Notes
-
[1]
Des risques physiques, de transition et de responsabilité.
-
[2]
CDP est une organisation à but non lucratif basée au Royaume-Uni qui recueille des informations, par le biais d’un questionnaire, sur la manière dont les entreprises abordent le changement climatique.
-
[3]
Le tableau des variables financières par pays et secteurs est disponible sur demande.
-
[4]
Disponible sur demande.
-
[5]
Les 9 tableaux par pays sont disponibles sur demande auprès des auteurs.
-
[6]
Organisation internationale des commissions de valeurs.
Introduction
1 Le changement climatique introduit de plus en plus d’incertitude dans l’économie. Pour les entreprises en particulier, il implique trois types de risques [1] susceptibles d’avoir des conséquences financières importantes qui diffèrent selon les secteurs et se réalisent sur des horizons plus ou moins longs . Le principal impact se traduit généralement par une baisse de la performance financière de l’entreprise suite à une augmentation des coûts d’exploitation, un changement de modèle économique ou encore une modification de la structure du portefeuille d’actifs, avec comme répercussions sur les marchés financiers une baisse de la valorisation boursière et une plus faible disponibilité des capitaux. Si toutes les entreprises sont globalement concernées par ces risques, celles qui appartiennent à des secteurs polluants (transport, énergie, agroalimentaire, construction…) le sont davantage dans la mesure où les pertes potentielles peuvent être plus élevées. Ces dernières vont logiquement chercher à prévenir toute baisse de leur profit en adaptant leur stratégie à court, moyen et long terme. Tout l’enjeu est de prendre en compte les Risques et Opportunités Climatiques (ROC) dans la gestion globale des risques en leur accordant une place aussi importante que les risques traditionnels. Cette intégration implique au préalable d’identifier précisément la nature des ROC et d’évaluer leur ampleur ainsi que les horizons auxquels ils se matérialisent. Cela n’est possible que si les entreprises produisent des informations liées à ces risques à travers notamment le reporting climatique.
2 C’est précisément l’objectif de l’initiative internationale, la Task Force on Climate-related Financial Disclosure (TCFD), lancée par le Financial Stability Board (FSB) lors de la COP21 (2015). Celle-ci vise à répondre à la demande accrue des investisseurs en matière de transparence, en élaborant des recommandations sur les informations relatives aux ROC que les entreprises doivent diffuser. À travers ce référentiel climatique volontaire, l’idée est de réduire les asymétries d’informations qui limitent la compréhension de ces risques et donc leur gestion. C’est en 2017 que la TCFD a rendu public ses recommandations finales permettant aux entreprises d’identifier plus précisément la nature des données à divulguer afin de contribuer à la décarbonation de l’économie. Ces informations sont indispensables pour l’équipe dirigeante qui a la charge de définir la stratégie de transition bas-carbone de l’entreprise et de la mettre en œuvre en identifiant par exemple les opportunités d’investissements productifs et d’innovations technologiques susceptibles de réduire les impacts négatifs de la firme. Parallèlement, la direction transmet ces informations aux différents apporteurs de fonds qui peuvent alors prendre des décisions éclairées sur leurs futurs investissements en capital, lesquels vont déterminer son profit et sa performance (Marino et Matsusaka 2005). En ce sens, les recommandations de la TCFD s’inscrivent dans le cadre de la théorie de l’efficience des marchés par le biais du mécanisme de discipline de marché. Selon cette vision, les marchés financiers ont besoin de données de qualité et actualisées pour fonctionner efficacement et augmenter la confiance entre les acteurs . La réduction des asymétries d’information est censée améliorer la gouvernance au sens où elle permet d’orienter davantage les décisions vers de stratégies intégrant les ROC pour réduire leurs conséquences financières.
3 Cet article s’inscrit dans la littérature portant sur la relation entre les divulgations volontaires d’informations environnementales et la performance financière de la firme. Dans l’ensemble, on constate une absence de consensus des études empiriques antérieures : certains auteurs identifient un effet négatif des divulgations environnementales sur la performance financière des firmes conformément à une vision néo-classique de la firme ; d’autres concluent à un effet positif en se fondant sur la théorie de la légitimité ou encore à une absence de lien . Cet article vise à apporter une contribution à cette littérature en se focalisant en particulier sur les divulgations climatiques volontaires, dont les travaux sont plus rares car plus récents, à partir d’un échantillon de firmes issues de 9 pays européens sur la période 2018-2021. Pour approximer le niveau des divulgations climatiques, nous utilisons un score de conformité aux recommandations de la TCFD développé par Amar et al. (2022). La performance financière quant à elle est appréhendée par les 4 mesures complémentaires utilisées dans la littérature : le ROA, le ROE, le Market-to-book et le Q de Tobin.
4 L’étude empirique à partir d’un modèle à effets fixes montre que le niveau de conformité aux recommandations de la TCFD influence positivement la performance financière mesurée par le Market to Book et le Q de Tobin. A contrario, on observe une absence de lien entre le reporting climatique et les variables de performances financières ROA et ROE. Par ailleurs, les résultats révèlent des effets différents selon les pays. Si le reporting climatique a un effet négatif sur la performance financière en Finlande et en Espagne, il n’a aucune influence en Allemagne, en Italie et en Norvège. Cet effet est en revanche positif en France, en Suède, en Suisse et au Royaume-Uni. Puis les résultats par sous-domaines de la TCFD, semblent indiquer que selon le type d’information, l’effet n’affecte pas la même mesure de la performance financière. Enfin, un test en deux étapes selon Heckman est réalisé pour vérifier l’absence de biais de sélection et la robustesse du modèle.
5 La suite de l’article est organisée de la manière suivante. La section 1 présente les recommandations de la TCFD. La section 2 porte sur la revue de littérature sur la relation entre divulgations d’informations environnementales et performance financière. La section 3 décrit les données et la méthodologie utilisées puis la section 4 détaille les résultats de l’étude statistique et économétrique. La section 5 discute les résultats et conclut.
1. Des recommandations de la TCFD aux normes de durabilité
6 Les recommandations de la TCFD se déclinent en quatre sous-domaines du management de la firme : la gouvernance, la stratégie, la gestion des risques ainsi que les métriques et objectifs (Tableau 1). L’ensemble des informations devant être diffusées dans les rapports financiers annuels ont vocation à augmenter le niveau de divulgations climatiques mais aussi à les rendre plus claires, comparables et cohérentes, à l’instar de ce qui existe déjà pour les états financiers. La TCFD identifie les investisseurs comme les principaux destinataires du reporting climat.
Tableau 1 : Les recommandations de la TCFD
Gouvernance | Stratégie | Management des risques | Métriques et objectifs |
---|---|---|---|
La vision du Conseil d’administration sur les sujets climatiques | Identification des ROC sur le court, moyen et long terme | Description des processus pour identifier et évaluer les ROC | Diffusion d’informations sur les métriques utilisées pour évaluer les ROC |
Le rôle du management dans l’évaluation des ROC | Description des impacts des ROC sur le business, la stratégie et le planning financier | Description des processus de gestion des ROC | Diffusion d’informations sur les scopes 1, 2 et si pertinent du scope 3 |
Description des impacts potentiels de différents scénarios*, sur les business de l’organisation, la stratégie et le planning financier | Description de la manière dont les processus d’identification et d’évaluation des ROC sont intégrés dans la gestion globale des risques | Description des objectifs utilisés pour gérer les ROC et la performance au regard de ces objectifs. | |
* Scénarios qui limitent le réchauffement mondial à 2 °C ou moins. |
Tableau 1 : Les recommandations de la TCFD
7 Depuis leur publication, les recommandations de la TCFD ont reçu un soutien croissant de la part des entreprises et des États et sont devenues la référence mondiale en matière de reporting climatique (gouvernement français 2017, Commission européenne 2019). Elles ont notamment servi de base à l’élaboration de la norme de durabilité dédiée à l’information climat IFRS S2 publiée par l’International Sustainability Standard Board (ISSB) en juin 2023 (Braasch et Velte 2023). Pour Emmanuel Faber, Président de l’ISSB, « la TCFD a joué un rôle de pionnier en améliorant la pratique et la qualité des informations relatives au climat, en fournissant aux investisseurs des informations indispensables sur les risques et les opportunités liés au climat. » Dans un document visant à comparer la norme S2 et les recommandations de la TCFD, le Staff of the IFRS Foundation (2023) estime que la norme S2 intègre les 4 domaines de la TCFD et ses 11 recommandations, et exige des informations supplémentaires en particulier au niveau de l’information sectorielle. Il en découle qu’une firme qui applique la norme IFRS S2 est automatiquement conforme à la TCFD. Satisfait du contenu de la norme climat du normalisateur international ISSB, le FSB a décidé de lui déléguer à partir de janvier 2024 le suivi des progrès de cette normalisation de l’information sur le climat.
8 Côté européen, des travaux ambitieux ont été menés parallèlement pour standardiser l’information extra-financière. Comme l’affirment De Cambourg (2023), Président du Sustainability Reporting Board de l’EFRAG et Viard (2022), l’information financière est nécessaire mais pas suffisante pour un fonctionnement des marchés prenant en compte les enjeux de sociétés actuels, il est essentiel d’y adjoindre un reporting de durabilité pour atteindre un équilibre nécessaire à une prise de décision juste. Ainsi, en juillet 2023, la Commission européenne a adopté le premier jeu de normes de durabilité européennes (European Sustainability Reporting Standards ou ESRS) permettant de poser les bases d’un langage commun normalisé, à l’échelle de l’Europe. Les exigences de la norme dédiée au climat ESRS E1 Climate Change, sont ainsi réconciliables avec les recommandations de la TCFD (EFRAG 2022). Au final, l’intégration des recommandations de la TCFD dans les normes de durabilité (entrant en application au 1er janvier 2025) justifie l’intérêt d’étudier le niveau de divulgations climatiques des firmes au regard de la conformité à ces recommandations.
2. La relation entre divulgations d’informations environnementales et performance financière : une absence de consensus
9 La relation entre les divulgations volontaires d’informations environnementales et la performance financière a suscité un grand intérêt de la part des académiques depuis les années 1970. C’est en effet à partir de cette décennie que les acteurs économiques ont été encouragés à prendre en compte le développement durable dans leurs objectifs sous l’impulsion d’initiatives internationales. Les entreprises ont été progressivement incitées à se comporter de manière plus responsable pour faire face aux défis à la fois économiques, sociaux et environnementaux, s’inscrivant dans une démarche de RSE (Quairel et Capron 2013). Il en a découlé, à partir des années 2000, un nombre croissant d’études empiriques qui ont cherché à savoir si les divulgations volontaires d’informations environnementales des entreprises avaient un effet sur leur performance financière. Cette relation éventuelle repose principalement sur deux cadres théoriques, lesquels mettent l’accent tantôt sur les coûts liés à ces divulgations (théorie néo-classique), tantôt sur leurs gains en termes de compétences, de réputation et de réduction d’asymétries d’informations (théorie de la légitimité). Force est de constater une absence de consensus des résultats selon les échantillons, les périodes d’étude et les variables considérés (Brooks et Oikonomou 2018) : certains travaux académiques montrent un effet positif voire une absence de lien et dans une moindre mesure un effet négatif.
2.1. La divulgation d’informations environnementales : un impact négatif ou neutre sur la performance financière
10 Dans la vision néoclassique de la firme, la démarche RSE, avec les exigences en matière de divulgations d’informations que celle-ci implique, représente un coût supplémentaire. Cela peut être considéré comme une contrainte qui n’apporte ni valeur financière ni retour sur investissement suffisant pour l’entreprise, conduisant à une baisse de la performance financière . L’article fondateur de cette vision est celui de Friedman (1970) selon lequel le déploiement de pratiques RSE engendre des coûts de mise en œuvre supérieurs à tous les avantages tangibles potentiels et constitue un détournement de ressources financières précieuses pour l’entreprise. Dès lors, des travaux académiques ont consisté à analyser si le choix des entreprises de divulguer de manière volontaire des informations sur leurs pratiques environnementales pouvait avoir des conséquences sur leur performance financière.
11 Plusieurs auteurs identifient une relation négative entre la divulgation volontaire d’informations avec la performance financière (Q de Tobin, Market to book, ROA…). Ainsi Fisher-Vanden et Thorburn (2011) montrent une relation négative entre l’information volontaire d’adhésion des entreprises à des conventions climat et la valeur de l’entreprise (la market value des capitaux propres et le Market to book) entre 1993 et 2008. Dans la même veine, Fatemi et al. (2018) mettent en avant que le niveau de divulgation volontaire ESG (score de divulgation Bloomberg) a un effet négatif sur la performance financière (Q de Tobin) à partir d’un échantillon de 403 firmes américaines sur la période 2006-2011. Les travaux de Chen et al. (2022) révèlent que l’excès de divulgations volontaires sur les investissements environnementaux conduit à une diminution de la performance financière (ROA) pour un échantillon de 100 entreprises industrielles internationales entre 2005 et 2020.
12 Par ailleurs, de nombreuses études indiquent une absence de relation entre les divulgations volontaires environnementales et la performance financière, révélant ainsi que les parties prenantes considèrent indépendamment l’information environnementale et celle financière. Selon Ullmann (1985), il existe trop de variables pouvant influencer la performance financière des firmes ; il n’y a donc pas lieu d’anticiper de relation significative avec la divulgation d’information ESG. À titre d’illustration, l’étude de Qiu et al. (2016) démontre qu’il n’existe aucune relation entre le score de divulgation d’informations environnementales Bloomberg et la performance de la firme (mesurée par le ROA et ROE) sur un échantillon de 100 sociétés britanniques entre 2005 et 2009. Dans une étude portant sur la divulgation d’incidents ESG, Derrien et al. (2022) mettent en évidence, sur la période 2008-2019, que la publication « d’informations négatives ESG » n’a pas d’impact significatif sur la valeur de la firme mesurée par le discount rate. D’autres auteurs se sont penchés plus précisément sur la divulgation volontaire d’information environnementale conforme au référentiel GRI. Ainsi sur un échantillon de firmes de l’indice EUROSTOXX 600, Gietl et al. (2012) trouvent une relation négative et significative entre la diffusion d’informations GRI et la valeur de la firme (Q de Tobin) pour les entreprises de petite taille alors que la relation est non significative pour les firmes de grande taille de l’échantillon. Dans le même ordre d’idée, Sampong et al. (2018) et Gerged et al. (2023) concluent à une relation non significative entre la divulgation d’un reporting GRI et la valeur de la firme (mesurée par le ROA et le ROE) sur respectivement un échantillon de firmes sud-africaines entre 2010 et 2015 et d’entreprises nord-américaines et britanniques entre 2013 et 2019.
2.2. La divulgation d’informations environnementales : un impact positif sur la performance financière
13 À l’inverse de l’approche néo-classique, une autre vision considère que les pratiques ESG — parmi lesquelles les divulgations d’informations environnementales — constituent un moyen d’améliorer les compétences des équipes de directions et des salariés, les processus et la réputation de la firme conduisant ainsi à une amélioration de la performance financière mais aussi d’aller vers les attentes des parties prenantes . Cette vision peut être rapprochée de la théorie de la légitimité selon laquelle les entreprises utilisent la divulgation volontaire d’information ESG comme un moyen de légitimer leurs actions voire leurs inactions (Suchman 1995 ; de Villiers et Van Staden 2006). Pour les dirigeants s’engagent à appliquer un référentiel volontaire de reporting environnemental pour améliorer la performance financière de l’entreprise et donner une information supplémentaire aux investisseurs.
14 De nombreux auteurs identifient une relation positive entre la diffusion volontaire d’informations environnementales et la performance financière. Ainsi les études de Al-Tuwaijri et al. (2004) ou Alsaifi et al. (2020) concluent à un scénario gagnant-gagnant selon lequel les divulgations d’informations environnementales et climatiques sont récompensées par le marché par une amélioration de la performance financière. De la même manière, Dhaliwal et al. (2011), à partir d’un échantillon de 1 190 firmes américaines, identifient une baisse significative du coût du capital pour celles qui améliorent leur divulgation ESG sur la période 1993-2007. De leur côté, Plumlee et al. (2015) trouvent une relation positive entre la qualité de l’information GRI diffusée et la performance financière (flux de trésorerie et coût du capital) pour un échantillon de 79 firmes américaines appartenant à 5 secteurs polluants entre 2000 et 2005. Mais surtout, les auteurs démontrent que, quelle que soit la nature des informations environnementales divulguées, elles contribuent à améliorer la valeur de la firme. Pour leur part, Gerged et al. (2021) montrent une relation positive et significative entre un score de divulgation volontaire d’informations environnementales (comprenant 55 items) et la performance financière (Q de Tobin) pour un échantillon de 405 firmes non financières cotées dans les pays du Golfe entre 2010 et 2014. Ce résultat est particulièrement intéressant pour des firmes implantées dans des pays réputés comme particulièrement polluants et peu enclines à la prise en compte du changement climatique.
15 Les travaux de Minutolo et al. (2019), et Chouaibi et al. (2022) confirment que la diffusion volontaire d’informations environnementales a un impact positif sur la performance de la firme (mesurée entre autres par le Q de Tobin et ROA). Enfin, nous pouvons citer l’étude de Maji et Kalita (2022) qui identifie une relation positive et significative entre le score de conformité à la TCFD et la performance financière (ROA et capitalisation boursière) pour un échantillon de 22 firmes indiennes du secteur de l’énergie entre 2019 et 2020.
16 Au final, la revue de littérature met en lumière une grande diversité des résultats et donc une absence de consensus sur l’effet de la divulgation volontaire d’informations environnementales sur les différentes mesures de la performance financière de la firme. En outre, les études sur de larges échantillons européens sont rares et portent sur des périodes relativement anciennes (jusqu’à 2015). Le reporting climatique, quant à lui, apparaît encore comme un sujet peu étudié. À notre connaissance, nous n’avons identifié qu’une seule étude consacrée à la relation entre divulgations climatiques et performance financière (Maji et Kalita 2022). Cette étude vise à combler ces lacunes.
3. Données et méthodologie
3.1. L’échantillon
17 L’échantillon est composé de 1458 observations appartenant à 9 pays européens (Allemagne, Espagne, Finlande, France, Italie, Norvège, Royaume-Uni, Suède et Suisse). Il s’agit d’un échantillon non cylindré qui est constitué d’entreprises exclusivement présentes dans la base Carbon Disclosure Project [2] (CDP), considérée comme une référence en matière d’informations environnementales et climatiques. L’étude porte sur la période 2018 à 2021. En 2018, CDP a intégré dans son enquête annuelle des questions relatives à la mise en application des recommandations de la TCFD. Les autres données proviennent des bases Datastream et Refinitiv. Les entreprises de l’échantillon sont réparties en 13 secteurs d’activités selon la classification CDP dont les 4 plus importants sont : Industrie (374), Services (352), Infrastructure (176) et Matériaux (113). Les pays les plus représentés sont le Royaume-Uni (412), la France (232) et l’Allemagne (185).
3.2. Les variables expliquées
18 Au regard des travaux empiriques relatifs à la relation entre divulgations environnementales et performance financière (voir par exemple Alsaifi et al. (2020), Gerged et al. (2021), Gerged et al., 2023), nous avons retenu quatre mesures de la performance financière régulièrement utilisées dans la littérature : le ROA, le ROE, le Market-to-book et le Q de Tobin. Le choix de retenir plusieurs variables pour approximer la performance financière d’une entreprise réside dans leur complémentarité : les deux premières ont trait à la performance comptable de l’entreprise, les deux dernières sont des mesures de la valorisation financière de la firme. En conséquence, les résultats peuvent varier selon l’indicateur retenu (tableau 2).
Tableau 2 : Définition des variables de performance financière
Définition | Source | Références académiques | |
---|---|---|---|
ROA | Return On Asset = (Résultat Net/Total de l’actif) × 100 | Refinitiv | Robaina et Madaleno (2020) |
ROE | Return On Equity = (Résultat Net/Capitaux propres) × 100 | Refinitiv | Gerged et al. (2023) |
MtB | Market-To-Book = Capitalisation boursière/Capitaux propres | Refinitiv | (Alsaifi et al. 2020) |
Q de Tobin | Q = Capitalisation boursière/Valeur des actifs | Datastream | Chouaibi et al. (2022) |
Tableau 2 : Définition des variables de performance financière
19 Le ROA et le ROE représentent deux mesures de la performance financière issues des données comptables de l’entreprise, reflétant la perspective à court terme de la performance (Wang et al. 2023). Ils mesurent respectivement la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices en fonction de ses actifs (immobilisés et circulants) et le rendement des capitaux propres. Le Market to book (MtB) et le Q de Tobin sont des indicateurs de la performance financière prenant en compte la capitalisation boursière rapportée à des valeurs comptables qui mesurent respectivement la valeur de marché des capitaux propres et la profitabilité des investissements (actifs) selon le marché financier. En tant que mesure basée sur le marché, ils représentent la performance financière à long terme (Wang et al. 2023).
3.3. Les variables explicatives
20 Cette étude vise à identifier dans quelle mesure la divulgation volontaire d’informations climatiques influence la performance financière de la firme. La variable d’intérêt retenue concernant le reporting climatique est le Climate Risks and Opportunities Index — CRORI, un score de conformité aux recommandations de la TCFD développé par Amar et al. (2022). Le CRORI reprend 24 items permettant de vérifier la conformité des firmes à la TCFD. Il est calculé par les auteurs, à partir d’informations issues des bases de données CDP et Refinitiv. La base CDP est utilisée pour l’ensemble des items relevant de divulgations volontaires climatiques et la base Refinitiv pour la collecte des données quantitatives. Le CRORI est un score allant de 0 à 1 : plus il est proche de 0, plus la conformité est faible, plus il est proche de 1 plus la conformité est forte. Le CRORI est subdivisé en 4 sous-scores de 0 à 0,25 correspondant aux 4 sous-domaines des recommandations de la TCFD : CRORI-Gouvernance, CRORI-Stratégie, CRORI-Management des Risques et CRORI-Métriques. Conformément aux études appartenant à ce champ de recherche, plusieurs variables de contrôle sont retenues, leur influence sur la performance financière ayant déjà été identifiée dans des travaux antérieurs : la taille, le levier d’endettement, une variable binaire pour les secteurs les plus émetteurs de CO2, la taille du conseil d’administration, la présence d’un comité de développement durable, l’existence d’un audit RSE externe et le score ESG (tableau 3).
Tableau 3 : Les variables explicatives
Variables | Description | Source | Références académiques |
---|---|---|---|
CRORI | Score de conformité à la TCFD | Calculé par les auteurs | Amar et al. (2022) |
Taille | Logarithme du Chiffre d’affaires | Refinitiv | Fatemi et al. (2018) |
Dette | Levier financier (ratio « total dettes » sur « total capitaux propres ») | Refinitiv | Alsaifi et al. (2020) |
Nombre d’administrateurs | Logarithme de la taille du conseil d’administration | Refinitiv | Gerged et al. (2023) |
Comité Développement durable (DD) | Variable binaire valant 1 lorsque l’entreprise possède un comité de développement durable et 0 sinon | Refinitiv | Chouaibi et al. (2022) |
Audit RSE externe | Variable binaire valant 1 lorsque l’entreprise réalise un audit externe et 0 sinon | Refinitiv | Sampong et al. (2018) |
Secteur polluant | Variable binaire valant 1 lorsque le secteur principal d’activité appartient à un secteur fortement émetteur de CO2 | CDP | Alsaifi et al. (2020) |
Score ESG | Score ESG combiné | Refinitiv | Rahman et al. (2023) |
Tableau 3 : Les variables explicatives
21 Pour limiter l’effet des valeurs extrêmes dans les analyses, toutes les variables (hors CRORI et variables expliquées) de la base ont été winsorisées aux seuils de 1 % et 99 % (Fatemi et al. 2018).
3.4. Méthodologie
22 Le modèle empirique repose sur une régression sur données de panel pour tester la relation entre performance financière (PERF_FIN) et score de divulgation (CRORI). Deux modèles sont étudiés.
23 Le modèle (1) prend la forme suivante :
PERF_FIN k,it =β β 0 +β β 1 CRORI it +β β 2 Taille it +β β 3 Endettement it +β β 4 Administrateur it +β β 5 Polluant it +β β 6 Comité RSE it +β β 7 Audit RSE externe it +β β 8 Score RSE it +〖α α i fixed_indi +λ λ t fixed_time t + ε it (1)
25 où l’indice i représente l’entreprise i ; l’indice t ∈ [2018 ; 2019 ; 2020 ; 2021] désigne l’année ; la variable fixed_indi est l’effet fixe individuel correspondant à l’entreprise i ; fixed_timet est l’effet fixe temporel correspondant à l’année t ; enfin ε représente le terme d’erreur.
26 Le modèle (2) considère les sous-dimensions du CRORI de manière simultanée.
PERF_FIN k,it =β β 0 +β β 1,G CRORI_G it +β β 1,M CRORI_M it +β β 1,R CRORI_R it +β β 1,S CRORI_S it +β β 2 Taille it +β β 3 Endettement it +β β 4 Administrateur it +β β 5 Polluant it +β β 6 Comité RSE it +β β 7 Audit RSE externe it +β β 8 Score RSE it +〖α α i fixed_ind i +λ λ t fixed_time t +ε ε it (2)
4. Résultats
4.1. Statistiques descriptives
28 Le tableau 4 présente les statistiques descriptives des différentes variables étudiées.
Tableau 4 : Statistiques descriptives des variables sur la période 2018-2021
Variable | n | Moy | E.t. | Min | P25 | Mdn | P75 | Max |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
ROA_w | 1458 | 4,35 | 5,95 | -16,45 | 1,64 | 3,97 | 7,15 | 22,75 |
ROE_w | 1458 | 13,32 | 18,13 | -84,00 | 7,08 | 12,73 | 19,64 | 75,02 |
MtB_w | 1458 | 3,17 | 3,22 | 0,33 | 1,28 | 2,15 | 3,77 | 20,61 |
Q_w | 1458 | 1,370 | 1,01 | 0,25 | 0,75 | 1,02 | 1,59 | 5,71 |
CRORI | 1458 | 0,748 | 0,14 | 0,042 | 0,66 | 0,77 | 0,86 | 0,99 |
CRORI_G | 1458 | 0,23 | 0,02 | 0,00 | 0,22 | 0,25 | 0,25 | 0,25 |
CRORI_M | 1458 | 0,15 | 0,05 | 0,00 | 0,11 | 0,15 | 0,19 | 0,25 |
CRORI_R | 1458 | 0,190 | 0,03 | 0,00 | 0,19 | 0,19 | 0,20 | 0,25 |
CRORI_S | 1458 | 0,166 | 0,07 | 0,00 | 0,11 | 0,16 | 0,25 | 0,25 |
Taille_w | 1458 | 22,19 | 1,51 | 18,91 | 21,12 | 22,12 | 23,31 | 25,38 |
Endettement_w | 1458 | 0,24 | 0,27 | -0,62 | 0,10 | 0,28 | 0,41 | 0,85 |
Administrateurs_w | 1458 | 2,32 | 0,31 | 1,60 | 2,07 | 2,30 | 2,48 | 2,99 |
Polluant | 1458 | 0,84 | 0,36 | 0,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 |
Comité RSE | 1458 | 0,89 | 0,31 | 0,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 |
Audit RSE | 1458 | 0,76 | 0,42 | 0,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 | 1,00 |
Score ESG_w | 1458 | 64,46 | 14,30 | 27,39 | 53,87 | 65,43 | 75,45 | 90,45 |
Tableau 4 : Statistiques descriptives des variables sur la période 2018-2021
29 Sur l’ensemble de la période, le ROA moyen est de 4,35 avec un maximum de 22,75 et un minimum de -16,45 et le ROE moyen de 13,3 avec un écart type élevé de 18,1. Cette variable varie de 75,02 à -84. Quant aux deux mesures fondées sur des valeurs de marché, le market to book moyen et le Q de Tobin, elles sont respectivement de 3,17 et de 1,37 avec un faible écart type. Ces chiffres masquent des disparités sectorielles et nationales [3].
30 Concernant la variable d’intérêt CRORI mesurant le niveau de conformité des firmes aux recommandations de la TCFD, on observe que le score moyen de l’échantillon sur l’ensemble de la période est de 0,748, avec un maximum de 0,990 et un minimum de 0,042. Le sous-score le plus élevé est celui de la Gouvernance (0,239), puis Gestion des risques (0,19) Stratégie (0,16) et enfin Métriques (0,15).
31 Au regard des variables de contrôle, à titre d’illustration, 84 % des entreprises de l’échantillon font partie des secteurs polluants ; 76 % ont mis en place un audit externe de leur reporting RSE et 89 % se sont dotés d’un comité interne RSE.
Tableau 5 : Moyennes du score CRORI en fonction de l’année, du secteur et du pays
CRORI | CRORI_G | CRORI_S | CRORI_R | CRORI_M | |
---|---|---|---|---|---|
Années | |||||
2018 | 0,722 | 0,235 | 0,146 | 0,188 | 0,153 |
2019 | 0,732 | 0,236 | 0,147 | 0,189 | 0,160 |
2020 | 0,750 | 0,240 | 0,149 | 0,192 | 0,169 |
2021 | 0,799 | 0,246 | 0,179 | 0,190 | 0,185 |
Secteurs | |||||
Habillement | 0,790 | 0,242 | 0,185 | 0,196 | 0,167 |
Biotechnologie, Santé et Pharmacie | 0,697 | 0,236 | 0,143 | 0,184 | 0,134 |
Agriculture et Agro-alimentaire | 0,757 | 0,241 | 0,173 | 0,193 | 0,151 |
Energies fossiles | 0,846 | 0,244 | 0,207 | 0,200 | 0,195 |
Tourisme | 0,727 | 0,242 | 0,155 | 0,190 | 0,140 |
Infrastructure | 0,770 | 0,240 | 0,185 | 0,197 | 0,148 |
Industrie | 0,730 | 0,237 | 0,158 | 0,185 | 0,149 |
Matériaux | 0,793 | 0,243 | 0,184 | 0,196 | 0,170 |
Extraction minière | 0,818 | 0,242 | 0,208 | 0,201 | 0,167 |
Électricité | 0,877 | 0,242 | 0,225 | 0,202 | 0,208 |
Commerce | 0,759 | 0,241 | 0,168 | 0,193 | 0,157 |
Services | 0,717 | 0,236 | 0,149 | 0,185 | 0,147 |
Transports | 0,770 | 0,243 | 0,162 | 0,186 | 0,179 |
Pays | |||||
Finlande | 0,749 | 0,243 | 0,154 | 0,189 | 0,164 |
France | 0,809 | 0,241 | 0,195 | 0,198 | 0,175 |
Allemagne | 0,734 | 0,239 | 0,160 | 0,180 | 0,155 |
Italie | 0,793 | 0,240 | 0,191 | 0,200 | 0,162 |
Norvège | 0,718 | 0,233 | 0,168 | 0,189 | 0,128 |
Espagne | 0,794 | 0,239 | 0,187 | 0,195 | 0,173 |
Suède | 0,705 | 0,240 | 0,145 | 0,187 | 0,133 |
Suisse | 0,668 | 0,228 | 0,131 | 0,171 | 0,139 |
Royaume-Uni | 0,744 | 0,240 | 0,161 | 0,193 | 0,150 |
Tableau 5 : Moyennes du score CRORI en fonction de l’année, du secteur et du pays
32 Le tableau 5 révèle une amélioration de la conformité aux recommandations de la TCFD sur la période (le CRORI passe de 0,722 en 2018 à 0,799 en 2021). Il en va de même pour les scores liés aux sous-domaines de la TCFD Gouvernance, Stratégie et Métriques. Le score CRORI Gestion des risques a tendance à stagner. Quelle que soit l’année, c’est le sous-score Stratégie qui reste le plus faible et celui de la Gouvernance qui présente le niveau le plus élevé. Par ailleurs, les secteurs les plus polluants affichent des niveaux de conformité à la TCFD les plus élevés : le secteur de production électrique (0,809), énergies fossiles (0,846), extraction minière (0,818) et matériaux (0,793).
33 L’analyse du CRORI par pays révèle que les entreprises françaises tirent leur épingle du jeu, avec le meilleur taux de conformité pour le score global et les sous-scores Gouvernance, Stratégie et Métriques. L’Italie a le score moyen le plus élevé pour la Gestion des risques. Au contraire, les entreprises suisses se situent au bas du classement pour le score global et les sous-scores Gouvernance, Gestion des risques et Stratégie. Ce sont les entreprises norvégiennes qui présentent les sous-scores Métriques le plus bas.
34 La matrice des corrélations de Pearson a été réalisée, il n’en ressort aucune corrélation significative au regard de l’étude empirique [4].
4.2. Résultats des estimations
35 Le tableau suivant présente les résultats du modèle général pour identifier l’influence du degré de conformité aux recommandations de la TCFD sur la performance financière de la firme.
Tableau 6 : Résultats de la régression sur le CRORI global (modèle 1)
ROA | ROE | MtB | Q | |
---|---|---|---|---|
CRORI | 0,60 | 10,89* | 1,68*** | 0,49*** |
(0,37) | (1,75) | (2,67) | (3,08) | |
Taille | 7,10*** | 23,41*** | 0,09 | 0,09* |
(13,08) | (11,42) | (0,45) | (1,76) | |
Endettement | -8,71*** | -29,91*** | 1,71*** | -0,06 |
(-8,80) | (-8,00) | (4,53) | (-0,64) | |
Polluant | 0,78 | -2,83 | 0,18 | -0,01 |
(0,51) | (-0,49) | (0,32) | (-0,05) | |
Administrateurs | -2,10* | -2,68 | -0,27 | 0,10 |
(-1,79) | (-0,60) | (-0,61) | (0,84) | |
Comité RSE | 0,23 | 3,54 | -0,16 | -0,07 |
(0,38) | (1,57) | (-0,72) | (-1,13) | |
Audit RSE | -0,62 | -0,05 | 0,03 | -0,02 |
(-1,11) | (-0,02) | (0,14) | (-0,42) | |
Score ESG | 0,00 | -0,05 | -0,00 | -0,00 |
(0,14) | (-1,05) | (-0,13) | (-1,52) | |
Constante | -146,91*** | -499,86*** | 0,29 | -0,95 |
(-11,85) | (-10,69) | (0,06) | (-0,79) | |
Effets fixes individuels | oui | oui | oui | oui |
Effets fixes temporels | oui | oui | oui | oui |
N | 1458 | 1458 | 1458 | 1458 |
R² | 0,351 | 0,226 | 0,073 | 0,187 |
* p < 0,10 ; ** p < 0,05 ; *** p < 0,01 La valeur entre parenthèses correspond à la statistique t liée au test de significativité du coefficient. |
Tableau 6 : Résultats de la régression sur le CRORI global (modèle 1)
36 Le tableau 6 montre une relation positive (au seuil de 1 %) entre le niveau de conformité à la TCFD et la performance financière mesurée par le Market to Book et le Q de Tobin. Autrement dit, plus les entreprises sont transparentes au regard des recommandations de la TCFD, plus leur Market to Book et le Q de Tobin augmentent. Dans la mesure où ces indicateurs de performance reposent sur des données de marché, les investisseurs semblent valoriser plus favorablement les capitaux propres et les actifs des entreprises ayant un score de conformité élevé. En d’autres termes, on peut supposer qu’une meilleure divulgation climatique pourrait rassurer les investisseurs et donc améliorer leur valorisation. Ce résultat rejoint celui de Gerged et al. (2021) qui identifient un effet positif du reporting GRI sur le niveau du Q de Tobin sur un échantillon de firmes des pays du Golfe.
37 En revanche, aucune relation significative n’est observée entre le niveau de CRORI et le ROA et seulement dans une moindre mesure le ROE (seuil de 10 %). Il ne semble donc pas y avoir de relation notable entre une conformité élevée aux recommandations de la TCFD et la capacité de l’entreprise à générer des bénéfices au regard de son actif ou de ses capitaux propres. Ces résultats confirment ceux de Sampong et al. (2018) et Gerged et al. (2021) sur le reporting durable GRI portant respectivement sur des échantillons d’entreprises sud-africaines et du Golfe. On pourrait expliquer cette absence de lien entre ROE et ROA — qui reposent sur des données exclusivement comptables, historiques et non financières — et le CRORI par la déconnexion entre les méthodes comptables et les données relatives au climat. En revanche, ces résultats ne s’inscrivent pas dans ceux de Maji et Kalita (2022) qui mettent en avant une relation positive et significative entre la divulgation conforme à la TCFD et le ROA à partir d’un échantillon de firmes indiennes du secteur de l’énergie.
38 Concernant les variables de contrôle, on constate une relation significative et négative entre le ratio d’endettement et les indicateurs de performance financière ROA et ROE. Autrement dit, plus l’endettement est élevé, plus la performance financière est faible. Ce résultat est logique en termes comptables dans le sens où plus une entreprise est endettée, plus elle aura tendance à voir son bénéfice diminuer en raison des charges financières élevées. Toutefois, les résultats font apparaitre que plus le ratio d’endettement est élevé, plus le ratio de Market to Book est élevé. Ce résultat peut être rapproché des travaux sur le desserrement des contraintes financières des firmes. Dans cette optique, une entreprise affichant un niveau d’emprunt élevé (mais pas excessif) envoie un signal au marché sur la confiance qui lui est accordée par ses créanciers (Chiappini et al. 2022). On notera qu’aucune variable liée aux mécanismes de gouvernance ne semble avoir d’effet sur la performance financière. Enfin, les résultats montrent qu’il existe une relation significative et positive entre la taille et la performance financière mesurée par le ROA et le ROE. Enfin, on ne trouve aucune relation significative entre la variable représentant les secteurs polluants et les quatre variables approximant la performance financière. Ce résultat suggère que l’appartenance d’une entreprise à un secteur plus polluant n’est pas un déterminant de la performance financière.
39 Dans un second temps, une analyse approfondie a été menée en considérant les sous-scores de conformité aux recommandations de la TCFD (Tableau 7).
Tableau 7 : Résultats des régressions par sous-score du CRORI (modèle 2)
ROA | ROE | MtB | Q | |
---|---|---|---|---|
CRORI_G | -8,36 | 87,16*** | -2,66 | -0,43 |
(-1,32) | (3,68) | (-1,10) | (-0,69) | |
CRORI_M | -0,79 | 2,21 | 0,56 | 0,76* |
(-0,20) | (0,15) | (0,37) | (1,95) | |
CRORI_R | 7,47 | 21,71 | 3,63** | 1,31*** |
(1,56) | (1,21) | (1,99) | (2,81) | |
CRORI_S | 0,23 | -21,53* | 2,71** | 0,12 |
(0,07) | (-1,68) | (2,08) | (0,37) | |
Taille | 7,12*** | 22,98*** | 0,11 | 0,09* |
(13,10) | (11,28) | (0,52) | (1,78) | |
Endettement | -8,82*** | -28,00*** | 1,63*** | -0,07 |
(-8,84) | (-7,48) | (4,29) | (-0,70) | |
Polluant | 1,06 | -5,15 | 0,34 | 0,01 |
(0,69) | (-0,90) | (0,59) | (0,06) | |
Administrateurs | -2,07* | -3,22 | -0,25 | 0,10 |
(-1,76) | (-0,73) | (-0,55) | (0,85) | |
Comité RSE | 0,28 | 1,93 | -0,11 | -0,07 |
(0,46) | (0,85) | (-0,47) | (-1,13) | |
Audit RSE | -0,64 | -0,14 | 0,03 | -0,02 |
(-1,14) | (-0,07) | (0,13) | (-0,45) | |
Score ESG | 0,00 | -0,05 | 0,00 | -0,00 |
(0,23) | (-1,04) | (0,01) | (-1,54) | |
Constante | -146,53*** | -499,31*** | 0,40 | -0,91 |
(-11,82) | (-10,75) | (0,08) | (-0,75) | |
Effets fixes individuels | oui | oui | oui | oui |
Effets fixes temporels | oui | oui | oui | oui |
N | 1458 | 1458 | 1458 | 1458 |
R² | 0,354 | 0,239 | 0,078 | 0,191 |
* p < 0,10 ; ** p < 0,05 ; *** p < 0,01 La valeur entre parenthèses correspond à la statistique t liée au test de significativité du coefficient. |
Tableau 7 : Résultats des régressions par sous-score du CRORI (modèle 2)
40 Si on détaille l’analyse par sous-domaine du CRORI, on observe que chaque sous-score influence des indicateurs de performance financière différents. Le score Gouvernance a un effet positif sur le ROE (au seuil de 1 %). Le score Stratégie influence positivement le Market to Book (au seuil de 5 %). Le score Gestion des risques influence positivement le Q de Tobin (au seuil de 1 %) et le Market to Book (au seuil de 5 %). Le score Métriques influence positivement le Q de Tobin (mais au seuil de 10 %). On constate par ailleurs, que le ROA n’est jamais influencé par le niveau de conformité aux recommandations de la TCFD (score général et sous-score). Ces résultats peuvent laisser supposer que les acteurs des marchés financiers européens sont sensibles à des informations de natures différentes correspondant aux différents domaines de la TCFD.
41 Enfin, les régressions estimées par pays [5] révèlent des différences nationales que l’on peut appréhender à travers la constitution de trois groupes. Un premier groupe de pays comprend des firmes pour lesquelles le niveau de CRORI a une influence significative sur le ROE. Au Royaume-Uni, cet effet est positif au seuil de 1 %, ce qui suggère que les entreprises britanniques ayant un CRORI élevé ont un meilleur ROE. À l’inverse, en Finlande et en Espagne, les résultats identifient une relation négative au seuil respectivement de 5 et 10 %. En dépit d’une significativité moins forte, ces résultats suggèrent que dans ces deux pays, les marchés considèrent la conformité à la TFCD comme un coût supplémentaire faisant ainsi perdre de la valeur aux capitaux propres de la firme. On distingue un deuxième groupe de pays comprenant la France et la Suède où le modèle montre que le niveau de conformité à la TCFD des firmes a un effet positif sur la performance financière mesurée par le Market to Book et le Q de Tobin. La significativité est forte pour la France (au seuil de 1 %) et plus faible en Suède (5 et 10 %). En ce sens, les acteurs des marchés financiers semblent davantage valoriser les informations volontaires sur les ROC. Un troisième groupe rassemble les entreprises de trois pays (Italie, Norvège, Allemagne) pour lesquelles il n’existe aucune relation significative entre le CRORI et les indicateurs de performance financière. Cela peut révéler que dans ces pays le marché ne considère pas que le niveau de conformité à la TCFD peut influencer la performance financière des firmes mesurée par le Q de Tobin et le Market to Book. Enfin, la Suisse semble être le seul pays à afficher une relation positive et significative au seuil de 5 % entre le CRORI et le ROA mais aussi avec le Q de Tobin. Ce résultat peut sous-entendre que le niveau de conformité à la TCFD est un indicateur d’amélioration de la performance financière liée à la structure de l’actif des firmes suisses. En effet, que cela soit le ROA ou le Q de Tobin, ces deux mesures mettent en perspective le niveau de l’actif (total ou immobilisé). Pour le marché suisse, le fait d’avoir un haut niveau de conformité à la TCFD semble influencer la rentabilité des actifs des firmes concernées.
4.3. Test de robustesse
42 Dans la mesure où l’échantillon étudié s’appuie sur les entreprises répondant volontairement au questionnaire CDP, il peut en découler un biais de sélection. Afin de le prendre en compte et de tester la robustesse des résultats, nous appliquons l’approche d’Heckman en deux étapes (Zhu et al. 2022). Dans la première étape, l’échantillon initial est élargi à toutes les entreprises cotées dans les 9 pays sur la période 2018-2021 soit 2994 entreprises/années. Puis une variable binaire « Divulgation CDP » (CDP_divul) est introduite valant 1 lorsque l’entreprise répond à CDP et 0 sinon. Nous utilisons la proportion d’entreprises par secteur présentes dans CDP (CDP_divul_sect) comme condition d’exclusion, pour laquelle il est anticipé une influence positive sur la variable divulgation (Lennox et al. 2012). Nous présumons que la variable CDP_divul_sect est associée à la probabilité de répondre à CDP et qu’elle n’est pas corrélée aux variables explicatives. À partir d’un modèle probit, nous obtenons le Inverse Mill Ratio (IMR) pour chaque observation.
43 Dans la seconde étape, le ratio IMR est intégré dans les modèles de régression (1) et (2) comme variable explicative additionnelle afin de permettre d’évaluer la présence d’un biais de sélection dans les modèles initiaux.
44 Les résultats, présentés dans le tableau 8, font apparaitre que, lors de la première étape, le coefficient associé à la variable d’exclusion (CDP_divul_sect) est positif et significatif (au seuil de 5 %). Lors de la deuxième étape, le coefficient associé au IMR n’est pas significatif. Ainsi, l’approche d’Heckman ne met pas en évidence de biais de sélection. La robustesse de nos analyses est renforcée : les résultats en présence de la variable de contrôle IMR sont comparables à ceux du modèle principal.
Tableau 8 : Résultat de l'analyse de robustesse selon l'approche d'Heckman
Tableau 8 : Résultat de l'analyse de robustesse selon l'approche d'Heckman
5. Discussion et conclusion
45 Le changement climatique engendre des risques susceptibles de générer des pertes financières pour les entreprises et donc une réduction de leur résultat. Dès lors, tout l’enjeu est de les intégrer dans la gestion globale des risques, ce qui implique de produire des informations afin d’identifier précisément la nature de ces risques climatiques et d’évaluer leurs impacts. Cet article vise à identifier si les divulgations volontaires d’informations climatiques influencent la performance financière en se focalisant sur un échantillon de sociétés cotées issues de neuf pays européens sur la période 2018-2021. Le niveau des divulgations climatiques est approximé par un score de conformité aux recommandations de la TCFD sur le Climate Risks and Opportunities Index — CRORI. La performance financière quant à elle est appréhendée par quatre mesures complémentaires : le ROA, le ROE, le Market-to-book et le Q de Tobin.
46 Les résultats du modèle général montrent qu’il existe une relation positive entre la conformité aux recommandations de la TCFD (via le CRORI) et la performance financière mesurée par des indicateurs reposant sur des données de marché comme le Market to book et le Q de Tobin. Les résultats ne sont pas significatifs pour le ROA et très faiblement pour le ROE. Ainsi, le reporting climatique semble avoir un effet positif sur les mesures de la performance financière fondées sur les valeurs boursières, laissant supposer que les marchés financiers sont sensibles aux divulgations climatiques de la firme pour la valoriser.
47 Une analyse plus fine met en exergue une disparité des résultats selon les pays. Dans la lignée du modèle général, on observe un effet positif du reporting climatique sur le Market to book et le Q de Tobin pour les sociétés françaises et suédoises dans une moindre mesure, révélant ainsi que dans ces deux pays les investisseurs envisagent des opportunités de marché et valorisent les informations volontaires sur les ROC. Ce résultat est cohérent dans la mesure où ces deux pays sont à l’avant-garde en matière de réglementations environnementales, en particulier la France qui a promulgué une série de lois rendant obligatoire la divulgation d’informations extra-financière (NRE, 2001, Grenelle II, 2010, Loi sur la transition énergétique et la croissance verte, 2015). D’ailleurs, on remarquera l’effet de ces différentes réglementations puisque les sociétés françaises affichent le niveau le plus élevé de CRORI. Ces résultats sont conformes à la théorie de la légitimité selon laquelle les parties prenantes sont dans l’attente d’un reporting climatique de qualité conduisant à une amélioration de la performance financière des firmes. Un autre résultat intéressant concerne les sociétés norvégiennes et allemandes pour lesquelles il n’existe aucune relation significative entre le CRORI et les indicateurs de performance financière. Cela sous-entend que les différentes mesures de la performance ne sont pas liées au reporting climatique. Cette absence de lien peut s’expliquer par la faiblesse de la conformité du reporting à la TCFD des sociétés norvégiennes et allemandes dont les niveaux de CRORI sont parmi les plus bas de l’échantillon. À l’inverse, pour les firmes finlandaises et espagnoles, il est identifié une relation négative entre les divulgations climatiques et le ROE, suggérant que dans ces 2 pays, la conformité à la TFCD est associée à un coût supplémentaire réduisant la rentabilité des capitaux propres de la firme. Ceci est conforme à la vision néoclassique pour laquelle le reporting climatique conduit à une baisse de la performance financière.
48 Enfin, les régressions par sous-domaine du CRORI révèlent que chaque sous-score influence des indicateurs de performance financière différents. Il est notable de constater que seul le score Gestion des risques influence positivement 3 indicateurs de performance financière à savoir le Q de Tobin, le Market to Book et le ROE. Au regard des deux premières mesures, les investisseurs semblent attacher particulièrement de l’importance aux informations liées à la gestion des ROC, lesquelles sont cruciales pour améliorer l’allocation des ressources et donc prévenir toute baisse de profit.
49 Au final, cette étude montre, à l’instar de la littérature, une grande diversité des résultats révélant ainsi l’absence de consensus sur l’existence d’un lien entre divulgation volontaire d’informations climatiques et les différentes mesures de la performance financière de la firme. L’effet du niveau de conformité à la TCFD sur la performance financière (quelle que soit sa mesure) n’est pas systématique, pouvant induire une déconnexion entre les deux. Cela peut s’expliquer par la faible qualité du reporting climatique ou encore le peu d’intérêt que portent les investisseurs aux questions climatiques.
50 Dans la perspective de la normalisation de durabilité aux niveaux européen et international, on peut estimer que les marchés ne perçoivent pas encore pleinement l’intérêt stratégique de l’information climatique. Dès lors, ils n’en tiennent pas systématiquement compte dans la valorisation des titres. Cela laisse supposer que les acteurs de marchés ne considèrent pas les informations climatiques volontaires comme suffisamment pertinentes. Le reporting climat n’étant pas systématiquement vérifié par un auditeur externe, l’assurance de sa qualité n’est pas acquise. Une voie d’amélioration de la qualité du reporting climat serait d’inciter les firmes à adopter des systèmes de comptabilité environnementale du type CARE (Rambaud et Richard 2015) ou bien d’appliquer des méthodes reconnues d’évaluation et de comptabilisation des émissions de GES (comme le GHG Protocol). À ces conditions, les acteurs du marché pourraient alors considérer les informations sur les ROC comme pertinentes et les valoriser davantage. Dans cette optique, le récent positionnement de l’OICV [6] (2023) prend toute son ampleur. Regroupant 130 autorités de marchés règlementant 95 % des marchés de capitaux mondiaux, cette institution internationale recommande à l’ensemble de ses membres d’intégrer les normes de durabilité de l’ISSB dans leurs cadres réglementaires respectifs afin d’assurer la cohérence et la comparabilité des informations relatives au développement durable dans le monde entier. Cet engagement représente un premier pas vers cette sensibilisation des marchés financiers au reporting climat.
51 Cet article a une triple contribution. À notre connaissance, c’est l’une des premières études portant sur la relation entre la divulgation d’informations sur les ROC et la performance financière. Une telle analyse représente un sujet d’actualité dans la perspective de l’application des normes de durabilité IFRS S2 et ESRS. La seconde porte sur un large échantillon qui comprend un nombre important de sociétés issues de 9 pays européens sur une période récente (2018-2021). Enfin les résultats peuvent avoir des implications pour les managers des entreprises puisqu’il apparait que la divulgation volontaire d’informations sur les ROC selon la TCFD peut avoir un effet positif sur la valorisation boursière des firmes. Étant donné les fortes attentes des marchés et des investisseurs en matière d’informations climatiques, les dirigeants d’entreprises doivent donc prendre toute la mesure des effets bénéfiques du reporting climat, en particulier les données sur la gestion des ROC.
52 Au regard de la diversité des résultats par pays, il serait pertinent d’approfondir cette étude à travers une analyse qualitative auprès d’entreprises et d’investisseurs afin d’identifier les spécificités nationales. À plus long terme, au regard des évolutions règlementaires en cours, à la fois aux niveaux européen et international, il sera intéressant d’observer les évolutions des pratiques des firmes en matière de reporting climat sur la base des nouvelles informations certifiées qui seront divulguées.
53 Les auteurs remercient l’Autorité des normes comptables (ANC) pour son soutien financier ainsi que la Chaire Énergie et Prospérité sous l’égide de la Fondation du Risque et la Chaire Économie du Climat.
Bibliographie
Bibliographie
- Al-Tuwaijri, S. A., Christensen, T. E. and Hughes, K. E. (2004). The relations among environmental disclosure, environmental performance, and economic performance: a simultaneous equations approach. Accounting, Organizations and Society, 29 (5): 447-471. DOI: https://doi.org/10.1016/S0361-3682(03)00032-1.
- Albitar, K., Al-Shaer, H. and Liu, Y. S. (2022). Corporate commitment to climate change: The effect of eco-innovation and climate governance. Research Policy, 52 (1044697) DOI: https://doi.org/10.1016/j.respol.2022.104697
- Albitar, K., Hussainey, K., Kolade, N. and Gerged, A. M. (2020). ESG disclosure and firm performance before and after IR: The moderating role of governance mechanisms. International Journal of Accounting & Information Management, 28 (3): 429-444. DOI: https://doi.org/10.1108/IJAIM-09-2019-0108.
- Alsaifi, K., Elnahass, M. and Salama, A. (2020). Carbon disclosure and financial performance: UK environmental policy. Business Strategy & the Environment (John Wiley & Sons, Inc), 29 (2): 711-726. DOI: https://doi.org/10.1002/bse.2426.
- Amar, J., Demaria, S. and Rigot, S. (2022). Enhancing financial transparency to mitigate climate change: Towards a Climate Risks and Opportunities Reporting Index. Enviromental Modeling & Assement, 27 (6) : 425-439. DOI: https://doi.org/10.1007/s10666-021-09800-7.
- Braasch, A. and Velte, P. (2023). Climate reporting quality following the recommendations of the task force on climate-related financial disclosures: A Focus on the German capital market. Sustainable Development, 31 (2): 926-940. DOI: https://doi.org/10.1002/sd.2430.
- Brooks, C. and Oikonomou, I. (2018). The effects of environmental, social and governance disclosures and performance on firm value: A review of the literature in accounting and finance. The British Accounting Review, 50 (1): 1-15. DOI: https://doi.org/10.1016/j.bar.2017.11.005.
- Chen, H.-M., Kuo, T.-C. and Chen, J.-L. (2022). Impacts on the ESG and financial performances of companies in the manufacturing industry based on the climate change related risks. Journal of Cleaner Production, 380 : 134951. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2022.134951.
- Chiappini, R., Montmartin, B., Pommet, S. and Demaria, S. (2022). Can direct innovation subsidies relax SMEs’ financial constraints? Research Policy, 51 (5): 104493. DOI: https://doi.org/10.1016/j.respol.2022.104493.
- Chouaibi, S., Rossi, M., Siggia, D. and Chouaibi, J. (2022). Exploring the Moderating Role of Social and Ethical Practices in the Relationship between Environmental Disclosure and Financial Performance: Evidence from ESG Companies. Sustainability, 14 (1): 209. DOI: https://doi.org/10.3390/su14010209.
- Clarkson, P. M., Li, Y., Richardson, G. D. and Vasvari, F. P. (2011). Does it really pay to be green? Determinants and consequences of proactive environmental strategies. Journal of Accounting and Public Policy, 30 (2): 122-144. DOI : https://doi.org/10.1016/j.jaccpubpol.2010.09.013.
- De Cambourg, P. (2023). L’extra financier sans la CSRD c’est une fake news. Masterclass CSRD. Vetted.
- De Villiers, C. and Van Staden, C. J. (2006). Can less environmental disclosure have a legitimising effect? Evidence from Africa. Accounting, Organizations and Society, 31 (8): 763-781. DOI: https://doi.org/10.1016/j.aos.2006.03.001.
- Derrien, F., Krueger, P., Landier, A. and Tianhao, Y. (2022). ESG News, Future Cash Flows, and Firm Value Swiss Finance Institute Research Paper No. 21-84 and HEC Paris Research Paper No FIN-2021-1441,, DOI: Available at SSRN: https://ssrn.com/abstract=3903274 or http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.3903274.
- Dhaliwal, D. S., Li, O. Z., Tsang, A. and Yang, Y. G. (2011). Voluntary Nonfinancial Disclosure and the Cost of Equity Capital: The Initiation of Corporate Social Responsibility Reporting. The accounting review, 86 (1): 59-100. DOI: https://doi.org/10.2308/accr.00000005.
- Efrag (2022). TCDF recommendations and ESRS reconciliation tables.
- Fama, E. and Jensen, M. (1983). Separation of ownership and control. The journal of law and Economics, 26 (2): 301-325. DOI: https://www.jstor.org/stable/725104.
- Fama, E. F. (1980). Agency Problems and the Theory of the Firm. Journal of Political Economy, 88 (2): 288-307.
- Fatemi, A., Glaum, M. and Kaiser, S. (2018). ESG performance and firm value: The moderating role of disclosure. Global Finance Journal, 38 : 45-64. DOI: https://doi.org/10.1016/j.gfj.2017.03.001.
- Fisher-Vanden, K. and Thorburn, K. S. (2011). Voluntary corporate environmental initiatives and shareholder wealth. Journal of Environmental Economics and Management, 62 (3): 430-445. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jeem.2011.04.003.
- Friedman, M. (1970). The Social Responsibility Of Business Is to Increase Its Profits. Corporate Ethics and Corporate Governance. W. C. Zimmerli, Holzinger, M., Richter, K., Springer, Berlin, Heidelberg.
- Gasbarro, F., Iraldo, F. and Daddi, T. (2017). The drivers of multinational enterprises' climate change strategies: A quantitative study on climate-related risks and opportunities. Journal of Cleaner Production, 160 : 8-26. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2017.03.018.
- Gerged, A. M., Beddewela, E. and Cowton, C. J. (2021). Is corporate environmental disclosure associated with firm value? A multicountry study of Gulf Cooperation Council firms. Business Strategy & the Environment (John Wiley & Sons, Inc), 30 (1): 185-203. DOI: https://doi.org/10.1002/bse.2616.
- Gerged, A. M., Salem, R. and Beddewela, E. (2023). How does transparency into global sustainability initiatives influence firm value? Insights from Anglo-American countries. Business Strategy and the Environment, n/a (n/a) DOI: https://doi.org/10.1002/bse.3379.
- Gietl, S., Goettsche, M., Habisch, A., Roloff, M. and Schauer, M. (2012). Does CSR Reporting Destroy Firm Value? Empirical Evidence on GRI-aligned European Firms Available at SSRN: https://ssrn.com/abstract=2183601, DOI: http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2183601.
- Ifrs Foundation (2023). IFRS Sustainability Disclosure Standards endorsed by international securities regulators.
- Ipcc (2012). Renewable Energy Sources and Climate Change Mitigation: Special Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change. Cambridge University Press.
- Jensen, M. (1976). Reflections on the state of accounting research and the regulation of accounting. http://papers.ssrn.com/abstract=321522.
- Kim, E.-H. and Lyon, T. P. (2014). Greenwash vs. Brownwash: Exaggeration and Undue Modesty in Corporate Sustainability Disclosure. Organization Science, 26 (3): 705-723. DOI: https://doi.org/10.1287/orsc.2014.0949.
- Lennox, C. S., Francis, J. R. and Wang, Z. (2012). Selection Models in Accounting Research. The accounting review, 87 (2): 589-616. DOI: https://doi.org/10.2308/accr-10195
- Li, Y., Gong, M., Zhang, X.-Y. and Koh, L. (2018). The impact of environmental, social, and governance disclosure on firm value: The role of CEO power. The British Accounting Review, 50 (1): 60-75. DOI: https://doi.org/10.1016/j.bar.2017.09.007.
- Maji, S. G. and Kalita, N. (2022). Climate change financial disclosure and firm performance: empirical evidence from Indian energy sector based on TCFD recommendations. Society and Business Review, 17 (4): 594-612. DOI: https://doi.org/10.1108/SBR-10-2021-0208.
- Marino, A. M. and Matsusaka, J. G. (2005). Decision Processes, Agency Problems, and Information: An Economic Analysis of Capital Budgeting Procedures. The Review of Financial Studies, 18 (1): 301-325. DOI: https://www.jstor.org/stable/3598074.
- Melloni, G. (2020). Climate change reporting: a commentary on key issues. Swiss Journal of Business Research & Practice, 74 (3): 312-323. DOI: https://doi.org/10.5771/0042-059X-2020-3-312.
- Minutolo, M. C., Kristjanpoller, W. D. and Stakeley, J. (2019). Exploring environmental, social, and governance disclosure effects on the S&P 500 financial performance. Business Strategy and the Environment, 28 (6): 1083-1095. DOI: https://doi.org/10.1002/bse.2303.
- Nicol, M., Hubert, R., Cochran, I. and Leguet, B. (2017). Managing climate risks for financial actors: from theory to practice, I4CE.
- Plumlee, M., Brown, D., Hayes, R. M. and Marshall, R. S. (2015). Voluntary environmental disclosure quality and firm value: Further evidence. Journal of Accounting and Public Policy, 34 : 336-361. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jaccpubpol.2015.04.004.
- Qiu, Y., Shaukat, A. and Tharyan, R. (2016). Environmental and social disclosures: Link with corporate financial performance. The British Accounting Review, 48 : 102-116. DOI : https://doi.org/10.1016/j.bar.2014.10.007.
- Quairel, F. and Capron, M. (2013). Le couplage « responsabilité sociale des entreprises » et « développement durable : mise en perspective, enjeux et limites. Revue française de socio-économie, 11er trimestre (11) : 105-124.
- Rahman, H. U., Zahid, M. and Al-Faryan, M. a. S. (2023). ESG and firm performance: The rarely explored moderation of sustainability strategy and top management commitment. Journal of Cleaner Production, 404 : 136859. DOI: https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2023.136859.
- Rambaud, A. and Richard, J. (2015). The “Triple Depreciation Line” instead of the “Triple Bottom Line”: Towards a genuine integrated reporting. Critical Perspectives on Accounting, 33 : 92-116. DOI: https://doi.org/10.1016/j.cpa.2015.01.012.
- Robaina, M. and Madaleno, M. (2020). The relationship between emissions reduction and financial performance: Are Portuguese companies in a sustainable development path? Corporate Social Responsibility and Environmental Management, 27 (3): 1213-1226. DOI: https://doi.org/10.1002/csr.1876.
- Sampong, F., Song, N., Boahene, K. O. and Wadie, K. A. (2018) Disclosure of CSR Performance and Firm Value: New Evidence from South Africa on the Basis of the GRI Guidelines for Sustainability Disclosure. Sustainability, 10, DOI: https://doi.org/10.3390/su10124518
- Staff of the Ifrs Foundation (2023). Comparison IFRS S2 Climate-related Disclosures with the TCFD Recommendations.
- Stern, N. (2013). The Structure of Economic Modeling of the Potential Impacts of Climate Change: Grafting Gross Underestimation of Risk onto Already Narrow Science Models. Journal of Economic Literature, 51 (3): 838-859. DOI: https://www.jstor.org/stable/23644833.
- Suchman, M. (1995). Managing legitimacy : strategic and institutional approaches. Academy of Management Review, 20 (3): 571-610. DOI: https://doi.org/10.2307/258788.
- Ullmann, A. A. (1985). Data in Search of a Theory: A Critical Examination of the Relationships Among Social Performance, Social Disclosure, and Economic Performance of U.S. Firms. Academy of Management Review, 10 (3): 540-557. DOI : https://doi.org/10.5465/AMR.1985.4278989.
- Viard, V. (2022). État des lieux du projet de reporting de durabilité de l’Union européenne. ACCRA, 14 (2) : 27-32. DOI : https://www.cairn.info/revue--2022-2-page-27.htm.
- Wang, Y., Delgado, M. S. and Xu, J. (2023). When and where does it pay to be green? – A look into socially responsible investing and the cost of equity capital. International Journal of Corporate Social Responsibility, 8 (1): 1. DOI: https://doi.org/10.1186/s40991-023-00077-5.
- Zhu, B., Xu, C., Wang, P. and Zhang, L. (2022). How does internal carbon pricing affect corporate environmental performance? Journal of Business Research, 145 : 65-77. DOI : https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2022.02.071.
Notes
-
[1]
Des risques physiques, de transition et de responsabilité.
-
[2]
CDP est une organisation à but non lucratif basée au Royaume-Uni qui recueille des informations, par le biais d’un questionnaire, sur la manière dont les entreprises abordent le changement climatique.
-
[3]
Le tableau des variables financières par pays et secteurs est disponible sur demande.
-
[4]
Disponible sur demande.
-
[5]
Les 9 tableaux par pays sont disponibles sur demande auprès des auteurs.
-
[6]
Organisation internationale des commissions de valeurs.