Elbe ait été longtemps tributaire du carburant provenant du continent.
  • [94]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXXIV, 95-96 : « in multis partibus provinciisque Italiae ». R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 380, trouve ce témoignage difficile à croire parce que « la plupart des régions de la Gaule resta densément boisée », mais même si cela était vrai, ce ne serait pas pertinent en raison du problème de transport ; en fait, la raison pour laquelle les forgerons en question utilisaient du charbon de bois au lieu du bois était que le premier était plus léger et donc moins coûteux à transporter. Il y a aussi des sources montrant que les fours à poterie étaient approvisionnés en carburant locaux dans divers endroits : P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 335.
  • [95]
    - PLINE LE JEUNE, Lettres, X, 41.
  • [96]
    - Pour la datation de la mosaïque, voir R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 339.
  • [97]
    - ULPIEN, Digeste, XXXII, 55, 5 : « in Aegypto, ubi harundine pro ligno utuntur... ».
  • [98]
    - Bernard P. GRENFELL et Arthur S. HUNT (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1907, II, n686 (IIe ou IIIe siècle). C’est sans doute un autre cas d’« avantage comparatif », auquel s’ajoute peut-être la nécessité de remplir les navires céréaliers de retour d’Ostie vers Alexandrie. Mais tout dans la configuration des échanges ne s’explique pas facilement : que devons-nous penser par exemple de la mosaïque provenant d’un tombeau de Sousse qui représente apparemment l’importation par voie maritime du lignum ? Le cabotage peut-être ? Voir, entre autres, Katherine M. D. DUNBABIN, The mosaics of Roman North Africa, Oxford, Clarendon Press, 1978, pl. 48. L’identification correcte de la cargaison a été faite par R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 529-530. La possibilité que la pénurie en combustible soit liée à une baisse de la production de briques en Italie après Alexandre Sévère (il y a eu une reprise sous la tétrarchie) ou au passage à grande échelle de l’incinération à l’inhumation fait encore débat : R. MEIGGS, ibid., p. 504, n. 119 et 257, défend la première hypothèse et réfute la seconde ; pour ma part, je penche pour l’inverse.
  • [99]
    Codex Theodosianus, 13.5.10, 14.5.1. Voir l’analyse de R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 258-259 (discutable à certains égards). L’affirmation dans l’Historia Augusta, Vie d’Alexandre Sévère, XXIV, 5, selon laquelle ce souverain serait lui-même concerné par cette question est probablement fausse, comme beaucoup d’autres passages de la biographie – mais elle nous permet de savoir ce que l’on pensait des devoirs d’un empereur à la fin du IVe siècle.
  • [100]
    - SYMMAQUE, Relatio, XXXX, 3.
  • [101]
    - Ainsi Domenico VERA, Commento storico alle Relationes di Quinto Aurelio Simmaco, Pise, Giardini, 1981.
  • [102]
    Codex Theodosianus, 11.16.15 et 18 (où la réquisition de charbon de bois pour la fabrication d’armes est appelée une « coutume ancienne »), délivrée aux préfets du prétoire en 382 et 390.
  • [103]
    - P. HORDEN et N. PURCELL, The corrupting sea..., op. cit., p. 336.
  • [104]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 110-113.
  • [105]
    Ibid., p. 126-130. Les remous que firent les Athéniens pour un simple cyprès envoyé de Carpathos au cours de la période 445-430 (IG I3.1454) suggèrent une pénurie.
  • [106]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 7, 1. Il y a de nombreuses complications dans ce domaine : par exemple, les jeunes arbres donnaient les meilleures rames (en raison de leur souplesse) : R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 119.
  • [107]
    PLATON, Critias, 111c. : « Mais, en ce temps-là, le pays [l’Attique] était encore intact... il y avait sur les montagnes de grandes forêts, dont il reste encore aujourd’hui des témoignages visibles. Si, en effet, parmi les montagnes, il en est qui ne nourrissent plus que des abeilles, il n’y a pas bien longtemps qu’on y coupait des arbres propres à couvrir les plus vastes constructions, dont les poutres existent encore. Il y avait aussi beaucoup de grands arbres (hemera) à fruits et le sol produisait du fourrage à l’infini pour le bétail. » Inutile de préciser que la description que Platon fait des montagnes de l’Attique à son époque ne suffit pas à elle seule pour confirmer ou au contraire invalider les autres sources témoignant de la présence d’arbres et même de forêts entières en Attique à la période classique.
  • [108]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 188-189 ; M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 96 ; Joachim RADKAU, Nature and power : A global history of the environment, Washington/Cambridge, German Historical Institute/Cambridge University Press, [2002] 2008, p. 132-133 (qui invente aussi une citation d’Eratosthène). A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 288, accusent à tort Platon d’avoir écrit ici « une Attique fictionnelle ». Son histoire est une fiction, mais il est erroné de traiter le récit de l’Attique contemporaine en ces termes : voir William V. HARRIS, « Plato and the deforestation of Attica », Athenaeum, à paraître. Les sangliers et les ours sur le mont Parnasse, mentionnés par PAUSANIAS, Description de la Grèce, I, 32, 1, et évoqués par R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 381, appartiennent à une période tout à fait différente.
  • [109]
    - Même dans les temps mythiques, l’Attique ne fut jamais riche en bois de construction navale, dit PLATON, Lois, IV, 706b, ce qui tend à confirmer le passage du Critias, comme le fait PSEUDO-DEMOSTHÈNE, Sur le traité avec Alexandre, XVII, 28.
  • [110]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes. L’« Italie » pour Théophraste signifie encore la Calabre, il sous-estime les ressources du reste de la péninsule qu’il n’avait apparemment pas visitée : William V. HARRIS, « Quando e come l’Italia divenne per la prima volta Italia ? Un saggio sulla politica dell’identità », Studi Storici, 48, 2007, p. 301-322.
  • [111]
    - Comme R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 139, le remarque.
  • [112]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 2, 1. Mais il évalue la qualité, pas le prix ou la disponibilité.
  • [113]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 423-457, examine cette source en détail, mais je ne partage pas l’idée selon laquelle l’origine géographique du vendeur révèle la provenance de son bois (il y avait un trop grand nombre de Corinthiens). Le témoignage le plus intéressant de notre point de vue vient de Delphes : il montre notamment que les promoteurs en charge de la reconstruction du temple d’Apollon pouvaient obtenir 17 cyprès de Sicyone en 335, mais à des prix « exceptionnellement élevés » (ibid., p. 431).
  • [114]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, XIX, 58.
  • [115]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 133-135.
  • [116]
    - Voir Hélène CADELL, « P. Genève 60, B.G. U. II 456 et le problème du bois en Égypte », Chronique d’Égypte, 51, 1976, p. 331-348, ici p. 346, et Bärbel KRAMER, « Arborikultur und Holzwirtschaft im griechischen, römischen und byzantinischen Ägypten », Archiv für Papyrusforschung, 41, 1995, p. 217-231, ici p. 218-222. Le gouvernement s’intéressait à la question des arbres en partie à cause de leur importance pour la sécurité des digues : Marie DREW-BEAR, « Le bois en Égypte d’après les papyrus d’époque romaine », in J.-C. BÉAL (dir.), L’arbre et la forêt : le bois dans l’Antiquité, Paris, De Boccard, 1995, p. 3-9, ici p. 3-4 ; Arthur S. HUNT et J. Gilbart SMYLY (dir.), The Tebtunis Papyri, Londres, Egypt Exploration Society, 1933, III, n703 (seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C.)
  • [117]
    Select Papyri, II.210 = Marie-Thérèse LENGER (dir.), Corpus des ordonnances des Ptolémées, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1964, no53, lignes 200-206. Cela dépend si les « plantations » faisaient allusion aux arbres.
  • [118]
    - STRABON, Géographie, XIV, 669 : « Depuis qu’il a été adapté à la construction de flottes. » Il est assez vague quant à l’étendue de la région en question. Ce fut aussi sans doute la façon dont elle a obtenu la Cilicie (ibid., 670).
  • [119]
    - Arthur S. HUNT (dir.), The Oxyrhynchus Papyri IX, Londres, Egyptian Exploration Society, 1912, n1188. Voir B. KRAMER, « Arborikultur und Holzwirtschaft... », art. cit., p. 230.
  • [120]
    - Il est symptomatique qu’à une date si précoce l’État prenne le titre de propriété de toutes les forêts côtières : CICÉRON, De Republica, II, 58, attribue la mesure au roi Ancus Marcius.
  • [121]
    - DENYS D’HALICARNASSE, Antiquités romaines, I, 37, 4, pris au sens littéral par Marcus NENNINGER, Die Römer und der Wald, Stuttgart, Steiner, 2001, p. 200. Il est tout à fait faux, par exemple, que l’Italie possédait « des mines de toutes sortes », I, 37, 5 : voir Peter A. BRUNT, Italian manpower, 225 B.C.-A.D. 14, Oxford, Oxford University Press, 1971, p. 128-129. Et il a également tort quand il affirme (XX, 15) que la Sila suffisait aux besoins de l’Italie.
  • [122]
    - Stephan T.A. M. MOLS, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », in W. F. JASHEMSKI et F. G. MEYER (dir.), The natural history of Pompeii, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 225-234, ici p. 230. 39 sur 51 des échantillons du mobilier d’Herculaneum était faits de ce matériau.
  • [123]
    - Peter I. KUNIHOLM, « Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », in W. F. JASHEMSKI et F. G. MEYER (dir.), The natural history of Pompeii, op. cit., p. 235-239, ici p. 235.
  • [124]
    - Pour le commerce de ce bois, voir S.T.A. M. MOLS, « Identification of the woods used in the furniture at Herculaneum », art. cit., p. 226.
  • [125]
    - Je laisse de côté la question de tableaux luxueux en bois d’agrumes (Callitris quadrivalvis) importés de Mauritanie, qui conduisirent à la déforestation de la « Mons Ancorarius » : PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XIII, 95.
  • [126]
    - STRABON, Géographie, V, 223, un passage mal traduit par J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit., p. 3, et A. T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., p. 173 n.
  • [127]
    - STRABON, Géographie, V, 222. C’était peut-être une affirmation anachronique.
  • [128]
    - P. I. KUNIHOLM, « Dendrochronological investigations at Herculaneum and Pompeii », art. cit., p. 236-237 (source dendrochronologique). Il est dommage que les chercheurs en question n’aient pas vérifié les échantillons de Ligurie.
  • [129]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXI, 53.
  • [130]
    - J. Donald HUGHES, « How the Ancients viewed deforestation », Journal of Field Archaeology, 10, 1983, p. 437-445, ici p. 437, sur la base de PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XIII, 65 (avec TITE-LIVE, Histoire romaine, 9, 36), mais il semble qu’il ne répète pas cette affirmation dans J. D. HUGHES, Pan’s travail..., op. cit.
  • [131]
    - Rhétie (sects. 66, 190), Istrie (66), Corse (71, 197). Les autres endroits qu’il mentionne sont la Macédoine, les Pyrénées, certaines zones spécifiques de l’Asie Mineure et en Gaule, de la côte tyrrhénienne de l’Italie (Ligurie), les Alpes et les Apennins, la Crête, l’Afrique, la Syrie et la terre des Vaccaei en Espagne.
  • [132]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, III, 53, 74. On se demande si le silence de l’Expositio totius mundi sur le bois en Lucanie (sect. 54) revêt une quelconque signification à cet égard. Du temps du pape Grégoire, dans tous les cas, le bois calabrais était visiblement de retour (voir GRÉGOIRE, Lettres, IX, 125-128, éd. Norberg).
  • [133]
    - On constate qu’un résident d’Italie comme HERMAS, Le Pasteur, paraboles 9, 1 et 9, 19-29 (au Ier ou au IIe siècle), semble connaître bien des montagnes sans arbres.
  • [134]
    - Roger B. ULRICH, Roman woodworking, New Haven, Yale University Press, 2007, p. 121. Une question intéressante, que nous ne sommes pas (ou pas encore) en mesure de développer, est de savoir pourquoi certains endroits, Gadès par exemple, sont devenus des centres de construction navale à certaines périodes.
  • [135]
    - Voir Inscriptions grecques et latines de la Syrie, VIII, 3, édité par J.-F. Breton ; au moins 187 de ces inscriptions ont été enregistrées. Il y en a maintenant des dizaines d’autres : Année Épigraphique, 2006, 1572f.
  • [136]
    - M. W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., p. 20.
  • [137]
    Ibid., citant PROCOPE DE CÉSARÉE, Traité des édifices, V, 6.
  • [138]
    - Voir M. W. MIKESELL, « The deforestation of Mount Lebanon », art. cit., pour plus de détails sur l’exploitation post-romaine de cette zone.
  • [139]
    - L’édit de Dioclétien sur les prix nous fournit des indices sur les limites de prix imposées sur sept essences de bois : voir en particulier R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 365-369, et M. NENNINGER, Die Römer und der Wald, op. cit., p. 39-41. La principale difficulté est de savoir quelles régions les rédacteurs de l’édit avaient à l’esprit, mais de nouvelles recherches sur ce sujet pourraient être bénéfiques.
  • [140]
    - AMMIEN MARCELLIN, Rerum gestarum libri, XIV, 8, 14.
  • [141]
    - CASSIODORE, Variarum libri, V, 16.
  • [142]
    - GRÉGOIRE, Lettres, VI, 61, VIII, 28, IX, 176 et X, 21, éd. Norberg.
  • [143]
    - Mais pour prendre un peu de recul, voir D. SIM et I. RIDGE, Iron for the eagles..., op. cit., p. 40.
  • [144]
    - C’est en tout cas l’argument de S. E. VAN DER LEEUW et al., « Climate, hydrology, land use... », art. cit., p. 25.
  • [145]
    - THÉOPHRASTE, Histoire des plantes, V, 9.
  • [146]
    - C’est à mon avis la signification du mot kolobon : ibid., V, 9, 2.
  • [147]
    Ibid., II, 7, 1.
  • [148]
    - CATON, De l’agriculture, 9, 28, 151. Voir en outre R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 262-263. D’autres références à la gestion des bois dans les chapitres 6, 7, 17, 37 (à la fin), 38 (à la fin), 55.
  • [149]
    - CATON, De l’agriculture, 45.
  • [150]
    Ibid., 6 et 7.
  • [151]
    - VARRON, Économie rurale, I, 15. M. WILLIAMS, Deforesting the earth..., op. cit., p. 97, se trompe lorsqu’il prétend qu’il n’y avait pas d’« exemples d’efforts faits pour planter des arbres autres que des oliviers ». Strictement parlant, cependant, il est vrai, comme l’écrit R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 270, qu’il n’y a « aucune preuve de plantation d’arbres pour produire du bois pour le marché ». Sur la vision romaine de la valeur relative de terre boisée et non-boisée, voir A. GIARDINA, « Allevamento ed economia della selva in Italia meridionale... », art. cit., p. 102-103.
  • [152]
    - Le sapin blanc ne serait pas pris en compte dans ses calculs, parce que la propriété idéale, selon Varron, n’est pas située à une altitude très élevée.
  • [153]
    - COLUMELLE, De re rustica, III, 3, 1.
  • [154]
    Ibid., V, et De arboribus.
  • [155]
    - R. MEIGGS, Trees and timber..., op. cit., p. 268.
  • [156]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XVI, 141. Ils sont connus comme étant « la dot d’une fille », dit-il, 12 ans étant son idée de l’âge auquel une fille doit se marier.
  • [157]
    Ibid., XVII, 151.
  • [158]
    Ibid., XVII, 65-78.
  • [159]
    - R. SALLARES, « Ecology », art. cit., p. 24.
  • [160]
    - Voir les commentaires de Hans-Rudolf. BORK et Andreas LANG, « Quantification of past soil erosion and land use/land cover changes in Germany », in A. LANG, K. HENNRICH et R. DIKAU (dir.), Long term hillslope and fluvial system modelling : Concepts and case studies from the Rhine river catchment, New York, Springer, 2003, p. 231-239, ici p. 231-232.
  • [161]
    - Il y a d’autres difficultés : certains taxons « classiquement utilisés comme des signes de présence humaine », comme les céréales et les châtaignes, « ont été trouvés bien avant la transition néolithique » : Elda Russo ERMOLLI et Gaetano DI PASQUALE, « Vegetation dynamics of south-western Italy in the last 28 kyr inferred from pollen analysis of a Tyrrhenian Sea core », Vegetation History and Archaeobotany, 11-3, 2002, p. 211-220, ici p. 217.
  • [162]
    - José S. CARRIÓN et al., « Abrupt vegetation changes in the Segura Mountains of southern Spain throughout the Holocene », Journal of Ecology, 89-5, 2001, p. 783-797, ici p. 783 : « Les échantillons de pollen de l’Holocène [de l’Espagne méditerranéenne] sont troublants et sont susceptibles d’être interprétés différemment. »
  • [163]
    - Et inversement, un paysage érodé n’est pas nécessairement dépourvu d’arbres. Il peut même être en terrasse et être productif : voir K. W. BUTZER, « Environmental history in the Mediterranean world... », art. cit., p. 179.
  • [164]
    Ibid.
  • [165]
    - Sheldon JUDSON, « Erosion rates near Rome, Italy », Science, 160, 1968, p. 1444- 1446.
  • [166]
    - PLINE L’ANCIEN, Histoire naturelle, XXXI, 53 : « plerumque ». Il envisage l’Empire dans sa totalité.
  • [167]
    - Des cartes des zones karstiques de l’Empire romain, zones notamment à risque d’érosion, se trouvent dans John GUNN (dir.), Encyclopedia of caves and karst science, New York, Fitzroy Dearborn, 2004. On note, par exemple, combien elles sont étendues dans les Apennins centraux (p. 325).
  • [168]
    C. DELANO SMITH, « Where was the ‘wilderness’ in Roman times ? », art. cit., p. 159-161. Pour les travaux récents sur la modélisation de l’érosion en Méditerranée, et notamment sur l’Espagne, voir Joris DE VENTE et al., « Spatially distributed modelling of soil erosion and sediment yield at regional scales in Spain », Global and Planetary Change, 60, 2008, p. 393-415.
  • [169]
    - A . T. GROVE et O. RACKHAM, The nature of Mediterranean Europe..., op. cit., particulièrement chap. 15 (qui fournit une carte des mauvaises terres en Europe méditerranéenne). Une fois de plus, la définition est une difficulté majeure.
  • [170]
    - William V. HARRIS, « The Via Cassia and the Via Traiana Nova between Bolsena and Chiusi », Papers of the British School at Rome, 33, 1965, p. 113-133, ici p. 121-123.
  • [171]
    - N. Douglas avait tendance à prédire l’érosion, mais il rapporte un grand nombre de glissements de terrain : voir par exemple Norman DOUGLAS, Old Calabria, New York, Harcourt/Brace, [1915] 1956, p. 227.
  • [172]
    - Neil ROBERTS, « Human-induced landscape change in South and Southwest Turkey during the later Holocene », in S. BOTTEMA, G. ENTJES-NIEBORG et W. VAN ZEIST (dir.), Man’s role in the shaping of the Eastern Mediterranean landscape, Rotterdam/ Brookfield, A.A. Balkema, 1990, p. 53-67, ici p. 63. L’auteur fournit beaucoup d’autres détails : « Il est important de noter que l’érosion s’est produite différemment en fonction de l’érodibilité des sols, et donc du relief et de la géologie. Un bon exemple de ce processus, et de son influence possible sur la composition de la végétation, se trouve dans le Toros lycien entre Burdur et Elmali... Cette région a des mauvaises terres en abondance, qui recouvrent des roches tertiaires, en particulier le très érosif flysch et les marnes du Néogène... La croissance des arbres n’est plus possible... Alors que la chronologie de l’érosion des sols néogènes et des flyschs reste incertaine, il est raisonnable de croire que cela a coïncidé en grande partie avec une phase d’occupation de Bey?ehir, enregistrée très clairement par les diagrammes de pollen provenant de cette région. »
  • [173]
    - J. BLONDEL et J. ARONSON, Biology and wildlife of the Mediterranean region, op. cit., p. 205.
  • [174]
    - Par exemple, le chêne vert (Quercus ilex) est relativement adapté aux sols érodés : M. REILLE et al., « The Holocene at lac de Creno, Corsica, France... », art. cit., p. 295.
  • [175]
    - DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, XIV, 42 (399 av. J.-C.).
  • [176]
    - Comme J. DeLaine me l’a suggéré, un système de routes en mauvais état peut avoir contribué au problème.
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