Lorsque les enseignants parlent de leur métier, le temps revient sans cesse dans les discours, soit pour en évoquer le manque, soit pour parler de sa gestion, plus ou moins facile, plus ou moins contraignante. Emmanuelle et Perrine illustrent ici l’hétérogénéité avec laquelle le temps du métier peut être vécu, ce qui ne manque pas de soulever un ensemble de questions : de quoi parlent les enseignants lorsqu’ils parlent du temps de leur métier ? Comment expliquer une telle diversité des manières de ressentir le temps de la profession ? Quels sont les facteurs qui structurent les manières de vivre le temps professionnel, plus ou moins librement, jusqu’à, parfois, douloureusement ?
Ces deux extraits d’entretien permettent de penser que le sujet du temps ainsi abordé ne parle pas du temps en lui-même, comme dimension physique, mais soulève quelque chose de l’ordre de la pratique du métier, de sa conception, de la manière de s’y engager. On imagine également que les positions sociales de ces deux enseignantes jouent un rôle déterminant dans leur manière de vivre la pratique du métier d’enseignant : le fait que ce soient des femmes, leur âge, leur situation familiale, leur expérience de l’enseignement, etc., sont certainement des facteurs qui expliquent, dans une certaine mesure, leurs manières de ressentir le temps de la pratique. À cela s’ajoute une multitude de facteurs potentiels, comme les conditions de travail, le degré d’enseignement, le type d’établissement et la nature des relations avec les collègues, les élèves ou encore avec les parents…