Couverture de AGORA_071

Article de revue

Travailler moins pour travailler plus longtemps

(Dé)limitations des possibles et rapports à la vie professionnelle des jeunes handicapés

Pages 111 à 125

Notes

  • [1]
    Tandis qu’elle annonce l’être totalement dans le cadre de son activité professionnelle.
  • [2]
    Il est aussi raisonnable de penser que le temps complet au travail peut être associé à l’incapacité de pouvoir prolonger cette activité associative, qui semble essentielle pour les enquêtées.
  • [3]
    Revenu de solidarité active.

1Dès les années 1990, des acteurs universitaires se sont interrogés sur leur capacité à accueillir et à accompagner les étudiants handicapés au sein des établissements, tout en remarquant qu’il devenait « impérieux de les sensibiliser, dès que possible, à la construction d’un projet professionnel » (Association Étudihand’Orléans, 1998). Les personnes handicapées, y compris les jeunes, sont en effet, d’une manière générale, plus souvent éloignées du travail et de l’emploi que les autres (Amrous et al., 2013). Nous pouvons cependant penser que les jeunes handicapés ayant fréquenté l’enseignement supérieur ces dernières années ne sont pas les plus « limités » en termes de capacités si on les compare à l’ensemble des jeunes handicapés, et qu’ils sont à ce titre probablement plus éloignés des emplois en milieu protégé. Dès lors, comment ces jeunes ayant eu accès à l’enseignement supérieur perçoivent-ils l’injonction faite à la population étudiante de trouver un emploi, qui plus est à hauteur de leur niveau de diplôme ? Comment vont-ils y répondre ? Quelles conditions et exigences fixent-ils lorsqu’il s’agit de trouver et d’exercer un emploi ?

Les rapports à la vie professionnelle des jeunes handicapés

2La littérature scientifique est particulièrement riche quand il s’agit de comprendre le sens donné au travail par les individus et de proposer des catégories permettant de le penser et de l’interpréter (dimensions instrumentales et non instrumentales, dimensions instrumentales et postmatérialistes, etc). Dominique Méda et Patricia Vendramin questionnent ainsi la contradiction entre le fait que les Français accordent une très grande importance au travail et leur souhait qu’il prenne moins de place dans leur vie (Méda, Vendramin, 2010 et 2013). Il s’agit alors de saisir dans quelle mesure le travail est, au fil des parcours, « central ou concurrencé par d’autres domaines de vie, d’investissement affectif, de réalisation de soi » (Méda, Vendramin, 2013, p. 55). L’analyse des arbitrages et ajustements entre ces différents domaines amène ces deux auteures à insister sur la dimension polycentrique de l’existence, et donc de l’activité professionnelle. Celle-ci occupe une place signifiante et centrale, mais au même titre que les autres espaces de réalisation de soi comme la famille, les amis, les loisirs, l’engagement militant. Plus globalement, les auteures concluent que « même si certaines tendances discriminantes peuvent être observées » (p. 182), l’âge, la profession et la catégorie socioprofessionnelle ou le genre ne déterminent pas le rapport au travail.

3Nous retenons plus particulièrement une approche permettant d’appréhender les subjectivités liées à la fois au travail, à l’emploi et aux formes d’investissement professionnel, notamment par rapport aux autres espaces d’engagement. Cette approche invite à interpréter les parcours des jeunes à travers l’analyse du rapport à la vie professionnelle (Bidart, Longo, 2007), c’est-à-dire la « manière dont les jeunes se positionnent face à la vie professionnelle en général et pour eux-mêmes » (Longo, 2011, p. 31). Trois dimensions s’articulent alors entre elles. La première est le rapport à l’activité et questionne globalement la place et l’importance du travail dans la vie du jeune, notamment au regard des autres sphères de la vie sociale. La deuxième est relative au rapport au travail, entendu comme le sens donné à celui-ci et les facteurs de motivation mis en jeu dans l’exercice ou dans l’anticipation du travail (rétribution, accomplissement de soi). La troisième, le rapport à l’emploi, traite des critères d’évaluation mobilisés pour définir ce qu’est un « bon emploi » : niveau de salaire, perspectives d’évolution, horaires, relations, etc. Cette approche se révèle pertinente pour saisir au mieux les positionnements des jeunes handicapés à leur sortie de l’enseignement supérieur : comment vont-ils arbitrer leur engagement professionnel par rapport à leurs autres occupations et comment vont-ils, durant leur recherche d’emploi, juger les différentes opportunités professionnelles ?

4Il semble ainsi fécond d’étudier les « formes de disponibilité temporelle » (Bouffartigue, 2014) établies par les individus eux-mêmes relativement au travail et aux autres espaces. Pour la population étudiée, il nous semble impératif de considérer que ces jeunes connaissent potentiellement les aspects particuliers de l’expérience du handicap, souvent coûteux en temps. Il est alors nécessaire de prendre en compte l’investissement en temps et en énergie dans les éventuels soins, dans l’apprentissage des troubles ou déficiences (lorsque ceux-ci apparaissent ou évoluent) ou dans l’investissement dans les mobilisations collectives de personnes handicapées.

5Si les travaux scientifiques nous renseignent sur le développement global du niveau d’autonomie des jeunes (d’un point de vue personnel, relationnel et culturel), ils insistent tout autant sur le poids des « formes de prise en charge familiale et institutionnelle et d’intervention dont ils font l’objet » (Cicchelli, 2013, p. 39). Cette dépendance s’observe certes pour l’ensemble des jeunes, mais elle est potentiellement plus grande pour les jeunes handicapés, notamment à travers l’accompagnement indispensable de leurs parents dans leurs parcours de formation (Ebersold, 2014). Si l’autonomie se remarque avant tout par son absence (Dubet, 2006), des travaux nous invitent à saisir « les multiples interdépendances cachées qui sous-tendent la position de celui qui est considéré comme autonome » (Marcellini, Dugne, 2014, p. 125). Être autonome, ce n’est pas agir seul, mais être en mesure de bénéficier d’un réseau d’interdépendances, dont les relations sociales, techniques, institutionnelles ou symboliques soutiennent les actions et décisions (Winance, 2007). Sont alors vulnérables ou dépendants ceux qui sont dans des « situations de déstructuration de ces interdépendances ordinaires » (Marcellini, Dugne, 2014, p. 125). Dès lors – et loin d’un essentialisme qui désignerait comme vulnérable toute personne handicapée –, interroger les parcours des jeunes handicapés lors de la transition vers l’emploi permettrait de saisir les éventuelles situations de vulnérabilité de jeunes en train d’une part de reconfigurer leurs réseaux d’interdépendances et d’autre part de confronter leurs rapports au travail au marché de l’emploi. Notre intention est donc de questionner les rapports à la vie professionnelle des jeunes étudiants handicapés au moment de leur sortie de l’enseignement supérieur et de la transition vers l’emploi – cette période permettant de prendre en compte la « totalité de la personne et les espaces qu’elle traverse » et d’articuler les différents temps de l’individu, « en faisant place à l’analyse de leurs imbrications et interférences » (Zimmermann, 2013, p. 53).

6Pour répondre à cet objectif, les exigences exprimées par les jeunes handicapés vis-à-vis des cadres du travail et de l’emploi seront retenues comme objet d’analyse. Ces éléments, entendus comme les conditions sine qua non fixées par les individus par rapport à leur activité professionnelle, circonscrivent et, de fait, « segmentent » le champ des possibles professionnels. Il s’agit donc bien de saisir prioritairement ce que certains individus de notre échantillon ne veulent pas par rapport au travail et à l’emploi – et non ce que l’ensemble des enquêtés nous disent de leurs attentes générales. L’objectif n’est pas l’exhaustivité, notamment en raison de l’échantillon retenu qui est limité. L’ambition de ce travail est avant tout de donner à voir des configurations qui ne sont pas nécessairement dominantes (certains enquêtés ne posent aucune exigence). Cet article repose ainsi sur l’analyse de cas de jeunes qui délimitent le marché du travail dans lequel ils s’inscrivent. Quels critères sont alors fixés ? Comment nous permettent-ils d’interpréter des régimes d’équilibrage du travail par rapport aux autres sphères de la vie, et d’identifier les façons dont le travail est perçu – tantôt comme menaçant, tantôt comme émancipateur ?

7Pour chacun des exemples présentés dans cet article, nous tenterons de saisir les processus de construction de ces exigences. Il s’agira en définitive de comprendre comment les expériences variées du handicap (familiales, médicales, associatives, éducatives ou professionnelles) permettent d’éclairer le sens de ces limitations des possibles professionnels. Cinq types d’exigences relatives au travail seront abordés successivement : l’emploi à temps partiel, la gestion de carrière, l’emploi dans une grande entreprise, les relations professionnelles et la place du handicap dans les missions professionnelles.

Méthodologie

Le matériel qualitatif est basé sur un corpus de récits d’insertion (n = 17) recueillis de décembre 2011 à juin 2012 dans le cadre de l’« étude sur le devenir professionnel des étudiants handicapés » (financement MIRE/DRESS/CNSA [*]). Le recrutement de ces enquêtés s’est déroulé par le biais d’un appel à témoignages diffusé auprès d’un réseau de contacts diversifiés (SAEH [**], associations de parents ou de personnes handicapées, structures d’aides à l’insertion professionnelle ou réseaux médicaux). Les entretiens cherchaient à aborder les parcours d’études et de transition vers l’emploi des individus et les configurations de recours aux différents dispositifs de compensation du handicap. Trois situations, entre un et cinq ans après la sortie de l’enseignement supérieur, ont été étudiées : en emploi, en recherche d’emploi ou ayant renoncé à chercher du travail. Notons que l’échantillon comprend des jeunes présentant des déficiences ou troubles variés.

Le temps de travail

8Alors que le temps partiel est communément considéré comme subi, certains enquêtés le recherchent en priorité et l’intègrent dans leur « gestion du temps de vie » (Nicole-Drancourt, 2004). Ils manifestent ainsi le besoin soit de conserver « un temps pour eux », soit, surtout, de se protéger d’un rythme de travail pensé comme incompatible avec leurs maladies ou leur vie domestique.

9Lorsque nous demandons à Anthony s’il dispose d’une aide humaine, il répond négativement et se présente à ce titre comme « tétraplégique, mais autonome ». Anthony a eu un accident à 17 ans. Cet épisode a notamment reconfiguré son projet de formation et son projet professionnel. Après plusieurs années passées en centre de rééducation, il a obtenu une place en centre d’hébergement adapté durant son diplôme universitaire de technologie. Cet apprentissage de l’autonomie dans la vie quotidienne (entendu pour lui comme le fait d’accomplir seul les tâches domestiques) apparaît dans son parcours comme l’élément principal de son passage à l’âge adulte. À la fin de ses études, Anthony n’a candidaté que pour des emplois à temps partiel. N’ayant jamais obtenu d’entretien, il a interrompu sa recherche d’emploi après une année. Au moment de l’enquête, il occupe la fonction d’administrateur dans une association de personnes handicapées, une activité qui ne lui prend que peu de temps, « quelques heures par mois ». Son activité principale est l’entretien de son logement.

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« Et là, vous m’avez dit : “Ce matin, je comptais travailler”, c’était travailler par rapport… ?
– Oui par rapport à l’appartement, j’ai… je dois nettoyer deux-trois trucs, hier j’étais à la laverie et je n’ai pas encore plié le linge… j’ai enlevé les draps pour les changer aussi, ce genre de chose, ranger deux-trois affaires… »
(Anthony, inactif, trouble moteur)

11Plus généralement, le travail salarié représente pour Anthony une menace pour son autonomie dans la vie quotidienne – laquelle a été difficilement conquise. L’exigence du temps partiel a été motivée par le fait de pouvoir gérer son quotidien seul. Cet aspect le différencie de Marie, atteinte d’une paralysie cérébrale de naissance, qui a obtenu un master de droit et occupe un poste à temps plein. Dans l’impossibilité d’assurer ses tâches quotidiennes (toilette, cuisine, ménage, etc.), elle les délègue à une tierce personne, et se définit elle-même comme n’étant pas autonome dans sa vie quotidienne [1]. Ces deux cas ne présentent ainsi pas les mêmes dispositions vis-à-vis de l’acceptation d’une prise en charge extérieure des activités domestiques : elle est contournable et refusée par Anthony, elle est indispensable et acceptée par Marie. Cette dernière a toujours été largement accompagnée, depuis sa naissance, que ce soit par des professionnels ou par sa famille, très présente pendant ses études. Son réseau d’interdépendances apparaît alors particulièrement développé. Issue d’un milieu social favorisé (son père est avocat, sa mère secrétaire du cabinet d’avocat de son père), son rapport à la délégation de certaines tâches est positif. Le père d’Anthony, quant à lui, est ouvrier et sa mère technicienne ; les deux ont été reconnus comme invalides en raison de troubles psychiques apparus à la suite de l’accident de leur fils. Celui-ci a vécu éloigné de ses parents durant son long séjour en centre spécialisé et n’a pu, au contraire de Marie, satisfaire aux attentes familiales liées au travail, inscrites dans des rapports de classe. Anthony vit dans une dépendance financière envers l’État en tant que bénéficiaire de l’allocation adulte handicapée, ce que Marie a toujours refusé.

12Outre l’arbitrage entre temps de travail et sphère domestique (lequel mobilise en lui-même de nombreux facteurs), c’est aussi l’importance de la sphère des loisirs qui justifie ce choix d’un temps plein ou d’un temps partiel. Marie a abandonné l’ensemble de ses activités de loisirs au bénéfice de son travail, alors qu’Anthony estime que le travail représente un danger pour celles-ci. Pour ce qu’il considère comme son autonomie (se débrouiller seul, sans être soumis à des contraintes extérieures), le travail, couramment pensé comme un levier, devient pour Anthony un danger.

13L’exigence d’un temps partiel s’observe également chez trois enquêtées au profil similaire. Annette, Karine et Andréa présentent un trouble psychique, diagnostiqué pendant leurs études supérieures. Au cours de l’apprentissage de la maladie et de la gestion de son traitement, elles ont toutes trois abandonné leurs études et renoncé à leurs ambitions professionnelles initiales. Elles sont actuellement dans une phase transitoire, essayant de redéfinir un projet professionnel en adéquation avec leur nouveau projet de vie.

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« La fatigue, ouais, c’est apprendre à se connaître parce qu’on n’est plus une personne normale, on est une personne avec une maladie qui engendre des freins quoi, donc, voilà. […] Je ne peux pas travailler à plein temps pour l’instant, je m’en sens pas du tout capable. »
(Karine, inactive, trouble psychique)

15Cette exigence d’un temps partiel semble constitutive d’un rapport à la maladie qui fait du travail une menace pour l’apprentissage d’un équilibre de vie dans lequel la gestion du stress et le maintien d’une hygiène de vie (par exemple un sommeil important et régulier) sont surplombants. Le travail est globalement associé à de la souffrance et à un rythme soutenu incompatible avec la maladie. Toutes trois « ralenties », elles voient dans le temps partiel une façon de se protéger du travail tout en y accédant.

16À l’analyse des entretiens, deux facteurs paraissent avoir construit cette revendication d’aménagement du temps de travail. Le premier est l’expérience acquise au cours des années précédentes. Leur difficulté à suivre le rythme des études universitaires et les échecs rencontrés durant les stages ont conduit ces enquêtées à en conclure qu’elles ne pouvaient exercer un travail à temps plein, au risque que celui-ci ne devienne un danger et déclenche des « crises ». Le deuxième facteur est la socialisation expérimentée dans un groupe d’entraide mutuel (GEM) que les enquêtées fréquentent chaque après-midi, donc quasiment à temps partiel. C’est un espace d’échanges et de découverte de la maladie, du point de vue médical et de ses effets périphériques. Le GEM devient aussi un lieu de constitution d’un nouveau réseau amical, l’ancien étant décrit comme « décimé » par l’expérience de la maladie. Ce groupe d’entraide semble moteur dans le processus de recomposition des parcours. Il apparaît également pourvoyeur de « bonnes pratiques » dans la gestion quotidienne de la maladie et notamment dans l’élaboration des revendications professionnelles, dont le temps partiel est un exemple [2].

Le travail dans le temps

17Dans le prolongement du recours au temps partiel, certains anticipent leur investissement professionnel à long terme ainsi que la « gestion » de leur carrière. Nowel et Emma ont agi, dès leur entrée dans la vie active, par anticipation en planifiant sur le long terme leur carrière de « travailleur handicapé ». Pour cela, elles revendiquent dans la sphère professionnelle leurs besoins de compensation. Nowel a obtenu un emploi à durée indéterminée à l’issue de son stage de master 2. Embauchée à temps plein, elle a à plusieurs reprises demandé à réduire son temps de travail, passant à 80 % puis à 60 %. Ce choix implique une planification de la suite de sa carrière professionnelle et marque la volonté de s’inscrire durablement dans son emploi.

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« Comme je vous le disais, l’échelle de temps elle est grignotée beaucoup par la dépendance, et il faut répartir. […] On se dit : “J’ai envie de travailler, j’ai envie de travailler longtemps”, donc le mieux c’est de réduire le temps […] et d’avoir une hygiène de vie correcte et être bien quoi. »
(Nowel, en emploi, trouble moteur associé à d’autres troubles)

19Emma travaille elle aussi. À la différence des trois enquêtées précédentes présentant comme elle un trouble psychique, elle a validé son diplôme en obtenant un master 2 en droit, malgré des études qualifiées de douloureuses. Suivie durant les deux dernières années par le service d’accompagnement des étudiants handicapés de son université, elle a bénéficié d’une dérogation pour effectuer son emploi à mi-temps lors de son master 2 en alternance. Au sortir de ses études, en l’espace de quelques semaines, Emma a décidé de se présenter à des concours réservés aux travailleurs handicapés et a obtenu un poste qui lui a permis de réaliser son souhait professionnel : intégrer la fonction publique.

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« Je voulais être fonctionnaire pour la sécurité de l’emploi, pour pouvoir être malade quand… quand je pouvais être malade sans… […] Je sais que… que j’ai un emploi à vie et que même si j’ai des problèmes de santé, on ne va pas m’éjecter comme ça. »
(Emma, en emploi, trouble psychique)

21La lecture rétrospective de son parcours fait apparaître de nombreuses hospitalisations depuis son adolescence c’est la raison pour laquelle Emma prévoit d’éventuelles interruptions de travail. Son cadre de travail lui assure ainsi une sécurité face aux aléas liés à son handicap. Cette exigence témoigne donc d’une capacité d’anticipation née de l’expérience de sa maladie dont elle peut en quelque sorte prévoir l’imprévisibilité.

22La question du temps et de la durée du travail est aussi régie par d’autres facteurs, comme celui du temps nécessaire à la gestion de la maladie et des « à-côtés » du handicap. Une autre dimension matérielle du rapport au travail semble être particulièrement façonnée par les expériences du handicap : celle des espaces de travail, considérés comme plus (ou moins) accessibles ou facilement aménageables.

L’espace de travail, l’accessibilité et la possibilité d’un aménagement

23Plusieurs enquêtés déclarent orienter leurs recherches d’emploi vers les seules « grandes entreprises ». Cette sélection en fonction du lieu de travail convoque la question de l’accessibilité des locaux – on retrouve ici plutôt les enquêtés atteints d’un trouble moteur ou sensoriel –, et des possibilités pratiques et financières d’aménager les postes de travail.

24Titulaire d’un master 1, Noémie a mobilisé différentes structures d’aide à l’insertion professionnelle des travailleurs handicapés et a obtenu, en deux ans, une vingtaine d’entretiens. Elle n’a cependant jamais été embauchée. Atteinte d’une infirmité motrice cérébrale et se déplaçant en fauteuil électrique, elle a rencontré durant l’enfance et l’adolescence des difficultés liées à l’accessibilité. Ces obstacles auraient pris selon elle une nouvelle ampleur au moment de la transition vers l’emploi. Dans le récit de ses recherches d’emploi, Noémie indique avoir démarché uniquement des grandes entreprises ou collectivités.

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« Oui, ben, de toute façon, je visais et je vise encore une grande entreprise puisque de toute façon… heu, qui dit petite entreprise dit encore plus grosse difficulté d’accessibilité puisque peut-être locaux plus vieux. »
(Noémie, en recherche d’emploi, trouble moteur associé à d’autres troubles)

26Pour Anthony, Florian et Noémie, les « grandes entreprises » sont des lieux moins contraignants pour se déplacer en fauteuil roulant. Ils en font dès lors un principe de distinction entre espaces de travail adéquats ou non. Dans cette opération de sélection, effectuée le plus souvent a priori, c’est-à-dire sans forcément connaissance préalable des locaux, la notoriété d’une entreprise ou d’une collectivité – et de ce qu’elle laisse supposer de sa taille – joue donc un rôle, au moins dans une certaine mesure. La « grande entreprise » est pensée également comme riche, c’est-à-dire en mesure de se rendre accessible, d’un point de vue architectural ou matériel. Les enquêtés mentionnent également les « avantages » que l’entreprise peut obtenir dans le cadre de l’embauche d’un travailleur handicapé, dont le financement d’aménagements.

27Les expériences professionnelles passées ont forgé ces manières d’opérer : plusieurs jeunes, en cherchant des lieux de stage, se sont déjà confrontés à la question de l’accessibilité du milieu professionnel. Mais ces revendications d’espace de travail adéquat ne sont pas le seul produit de leurs expériences des postes de travail. On peut également y percevoir le poids des prescriptions des acteurs de l’aide à l’insertion professionnelle. Ces conseillers d’orientation professionnelle qui prennent parfois en charge les travailleurs handicapés peuvent en effet inviter les jeunes handicapés à adopter certaines stratégies, notamment lorsqu’ils font découvrir aux jeunes les « avantages » dont bénéficient ces entreprises, qui forment autant de ressorts sur lesquels ils se basent pour formuler leurs candidatures.

28Si certains jeunes se représentent un marché du travail limité aux grandes entreprises compte tenu de la supposée capacité de celles-ci à prendre en compte leurs besoins spécifiques, d’autres mettent l’accent sur des dimensions intrinsèques du travail. Les besoins qu’ils expriment quant à la relation à autrui dans le cadre professionnel ou le degré de complexité des tâches semblent alors parfois entrer en conflit avec le niveau de leur diplôme.

Les relations professionnelles et les responsabilités

29Certains enquêtés atteints de troubles entraînant des limitations dans le domaine de la communication et du comportement ne s’estiment pas en mesure d’exercer un emploi avec des responsabilités importantes. Celles-ci sont envisagées comme sources de stress et de fatigue qui, au même titre que le rythme de travail, mettent en danger les individus. Elles sont également associées à des activités d’encadrement que certains ne veulent pas assurer.

30L’exemple d’Emma illustre la contradiction entre le fait d’avoir un diplôme élevé d’une part – et ce que celui-ci laisse augurer en termes de responsabilités – et d’autre part la volonté de réduire les occasions de devoir prendre des décisions et d’en rendre compte. Ainsi, le travail actuel d’Emma ne correspond pas à ses anciennes ambitions mais il lui assure en contrepartie une certaine quiétude.

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« De toutes façons, à bac + 5, je sais pas si j’aurais supporté d’avoir un métier avec des responsabilités de cadre bac + 5 quoi. Et encore là, je sens qu’il y a trop de responsabilités. »
(Emma, en emploi, trouble psychique)

32Le peu de responsabilités et la possibilité d’arrangements au jour le jour constituent les atouts de sa situation professionnelle actuelle. Emma se présente comme « ralentie », « moins concentrée » et, donc, dans sa logique, « moins fiable » que ses collègues. Au moment de l’entretien, elle dit avoir des difficultés à maintenir son effort au travail sur l’ensemble de la journée. Elle ressent un apaisement lorsque son activité professionnelle ne lui demande pas une attention particulière.

33Si on peut constater le développement de « la valeur accordée par les individus à la dimension sociale du travail, à l’importance d’une bonne ambiance du travail et de relations de qualité avec les collègues et la hiérarchie » (Méda, Vendramin, 2013, p. 181), ce rapport au collectif peut être particulièrement sensible chez certains enquêtés. Pour Annette, le travail étant synonyme de fatigue et de stress, ses exigences vis-à-vis de l’emploi sont aussi liées aux relations professionnelles. Elle cherche ainsi un « environnement facilitateur » : des collègues disponibles, chaleureux, qui ne sont pas dans la compétition. Comme elle le souligne, la difficulté repose sur le fait que ce sont des éléments qui se découvrent plus qu’ils ne s’anticipent.

34Parfois, la relation aux autres est plutôt considérée négativement. Ludivine est malentendante et porte des prothèses auditives qui ne se remarquent pas. Elle lit sur les lèvres de ses interlocuteurs et a besoin que ceux-ci s’expriment lentement, ce qui nécessite de faire des rappels à l’ordre lorsqu’elle estime qu’elle ne peut plus se « débrouiller » pour comprendre. Intégrer un collectif de travail lui demande ainsi un effort important pour poser les conditions d’échange et de dialogue avec les autres. Une petite structure est considérée comme un environnement facilitateur, mais ce constat-là ne restreint pas pour autant ses recherches d’emploi. Chez elle, les fonctions et les relations sociales que le travail peut nécessiter sont plutôt un poids – d’autant plus quand il s’agit d’un poste d’encadrement dans lequel les perturbations dans les échanges et les éventuelles incompréhensions seraient problématiques.

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« Et ce qui me faisait peur aussi, quand on est ingénieur d’études en industrie, on peut être amené à encadrer une équipe, faire du management, ça, ça me faisait peur, diriger. »
(Ludivine, en emploi, trouble auditif)

36Ainsi, être amené à prendre des responsabilités et à diriger les autres peut être perçu par ces jeunes comme des facteurs de déstabilisation. Pour ceux présentant des troubles psychiques, l’impératif d’un équilibre vertueux dans la vie personnelle est prioritaire. Autrement dit, ces personnes enquêtées semblent rencontrer suffisamment de difficultés à être responsables d’elles-mêmes (ce qu’elles essayent de gérer via un repli sur elles-mêmes en vue de limiter les crises maniaques ou dépressives) pour ne pas envisager à court terme de l’être envers autrui.

37La dernière exigence que nous aborderons porte sur l’engagement dans un métier en lien avec le handicap ou au contraire son rejet.

Le souhait ou le rejet d’un métier en lien avec le handicap

38Les parcours professionnels peuvent être dirigés vers des emplois qui ont un lien avec le handicap. Au-delà de simples orientations, de nombreux enquêtés s’identifient en effet fortement au monde du handicap et s’y investissent alors de diverses manières. D’autres au contraire vont souhaiter que l’objet de leur travail n’y soit pas lié.

39En contrat en alternance, Alexis organisait des événements visant à sensibiliser les salariés au handicap. Sonia souhaite devenir chargée de mission handicap et se forme temporairement en tant que bénévole dans une association de personnes handicapées. Ces expériences peuvent construire une vision militante du travail (il est souvent fait référence lors des entretiens à la « cause » des personnes handicapées, à la nécessité de proposer de meilleures compensations, etc.). Florian a refusé une proposition de poste afin de créer sa propre entreprise liée aux services à la personne, avec une spécialisation pour les personnes handicapées ou âgées. Il y développe une activité « innovante », accompagnée d’une « éthique » et d’une « philosophie ». Nowel travaille également dans le domaine de la prise en charge de personnes handicapées. En lui permettant de défendre une cause, le travail constitue pour elle un facteur d’épanouissement et de réalisation de soi.

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« C’est, à un moment donné, être actif dans la société, et pouvoir réaliser, euh, des choses au sein de la société, par le biais de ce travail-là. Enfin, c’est d’être actif, participer citoyennement parlant, et de mettre au service de la société, on va dire, ce qu’on a pu acquérir dans la vie. […] Ouais, pour moi un synonyme de travail. »
(Nowel, en emploi, trouble moteur associé à d’autres troubles)

41Ces exemples nous montrent de quelle façon les expériences de limitation de participation sociale peuvent être parfois réinvesties dans la construction des projets professionnels, jusqu’à faire du « handicap » un objet de travail incontournable et donc au centre des recherches d’emploi. L’accomplissement au travail est tourné vers autrui, vers les pairs ayant un handicap. Cependant, il serait inexact de considérer que ces orientations puissent être le fait des seuls choix des individus. Les narrations de parcours de formation et d’insertion font en effet apparaître des recommandations voire des infléchissements suscités par les acteurs du monde professionnel. Les thématiques de travail ont pu ainsi être dirigées vers le handicap alors même que l’embauche en stage ou en emploi ne correspondait pas à ces missions. Face à ce type d’assignation, les enquêtés peuvent dès lors redonner un sens et une cohérence à leurs parcours et orientations professionnelles – notamment dans le cadre d’un entretien de type récit d’insertion.

42D’autres jeunes au contraire souhaitent fortement que l’objet de leur travail n’ait aucun lien avec le handicap. C’est le cas de Marie, qui vit avec une grande contrariété le fait que ses missions de travail aient été orientées vers le handicap. Il faut dire qu’elle ne s’identifie pas au groupe des personnes handicapées. Bien au contraire, la représentation qu’elle a du handicap est particulièrement négative.

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« Est-ce que vous êtes en contact avec des personnes qui ont le même handicap que vous ?
– Non, parce que voilà… […] J’ai quand même du mal, il faut quand même se l’avouer à rencontrer des personnes […] qui ne sont pas au même niveau intellectuel. […] Pour avoir parlé à des gens, mais qu’ils soient handicapés ou pas c’est pareil, si tu me parles que ta vie c’est que le RSA [3], je veux dire ce n’est pas intéressant. Ou que tu ne fais rien de ta vie, ou que ta vie c’est gérer ton planning d’auxiliaire de vie… Ouais, et bien, il me semble qu’elle est un peu triste ta vie quoi. ».
(Marie, en emploi, trouble moteur associé à d’autres troubles)

44On observe ainsi des postures opposées : l’épanouissement au travail passe parfois par la réalisation d’objectifs de carrière déconnectés du handicap, parfois au contraire par un engagement total vis-à-vis des personnes handicapées.

Conclusion

45Nous avons analysé ici des exigences liées au travail et formulées par de jeunes handicapés ayant quitté, quelques années auparavant, l’enseignement supérieur. Les recherches d’emploi (passées ou actuelles) sont guidées par les modalités qu’ils fixent, lesquelles, de fait, circonscrivent le marché du travail sur lequel ils se positionnent. Au regard de l’échantillon réduit mobilisé dans cette analyse, les exigences étudiées ne sont que quelques exemples de limitation des possibles professionnels que les personnes handicapées peuvent s’imposer.

46Comment peut-on interpréter ces exigences et que nous disent-elles des rapports à la vie professionnelle et des expériences diverses du handicap de ces jeunes adultes ? Les catégories de l’action publique qui labélisent les « étudiants handicapés » ou les « travailleurs handicapés » recouvrent des réalités plurielles. Les façons de répondre à la double injonction d’être un jeune en emploi comme les autres tout en essayant de se préserver des contraintes spécifiques que le travail peut générer sont multiples. Le raisonnement classique fait de l’accès à l’emploi un critère de jugement de l’autonomie globale, sinon a minima financière. Pour cette population, le travail peut cependant correspondre à une perte de l’autonomie vécue. En effet, les articulations de la vie professionnelle aux autres sphères reposent sur la façon dont le jeune va ordonner son propre principe d’autonomie, selon une définition qu’il fera sienne. Bénéficier d’une allocation ou la refuser, déléguer ou accomplir certaines tâches, apprendre à gouverner sa vie avec une maladie sont alors les éléments constitutifs des positionnements professionnels. Le sentiment d’autonomie (et de son pendant, la dépendance) régit donc les stratégies et modalités d’investissement ou de mise à distance du travail. Pour certains jeunes handicapés, le travail est conçu comme source d’accomplissement personnel et prend une large place dans leur vie. À l’inverse, pour d’autres enquêtés, le travail (notamment salarié) représente une menace par rapport à des équilibres construits préalablement, notamment pendant les études.

47Les troubles ou déficiences de natures diverses avec lesquels ces jeunes doivent cheminer au quotidien sont susceptibles de façonner ces rapports. D’une part, parce que leurs conditions de vie et le temps dont ils disposent sont souvent directement affectés par la gestion de leur déficience ou trouble, d’autre part, parce qu’ils ont à faire face à de multiples représentations (des parents, des enseignants, des associations, des services d’accompagnement, des employeurs) de leurs possibilités ou impossibilités tout au long de leur parcours. Une partie des exigences abordées dans cet article concerne plutôt des individus connaissant des situations de handicap depuis leur enfance et dont les socialisations primaires au handicap reposent sur la mobilisation des réseaux d’interdépendances. La figure typique étant celle de jeunes atteints de troubles moteurs et se déplaçant en fauteuil roulant. Ceux-là recherchent des grandes entreprises et peuvent s’investir dans des missions dédiées à « la cause » des personnes handicapées. Les autres individus sont plutôt des jeunes présentant des troubles psychiques, apparus vers la fin de l’adolescence et dont l’apprentissage et la gestion sont à dominante individuelle, d’autant plus quand les réseaux d’indépendance malmenés pendant les « crises » se sont effrités (rupture avec le conjoint, altération du réseau amical). Ceux-là fixent davantage des exigences liées au rythme ou temps de travail et aux relations professionnelles. Au regard de ces études de cas limitées, ces hypothèses sont maintenant à tester dans la suite de nos travaux et à partir de données plus amples.

48Pour finir, nous ouvrons l’analyse de cet objet de recherche sur sa dimension novatrice. En effet, il est possible de lire dans toutes ces exigences autant de propositions d’innovations sociales en vue d’un travail partagé et universel. Par la revendication de ces exigences, les individus construisent une accessibilité dont on peut penser qu’elle dépassera le cadre du monde du handicap par la suite. Nowel envisage à long terme de proposer à la structure dans laquelle elle travaille le fait de partager son emploi de cadre avec une autre personne, à mi-temps. N’est-elle pas ici précurseur dans le développement d’un « travail soutenable » qui serait « biocompatible », « ergocompatible » et « sociocompatible » (Gollac et al., 2008) ?

Bibliographie

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Date de mise en ligne : 21/09/2015.

https://doi.org/10.3917/agora.071.0111

Notes

  • [1]
    Tandis qu’elle annonce l’être totalement dans le cadre de son activité professionnelle.
  • [2]
    Il est aussi raisonnable de penser que le temps complet au travail peut être associé à l’incapacité de pouvoir prolonger cette activité associative, qui semble essentielle pour les enquêtées.
  • [3]
    Revenu de solidarité active.
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