Si la transition démocratique entamée en Tunisie, depuis ce qui a été nommé « la Révolution du Jasmin » en 2011, a permis de visibiliser plusieurs dynamiques sociopolitiques qui agitent cette société en transformation ; elle a aussi rendu plus compliquées certaines lectures, notamment à cause des instabilités politiques et économiques qui caractérisent toujours de telles transitions. Les migrations font partie de ces dynamiques qui n’ont pas été bien comprises, la complexité du phénomène étant trop souvent masquée par les simplifications et le lot des stéréotypes qui l’accompagnent. Au lendemain de la révolution, les médias, nationaux et internationaux, focalisaient alors leur attention tantôt sur les Tunisiens qui, « entre doute et espoir», n’envisageaient plus de partir à l’étranger, persuadés qu’un avenir meilleur leur était promis dans leur pays, tantôt sur ceux, jugés « désespérés », qui s’entassaient dans des embarcations de fortune et débarquaient à Lampedusa, voire mouraient en mer. D’autres fois, c’était le retour des migrants tunisiens ou de leurs descendants revenant aux pays qui focalisait l’attention médiatique. Bien sûr, la surmédiatisation des frontières tunisiennes, bizarrement renommées par certaines rédactions « frontières extérieures de l’Union européenne» et celle des accords sécuritaires liés à leur protection n’ont pas disparu avec la chute de Ben Ali. Puis, ce fut le tour des personnes migrantes venues des pays d’Afrique subsaharienne d’occuper le paysage médiatique lié à la question migratoire…