Notes
-
[1]
Grégoire, José (2007). Les Etats du moi. Trois systèmes interactifs. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle.
-
[2]
Marc, Edmond (2005). Psychologie de l’identité. Soi et le groupe. Paris, Dunod, p. 2.
-
[3]
Le Petit Robert.
-
[4]
Marc, Edmond, ibid., p. 2.
-
[5]
Il s’agit essentiellement de la psychologie, de la sociologie, de la philosophie et de l’anthropologie Pour une revue des principales théorisations dans le champ de la psychologie, voir Marc E., ibid., Première Partie « À la recherche de l’identité » p. 13.
-
[6]
Hargaden, Helena et Sills, Charlotte (2006). Analyse Transactionnelle : Une perspective relationnelle. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle. Elles posent comme hypothèse que « le E2 est le soi total et que l’organisation interne du soi se compose de E1, A1 et P1, que nous relions au domaine du soi, selon Stern (1985) : le sens émergent du soi, le soi noyau, le soi intersubjectif et le soi verbal ».
-
[7]
Stern, Daniel (2015). Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris, PUF.
-
[8]
Grégoire, José, op. cit., p. 65.
-
[9]
Ibid.
-
[10]
Grégoire, José, ibid., p. 80-81.
-
[11]
Zilvetti Chaland, Magdalena (2015). Réussir sa vie d’expat’, Paris, Eyrolles.
-
[12]
Schein, E. (1992). Organisation Culture ans Leadership, Jossey-Bass. Ce sont les aspects invisibles de la culture auxquelles on ne peut qu’accéder à travers des expériences relationnelles, et qui vont constituer le cœur du processus d’intégration : il s’agit des normes, des valeurs ainsi que des croyances profondes considérées comme des évidences inexplicables par les personnes d’une même culture.
-
[13]
Ce concept a été défini pour la première fois par l’anthropologue canadien Kalervo Oberg en 1960.
-
[14]
Chévrier, Sylvie (2006). Le Management interculturel. Paris, PUF.
-
[15]
Grégoire, José. Op. cit., p. 173.
-
[16]
Dans certains cas, l’expatrié n’arrive pas à surmonter ces difficultés, ce qui peut provoquer la décision de remettre en cause l’expatriation.
-
[17]
Moral, M. (2004). Le manager global. Paris, Dunod.
-
[18]
Brécard, France et Hawkes, Laurie (2008). Le Grand Livre de l’analyse transactionnelle. Paris, Eyrolles, p. 259.
-
[19]
Dans l’assimilation, l’individu abandonne son identité culturelle d’origine et cherche une interaction soutenue avec les autres cultures. En ce qui concerne l’intégration, elle se produit quand la personne conserve son identité et d’autres caractéristiques de sa culture, tout en faisant partie des structures économiques, politiques et juridiques du pays d’accueil. Dans la séparation et/ou ségrégation, les personnes cherchent à conserver leur propre culture en évitant toute interaction avec les membres de la culture dominante. Enfin, quand il s’agit de marginalisation, l’individu ne conserve pas sa culture d’origine, soit par manque d’intérêt, soit parce que cela lui est imposé par la culture dominante ; en même temps, il n’éprouve pas d’incitation à rentrer en relation avec la culture d’accueil, ce qui peut parfois correspondre à des attitudes d’exclusion ou de discrimination de la culture dominante (Lammel, 2009).
-
[20]
Cité par Brécard France et Hawkes, Laurie. Op. cit., p. 332.
-
[21]
On peut parler des conditions favorables à une sortie progressive de la relation symbiotique avec la culture.
-
[22]
Kaës, René et al. Différence culturelle et souffrances de l’identité. Chapitre 5 Sinatra, Francesco « La figure de l’étranger et l’expérience de l’exil dans la cure ». p. 131.
-
[23]
Grégoire, José. p. 73.
Introduction
1Nous vivons dans un monde où l’interdépendance économique, sociale et politique est grandissante. Dans cet espace global, où les bénéfices sont multiples, les crises s’internationalisent également. Qu’ils soient de nature financière, géopolitique, sanitaire, écologique ou religieuse, ces dérèglements impactent la planète entière, rendant la notion de frontière nationale inopérante.
2La migration forcée constitue l’une des manifestations des déséquilibres du système international. Selon le dernier rapport du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies, le nombre de personnes déracinées dans le monde a atteint 65,3 millions en 2015, soit un être humain sur 113. Pour préserver leur intégrité physique, ces réfugiés et demandeurs d’asile ont dû faire face au dilemme déchirant de choisir entre leur survie et leurs lieux d’appartenance. Nous pouvons facilement imaginer l’impact profond de ces traumatismes au niveau psychologique et identitaire.
3Un autre phénomène migratoire, de nature complètement différente, s’est considérablement développé ces dernières décennies : celle de l’expatriation. Un expatrié est une personne qui décide volontairement, pour des raisons professionnelles, personnelles ou de formation, de quitter son pays d’origine pour intégrer une nouvelle culture. Ces personnes partent souvent de leurs pays avec l’enthousiasme de celui qui est convaincu de réaliser enfin un rêve. Et pourtant, après un premier moment d’émerveillement, un mal-être peut apparaître, pouvant se transformer, dans certains cas, en une souffrance profonde. Ce bouleversement est vécu par la personne comme incompréhensible. L’expatrié devient étranger à lui-même, son identité lui échappe.
4Chaque expatrié arrive avec son histoire singulière, dont seule une partie est accessible à sa conscience. La confrontation à un nouvel environnement dénué des repères habituels, peut faire resurgir des éléments archaïques et enfouis ou créer de nouveaux traumatismes pouvant secouer l’identité. C’est souvent à partir d’un besoin de donner du sens à leurs vécus dans une nouvelle culture, qu’un certain nombre de clients sont venus me consulter dans mon cabinet de coaching. J’ai accompagné des personnes de culture hispanique ayant des questionnements liés à leur situation d’expatrié. Les séances se sont déroulées en espagnol, ma langue maternelle et celle de mes clients. Cette histoire de l’expatriation est aussi la mienne, c’est pourquoi, en écrivant cet article, un double mouvement entre mon expérience et celle mes coachés s’est naturellement installé.
5Mes expériences professionnelles et personnelles m’ont amenée à me questionner sur l’impact de l’expatriation au niveau identitaire : quelle est l’évolution du sens de Soi à chacune des phases traversées par l’expatrié ? quelles sont les stratégies adoptées pour préserver l’identité ? Et enfin, est-il possible de construire une identité multiculturelle ? Pour décrypter ces processus, j’ai adopté la conceptualisation des états du moi de José Grégoire [1], dont la vision interactive permet de rendre compte du dynamisme propre à la construction identitaire, en permanente évolution.
Qu’est-ce que l’identité ?
6Cette question est de plus en plus présente dans notre époque. Elle s’invite dans les débats politiques, les sommets internationaux et dans la société civile. Les grands bouleversements auxquels doivent faire face nos sociétés provoquent une inquiétude grandissante pouvant être ressentie par certains comme une menace au niveau identitaire. Les statuts, les rôles et les modèles identificatoires se brouillent et la place de chacun est remise en question. Comme le signale E. Marc, « La ‘lutte des places’ remplace la lutte des classes » [2].
7La complexité de la notion d’identité apparaît d’emblée en regardant le dictionnaire [3] : 1. Caractère de ce qui est identique (similitude). 2. Caractère de ce qui est un (unité). 3. Identité personnelle : caractère de ce qui demeure identique à soi-même (permanence). Le fait pour une personne d’être tel individu et de pouvoir être reconnu pour tel (état civil… pièce d’identité…). L’identité concerne à la fois l’unique et le similaire, la permanence et la reconnaissance. Elle comporte une face objective (notre carte d’identité) et une face subjective : la conscience d’être soi, d’être unique et de le demeurer tout le long de la vie [4]. L’identité est également sociale, professionnelle, nationale. Il s’agit en somme d’un processus dynamique en constante adaptation, indissociable d’un aspect subjectif et relationnel.
8Diverses disciplines se sont emparées de ce concept pour proposer un éclairage propre à chaque science [5]. En psychologie, on s’accorde à dire que c’est Erik Erickson, l’un des psychanalystes d’Éric Berne, qui s’intéressa le premier aux mécanismes de la construction identitaire. En analyse transactionnelle, ce sont Helena Hargaden, Charlotte Sills [6] et José Grégoire qui ont proposé une approche du développement du Soi basée sur les états du moi et les travaux de D. Stern.
9En observant des enfants depuis la naissance, D. Stern présente ses conclusions en termes d’évolution d’une dimension particulière du psychisme : le sens de Soi, qui est la perception subjective qu’a l’enfant de lui-même. Cette perception est relationnelle car le sens de Soi est inséparable du sens de l’Autre ; elle englobe tout ce que la personne vit, pense et ressent. D. Stern distingue le soi émergent, le soi noyau, le soi intersubjectif et le soi verbal [7]. Ce développement n’est pas conçu comme une succession d’étapes, mais comme des strates toujours actives dans les expériences relationnelles de l’adulte. Ces strates jouent un rôle primordial dans nos ressources et dans nos vulnérabilités.
Système de personnalité et sens de Soi
10Dans la perspective de l’interaction des états du moi, les trois systèmes de personnalité sont présents dès le début de la vie. Ce sont des systèmes vivants en évolution permanente, qui agissent simultanément et en interaction. Chaque système intervient dans la construction du sens de Soi. Les travaux de D. Stern permettent de mieux comprendre l’évolution des trois systèmes. Au départ, ils sont très étroitement liés dans les triplets des états du moi. Avec la multiplication des expériences vécues et de la synthétisation mise en place par les représentations généralisées [8], chaque système de personnalité développe une fonction plus spécifique. Ainsi, la mémorisation brute du côté subjectif des expériences par le système Enfant deviendra le matériau de classification des vécus et des stratégies liées à des affects pour favoriser des vécus souhaitables et éviter les autres. Le système Enfant nous met en contact avec la dimension subjective de nos expériences ; il correspond au pôle de Soi selon la théorie de D. Stern. À partir du vécu subjectif d’expériences multiples, le système Enfant élabore des conclusions et des croyances extrêmes dans l’idéalisation ou la diabolisation.
11Dans le système Parent, les représentations généralisées vont se construire en fonction des réactions souhaitables de l’autre. Cela débouchera sur des règles de conduite indépendantes des situations et plus tard, sur des valeurs personnelles. Le système Parent est le symétrique du système Enfant ; il est centré sur les réactions de l’autre ou des autres telles que la personne les a perçues. Il englobe également les réactions dont il est témoin, ainsi que les différents récits concernant son histoire. Le système Parent est le passage obligé où les réactions de l’autre sont assimilées. Il correspond au pôle de l’Autre [9].
12Dans le système Adulte, le matériau servira de base à l’accumulation progressive du savoir et du savoir-faire de plus en plus abstrait et de plus en plus général [10]. Le système Adulte est sensible à la manière dont la réalité fonctionne, indépendamment de nos vécus subjectifs et des jugements d’autrui. Il apporte la lucidité et une vision panoramique des situations.
13Dans l’expérience de l’expatriation, les différents sens de Soi peuvent être impactés. Le sens de Soi est, par essence, subjectif et relationnel, indissociable du sens de l’Autre. Intégrer une nouvelle culture, c’est aller à la rencontre d’un Autre que l’on doit apprendre à connaître, à déchiffrer. Car les sens de Soi ont été construits à partir d’une autre culture, la culture d’origine. Dans cette nouvelle expérience relationnelle, les sens de Soi peuvent être modifiés afin qu’il y ait un accordage avec la nouvelle culture. Des tensions peuvent apparaître dans l’équilibre identitaire si les nouvelles représentations généralisées sont en contradiction avec des contenus précédents.
Système de personnalité et expatriation : Les étapes de l’expatriation
14L’expérience de l’expatriation comporte plusieurs phases [11]. Il y a en effet des traits communs dans l’expérience de ceux qui décident volontairement de quitter leurs pays pour s’intégrer à une nouvelle culture. Ce qui est singulier à chaque individu est la façon de traverser ses différentes étapes. Cette coloration personnelle est ancrée dans la façon dont les systèmes de personnalité et les sens de Soi se sont constitués. Ces étapes sont appelées la pré-expatriation, la lune de miel, le choc culturel, l’ajustement et l’adaptation.
a – La pré-expatriation : le désir de partir
15Un fort désir apparaît bien avant le départ. Dans l’imaginaire de celui qui décide de partir, le pays d’accueil est représenté comme un objet idéal. Pendant toute la phase de préparation, le système Enfant imagine ce lieu parfait, créant ainsi une satisfaction symbolique à son désir, pourvoyeuse d’une grande énergie.
« Ayant vécu dans un pays avec une féroce dictature militaire, la France représentait pour moi les droits de l’homme, un idéal de démocratie et de tolérance. Pouvoir faire des études en sciences politiques, domaine qui avait longtemps été interdit par les militaires, était pour moi une source puissante de curiosité et de motivation. »
« J’ai fait mes études au Lycée français de Montevideo, ce qui était pour moi et mes copains un élément de différenciation positive, on se sentait détenteurs d’un pouvoir de raisonnement que les autres établissements n’avaient pas. Nous idéalisions cet aspect tellement rationnel de la dissertation française. »
18Le système Enfant insuffle une énergie puissante dont le futur expatrié a besoin pour pouvoir renoncer à son monde familier et faire face aux obstacles pouvant entraver la réalisation de son rêve. Ce système peut être soutenu par les réactions positives de l’entourage, lorsque l’expatriation est vécue comme quelque chose de valorisant professionnellement.
« J’ai toujours entendu mes parents dire qu’aller se former à l’étranger était la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Ils n’avaient pas pu le faire eux-mêmes et je sentais que c’était une frustration pour eux. Quand je leur ai annoncé ma décision de faire un master en France, ils étaient heureux et m’ont tout de suite assuré de leur aide pour ce projet. »
20Enfin, le système Adulte pose un regard lucide sur la situation et apporte les éléments nécessaires à la mise en œuvre du projet. Il est très actif dans l’apprentissage de ce que l’on appelle les aspects extérieurs [12] de la nouvelle culture : la langue, l’histoire, les habitudes alimentaires.
« La plupart de mes coachés connaissaient assez bien, avant leur arrivée, la langue française, la littérature et l’histoire. En ce qui me concerne, j’ai été également très attirée par la culture française et ses musées. La beauté de Paris m’éblouissait. Les livres, les films, la musique me donnaient l’impression d’être très proche de ce pays qui allait bientôt m’accueillir. »
22Dans la pré-expatriation, le sens de Soi est préservé, car de nouvelles expériences relationnelles au sein de la culture d’accueil n’ont pas encore eu lieu. La tonalité propre à la personne (confiante ou méfiante, valorisante ou dévalorisante), ainsi que les modes d’interactions préexistants entre les systèmes de personnalité restent intacts car ils n’ont pas encore été confrontés à la réalité de l’expatriation.
b – La « lune de miel » : la rencontre avec le bon objet
23C’est l’existence d’un puissant désir qui pousse l’expatrié à partir, à quitter ses proches et ses repères, pour aller à la rencontre d’un objet idéal qui pourra enfin combler ses manques. L’expatrié attend ainsi ce moment avec beaucoup d’avidité. Cette première phase est appelée « lune de miel » et commence avec l’arrivée dans le nouveau pays. Comme dans le début d’une relation amoureuse, l’expatrié appréhende cette nouvelle expérience à travers le prisme de ces projections positives. Tout ce qui pourrait remettre en question cette vision idéalisée est rejeté en dehors de la conscience. C’est le clivage de l’objet qui constitue, dans cette période, la stratégie prédominante de protection de l’identité.
24Le nouvel environnement est découvert avec fascination et curiosité. Même les actes les plus anodins peuvent s’avérer excitants, tellement les différences sont grandes par rapport aux repères habituels.
« Je me souviens à quel point j’adorais aller au supermarché. Je restais un bon moment devant le rayon des laitages ne sachant lequel choisir tellement j’avais envie de tous les goûter. »
26Ce pays correspond dans les moindres détails à cet objet idéal fantasmé. À partir de l’émerveillement du système Enfant, l’expatrié peut conclure que ce pays est vraiment parfait. La personne se sent satisfaite vis-à-vis d’elle-même : elle est fière de ce qu’elle a accompli et son sens de Soi est renforcé par cette expérience positive.
27Le système Adulte est très sollicité lors de l’installation dans ce nouvel environnement. Une multitude de nouveaux apprentissages sont à l’œuvre. C’est le système qui nous permet d’apprendre de nos réussites et de nos échecs. Il élabore des stratégies visant à atteindre des objectifs. Il cherche la cohérence d’un nouvel élément avec ce que nous savons déjà, par une logique intuitive de non-contradiction. La connaissance préalable de l’expatrié est complétée par de nouveaux éléments concernant les aspects extérieurs de la culture.
« Je parlais très bien le français à mon arrivée. J’ai fait l’apprentissage en France des subtilités du tutoiement et du vouvoiement et des multiples formules pour souhaiter une bonne journée à quelqu’un : bonne matinée, bonne fin de matinée, bon après-midi, bonne fin d’après-midi, bonne soirée, bonne fin de soirée. Je voulais savoir à partir de quelle heure on devait appliquer telle ou telle formule… J’ai appris qu’il fallait attendre que les gens descendent du métro avant que les autres montent ; qu’il fallait tenir sa droite aux escalateurs… tout ça je ne le savais pas avant. »
29Des nouvelles expériences sont mémorisées dans le système Parent essentiellement par imitation, c’est-à-dire la reproduction des comportements observés qui sont adoptés tels quels sans questionnement particulier. Il n’y a pas, à ces stades, de contradictions avec des contenus enregistrés préalablement dans le système Parent. Pendant cette période, l’identité de la personne est intacte car protégée par une stratégie de clivage de l’objet.
c – Le choc culturel
30Progressivement, une forme de routine s’installe dans la vie de l’expatrié. Ce qui le fascinait au début commence à s’estomper et la lassitude prend sa place. Le stress et la fatigue se traduisent par une sensation d’épuisement physique et psychique. Les différences culturelles prennent le devant. Peu à peu, apparaît un sentiment d’étrangeté par rapport à la nouvelle culture. Des épreuves de la vie quotidienne semblent insurmontables. C’est le « choc culturel » [13]. La personne se sent complètement désorientée et peut éprouver une grande détresse émotionnelle. Des symptômes tels que l’insomnie, l’anxiété, la perte d’appétit peuvent apparaître.
31L’identité de la personne est très impactée dans ses différentes strates. Elle vit son sens de Soi comme instable et le besoin d’un « Autre régulateur de soi » pour s’étayer devient crucial. Ce vécu interne ne trouve pas cependant le contenant nécessaire dans la culture d’accueil ; l’expatrié ne peut pas non plus accéder à son propre Parent interne contenant. Le Soi émergent et le Soi noyau peuvent être impactés et des blessures archaïques peuvent resurgir. Dans le Soi subjectif, la personne expérimente que son cadre de référence n’est plus socialement partagé. L’approche interprétative de la culture proposée par Philippe d’Iribarne permet de mieux comprendre la déstabilisation ressentie par l’expatrié. Il la définit comme un système de sens permettant à une personne de disposer d’un système d’interprétation de son expérience. Cette construction est à la fois individuelle et sociale. La culture d’une communauté est constituée de ces concepts partagés qui servent de contexte d’interprétation [14]. Dans la phase du choc culturel, la sensation de solitude de l’expatrié est exacerbée car son système de sens est inopérant. La personne éprouve ainsi un sentiment puissant d’étrangeté vis-à-vis d’elle-même ; la continuité et la cohérence de son identité sont bouleversées.
« Je ne me reconnaissais plus. Je n’avais plus envie de sortir ni de rien faire. Je ne savais plus qui j’étais. J’avais besoin de rentrer chez moi, de voir mes amis, ma famille, de retrouver mes repères pour reprendre des forces. J’ai décidé de partir pendant un mois pour les fêtes de fin d’année. »
33Le système Enfant est débordé par des émotions de détresse. Son système de tri, dont l’objectif est d’éviter les expériences douloureuses et de reproduire celles qui procurent du plaisir, se trouve coincé. La mise en place inconsciente des stratégies préalables n’obtient pas des autres personnes les réactions escomptées. Les nouvelles expériences relationnelles caractérisées par le manque d’accordage avec la nouvelle culture, sont vécues comme douloureuses. L’expatrié se sent rejeté, jugé, et c’est le système Parent qui enregistre ces nouvelles réactions. Le système Enfant va élaborer de nouvelles conclusions sous la forme d’une dévalorisation du sens de Soi. La personne éprouve des doutes par rapport à ses compétences internes et externes.
« Dans le cadre de mes études j’ai dû me prêter pour la première fois à l’exercice d’une soutenance de mémoire. J’étais déjà très fatiguée et sans doute sous l’influence, sans le savoir à l’époque, du choc culturel. J’ai présenté mon travail et à la suite de cela, j’ai assisté à une cascade des critiques du jury sans aucun commentaire positif. J’étais effondrée. Je me disais que j’étais vraiment incapable et que j’avais raté ma présentation. Mon directeur de mémoire ne comprenait pas mon état, car il m’a expliqué que le principe de cet exercice était de critiquer le travail présenté, et que ce que j’avais fait n’était pas si mal. Sa réaction m’a maintenue dans ma tristesse et ma désolation. »
35Le système Enfant et le système Parent renforcent chez l’expatrié un ressenti d’échec et d’impuissance. Un sentiment de culpabilité s’empare de la personne. Elle réalise enfin son rêve d’expatriation et pourtant elle ne se sent pas bien. Elle se dévalorise et ressent toute la dureté de son Parent interne qui ne cesse pas de lui faire passer le message qu’elle est vraiment incapable. Comme le signale José Grégoire [15], « C’est au niveau de cette composante Parent du sens de soi et de ses interactions que se situe la plus ou moins grande vulnérabilité de la personne aux jugements d’autrui ». Plus les frontières de l’expatrié seront perméables, plus le manque d’accordage à l’Autre, avec cette nouvelle culture, sera vécu comme un jugement négatif et dévalorisant. Dans ce contexte, le système Adulte n’est pas en mesure d’apporter une analyse plus lucide de la réalité car il est momentanément inopérant.
d – La phase d’ajustement
36La force de l’homéostasie visant à préserver l’équilibre identitaire pousse rapidement l’expatrié à trouver une issue à cette crise [16]. Pour sortir du choc culturel et rétablir une cohérence de soi, la personne peut adopter différentes stratégies inconscientes de protection de l’identité. Cette phase d’ajustement est aussi appelée la phase d’acculturation qui est « le réagencement des éléments culturels initialement véhiculés par la personne sous l’effet de la rencontre avec d’autres groupes culturels » [17]. En termes d’analyse transactionnelle, on peut dire que c’est le besoin d’obtenir des signes de reconnaissance qui va déterminer la façon dont l’expatrié va s’adapter à son nouvel environnement et à ses interlocuteurs proches [18]. Selon J.W. Berry, il y a quatre stratégies dominantes dans le processus d’acculturation : l’intégration, l’assimilation, la ségrégation et la marginalisation [19].
37Ce que j’ai pu observer chez plusieurs de mes clients, c’est que la sortie du choc culturel s’effectue souvent avec des stratégies de suradaptation. L’expatrié met toute son énergie à essayer d’interpréter ce qu’on attend de lui pour se couler dans un moule pouvant lui procurer enfin les signes de reconnaissance dont il manque tant. C’est le système Enfant, avec son vécu subjectif, qui dresse inconsciemment un portrait-robot du « bon expatrié ». Il est soutenu par le système Parent qui filtre les réactions des autres, afin d’adopter les comportements visant l’acceptation et éviter ainsi des jugements douloureux. Ce comportement symbiotique peut masquer une peur archaïque d’abandon. L’influence croissante des drivers et des injonctions conduisent à des inhibitions importantes permettant d’éviter de s’exposer à la souffrance d’être rejeté en étant soi-même. Les drivers et les injonctions que la personne porte dans son scénario individuel vont être mis au service des interprétations sur ce qu’il croit devoir être son comportement :
« J’ai mis entre parenthèses mon côté joyeux. J’aime beaucoup rire. Et quelqu’un m’a dit un jour que mon travail n’était pas sérieux. C’était mon attitude et non pas mon travail qui était en cause. Et je me suis dit : cela n’arrivera plus. Cela a été pour moi un point d’inflexion où j’ai accepté beaucoup des choses de la culture française. »
« Je voulais absolument parler sans accent, que les gens ne se rendent pas compte que je n’étais pas française. J’évitais de parler beaucoup pour éviter d’être démasquée. »
« J’ai adopté les codes vestimentaires qui, selon moi, pouvaient me permettre d’être accepté. »
41Dans cette phase de suradaptation, une croyance plane derrière ces décisions : l’adaptation à la nouvelle culture passe par une forme de renoncement à sa culture d’origine, il s’agit de gommer tout ce qui peut marquer une différence, de se fondre dans la masse. Ces nouvelles décisions rendent compte de l’aspect dynamique du scénario de vie tel que le définit B. Cornell : « un processus continu de construction psychologique de la réalité ; dans cette construction, la personne se définit et parfois se restreint elle-même » [20]. C’est l’assimilation dont parle Berry, car la personne abandonne sa culture au profit d’une interaction exclusive avec la nouvelle culture. Dans ce renoncement inconscient à ses origines, un conflit intrapsychique va se poser entre la loyauté à sa propre culture et la loyauté à la culture d’accueil. Le sens de Soi est fragilisé pendant cette période, car l’expatrié ne peut pas être lui-même sans risquer d’être rejeté.
e – La phase d’adaptation
42L’expatrié trouve progressivement un certain équilibre dans sa nouvelle vie. La maîtrise des codes culturels, la création de nouveaux repères et l’établissement de relations intimes contribuent à créer un nouvel attachement au pays d’accueil. Parfois, la formation des couples mixtes ainsi que la naissance d’enfants donnent une nouvelle dimension à l’expatriation. Les expériences relationnelles au sein de la culture d’accueil sont synthétisées. L’expatrié dispose désormais de réactions adaptées au nouvel environnement, parfois au prix de l’évitement de certaines expériences. Il commence à expérimenter un sentiment de sécurité dans la culture d’accueil et la peur inconsciente d’être rejeté s’atténue [21]. Cela permet de libérer de l’énergie bloquée dans la suradaptation, ce qui peut remettre en question l’équilibre préexistant entre les systèmes Enfant, Parent et Adulte.
43C’est dans cette phase de son expatriation que Julia est venue dans mon cabinet de coaching, avec une première demande liée à sa situation professionnelle. Elle et son mari sont d’origine latino-américaine. Ils sont installés en France depuis sept ans. Elle a 40 ans et leurs deux enfants de 3 et 5 ans sont nés en France. Elle exerce le métier de traductrice. Son mari et elle sont éloignés de leurs familles respectives. Elle a quelques amis français et des amis hispanophones avec lesquels elle s’entend très bien. Elle a fait toute sa scolarité au lycée français de son pays d’origine. Je constate qu’elle est plutôt bien intégrée dans la culture française.
44Julia s’interroge sur l’évolution de sa situation professionnelle. Elle me fait part d’un sentiment de solitude qui est de plus en plus présent dans l’exercice de son métier en tant que travailleur indépendant. Elle éprouve également un manque de reconnaissance car ses clients ne lui donnent pas explicitement de feedback sur son travail. Elle ne déduit qu’ils sont satisfaits que du fait qu’on lui demande régulièrement de nouvelles traductions.
45Dans la formulation de ses nouveaux besoins, j’identifie chez ma cliente l’énergie du système Enfant qui commence à se libérer : envie de partager avec ses pairs, d’avoir des signes de reconnaissance plus adaptés à ses besoins, de vivre des expériences gratifiantes. Un désir émerge, encore non élaboré, de quitter une forme de frustration provoquée par la stratégie de suradaptation et les renoncements à des besoins importants.
46Les séances suivantes sont consacrées à l’exploration des différentes possibilités d’évolution professionnelle. Son système Adulte est très présent dans cette phase, apportant la lucidité nécessaire pour analyser les options qui s’offrent à elle, en fonction de ses compétences et de son expérience professionnelle préalable.
47Julia arrive à la cinquième séance très contrariée. Elle me raconte un incident vécu dans le parc avec son fils de 3 ans. Elle discutait avec une autre maman et voit à ce moment-là qu’une femme est en train de parler à son fils en le pointant du doigt. Pendant qu’elle se rapproche, elle l’entend dire : « … et tes parents te permettent une chose pareille ! ». Il semblerait que son fils ait pris le jouet d’une petite fille qui s’est mise à pleurer. Julia n’a aucune réaction. Elle prend son enfant dans ses bras et ils rentrent à la maison. Elle me dit à quel point elle a ressenti un manque d’amour dans le comportement de cet adulte vis-à-vis de son fils qui est un enfant d’à peine trois ans. Elle me parle de sa sidération face à cette situation ; l’agressivité qu’elle a ressentie chez cette adulte s’adressant à son fils, l’a laissée sans réaction : « je me suis sentie partagée entre le fait que mon fils devait être réprimandé et la réaction agressive de la personne ».
48Je ressens une colère rentrée venant du système Enfant, face à ce qu’elle considère comme une injustice : ce comportement agressif et disproportionné dont son fils a été victime. Elle évoque sa culpabilité de ne pas avoir su le défendre. Elle se dévalorise et son système Parent montre à quel point elle est perméable aux jugements des autres et de son propre Parent interne. Le sens de Soi subjectif est très impacté car Julia expérimente à quel point son système interprétatif de la vie sociale n’est pas partagé par la culture dominante : « dans mon pays d’origine, on se parle entre parents pour régler un problème, mais on ne dispute pas directement un enfant qui n’est pas le sien ». Le Soi verbal est bloqué et Julia est dans l’impossibilité de s’exprimer. L’impasse dans laquelle elle se trouve parle du conflit intrapsychique dont elle n’est pas encore consciente. Ce dilemme, qui, au cœur de tout processus d’intégration à une nouvelle culture, se pose en termes de loyauté : adhérer aux valeurs d’une nouvelle culture est trahir la sienne. À ce stade de l’élaboration psychique, Julia ne peut pas concevoir la coexistence de deux modèles.
49Cette séance marque un changement dans le déroulement du coaching. Julia souhaite comprendre pourquoi l’éducation de ses enfants est source de difficulté. Elle commence à prendre conscience des différences entre l’éducation qu’elle a reçue en Amérique latine et celle qui est dominante en France.
« J’ai l’impression que je dois imposer des choses à mes enfants, mais d’abord à moi-même, et cette vision que m’impose la société « c’est moi qui commande » ne me correspond pas. Je viens d’une famille très politisée où les limites étaient expliquées et pas imposées, et ça a très bien marché ».
51L’intégration des valeurs, des normes et des croyances d’une autre culture est l’aspect le plus problématique dans une expatriation et éduquer leurs enfants dans un pays étranger met les parents face à des questionnements douloureux. L’éducation pose avant tout la question de la transmission et des valeurs essentielles auxquelles on ne peut pas renoncer sans risquer de perdre son identité. Julia vit cette situation d’une façon binaire : reproduire le modèle dans lequel elle a été élevée ou céder à la pression de la culture dominante.
52Cette exploration des différences dans l’éducation fait tache d’huile et s’étend rapidement à d’autres domaines. Julia commence à utiliser de façon fréquente des formulations générales pour décrire des aspects de la culture française qu’elle rejette : « Les Français ne disent pas la vérité. », « Les Français intellectualisent trop. » « Les Français ne savent pas s’amuser. ». Dans ces formulations stéréotypées, la culture d’accueil devient le mauvais objet et porte la responsabilité du mal-être de Julia. Cette colère provient de la déception ressentie dans le système Enfant de ne pas avoir reçu ce qu’elle attendait de ce pays longtemps idéalisé. Ce faisant, elle reste dans une position symbiotique vis-à-vis de la culture d’accueil ; demeurer dans cette plainte la protège du fait de contacter sa propre souffrance liée à la croyance de devoir choisir entre les deux cultures. À ce stade, la possibilité d’intégrer des aspects des deux modèles est inaccessible pour ma cliente.
53Pendant mon accompagnement en coaching, je vais inviter ma cliente à utiliser les trois systèmes pour pouvoir faire le tri dans cette nouvelle culture entre ce qu’elle accepte ou refuse, en positif et négatif. Il s’agit de sortir des formulations stéréotypées sur « les Français » pour aller s’interroger sur son propre désir. La lucidité du système Adulte va permettre de dépasser les illusions contenues dans le système Enfant et faire le deuil d’une culture française longtemps idéalisée ; le système Adulte pourra également l’aider à questionner les a priori du système Parent, en particulier les croyances culturelles introjectées liées à la loyauté exclusive à ses origines.
54Julia identifie les aspects positifs de chaque culture en faisant le lien avec ses propres besoins et cela lui permet d’accepter les différences et de les vivre comme une richesse. Le sens de Soi subjectif s’élargit et Julia dispose désormais d’une capacité interprétative plus large de ses vécus sociaux qui lui permettent de s’adapter en préservant son intégrité. Sa culture d’origine et sa culture d’accueil ont trouvé leurs places dans son identité qui est devenue multiculturelle.
55L’expatriation est un voyage vers l’étranger qui modifie profondément la personne. « Dans ce périple fabuleux de l’Odyssée qui l’amène d’Ithaque à Troie, de Circé à Polyphème, de Calypso aux Sirènes : mille dangers, mille ruses et mille découvertes sur son chemin. Figure mythologique de l’étranger, Ulysse passe du familier à l’étranger en quête d’un renouveau aussi bien de l’identité que de la reconnaissance ». [22]
Conclusion
56Le contexte international ne peut qu’amplifier un phénomène déjà en marche : nous allons recevoir de plus en plus de clients issus d’autres cultures. Et pour pouvoir interroger la souffrance qui les amène à consulter, il est important de la situer dans leur histoire personnelle mais également dans leur rapport social et culturel à l’autre.
57Un client qui est en plein choc culturel peut présenter les symptômes d’un état dépressif. Il est probable qu’il se présente lui-même comme étant l’unique responsable de son état, sans pouvoir faire le lien entre sa souffrance et les difficultés d’intégration. Contextualiser un symptôme exclusivement en lien avec des décisions scénariques précoces peut rendre le coaching ou la thérapie inefficace. Car, comme le signale J. Grégoire, les strates plus récentes peuvent endommager les plus anciennes sans qu’il y ait un antécédent [23]. Même si le client a eu des fragilités importantes bien avant son expatriation, la souffrance liée à une rencontre difficile avec une nouvelle culture peut créer de nouveaux traumatismes.
58Des comportements de suradaptation ou l’existence d’impasses peuvent prendre une signification différente dans le traitement de nos clients si nous les rattachons à une problématique identitaire liée à l’intégration à une nouvelle culture. D’où l’importance, pour le thérapeute, d’avoir une certaine connaissance de la culture du client, et en particulier des phénomènes contre-transférentiels liés aux préjugés positifs ou négatifs éveillés par l’Étranger qui est en face de nous.
Bibliographie
Bibliographie
- Brécard, France et Hawkes, Laurie (2008). Le Grand Livre de l’analyse transactionnelle. Paris, Eyrolles.
- Chévier, Sylvie (2006). Le Management interculturel. Paris, PUF.
- Grégoire, José (2007). Les États du moi. Trois systèmes interactifs. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle.
- Hargaden, Helena et Sills, Charlotte (2006). Analyse Transactionnelle : Une perspective relationnelle. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle.
- Kaës, René et al. Différence culturelle et souffrances de l’identité. Chapitre 5 Sinatra, Francesco « La figure de l’étranger et l’expérience de l’exil dans la cure ».
- Lammel, Anna Maria (2008). Interculturalité et identification du point de vue des personnes issues d’autres cultures. Paris, Université de Paris VIII.
- Marc, Edmond (2005). Psychologie de l’identité. Soi et le groupe. Paris, Dunod.
- Moral, Michel (2004). Le Manager global. Paris, Dunod.
- Roberts, D.L. « Traitement de scénarios culturels ». Les classiques de l’analyse transactionnelle. Vol. 5.
- Schein, E. (1992). Organisation, Culture and Leadership. Jossey-Bass.
- Stern, Daniel (2015). Le Monde interpersonnel du nourrisson. Paris, PUF.
- Zilvetti Chaland, Magdalena (2015). Réussir sa vie d’expat’. Paris, Eyrolles.
Notes
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[1]
Grégoire, José (2007). Les Etats du moi. Trois systèmes interactifs. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle.
-
[2]
Marc, Edmond (2005). Psychologie de l’identité. Soi et le groupe. Paris, Dunod, p. 2.
-
[3]
Le Petit Robert.
-
[4]
Marc, Edmond, ibid., p. 2.
-
[5]
Il s’agit essentiellement de la psychologie, de la sociologie, de la philosophie et de l’anthropologie Pour une revue des principales théorisations dans le champ de la psychologie, voir Marc E., ibid., Première Partie « À la recherche de l’identité » p. 13.
-
[6]
Hargaden, Helena et Sills, Charlotte (2006). Analyse Transactionnelle : Une perspective relationnelle. Lyon, Les Editions d’Analyse Transactionnelle. Elles posent comme hypothèse que « le E2 est le soi total et que l’organisation interne du soi se compose de E1, A1 et P1, que nous relions au domaine du soi, selon Stern (1985) : le sens émergent du soi, le soi noyau, le soi intersubjectif et le soi verbal ».
-
[7]
Stern, Daniel (2015). Le monde interpersonnel du nourrisson, Paris, PUF.
-
[8]
Grégoire, José, op. cit., p. 65.
-
[9]
Ibid.
-
[10]
Grégoire, José, ibid., p. 80-81.
-
[11]
Zilvetti Chaland, Magdalena (2015). Réussir sa vie d’expat’, Paris, Eyrolles.
-
[12]
Schein, E. (1992). Organisation Culture ans Leadership, Jossey-Bass. Ce sont les aspects invisibles de la culture auxquelles on ne peut qu’accéder à travers des expériences relationnelles, et qui vont constituer le cœur du processus d’intégration : il s’agit des normes, des valeurs ainsi que des croyances profondes considérées comme des évidences inexplicables par les personnes d’une même culture.
-
[13]
Ce concept a été défini pour la première fois par l’anthropologue canadien Kalervo Oberg en 1960.
-
[14]
Chévrier, Sylvie (2006). Le Management interculturel. Paris, PUF.
-
[15]
Grégoire, José. Op. cit., p. 173.
-
[16]
Dans certains cas, l’expatrié n’arrive pas à surmonter ces difficultés, ce qui peut provoquer la décision de remettre en cause l’expatriation.
-
[17]
Moral, M. (2004). Le manager global. Paris, Dunod.
-
[18]
Brécard, France et Hawkes, Laurie (2008). Le Grand Livre de l’analyse transactionnelle. Paris, Eyrolles, p. 259.
-
[19]
Dans l’assimilation, l’individu abandonne son identité culturelle d’origine et cherche une interaction soutenue avec les autres cultures. En ce qui concerne l’intégration, elle se produit quand la personne conserve son identité et d’autres caractéristiques de sa culture, tout en faisant partie des structures économiques, politiques et juridiques du pays d’accueil. Dans la séparation et/ou ségrégation, les personnes cherchent à conserver leur propre culture en évitant toute interaction avec les membres de la culture dominante. Enfin, quand il s’agit de marginalisation, l’individu ne conserve pas sa culture d’origine, soit par manque d’intérêt, soit parce que cela lui est imposé par la culture dominante ; en même temps, il n’éprouve pas d’incitation à rentrer en relation avec la culture d’accueil, ce qui peut parfois correspondre à des attitudes d’exclusion ou de discrimination de la culture dominante (Lammel, 2009).
-
[20]
Cité par Brécard France et Hawkes, Laurie. Op. cit., p. 332.
-
[21]
On peut parler des conditions favorables à une sortie progressive de la relation symbiotique avec la culture.
-
[22]
Kaës, René et al. Différence culturelle et souffrances de l’identité. Chapitre 5 Sinatra, Francesco « La figure de l’étranger et l’expérience de l’exil dans la cure ». p. 131.
-
[23]
Grégoire, José. p. 73.