Le compteur d’électricité constitue le point d’entrée de la relation marchande du client avec les acteurs de l’énergie en matière de calcul et de paiement des consommations quotidiennes d’électricité. Les travaux en sciences sociales portant sur cet objet technique restent assez rares. Les recherches en histoire des techniques ont montré que les compteurs (d’eau ou d’électricité) ont été développés dès la fin du xixe siècle pour tarifer la consommation au plus juste et lutter contre les pratiques frauduleuses, en écho à la représentation sociale d’un usager que les ingénieurs suspectaient de détourner l’électricité ou le débit d’eau pour réduire leur facture personnelle (Cardot, 1987 ; Chatzis, 2006). Outil au service de l’entreprise, les compteurs, placés directement au domicile ou dans l’entreprise du client, peuvent être mobilisés par le fournisseur et le distributeur d’énergie, comme un outil de gestion des réseaux (Amiraly, 2009) et de contrôle du paiement des consommations des ménages (Coutard, 1999). Pourtant, ces recherches s’intéressent davantage au rôle des concepteurs, à celui des politiques publiques et des débats institutionnels (Klopfert et Wallenborn, 2011), ou encore des habitants et leurs usages domestiques et énergétiques (Desjeux et al., 1996 ; Kaufmann, 1997 ; Darby, 2006). Mais ces publications ne disent rien de ce qui se joue autour du comptage électrique dans ses pratiques réelles. La normalisation du paiement des consommations domestiques à travers ces objets techniques s’est parfois heurtée à des protestations et des interrogations morales des populations concernées (Aubriot, 2012 ; Marres, 2012 ; Pilo, 2015), notamment liées à des enjeux de précaution sanitaire (Hess et Coley, 2014)…
Mise en ligne 01/02/2022