Le 10 juin 1938, l’appel du maire de Canton bouleverse la gauche française. Ce dernier fait état des destructions et des victimes causées par les raids aériens japonais sur Canton, mentionnant notamment « 1000 morts et 5500 blessés [dont] des centaines de mères [qui] ont été horriblement écrasées avec leur bébé qu’elles serraient dans leurs bras ». Après l’indignation d’une large part de l’intelligentsia française, une grande conférence « contre le bombardement des villes ouvertes et d’action pour la paix » s’ouvre à Paris les 23 et 24 juillet 1938. Cette conférence, à laquelle assistent 1000 délégués venus de trente-quatre pays fait écho à une première réunion tenue à Londres les 12 et 13 février 1938, qui avait pour mot d’ordre « Sauver la Chine c’est sauver la paix ! » Preuve que si 1937 était l’année de l’engagement de la gauche française en faveur de l’Espagne, 1938 voit cette implication s’étendre à la Chine, dans la continuité des valeurs dreyfusardes de paix et de liberté qui ont fondé l’engagement à tendance prophétiquede la gauche intellectuelle.
Par « intellectuel », on entendra ici des individus ayant des « traits communs (niveau intellectuel ou d’éducation élevé, prise de position particulière sur un enjeu culturel appuyé sur leur notoriété) » selon les mots de Christophe Charle. A gauche, cette définition pourra ainsi englober des catégories diverses allant des écrivains aux journalistes et jusqu’aux hommes politiques. En s’engageant pour la Chine, ceux-ci, personnalités du « culture…