Le « corps du roman » renvoie au « signifiant », au « support textuel » qui véhicule l’intrigue. Cette définition se réfère à la distinction établie par Genette entre le récit (discours oral ou écrit qui présente une intrigue), l’histoire (l’objet du récit, ce qu’il raconte) et la narration (acte producteur du récit qui, comme tel, prend en charge les choix techniques comme le rythme du récit ou l’ordre dans lequel l’histoire est racontée). Le corps du roman – le récit –, c’est donc ce qui s’offre directement au lecteur à travers une série de décisions concernant la figure du narrateur, les modes de représentation de l’histoire, et le traitement de l’espace et du temps.
Pour bien comprendre la tripartition de Genette entre récit, histoire et narration, on se reportera aux Exercices de style de Queneau. Le texte présente une série de variations sur une histoire qui, elle, ne change pas (un individu aperçoit devant la gare Saint-Lazare un personnage qu’il a auparavant remarqué dans un autobus). Si certaines de ces « réécritures » concernent le style et le registre de langue utilisé, d’autres, portant sur l’ordre dans lequel les événements sont évoqués, le point de vue à partir duquel ils sont rapportés, ou encore le degré d’implication du narrateur, relèvent clairement de la narration. Dans tous les cas, nous avons affaire à un récit différent.
Avant d’examiner les types de narrateur que l’on peut rencontrer dans un roman, il convient d’identifier avec précision les éléments du jeu narratif…
Date de mise en ligne : 03/06/2022