Les importants changements qu’a connus la Tunisie depuis 2011 ont eu un impact considérable sur de nombreux Tunisiens et Tunisiennes dont celles et ceux de la diaspora. Ces dix dernières années ont ainsi été marquées par la médiatisation de retours spectaculaires de Tunisiens de l’étranger. Certains sont par exemple devenus députés, à l’image de Saida Ounissi, fille de militants d’Ennahda en exil.
Pourtant, les Tunisiens vivant à l’étranger ainsi que leurs descendants ont souvent été dépeints comme peu connectés à la politique de leur pays d’origine. Derrière les enfants illégitimes en manque « d’existence politique dans la société d’accueil », d’une part, et considérés comme apathiques vis-à-vis de la situation politique de leur pays d’origine, d’autre part, de nouvelles formes de mobilisation à distance entre la France et la Tunisie se créent et s’étendent sur le long terme, dans la foulée de la révolution de 2011. Parmi elles et eux, il existe plusieurs enfants d’immigrés qui ont passé l’essentiel de leur vie en France. Entre la revendication de « prendre part » à la « révolution » et la découverte d’opportunités professionnelles, les profils de descendants d’immigrés qui s’installent en Tunisie après 2011 sont multiples. D’après la littérature existante, aucune statistique n’est disponible sur ce phénomène, mais les installations en Tunisie correspondent, selon les études, à une « frange très minime de la population des descendants d’immigrés ».
Cet article s’intéresse aux parcours de descendants d’immigrés qui travaillent au sein de la société civile tunisienne, dans le secteur associatif en pleine explosion et mis en visibilité après la « révolution », même s’il avait déjà une existence sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali…