Je voudrais aborder deux points. Le premier est une remarque sur une idée qu’on a souvent mentionnée, à savoir le concept de dépendance. Le second concerne une autre idée qui pourra paraître à certains d’entre vous théologique : il s’agit de la prédestination de l’enfant.
La dépendance, pour ce qui la concerne, est très étroitement liée à la prématurité biologique de l’enfant. La prématurité de l’enfant est un fait biologique — mais un fait qui, sous cet unique rapport, n’existe pas, car il se trouve immédiatement converti en dépendance psychologique. Et c’est en termes d’interpsychologique que nous devons considérer le problème, comme ayant trait non aux besoins vitaux, mais aux désirs de l’enfant, qui sont proprement ce qu’on appelle ses instincts — si l’on tient à réintroduire chez l’enfant le concept de comportement instinctuel. Que s’ensuit-il de cela ? Il s’ensuit que l’enfant est incapable de percevoir adéquatement le monde extérieur, de se diriger par rapport à ce monde et de réagir à lui. De sorte que son désir ne peut être satisfait qu’au moyen de demandes adressées à l’adulte, « demandes » (demands) au sens français du terme, à savoir « exigences ». Ces demandes impliquent des rapports de pouvoir : c’est du pouvoir qu’une aide est attendue, et le pouvoir peut toujours accorder cette aide ou la refuser ; ainsi l’adulte apparaît-il à l’enfant comme tout-puissant. J’ajouterai que
l’enfant qui émet la demande dispose d’un certain pouvoir sur la personne à laquelle cette demande est adressée — d’un pouvoir potentiel en tout cas…
Date de mise en ligne : 12/01/2020