Accueillir la différence, certes... Toutes nos pratiques professionnelles ainsi que nos options éthiques adhèrent à cet objectif et visent à le favoriser. Néanmoins, j’aimerais débuter ma réflexion en inversant la proposition, c’est-à-dire m’interroger sur les raisons qui freinent et entravent la réalisation effective de ce souhait. Mettre à jour les raisons – le plus souvent ignorées, méconnues, insues par ceux-là mêmes qui sont les protagonistes et les acteurs dans ce domaine – pour ne pas accueillir la différence.
En effet, accueillir la différence implique une tolérance. Or celle-ci est toujours secondaire, car elle est le fruit d’une longue élaboration qui implique un travail de pensée et de réflexion. La première réaction face à la différence est la peur. C’est la peur qui est à l’origine du silence, de l’évitement et de l’exclusion. C’est elle qui se tapit derrière la fausse reconnaissance, l’hypocrisie et les réalisations qui ne se font pas. Dès lors, ce qui est à comprendre, à analyser et à traiter, c’est en premier lieu la peur. Et il appartient à la psychanalyse, dont l’une des idées fondamentales est de mettre à jour les représentations inconscientes qui déterminent à notre insu nos attitudes ainsi que de dévoiler les contenus latents qui se cachent derrière les expressions manifestes, de contribuer à l’analyse des peurs et des résistances que suscite le handicap.
Face au handicap, nous sommes pétrifiés, comme l’étaient ceux qui, dans la mythologie grecque, devaient regarder de face la figure terrifiante de Méduse (Korff-Sausse, 1995)…