« Monsieur Le Président,« J’ai vécu des jours très difficiles suite à votre déclaration du 21 février 2023 au sujet de la présence des migrants d’Afrique subsaharienne.
« Un discours d’une telle violence, venant de la plus haute autorité du pays, m’a profondément heurtée en tant que citoyenne noire qui a toujours subi le racisme dans son pays, qui y a résisté et qui l’a dénoncé haut et fort. Aujourd’hui les migrants subsahariens noirs ont réussi à dévoiler cette réalité toujours occultée. Et je leur dis MERCI.« Votre discours a permis à ceux qui avaient des dispositions pour la xénophobie et le racisme de les cultiver et de les traduire en actes, se permettant de lyncher, insulter et tabasser des migrants subsahariens noirs, publiquement et sans aucune gêne. Les nombreux mouvements de contestation qui se sont opposés à votre discours et qui représentent l’opinion de nombreux Tunisiens vous ont contraint à prendre finalement des mesures en faveur des étudiants et migrants subsahariens en Tunisie. »
J’ai publié cette lettre ouverte en réponse à la déclaration du président Kaïs Saïed, faite à l’issue de la réunion du Conseil national de sécurité du 21 février 2023, dans laquelle il met en avant la nécessité de mettre fin à l’immigration en provenance d’Afrique subsaharienne.
En tant que chercheuse engagée et militante antiraciste, il était important pour moi de me positionner publiquement en soutien aux migrants d’Afrique subsaharienne présents en Tunisie, mais aussi à la communauté tunisienne noire, qui a elle aussi subi des attaques racistes à la suite des déclarations de Saïed…