Il est notoire que les journalistes et les responsables de rédaction mettent en place un processus de filtrage qui les amène à déterminer quels évènements criminels méritent d’être rapportés, phénomène que les Américains qualifient de newsworthiness. Ce filtrage s’explique dans une large mesure par la pluralité des contraintes auxquelles les médias sont confrontés. Pour P. Charaudeau (1997) par exemple, les choix des journalistes sont pris en tension entre une logique d’information et une logique de captation, qui incite à traiter les événements d’actualité en fonction d’une exigence économique. Les crimes relatés par les médias sont donc loin de donner une image fidèle de la réalité, mais ils en constituent une représentation orientée. Cette distorsion médiatique de la réalité a été largement documentée (Carlyle et coll., 2008 ; Chermak, 1994 ; Chermak et Chapman, 2007 ; Dowler, 2003 ; Pollak et Kubrin, 2007).
La valence que les médias attribuent à un crime est déterminée par des causes multiples (Jewkes, 2004). Le facteur le plus cité est le type de crime : les crimes violents s’avèrent surreprésentés, alors que les statistiques officielles montrent que les crimes liés à la propriété sont nettement majoritaires parmi l’ensemble des crimes recensés par la police. À l’inverse, les crimes où la victime n’est pas bien identifiée, à l’instar des crimes en col blanc – white-collar crimes – se révèlent sous-représentés dans les médias.
Les vagues de crimes souvent montées de toutes pièces dans les médias –…