Les émotions ne sont pas des réponses biologiquement stéréotypées, mais des constructions individuelles et sociales permettant d’appréhender le monde. Elles sont un « phénomène éminemment particulier, subjectif, dépendant de caractéristiques personnelles en interaction avec la situation spécifique et le sens que cette situation a pour le sujet » (Cahour & Lancry, 2011). Les émotions participent ainsi de ce que l’expérience nous apprend.
À l’école, les émotions des élèves influent sur leurs réussites et leurs échecs. Ce sont des éléments essentiels à prendre en compte pour faciliter les apprentissages scolaires. L’institution scolaire met surtout en avant l’importance des émotions positives sur la réussite des élèves, c’est-à-dire celles qui sont associées à l’atteinte d’états désirables ou à l’évitement d’états indésirables, par opposition aux émotions négatives qui seraient liées au non-évitement d’états indésirables. C’est ainsi que l’on considère qu’un climat scolaire apaisé, des relations sereines entre les élèves et leurs enseignants, le plaisir à être ensemble ou la confiance sont des éléments favorisant les apprentissages scolaires. Cette insistance sur les émotions positives occulte le rôle que peuvent jouer les émotions négatives dans le développement des élèves.
Trois raisons essentielles nous semblent expliquer une focalisation sur les émotions positives aux dépens des émotions négatives à l’école.
La première raison est ontologique et liée à une vision dualiste des processus cognitifs et affectifs…