Couverture de AGORA_088

Article de revue

Étudiants en mobilité internationale en France

Pistes de recherche sur le retour ou non-retour de ces étudiants

Pages 71 à 85

Notes

  • [1]
    Le programme Erasmus créé il y a trente ans a favorisé le développement de cette mobilité intra-européenne, la France accueille quelques 30 000 étudiants chaque année dans ce cadre, et en envoie autant à l’étranger.
  • [2]
    Il serait à propos d’interroger ces deux termes, « mobilités » et « migrations », employés souvent indifféremment, quand le premier nous semble renvoyer plutôt à un déplacement temporaire et circonscrit, tandis que le second préfigure davantage un départ définitif du pays d’origine.
  • [3]
    Ces bourses sont attribuées par une fondation gouvernementale brésilienne à des étudiants engagés dans un cursus au Brésil postlicence pour effectuer un séjour de 4 à 12 mois dans une université étrangère. Chaque année, chaque université se voit accorder un quota de ces bourses qui seront attribuées en interne.
  • [4]
    Les politiques prônent à partir de 2006 l’immigration choisie ou les mobilités choisies, cherchant à capter et à conserver les étudiants les plus performants, à limiter l’immigration subie. Une loi de juillet 2006 visant à limiter les visas d’entrée sur le territoire concrétise cette politique.
  • [5]
    En France à partir de 1998, un organisme dépendant du ministère des affaires étrangères tente de réguler et de contrôler les mobilités étudiantes, accordant des visas sous conditions. Edufrance qui devient Campus France en 2007 n’endigue cependant pas les flux de jeunes venus avec un visa touristique.
  • [6]
    Il s’agit des facteurs qui incitent à partir et ceux qui attirent vers un pays d’accueil.
  • [7]
    Cette fuite des cerveaux (brain drain) peut se transformer en gain de qualification (brain gain) soit pour le pays d’accueil, soit pour le pays de départ.
  • [8]
    Comme dans la majeure partie des pays occidentaux, en France, ce sont les étudiantes qui sont les plus nombreuses (55 %), excepté dans les écoles d’ingénieurs (29 %).
  • [9]
    11 % des étudiants étrangers suivent une formation doctorale, pour 16 % des étudiants français. Mais les premiers représentent 40 % des étudiants en doctorat et seulement 9 % des étudiants de licence, ils sont donc proportionnellement plus présents dans ces formations terminales (Lefeuvre, Ndao, 2020)
  • [10]
    45 % des étudiants français travaillent : cependant, certains ne le font que pendant les vacances (35 %), d’autres à temps partiel, seuls 20 % le font à mi-temps au moins tout au long de l’année. La concordance entre ce travail et les études (17 %) différencie encore l’impact de ce travail sur les études : plus les étudiants avancent dans leurs études, plus ils travaillent (Belghith, 2015 ; Béduwé et al., 2018).
  • [11]
    Ces enquêtes sont devenues obligatoires et régulières depuis l’introduction de la contractualisation et des évaluations du Haut Conseil de l’évaluation et de la recherche de l’enseignement supérieur (HCERES), à partir de 2008, mais elles ont été produites par nos soins depuis la création de la formation, nous donnant une bonne connaissance des trajectoires professionnelles et géographiques des étudiants à l’issue de la formation.
  • [12]
    2,4 % des étudiants dans le monde en 2017 selon la publication « Chiffres clés 2020 » de Campus France.

Introduction

1La question du retour ou du non-retour des étudiants étrangers n’est pas nouvelle. Dès les années 1960, les pays d’accueil comme les pays de départ s’interrogeaient sur les effets de ces mobilités étudiantes, tant en termes collectifs, économiques et sociaux qu’en termes individuels et de déroulement de carrière. En Amérique latine, mais aussi en Afrique, en Inde et en Chine, l’inquiétude sur la « fuite des cerveaux » a alimenté débats et recherches (Didou-Aupetit, 2004).

2Cependant, l’augmentation des mobilités étudiantes et leur diversification depuis le début du xxie siècle réactivent l’intérêt des gouvernements et des chercheurs pour cette question. En effet, celles-ci ont plus que quadruplé en trente ans, passant d’un million en 1985 à 4,6 millions en 2015 (Lefeuvre, Ndao, 2020). En France, le nombre d’étudiants étrangers a crû deux fois plus vite que celui des étudiants français ces vingt dernières années, passant de 174 000 à 358 000 pour représenter 13 % de la population étudiante en 2019 (ibid.).

3Ces migrations se font globalement plutôt des pays du Sud vers les pays du Nord, les États-Unis en captant une grande partie. On voit cependant émerger des migrations entre les pays d’Europe [1] d’une part et entre les pays du Sud d’autre part (Eyebiyi, Mazzella, 2014). Ces migrations ou mobilités [2] recouvrent des situations variées qui ne s’inscrivent pas de la même manière dans la trajectoire des étudiants. On peut distinguer des étudiants qui font un passage rapide d’un semestre ou deux dans une institution d’un autre pays, via le programme Erasmus pour les Européens (Erlich, 2012 ; Ballatore, 2011) ou les bourses « sandwich [3] » pour les doctorants brésiliens pour ne citer que ces deux exemples. Ils ne peuvent se confondre avec des étudiants qui iront compléter leur formation par un master ou un doctorat dans un pays tiers. D’autres étudiants partent pour toute la durée de leur cursus, quand d’autres encore sont étrangers, mais inscrits dans une migration plus longue et le plus souvent familiale. On voit émerger une catégorie un peu floue, portée aussi bien par l’UNESCO que par des chercheurs : celle de « l’étudiant international » pouvant devenir un travailleur international (Wagner, 1998), qui aura pu commencer le secondaire dans un pays tiers puis poursuivre dans d’autres pays son cursus universitaire pour entrer dans une entreprise internationalisée. Les ruptures culturelles et identitaires entre le pays d’origine et le pays d’accueil auront ici moins de réalité. La question du retour dans le pays d’origine ne se posera pas de la même manière en fonction des types d’étudiants et de mobilités, selon que les trajectoires sont linéaires ou sinueuses.

4Dans cet article, après un retour rapide sur les théories qui ont traité la question des relations entre pays qui envoient des étudiants à l’étranger et pays qui en accueillent et sur la littérature ayant trait à cette question du devenir de ces étudiants mobiles après leurs études, il s’agira de poursuivre la réflexion sur la question du retour des étudiants en mobilité à partir de deux enquêtes : une enquête quantitative menée tous les trois ans depuis 1994 par l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) sur les conditions de vie étudiante (Agulhon, Ennafaa, 2016 ; Agulhon, Paivandi, 2019), et une enquête qualitative portant sur la population étrangère d’un master de coopération internationale qui comprend 30 % d’étrangers dans chacune de ses promotions.

Apports de la littérature scientifique sur le retour des étudiants étrangers

5Dans les années 1960, les économistes ont cherché à déterminer l’impact économique de la fuite des cerveaux tout d’abord pour les pays développés (les Anglais partant aux États-Unis), puis pour les pays en développement. Ces pertes de capital humain et de main-d’œuvre qualifiée ont incité à renforcer l’éducation, sans que cela suffise à combler ce vide. Ont été ensuite explorées des politiques visant l’augmentation ou la restriction de ces migrations étudiantes [4] et le rôle que jouaient les institutions telles Edufrance [5]. Les sociologues vont à leur tour s’intéresser aux trajectoires des étudiants en mobilité, à la diversité de leur parcours et de leur mode d’inscription dans les différents pays d’accueil.

6L’expression « fuite des cerveaux » ou « brain drain » fait son apparition dans les années 1960 : des chercheurs comme Herbert G. Grubel et Anthony D. Scott (1966) ou Jagdish Bhagwati et Koichi Hamada (1974) s’interrogeant sur les effets positifs ou négatifs de la mobilité ou de la migration des employés qualifiés. Si les premiers y voient des aspects positifs (transferts financiers, circulation des idées, et à terme retour), les seconds soulignent la perte de personnels qualifiés pour les pays en développement quand justement il est considéré que le développement repose sur la mobilisation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et sur les progrès de l’éducation. Dans la poursuite de ces travaux, les théories sur le capital humain, facteur indispensable du développement économique, complètent ces premières analyses. Dès les années 1950, les théories du push and pull[6] s’intéressaient plutôt aux conditions de ces mobilités. Elles examinaient les facteurs qui poussent au départ et ceux qui attirent vers les pays d’accueil : d’un côté, chômage, crise politique, pauvreté, discrimination et pénurie d’offre universitaire ; de l’autre, qualité et rémunération des emplois, ouverture des universités, modes de vie plus libres, savoirs et recherches de pointe. À partir des années 1980, le « brain drain » fait place au « brain gain » [7] (Gaillard, Gaillard, 1998) : avec les mobilités estudiantines, il y aurait plutôt un gain pour les pays exportateurs par les retombées scientifiques, technologiques et financières. Leur accroissement favorise des allers-et-retours entre les pays qui participent ainsi de la circulation des individus, mais aussi des savoirs.

7En France, l’intérêt pour ces questions est relativement récent : ces théories sont reprises par des économistes, quand des travaux de sociologues explorent les conditions de vie étudiantes (les enquêtes de l’OVE en particulier). On y trouve des éléments sur le retour des étudiants étrangers, même s’il reste faiblement éclairé. De fait, peu d’études proposent une véritable mesure du retour ou du non-retour des étudiants étrangers même si Alain Coulon et Saeed Paivandi ont proposé un travail empirique conséquent (2003). Outre les aspects politiques et économiques difficiles à circonscrire, il est une question de méthodologie difficilement réductible : comment définir cette population ? À quel moment du parcours doit être examinée la question du retour ou du non-retour ? Comment retrouver les individus mobiles? Car, même si en France, il est possible d’avoir une idée assez précise du nombre d’étudiants qui entrent dans les institutions d’enseignement supérieur, il est difficile de les suivre une fois leurs études terminées. La plupart des enquêtes sont donc conduites auprès d’étudiants en cours d’études, et portent sur leurs projets, ou sur des sous-catégories, celle restée en France ou celle repartie à l’étranger.

La situation des étudiants étrangers à travers les enquêtes Conditions de vie des étudiants de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE)

Depuis 1994, l’OVE mène tous les trois ans en mars une enquête sur les conditions de vie auprès d’un échantillon représentatif d’étudiants, permettant de construire une photographie de cette population. Le questionnaire élaboré par le collège scientifique de l’OVE composé de chercheurs reconnus dans ce champ fait de cette enquête un outil de référence et une voie de comparaison avec les populations européennes étudiantes via Eurostudent. Sont traités les caractéristiques sociodémographiques des étudiants, leurs parcours dans les différents établissements et selon le niveau et la discipline, leur emploi du temps et leurs façons de travailler, leurs conditions de vie : ressources, logement, travail en marge de leurs études, santé, mobilités. L’échantillon est construit à partir des données ministérielles sur les établissements et avec leur accord, il compte entre 1/5e et 1/15e des étudiants selon les établissements, soit 220 000 étudiants en 2016. Le taux de réponse à cette enquête en ligne depuis 2006 est d’environ 25 %, en 2016 46 000 réponses ont pu être exploitées. Cette enquête donne lieu à différentes publications téléchargeables sur le site de l’OVE : « Repères », « Fiche thématique », « OVE infos », et un ouvrage collectif, fruit du travail de chercheurs et publié à La Documentation française.
Nous avons participé aux deux dernières vagues et analysé les données sur les étudiants étrangers (2013, 2016) [Agulhon, Ennafaa, 2016 ; Agulhon, Paivandi, 2019]. Parmi les répondants, on compte 3 111 étrangers, soit 13 % des répondants, ce pourcentage étant similaire à celui de la population étudiante étrangère globale. Parmi ces 13 %, 5 % s’estiment en mobilité, quand 8 % se déclarent résidents. Cette distinction, reprise dans les publications du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, prête à interrogation, car il n’est pas certain que la définition en soit partagée. Toutefois, cela pointe l’hétérogénéité de la catégorie « étudiant étranger », tant par les origines géographiques et les moments de la mobilité que par les statuts des individus ou encore les institutions fréquentées, les disciplines choisies, et les trajectoires dans l’enseignement supérieur français. Ces étudiants diffèrent encore selon leur culture et traditions scolaires, selon l’organisation de leur parcours et la place qu’y occupe leur séjour à l’étranger, les raisons de leur venue mais aussi selon l’origine de leurs ressources économiques (les boursiers étant tenus de respecter un contrat qui comprend le retour, les étudiants venus par eux-mêmes jonglent entre travail et études sans contrainte de durée de leur séjour, enfin une minorité sont financés par leurs parents). Si près d’un quart commence des études (28 %), la majorité complète un cursus (72 %). Certains sont attirés par l’idée qu’ils se font de la valeur des diplômes étrangers, d’autres par leur proximité linguistique avec la langue française ou locale. Parmi les autres motivations, on retrouve le souhait de s’ouvrir au monde ou de fuir un pays en crise. Les étudiants étrangers résidents [*], quant à eux, participent d’une migration plus longue, souvent familiale.
On saura cependant peu de choses sur les raisons de la mobilité de ces étudiants étrangers, sur leurs éventuelles études antérieures, sur la façon dont les choix en termes de pays, d’institution, d’orientation ou de réorientation et de discipline ont été faits. Le retour des étudiants étrangers peut être quant à lui approché par les questions projectives de l’enquête de l’OVE dans la suite de ce qu’avaient déjà documenté Ennafaa et Paivandi (2008a).

8En 2008, le numéro 103 de la revue du Formation emploi était consacré à la question du retour des étudiants étrangers dans leur pays d’origine. Jean-Jacques Paul y constate la difficulté à réunir des informations sur la question. Dans son article, Annie Vinokur souligne les aspects économiques contradictoires participant de ces mouvements de population et insiste sur ces migrations qui amènent souvent un retour financier pour les pays d’origine, favorisent la circulation des savoirs, mais qui restent dans le même temps une perte de capital universitaire pour eux. L’autrice pointe la rupture, produite par les statistiques internationales (Organisation de coopération et de développement économiques [OCDE]), entre mobilité des actifs hautement qualifiés et mobilité des étudiants. Or, ces populations se complètent puisque les premiers deviendront le plus souvent les seconds, qu’ils rentrent ou qu’ils restent dans le pays de mobilité. Dans ce même numéro, Ridha Ennafaa et Saeed Paivandi (2008a) traitent la question à partir de l’enquête de l’OVE contenant un échantillon représentatif d’étudiants étrangers. Les auteurs s’appuient sur les quelques questions posées aux étudiants à propos des raisons du choix de leur discipline et de leur perception de leur avenir. Ils montrent comment le seul facteur économique ne peut suffire à rendre compte de trajectoires et de projets multiformes liés à différents aspects de la vie comme les relations avec la famille, le contexte politique dans le pays d’origine, les engagements sociaux et culturels et les engagements affectifs au cours des études à l’étranger. Ils distinguent trois profils : un profil professionnel, la mobilité étant portée par un projet d’études professionnalisantes ; un profil migratoire, les jeunes ayant dès le départ la volonté de rester dans le pays d’accueil ; un profil intégrateur, le séjour transformant les repères culturels et identitaires et conduisant les étudiants à une transformation de leurs aspirations. Ainsi, 35 % d’entre eux déclarent ne pas savoir encore ce qu’ils feront, 35 % pensent ne pas rentrer et seuls 30 % envisagent le retour dans leur pays d’origine. Ennafaa et Paivandi montrent alors combien la discipline étudiée participe aux représentations : les étudiants qui suivent des cursus en sciences humaines et sociales perçoivent les difficultés d’insertion en France et sont circonspects ; ceux inscrits en sciences, en gestion ou en informatique se projettent dans une expérience professionnelle qu’ils pourront ensuite valoriser dans leur propre pays. Le retour dépend donc de multiples facteurs, dont l’attractivité des emplois dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine. À cet égard, l’immigration sélective prônée par certains gouvernements du Nord ne rencontre pas toujours les stratégies des étudiants mobiles ou « internationaux ».

Des difficultés pour les étudiants étrangers à s’intégrer à la vie étudiante française

9Les données de l’OVE montrent que les étudiants étrangers sont plus âgés que les étudiants français (36 % versus 12 % ont plus de 25 ans), que ce sont plus souvent des hommes [8], et qu’ils arrivent à différents moments de leur trajectoire universitaire en France : près d’un tiers commencent par une première année, mais ils sont plus nombreux proportionnellement que les Français en doctorat [9]. On constate qu’ils ont des trajectoires plus sinueuses et plus longues sans toutefois que l’on puisse en décrire toutes les facettes : en particulier, on sait peu de choses sur la durée et la discipline étudiée dans le pays d’origine, les changements d’orientation à l’arrivée ou au cours du séjour en France. Depuis quelques années, comme les jeunes français, ces étudiants investissent davantage les grandes écoles ou les écoles privées du supérieur (17 %) ou encore les écoles d’ingénieurs (11 %), mais la majorité rejoignent l’université (70 % pour 60 % des Français). Ces derniers n’ont cependant pas plus de chances de trouver facilement du travail en France comme l’ont montré Linda Gardelle et al. (2016).

10Si les deux-tiers des étudiants étrangers se disent satisfaits des études qu’ils suivent, la dernière enquête Conditions de vie (2016) montre que seuls près d’un étudiant africain sur deux (48 %) et 36 % des étudiants asiatiques se sentent intégrés dans leur formation, contre 70 % des étudiants français. Corrélativement, les étudiants étrangers fréquentent très peu les soirées et les activités culturelles étudiantes (Agulhon, Paivandi, 2019). Ces éléments font écho aux difficultés à s’adapter et à comprendre le fonctionnement des règles administratives, sociales ou scolaires des étudiants étrangers, qui se sentent isolés et se replient sur leur groupe d’origine. Dans l’enquête OVE, c’est particulièrement le cas des Asiatiques, des étudiants africains et sud-américains montrant également des formes de repli (Agulhon, Xavier de Brito, 2009 ; Agulhon, Paivandi, 2019).

11En intégrant pour la première fois en 2016 des questions sur le sentiment de discrimination et l’expérience subjective de celle-ci en raison de la couleur de peau, de la religion ou de l’origine et de la nationalité, l’enquête de l’OVE a permis de mieux saisir les difficultés d’insertion des étudiants étrangers dans la vie étudiante. Les réponses mettent en évidence combien ce sentiment est partagé par les étudiants étrangers, et pourrait avoir un lien avec leur souhait de rester ou non en France après leurs études ou du moins avec leur vision des conditions de ce maintien en France.

12Dans le tableau 1 ci-dessus, on constate ainsi que les étudiants originaires d’Afrique subsaharienne sont les plus nombreux à déclarer avoir fait l’expérience de la discrimination dans l’enseignement supérieur en raison de leur couleur de peau, 19 % pour une moyenne de 8 % parmi l’ensemble des étudiants étrangers. Les étudiants issus des pays du Maghreb sont plus nombreux à se sentir discriminés en raison de leur religion (14 % contre 4 % pour les autres), suivis par les jeunes originaires du Moyen-Orient.

Tableau 1

Raisons d’un sentiment de discrimination dans l’enseignement supérieur (%)

Origine des étudiantsMa couleur de peauMa religionMes origines, ma nationalité
Asie de l’Ouest (dont Moyen-Orient)6727
Afrique subsaharienne19220
Maghreb51429
Europe Non-UE0021
Europe (UE)1120
Amérique3030
Asie de l’Est10330
Total étrangers8425
Total Français112
Total214

Raisons d’un sentiment de discrimination dans l’enseignement supérieur (%)

Champ : étudiants étrangers (n = 3 111).
Note de lecture : 19 % des étudiants étrangers originaires d’Afrique subsaharienne ayant répondu à l’enquête ont le sentiment d’avoir été discriminés en raison de la couleur de leur peau.
Source : enquête Conditions de vie de l’OVE (traitement : Agulhon, Paivandi, 2019).

13Mais, c’est surtout la discrimination selon la nationalité qui est citée par un quart des étudiants étrangers : les étudiants européens ne sont pas étrangers à ce sentiment (20 %), mais ce sont les étudiants américains et ceux originaires du Maghreb qui le déclarent le plus souvent (30 %). Ces éléments vont dans le sens d’un véritable sentiment d’exclusion, de marginalisation vécu par les étudiants étrangers. Bien des analyses exposées dans des thèses de doctorat récentes le confirment (Romero, 2018 ; Cordero Gamboa, 2018 ; Mahoukou, 2021).

14Dans le souci de comprendre les enjeux du retour ou du non-retour et de la temporalité de celui-ci pour les étudiants étrangers, nous nous sommes penchés dans un premier temps sur les difficultés rencontrées par ces étudiants et sur leur expérience subjective des discriminations. Nous nous interrogerons ensuite sur le retour au regard des conditions de vie et notamment du fait de devoir travailler pendant ses études et du type d’emploi occupé, tant on sait que cela peut constituer un frein dans les études et modifier les aspirations des jeunes (Béduwé et al. 2018 ; Agulhon, Paivandi, 2019).

Des projets d’avenir structurant les études ?

15Plus de la moitié des étudiants étrangers déclarent suivre leurs études en priorité pour l’intérêt de la discipline étudiée (55,7 %), et ce constat est particulièrement accentué chez ceux inscrits dans les filières de la culture et les formations d’ingénieurs. Les autres raisons invoquées (et proposées par le questionnaire) ne mobilisent jamais plus de 25 % des étudiants, qu’il s’agisse des débouchés, d’un projet professionnel ou d’autres raisons (tableau 2, p. 79), ce qui, dans la conjoncture actuelle de chômage et de concurrence exacerbée pour l’emploi, peut surprendre.

Tableau 2

Raisons invoquées dans les choix d’études selon l’établissement fréquenté (%)

Tableau 2
Intérêt pour la discipline Débouchés offerts Projet professionnel Autres raisons Total % colonne Université 55,1 10,5 16,7 17,6 100 75,7 CPGE 52,5 20,8 2,8 24,0 100 2,0 IUT 50,9 10,5 17,9 20,8 100 1,9 STS 50,9 2,7 21,2 25,2 100 1,3 Culture 63,2 8,2 12,7 15,9 100 1,5 Ingénieurs 63,4 9,4 14,9 12,3 100 6,9 Commerce 54,4 5,4 25,5 14,7 100 4,3 Santé 56,2 3,9 25,5 14,4 100 6,3 Total 55,7 9,9 17,3 17,2 100 N = 2 374

Raisons invoquées dans les choix d’études selon l’établissement fréquenté (%)

Champ : étudiants étrangers (n = 2 374 répondants).
Note de lecture : 55,1 % des étudiants étrangers inscrits à l’université estiment qu’ils l’ont fait en priorité par intérêt pour la discipline. Dernière colonne : 75 % des étudiants étrangers sont inscrits dans une université, 6,9 % dans une école d’ingénieur.
Source : enquête Conditions de vie de l’OVE 2013 (traitement Agulhon, Ennafaa 2016).

16Le choix des études pour les débouchés offerts émerge davantage chez les étudiants inscrits dans les classes préparatoires (CPGE) et, dans une moindre mesure, dans les formations universitaires (université) et les instituts universitaires de technologie (IUT). À l’opposé, c’est un projet professionnel précis qui motive l’orientation vers les formations du commerce et de la santé et même de techniciens supérieurs (STS). Les jeunes français interrogés dans la même enquête invoquent dans les mêmes proportions l’intérêt pour la discipline, mais semblent beaucoup plus sensibles aux débouchés professionnels (plus de 50 % contre de 10 à 20 % des étudiants étrangers) ; la différence est si sensible qu’elle ne manque pas d’interroger sur les origines sociales et culturelles des étudiants concernés (d’après l’enquête de l’OVE : 30 % sont de classe sociale élevée, 50 % des classes moyennes et 20 % des classes populaires).

17Cependant, un autre facteur déterminera peut-être le projet de rester et préfigurera l’avenir : le fait de travailler pendant les études. Près d’un étudiant étranger sur trois déclare travailler pendant ses études (essentiellement dans les secteurs de l’enseignement, du commerce, ou de la restauration), une proportion inférieure cependant à celle des étudiants français [10]. Le manque de complémentarité entre les études et les emplois constitue un handicap pour la réussite dans les études quelle que soit la nationalité des étudiants. Mais ces emplois d’étudiants peuvent préfigurer une socialisation et une insertion professionnelles.

Devenir des étudiants étrangers d’un master professionnel international

18L’enquête OVE interroge les étudiants en cours d’études, en amont donc de l’insertion professionnelle ; afin de poursuivre la réflexion sur la question du retour ou du non-retour des étudiants étrangers en France, nous pouvons aussi mobiliser une enquête monographique menée sur un master international. Créé à l’université Paris Descartes en 1999, le master Coopération internationale en éducation et formation (CIEF) fait l’objet d’enquêtes d’insertion des étudiants [11] et maintient les liens avec l’association des anciens étudiants. C’est à partir de ces données que nous pouvons aborder la question du « devenir » des étudiants étrangers. Il s’agit ici d’approcher les stratégies des étudiants en matière de retour ou de non-retour à l’issue de leurs études en France, tout en ayant en mémoire que ces données n’ont pas de prétention à la représentativité, mais ont pour objectif d’éclairer sur la diversité des parcours afin d’appréhender la question du retour.

19Dans ce master, on compte 30 % d’étrangers par promotion (contre 16 % d’étudiants étrangers en moyenne en master [Lefeuvre, Ndao, 2020]). Si dans les premières années, entre 1999 et 2005, les étudiants africains étaient les plus nombreux, des Sud-Américains, en particulier des Colombiens et des Mexicains, ont été recrutés en nombre ces dernières années. Comme dans les enquêtes OVE, ces étudiants ne constituent pas une catégorie homogène. L’origine géographique, l’âge, le sexe, l’expérience professionnelle, l’engagement conjugal, la proximité avec la culture occidentale et française, la place de cette mobilité dans le parcours d’études, etc., tous ces facteurs modélisent les formes de projection des étudiants et leurs réalisations. De plus, l’analyse de leurs parcours montre combien les trajectoires des étudiants étrangers se construisent dans un aller-et-retour entre formation et emploi, dans un dédale de positions et de statuts qui doivent nous inviter à une certaine circonspection quand il s’agit de classer les étudiants selon un statut pensé comme définitif ou permanent, et de construire des typologies, figeant les positions des individus (Epiphane et al., 2019 ; Robert, 2020).

20Ces étudiants doivent également composer avec des politiques migratoires fluctuantes : la doctrine privilégiant l’immigration choisie a pesé sur les possibilités de rester en France pour les étrangers en fin d’études (Viprey, 2010). Beaucoup saisissent l’opportunité de vivre une expérience professionnelle, ce qui n’est cependant pas toujours facile à mettre en œuvre (Cordero Gamboa, 2018 ; Romero, 2018). Selon les secteurs d’activité, la possibilité de trouver un emploi en lien avec la formation est très variable et l’obtention d’un permis de travail est un long processus.

21Comme l’ont montré d’autres enquêtes (Romero, 2018 ; Mahoukou, 2021), la majorité de ces étudiants étrangers suivant ce master international tentent de se maintenir en France (c’est le cas des deux tiers d’entre eux). On note cependant des différences selon les origines géographiques, qui renvoient aussi bien au statut de ces étudiants (boursiers ou non boursiers) et au contexte social et professionnel du pays d’origine qu’aux possibilités de socialisation et d’intégration en France. Ce sont les Africains (ceux qui sont financés) qui retournent le plus souvent dans leur pays d’origine tandis que les Sud-Américains tentent davantage de trouver du travail en France. Ce critère du financement est central dans la question du retour : les différentes enquêtes montrent l’importance de distinguer des actifs venus avec une bourse compléter leur formation (ils repartent alors souvent dès la fin de la formation selon les règles de leur engagement ou contrat : c’est le cas de d’individus plus âgés, fonctionnaires de l’Afrique de l’Ouest par exemple, et déjà engagés dans l’administration de l’éducation) des autres étudiants étrangers. Ainsi, une grande partie des étudiants asiatiques viennent également renforcer leur CV par un diplôme étranger de master valorisé dans leur pays (en Chine ou au Vietnam) et sont nombreux à y retourner en fin de cursus, espérant améliorer leur statut grâce à ce complément de formation.

22A contrario, une partie des étudiants étrangers originaires d’Amérique du Sud mais aussi d’Afrique subsaharienne semblent plus nomades, au sens où la durée de leurs études en France est relativement longue ; ils vivent (parfois survivent) de petits boulots et surtout déclarent plus souvent que la vie est plus facile en Europe que dans leur pays d’origine. Enfin, les opportunités d’emploi leur semblent plus nombreuses. Peu d’entre eux souhaitent rentrer, et ceux qui le font sont inscrits dans un groupe social qu’ils décrivent comme « protecteur » et dont ils espèrent le soutien, notamment dans leur recherche d’emploi.

23Du côté des étudiants européens, on constate que ceux de l’Ouest inscrits dans ce master international expérimentent différents emplois, évoluent à la lisière du monde du travail, proches de la précarité, et sont contraints d’engranger des expériences compte tenu de leurs conditions de vie. Quant aux étudiants originaires des pays d’Europe de l’Est, ils semblent plus souvent encore chercher à éviter des conditions de vie plus difficiles dans leur pays d’origine.

24De fait, on remarque que le retour concerne une minorité (31 %) des étudiants venus suivre cette formation, ce qui confirme les résultats de l’équipe d’Étienne Gérard (2008) ou ceux d’Ennafaa et Paivandi (2008a). Ce retour est le fait d’individus qui disposent d’un réseau social et professionnel au pays, qui sont engagés dans une vie familiale ou ont subi une forte précarité en France ; à l’inverse, ceux qui restent en France ont trouvé un travail en relation avec leur formation ou se sont engagés dans une relation sentimentale.

25Le tableau 3 (ci-dessous) permet de préciser la position des étudiants étrangers quelques années après la fin de leur formation.

Tableau 3

Retour ou non-retour des étudiants étrangers du master CIEF après leur formation

Continent d’origineRetourNon- retourAller et retour*Total
Afrique subsaharienne**11920
Maghreb+ Liban2810
Asie***5914
Europe de l’Est et Russie41115
Europe de l’Ouest et USA71320
Amérique du sud621431
Total35 (31 %)71 (65 %)4110

Retour ou non-retour des étudiants étrangers du master CIEF après leur formation

* Repartis dans le pays d’origine et revenus ensuite en France.
** Principalement Burkina Faso, Sénégal et Niger.
*** Chine, Vietnam, Bangladesh et Indonésie.
Champ : promotions de 2000 à 2017 du master CIEF Université Paris Descartes (n = 110).
Lecture : 35 étudiants sont rentrés dans leur pays, 71 sont restés en France à l’issue de ce master.
Source : enquêtes Insertion, master CIEF (Agulhon 2021).

Conclusion

26La question du retour ou de la fuite des cerveaux des étudiants venus étudier en France n’a pas donné lieu à de nombreux travaux scientifiques : rares sont les chercheurs qui ont véritablement traité la question. Il est vrai que les méthodologies pour y parvenir sont difficiles à mettre en œuvre. Les données tirées de l’enquête de l’OVE permettent d’approcher les sentiments d’intégration sociale et académique des étudiants, prélude à leur maintien ou non en France. Le suivi des étudiants du master CIEF apporte un regard sur le retour à partir d’un échantillon restreint. Cependant, soulignons encore une fois que cette question reste difficile à appréhender, même si elle entre dans le cadre des débats politiques internationaux. Aujourd’hui, elle se renouvelle dans le contexte de la mondialisation et de la multiplication des mobilités étudiantes profitant aux pays les plus riches, qui tentent de réguler ces migrations et de retenir les jeunes les plus qualifiés pour se positionner dans la compétition économique internationale. Dans le même temps, des jeunes saisissent ces opportunités qui leur sont offertes et se construisent des trajectoires plus ou moins internationales (Bel, 2009). Ils restent minoritaires [12], mais participent d’un mouvement qui n’est pas négligeable et questionne sur son rôle, au-delà des expériences individuelles, dans le maintien ou la progression des inégalités et des déséquilibres entre les pays.

Bibliographie

Bibliographie

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  • Wagner A.-C., 1998, Les nouvelles élites de la mondialisation. Une immigration dorée en France, Paris, PUF.

Notes

  • [1]
    Le programme Erasmus créé il y a trente ans a favorisé le développement de cette mobilité intra-européenne, la France accueille quelques 30 000 étudiants chaque année dans ce cadre, et en envoie autant à l’étranger.
  • [2]
    Il serait à propos d’interroger ces deux termes, « mobilités » et « migrations », employés souvent indifféremment, quand le premier nous semble renvoyer plutôt à un déplacement temporaire et circonscrit, tandis que le second préfigure davantage un départ définitif du pays d’origine.
  • [3]
    Ces bourses sont attribuées par une fondation gouvernementale brésilienne à des étudiants engagés dans un cursus au Brésil postlicence pour effectuer un séjour de 4 à 12 mois dans une université étrangère. Chaque année, chaque université se voit accorder un quota de ces bourses qui seront attribuées en interne.
  • [4]
    Les politiques prônent à partir de 2006 l’immigration choisie ou les mobilités choisies, cherchant à capter et à conserver les étudiants les plus performants, à limiter l’immigration subie. Une loi de juillet 2006 visant à limiter les visas d’entrée sur le territoire concrétise cette politique.
  • [5]
    En France à partir de 1998, un organisme dépendant du ministère des affaires étrangères tente de réguler et de contrôler les mobilités étudiantes, accordant des visas sous conditions. Edufrance qui devient Campus France en 2007 n’endigue cependant pas les flux de jeunes venus avec un visa touristique.
  • [6]
    Il s’agit des facteurs qui incitent à partir et ceux qui attirent vers un pays d’accueil.
  • [7]
    Cette fuite des cerveaux (brain drain) peut se transformer en gain de qualification (brain gain) soit pour le pays d’accueil, soit pour le pays de départ.
  • [8]
    Comme dans la majeure partie des pays occidentaux, en France, ce sont les étudiantes qui sont les plus nombreuses (55 %), excepté dans les écoles d’ingénieurs (29 %).
  • [9]
    11 % des étudiants étrangers suivent une formation doctorale, pour 16 % des étudiants français. Mais les premiers représentent 40 % des étudiants en doctorat et seulement 9 % des étudiants de licence, ils sont donc proportionnellement plus présents dans ces formations terminales (Lefeuvre, Ndao, 2020)
  • [10]
    45 % des étudiants français travaillent : cependant, certains ne le font que pendant les vacances (35 %), d’autres à temps partiel, seuls 20 % le font à mi-temps au moins tout au long de l’année. La concordance entre ce travail et les études (17 %) différencie encore l’impact de ce travail sur les études : plus les étudiants avancent dans leurs études, plus ils travaillent (Belghith, 2015 ; Béduwé et al., 2018).
  • [11]
    Ces enquêtes sont devenues obligatoires et régulières depuis l’introduction de la contractualisation et des évaluations du Haut Conseil de l’évaluation et de la recherche de l’enseignement supérieur (HCERES), à partir de 2008, mais elles ont été produites par nos soins depuis la création de la formation, nous donnant une bonne connaissance des trajectoires professionnelles et géographiques des étudiants à l’issue de la formation.
  • [12]
    2,4 % des étudiants dans le monde en 2017 selon la publication « Chiffres clés 2020 » de Campus France.
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