La fondation du groupe de recherche Dirâssat al-houdoûd trouve ses origines dans une expérience de recherche se confrontant à des terrains traversés par des souffrances et des luttes collectives dans les deux rives de la Méditerranée, pendant les « printemps arabes ». Wael, engagé dans la révolution tunisienne, et Montassir, au sein du Mouvement du 20 Février au Maroc, décident d’introduire dans leurs activités de recherche l’approche et les réflexions développées lors des contestations des régimes en place dans leurs pays et contre les dynamiques de domination internationale postcoloniale. Cette recherche devient donc une recherche engagée auprès de populations exposées à une confrontation avec le phénomène des frontières, lieux privilégiés d’expression de cette domination internationale et postcoloniale.
Le constat élémentaire dressé par les membres du groupe de recherche est l’évidence des inégalités dans la circulation, banalisée à l’ère des visas et des reconductions aux frontières. Nous n’avons pas tous les mêmes droits devant les frontières des États-nations modernes, d’où l’urgence d’une conscience tant politique qu’académique de la compréhension des logiques frontalières et de leurs historicités et celle de décrire les conséquences et les souffrances collectives qui en découlent.
Basé au Centre d’anthropologie sociale de l’université de Sousse en Tunisie, ce groupe de recherche réunit des chercheurs de plusieurs disciplines venant de Tunisie, d’Europe et des États-Unis…