« Autorité » est un terme provenant du nom latin auctoritas.
L’auctoritas romaine était l’apanage du Sénat, qui n’avait pas de pouvoir décisionnaire ni de pouvoir exécutif, contrairement à la potestas (pouvoir), qui imposait la force au peuple. « Potestas in populo, auctoritas in senatu », dit d’ailleurs l’adage populaire depuis Cicéron. L’auctoritas était donc la qualité et la légitimité des Anciens, qui l’avaient eux-mêmes obtenue, par héritage et transmission, de la part de ceux qui avaient posé les fondations pour toutes les choses à venir. Les détenteurs de l’auctoritas étaient ainsi les garants de la fondation sacrée.
Il est déjà intéressant de constater que l’autorité n’est pas synonyme de pouvoir. Elle peut même exister sans la force du pouvoir et, bien plus, incarner un contre-pouvoir d’ordre symbolique (cf. infra, 1.3).
Le verbe augeo, dont provient l’auctoritas, signifie faire naître, augmenter, produire à l’existence. D’après Benveniste (1969, p. 148 sq.), augere consiste avant tout à poser un acte créateur, fondateur, voire mythique, qui fait apparaître une chose pour la première fois. Bien évidemment, dans la même racine étymologique, l’auteur (auctor) est celui qui fonde une parole et s’en porte le garant. Ce terme était particulièrement employé pour les historiens, l’auteur étant celui qui crédibilise une parole concernant l’héritage et le passé.
Ainsi, la personne faisant autorité serait non seulement détentrice d’une puissance d’ordre symbolique, constituée notamment par l’héritage et la filiation, mais pourrait être aussi une personne elle-même fondatrice de quelque chose d’inouï et d’inédit…
Date de mise en ligne : 24/11/2020.