En Sibérie, les masques sont peu fréquents et très peu utilisés par les chamanes. Il est toutefois possible de trouver quelques masques chamaniques, généralement découpés dans une feuille métallique, comme par exemple celui que Joseph Martin a rapporté à la fin du xix e siècle avec le costume du chamane évenk, aujourd’hui dans les collections du musée du Quai Branly. Cependant ce masque, comme les quelques autres se trouvant dans les fonds d’autres musées européens, sont très rares, et ne semblent d’ailleurs se rencontrer que dans quelques groupes évenks ou bouriates. Leur fonction est mal définie car l’ethnographie sibérienne, au demeurant particulièrement riche, est pratiquement muette en ce qui les concerne (Beffa et Delaby, 1999, p. 94-97), ce qui dénote bien leur caractère exceptionnel. Le chamane sibérien, en effet, pour jouer rituellement le rôle des esprits avec qui il est en contact n’a nul besoin de se couvrir le visage d’un masque représentant les esprits en question. Dans le rituel, il parle tour à tour en son nom et en celui des esprits, sans que cela entraîne une quelconque confusion dans l’assistance, rôdée à ce mode de représentation (pour des exemples ob-ougriens, cf. Šatilov, 1982).
Des masques cérémoniels sont toutefois attestés dans deux groupes sibériens n’ayant aucun contact entre eux, les Ougriens de l’Ob (Khantes et Mansis, anciennement appelés respectivement Ostiaks et Vogoules) établis dans l’extrême ouest-sibérien et plusieurs peuples turcophones vivant dans l’Altaï…