En 2018, je suis invitée par Dominique Malaquais pour une résidence artistique au sein de la 10e édition du festival Les Récréatrales. Cette résidence-création s’inscrit dans le programme Yif Menga : performances en dialogue, qui propose de construire des passerelles entre des chercheurs et artistes issus d’Afrique et de sa diaspora. La proposition adressée était de travailler sur la dimension politique de l’art de la performance à partir des prismes africains. Nous étions six artistes de la diaspora africaine à rejoindre Ouagadougou pour une durée de dix jours. La singularité de ce festival d’arts vivants est de s’inscrire au cœur du quartier populaire Gounghin et de travailler avec les habitants dont les cours des maisons sont transformées en scènes de théâtre. La rue principale du festival est quant à elle reconfigurée en une scénographie urbaine, élaborée par des artistes burkinabés et européens.
A l’occasion de ma résidence, j’ai rencontré des danseurs et danseuses en formation au CDC La Termitière. Nos échanges m’ont amenée à imaginer la performance TONDO (qui veut dire « NOUS » en mooré, la langue parlée à Ouagadougou) qui a été présentée publiquement avec treize performeurs africains issus du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Burkina Faso et du Congo.
Je souhaiterais revenir ici sur le processus de création de cette performance, à partir du rassemblement des corps comme expérience collective située et lieu d’énonciation plurilingue et comme vecteur d’une dimension africaine et décoloniale…