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Article de revue

La financiarisation en perspective

Pages 73 à 85

Notes

  • [1]
    Ce texte emprunte aux travaux de préparation d’un livre, écrit en collaboration avec d’autres auteurs, concernant l’économie de l’Afrique du Sud. Il corrige B. Fine, « Neo-Liberalism in Retrospect ? – it’s Financialisation, Stupid », in K.-S. Chang, B. Fine et L. Weiss (éd.), Developmental Politics in Transition : The Neoliberal Era and Beyond, Basingstoke, Palgrave macmillan, 2011. Voir également B. Fine, « Beyond Financialisation », in A. Vlachou, N. Theocarakis et D. Milonakis (éd.), Economic Crisis and Greece, Athens, Gutenberg Publishers for the Greek Scientific Association of Political economy, 2011 (in Greek).
  • [2]
    J. Goldstein, « introduction : The Political economy of Financialization », Review of Radical Political Economics, vol. 41, n° 4, 2009, pp. 453-457.
  • [3]
    B. Fine, « Financialisation, Poverty, and Marxist Political economy », Poverty and Capital Conference, University of Manchester, 2-4 July 2007, http://eprints.soas.ac.uk/5685/1/brooks.pdf.
  • [4]
    Concernant les activités les plus récentes du CRESC, voir : http://www.cresc.ac.uk/research/cresc2/theme1/research_projects/in-dex.html. E. Stockhammer, « Financialisation and the Slowdown of Accumulation », Cambridge Journal of Economics, vol. 28, n° 5, 2004, pp. 719-741 ; E. Stockhammer, « Shareholder Value Orientation and the investment-Profit Puzzle », Journal of Post Keynesian Economics, vol. 28, n° 2, 2006, pp. 193-215 ; G. Krippner, « The Financialization of the American economy », Socio-Economic Review, vol. 3, n° 2, 2005, pp. 173-208 ; G. Epstein, (éd), Financialization and the World economy, Cheltenham, Edward Elgar, 2005.
  • [5]
    L. Summers et V. Summers, « When Financial markets Work too Well : A Cautious Case for a Securities Transactions Tax », Journal of Financial Services, n° 3, 1989, pp. 163-188 (p. 166).
  • [6]
    J. Stiglitz, « Turn Left for Sustainable Growth », Economists’ Voice, vol. 5, n°4, September 2008, pp. 1-3 (p. 2).
  • [7]
    S. Blankenberg et G. Palma, « introduction : The Global Financial Crisis », Cambridge Journal of Economics, vol. 33, n° 4, 2009, pp. 531-538 (p. 531).
  • [8]
    G. Palma, « The Revenge of the market on the Rentiers : Why Neoliberal Reports of the end of History Turned out to Be Premature », Faculty of economics, University of Cambridge, Mimeo, 2009, shortened version, Cambridge Journal of Economics, vol. 33, n° 4, 2009, pp. 829-869.
  • [9]
    E. Stockhammer, « Shareholder Value Orientation and the investment-Profit Puzzle », op. cit.
  • [10]
    On en trouvera un exposé précoce dans W. Lazonick et M. O’Sullivan, « maximizing Shareholder Value : A New ideology for Corporate Governance », Economy and Society, vol. 29, n° 1, 2009, pp. 13-35. Un point de vue syndical est présenté dans : P. Rossman et G. Greenfield, « Financialization : New Routes to Profit, New Challenges for Trade-union », Labour Education, Quarterly Review of the ILO Bureau for Workers’ Activities, n° 142, 2006, http://www.iufdocuments.org/www/documents/Financialization-e.pdf.
  • [11]
    G. Palma, « The Revenge of the market on the Rentiers : Why Neoliberal Reports of the end of History Turned out to Be Premature », op. Cit.
  • [12]
    C. Lapavitsas, « Financialised Capitalism : Crisis and Financial expropriation », Historical Materialism, vol. 17, n° 2, 2009, pp. 114-148.
  • [13]
    L. Panitch, S. Gindin et G. Albo, In and Out of Crisis : The Global Financial Meltdown and Left Alternatives, Oakland, Pm Press, 2010.
  • [14]
    D. Hall, « economic Crisis and Public Services », Public Services international Research unit, note 1, December 2008, http://www.psiru.org/reports/2008-12-crisis-1.doc.
  • [15]
    Ben Fine évoque ici la fameuse sortie de Bill Clinton : It’s the economy, stupid (N.D.T.).

1Au moment même où cette étude m’a été demandée [1], une courbe tout à fait remarquable a attiré mon attention : elle révélait la rapidité du rétablissement de la rentabilité du système financier des États-Unis. Rien ne démontre mieux la capacité de rebond du néolibéralisme et la réalité de son rétablissement. De manière particulièrement perverse, on peut voir dans cette observation la confirmation des thèses des plus ardents défenseurs du néolibéralisme, qui ne voient dans la crise, la bulle ou la multiplication des bulles, qu’un effondrement du crédit provoqué par des chocs aléatoires, destiné à s’auto-corriger et en voie d’ajustement.

2Quelles que soient les interprétations, une telle présentation des faits est remarquable par le choix sélectif des observations sur lequel elle repose. Elle témoigne également d’une foi dogmatique en la perfection du fonctionnement des marchés et en la capacité de la théorie microéconomique à rendre compte du caractère rationnel des réalités macroéconomiques. Car les formes les plus modérées du keynésianisme visant au rétablissement de la viabilité du système financier auraient suffi à provoquer un tel rebond des profits financiers. L’ampleur du soutien au système financier privé a été, de fait, prodigieuse : le « socialisme » pour les banquiers et le « capitalisme » pour nous tous.

3Corrélativement, le rebond de la finance s’est accompagné – inévitablement, pourrait-on dire – d’une tendance diamétralement opposée concernant l’économie réelle et le rôle qu’y joue l’État. Il n’y eut, en effet, aucun « rebond » des finances publiques, de la création d’emploi et des conditions de travail. Sans le moindre doute, dans ces trois domaines, la situation s’est détériorée – et de nouvelles détériorations, étendues et profondes, sont à prévoir – dans des proportions remarquables, même à l’aune des chocs antérieurs qui affectèrent le néolibéralisme.

4Ainsi se trouve posée la question de la nature du néolibéralisme. Quel nouvel éclairage cette crise jette-t-elle sur cette question ? Dans quelle mesure le néolibéralisme a-t-il été transformé ? Faut-il parler de continuité plutôt que de changement ? Les réponses se trouvent dans le caractère irréductible de la relation entre néolibéralisme et financiarisation.

La financiarisation, c’est…

5Comme on pouvait s’y attendre, c’est au cours de la dernière décennie, et seulement au cours de cette décennie, de plus en plus rapidement à la veille de la crise [2], que la notion de financiarisation a été mise en avant. Ma propre contribution fut proposée avant que le concept ait atteint l’adolescence [3]. Elle s’inspira largement des travaux du Center for Research on Sociocultural Change (CRESC) de l’Université de Manchester, des travaux de Engelbert Stockhammer, de Greta Krippner et de Gerald Epstein [4]. Il ne fait aucun doute que la crise entraîna précipitamment l’entrée de l’analyse de la financiarisation dans la puberté, avec tout le stress, les tensions, le sentiment d’importance (de soi) et les exagérations que celle-ci véhicule. Outre son analyse, la financiarisation elle-même a engendré un ensemble de problèmes dont il a fallu traiter et qu’il a fallu affronter, sinon nécessairement résoudre, comme l’adolescence conduit vers l’âge adulte, alors que l’identité ou les identités que cet âge va revêtir restent encore incertaines.

6En premier lieu, qu’est-ce que la financiarisation ? Il ne s’agit pas seulement ici d’une définition, mais du concept lui-même. Comme on peut s’y attendre, étant donné la flexibilité de la nature et des rôles des monnaies et des actifs auxquels la financiarisation est liée, étant donné le rôle croissant que ceux-ci ont joué dans la vie économique et sociale, cette nature ne peut qu’être marquée par certaines ambiguïtés. Du crédit aux personnes aux opérations sur les marchés à terme, la financiarisation recouvre tout un éventail de transactions financières. En partant de telles bases, on peut déboucher sur des définitions larges ou étroites. En second lieu, se pose la question de savoir si la financiarisation peut être réduite à une description empirique de la réalité ou, à l’inverse, si elle doit être conçue comme une caractérisation plus générale et abstraite de la phase actuelle du capitalisme. De telles ambiguïtés définitionnelles, quant aux champs couverts et aux intentions, sont également caractéristiques du néolibéralisme et de la globalisation, ces deux notions étant elles-mêmes des frères et sœurs aînés conceptuels de la financiarisation dans l’analyse du capitalisme contemporain. Ces concepts se recoupent-ils et se soutiennent-ils mutuellement ? Et quelle relation entretiennent-ils avec le « nouvel impérialisme » et le « nouvel ordre mondial » ? Viennent ensuite les questions relatives aux effets de la financiarisation, à ses causes et conséquences, notamment vis-à-vis de la crise actuelle et de la phase du capitalisme qui l’a précédée, faisant suite à l’effondrement du boom de l’après-guerre et aux trois décennies suivantes de croissance plus lente et plus inégale.

7Finalement, quelle théorie permet de traiter de ces questions ? Avant la crise, l’orthodoxie mettait en avant l’hypothèse de l’efficience des marchés (HEM), bien formulée par Laurence et Victoria Summers :

8

« La fonction ultime [des marchés] est de diluer les risques, de guider l’investissement du capital comme ressource rare, de traiter et de redistribuer l’information détenue par divers intervenants sur ces marchés (…) [ :] les prix reflètent toujours les valeurs fondamentales (…). La logique des marchés efficients est contraignante » [5].

9On peut décrire le point de vue symétrique comme l’hypothèse d’inefficience des marchés (HIM), dont Joseph Stiglitz peut être considéré comme un des principaux défenseurs. Elle souligne que les imperfections des marchés (financiers) rendent nécessaire l’intervention étatique pour les corriger :

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« La gauche comprend maintenant les marchés et le rôle qu’ils peuvent et qu’ils devraient jouer dans l’économie (…), la nouvelle gauche tente de faire fonctionner les marchés. » [6]

11De plus, la crise a propulsé la théorie de Hyman Minsky au-devant de la scène, du moins momentanément, aux côtés d’une abondance de contributions venues des post-keynésiens et de l’économie politique marxiste.

12La financiarisation peut être définie à partir de huit caractéristiques. En premier lieu et de la manière la plus évidente, la financiarisation fut associée à l’énorme expansion des actifs financiers et des activités financières dans le reste de l’économie. Pour des raisons qu’on éclaircira plus bas, donner la mesure de l’activité financière suppose de résoudre de nombreuses questions énigmatiques, comme celle de la détermination de ce qui devrait être considéré comme un actif. Cependant, comme le signalent Stéphanie Blankenburg et Gabriel Palma [7] :

13

« Certains chiffres fondamentaux parlent d’eux-mêmes : selon l’étude Mapping Global Financial Markets (octobre 2008) de McKinsey, les actifs financiers dans le monde se sont accrus de 12 000 à 106 000 milliards de dollars des États-Unis entre 1980 et 2007. L’estimation fournie par le Global Financial Stability Report du FMI concernant le second chiffre est considérablement plus élevée, à 241 000 milliards. »

14En d’autres termes, les actifs financiers ont été multipliés par vingt au cours des trente dernières années. La prise en compte de l’inflation et de la croissance réduit nécessairement le caractère spectaculaire de cette expansion. Mais, même ainsi, le rapport des actifs financiers au PIB mondial a été multiplié par trois, selon Palma [8]. Si l’usage de tout autre intrant, comme l’énergie ou l’acier, s’était accru dans de telles proportions sans contribuer en rien à l’accroissement de la production, on parlerait d’une « régression technique » massive.

15En second lieu, la financiarisation s’est manifestée dans la prolifération de divers types d’actifs, notamment par le développement de la titrisation, des produits dérivés, de la spéculation sur les taux de change et des marchés à termes sur les devises et de nombreux autres produits. Les investissements dans les produits à terme s’étaient accrus d’un facteur de 20 depuis 2003. Des jugements similaires peuvent être portés sur l’envolée des prix des denrées alimentaires précédant la crise qui débuta en 2007.

16En troisième lieu, la financiarisation se caractérise non seulement par l’expansion et la prolifération des actifs financiers, mais aussi par le fait qu’elle s’est réalisée au détriment de l’économie réelle, en termes de niveau et d’efficacité des investissements [9]. D’une part, cet effet est apparent dans la croissance de l’investissement spéculatif aux dépens de l’investissement réel. D’autre part, le même biais est manifeste dans la soumission croissante des entreprises industrielles à la maximisation de la valeur pour l’actionnaire, susceptible de déboucher sur des politiques mettant de côté la recherche de progrès de la productivité et de rentabilité à long terme [10].

17En quatrième lieu, la financiarisation peut être associée de diverses manières aux relations entre la finance et l’industrie, en s’inspirant ou en s’éloignant de la notion classique de « capital financier » d’Hilferding, dans laquelle les deux secteurs sont intégrés sous la direction croissante de la finance. Selon Palma [11], par exemple, la financiarisation fut le résultat de mesures dont les fondements étaient profondément politiques, répondant à l’impératif de faire croître la rente revenant à la finance (voir Costas Lapavitsas pour une critique de cette analyse [12]). Cette tendance fut associée à la fin brutale de la diminution des inégalités aux États-Unis avant leur accroissement au cours des trois dernières décennies. Au cours de ces décennies, la part du revenu total dont bénéficie le 1 % des plus hauts revenus est passée de moins de 10 % à nettement plus de 20 %, pendant que les salaires réels stagnaient. Par ailleurs, quelle que soit la rémunération de la finance, si l’industrie s’est soumise à celle-ci, ce fut davantage l’effet d’un ralliement que d’une défaite.

18En cinquième lieu – notamment du fait des origines de la crise des États-Unis et des formes qu’elle a revêtues dans ce pays –, la financiarisation a été imputée aux divers booms tirés par la consommation et fondés sur le crédit. Le marché du logement y fut, en particulier, à l’origine d’un mouvement de spéculation. Aussi longtemps que la bulle immobilière put gonfler, il en alla de même du crédit aux consommateurs et de leurs dépenses. Mais elle éclata finalement à cause de sa taille excessive et de la vente des crédits hypothécaires subprime au-delà de la capacité de remboursement des emprunteurs, ainsi que de l’incapacité à maintenir la croissance du prix des logements.

19En sixième lieu, le crédit hypothécaire n’est qu’un aspect de la financiarisation, mais il occupe un rôle symbolique en ce qu’il représente la pénétration générale de la finance dans des domaines de plus en plus nombreux de la vie économique et sociale, comme les retraites, l’éducation, la santé et les infrastructures économiques et sociales. Il s’agit ici tant de l’entrée du secteur privé dans de telles activités aux dépens du secteur public que de la nécessité pour les consommateurs de recourir au crédit pour pouvoir acheter les services correspondants.

20En septième lieu, dans le contexte de l’idéologie néolibérale, la financiarisation – aux côtés de la déréglementation, de la privatisation et de la marchandisation – a suscité l’émergence de l’idée « sacro-sainte » de l’efficience de tous les marchés, au-delà des marchés financiers eux-mêmes. Et cette hypothèse d’efficience a trouvé, et possède encore, un symétrique dans la « nouvelle gestion du secteur public » (new public management) concernant le rôle de l’État dans la prestation des services dans lesquels le secteur privé n’a pas encore suffisamment pénétré.

21En huitième lieu, l’État a joué un rôle majeur comme promoteur de la financiarisation. Les instruments de cette action ont été les financements publics et des politiques favorisant directement et indirectement le processus de financiarisation, en contradiction aiguë avec l’idéologie voulant que le néolibéralisme consiste à laisser les choses entre les libres mains des marchés [13].

… Ce que la financiarisation fait

22Comme on a pu s’en rendre compte, l’analyse des huit aspects de la financiarisation s’appuie d’abord sur l’expérience des États-Unis, même si l’on peut y joindre celle du Royaume-Uni et d’autres économies développées. Cela s’explique par le fait que ce pays est le principal pouvoir financier au plan mondial, comme la crise financière et son traitement l’ont montré. Car la financiarisation est inséparable du rôle du dollar comme monnaie principale, ou monnaie mondiale, malgré le sévère déficit du commerce extérieur, du compte de capital, du budget, de la dépense des consommateurs du pays, et malgré la réduction des taux d’intérêt nominaux à des niveaux minimaux dans la crise actuelle. Cette observation est frappante à trois points de vue.

23En premier lieu, si de telles politiques avaient été adoptées dans des circonstances similaires dans n’importe quelle autre économie, en particulier dans des situations de crise, on aurait assisté à des sorties catastrophiques de capitaux et à un écroulement du taux de change. À l’inverse, on voit qu’en dépit de la vulnérabilité du dollar, celui-ci n’a pas subi d’attaques spéculatives et que des tentatives concertées de préserver sa valeur ont été organisées par d’autres pays qui continuent à détenir des dollars comme monnaie de réserve.

24En second lieu, de nombreuses crises de ce type ont eu lieu, même si elles ont été moins sévères, notamment la crise asiatique de 1997-1998. Dans chaque cas, alors que les crises étaient jugulées, les politiques adoptées dans les pays concernés furent exactement à l’opposé de celles choisies en réponse à la crise de 2007 aux États-Unis. La banque mondiale et le FMI imposèrent en effet l’austérité budgétaire, la dévaluation et la hausse des taux d’intérêt, ainsi que des efforts pour ouvrir ces économies au capital international, en particulier financier. Le contraste avec les politiques mises en œuvre, en particulier aux États-Unis et au Royaume-Uni, ne saurait être plus aigu.

25En troisième lieu, on peut interpréter comme un cas particulier de la différence des réponses à la crise le soutien massif offert au système financier, puisqu’on peut dire que les États-Unis nationalisèrent les dettes toxiques et que le Royaume-Uni nationalisa les banques en faillite. Ces priorités et l’importance donnée à ce soutien sont des plus révélatrices. Comme le souligna David Hall [14], par exemple, le coût total de la renationalisation des banques et des sociétés d’assurance aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans le reste de l’Europe équivaudrait au reversement de la valeur de toutes les privatisations dans le monde entier au cours des trente dernières années. En outre, l’importance de ce sauvetage et ses conséquences en termes de déficits budgétaires donnent une idée des priorités sous-jacentes. Bien que le montant exact des subventions aux banques ait pu être exagéré, on ne saurait mettre en doute la détermination dont elles bénéficièrent, alors que les engagements relatifs à la santé, à l’éducation et à la protection sociale avaient été niés dans des circonstances économiques plus favorables.

26Ces faits sont révélateurs des degrés inégaux de la financiarisation dans ses divers aspects. À l’évidence, son incidence et son impact (et le contenu de la réponse à la crise) sont différents dans les pays développés et dans les pays en développement, mais la même observation est valable au sein de chacun de ces groupes de pays. Ces processus sont à l’image du poids et de la composition des diverses activités et des divers secteurs financiers eux-mêmes, ainsi que de la manière dont ces secteurs sont intégrés dans la reproduction économique et sociale d’une manière plus générale. En d’autres termes, à l’instar du néolibéralisme lui-même, la financiarisation n’est pas un instrument dont on peut faire dériver des résultats de manière non équivoque. Il s’agit d’un processus, agissant en relation avec d’autres, qu’il convient d’identifier au sein d’économies particulières. Comme on va le montrer, la financiarisation produisit des résultats différenciés et ne peut être traitée, comme dans bien des analyses néolibérales ou radicales de la mondialisation, de manière homogène.

27On peut néanmoins identifier certains effets de la financiarisation qui ont une portée générale, sinon uniforme. D’abord, comme en témoigne le mieux le ralentissement de la croissance de l’activité économique mondiale au cours des trente dernières années, l’activité et les instruments financiers ont progressé aux dépens du niveau et de l’efficacité des investissements physiques, même si des investissements excessifs ont été réalisés dans des secteurs et à des moments particuliers (comme, par exemple, dans la bulle Internet il y a une dizaine d’années). La finance a longtemps joué un rôle crucial dans le processus d’accumulation du capital et sa restructuration (habituellement dans les plus grandes entreprises, souvent des multinationales), par le biais d’acquisitions et de fusions et par le financement de nouveaux investissements. À un niveau plus général, la financiarisation a soumis les politiques économiques et sociales de l’État au conservatisme et à la marchandisation dans tous ses aspects, directement et indirectement, et ces tendances s’établirent aux dépens des politiques de l’État aussi bien dans le domaine de la restructuration de l’industrie associée au boom de l’après-guerre que dans la promotion de la santé, de l’éducation et du bien-être.

28Par conséquent, ainsi appliquée à un vaste ensemble de formes et d’effets, même si l’usage en est circonscrit principalement aux États-Unis et au Royaume-Uni, la « financiarisation » n’est guère plus qu’un simple mot. Pour cette raison, il apparaît plus adéquat de parler d’un « ensemble de financiarisations », relatif à divers marchés (financiers) et à diverses économies. En fait, de telles particularités sont apparues au sein de la finance hypothécaire, révélant, d’un pays à l’autre, des différences au sein des systèmes financiers eux-mêmes (même s’ils sont caractéristiques de la finance mondiale).

La financiarisation et la théorie

29La discussion antérieure a déjà suggéré le rôle changeant de la financiarisation. Encore faut-il comprendre comment celle-ci devrait être comprise en théorie, si ce n’est au titre de sa coïnculpation aux côtés d’autres dérèglements économiques et sociaux. Même limitée à ses fondements hétérodoxes, la théorie de la financiarisation a été abordée de manière diversifiée, en raison notamment de la variété de ses effets. On peut distinguer deux courants dans la théorie économique : la théorie de la monnaie, associée à la macroéconomie, et la théorie de la finance, associée à la microéconomie. À quelques exceptions près, les différentes analyses, même les plus hétérodoxes, ont cette dichotomie pour point de départ, bien que, du fait de l’insistance de Minsky sur la manière dont la gestion des équilibres financiers des entreprises peut susciter une crise, le renouveau de l’intérêt pour son œuvre soit significatif.

30Ma propre compréhension de la financiarisation s’appuie sur la théorie de la finance de Marx, qui, en termes orthodoxes, est simultanément micro et macroéconomique, mais dont l’ancrage principal est la localisation de la finance dans sa relation à l’accumulation générale du capital, au travers de toutes ses fonctions et formes. Cette théorie est trop complexe pour qu’on puisse en donner ici une présentation simple et concise. Ce qui suit doit donc être compris comme un résumé trop simplificateur, dont la prétention est davantage d’apporter des précisions sur la nature du capitalisme actuel que de construire une théorie de la finance proprement dite.

31La finance entretient une relation symbiotique avec le processus d’accumulation du capital, où elle assume des fonctions vitales tout en étant simultanément mue par ses propres impératifs, qui visent à l’appropriation d’un surplus créé par l’économie, elle-même n’en engendrant aucun directement. À un niveau très général, les marchés financiers sont associés à deux types de fonctions : emprunter et prêter en vue de l’achat et de la vente de marchandises ou aux fins de l’expansion de l’activité économique. L’accès à la finance, de ce dernier point de vue, est crucial, non seulement pour la croissance des entreprises, mais aussi pour assurer les survies individuelles dans la concurrence. Comme la finance gouverne l’accès au capital pour l’expansion, elle est en mesure d’exiger une rémunération sous la forme de ce qu’on peut appeler génériquement un « intérêt » (qui peut être obtenu sous forme de dividendes, de gains en capitaux ou autres, en relation avec les actifs correspondants susceptibles de transactions spéculatives).

32Dans la pratique des marchés financiers, les différents rôles de la finance, dans l’achat et la vente ainsi que dans l’expansion de l’économie, ne sont pas systématiquement distincts les uns des autres : le crédit peut, par exemple, être octroyé en vue de l’achat de biens de production ou de consommation. Du fait de la déréglementation du secteur financier, les institutions financières ne sont pas confinées dans l’exercice de tâches spécifiques – le commerce par opposition à l’investissement. Il en résulte que le lien entre, d’une part, l’expansion de la finance dans la promotion des niveaux de la demande de biens et services, concernant les niveaux généraux de l’investissement, et, d’autre part, les prix des actifs, est une relation complexe, bien que, en dernière instance, et de manière cruciale, cette relation soit fonction des niveaux et de la composition des investissements ainsi induits.

33Il s’agit là d’une présentation générale des relations financières dans le capitalisme, qui repose sur deux distinctions : entre la finance qui promeut le commerce et celle qui promeut l’investissement ; entre la finance qui promeut l’investissement qui rapporte un surplus et celle qui ne le fait pas (alimentant ainsi potentiellement l’inflation du prix des actifs). Dans ce dernier cas, non seulement l’investissement ne se matérialise pas, mais, paradoxalement, un surplus est approprié à partir de – aux dépens de – l’investissement qui a engendré le surplus.

34Il existe ainsi un ensemble de difficiles équilibres entre les marchés financiers et l’accumulation, dont la marche est scandée par les rythmes de l’investissement, de l’activité spéculative et des rémunérations. Ces mécanismes sont encore compliqués par l’action de l’État comme agent de l’accumulation, fournisseur et gestionnaire d’actifs financiers et opérateur des conditions plus générales de la reproduction économique et sociale. Avec la financiarisation, la réalisation de ces équilibres a pris de plus en plus la forme d’un processus de subordination et d’incorporation de l’investissement, de l’achat et de la vente et de la finance publique dans le royaume de la finance spéculative.

Le néolibéralisme, c’est la financiarisation : stupidité [15]

35Il est ainsi tout à fait juste de prêter une grande attention à la financiarisation, car elle éclaire les causes du ralentissement économique des trente dernières années, ainsi que celles de la crise qui a surgi à partir de 2007. Ces deux phénomènes sont remarquables en ce qu’ils se sont produits en dépit de ce qu’on pouvait considérer comme des conditions favorables sans équivalent pour le capitalisme mondial. On citera : 1) l’effondrement du bloc soviétique et l’émergence des États-Unis comme pouvoir hégémonique principal ; 2) le déclin du mouvement syndical, notamment en relation avec la désindustrialisation dans le monde développé ; 3) la faiblesse corrélative d’autres mouvements progressistes, en particulier ceux liés aux mouvements de libération et à la décolonisation ; 4) la transition vers le capitalisme en Chine ; 5) la croissance significative de la force de travail résultant de la participation accrue des femmes au marché du travail ; 6) le développement extraordinaire des nouvelles technologies et la capacité correspondante d’accroître la productivité et 7) le triomphe des politiques néolibérales visant à contenir la croissance du salaire direct et indirect. Tous ces traits soulignent que les problèmes du capitalisme mondial, à la fois le ralentissement de la croissance et les crises, ne sauraient être imputés à la force excessive des classes laborieuses. Les causes doivent donc en être recherchées dans des relations intra-classes dont la financiarisation et son impact sur l’économie marquent le paroxysme. À n’en pas douter, un des aspects les plus frappants de la crise, peut-être un cas unique à l’époque moderne, est la mesure dans laquelle les classes laborieuses ne sont pas critiquées pour leurs revendications salariales injustifiées, leurs protections sociales ou leur résistance à l’introduction de nouvelles technologies même s’il est jugé nécessaire que les travailleurs encaissent les « coups » résultant de la crise en termes de taux de chômage plus élevé et de niveau de vie diminué.

36Ainsi, au centre de notre argument, se trouve l’idée que la financiarisation a été au cœur des trois décennies de néolibéralisme : elle n’a pas entravé la marche du néolibéralisme en contrariant certains de ses impératifs, mais elle a influencé les contenus de sa trajectoire. La financiarisation a influencé en grande partie le contexte mondial et systémique dans lequel la reproduction économique et sociale s’est déroulée, y compris là où des exceptions et des résistances ont nui à son progrès. Dès lors que l’on a admis que les effets de la financiarisation étaient différenciés, on comprend qu’il doive également en être ainsi du néolibéralisme lui-même. En d’autres termes, l’idée selon laquelle la notion de néolibéralisme serait une catégorie analytique et un descripteur illégitime du fait de la diversité de ses manifestations témoigne d’une incompréhension de la nature du néolibéralisme (et cautionne la mystification attachée au néolibéralisme lui-même dans son auto-projection comme agent homogénéisateur de tout ce qui le précédait sous la pression des forces du marché global).

37On peut pousser cette intuition encore plus avant, en soulignant que le néolibéralisme recouvre un amalgame complexe et changeant de pratiques académique, idéologique et politique (indépendamment des conditions matérielles auxquelles ces éléments sont liés). Ce fait est clairement mis en évidence par la réponse donnée à la crise de 2007, dans laquelle des politiques indubitablement néolibérales ont été mises en œuvre pour sauver le système financier par une intervention massive de l’État, allant jusqu’à l’achat massif par celui-ci des actifs toxiques (ou à la garantie de ces actifs), voire l’acquisition des institutions financières en faillite. Ce n’est d’ailleurs pas le seul moment auquel l’idéologie néolibérale, qui veut que tout soit laissé à l’action du marché, est contredite par les politiques réalisées. Au long de ses trente années ou presque d’existence, le néolibéralisme a eu recours à l’idéologie de non-intervention et d’efficacité des forces des marchés pour justifier une intervention considérable de l’État, notamment afin de promouvoir les intérêts du capital privé en général et de la finance (et de la financiarisation) en particulier. Les fondements académiques de ces pratiques ont été posés, en premier lieu, par l’École de Chicago et ses hypothèses extrêmes, proprement extravagantes, concernant la perfection du fonctionnement des marchés – tout spécialement ceux de la finance (à tel point que l’existence du chômage, du cycle conjoncturel et des crises s’en trouvait niée) – et l’inefficacité de l’intervention étatique. En outre, le néolibéralisme a été supporté par les thèses autrichiennes, pourtant totalement incompatibles avec le contenu analytique de celles de l’École de Chicago du fait de leur insistance sur l’inventivité et l’incertitude, ainsi que sur les vertus dynamiques et spontanées du marché (alors que l’École de Chicago se fonde sur l’équilibre statique).

38Ainsi, la vision idéologique, académique et en matière de politiques, propre au néolibéralisme est-elle incohérente. Elle a revêtu de multiples formes au cours du temps, selon les lieux et les questions traitées. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de relation entre les trois éléments signalés ci-dessus, mais cela montre qu’il convient de les « désenchevêtrer » soigneusement.

39D’une manière générale, il est essentiel de reconnaître que le néolibéralisme lui-même est passé par deux phases. Les prétentions du néolibéralisme en tant que tel en ont été fortement ébranlées quant à sa propre nature. Car, au cours de sa première phase, correctement décrite comme une « thérapie de choc » – bien qu’on ne puisse la réduire à la survenue de la transition dans le bloc soviétique ni penser qu’elle y trouve son origine –, l’État est intervenu pesamment en vue de promouvoir le capital privé, notamment par les privatisations, la déréglementation, la marchandisation, l’austérité fiscale, etc. La seconde phase du néolibéralisme, à partir du début des années 1990, a correspondu à la fois à la prolongation de ces processus et à la modération de leurs pires effets : l’augmentation des inégalités, de la pauvreté et de l’instabilité. L’État ne s’est pas retiré pour laisser place à l’expansion du capital privé. À l’inverse, son intervention s’est révélée de plus en plus nécessaire pour supporter le capital privé, une action dont une forme emblématique a été, par exemple, le remplacement des privatisations par des sociétés mixtes publiques-privées.

40Au plan idéologique et académique, il s’est graduellement agi d’un déplacement de l’État vers le marché et vers un État contribuant au bon fonctionnement du marché et de la mondialisation. Plus précisément, au sein de la théorie économique elle-même, s’est produit un déplacement au profit du paradigme des marchés imparfaits, particulièrement associé à la personne de Joseph Stiglitz. En pratique, la perte de légitimité de l’hypothèse d’efficience des marchés n’a fait que susciter l’émergence de formes de keynésianisme modérées ou abâtardies, principalement orientées vers le sauvetage des banques et du système financier et liées à l’impératif correspondant de couper les dépenses publiques pour y parvenir.

41Tout cela montre bien l’importance des gains réalisés par le néolibéralisme au cours des trois dernières décennies au sein de la reproduction économique et sociale. Ces processus ont été conditionnés par l’émergence et le renforcement des élites financières, dont ils sont le support, aux niveaux national et international. Ils sont l’expression de transformations profondes, pas seulement aux plans académique, idéologique et des politiques mises en œuvre, mais également au niveau des institutions et des formes de gouvernance, qui interdisent les alternatives avant même qu’elles n’émergent ou en saperaient les fondements si elles s’établissaient.

Remarques conclusives

42Il y a certainement quelque chose de paradoxal dans le constat de l’ampleur des déficits budgétaires créés par la crise, qui sont la conséquence directe ou indirecte de l’allocation des ressources de l’État au soutien et/ ou à la récompense du système financier. Pourtant, faire du système financier la cible des critiques et le désigner comme l’objet des réformes nécessaires est un thème qui n’a cessé de s’affaiblir depuis son apparition au lendemain de la crise. L’exigence de nationaliser le secteur financier est pleinement justifiée, même si elle peut paraître romantique ou tenir de l’« enfoncement de portes ouvertes » si ce transfert de propriété a déjà été réalisé, au demeurant dans des circonstances tout à fait favorables à la finance. De ce fait, l’opposition à la financiarisation devra revêtir des formes plus raffinées et plus patientes, même si elles n’en sont pas moins déterminées. Comme on peut le constater d’un pays, d’un secteur et d’une période à l’autre, l’impact de la financiarisation est à la fois inégal et différencié, comme le sera la nature des luttes résultant des formes d’économie et de reproduction néolibérales. Le défi réside dans la nécessité de pousser les luttes individuelles au-delà des formes de gouvernance dépolitisées qui ont accompagné la financiarisation et les impératifs financiers, et de réaliser l’union de ces luttes afin d’assurer, au moins comme une première avancée, que la finance serve la société plutôt que l’inverse.

43(Traduit de l’anglais par Gérard Duménil)

Notes

  • [1]
    Ce texte emprunte aux travaux de préparation d’un livre, écrit en collaboration avec d’autres auteurs, concernant l’économie de l’Afrique du Sud. Il corrige B. Fine, « Neo-Liberalism in Retrospect ? – it’s Financialisation, Stupid », in K.-S. Chang, B. Fine et L. Weiss (éd.), Developmental Politics in Transition : The Neoliberal Era and Beyond, Basingstoke, Palgrave macmillan, 2011. Voir également B. Fine, « Beyond Financialisation », in A. Vlachou, N. Theocarakis et D. Milonakis (éd.), Economic Crisis and Greece, Athens, Gutenberg Publishers for the Greek Scientific Association of Political economy, 2011 (in Greek).
  • [2]
    J. Goldstein, « introduction : The Political economy of Financialization », Review of Radical Political Economics, vol. 41, n° 4, 2009, pp. 453-457.
  • [3]
    B. Fine, « Financialisation, Poverty, and Marxist Political economy », Poverty and Capital Conference, University of Manchester, 2-4 July 2007, http://eprints.soas.ac.uk/5685/1/brooks.pdf.
  • [4]
    Concernant les activités les plus récentes du CRESC, voir : http://www.cresc.ac.uk/research/cresc2/theme1/research_projects/in-dex.html. E. Stockhammer, « Financialisation and the Slowdown of Accumulation », Cambridge Journal of Economics, vol. 28, n° 5, 2004, pp. 719-741 ; E. Stockhammer, « Shareholder Value Orientation and the investment-Profit Puzzle », Journal of Post Keynesian Economics, vol. 28, n° 2, 2006, pp. 193-215 ; G. Krippner, « The Financialization of the American economy », Socio-Economic Review, vol. 3, n° 2, 2005, pp. 173-208 ; G. Epstein, (éd), Financialization and the World economy, Cheltenham, Edward Elgar, 2005.
  • [5]
    L. Summers et V. Summers, « When Financial markets Work too Well : A Cautious Case for a Securities Transactions Tax », Journal of Financial Services, n° 3, 1989, pp. 163-188 (p. 166).
  • [6]
    J. Stiglitz, « Turn Left for Sustainable Growth », Economists’ Voice, vol. 5, n°4, September 2008, pp. 1-3 (p. 2).
  • [7]
    S. Blankenberg et G. Palma, « introduction : The Global Financial Crisis », Cambridge Journal of Economics, vol. 33, n° 4, 2009, pp. 531-538 (p. 531).
  • [8]
    G. Palma, « The Revenge of the market on the Rentiers : Why Neoliberal Reports of the end of History Turned out to Be Premature », Faculty of economics, University of Cambridge, Mimeo, 2009, shortened version, Cambridge Journal of Economics, vol. 33, n° 4, 2009, pp. 829-869.
  • [9]
    E. Stockhammer, « Shareholder Value Orientation and the investment-Profit Puzzle », op. cit.
  • [10]
    On en trouvera un exposé précoce dans W. Lazonick et M. O’Sullivan, « maximizing Shareholder Value : A New ideology for Corporate Governance », Economy and Society, vol. 29, n° 1, 2009, pp. 13-35. Un point de vue syndical est présenté dans : P. Rossman et G. Greenfield, « Financialization : New Routes to Profit, New Challenges for Trade-union », Labour Education, Quarterly Review of the ILO Bureau for Workers’ Activities, n° 142, 2006, http://www.iufdocuments.org/www/documents/Financialization-e.pdf.
  • [11]
    G. Palma, « The Revenge of the market on the Rentiers : Why Neoliberal Reports of the end of History Turned out to Be Premature », op. Cit.
  • [12]
    C. Lapavitsas, « Financialised Capitalism : Crisis and Financial expropriation », Historical Materialism, vol. 17, n° 2, 2009, pp. 114-148.
  • [13]
    L. Panitch, S. Gindin et G. Albo, In and Out of Crisis : The Global Financial Meltdown and Left Alternatives, Oakland, Pm Press, 2010.
  • [14]
    D. Hall, « economic Crisis and Public Services », Public Services international Research unit, note 1, December 2008, http://www.psiru.org/reports/2008-12-crisis-1.doc.
  • [15]
    Ben Fine évoque ici la fameuse sortie de Bill Clinton : It’s the economy, stupid (N.D.T.).
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