Notes
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[1]
Il n’existe pas de définition communément admise des deux systèmes financiers. Nous nous sommes par conséquent basé sur les conceptualisations de Ross Levine, qui constitue à notre connaissance l’étude longitudinale et internationale la plus complète sur cette question (Levine, 2002).
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[2]
Ces mécanismes se retrouvent aussi en 1929 (Eichengreen 2015).
1La crise de 2008 constitue un moment de crise du capitalisme moderne parmi les plus graves depuis la crise de 1929. Elle oblige à repenser le principe d’une autorégulation des marchés et la toute-puissance des acteurs financiers. La financiarisation, les excès du système bancaire, la quête sans borne du profit ont été critiqués à juste titre comme étant les causes de la dépression économique de 2008. Dans ce contexte, les banques allemandes ont été au cœur de l’attention publique en raison des très lourdes pertes qu’elles sont subies et des malversations qu’elles ont commises pour certaines d’entre elles. La Deutsche Bank, mais aussi les Landesbanken publiques ont été l’objet de scandales très graves avant de bénéficier d’aides publiques en raison de la gravité de la crise de 2008. Nous voulons nous pencher ici plus particulièrement sur une banque allemande privée, la Deutsche Bank, et sur des banques publiques, les Landesbanken. L’intérêt du secteur bancaire allemand tient en effet au fait qu’il est historiquement fortement réglementé, compartimenté et soumis à un contrôle – voire à des interventions directes – de la part de l’État fédéral et des Länder.
2Mobilisant le concept de capitalisme corporatiste, on peut considérer que le système financier allemand diffère par conséquent du modèle anglo-saxon plus libéral et spéculatif. De plus, les banques allemandes diffèrent profondément les unes des autres : il existe ainsi d’un côté des banques privées, des banques publiques d’investissement et des banques mutualistes. Or, elles ont été quasiment toutes touchées par la crise des subprimes alors qu’elles sont historiquement très éloignées des pratiques spéculatives à risque. Comment expliquer alors que les banques allemandes aient été si durement touchées par la crise de 2008 alors qu’elles sont structurellement si différentes des banques anglo-saxonnes ? Dans quelle mesure les banques allemandes ont-elles participé à des activités spéculatives à risque aux États-Unis ? Quel rôle joue exactement la crise des pays de la zone euros dans la déroute du système financier germanique ? Pour aborder ces questions, nous suivons un cadrage chronologique qui part de l’année 1989, date de la réorientation de la Deutsche Bank vers le modèle d’affaires de la banque d’investissement et s’arrête à l’année 2008, année marquée par les plans d’aides aux États-Unis et en Allemagne en faveur des banques en difficulté.
3Afin d’examiner cet épisode, nous voulons revenir sur les interactions et interdépendances entre le pouvoir politique et le pouvoir financier avant et pendant la crise financière. L’idée que nous voulons examiner ici est la suivante. La crise des subprimes de 2008 tient aux errements et aux activités spéculatives à risque de la finance internationale qui ont cherché à profiter des promesses des marchés financiers internationaux. Mais l’immixtion du pouvoir politique a joué un rôle important car il a été tantôt trop complaisant envers les banques tantôt responsables d’avoir créé des incitations dangereuses sur les marchés financiers. Le crédit immobilier a été en effet accordé à des emprunteurs peu ou pas solvables aux États-Unis comme en Europe en raison d’une baisse des taux d’intérêt notamment en raison de la financiarisation du capitalisme.
4Par cet article, nous voudrions éclairer les spécificités du capitalisme rhénan, mais sous un angle spécifique : celui de son système financier et bancaire qui a connu des évolutions significatives tout comme le modèle économique allemand de manière générale (Baudry, 2021). Nous voulons ainsi éclairer les singularités des banques allemandes qui se distinguent des banques anglo-américaines. Quant à notre apport empirique, il tient en une étude du système bancaire allemand basé sur le dépouillement des rapports parlementaires en deux langues – anglais et allemands. Nous avons étudié ainsi des rapports américains, allemands et autrichiens rédigés après la crise de 2008 et mené aussi des entretiens avec des députés allemands du Bundestag. Nos sources quantitatives viennent essentiellement du Fonds monétaire international et des rapports parlementaires.
5Afin d’étudier les interrogations soulevées plus haut, nous reviendrons premièrement sur les modèles dominants de la crise de 2008. Nous appliquons dans un deuxième temps ce modèle à la Deutsche Bank. Nous cherchons à montrer que la Deutsche Bank a mené une stratégie à risque sur les marchés financiers, mais dans un contexte d’intervention de la part de l’État américain et de la Fed. Dans un troisième temps, nous nous intéressons aux Landesbanken. Ces dernières ont participé à investissements à risque dans le secteur financier aux États-Unis et en Europe au risque de s’éloigner de leur mission de service public original.
Un système bancaire allemand entre conservatisme et risque spéculatif
La prédominance du paradigme des variétés du capitalisme
6La recherche sur le système bancaire allemand demeure dominée par le paradigme des variétés du capitalisme (Wolfgang Streeck, Peter Hall et David Soskice, Kathleen Thelen ont développé des analyses classiques sur le capitalisme corporatiste et le capitalisme libéral (Streeck et Thelen, 2005 ; Hall et Sokice 2001)). Néanmoins, les théories des variétés du capitalisme demeurent essentiellement centrées sur l’industrie et négligent le secteur bancaire.
7Nous voulons montrer que le système bancaire allemand se caractérise historiquement par son caractère fortement réglementé et compartimenté : il demeure en cela relativement éloigné du modèle financiarisé anglo-saxon [1]. Les différences entre les deux modèles tiennent d’abord à la gouvernance des entreprises. La gouvernance des entreprises – industrielles et bancaires – dans le cadre du modèle corporatiste est centrée sur le directoire (Vorstand) et sur le conseil de surveillance (Aufsichtsrat). Les parts de l’entreprise se trouvent essentiellement entre les mains d’actionnaires, mais qui ne sont plus comme auparavant d’autres banques ou d’autres entreprises allemandes. Les salariés sont représentés au sein du directoire au travers de leur syndicat. En outre, les négociations salariales se font au sein des branches sectorielles. Le pouvoir de décision est ainsi à la fois partagé par un montage complexe entre actionnaires majeurs, membres du directoire et du conseil de surveillance, salariés et employeurs. Le « capital » et le « travail » sont relativement équilibrés dans le cadre d’un système coopératif. Mais le système bancaire des pays corporatiste se caractérise aussi par la manière dont il finance l’économie réelle : les entreprises dans le modèle corporatiste ont recours essentiellement à l’endettement au travers des banques pour se financier. Néanmoins, en raison des participations croisées entre entreprises et banques, les créanciers sont « patients » et acceptent des taux d’intérêt faibles.
8En revanche, le modèle libéral anglo-saxon se caractérise par une gouvernance d’entreprise centrée sur le conseil d’administration (board). La présence des salariés au sein du board est faible voire nulle. De plus, l’actionnariat est dispersé entre des actionnaires qui investissent dans des entreprises au travers de la bourse. Le pouvoir de décision se trouve ainsi entre les mains des actionnaires qui cherchent le meilleur rendement possible. Leur pouvoir s’exerce au travers d’intermédiaires financiers : fonds de pension, hedge funds, banques d’investissement. Les agences de notation jouent un rôle central car elles fournissent des notations sur le degré de solvabilité et de rentabilité des entreprises. Les deux leviers principaux d’investissement dans le modèle libéral sont les actions et le capital-investissement (private equity).
9Ainsi, le système financier allemand est-il fondé sur les banques par distinction du système financier anglo-américain fondé sur le marché (« bank-based financial system » versus « market-based financial system ») (table 1) (Levine et Demirgüç-Kunt, 1999 ; Levine, 2002 ; Commun, 2008 ; Edwards et Fischer, 2009 ; Hackethal, Schmidt et Tyrell, 2006 ; Behr et Schmidt, 2015 ; Höpner et Krempel, 2004 ; Fischer et Pfeil, 2004 ; Krahnen et Schmidt, 2004).
Table 1. Distinction entre le système financier allemand et anglo-saxon
Système bancaire (modèle corporatiste allemand) | Système de marché (modèle libéral anglo-saxon) | |
Source de financement | Dépôts et création monétaire par le crédit bancaire | Prêt par les marchés |
Modalité d’investissement | Obligation | Action boursière |
Structure du secteur | Acteurs cloisonnés : statut légal spécifique pour chaque type de banque | Acteurs décloisonnés : les banques de détail ont aussi une activité financière |
Niveau de rentabilité | Faible rentabilité | Rentabilité élevée |
Rôle de l’État | Important : - garantie aux banques publiques - forte régulation | Faible et libéralisation forte : - désintermédiation, - décloisonnement, - déréglementation |
Rôle de la banque centrale | Stabilité des prix | Soutien à la croissance |
Place de la monnaie dans le système monétaire international | Monnaie régionale (Deutsche Mark, euro) | Monnaie de réserve mondiale (dollar) |
Table 1. Distinction entre le système financier allemand et anglo-saxon
10On observe aussi des différences internes au sein du système corporatiste entre les différents types de banques et qui sont relativement bien cloisonnées les unes par rapport aux autres. Un système corporatiste comme le système allemand demeure ainsi relativement conservateur et l’impact de la financiarisation sur lui demeure asymétrique, inégal et polymorphe. Le système bancaire allemand est historiquement divisé en trois piliers du point de vue de leur statut légal :
- les banques commerciales privées ;
- les banques publiques ou semi-publiques (Fischer et Pfeil, 2004) ;
- les banques coopératives.
12Le modèle bancaire allemand se caractérise ainsi par les traits suivants : il est fragmenté, ce qui génère une concurrence plus forte ; il est cloisonné entre différents types de banques ; il souffre d’une profitabilité inférieure à celles d’autres banques au plan international ; il a connu des difficultés pour s’adapter à la mondialisation à la différence des banques françaises et britanniques (Pujals, 2013). Le secteur financier allemand est ainsi resté focalisé sur le modèle des banques de dépôt et des banques coopératives. Il a pu tenté l’aventure de l’internationalisation, mais en restant marqué par son histoire et par un marché local inadapté à la mondialisation. Les processus d’internationalisation et de financiarisation s’inscrivent par conséquent dans un contexte concurrentiel, institutionnel et entrepreneurial très spécifique.
La transformation de la Deutsche Bank en une banque d’investissement
Une nouvelle stratégie de conquête des marchés mondiaux…
13Malgré la prégnance du modèle corporatiste, la Deutsche Bank a poursuivi une stratégie d’internationalisation à risque dès les années 1990 (Plumpe, Nützenadel, Schenk, 2020 ; Gall, Feldman, James, Holtfrerich Büschgen, 1995 ; Schwarz, 2003 ; Kobrak, 2008). La stratégie de la Deutsche Bank mise en place par son dirigeant charismatique, Alfred Herrhausen (1930-1989), passe ainsi par une série de transformations très importantes qui combinent internationalisation, évolution de la corporate strategy et la primauté accordée aux innovations financières. Cette stratégie qui a contribué largement aux scandales financiers des années 2000 et 2010 possède plusieurs particularités qui empêchent de mobiliser le concept de financiarisation comme une notion globale (Enrich, 2020). D’un strict point de vue de la stratégie d’entreprise, l’histoire de la Deutsche Bank est celle d’un repositionnement multiforme – montée en gamme, liquidation de ses actifs historiques dans l’industrie allemande (Plumpe, Nützenadel, Schenk, 2020). Les mutations de la Deutsche Bank ont lieu dans le cadre de changements organisationnels. Passant d’un modèle de banque de détail à un modèle de banque d’affaires, la Deutsche Bank a effectué un basculement de son modèle d’affaires. Elle a voulu proposer des produits avec une forte valeur ajoutée et innovante, et ce au travers d’une série de changement dans son paradigme organisationnel. Elle a mené une stratégie de repositionnement de sa gamme de produits vers le haut de gamme. Elle est passée du statut de banque pour particuliers, PME et grandes entreprises allemandes à celui de banque pour des clients haut de gamme : banque d’investissement, gestion de fortune privée, banque d’entreprise.
14En outre, la Deutsche Bank s’est internationalisée très rapidement par une logique de croissance externe à la fois pour viser des marchés plus rentables, mais aussi pour acquérir des compétences dans le secteur de la banque d’investissement. La Deutsche Bank s’est en effet impliquée sur le plan international relativement tôt. Cette stratégie d’internationalisation de la Deutsche Bank est relativement ancienne. Elle a consisté à ouvrir des filiales en Europe en-dehors de l’Allemagne dès les années 1970 et à se développer sur les marchés britannique et américain dans les années 1990.
15Cette nouvelle stratégie est le résultat d’une collaboration entre deux types d’acteurs : la société de conseil Roland Berger et la Deutsche Bank. Roland Berger est un homme d’affaires allemand qui est un des rares hommes d’affaires capable d’établir une société de conseil européenne en situation de concurrencer les géants du secteur. Le plan de Roland Berger mis en place dès les années 1990 consiste en une stratégie d’internationalisation et de montée en gamme afin de conquérir le marché américain plus lucratif que le modèle bancaire allemand (Der Spiegel, 1987). Ce projet est porté avant tout par le dirigeant de la Deutsche Bank, Herrenhaus, qui veut faire rentrer sa banque dans un nouveau monde et qui sera assassiné par la RAF (Veiel, 2005 ; Sattler, 2019). La stratégie de la Deutsche Bank repose sur une logique de croissance externe qui passe par le rachat de Morgan Grenfell en 1989, un des acteurs majeurs dans le secteur de la banque d’investissement au Royaume-Uni, mais qui aboutit aussi à un des plus graves scandales financiers de l’histoire britannique dès les années 1990 (The Independent, 2011). Après le rachat de la banque américaine d’investissement Bankers Trust en 1999, cette branche américaine de la Deutsche Bank devient une source très importante de revenus bien supérieur à ce que peut rapporter le marché allemand très fragmenté et compartimenté (Der Spiegel, 1999). La situation de la filiale américaine de la Deutsche Bank devient alors totalement atypique et ressemble à celle d’un « État dans l’État ». En effet, les fonds apportés par la Deutsche Bank permettent des activités d’investissement très importantes et bien supérieures à ce que la branche américaine aurait pu effectuer par elle-même. Les effets de leviers aidant, le faible coût du crédit facilite encore plus le développement de la branche investment banking de la Deutsche Bank. Ainsi, la crédibilité de la Deutsche Bank sur les marchés internationaux, son pouvoir de marché, les fonds propres dont elle dispose grâce à son importance sur le marché allemand lui servent de levier sur le marché américain.
16Trois personnalités marquent ce changement de stratégie de la Deutsche Bank. Tout d’abord, Edson Mitchell (Oermann, 2018) ancien responsable au sein de Merrill Lynch et chef du Global Market de la Deutsche Bank à partir de 1995 avant son décès dans un accident d’avion en 2000. Ensuite, Anshuman Jain, banquier britannique d’origine indienne, arrivé lui aussi en 1995 au sein de la Deutsche Bank avant qu’il dirige la branche Global Markets à son tour. Enfin, Josef Ackerman, banquier suisse venant du Crédit Suisse, devient le dirigeant de la Deutsche Bank. Il expose dans la presse économique des objectifs de forte croissance des bénéfices et vise une rentabilité des capitaux propres (return on equity) de 25 % (Wirtschaftswoche, 2016). Il est une des figures majeures qui a contribué à la diffusion d’une culture de profit à tout prix, de concurrence sans pitié et qui a grandement contribué aux pratiques illégales au sein de la Deutsche Bank. Ces personnalités ont participé aux mauvaises pratiques et illégales au sein de la Deutsche Bank. Celle-ci a en effet mis en place des incitations et des bonus qui ont encouragé les prises de risque sur les marchés. En outre, la Deutsche Bank a contribué le marché du crédit interbancaire au travers de la manipulation du libor (Abrantes-Metz, Kraten, Metz, et Seow, 2012), ce qui a abouti à de lourdes condamnations par la justice américaine (The United State Department of Justice, 2017).
… une transformation accompagnée par les hommes politiques allemands…
17Néanmoins, les évolutions de la Deutsche Bank dans les années 1990 se font dans un contexte qui demeure caractéristique du capitalisme rhénan et qui bénéficie de l’appui des dirigeants politiques allemands. Alfred Herrenhaus a ainsi été longtemps un proche du chancelier Kohl et un de ses principaux conseillers économiques. Au lieu d’évoquer une financiarisation unilatérale et systématique, il faut ainsi rappeler que les dirigeants allemands ont soutenu à plusieurs reprises le projet de la création d’un « champion national » dans le secteur bancaire comparable aux autres nations européennes ou aux États-Unis. La crainte d’une OPA hostile de la part d’une banque étrangère est réelle d’autant plus que Citigroup avait évoqué l’idée d’un rachat de la Deutsche Bank. Le chancelier allemand Schröder soutient pour cette raison au début des années 2000 les projets de fusion entre les banques allemandes. Ceci explique les projets de fusion entre la Deutsche Bank et la Dresdner Bank ou entre la Commerzbank et la Dresdner Bank entre les années 1990 et 2000, mais qui ont échoué alors que ces banques ont des profils comparables (anciennes Hausbanken, banque de détail, financement de la grande industrie allemande). La Commerzbank, une banque commerciale proche historiquement de la Deutsche Bank au niveau du positionnement commercial, cherche aussi à racheter la Postbank, mais là encore sans succès. Ces projets de consolidation sont demeurés ainsi lettre morte. Ils reviendront pourtant sur le devant de la scène jusque dans les années 2010 où ils n’aboutiront toujours pas.
18L’État allemand encourage ainsi les fusions entre les banques. Mais le système de gouvernance des banques allemandes demeure lui caractéristique du capitalisme rhénan loin des modèles de gouvernance typique du capitalisme anglo-saxon. La Deutsche Bank continue, en effet, à opérer selon le système d’une double gouvernance – directoire et conseil de surveillance (Vitols, 2004). La Deutsche Bank continue à rester une banque allemande, de droit allemand, largement dominée par des Allemands et des germanophones et dont le directoire compte des représentants des salariés et des syndicats comme le veut le modèle rhénan.
… dans un contexte d’intervention monétaire par la banque centrale américaine
19En ce qui concerne la stratégie de la Deutsche Bank sur les marchés financiers américains, on peut avancer les éléments suivants ont contribué à la formation de la bulle spéculative à l’origine de la crise de 2008. Responsable de la vente de crédits subprimes, la Deutsche Bank a mené une politique dangereuse de vente de produits financiers à risque. Elle a ainsi créé son propre fonds de subprimes dont la valeur s’élève à 1,1 milliards de dollars (fonds « Gemstone 7 ») (Der Spiegel, 2011).
20Mais cette politique a été encouragée aussi par la politique de la Fed. La politique de la Fed depuis les années 1980 sous l’influence de son président, Alan Greenspan, consiste en effet à intervenir de manière active sur les marchés financiers en cas de crise financière, de risque de récession ou de menaces sur le crédit interbancaire. Dès la crise de 1987, la Fed agit pour éviter la contagion de la crise boursière vers l’économie réelle (Mark, 2006). Elle intervient comme un garant en dernier ressort en cas de crise pouvant mener à un écroulement du système bancaire comme le préconise d’ailleurs la théorie monétariste (Friedman et Schwartz, 1993). Or, cette politique témoigne d’une intervention ciblée de la part de la Fed et qui se répétera jusqu’à la crise de 2008 et après (Miles, 2014 ; Golub, Kaya et Reay, 2015). Or, cette politique a contribué à l’augmentation de la masse monétaire dans le système bancaire. Les banques privées ont créé de la monnaie à leur tour au travers du crédit privé, ce qui a provoqué la formation de bulles spéculatives. La crise de la bulle internet dans les années 2000 et la crise de l’immobilier en 2008 témoignent de l’apparition de tels surinvestissements [2]. Les incitations pour allouer des crédits venant de la part de la Fed ont contribué à l’apparition de bulles spéculatives. Ceci a généré une déformation des mécanismes d’allocation du crédit aux États-Unis par une création monétaire excessive, de nature discrétionnaire et conditionnée en outre par une politique publique de soutien à l’investissement immobilier. Si on prend aussi en compte la politique de bonus mise en place au sein de la Deutsche Bank tout comme dans une grande partie du secteur financier, les incitations pour accorder des crédits étaient fortes.
21La profondeur de la crise financière et les mauvaises pratiques mises en place par la Deutsche Bank dès les années 1990 combinées à une stratégie d’entreprise mal pensée demeurent incontestables. Cependant, les incitations politiques créées par les institutions et les acteurs politiques ont également généré des bulles spéculatives.
Les Landesbanken allemandes entre soutien à l’investissement et spéculation financière
Retour sur l’histoire récente des Landesbanken
22La Deutsche Bank n’a pas été la seule touchée par la crise de 2008. Les banques allemandes les plus durement touchées sont en effet des Landesbanken, banques publiques d’investissement parmi lesquelles on peut citer WestLB, SachsenLB, Bayern LB, HSH Nordbank, Landesbank Baden-Württemberg. En outre, ces banques ont souvent investi en Europe et dans des pays qui ont connu des bulles spéculatives (Espagne, Grèce). De plus, la situation de départ des Landesbanken diffère en profondeur de la Deutsche Bank alors avant d’être toutes touchées de plein fouet par la crise de 2008. Les Landesbanken sont en effet toutes des banques publiques ou semi-publiques placées sous le contrôle des Länder. Conçues comme des banques d’investissement public orientées vers le soutien aux PME (Mittelstand) (Georgescu et Laux, 2015), leur modèle d’affaire est censé reposer sur l’acceptation d’une faible rentabilité au profit du soutien à l’investissement (Berge, Berger et Locarek-Junge, 2006). Dans ces conditions, le paradigme de la financiarisation semble au moins partiellement impuissant.
23Or, les Landesbanken ont été engagées dans une logique d’internationalisation et d’investissements pour plusieurs raisons. D’abord, plusieurs de ces banques ont voulu mener des projets de diversification et d’investissement à l’international au risque de rentrer en concurrence avec des banques privées. Elles ont pourtant continué à bénéficier des garanties de l’État, ce qui leur permettait de s’endetter à un prix compétitif sur les marchés. Le mécanisme de soutien à des Landesbanken par l’État provoque des déformations des prix du crédit car les Landesbanken ont accès à un crédit à des taux préférentiels, ce qui favorise des investissements dans des projets qui s’avèrent à terme non-rentables comme le montrent plusieurs erreurs d’investissements et sur lesquelles nous reviendrons. Dans ce contexte, la commission et la justice européennes sont intervenues suite à des plaintes venant des banques privées (Seikel, 2013). Le lobby bancaire allemand considérait que la situation des Landesbanken était ambiguë. D’un côté, les Landesbanken concurrençaient les banques privées. D’autre part, cependant, elles bénéficiaient du soutien des Länder. Les Landesbanken ont dû alors modifier leur modèle d’affaire afin de trouver un modèle économique pour être rentable sans bénéficier de l’aide des autorités publiques.
24Une Landesbank mérite ici un examen particulier : il s’agit de la BayernLB. Elle témoigne des accointances entre la politique et les banques publiques. La BayernLB est historiquement proche des démocrates-chrétiens bavarois de la CSU. Edmund Stoiber, ministre-président de la Bavière a ainsi encouragé des projets d’expansion à l’international et notamment en Autriche, en Europe centrale et dans les Balkans. Erwin Huber, président de la CSU et responsable de la supervision de la BayernLB a lui aussi joué un rôle dans cette politique d’internationalisation bien qu’il ait dans les médias sans cesse récusé sa responsabilité dans les mauvaises pratiques de la BayernLB (München.tv, 2013). En outre, la BayernLB a développé son activité commerciale et a commencé à faire concurrence aux banques privées. Elle a ainsi créé la Deutsche Kreditbank, banque directe créée en 1990. Elle est devenue au fil des années la seconde banque la plus importante en Allemagne et elle a accordé des prêts immobiliers au travers d’une politique commerciale agressive menant par là des débiteurs peu fortunés à investir dans des logements insalubres et surévalués.
25Mais le scandale le plus important de la BayernLB tient à son rachat de la Banque autrichienne, la Hypo Group Alpe Adria (HGAA) (Graber et Schnauder, 2015) qui est une Landesbank tout comme la BayernLB. Selon un rapport du parlement régional de Bavière, le rachat de la banque autrichienne HGAA en 2006 coûte 1,6 milliards d’euros : la HGAA comptait alors un million de client et un bilan de 30 milliards d’euros (Bayerischer Landtag, 2011). Elle avait commencé à développer, elle aussi, une activité commerciale en créant une activité de leasing à la fin des années 1980, faisant ainsi concurrence directement aux banques privées. Le rachat de la HGAA par la BayernLB lui permet de s’étendre à l’international car la HGAA est présente en Autriche, Italie, Slovénie, Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie. Or, la BayernLB et la HGAA mène des projets ambitieux notamment à l’investigation de dirigeants politiques allemand (Edmund Stoiber) et autrichien (Jörg Haider). La HGAA soutient ainsi la société de transport aérien Styrian Spirit malgré de graves difficultés économiques, mais que Jörg Haider a soutenu afin que la région qu’il dirigeait, la Carinthie, dispose d’une ligne aérienne. Les prêts pour des projets ambitieux garantis par l’argent public se multiplient alors notamment au travers de prêts dans le secteur touristique en Ex-Yougoslavie.
26Les Landesbanken ont ainsi commencé à quitter leur secteur d’origine dès les années 1980/1990 au risque de concurrencer les banques privées dans leur secteur d’activité et de se voir soumises aux mêmes contraintes que le secteur financier privé. Cette politique d’internationalisation et de diversification répondait à l’influence des dirigeants politiques et à la volonté d’augmenter la rentabilité en vue de la fin des garanties publiques aux Landesbanken. Mais ces facteurs qui expliquent la déconfiture des Landesbanken en 2008 sont concomitants aussi avec la transformation de la politique monétaire en Europe suite à l’introduction de la zone euro.
Le rôle de l’euro dans la crise de 2008
27Depuis la création de l’euro, les flux financiers ont commencé à affluer du centre (Allemagne, France, Pays-Bas, Autriche) vers la périphérie de la zone euros (Grèce, Espagne, Irlande) au risque de générer des bulles spéculatives (Sinn, 2012 ; Sinn, 2015). La dépendance de la Grèce aux flux de capitaux extérieurs a provoqué la formation de bulles dans le secteur privé (Hyppolite, 2016). On retrouve le même phénomène en Irlande et en Espagne malgré les différences des types économiques (Dellepiane, Hardiman, Las Hera, 2013). La décision politique de créer l’euro a donc mené indirectement à une perturbation du marché du crédit (Sinn, 2009). Cette intervention politique a provoqué à terme et de manière involontaire la formation de bulles spéculatives car les acteurs privés – banques, entreprises, foyers – ont été incités à augmenter leur niveau d’endettement général en raison de la baisse des taux d’intérêt. La création de l’euro ne relève pas de l’intervention directe de l’État ou des banques centrales sur les marchés du crédit, mais elle a contribué à provoquer un optimisme trompeur sur les marchés financiers. La diffusion de ces risques a été ensuite augmentée au travers de prêts internationaux, de la création de succursales bancaires à l’étranger.
28La crise des banques allemandes tient justement au fait qu’elles ont massivement investi en Grèce, en Espagne et en Irlande (Bohle, 2018). Les banques allemandes ont été parmi les acteurs les plus engagés sur les marchés européens en raison du volume de liquidités accumulées par les épargnants allemands. La Landesbank du Bade-Wurtemberg, la LBBW a ainsi investi 1,5 milliards d’euros en Grèce c’est-à-dire plus que la BPCE qui est une des plus grosses banques françaises et européennes. Les banques commerciales allemandes (Deutsche Bank, la Dresdner Bank, la Commerzbank) ont investi, quant à elles, 4,5 milliards d’euros. et la BayernLB 200 millions d’euros en Grèce. Or, cette politique d’investissements dans les infrastructures et surtout dans l’immobilier a généré des bulles spéculatives qui finiront par exploser dès que les taux d’intérêts augmentent.
29C’est en effet l’augmentation des taux d’intérêt par la Fed aux États-Unis qui est la cause immédiate de la crise de 2008 (Haughwout, Peach, Sporn et Tracy, 2012). Dès juin 2004, elle a augmenté ses taux directeurs qui passent de 2,25 % à 5,25 % en 2006. En août et en septembre 2008 – alors que Lehman Brothers fait faillite – la Fed maintient ses taux toujours de manière constante à 2 %. Les banques européennes sont alors directement concernées en raison de leur participation à des fonds d’investissements américains. Dès 2007, la banque française BNP se trouve aux avant-postes de la crise financière. Dès août 2007, la BNP clôt trois de ses fonds SICAV qui étaient adossés à des prêts hypothécaires. En juillet/août 2007, une crise des banques allemandes voit le jour : IKB et BayernLB en raison d’investissements à risque dans le marché immobilier américain. Suite quelques mois après la faillite de Lehman en 2008 et les interventions massives de la Fed et de l’État américain au travers d’un ambitieux plan de relance qui rend possible le sauvetage de l’économie mondiale.
L’État au secours des banques
30Face à cette situation, l’État allemand décide de mener un plan de sauvegarde de son système financier. Les plans d’aides aux banques allemandes passent par la création d’un organisme en charge de fournir les fonds nécessaires au sein une structure créée spécialement à cette fin, la Finanzmarktstabilisierungsanstalt (Agence pour la stabilisation des marchés financiers), qui prend en 2009 le nom de Bundesanstalt für Finanzmarktstabilisierung (Agence fédéral pour la stabilisation des marchés financiers). Cette institution remplit une fonction macro-prudentielle et elle vise à stabiliser les marchés, à préserver l’intégrité du marché bancaire allemand de manière conjointe avec la politique monétaire comme le montrent les liens entre l’agence pour la stabilisation des marchés financiers et la Bundesbank. La ventilation des aides aux banques allemandes fournies par le Fonds spécial pour la stabilisation des marchés financiers (Sonderfonds Finanzmarktstabilisierung) se répartit ainsi en décembre 2018 (Deutsche Finanzagentur, 2019) :
- Commerzbank : 18,2 milliards d’euros.
- Hypo Real Estate : 9,8 milliards d’euros.
- WestLB : 3 milliards d’euros.
- Aareal : 525 millions d’euros.
32Les montants des garanties apportées aux banques sont les suivants :
- Hypo Real Estate : 124 milliards d’euros.
- BayernLB : 5 milliards d’euros.
- IKB : 10 milliards d’euros.
34En plus de ces aides d’urgence, l’Allemagne adopte aussi un programme de stabilisation financière (Finanzmarktstabilisierungsgesetz) (Hüfner, 2010, p. 10 ; Hellwig, 2010). Le 13 octobre fut annoncée la création du SoFFin (« Fonds spécial pour la stabilisation des marchés financiers », Sonderfonds Finanzmarktstabilisierung) doté d’un montant de 480 milliards d’euros et qui fut mis en œuvre dès le 17 octobre 2008. Le SoFFin peut garantir jusqu’à 400 milliards d’euros aux banques et utiliser 70 milliards d’euros pour les recapitaliser. En échange, les banques sont contraintes de plafonner les salaires des membres du conseil d’administration. Les bonus furent également proscrits. L’État allemand fournit ainsi un soutien substantiel à diverses Landesbanken, à l’IKB (Industrie Kreditbank) à Hypo Real Estate.
35Sur les 218 milliards d’euros demandés par le secteur bancaire, 176 milliards euros ont été approuvés. Le programme fédéral allemand comprend également l’apport de fonds propres pour les banques de l’ordre de 100 milliards d’euros. On peut y ajouter les contributions des Länder aux Landesbanken, qui ont atteint 15 milliards d’euros à la fin de 2009. En outre, le gouvernement allemand a dû nationaliser Hypo Real Estate. Toutes banques comprises, les aides en capital de la part du Fonds spécial pour la stabilisation des marchés financiers s’élèvent à 29,4 milliards d’euros et les garanties à 168 milliards d’euros. En août 2009, l’ensemble des plans publics d’aide au système bancaire par l’État allemand et ses organismes de stabilisation financière correspondent en tout à 25 % du PIB, à 26 % du PIB au niveau de l’Union européenne et aux États-Unis (Stolz et Wedow, 2010). La raison principale de ces aides massives tient à la peur d’un écroulement généralisé du système bancaire. Chez nombre de députés allemands qui ont voté ces plans d’aides, le sentiment existait, en effet, alors que l’Allemagne était « au bord du précipice » (« am Abgrund stehen ») selon la formule d’un d’entre eux (Bosbach, 2019).
36En conclusion, on peut avancer que le système bancaire allemand a été victime de l’implosion de bulles spéculatives en Europe et aux États-Unis. Plusieurs banques allemandes – Deutsche Bank et les Landesbanken – ont contribué à l’apparition de ces bulles immobilières. Les raisons de la crise de 2008 du capitalisme financier et des banques allemandes sont multifactorielles comme nous avons voulu le prouver dans ce qui précède. Historiquement fortement compartimenté et réglementé, le secteur bancaire allemand public comme privé a initié une politique d’internationalisation et de diversification dès la fin des années 1980. Or, sous l’influence de la politique monétaire accommodante de la Fed aux États-Unis et de la baisse des taux d’intérêt en Europe, le prix du crédit a baissé et des projets immobiliers ont été mis en place, mais qui se sont avérés non-rentables dès que la Fed a relevé ses taux.
37La plupart des banques allemandes ont perdu en valeur depuis la crise ou ont été fusionnées, vendues ou ont été privatisées quand elles appartenaient à l’État. La Deutsche Bank a vu ainsi sa valeur boursière passer de 152 dollars (mai 2007) à 12 dollars par action (juillet 2016) (VisualCapitalist, 2016) et elle a dû payer une amende de 7,2 milliards aux autorités américaines. En outre, des rapports parlementaires accablants se sont accumulés depuis plusieurs années aux États-Unis (The financial crisis inquiry commission, 2011, p. 246 sq.), en Bavière (Bayerischer Landtag, 2011, p. 106), en Autriche (Untersuchungsausschuss betreffend Finanzmarktaufsicht, BAWAG, Hypo Alpe-Adria und weitere Finanzdienstleister, 2006-2007). La Deutsche Bank constitue toujours un risque majeur pour le système financier international d’après un rapport du FMI de 2016 (Fonds monétaire international, 2016) et la question de la légitimité de son sauvetage se pose toujours selon un rapport du Bundestag (Deutscher Bundestag, 2019, p. 10432).
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Notes
-
[1]
Il n’existe pas de définition communément admise des deux systèmes financiers. Nous nous sommes par conséquent basé sur les conceptualisations de Ross Levine, qui constitue à notre connaissance l’étude longitudinale et internationale la plus complète sur cette question (Levine, 2002).
-
[2]
Ces mécanismes se retrouvent aussi en 1929 (Eichengreen 2015).