Au Brésil, à la fin de la dictature militaire, en 1985,
les anthropologues ont été mobilisés pour repenser
leur société. Malgré la reconnaissance de territoires
autochtones, les droits des Indiens ne sont pas respectés,
ce qui menace non seulement leur survie
mais aussi celle des écosystèmes d’Amazonie. Les
paysans du mouvement des sans-terre sont victimes,
eux, de la sécheresse et de la crise économique qui
frappent le Brésil engagé dans la voie du consumérisme
néolibéral.
Dans ce laboratoire social, la multiplicité se décline
à tous les niveaux : multiplicité des peuples autochtones,
qui parlent encore plus de 150 langues ; multiplicité
des identifi cations indiennes, noires ou
métissées, résultant de la cohabitation entre diverses
vagues de colons et de migrants d’autres continents
(tels les pêcheurs des Açores) ; multiplicité des
recompositions religieuses, avec la montée du fondamentalisme
évangéliste qui s’en prend aussi bien
au catholicisme qu’aux milliers de maisons de culte
de matrice africaine et au chamanisme ; multiplicité
intellectuelle et politique, enfi n, dans les manières
d’envisager les sciences sociales, l’éducation et la
diversité brésilienne.
À l’heure où Eduardo Viveiros de Castro est cité dans
le monde entier pour son appel à une décolonisation
de la pensée s’appuyant sur une critique du narcissisme
occidental des sciences humaines et sociales,
la multiplicité des recherches des quelque deux
mille autres anthropologues brésiliens s’observe tant
dans la diversité de leurs terrains et de leur engagement
que dans celle des débats qui les opposent. En
témoignent, dans ce numéro de varia, sept des huit
articles proposés.
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