Cette participation s’intègre dans un effort visant à comprendre la
nature et la genèse de la réalité psychique du nourrisson. Imaginer
quelle est cette réalité psychique constitue une entreprise spéculative,
mais nécessaire : en effet, l’image que nous dégageons de cette réalité,
somme toute insaisissable, va à la fois déterminer et refléter la façon
dont nous envisageons les pensées, les fantasmes et les souvenirs
dans la petite enfance, ainsi que la façon dont nous conceptualisons
les origines de la psychopathologie et certaines conclusions théoriques des reconstructions psychanalytiques.
Il existe en psychanalyse une longue tradition de ce genre de
constructions hypothétiques : les spéculations de Freud sur l’hallucination du sein chez le nourrisson affamé constituent l’un des premiers repères dans ce domaine. Les portraits successifs que l’on a pu
faire de la réalité psychique du bébé proviennent de sources qui
dépassent les seuls matériaux cliniques : il est dans l’air du temps de
se demander qui est le bébé, ce dont il est capable et comment son
esprit fonctionne.
Cette réflexion sur la réalité psychique du bébé serait grandement
facilitée si nous disposions d’une unité de base de l’expérience sub-jective : cette unité pourrait constituer une clé révélant la structure de
la réalité psychique et servir de matériau pour conceptualiser la
genèse et l’élaboration de ce monde subjectif.
Je propose de considérer ici « l’enveloppe prénarrative » comme
une unité de base hypothétique de la réalité psychique infantile…