« Le terme scientifiquement impropre mais commode de “tiers-monde” désigne l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine. Ce terme, créé (par le démographe français Alfred Sauvy) par analogie à celui de “tiers état”, désigne une entité distincte des pays capitalistes industrialisés et des pays industrialisés dénommés “socialistes”. Il est communément utilisé au lendemain de la conférence de Bandoeng (Indonésie, 1955) qui marque l’émergence du monde afro-asiatique. »
« Le tiers-monde n’est pas un. Il est composé de peuples formés par des cultures très différentes à des niveaux variés de développement technique, économique et culturel. Mais, dans les quelque cent cinquante dernières années, à des moments différents de l’évolution de ces peuples, placé dans des conditions nouvelles, celles d’une situation d’humiliation et de soumission communes vis-à-vis d’un seul dominateur : l’Occident européo-américain, il est passé par une même rupture. Je proposerais de l’appeler la fin de la résignation (...)
Mais l’Europe, en même temps qu’elle appesantissait son talon de fer sur les peuples et les continents, montrait aussi autre chose. C’était le pays exécré de l’oppresseur. Mais, à un moment ou à un autre, on y découvrait aussi un modèle de libération, voire plusieurs. Aux élites, courbées sans espoir devant le despotisme, l’Occident montrait un modèle de gouvernement sur lequel les intérêts et les aspirations de tous les sujets pouvaient institutionnellement faire sentir leur action…
Mise en ligne 20/07/2018