Sous l’effet des réformes managériales de l’administration, des politiques de libéralisation des entreprises publiques et de la financiarisation des entreprises capitalistes, les réorganisations et autres restructurations sont devenues le lot commun de très nombreux travailleurs, et viennent profondément bouleverser leurs conditions d’emploi et de travail. Les procédures de licenciement collectif et les fermetures d’entreprises ou d’établissements publics en sont les manifestations les plus visibles et les plus médiatisées. Elles masquent toutefois un processus beaucoup plus vaste de réorganisation du travail, résultant de la combinaison du recours à différents dispositifs de réduction des effectifs  et de l’introduction de nouvelles méthodes d’organisation du travail et de management des salariés ajustées aux nouveaux critères de gestion économique et financière des entreprises et des administrations. La répétition des procédures de restructuration s’impose ce faisant comme un puissant facteur de déstabilisation des salariés et comme l’un des principaux leviers de la domination patronale . D’un côté, elle crée un contexte de profonde incertitude pour les salariés quant à l’avenir de leur emploi. De l’autre, elle les soumet à de nouveaux dispositifs de contrôle et d’évaluation de leur activité professionnelle, qui contribuent à l’intensification des rythmes de travail en même temps qu’ils tendent à déposséder les salariés de la maîtrise de leur activité . Ainsi, de nombreux salariés souffrent aujourd’hui de se sentir empêchés de faire du « bon travail », c’est-à-dire de ne pouvoir travailler conformément à leurs propres critères d’excellence professionnelle, du fait des dispositifs managériaux qui les gouvernent…