Ce discours prononcé à la Convention au nom du Comité de salut public est une réponse à Camille Desmoulins et à sa demande de clémence et d’indulgence. Un mois après le décret qui institue le gouvernement révolutionnaire, Robespierre réaffirme sa nécessité en terme de fondation et de salut public. Il s’agit de distinguer entre le temps révolutionnaire, où toute conquête politique est toujours réversible ou susceptible d’être anéantie et le temps constitutionnel, qui signera la victoire de la révolution et le triomphe de la liberté. En effet, la terreur comme exercice de fondation est une « guerre de la liberté contre ses ennemis ». La notion de guerre n’est pas ici une simple métaphore pour parler d’une vie politique violente et radicale, elle exprime la situation juridique. La révolution est un temps de guerre où il n’est pas possible d’user d’un droit positif qui « s’occupe principalement de la liberté civile ». Le gouvernement révolutionnaire est le régime où les ennemis sont immédiatement étrangers à la révolution, étrangers à la nation qui cherche à se fonder. Dans ce cadre, la seule peine qui existe est la mort (voir le discours sur le procès du roi). Cependant « plus le gouvernement révolutionnaire est terrible aux méchants, plus il doit être favorable aux bons ». Sa réussite dépend ainsi entièrement de l’exercice de la distinction entre amis et ennemis, de la lucidité à dénoncer l’ennemi, de la vigilance à protéger les bons citoyens. Cette vigilance du gouvernement révolutionnaire doit alors prendre deux formes : maintenir l’unité autour de la vérité et de la vertu publique (« la république est perdue si les fonctions de l’administration révolutionnaire ne sont plus des devoirs pénibles mais des objets d’ambition ») ; dénoncer la calomnie contre-révolutionnaire et protéger de cette calomnie les lieux d’exercice de la politique…
Date de mise en ligne : 19/08/2021