Que savons-nous du génocide des Rwandais tutsis perpétré en 1994 ? Je crois nécessaire de dire d’emblée que les études passées et actuelles sur le génocide tutsi sont inévitablement immergées dans un champ de tensions, de préjugés, d’émotions. En outre, il existe simultanément plusieurs façons d’écrire l’histoire du génocide : histoire officielle, histoire négationniste, histoire compassionnelle, histoire judiciaire. J’évoquerai, en examinant les travaux de quelques chercheurs, les critiques qu’ils adressent à ces différentes manières de produire un récit, mais je chercherai surtout à montrer comment ils travaillent eux-mêmes à l’établissement des faits pour construire d’autres manières d’écrire l’histoire, comment ils font pour s’extraire de moralismes, de fausses analogies historiques, de partis pris qui circulent depuis le génocide à propos de la période 1990-1994 au Rwanda. Dans cette optique, je proposerai une lecture de travaux universitaires en ne retenant que ceux fondés sur des enquêtes de terrain .
Durant plusieurs années après 1994, les études publiées développèrent des thèses générales. À cette époque, il s’agissait de relire une histoire longue de la société rwandaise pour y découvrir des explications et pour élaborer une intelligibilité d’ordre génétique. Quant à la tâche de savoir précisément comment on avait tué, de rechercher au plus près les rôles des concepteurs, des exécutants, de reconstituer comment les victimes furent traquées et massacrées, elle ne semblait pas prioritaire …
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